Book chapter - Archive ouverte UNIGE

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Book Chapter
Les pommes d'amour des Hespérides (1). Le jardin aux portes du soir
MATTHEY, Philippe
Abstract
Les Hespérides habitent aux confins du monde, dans un jardin que seuls les héros et les
dieux sont susceptibles d’atteindre. Cet article propose d’étudier de plus près la configuration
de ce lieu particulier parmi tous ceux qui marquent les limites de la terre connue dans la
géographique mythique grecque, entre Île des Bienheureux et pays des Hyperboréens. En
suivant le motif des fameuses « pommes d’or » qui y sont gardées, on se rend compte qu’un
véritable réseau mythologique semble pouvoir être tissé entre le jardin des Hespérides, le
jardin d’Éden tel qu’il est réélaboré dans la tradition chrétienne dès l’Antiquité tardive, et les
îles merveilleuses des mythologies celtiques du Moyen-Âge. La première partie de cette
recherche en deux volets se concentre sur la double connotation que l’on peut attribuer aux
pommes d’or, liées à la fois aux motifs de l’immortalité et de la séduction ou de l’envoûtement
amoureux.
Reference
MATTHEY, Philippe. Les pommes d'amour des Hespérides (1). Le jardin aux portes du soir. In:
Barbu, D. ; Borgeaud, P. & Volokhine, Y. Mondes clos. Cultures et jardins. Lausanne :
Infolio, 2013.
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:24056
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ASDIWAL, revue genevoise d'anthropologie
et d'histoire des relg
i ions (supplément 1)
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Ce livre est publié avec le soutien de:
la Commission administrative de l'Université de Genève
la Faculté des lettres de l'Université de Genève
la Maison de l'Histoire de l'Université de Genève
la Société académique de Genève
la Fondation Barbour
MONDES CLOS
CULTURES ET JARDINS
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Édité par Daniel Barbu, Philippe Borgeaud, Mélanie Lozat
etYouri Volokhine
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Illustration de couverture:
Le paradis terrestre, Très Riches Heures, Adam et Ève, Distr. RMN-GP
© 2013, lnfolio éditions, Cil- Gollion, www.infolio.ch
ISBN: 978-2-88474-265-8
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Maquette: Wladimir Dudan
Couverture: Osnat SharfBoo
Mise en page: Luc Freymond & Osnat Sharf Boo
•
ln FOLIO
SOMMAIRE
Introduction
9
À L'EST D'ÉDEN
François Macé
Jardins japonais. Entre religion et plaisirs,
nature et artifice
15
François Voegeli
L'Inde sans paradis. Quelques remarques sur
les parcs et les jardins dans l'Inde ancienne
29
JARDINERIE ET ENCLOS PROCHE-ORIENTAUX
You ri Volokhine
Jardins de palais et de temples.
Quelques «mondes clos» égyptiens
55
Anne-Caroline Rendu Loisel
Heurs et malheurs du jardinier dans la littérature
sumérienne
67
BOUTURES IRANIENNES, GRECQUES ET LEVANTINES
Bruce Lincoln
Il faut cultiver notre jardin: de l'horticulture et de
l'impérialisme achéménide
87
Philippe Borgeaud
Sagesses de jardiniers
105
David Bouvier
HORTUS CONCLUSUS
Ulysse au paradis, sous le regard du perroquet
119
loana Balgradean
Philippe Matthey
Actions sensibles et translatio: la configuration
.
Les pommes d'amour des Hespérides 1ère partie: le jardin aux portes du soir
du jardin dans la littérature médiévale
273
139
Nicolas Meylan
Asgarôr ou les frontières de la société
Anne-Françoise Jaccottet
293
Paradis, création littéraire et conception du sacré:
le jardin merveilleux de Dionysophanès dans les
Pastorales de Longos
Frédéric Elsig
165
Aline Schlaepfer et Marion Uhlig
Jean Wirth
Paradis artificiels: le jardin du Vieux de
la Montagne dans quelques textes médiévaux
arabes et français
L'iconographie profane de l'hortus conclusus
Hortus conclusus
DANS LE JARDIN D'ÉDEN
Thomas Romer
Du jardin d'Éden au jardin du
205
Christophe Batsch
Les sexes du jardinier. Quelques spéculations
des Anciens sur l'androgynie d'Adam
223
Sergey Minov
Regarder la montagne sacrée: représentations
du Paradis dans la tradition chrétienne syrienne
313
177
Notes
Cantique des Cantiques
307
241
326
LES POMMES D'AMOUR DES HESPÉRIDES
-1ÈRE PARTIE: LE JARDIN AUX PORTES
DU SOIR
Philippe Matthey 1
(Université de Genève)
Groves whose rich trees wept odorous gums and balm;
Others whose fruit, bumished with golden rind,
Hung amiable - Hesperian fables true,
Jf true, here only- and of delicious taste
(. . .)
Jo satisfy the sharp desire 1 had
Of tasting these fai r apples,
1 resolved
Not to defer ...
John Milton,
Paradise Lost,
livre IV,248 etiX,5842•
Introduction
Le jardin dont il sera question en premier lieu dans cet article est celui
des Hespérides, qui occupe une place particulière dans la mythologie
gréco-romaine depuis Hésiode jusqu'aux auteurs latins. Il s'agit d'un
endroit situé aux confins du monde, aux portes du soir (grec hespéra),
dans lequel poussent des arbres porteurs de fruits merveilleux, des
«pommes d'or» gardées par un serpent, n o n loin desquels s'écoule
la source d'ambroisie, nourriture d'immortalité réservée aux dieux.
Les mortels n'ont d'ordinaire pas accès à cet endroit légendaire, où
seul un héros comme Héraclès peut se rendre lors d'un des périples
139
Philippe Mat they
Les pommes d'amour des Hespérides
entrepris dans le cadre de ses fameux Travaux, qui aboutiront à son
pour Lequel j'ai eu la chance d'être son assistant, «Méditerranée.
apothéose et à son immortalisation.
Mythes et grands textes fondateurs», qu'il donna entre 2002 et 2008
Mais le jardin des Hespérides fait partie d'un autre« jardin>> plus
à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Dans ce cadre, Philippe
grand, dans lequel il est imaginé et réadapté à de multiples reprises:
Dorgeaud avait déjà évoqué los similitudes entre les trois dossiers
celui de l'espace méditerranéen et européen que l'on proposera ici
liés à la définition de la condition humaine telle qu'envisagée dans
d'étendre, dans le temps et dans l'espace, jusqu'à l'Irlande médiévale.
les récits de l'épopée de Gilgames, de la Genèse, et dans une moindre
Dans cevaste cadre, le motif du jardin des Hespérides, de ses fruits, de
mesure du jardin des Hespérides:
sa source d'immortalité et de son serpent gardien fait écho à certains
lieux dans lesquels se définit la tragédie de la condition humaine: très
Si J'on considère l'ensemble de ce dossier grec et proche-oriental,
loin en direction de l'Orient, le roi Gilgames emprunte ainsi le che­
on a l'impression de découvrir les traces d'un monde, un seul et
min du Soleil et traverse le Jardin-des-Arbres-[à-Gemmes] pour parve­
même m onde Des fragments d'une mémoire cohérente. Il appa­
.
nir sur l'île où le survivant du Déluge, Uta-napishtim, lui enseignera
raît indéniable que la résurgence d'éléments narratifs complexes
comment obtenir une herbe de jouvence nommée« Je-vieillard-rajeu­
et précis, d'un bout à l'autre de cet ensemble, indique une certaine
nit» censée lui permettre d'allonger sa durée de vie; mais le héros (et
unité. Nous avons affaire à la circulation et à l'échange d'images
l'humanité avec lui) sont dépossédés de la plante miraculeuse par un
et de récits, véhiculés dans un discours en incessante mutation
serpent qui la dérobe et la consomme, acquérant ainsi la faculté de
durant au moins deux millénaires, dans une aire géographique
changer de peau, autrement dit l'immortalité3. On pense aussi, bien
relativement é tendue. Chacun de ces récits relève d'un champ
sûr, au jardin d'Éden élaboré dans la tradition hébraïque et adopté
culturel spécifique, déte rminant des colorations fort diverses.
par la tradition chrétienne, dont Adam et Ève prennent soin avec pour
Au polythéisme grec et mésopotamien s'oppose en particulier
seule obligation de respecter un interdit divin : ne pas manger un fruit
le monothéisme de la tradition relative à la Genèse. Le message
bien précis, celui qui pousse sur l'Arbre de la Connaissance du Bien
des différentes versions n'est pas le même, alors même qu i l y a
et du Mal. C'est là encore un serpent qui est responsable de la catas­
partage des récits, dans le sens d'une koiné mythologique sous­
trophe: Adam et Ève goûtent au fruit interdit sur les conseils du malin
tendant la pluralité des systèmes éthiques et théologiques. Un tel
reptile et prennent conscience de leurnature humaine. Il ne reste plus
parcours, à travers le temps et les frontières cultu re lles conduit
alors au Dieu unique qu'à les chasser du Paradis de peur qu'ils ne
'
,
vers la percepti on d'une continuité, celle d'un système de pen­
deviennent ses égaux en goûtant au fruit d'un autre arbre, l'Arbre de
sée et de comportements, un héritage de pensée commune, de
Vie, qui leur procurerait l'immortalité en plus de l'intelligence qu'ils
formules mythiques, iconiques, el rituelles dans un espace où
viennent d'acquérir4•
les contacts et les emprunts sont innombrables, et indéniables.5
Ces trois motifs mythiques présentent des ressemblances qui,
quoique diffuses, sont indéniables; mais celui qui voudrait tenter de
Cette recherche a pour ambition de suivre les réseaux de circulation
les comparer et de les relier entre eux doit évidemment faire preuve
et d'échange de cette matière mythique, centrés autourdu motifdu jar­
d'une grande circonspection. J'essaierai de suivre dans cette déli­
din des Hespérides et de leurs fameuses « pommes d'or»6. Ce travail se
cate entreprise les enseignements de Philippe Borgeaud, en pre­
fera en deux parties: la première - le présent article - se concentrera
nant plus spécifiquement comme point de départ l'extrait d'un cours
sur le jardin lui-même et la manière donl sa situation géographique
140
141
Philippe Matthey
tes pommes d'amour des Hespérides
est imaginée dans les mythologies grecque et romaine, ainsi que
connu, au-delà du fleuve Océan qui entoure les frontières de la terre
sur la signification que l'on peut attribuer aux fruits qui y sont gar­
(peirata), dans l'un de ces confins du monde (eschatiaî} que la pen­
dés. La deuxième - qui paraîtra dans un prochain ouvrage consacré
sée grecque imagine comme encore proches du chaos originel, habités
à ces autres mondes clos que sont les îles - remontera la piste des
par des peuples quasi-divins (Hyperboréens, Éthiopiens Longue-Vie)
«pommes» des Hespérides dans les réélaborations chrétiennes tarda­
et par des êtres monstrueux ou primordiaux (Arimaspes et griffons,
antiques des traditions concernant le jardin d'Éden,particulièrement
Prométhée sur le Caucase, etc.)9; c'est également dans ces régions
le fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, et proposera
éloignées que l'imaginaire grec situe le pays des morts et certaines
de retrouver leur trace jusque dans la riche tradition irlandaise des
îles paradisiaques accueillant les âmes des défunts illustres (Île des
récits de navigation vers les îles merveilleuses (immrama, «naviga­
Bienheureux, Île Fortunée, etc.)10• De fait, Hésiode précise plus loin
tions») et des incursions aventureuses de héros dans l'Autre monde
dans la Théogonie que les Grées et les Gorgones résident «au-delà
( echtrai, «aventures»).
de l'illustre Océan, aux confins, du côté de la nuit, au pays des Hes­
pérides aux voix sonores»11, et que le titan Atlas, puni par Zeus pour
Les Hespérides, d'inquiétantes chanteuses
C'est dans sa Théogonie qu'Hésiode, le premier, mentionne les Hes­
pérides et le pays dans lequel elles habitent:
avoir mené la bataille contre les Olympiens, «soutient le vaste ciel,
pliant sous la puissante contrainte, aux confins de la terre, face aux
Hespérides aux voix sonores, debout, de sa tête et de ses mains infati­
gables»12. L'île d'Erythie («la Rougeoyante», allusion à la couleur du
soleil couchant} où le géant au triple torse Géryon - descendant de la
ou 'tLVL %0LJ.L'Y)8etcra eeoov 'tÉ%E Nù!; Égej3evvfj, 'Emœg(ôaç
Gorgone Méduse - fait paître ses bœufs, se situe également dans la
8', alç ).Li'jÀ.a rŒQTJV À.u·wù Qx.wvoto xgûcrea x.aÀ.à f,ltÀ.oum
même région,<< au-delà de l'illustre Océan» 13• Enfin, quand le Serpent
<t>égov-ta ,;e ôévôgea x.agrr.6v·
gardien des pommes d'or, frère cadet des Grées et des Gorgones, est dit
être «dans les profondeurs cachées de la terre obscure, à ses grands
C'est sans dormir avec aucun des dieux que la Nuit obscure eut
confins» 14, il faut comprendre l'expression comme u�e manière de
ces enfants. Puis ce furent les Hespérides, qui, au-delà de l'il­
décrire un pays des Hespérides imaginé au-delà de l'Océan et des
lustre Océa n, ont le souci des belles pommes d'or et des arbres
points cardinaux eux-mêmes, en un lieu où l'ouest, le sud, le nord et
portant ce fruit,?
l'est se rejoignent et se confondent, une contrée située au-dessous du
monde connu, à son nadir, et que le soleil traverse chaque nuit, dis­
Filles de la Nuit, les Hespérides sont présentées comme les sœurs
paraissant à l'Occident pour ressurgir au Levant15.
d'une longue série de divinités parmi lesquelles on compte notam­
Il n'est nulle part question, dans ces premières mentions litté­
ment la Mort, les Moires, les odieuses Kères, la Vengeance Divine,
raires, d'un «jardin>> des Hespérides: leur pays semble encore assez
la Discorde, et de manière générale toutes les incarnations du des­
loin de l'image typique d'un lieu d'agrément, d'un locus amoenus
tin fatal et des souffrances qui caractérisent la condition humaine8.
dont elles seraient les aimables gardiennes. Elles-mêmes sont proches
Par leur lignage, elles sont donc proches de divinités plutôt inquié­
de la Nuit tant par leur généalogie que par leur situation géographique.
tantes. Leur nom,«celles du soir» ou«celles du couchant», trahit éga­
Leur épithète - «aux voix sonores» ou «stridentes» (liguphonoi) -
lement leur situation géographique: elles habitent à l'ouest du monde
fait d'ailleurs écho à la manière hésiodique de caractériser d'autres
142
143
Philippe Matthey
Les pommes d'amour des Hespérides
créatures monstrueuses et contrées infernales par les sons qu'elles
« lamentent en poussant des cris aigus>> (lfg' éstenon) après qu'Hé­
émettent. Après avoir parlé des terribles logis de la Nuit - tout près
raclès a tué le serpent gardien qui était leur compagnon28• Properce
du Tartare et en face d'Atlas, donc près du pays des Hespérides -
mentionne au 1er s. avant J.-C. des ((chœurs des Hespérides ))29, tan­
Hésiode décrit par exemple les « demeures pleines d'échos (d6moi
dis que beaucoup plus tard, entre le IV0 ct le ye s. après J.-C., Ouintus
ëcMentes)» d'IIadès16, gardées par Cerbère « l e chien d'Hadès, à la
de Smyrne parle encore des «Hespérides aux voix suaves/de lys >>3o
voix de bronze (chalke6ph0non) »17, tandis que le géant Géryon est
et Nonnos de Panopolis décrit d'abord l'union de Cadmos et d'Har­
lui-même par essence « celui qui fait résonner sa voiX»18. Dans les tra­
monie dans leur«jardin>> (kêpos) alors que les Hespérides« tressent
ditions postérieures, Phérécyde (Ve s. avant J.-C.) dit du dragon gar­
leur chant» autour des jeunes époux31, et plus tard le mariage d'Hé­
dien des pommes d'or qu'il a cent têtes et qu'il parle avec « des voix
lios et de Clymène où elles <<poussèrent le cri de joie »32• On revien­
de toutes sortes», un motif repris plus tard par le pseudo-Apollodore
dra plus spécifiquement, ci-dessous, sur l'importance de ce lien entre
(lc•-JI• s. après J.-C.) selon qui le serpent fabuleux s'exprime« en émet­
tant toutes sortes de cris variés» 19•
Mais la désignation des Hespérides comme liguphonoi tend sur­
union nuptiale et jardin des Hespérides; quoi qu'il en soit, le registre
de la voix envoûtante des Hespérides mériterait certainement d'être
exploré plus avant, mais ce n'est pas là l'objet du présent article.
tout à les rapprocher des dangereuses Sirènes dont« le chant claif)) ou
«aigu» est réputé envoûter les humains de passage (ligurêi thélgou­
sin aoidëi)20. Le terme qui exprime la fréquence stridente et lugubre
Le jardin des Hespérides et la vi site d'H éraclès
de la voix des Hespérides et du chant fascinant des Sirènes, ligus, est
Dans les sources postérieures à Hésiode, le lieu abritant les pommes
d'ailleurs souvent appliqué aux lamentations funéraires21 ou aux stri­
d'or est de plus en plus souvent décrit comme un jardin ou un ver­
dulations hypnotiques des cigales (par exemple dans les Travaux et
ger (kêpos). Selon la tradition transmise par le prosateur Phérécyde,
les Jours d'Hésiode, 582-583)22• ll est intéressant de rappeler à ce sujet
il s'agit d'un këpos appartenant aux dieux, tout près de l'endroit où
que les Hespérides sont chez Hésiode sœurs et voisines des Grées et
Atlas soutient le ciel, et les Hespérides - qui ne sont ici pas nommées,
des Gorgones23, deux triades de divinités féminines dont la caracté­
mais simplement présentées comme des parthénai fiIles d'Atlas - sont
ristique principale réside dans le regard plutôt que dans la voix: celui
décrites commes des voleuses de pommes plutôt que des gardiennes:
des Gorgones - relevant du domaine de l'envoûtement thélgein - est
en particulier capable de méduser les mortels de la même manière
<l>eQexUôT]ç yâQ <f>TJoLv, ôte €yaJ..Lttto iJVHQa im.O At6ç, <f>eQ6vtwv
que les Sirènes les séduisent par leurs chants24• Faut-il comprendre
avtfl t(Î)V eeoov ÔOOQ<l 1:'1)v rf)v ÈÀ9eiv <f>ÉQO\JO<lV "tà XQUOE(l J.LfJÀ.a
que les Hespérides sont conçues chez Hésiode comme un doublet
Lôo'Ooav ôè ·�v VHQav eav�om xat elrœtv xa•a<f>vteûom etç 1:àv
de ces créatures enchanteresses, et que leur voix aux modalités stri­
"t(Î)V Serov xf)nov' ôç �v OOQÙ tC/> AtÀavtv unà ÔÈ t(Î)V èxdvou
dentes serait l'instrument de leurpouvoir de fascination25? Les attesta­
3t<lQ9ÉVWV àetÛ<fl<ll.QOU�VWV t(Î)V J.LTJÀWV X<ltÉO'tT]O€ <flUÀ.<lX<l 1:0V
tions littéraires post-hésiodiques continuent en tout cas à mentionner
Ô<f>LV ÛJŒQj.ŒyÉf>Tj OVt(l·
l'activité vocale des Hespérides dans un registre lyrique les rappro­
chant des Muses. À l'époque classique, chez Euripide, elles sont ainsi
Phérécyde affirme qu'en effet, lorsque Zeus épousa Héra, lors de la
<<chanteuses » ou ((chanteuses d'hymnes »26• Apollonios de Rhodes, au
remise des cadeaux que lui donnaient les dicux,Terrevint lui offrir
III• s. avantJ.-C.,
les pommes d'or. À leur vue, Héra, émerveill6e, demanda qu'elles
144
les décrit comme « d'exquises chanteuses ))27, qui se
145
Les pommes d'amour des Hespérides
Philippe Matthey
fussent plantées dans le vergerdes dieux qui se trouve auprès d'At­
à Ilésiode38 et présente également dans la Bibliothèque du pseudo­
las. Et comme ces filles d'Atlas ne cessaient de déroberles pommes,
Apollodore39, elles s'appellent Aiglè l'« Éclatante», Erythie la
elle y mit comme gardien ce serpent d'une taille gigantesque.33
«Rougeoyante »40, Hespéria l a « Vespérale» etAréthuse (nom porté par
plusieurs sources ou fontaines du monde grec); soit quatre Hespérides,
Dans les Argonautiques, Apollonios de Rhodes fait passer Jason et ses
ou trois selon une lecture alternative des mêmes sources faisant
compagnons par le lieu légendaire qu'il situe en Cyrénaïque34• Mais
d'Hespéria et d'Aréthuse un seul individu nommé Hespéréthuse.
les héros n'y parviennent qu'après la mise à sac du jardin par Héra­
Mais ce nombre peut parfois varier, si l'on en croit la description par
clès: le lieu, auparavant idyllique, est ici décrit comme un lieu sacré
Pausanias (V, 17,2 et VI, 19,8) d'un groupe statuaire en bois de cèdre
(hieron pédon), un espace appartenant à Atlas (chOroi 'Atlantos):
réalisé par un certain Théoclès qui était conservé dans le Trésor des
tl;ov ô' i.tQôv rŒôov, <P evL /\6.ôwv eloé'tL nou x9Ll;ôv MYXQUOEa
Épidamniens à Olympie et représentait cinq Hespérides.
À la
suite
du passage des Argonautiques cité plus haut, Apollonios de Rhodes
QUEtO J.lf}Àa XWQQJ t.v A'tÀavtoç, xa6vwç o<j>LÇ, UJ.l<j>l. ÔÈ wJ.l<j>m
en dénombre également trois, à nouveau nommées Aiglè, Erylhéis et
'EonEQLôeç nof.nvuov f.<j>(J.LSQOV ùeLôouom· tf]J.Wç ô' t']ôrJ xeLvoç
Hespéré. Dans la version de Diodore de Sicile (IV,27,2), par contre,
iJ<j>' 'HgaxÀ:f]L ôaï.x6e(ç J.l�ÀELO'V f3É�À1'J't0 not!. O'tUnûÇ, ol60L Ô'
les Hespérides sont sept et sont filles d'Atlas. Sur une hydrie attique
(b<-Qn O'ÙQfl
EU oxo.(Qeoxev 1
an:O 'X.Qatôç ÔÈ xeÀaL'V�V ÜXQLÇ bt'
&XVI')OtLV XE't
L ' arrvooç· ( ... ) ÙYXO'Û Ô'
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Eo1ŒQ LÔEÇ,
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txeiQaç EXO'UOaL ÙQyU<j>Éaç ;avÜflOL, À(y ËOtEVOV.
xe<j>aÀ.ai.ç tm
Ils (les Argonautes] parvinrent sur le sol sacré où, la veille encore,
dit-on, Ladon, Je dragon né de la terre, gardait les pommes en
à figures rouges attribuée au peintre de Meidias41 trois Hespérides qui portent!es noms de Chrysothémis,Astéropé et Li para- sont enca­
drées par Hygie et par Héraclès, à qui elles offrent une des pommes
qu'elles viennent de soustraire à la vigilance du serpentgardien42. On
ne s'étendra pas plus sur les nombreux autres exemples d'Hespérides
figurées dans la céramique, sinon pour préciser que leur nombre peut
or massif dans le domaine d'Atlas, tandis que les Nymphes
aller jusqu'à onze et qu'elles portent parfois des noms totalement dif­
Hespérides officiaient à l'entour en d'aimables psalmodies.
férents de ceux de la tradition Jittéraire43•
Maintenant, terrassé par Héraclès, il était étendu contre le tronc
Dans la plupart des sources mentionnées jusqu'ici, les Hespérides,
du pommier; seul, le bout de sa queue remuait encore; mais,
leur jardin et ses pommes sont presque toujours mentionnés par les
depuis la tête jusqu'à l'extrémité de sa noire échine, il gisait sans
sources littéraires44 et iconographiques45 dans le cadre du voyage
vie ( . . . ). Près de lui, les Hespérides prenaient leur tête blonde
effectué par Héraclès afin d'accomplir son onzième ou douzième tra­
dans leurs blanches mains en poussant des plaintes aiguës.35
vail. Le héros fils de Zeus doit en effet se rendre auprès des nymphes
pour se faire offrir, cueillir, voler ou arracher de haute lutte trois des
Apollonios est par ailleurs l'un des seuls auteurs à donner un nom au
pommes d'or: il est donc surprenant de constater qu'Hésiode, s'il fait
serpent gardien des pommes: Ladon36. Plus tard, enfin, Ovide décrit à
souvent allusion dans son œuvre aux Travaux d'Héraclès, ne men­
nouveau l'IIespérie comme faisant partie du royaume duTitan Atlas, dont
tionne aucune interaction entre l'Alcide et les Hespérides, même
les vergers riches en pommes d'orsontceints par des solides murailles37
quand il décrit le combat entre le héros et le géant Géryon (Théogonie
et ont été confiés à la garde du serpent pour les protéger des voleurs.
287-294 et 981-983) dont les bœufs étaient pourtant gardés sur l'île
Quant aux Hespérides elles-mêmes, selon une tradition attribuée
146
d'Erythie toute proche du pays des Hespérides. Tout porte à croire que
147
Les pommes d'amour des Hespérides
Philippe Matthey
les deux mythes n'étaient pas liés à l'époque de la composition de la
Théogonie.
C'était probablement encore le cas dans la
peut reconnaître que le héros accomplit assez clairement, dans toutes
Géryonide de
les versions du mythe, un véritable tour du monde en passant par les
Stésichore, au VI• s. avant J.-C., épopée aujourd'hui perdue qui racon­
quatre points cardinaux avant de parvenir au jardin des Hespérides
tait en détails J'expédition d'Héraclès contre le géant. Deux des frag­
- il tue le pharaon Busiris en Égypte, combat le géant Antée en Libye,
ments de la
emprunte la coupe du Soleil pour traverser l'Océan nocturne et res­
Gé1yonide ont en partie trait au pays des Hespérides, qui
semble se trouver surie chemin menant à l'île de Géryon. Selon le pre­
surgir au Levant50, et libère enfin Prométhée sur le Caucase, pour ne
mier fragment (S7), Erythie se situe en face de la côte espagnole à la
citer que quelques-unes des étapes de son périple51• Sans entrer dans
hauteur de Tartessos et de Gadès46. Le deuxième fragment {S8) men­
les détails de tous ces épisodes, rappelons donc simplement que l'on
connaît deux traditions littéraires concurrentes du voyage d'Héra­
tionne une «île des dieux» où habitent les Hespérides:
clès auprès des Hespérides à partir de l'époque classique. Selon celle
ôLà] �[u]�:UX0' àÀ.Ôç BÇt�*Çt<J à<j>(xov[-co 0]�&v JŒQLxaÀÀ.É[a v]âoov
transmise par Phérécyde, Héraclès a recours aux services d'Atlas pour
[-c]Ô0L 'Eo3ŒQLÔEÇ n(OYXQ]'(Jow ÔÔ>[j.Ulh' �'X.OV'tL·
obtenir les pommes d'or. Dans la tradition développée et transmise
dans l'Herakleia du poète épique Panyassis d'Halicarnasse (Ve s. avant
[à travers] les vagues de la mer profonde, ils arrivèr(ent]47 sur la
J.-C.)52, Héraclès serait en revanche entré lui-même dans Je jardin des
très belle île des dieux, là où les Hespérides ont leurs demeures
Hespérides et en aurait tué le serpent gardien avant de cueillir les
d'or pur.48
fruits merveilleux. Un grand nombre de représentations iconogra­
phiques, enfin, nous montrent les Hespérides offrant d'elles-mêmes
Le texte est bien sûr très lacunaire et il nous est difficile de reconsti­
des pommes au héros, sans qu'aucun combat ne soit nécessaire53.
tuer avec précision ce que Stésichore racontait de l'expédition d'Hé­
raclès auprès de Géryon. Mais il semble que le domaine des Hespé­
rides, placé sur la« très belle île des dieux», n'est mentionné dans ce
Pommes d'or et sources d'immortalité
fragment que pour mieux situer la région où se déroule le récit. Les
La question qui nous intéresse dans le cadre de la présente étude est
pommes d'or n'ont pas de raison d'être évoquées si Héraclès n'est
bien sûr celle de la nature des pommes d'or des Hespérides. Très sou­
rempla­
vent, les spécialistes qui se sont penchés sur le problème concluent,
cées ici par les demeures d'or dans lesquelles résident les nymphes
parfois trop rapidement, qu'il faut comprendre ces fruits comme un
Il semble que, ici et ailleurs dans la littérature archaïque,
symbole d'immortalité, alors même que Je lien entre les pommes et
le voyage d'Héraclès dans la région du pays des Hespérides n'était
la vie éternelle n'est jamais signifié explicitement dans les sources
mentionné qu'en tant qu'étape de son dixième travail: la quête des
antiques54• Pour autant, il est possible de mettre en lumière quelques­
pommes d'or n'aurait été ajoutée que plus tard à la liste des douze tra­
uns des indices permettant de comprendre comment le jardin des
vaux, d'où une certaine confusion quant à l'itinéraire suivi par Héra­
Hespérides et ses fruits merveilleux pouvaient bel et bien, dans l'An­
clès dans son voyage à J'ouest du monde dans les sources classiques
tiquité, renvoyer à des motifs d'abondance et d'immortalité.
pas censé chercher à se les procurer, et elles sont
vespérales.
de facto
et hellénistiques - surtout dans le récit du pseudo-Apollodore, où
Dans les récits concernant Je voyage d'Héraclès auprès des
Atlas et les Hespérides sont situés en Hyperborée49. S'il est illusoire
Hespérides, quelques indices peuvent laisser deviner le rôle que ces
de vouloir définir un trajet ((canonique» de ce voyage d'Héraclès, on
pommes étaient censées jouer dans Je mythe. Dans la Bibliothèque du
148
149
Les pommes d'amo11r des Hespérides
Philippe Matthey
pseudo-Apollodore, un détail étrange attire ainsi l'attention à la fin
On peut s'interroger sur cette remarque finale: Diodore sous-entend­
du récit de ce travail:
il ici que la possession des pommes d'or est directement liée à l ' im­
mortalité qu'Héraclès obtiendra bientôt, ou ne s'agit-il que d'une
6 ÔÈ Àa�Ù>V 'HQClXÀEÏ
coïncidence? Là encore, aucune réponse définitive n'est possible.
ÈÔuiQT]oa·tO· nag' ou Àa�o\Joa À8l]vû nâÀ.Lv atrtà ànex61.uoev·
Un élément intéressant pour comprendre ces deux passages nous est
xo).lioaç ÔÈ 'tà J.!,f)Àa EùQuoeet
eôwxev.
ÔOLOV '(ÙQ OÙX �V UÙlÙ 'te9f)va( JW'U.
fourni par l'étude d'une représentation d'Héraclès sur un stamnos
Héraclès rapporta donc les pommes et les donna à Eurysthée.
d'environ 475-425 avant J. -C.58 Le demi-dieu y est figuré au centre
à Héraclès; puis Athéna, à qui il
de la face A, apparemment en train de présenter un objet à Zeus, au
Celui-ci les prit et en fit cadeau
les avait données, les ramena chez les
attique bien antérieur à nos deux sources littéraires puisqu'il date
Hespérides, car il n'était
milieu d'une assemblée de dieux: Poséïdon et Ilébé à la gauche de
Zeus, Athéna derrière Héraclès. On peut voir sur la face B un serpent
pas permis qu'elles fussent déposées n'importe où. 55
enroulé dans un arbre ainsi que deux divinités non-identifiées Le fait que les pommes d'or ne doivent« pas être déposées n'importe
peut-être Atlas et une Ilespéride, ou Dionysos et une autre divinité?
où» indique qu'elles ne doivent pas, selon le pseudo-Apollodore et ses
- ainsi qu'lris. Héraclès tient une pomme dans la main qu'il tend vers
sources, tomber entre les mains des mortels. Pourquoi ? Le texte neper­
Zeus, ce qui a poussé une majorité de chercheurs à interpréter cette
met pas de donner une réponse satisfaisante, mais on pourrait penser
scène comme l'introduction du héros devant l'assemblée des Olym­
que ces fruits merveilleux sont d'une manière ou d'une autre rattachés
piens: on aurait affaire à une représentation de l'apothéose d'Héra­
à une condition d'immortalité qui ne doit pas être accessible aux êtres
clès, avec une pomme d'or jouant - dans ce cas précis - le rôle de
humains. La même remarque pourrait s'appliquer au mythe expliqué
« passeport>> pour l'i mmortaJ it é59• Selon James Beazley, cependant, ce
par Diodore de Sicile: si le douzième et dernier travail d'Héraclès est
vase a fait l'objet de restaurations intensives, y compris pour le détail
généralement celui qui le voit descendre dans l'Hadès poury capturer
de la main d'Héraclès et de la pomme; il convient donc de rester pru­
le chien Cerbère, l'historien nous donne pour sa part une version légè­
dent, surtout si l'on considère que l'on ne connaît aucun parallèle
rement différente. Selon lui,« la dernière épreuve qu'ill Héraclès] reçut
direct à cette scène6o.
fut de rapporter les pommes d'or des Hespérides 1156, épreuve à l'issue
Malgré la fragilité des indices permettant de voir dans le jardin
des Hespérides et des pommes d'or un lieu et des fruits liés à l'immor­
de laquelle le héros s'attendait à obtenir l'immortalité:
talité dans le cadre des travaux d'Héraclès, il ne fait pourtant aucun
6 ô ''HQaxÀf)ç 1:ov <jlvÀaxa 1:&v j.t.TJÀU>v àv�:Àwv, xat •ail•a
doute que Je motif de la vie éterneJJe et bienheureuse a très tôt été asso­
à1toxo).lioaç :JtQÔÇ EiJQU09Éa, xa'l 'tO'Ùç &e>..ouç Ù1tO'tE'tEMxroç,
cié aux différents lieux« paradisiaques» situés aux confins du monde
:JtQOOEÔÉXE'tO 't1')ç àOavao(aç 'teù;eoOa�. xa8âneQ 6 J\rr6Uwv
dans la tradition grecque. Au ye s. avant J.-G., par exemple, Pindare
EXQTJOEV.
développe le thème de l'île des Bienheureux,makdron niïsos, en insis:
Héraclès tua le gardien des pommes, les ramena à Eurys thée et,
des âmes illustres. La description qu'il en donne fait écho au jardin
tant notarnment sur les fruits merveilleux qui poussent dans ce séjour
,
150
comme il avait achevé ses travaux, il espérait obtenir l'immorta­
des Hespérides: bénéficiant d'un climat perpétuellement tempéré et
lité comme le lui avait prédit Apollon. 57
située dans l'Occident lointain, cette île est couverte d'une végétation
151
Les pommes d'amour des Hespérides
Philippe Matthey
luxuriante où« resplendissent des fleurs d'or» et où des ((fruits d'orfont
11 s'agit du principal témoignage permettant de retrouver le thème de
pl ier les rameaux» des arbres61. Mais, plus que de simples lieux d'abon­
l'immortalité lié au pays des Hespérides, ici un lieu situé à la limite de
dance, les confins du monde sont connus pour receler les sources des
l'Océan et du ciel soutenu par Atlas, en un endroit où la mer n'est plus
nourritures d'immortalité nécessaires aux dieux eux-mêmes, comme
navigable à cause des récifs affleurants (les ((hauts fonds bouillon­
par exemple sur Ogygie, où Calypso retient Ulysse prisonnier pendant
ants »): les éléments terrestres, marins et célestes s'y mêlent en une
sept ans62. Cette île est située si loin à l'extrême Occident du monde
masse indéterminée et primordiale, proche du chaos d'avant la nais­
connu, ((au nombril de la mer» (Odyssée 1, 50), que même Hermès se
sance du monde64. C'est là, devant la couche de Zeus (on y reviendra
plaint de la distance à parcourir quand Zeus lui confie un message à
plus bas), que s'épanchent les sources d'ambroisie et qu'une terre
l'intention de la fille d'Atlas
merveilleuse ((dispensatrice de vie»
(Odyssée V, 99-102). Éloignée de la société
(bi6doros)
-
voire ((dispensa­
des Olympiens, Calypso dispose pourtant de ressources en nectar ct
trice de félicité, de bonheur»
en ambroisie qu'elle offre à Hermès pour le restaurer après son long
crits65 -, ((nourrit, augmente>> (atixei) la« prospérité»
voyage {V, 92-93). et dont elle serait également disposée à fa ire pro­
pour les dieux immortels. C'est d'ailleurs dans une région similaire
fiter Ulysse pour le rendre immortel s'il acceptait de rester auprès
que Zeus lui-même s'approvisionne en nourriture divin e , comme l'at­
d'elle (V, 196-210). En parallèle
teste un passage de l'Odyssée décrivant le périlleux trajet que doivent
à
cette abondance de nectar et d'am­
broisie que possède Ca lypso au centre de l'océan, il existe une tradi­
tion de l'époque classique faisant du jardin des Hespérides un lieu où
(olbi6doros)
selon certains manus­
(eudaimonfan)
suivre chaque j our de frêles colombes pour apporter l'ambroisie au
roi des dieux:
des sources d'immortalité coulent non loin des pommes d'or. Elle est
attestée dans l'Hippolyte d'Euripide, quand les femmes de Trézène qui
EV0ev ).lkv
yàQ
1ttt:QUL Ë1Cl)QE<j>Éeç, rreotl ô'
composent le chœur de la tra gédi e se lamentent et imaginent po uvo ir
l)oxOeî. xuavwmôoç ÀI.L<I>LtQhl]Ç"
s'échapper très loin, aux bords du monde:
l.l.étX<XQEÇ X<XÀÉOlJOL. 't'fl
I.LÉV
1tÉÀELUL tQ�QWVEÇ, t<XL t'
"EoJŒQC.ÔW'V ô' È1ÙI.LlJÂ.603tOQOV axtàv avu oaq
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À(I.Lvaç va{n:mç oùxéO' 6ô0v
tÉQI.Lovo xvowv o'ÙQavofJ, tôv 'AtÀaç
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Ë'VLrJOL 1t<Xt�Q
èvaQW�.LLOV el.vm.
xoi)va( t'
�LÔÔWQOÇ au!;a
Il est là-bas deux roches en surplomb contre lesquelles gronde la
houle d'Amphitrite aux sombres yeux: les dieux bienheureux les
nomment les Roches Planctes. La première est fatale aux oiseaux,
Que je parvienne aux bords où poussent les pommes des
Hespérides chanteuses, là où le souverain des mers sur les hauts
fonds empourprés [ou «bouillonnants») cesse d'assigner une
même aux craintives col ombes portant l'ambroisie à Zeus le père:
à chaque fois le rocher lisse en ravit une, et le Père en renvoie une
autre pour le co m pte.66
route aux marins, touchant au terme auguste du ciel que souti ent
Atlas! Des sources d'ambroisie s'épanchent devant la couche de
Zeus, aux lieux où, dispensatrice de vie, une terre toute divine fait
pour les dieux croître la pros périté 63
.
152
Les Roches Planctes, récifs marquant du côté occidental le passage
vers un espace normalement interdit aux mortels et repère de Scylla
et de Charybde, sont dans l'Odyssée l'obstacle inévitable surie chemin
153
Les pommes d'amour de
Philippe Matthey
sn s
<>e pérides
menant non seulement à l'île du Trident où paissent les vaches du
Soleil, mais également à Ogygie. C'est ce trajet qu'empruntent régu­
lièrement les fragiles colombes (péleiai) qui acheminent l'ambroisie
jusque sur l'Olympe pour le bénéfice de Zeus : le passage de ces pro­
montoires est si dangereux que l'un des oiseaux périt à chaque tra­
versée, happée par la roche mouvante67. Ces émissaires divins seront
par les Hespérides dans les sources iconographiques comme
on ,
1. a
mentionné plus haut7°, indice d'une confusion possible entre les
�
férentes filles d'Atlas ou de Nuit et les divinités maritimes qui on
·r
­
�
:
garde des sources dispensatrices de vie éternelle. Au regard des texte
que l'on vient d'étudier, on peut donc conclure que le domaine des
Hespérides entretient bel et bien un lien avec la source des nouni­
assimilés dans des traditions plus tardives aux étoiles de la constel­
tures d'immortalité dans l'imaginaire grec aux époques archaïque et
lation des Pléiades, filles d'Atlas, notamment par jeu de mot avec le
classique, sans pour autant que les pommes d'or elles-mêmes jouent
grec péleiades « colombes »68. Un fragment de la poétesse Moirô de
nécessairement un rôle dans cette association.
Byzance (IV0-Ill0 s. avant J.-C.) à propos du catastérisme des oiseaux
qui apportèrent le nectar et l'ambroisie au tout jeune Zeus atteste de
cette transformation:
« Pommes », jardins et'symbolique érotique
Si la plupart des études qui s'intéressent aux Hespérides et à la signi­
Ze'Ùç ô' OQ' ÉVL KQ'lltn tQé<j:le'tO �y«ç, o'ÙÔ' aga t(.ç VLV 'liewn
i L �À.f.O'CJL. 'tO'V �V OQa 'tQTJQW'VEÇ tl11:<'>
�'X.OQWV· Ô Ô' OÉ�E'tO :rriO
sa9éc.p 'tQà<j:lov OVtQtp Ùll�QOO'LT]V <j:lOQÉO'UO'aL à:rt' Qxeavoio
{!oawv· véx·tag ô' ÉxnÉ•QTJÇ �yaç ate•oç altv à<j:luaawv ya!14>TJÀfl
fication qu'il faut attacher à leurs pommes se focalisent sur leur inter­
prétation en tant que fruit d'immortalité, elles laissent trop souvent
de côté un autre aspect symbolique très important dans la percep­
tion antique des jardins et des fruits, à savoir leur valeur érotique.
<j:logéeoxe mnov LlLl ).I.TjtLOEVLL. 1:0'\1 xal 'VL'X.TJOaç :rta'tÉQa KQÔVO'V
Avant de poursuivre plus loin sur ce sujet, il convient toutefois de
ô' aütwç tQTJQWOL :rteÀ.etétow 6:maoe 'tLJ..I.lJV, a't ôf] 'tOL 9égwç xal
jusqu'ici sont désignées en grec soit de manière générale par le mot
xe(lla;;oç &yyeÀ.o( etat.
karp6s « fruit», soit par le mot melon, ou malon dans les dialectes
eÙQ'ÎJO:rt« Zeùç à8étvatov :rtOLT]Oe xu'l oùgav<Jl Éyxa1:évaomov. &ç
rappeler un point important: les « pommes» dont il a été question
dorien et éolien. Or il s'agit dans ce deuxième cas d'un terme géné­
Ainsi le grand Zeus en Crète était nourri; aucun des Bienheureux
rique qui s'applique dans l'Antiquité à tout fruit de forme ronde,
ne le remarquait, mais lui croissait de tous ses membres Des
« qui pousse aux sommets des arbres» selon une scholie à l'Iliade7•.
colombes le nourrissaient au creux de l'antre divin en lui appor­
Quand il est utilisé seul, il nous est notamment difficile de définir si
tant l'ambroisie depuis le cours d'Océan ; et le nectar, à une roche
le terme melon désigne le fruit par exceltence qu'est la pomme, ou
sans cesse un grand aigle le puisait de son bec pou r en abreu­
la pomme-grenade - également appelée
.
ver le prudent Zeus. Après avoir vaincu son père Cronos, Zeus au
rho(f)a, sf(b)dë, ou malum
Punicum en latin - ou encore le coing - parfois aussi appelé« pomme
large regard rendit J'aigle immortel et l'établit au ciel: privilège
cydonienne », melon kudônionjmalum cydonium, voire strouthionj
qu'il accorda aussi aux tremblantes colombes qui sont les mes­
strutheum. Quant aux autres fruits, à l'exception notable de la poire
sagères de l'été et de l'hiver.69
(6gchnë), leur nom est très souvent composé à partir du même terme,
auquel est adjoint une épithète géographique : il faudra donc garder
Dernière pièce à apporter à ce dossier, les noms de Li para (l'une des
à l'esprit que les termes grecs utilisés pour parler des <<pommes>>
sept Pléiades) et de Calypso (la maîtresse d'Ogygie) sont parfois portés
des Hespérides n'impliquent par nécessairement une précision
154
155
Philippe Matthey
botanique. En latin, le terme pour désigner les « pommes» des Hes­
pérides est soitfructus, soit le mot emprunté au grec malum, qui a
tendance à être remplacé par pomum dans la partie gallo-romaine
de l'Empire romain72•
Quel que soit le fruit exact avec lequel il faudrait les identifier,
on a déjà pu remarquer au gré des sources étudiées jusqu'ici que
les pommes d'or sont parfois présentées dans un contexte nuptial
ou érotique: elles constituent le cadeau offert par la Terre à l'occa­
sion du mariage de Zeus et Héra selon Phérécyde (fr. 16b etc) et le
pseudo-Apollodore (Il, 5, 11 = II, 113). Euripide (Hippolyte 742-751) dit
qu'elles poussent tout près de la couche de Zeus, le terme utilisé évo­
quant un espace nuptial (koftë peut désigner le lit matrimonial, mais
aussi la relation sexuelle féconde). Les femmes de Trézène, qui se
lamentent pendant que Phèdre se donne la mort, évoqueraient-elles
ici par contraste un lieu rappelant le modèle de la première union
conjugale ? On pourrait citer comme parallèle à cette couche nuptiale
de Zeus la prairie parfumée que la Terre fait pousser au sommet de
l'Ida pour accueillir l'union de Zeus et d'Héra (Iliade XIV, 312). Mais le
jardin dans lequel les pommes d'or sont placées par Héra (Phérécyde
fr. 16c) est un këpos fermé et non une plaine ouverte (leimOn), deux
types de lieux dont les connotations érotiques différentes sont bien
connues des spécialistes. On rappellera simplement que la plaine
ouverte est souvent l'endroit où a lieu le prélude à la réalisation du
désir sexuel - comme par exemple la plaine où Europe est enlevée
par Zeus, celle où Hadès emporte Corè, ou encore celle où Orythie
est ravie par Borée -, tandis que le jardin fermé, également chargé
de symbolique érotique comme par exemple le jardin d'Aphrodite à
Paphos (Hymne homérique à Aphrodite 58), est plutôt un espace de
transition où se réalise la consommation de l'union amoureuse73• Le
poète lyrique Ibycos utilise à contre-emploi ce thème du jardin éro­
tisé en évoquant une image du jardin des Hespérides, « jardin inviolé
des jeunes filles» où « fleurissent les pommiers de Cydonie » (i.e. les
cognassiers), dont il oppose le printemps éternel aux tempêtes que
l'amour provoque dans son cœur74• On a par ailleurs conservé sur
156
Les pommes d'amour des Hespérides
un papyrus très fragmentaire quelques éléments d'un autre poème
d'Jbycos mentionnant probablement les Hespérides et leurs pommes,
mais sans qu'il soit possible d'en dire plus75• On notera encore que
dans les représentations sur céramique du onzième travail d'Héra­
clès, le héros et les Hespérides sont parfois accompagnés d'un Éros
figuré en train de cueillir les pommes ou de joindre les mains d'Hé­
raclès et d'une Hespéride : la connotation érotique de ces scènes est
évidente76•
On a déjà rappelé que le jardin des Hespérides était également
mentionné, chez Nonnos de Panopolis, comme le lieu où est célébrée
l'union de Cadmos et d'Harmonie ; les fruits d'or sont suspendus dans
la chambre nuptiale parAphrodite en guise de cadeaux à la mariée:
xet8L xa(, <i>ç év€JtO'UOL,rtaQà TQL'twvtôL ÀLJ.Lvn AQJ.LOVLtl rtaQÉÀex-co
()oô<i>môL KaôJ.LOÇ àf.i]-cf]ç, Nûfl4>aL ô' 'Eo1ŒQLÔeç j.ltf.oç ibTÀexov,
wv àrtô xfpmu KiJTrQLÇ
6J.LOû
xat WEgw-ceç tx6of.ŒOV E\)yaJ.LOV
eùvf]V, XQ'UOELfJV 6aÀaJ.LOLOLV èmxQE)lâoavteç ÔmOQfJV, vûfl4>rJç
�ôvov ëgw-coç btaÇwv
C'est là-bas aussi [en Libye}, dit-on, qu'au bord du lac Tritonis,
Cadmos l'errant s'unit à Harmonie au teint de rose. Les Nymphes
Hespérides tressaient le chant d'hyménée ; dans leur jardin,
Cypris et les Amours, pour parer la couche en signe d'heureuse
union, cueillaient des fruits d'or qu'ils suspendaient dans la
chambre, nuptial présent d'amour digne de l'épousée (. . . ).77
Malgré l'utilisation d'un terme inhabituel pour désigner les pommes
des Hespérides - le grec opore désigne plus largement l'été et les pro­
duits des récoltes -, le texte fait ici allusion au don des fruits d'or à la
mariée en tant que symboles de fertilité ou de bonheur conjugal. Pour
mieux comprendre ce que l'Antiquité sous-entendait par ce thème du
don de pommes dans un contexte nuptial, il faut maintenant aborder le
dossierde la pomme utilisée comme support des déclarations d'amour,
et parfois même comme vecteur de charmes amoureux.
157
Les pommes d'amour des Hespérides
Philippe Matthcy
Lancer de pomme, déclarations d'amour et envoûtements
Une constante attachée au fruit mëlon dans l'Antiquité, même quand
il ne s'agit pas des pommes d'ordes Hespérides, est son utilisation en
tant que symbole de l'amour naissant ou de l'union sexuelle popre­
ment dite. C'est en offrant ou en lançant une «pomme>> - que ce soit
èxet n:ou tà. �ÉÀ11 :n:egàou. xaMv tè> al:vLyf.L<l· ox6:n:eL yag, ei: n:ou
!;uvi'l'lf.LL tofl !;wyQa<j>ou. <j>LÀL<l taflta, <h mxt, xat àÀÀftÀ.wv Lf.LEQOÇ.
ol ).Œv yà.Q ÔLà "tO'Û f.LfJÀO'U naL!;ovteç 1t600'U <iQXOvt<lL, ôOev 6 J.l,èv
à.<J>('I'lOL <j>LÀftoaç "tO f.LTJÀOV' 6 ÔÈ U1ttLaLÇ amà un:oôéxetaL tatç
XEQOL Ôf)À.ov wç avtL<j>LÀi)owv. EL ÀO�OL, xal CtvtiJTif.L'Ij!WV ain:6·
une véritable pomme, une pomme-grenade ou un coing - que l'amou­
Les Amours font la récolte des pommes, comme tu vois. {. . . ) Ces
reux attire l'attention de l'être aimé et lui signifie les sentiments qu'il
quatre Amours, les plus beaux de tous, se sont séparés de leurs
lui porte7s. Au point même que tomber amoureux pouvait se dire en
grec « recevoir une pomme », comme en témoigne Aristophane dans
le passage suivant, qu'un scholiaste prévenant a accompagné d'une
petite explication:
compagnons; deux d'entre eux se lancent une pomme l'un à
l'autre, les deux autres se renvoient une flèche de la même façon ;
d'ailleurs la menace n'est point sur leurvisage, chacun d'eux tend
sa poitrine, pour recevoir là, non ailleurs, le trait de son adver­
saire. L'énigme est belle; vois, si je comprends bien le peintre.
f.L11Ô' eLç 6QX110tQLÔoç etoÇmetv, rva f.L1'! JT.QOÇ taiita xex11vroç
f.LfJÀ<p �À11ÛELÇ '\Jrr.à JtOQVLÔLo'U 'tfJÇ EU XÀdaç à:n:o8Qa1Jo6ftç.
{Tu apprendras) à ne pas faire irruption chez une danseuse,
pour que tu n'ailles pas, regardant tout cela bouche bée, rece­
voir une pomme lancée par une petite catin et perdre ta bonne
réputation.79
Amitié et désir mutuel, voilà mon enfant. Ceux qui jouent avec la
pomme en sont aux débuts du désir; aussi l'un lance une pomme
après l'avoir baisée, et l'autre étend les mains pour la recevoir;
on voit cJajrement qu'il ia baisera une fois reçue, et la renverra à
son camarade.82
Il était en outre d'usage, du moins selon les attestations littéraires'
de graver une inscription sur Ja pomme lancée, une formule desti-
Le rituel du lancer de pomme est très bien attesté dans toute la littéra­
née à être lue à haute voix par la personne atteinte par le fruit. En
ture classique, de Théocrite décrivant les timides tentatives de séduc­
témoignent deux épigrammes conservées dans l'anthologie palatine
tion du chevrier par la bergère80 à Lucien dépeignant une scène de
et attribuées à Platon, dont l'une dit: «Avec cette pomme je t'envoie
séduction furtive dans le monde des courtisanes81• Philostrate, ana­
lysant dans sa Galerie de tableaux une représentation de petits Éros
ceci: si tu consens à m'aimer, accepte-la et, en échange, donne-moi
ta virginité; si tu penses le contraire de ce que je souhaite, prends­
cueillant des pommes, nous explique que ce geste est plus précisé­
la tout de même et vois comme la beauté est éphémère ))83 et l'autre
ment celui de l'amour naissant :
«Je suis une pomme ; celui qui me jette, c'est quelqu'un qui t'aime.
Accède à ses désirs,Xanthippè ; nous sommes, toi comme moi, desti­
(1,6, 1) Mf]Àa "Eowteç tôov tQ�y&ow· (. . . ) (1,6,3) (. . . ) oL yàQ
xàÀÀLOtOL"t<ûV 'EQW'tWV LÔO'Ù tÉ't't<lQEÇ '\J:n:eseM6vteç 't<Î>V ÜÀÀWV
Ô'UO �V UUt<Î>V àvttJtéf.l,JtO'UOL f.Li'JÀOV àÀÀfjÀOLÇ, TJ Ôè É'tÉQ<l Ô'UclÇ
158
nés à nous flétrir»84• Mais le meilleur exemple d'une séduction réus­
sie par le biais d'un lancer de pomme augmentée d'une inscription
est sans doute celui du mythe d'Acontios et Cydippé. Selon la légende,
6 �V 'tOSE'ÛEL tOY ihEQOV, 6 ÔÈ àvtL'tOSEUEL xal OUÔè à:n:eLÀTj "tOÎ.Ç
probablement connue dès l'époque hellénistique, le jeune Acontios,
JtQOOW:n:oLÇ E1ŒO'ttv, àÀÀà xal otégva MQÉXOUOLV àÀÀTJÀOLÇ, i:v'
originaire de Céos, rencontre la belle Athénienne sur l'ile de Délos
159
Les pommes d'amour des Hespérides
Philippe Matthey
alors qu'elle se trouve dans le sanctuaire d'Artémis. Tombé éperdu­
la pomme, à qui je jette la pomme, que je frappe. Placée au-des­
ment amoureux d'elle, il décide de lui tendre un piège : il grave un
sus de tout puisse-t-elle être folle en vue de l'engagement amou­
message sur une pomme, ou sur un coing, et la lance en direction de
reux avec moi, puisse-t-elle la plaçant dans sa main la manger
Cydippé. Le fruit roule aux pieds de la jeune femme, qui le ramasse
. . . ou placée contre son sein et qu'elle ne cesse pas de m'aimer.
et en lit l'inscription à haute voix: «Je le jure par Artémis, c'estAcon­
Déesse qui naquit à Chypre, réalise pour moi ce charme jusqu'à
tios que j'épouserai>>. Irrémédiablement liée par le serment qu'elle
sa réalisation.ss
vient de prononcer en prenant la déesse à témoin, Cydippé n'a dès lors
plus d'autre choix que d'accepter la demande en mariage d'Acontios65•
Ce genre de rituel appartient à la catégorie des agoga( ou «charmes
La qualité performative du serment prêté par Cydippé en fait un très
qui mènent», soit des rituels d'envofitement qui ont pour but de faire
bon exemple de témoignage littéraire dans lequel l'habituel lancer
sortir une femme de chez elle et de l'amener dans le lit de l'homme
de pomme est augmenté de ce qui ressemble fort à une véritable liga­
qui l'a ensorcelée89, et il est fort intéressant de constater que les autres
ture rituelle (katcidesmos), un envoûtement dont l'efficacité repose ici
rituels faisant un usage similaire de pommes parfois inscrites de
sur l'écriture et le serment prononcé à haute voix86• Par un heureux
signes magiques sont attestés jusque tardivement dans les manuels de
hasard, un authentique rituel d'envoûtement amoureux dont l'ingré­
magie byzantine90, mais sont également connus par quelques exemples
dient principal est une pomme nous a été conservé dans la documen­
de rituels néo-assyriens, dont l'un consiste à faire sucer le jus d'une
tation des papyrus grecs magiques, sur un papyrus de Berlin décou­
pomme ou d'une grenade à la femme que l'on désire envoûter91•
vert en
Égypte à Abou sir ei-Meleck (It• s. avant ou après J.-C.) :
C'est à la lumière de ces différentes sources que l'on _découvre
enfin la valeur que les pommes d'ordes Hespérides revêtait sans doute
è!;aywyYj èmpô&v è?<. tftç eiJQeeew"lç èv 'HÀLou{ç} Jt6/..e� èv tfl
aux yeux des Anciens, moins symboles d'immortalité et d'abondance
ieQ� �ût\ÀWL t'fiL xaÀ.OuJ.IÉYn 'EQJ..LOÛ èv tÛJL àôûtroL Aiyum:toLÇ
que fruits exerçant un pouvoir d'envoQtement érotique capable d'ex­
yQ{lJ..L�OLV xa� ÔU:Q1111Veu8évtrov 'EUT]VlXOî.ç
citer la passion amoureuse ou même de provoquer discorde et folie.
èm I:LiJI..o[LÇ] èmpôfr tQCç· t\al..w 1-L'Îl fl..)mç [±4)ôwow t6ôe
Cette fonction des pommes d'or est principalement exprimée dans le
<j>étQI-LClX[ov] xaCowv aLet �Q<.Otôv flvT]tôv (lire Ovrrr:oîç)
mythe d'Atalante et d'Hippomène: la vierge chasseresse, décidée à
av9QW7tOLÇ xat àOavàtOLOL 8eo'LOLV (..lvôw 1-LTJÀcp t' ��C1ÀOV, !-LiJÀq>
rester chaste, a annoncé qu'elle n'accepterait de se marier qu'avec le
t'btâta!;açfro87 mivtC1 tJJ'ŒQ9EJ.IÉVT] 1-LClLVOL'tO bt' ÈI1�L <j>LÀ6�t.f]te
prétendant qui la vaincrait dans une course qui prend parfois la forme
èv XEI.Ql l..a�o[L.] ... <j>aym . . . il Èv x6À1tO.ll xaÜlltaL 1-Lft 1tC1iJomto
d'une chasse à l'homme, où Atalante tue systématiquement les préten­
<j>t.Àetv �-LE· KuneoyèveLC1 tÉÀEL teMav È1tC1môijv·
dants malheureux. Hippomène (ou Mélanion) parvient à remporter la
victoire en se faisant offrir par Aphrodite des pommes d'or cueillies,
Publication de charmes trouvés à Héliopolis dans le livre sacré
160
selon certaines versions du mythe, dans le jardin des Hespérides92, et
dit d'Hermès dans le sanctuaire, (inscrits) en caractères égyp­
en les jetant derrière lui chaque fois qu'Atalante menace de le rattra­
tiens et traduits en grec.
per. Ce n'est évidemment pas par cupidité et par appât du gain qu'Ata­
Charme nécessitant une pomme: Ttois fois : Je lanlc]e des pommes
lante fait des écarts pour ramasser ces précieuses pommes, mais bien
. . . je [donne] rai (?) cette drogue toujours utile, comestible par
plutôt parce que les fruits la soumettent à un envoûtement qui ne lui
les humains mortels et les dieux immortels. Celle à qui je donne
laisse pas le choix: contrainte de recueillir les fruits, elle signifie par
161
Philiwe Matthey
là-même à son prétendant qu'elle reconnaît et accepte son rituel de
séduction et la consommation de leur union par le mariage qui sui­
vra sa défaite93. Ainsi que le formule Théocrite:
'I1t3tOJ.lkV1')Ç, oxa ôi] tÙV 1tUQ0êvov f}9el.,e yâJ.lm, f.Lâl.,' èv XEQOLV
è!.,wv ÔQOJ.IOV avuev· ù ô'ÀtaMvta ÜlÇ tôev, roç È�Vl'J, &ç èç
�aeùv aÀ.at' EQW'tU.
Hippomène, briguant la vierge, prit les pommes et accomplit la
course; Atalante, à leur vue, démente, en quel abîme d'amour
elle plongea!94
11 est encore une pomme célèbre que certaines traditions font parfois
venir du jardin des Hespérides, c'est bien sûr la pomme jetée par la
déesse Éris dans l'assemblée des déesses lors du mariage de Pélée et
Thétis et qui eut pour conséquence la guerre de Troie. Destinée « à la
plus belle», elle exerce un pouvoir quasi-magique sur Héra, Athéna
et Aphrodite qui tombent sous l'emprise du fruit. La pomme d'amour
Les pommes d'amourdes Hespérides
du jardin d'Éden, similarités qui ont poussé de nombreux auteurs antiques autant que modernes - à identifier tout naturellement les
pommes d'or avec le fruit de l'arbre de vie de la tradition judéo-chré­
tienne. J'espère toutefois avoir démontré que le symbolisme du jar­
din des Nymphes Hespérides et de leurs fruits merveilleux ne peut
être réduit aussi facilement à cet unique motif de l'immortalité et de
la vie éternelle, et qu'il convient de ne pas oublier le caractère éro­
tique qui était également le leur.
Dans l'Antiquité tardive, en revanche, le motif de l'île des confins
où coulent des sources d'immortalité dans un climat d'Âge d'Or per­
pétuel - où les fruits et les autres produits de la terre croissent en
abondance et de manière spontanée - se mêlera étroitement à celui
du jardin des Hespéri.des conçu comme un reflet du Paradis chré­
tien. L'évolution de ce thème de l'île paradisiaque - et la place qu'y
occupent les fruits merveilleux - fera l'objet de la deuxième partie de
cet article, à paraître dans un prochain volume sur les mondes clos,
consacré aux îles.
se transforme en pomme de discorde, comme on peut le lire dans la
version tardive de Collouthos (Ve.. VJe s. après J.-C.):
ftÔ'l') ô' 'EorœQ(ÔWV XQ'UOêwv èf.LVTJOUtO !LTJÀ.WV· ev0ev "EQLÇ,
1tOMJIDLO 1tQoéJ.yyeÀ.ov ëQvoç èÀ.oiloa ).lfiÀ.ov,àQtsfJÀ.Wv è<j>Q6.ooato
ôi]vea fL(>xewv. xeLQt ôè ôwi]oaoa fL(>eov 1tQWt6o1tOQOV àQx.T)v èç
OaÀ.(flV EQQL'Ij!e, X.OQÔV ô' WQLVE eeawv.
Et voilà qu'elle songe aux pommes d'ordes Hespérides. Éris s'en
va prendre le fruit, présage de guerre, une pomme, et conçoit
l'idée de souffrances exemplaires. Elle fait tourner dans sa main
la toute première origine des combats, jette le fruit au milieu de
la fête et bouleverse le cœur des déesses.95
On l'a dit au début de cette recherche, la configuration mythique du
jardin des Hespérides présente des similarités évidentes avec celle
162
163
,
Notes
��
• At �
. ht Dürer: Adam uad Eva: die Gem{ifde, ihre Ces·
1979, p. 164; CI IHIS1 1AN SCHOEN,
z
e
plion bel Lucas C
anac l . A. und HaasBaldung Grien, Berlin, Rcimer, 2001,
r
clrichtc und Re
44
45
46
47
48
p. 105 Cl(l. 113.
Voir Al.lllttCIIT 1>O llhlt 1.1!1/f'CS et t'c'Il� théoriques (éd. PIERRE VAISSE, Paris, Hermann,
�� �
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51
52
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56
57
58
59
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cil.,
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3
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5
6
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t.
� t • vulrau
ssl la thèso de Matteo Man­
MARTIN, Poilim·s, ur Licorne, 19911), p. 139.àS re
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1
' adn'tl• 2010• (hup;//oprlnts.ucm.
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, ••
clni, Ut flldum llllf!S1s 77zttmaYs·u1 rf.ceptlon eu l:.
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7
•t descripto
i n cie ses tableaux et dessins, 1,
MAX ROOSL:S, l.'U'uvro <le P. P. Rubens: 11/sto�re c
9
,
50
p. 139
30
i\lhi'Cfht OOrcr, At/mn et i\'C, 1507, huile sur �Js,·�adrid
.
' Musée du Prado, n• A 103/104.
VolrCIIRISlli\N SCIIOLN.op. '!!·• Pl
!
�
· 28'31 ; p
fnli, Florence, n"' 8432 et 8433; d.
ll�n!> 1\,tlrlung Grien, ile/mn tt Lm cl
und Ookumentc, JWr11n, Deutscher
li:N, llnM
GLRf VON OΠOS
pp. 156•
0 ct Sb.• • aussi CIIRil>ïiAN SCIIOEN,op.
\'t•riag ffirKunstwlsscnschufl, 1
165 Cl llls.lll, l ct 2. Sur la nlintroductlon du perroquet par llaldung: ct ibid., Pfl l 58160 ct
11. 16-1; PAUI.I. SMITII, art. dt., p. 342.
Pour un déJllacemcnt onalogu(• dnns une gr�vu elle aussi rélmerprétant Dürer, rr. llnns
:
&-balll Ut>hnm, Adlll!t
rs 1543 gravure sur bols, Paris, Oibllu
OI'I!C ��:
�EMAN,op. cit. , lll. 18
USE \V
j
thèt1uc Nntlonalc, Oép
:
mcm
ent ���Est�
,
t mlsun de Titien, Adam ct
o
Comp;
dr1d
,
n•429
et Rubens Adam et i:loe cl a11rês
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-e P
ra_<É
Rubens:
mu/ adaptations
7illrn, Muséu du l'radu, Madnd, n 1692 l E I Y
2, Ital;a ,., .cs l.ondon Il Miller. 2010, pl. li, n• l l l ; cr.
from RcrJOtÇS(IfiCC and
�
,!
aussi IIAHOW li. WI;J llhY, Tllc,:xlilllitiJ,'SO
J�inlings, l.onl.lon, Phal
,
"' on 1' Tlle
don, 1969. 1, p.63, n•l pl. 162.
:
Dialogo d�moro (éd. I'IIJRRI�
JJSE WAJEMAN,op. tti.. JI. 256, nl
c
c ronvoi
n
e s oni,
,
r
1964), p.l2l; l iS[ WAJEMAN,op. cli., IJ. 206,
l<ll�rt�rtlsts.
49
Les pommes d'amour des
Hespérides - 1ère partie:
le jardin aux portes du soir
r
os,/l0440/I/T31466.pdfl, p.80,t u ile l'éditionprincepsde Spcronl Oo lui emprunte la clto·
�
tlon). J.Jsc Wn)mnan Interprète les doigts
c
éalrés do la mnln dtl'll commo un geste ohscènu.
Soc.�t llulland, Ua�1lCO, 1977, p. Ill\.
0
I'S/C liC thefru/1 anclgal'!! II OA<lam SC 111111
IEIIEMY WOOI), llfJ. dt., Jl. 115: c/1 nas
rta/ltyancl tllesllame{ulnesso[tlwir
tlleireJ'I!SII'I!ro0111'ncd• nnd 1/teybecomcEr•tnl'!w
mmreor
fll'
l"'rm
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bodil!$. 7flls ls COlll'e}"Cd ln a romarkabic
lays ltls llmrd on Cl:l''s shoul
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Adam ·llo
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cler, lm
os
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arer's e�vill& ami h6 place ft more orless
lb/cl., p. l l6: •Ile fnsertetl tire lbrrot fcoun 111
on a l.lrtmcll obo
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'Uildam's:.ho:;�
t en.
•
Bnll'gcl ct Rubens, Atlam et L
ve au pamdis' (l4cm x 1 14cm), La Haye, �auritshuis, n•inv.
.
448-451 cat 19
4.
5562; K l.i\US UlT/, Cl lltiSTA NITZI!·ER , · l.
rL 0
l
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s la peinture de
disiaqu� da�
KLAUS J:RT/., op.
p.236. J'our le thème du pa
,_,
_
�
��:�; i:�i
cil.,
���(;����
� ��
1'\ITZHRïL, op. cil., vol. 11, pp.429·459, cat. 183-199.
Ibid., P1>.454-457, <111 .197.
ARIA!\NF Fi\1\lR KOIJI, op.
.
clt., p. 1.
.
!lulle sur tolle. 1530, Oslo Nasjonalgllenet.
JI',\N Jli:LUMEJ\U, l.c/l d
llrn ls, Pan·s , Fayar , ��
�\
lît�
KLAUS ERTZ,CIIRIS'IA NITZE-ERTZ
. • . 34·440, cat. l86·187a; pp.448 451,
.,op. Cl . ,
nu. l94.
�
1/Jfd., Jlll.430 431, car. 184,. pp. -140-442• cat· 188 . p.442·451, cat. 190.194; pp.45� 457,
.
ant Savery (!578- 1639), Cornchs van
cat. l96 197; JIIJ.459 -160, r.lll. l9 Ajoutons �t.rss
llnarlcm (1562- 1638), Alllllll et E.
'If t u p<lmGlS. a :ute d�dam' 1618, Musée du Llchtens�
�
toln, llohcnhuchnu Collection, inv. n liB 56.
10
11
11
12
13
14
;R �
Je remercie tout spécialeme
nt Doralice Fabiano pour les
conseils avisés qu'elle m'a prodi·
gués sur de nombreux point
s abordés dans cet article, ainsi
quo Daniel Barbu, dont l'éner
gie inépuisable a permis à cette
­
recherchedevoirJe )ourpuisq
ue c'est à lui que nous devons
l'idée et la réalisation de ce
beau colloque sur les jardins.
JOHN MILTOK, lbrodise /ost:
the biblicallyannotated editio
n (éd. MATTHEW S. STALLARD
Macon, GA, Merœr t.:nlvcrsity
),
Press, 201 1.
Cf. JEAN BOTTÉRO, L't'popée
de Ci/gamd. Legrand homm
e qui ne vau/aitpas mourir, Paris
Gallimard, l992, pp. l58 163
,
et pp.202-203.
Genèse 2, 15-17 et Genèse 3,1·22
.
PHILIPPE BORGEAUD, séanc
e d'introduction au cours de
1&.. année « Méditerranée Mythes
et grands textes fondateurs»,
.
2006 2007, Collège des llurnanltés,
EPFL, Lausanne.
Je m'appuierai tout au long
de cette recherche sur deux
articles réunissant la plupart
sourccs littéraires et Iconograp
des
hiques à propos du jardin des
lespérides ct de leurs pomm
1
FRANCISCO DIEZ DE VEI.i\SCO,
es:
«El jardfn de las llespérldr.s:
miloy simbolot, ln ID. éd.,l.
guaj
cn·
esde la religion, Madrid, 1998,
pp. 75-129; ILARJA SFORZA,
« 1 poml d'oro delle Esperidi:
un viaggio verso l'immortalità»,A
rene e Roma 3·4, 2010, pp.21
3·226. Pourun exposé chron(r
logique de l'ensemble des sourc
es littéraire.�. cr. avant tout TI
MOTHY N. GANTZ, M
ythesde la
Grèce arcllaique, Paris, Belin, 2004
(orig. 1993), pp. 24·25 et pp. 726
731.
HÉSIODE, TMogonie 213216;
traduction ANNIE JJONNAFÉ,
1/ésiode. Tlté
ogonie, la nais·
sance des dieux, Paris, Rivage poch
e, 1993 (orig. 1901).
Cf. ibid., 21 1·232pourla list
e complète des enfants de la
Nuit.
Pour l'ensemble du dossier
des confins du monde dans
la conception grecque, cf. JAME
ROMM, Tl1e Edges oftlle Earth
S
in Ancien/ Thougllt, Princeton, Princ
eton University Press,
1992.
Cf. MICHEL GELINNE, rles
Champs Élysées ct les îles
des Bienheureux chez Hom
ère,
Hésiode ct Pindare», Les Études
Classqu
i es I.Vl (1988), pp.225 240.
HÉSIODE, Théogonie 270·2
75: • Puis à son tour, à Phorc
ys (un /ils de Pontas), Cètô
Bê
Marine (sœurde Phorcys} enfan
te­
la des vieilles aux belles joues
, chenues dès leurnaissance
et qu'on appelle donc los Vie
illes, les Grées, chez les dieux
Immortels comme chez les
humains marchant sur terre
(. .) et encore les Gorgones
qui habitent au delà de J'illus
Océan, auxconfins, du côté de la
tre
nuit, au pays des Hespérides
aux voixsonoresa (mvalooot
MQlJV x>.moû �uvoio toxanjJ I!QÔÇ
vuxt6ç, ïv' 'EoncQlôeç Aty($ovOt).
ibid., 517-519:A-rÀaç Ô' OÙQ<lVÔV
€ÙQ'ÙV
exct >'.Q<ltE(li)Ç Ù1t' àvétyxl)Ç,
rn:IQ00!\1 Év yabJÇ
Éotl)c.ilç, >'..elj>aÀfl re xal <'.txa,uit
not XÉQEOOt·
(celui de Médusej, lorsque Persée
, commeon sait, lui coupa
TCQÔJUlQ' 'EoiŒpCôrov 4yulj>wvro
v
Ibid., 280287: cEt de son corps
le cou, jaillirent le grand Glaive
-d'Or, Chrysaor, et le cheva
l Pégase, Vives·Làux. (.. ) Chry
saor, Glaive-d'Or eut pour enfan
·
t Géryon aux trois têtes (
.) 1. Ibid. , 294:
lltQIJV XÀU'toù
Qxeavoio.
Ibid., 333-335: Kl)tw Ô' ônM
tatov <1>6QX\Jt lj>lÀ6tl)tt J.ltY&ioa yE!v01
:0 ônvô
tv IJCYÔÀotç MYXQiJoea V.i)Àa cjluÀétooet. v olj>w, ôç
«Puis Cètô
Bête-Marine mit au monde,
hon cadet, de son union de
bonne entente avec Phorcys,
le ter­
rible Serpent qui, dans les
pro ondeurs cachées de la
terre obscure, à ses grands
confins,
garde les pommes d'or pur»
.
Sur la localisation géographi
que confuse des cxtrêmités
tlu monde dans la pensée antique,
cf. l'ouvrage fondamental d'ALA
IN IJAU.ABRIGA,Lesol!!il et
le Jàrtare: l'image mythique du
m01ule en Grèce orcllaiiTue,
Paris, EHESS, 1966, surtout
pp. 75-146.
ll!lSJODE, Théogonie 744·755
pour los logis de la Nuit ot
767-770: €v0a Oeoû xOov
ÈQ&I.I.VÏJÇ xeu6eat ya(l)ç IŒ(paotv
f
15
16
1TQ6o0ev ÔÔJ.IOL TjxiJ&vteç, (lcjl0(
J.10u t' A(ôew xat énaw
lou
�ç fleQoetjJove(rJç]. éorâotv.
tC'est là (en race) que, du
dieu souterrain, les demeures
pleines d'écho (celles d'llad
Fort et de l'affreuse Perséphon
ès le
.
e] se dressent ( ..) ».
352
353
Notes
17
18
19
Ibid., 311 : À(ÔEW xuva')(CtÀXEo<j>wvov.
) « parler, chanter,
Son nom, rTJQUÔVIJÇ (Géru6nes), est construit sur le verbe YllQUW (génlll
,
1\vevm ev
HOMÈRE, Odyssée Xlf,44-45 : ana te 1:etQt)veç ÀtyuQ1) OéJ.youoiV àotbfl.
p.246, qui
ÀI':LJ.lWVt. Cf. MARTIN WEST, JfesiOll. Tlleogony, Oxford, Clarendon Press, 1966,
plutôt que de Cèto et Phorcys.
20
atl­
pense cependant que le chant des llespérldes n'a rien de menaçant. Remarquons )Jar
à
t
veloppé dans les traditions posérieures
leurs qu'au jardin des Hespérides qui sura dé
on
Hésiode pourrait faire écho le pré (en leimiinl) dans lequel sont assises les Sirènes:
et
reviendra plus bas sur les différentes connotations érotiques attachées au jardin fermé
Belin, 2009 (orig.
au pré ouvert, cf. CLAUDE CALAME, L'Éros dans la Grèce antique, Paris,
21
22
23
24
25
26
27
1996), pp.201-224.
attribués
Sur t'efficacité magique supposée de la plainte funèbre (goos) et sur les pouvoirs
aux spécialistes en évocation des âmes défuntes, autrement dit en «sorcellerie• (go<!tefa),
alld lf1e Dead
cf. SARAH ILES JOHNSTON, Restless Dead. Encounters between the Living
1999,
in Ancient Greeoe, Berkeley- Los Angeles - London, University of California Press,
of the
pp. 82-123 (chap.J,3 «Magical Solution to Deadly Problems: The O rigins and Roles
Goès»).
Cf. MARCELLO CARASTRO, /.(t cité des mages. Pe11ser la magie en Croce anciCIIne, Gre­
noble, ed. Jérôme Mil lon, 2006, pp. 117-127 {champ loxkal de ligtis) Cl pp. l92-194 (efficacité
magique du chant des cigales et des Muse.�). I.e chant des cigales et son effet médusant p�r­
llcipe du même registre que celui des Sirènes selon PLATON, Plll>.drc 258�259d.
À l>ropos de l'amblvnlence des créatures des confins du mondu tJUC sont les Gorgone.'>, les
l cdad y otros carac­
llespérldc.� ct les SIrimes, cf. MERCEDES AGUIHRE CASTRO, •Ambig\
teres de las dlvinidadcs apnrtadas de la éplca arcaica •. Cuadcmos1/e Hlofogra Cflfsica EGI
6 (1996), pp. 143-157 (ici pp. 153-155).
t thé/gein,
Pour les rapports entre les dimensions visuelles et sonores de J'envoûtemen
je renvoie également à MARCELLO CARASTRO, op. cil., surtout les chapitres 4 et 5 de la
pp. 65-100 et « Le
seconde partie « La constellation de thé/gein» : «Des dieux qui médusent»,
chant des Sirènes», pp. 10H40.
Ilest intéressant de releverque, dans le monde romain, le nom donné à la sorcière (strix, ita­
lien strega) est emprunté à la strige, oiseau fantastique qui serait ainsi nommé parce q�·n
émetdes sons stridents(OVlOE, Fastes VI, 149) : le pouvoir enchanteur de la vo1x semble tel
aussi être lié à sa tonali té. Cf. LAURA CHERUBINI, Strix. La strega nel/a cultura romana,
Torino, UTET libreria, 2010.
28
EURIPIDE, Hippolyte 743: aetôtîlv et Héraclès 394: UIJ.VWLÔouç.
APOLLONIOS DE RHODES, Argonautiques iV, 1399: t<j>(.J.li':QOV ae(ôovom.
Ibid., IV, 1406-1407: àyxoû ô' 'Eorœg(ôeç, xe<j>aÀaiç Em tX€IQ<LÇ ËXOVOCt� agyu<j>éaç
29
30
31
PROPÈRCE, i1égies JI!,22, I l : llesperidumque clloros.
•
QUINTUS DE SMYRNE, Posthomériques 11,418: ÀEtQt6eooaL EorœQ(Ôcç.
l.é/..oç
NONNOS DE PANOPOUS, Dionysiaques Xlll,349-354: Ni.J�llj>OL ô' 'EonEQ(Ôeç ).
32
33
34
i
crier».
<j>wvètç
PHÉRÉCYDE, fr. 16b JACOBY, scholie à APOLLONIOS DE RHODES lV, l396c:
ôè <j>wvcûç
navtowç; PSEUDO-APOLLODORE, Bibliothèque 11,5, I l (� li, 114): ÈXQ�to
et d'Îichidna
navto(mç xat llO�x(Àmç. Chez ces deux auteurs, le serpent est fils de Typhon
!;av9î]Ot, )..(y' ëotevov.
35
36
37
3B
39
354
CHUVIN, op. cil., p. 270.
OVIDE, Métamorphoses IV,627-648: solidis pomatia ctauseratAllas moenibus.
SERVIUS, Commerltaire à I'Énéide IV,4B4, 16-17.
PS.-APOLLODORE,Bibliothèque 1!,5, I l (• Il, 113): J.!Eta toutou ôè 'EoneQlôeç t<j>u>..anov,
ALyÀTJ 'EQu6etet 'EomQ(a AQ é6ouoa.
40
41
42
O n a dit plus hautque le nom d'érythie, évocateur de la lumière du Soleil quant il SI) couche
à l'Occident, était également le nom de l'île où le géant Géryon gardait ses bœufs; une scho­
lie à APOLLONIOS DE RHODES, Argonautiques IV, 1399 précise même que c'est I'Hespéride
Erythie qui avait donné son nom à l'île.
Londres BM E224, environ 400 av.J.-C
Cf. HENRY B. WALTERS, Carpus Vasorum Anticorum, Great Britain - fascicule 8, British
Museum - fascicule 6, London, 1931, Group lil l c., pp. 6-7 ct pl. 91 : XPYrOBEMl:t,
A:t
<l>T
EPOIIH et AIIIAPA.
43
44
Je renvoie aux articles de FRANK BROMMER, dferaklcs und die Jlesperiden auf Vasen­
bildernt, Jahrbuch des <leutschen arclliiologischen lnstiluts57 {1942), pp.J05 123; lAN
MCPHEE,s.v. t Hesperides»,LIMCV, 1 (1990), pp. 394-406; FRANCISCO DIEZ DE VELASCO,
« El jardin de las Hespérides: mito y sfmbolo», ici pp. !15-117. Les autres noms que peuvent
porter les Hespérides dans la céramique sont Hippolyte, Mapsaura, Thétis, Pasithea, Elye,
Aretyosa (Aréthuse?),Aiopis,Antheta, Calypso, Mrmesa (?) et Nel lsa (lAN MCPHEE, art. cit.,
p.406).
La bibliographie concernant le mythe de l'expédition d'Héraclès dans le jardin des Hespé­
rides est vaste : en plus de l'ouvrage D'ALAIN BALLABRJGA, op. cil., on se réfèrera surtout
à TIMOTHY N. GANTZ, op. cit., pp. 726-731; PIERRE CIIUVIN, op. cit., pp. 265-283; JEAN­
CLAUDE CARRIÈRE, « Héraclès de la Méditerranée à l'Océan. Mythe, conquête et accultura­
tiom, inMONIQUE CLAVEL-LÉV�QUE. ROSA PLANA MALLART éds., Cité et territoire: col­
loque européen, Béziers, 14-16 octobre 1994, Presses Univ. Franche-Comté, 1995, pp. 67-88.
COLE'ITE JOURDAIN-ANNEQUIN, Héraclès aux portes du sair: mythe el histoire, Paris,
Les Belles Lettres, 1989, 4�.,. partie, 3ème chapitre «Les pommes d'or gage d'i mmortalité»,
pp. 539-566 est ég<tlement utile, même si certaines de ses interprétations historicisantes ne
sont pas toujours convainquantes.
45
ellÀexov.
Ibid., XXXVIII, 140: 'Eoneg(ôeç ô' aÀQÀal;ov.
PHÉRÉCYDE, fr. 16c JACOBY, cité par ÉRATOSTHÈNE, Catastérismes 3; traduction PASCAL
CHARVET, ARNAUD ZUCKER, Paris, NiL éditions, 1998.
Cf. également HÉRODOTE TV,204 et le Périple du PSEUDQ-SCYlAX 108,2 et 109, l 10 (IV" s.
av. J.-C.) : Hespérides ou Euhespérides était le nom donné à un port situé non loin de l'en­
droit où fut ensuite fondée la cité de Bérénice, aujourd'hui Benghazi. Selon PLINE, His­
toire naturelle V,3-4 ct CLAUDE PTOLÉM�I:, Géographie IV,4, 9-10, le «jardin des Hespé­
rides» se trouva it tout près de l'anllque llnrca (sol! la ville de Ptolémaïs en Cyrénaïque,
non loin de l'actuelle Al Marj). !June des premières représentations iconographiques des
Hespérides nous est d'ailleurs connue grâce à un tétradrachme d'argent émis par Cyrène
vers 500 av. J.-C. (LJMCV, 1 [1990]. s. v. « Herakles », n• 274), qui figure une Hespéride cueil­
lant une pomme d'or face à Héraclès au repos; la localisation du jardin des Hespérdes en
Cyrénaïque a été très ôt
t revendiquée par les cités de la région. Cf. ALAJN BALLABRIGA, op.
cil., pp. 216-231 et PIERRE CHUVlN, La mythologiegrecque: du premierhomme à l'apothéose
d'Héraclès, Paris, Fayard, 1992, pp. 266-270.
APOLLONIOS DE RHODES, Argonautiques IV, 1396-1407; traduction ÉMILEDELAGE,FRAN­
CIS VIAN, Paris, Les Belles Lettres, 1996.
Selon STRABON XVII,3,20,40-42; PLINE, Histoire naturelle V,31,5-7, un fleuve «Lathôn»
ou a Lethon »se jetait dans le lac dit tdes Hespérides» près de la ville de Bérénice en Cyré­
naïque. C'était également le nom d'un fleuve en Arcadie ainsi qu'en Bythinie, cf. PIERRE
46
FRANK BROMMER, art. cil., compte par exemple vingt trois représentations d'Héraclès et
des Hespérides dans la céramique attique, contre soixante du combat entre Héraclès et
Géryon. Cf. également FRANCISCO DIEZ DE VELASCO, • El jardfn de las Hespérides : mito
y simbolo» ; ID., « Marge, axe et centre: iconographie d'Héraclès, Atlas et l'arbre des Hespé­
rides », inVINCIANE PIRENNE-DELFORGE, EMIUO SUAREZ DE LA TORRE éds., Héros et
lléroïnes dans les mythes et /es cultesgrecs. Actes elu colloque organisé à l'Université de Valla·
do/id du 26 au 29 mai 1999, Liège, CIERGA, 2000, pp. 197 216.
STRABON lll,2, I l (STÉSICHORE, fr. S7, DENYS L. PAGE, Poeme me/ici Graeci, 19672);
traduction FRANÇOIS LASSERRE, Paris, Les Belles Lettres, 1966: kt1jO(')(.OQOV TŒQL
tOÛ ri]QtJ6voç Bovx6ÀotJ ô�6't� y€VVlj6drt "oxeô6v OVttJltQaç XÀ.ELVÛÇ 'Egv6eîaç
TaQti]OOOû llOT.CtJ.lOÜ naQà 1T.O.yètç àrœiQovaç ètQyuQoQ(�ovç, èv xev6J.l.(Ôv� nétQaç".
«Stésichore a pu dire en ces termes du bouvier Géryon qu'il était né "En face, ou peu s'en
faut, de J'illustre ErythiejVers la source profonde olr plongent, infinies/Les racines d'argent
du neuve Tartessos (l'actuel Guada/quivir)/Dans le creux d'un rocher..."»; cf. également
355
Notes
47
MAEBLER),cité parPLUTARQUE, Consolation aApolloniosXXXV (1 20 C 9): XQ'UOO'XUQ1tOLOt
STHAilON 111,5,3-5 à propos d'une ldentllicatlon altcn•atlvc d'J;rythlc nvec Cndès (Cadix).
�e�(>t66ç. Comme le fait remarquer entre autres !LARIA SFOHZA, mt. cil., p. 221, Pindare
Selon Mt\SSIMO LAi'.7.ERt,Stucll sulla GcrloneldiHii Stoslcoro, Nopull 2001l, pp.63-9·1; ILA­
réinvente son île des Bienheureux à partir de la Plaine Élyséenne homérique (Odyssée
IUASFOHZA, art. cil., p. 216,n. 12, le sujet de la ronnoverbale '<'uj>lxov('tO serait lei l!urytlon
(futur bouvier de Gôryon) et sa môrc (ITiespérldc J:rythic?): on uuraltnJTnirc il un c.
�cursus
raoonlnnt le chemin qu'fis suivirent pour sc rendre de l'Espagne jusque sur l'ile ti'Erythlc.
Cf. ûgalemcnt DilNYS L l'AGE, cStcslr.horus: The Ccryonei's 1,Journal ofllcllenicSwdles 93
( 1973), pp. l38-154 {ici pp. l47-l48).
48
49
50
STÉSICHORE, fr. SB {éd. P
AGE).
PSI!UL>Q-APOLLODORE, 111/11/othî!tftle 11,5, 1 1 s.�. (• JI, 113 ss.).
IV,563-56B) et des îles des Bienheureux d'Hésiode (Les tmvaux et /esjours 170·173), deux
62
63
64
Dans la version de PhéréC}11e telle que trnnsmlsc l)ar le pscutlcr;\flOIIOCiore. Un fragment
de Mlmncrmc, fl(lètc elu VIl• s. �v. J.-C., dckriwit déjà le chemin suivi par le \'Ôhicule noc­
65
p. I03: •Il (lféllos) est trtlllSJlOMé sur les nots t>ar une charmante couche, sawrnmcm éla­
borée par les mains d'llépha'istos en or précieux et f.ttuipéc d'alles; alors qu'li dort, elle
66
le transtlOnc prestement sur la surface de l'œu elu pays des Hespérides (X<Î>QOu a<jl'
67
cité par ATil ÉNÉE, Delpnosopllistcs X1,469e.
51
52
53
C t'. ALAJN UALLAUIUCA, op. cil., p.221 ; PllillRE CIIUVIN, op. cie., pp. 277-279.
Fr. I l BERNABé, Poct<lrum epiCflntlll Gmecorum = fr. 10 MATTHEW, conservé chez AVlE­
6B
70
71
Cf. notamment COUriTE JOUllOAIN·ANNEOUIN, op. cil., p.539 ct pp.54S-547. Plf:RRE
55
PSEUDO APOLLODORE, Bibliotlrèque Jf,5,11 (= Il, 121); traduction sous la direction de
56
I)IQDOIU WESICILE IV,26,2: 'tl!Àt:utaiov Ô' à6t..ov Àaf3o>v èvt:yxetv 'tà t6)v 'EontQ(ôwv
72
PAULSCIIUilBHT, Lausanne, W\lre, 2006.
xouo(i J.l�l..a. Diodore propose ensuite une interprétation rationaliste du myU1e basée sur
une homonymie en grec, expliquant que les pommes (mêla) d'orétaient en faitdes moutons
(également mêla) à la toison dorée.
57
DIODORE DE SICILE IV,26,4; SOPHOCLE, 1laclliniennes 1074 place également le vol des
73
neraucune outre précision.
Stamnos uttique à figures rouges du JlOintrc de Provl<lenœ, Salut Pétcrsbourg (Musée de
l'l lcrmitoge 1559 • ll 640 • St. 1641) ct Paris (Louvre C12161 pour un fragment). Cf. The
74
120; ID., «Marge, axe ct centre: iconographie d'liéraclès, Allas ct l'arbre des Hespérides»,
356
jardins, sur des couches enserrées dans un espace bien délimité».
IOYCOS, fr. 5, cité par ATII�N�E. Deipnosophistes XIIi, 76 (601 b); traduction légèrement
pour moi ne connaît pas de saison; tel le Borée de Thrace ennammé d'éclairs, envoyé par
Cypris, il s'élance dans sa folie brûlante; sombre ct impudent, avec violence, il ébranle en
pp.214-215.
61
CLAUDE CA1AJ\1E, op. cil., pp.210 ss., par exemple p.224: «( ...) encore pW11renoi, les
�ea�IX, là où se trouvent le jardin inviolé des jeunes filles (rva llaQ0évwv xfptoç
CIXTJQCI'toç), là uù éclosent les bourgeons de la vigne, à l'ombre des pampres. Mais Ér·os
FRANCISCO OtEZ DE VELASCO, «El jardin de las Hespérides: mito y sfml>olo •, pp. l19-
lrowrwet; is verymuch ros/0/'l!d: the subject ls 1/emkles OlliiJril>g Olympusand received byZeus,
but the rostaumtlons lnclulle the lumdofllemkles rvlllr tlle apple•.
PINOAHI;, Olympiques 11,70-72: üvOeiJ.(l ôè XQ\JOOÛ Cl>l..é�L; ID., Thr
ènes 1,5 (fr. 129
MONIKA K. BRAZDA, Zur Bedeutung des Apfels in der anliken Kulfllr, Diss.
Phil. Bonn,
1977, pp. 14 ss. Parmi les autres noms de fruits composés avec mëlon, notons le citron
(mélon Mi!dik6n/malum Medicum ou kitr6mi!lonjpomurn citrum), la pêche (mélon
Per­
sik6njmalum Persicum), l'abricot (mèlon Armeniak6njmalum
Armcniacum), la prune
(kokktimëlonjcoccymelum) ou le melon (mëlopepOnjmetopcpo). Certains autres mots sont
co!"posés surmélon sans doute en référence à la couleurjaune d'une pomme ou
d'un coing
mur, comme par exemple la camomille (chamafmëlon).
modifiée de CLAUDE CALAME 2009, Ofl. cil. p. 29 et pp. 230-23 1 : «Au printemps fleu
n"74 pour la bibliographie.
Cf. JOliN l)EAZLEY, EtnlsCOn Vase-I'ainllug, Oxfor·d, Cl�trcndon Press, 1974, p. 43: • This vase,
poussent en haut des arbres, plutôt que de l'utiliser comme nous de manière s[lécifique».
rissent les pommiers de Cydonie (Kuôwvwc J.lljÀ(Ôeç), arrosés par les eaux des ruis­
25 octobre 2011) et LIMC, Ill, 1 (1906),s.v. cAII!l�•. n•2t! ct V, 1 (1990), s.v. c l lcsperldes t,
60
duction ALAIN llALLABRIGA, op. cil., p. 96.
Cf. SU(JI'O notes 40 et 41.
Scllolia Craeca in Homeri lliadem (scllo/ia vetera) IX,542; HARTMUT ERBSE, Berlin,
De
Gruyter, 1969-1988: «XÙtfiOtV Q(�not %Ul UÙ'tOÎÇ> av6eot J.l:fJÀwv : OtL f.J.i't).a navra
elles ont provoqué l'amour. Elles ne connaissent l'amourqu'après avoircroqué les fruits des
BelaleyArcllii'C DataMse, Vase Numl>cr207407 1hup:/Jwww.bcazle
y.ox.ac.uk) (consulté le
59
abeilles pour être transformée en miel, succédané terrestre de cette nourriture ir�mortellc.
MOIRÔ DE BYZANCE (IV'·Iil' s. av. J.-C.), citée parATHÉNÉE, Deipnosopllisles X1,49l b; tra­
Nymphes ne sont sur les prés pâturés que les victimes des avances violentes du dieu dont
pommes d'or en dernière position lors d'une énumération des travaux d'Héraclès, sans don­
58
Cf. PHILIPPE BORGEAUD, « L'enfance au miel», in 10.,E.'"<ercices de mythologie, Genève, Labor
et Fides, 2004, p. 65-BS i1 propos de l'identification des colombes avec tes Pléiades, et de
•à axg6ôgua 1!/..eyov ol naÀatO(, oiJx <i>ç it�teîç <E>lÔL'XÜ>Ç. ("De la racine jusqu'aux
neurs qui annoncent les fruits": parce que les Anciens disaient mëla pourtous les fruits qui
CIIUVIN (OfJ. cil., pp.282-283), FRANCISCO DIE?. DE VELASCO (« lconograt>hlcd'lléra­
clès,Atlas et l'arbre de
� Hespérides•, JlJ). 214-215) et ii.AIUA SFORZA (art. cii.,JHtsslm) sou­
lignent avec justesse (JUe cette Interprétation s'applique dans des ca.� particuliers et doit
DE RHODES, Argonoutiques 11,317).
les gouttes tombées sur terre forment la rosée, elle-même récupérée chaque rnalin par les
la deuxième version chcz i!URIPLDE, f/6mclès 394--106,APOLLONIOS OF. RLIODI� IV, 1396-
être formulée avec prudence.
HOM ÈRE, OdysséeXll, 59-65 ; traduction PHII.IPPE JACCOTIET, Paris, La Découverte, 20043.
Surtout ce dossier, cf. ALAIN BALLABRIGA,op. cit., pp. 95-100. Les Roches Planctes ont t>Our
la tradition relative au transport nocturne de l'ambroisie par ces étoiles - ambroisie dont
69
1449, DIOOOHE Oll SICILE IV,26,2 ss., entre autres.
54
����
q �i montre aux rn�ri nsde I'Argô le passage à empmnter pour survivre à ces dangereux
.
,
rec1fs mouvants, n y echappant que de justesse au prix de quelques plumes (APOLLONIOS
Cr.TIMOTIIY N. GANTZ, op. cit. pp.726·731 ; I'RANCISCO OIEZ DE VELASCO, tEl jardfn de
mise par le PSilUDQ-APOLI.Ol>ORil l!,5, I l (• 11, 113), œndls qu'on peut lire etes allusions à
niques; JAMES ROMM, op. cil., pp. 20-26.
Cf. l'apparat critique dans l'édition de LOUIS MÉRIDJER aux Belles Lettres qui préfère
'
pendant oriental les Symplégades, que les Argonautes doivent franchir afin de se rendre
NUS,PMnomlmttS d�lmtos 11. 175.
las Hes1lérldes: mlto y slml>olo•, p.80. La première version de la légende nous a été trans­
Belles Lettres, 1927. Cf. PIERRE CHUV IN, op. cit., 1992, pp.267-268.
Cf. JEAN RU OHARDT, Le thème de l'eau /]l'imordiale dans la mythologie gretX/Ue, IJerne, Éd.
dans la Colchide du roi Aiétès, fils du Soleil et frère de Circé. C'est également une colombe
'EomQ(ôrov) à ln terre de.� Éthlopioos, là oil le char rapide et les chevnux allendcnt l'arrl·
véc d'Aurore née au matin; c'est alors ((U'II monte sur son uutre voiture, le nts d'Hypérlon•.
Dans d'autres sources, cependant, œtétJisode de la coupe du Soleil empnmtée par lléraclès
a lieu JICndant son voyage de retour depuis l'ile de Géryon: cr. s-rrtSlCIIO!lE Sl7 (éd. PAGE),
EURIPIDE, Hippolyte 742 751; traduction modifiée à partir de LOUJS MÉRIDIER, Paris, Les
Franke, 1971, p. 20 et surtout pp. 83-102 pour le rapport entre l'ambroisie ct les eaux océa­
turne du Soleil en mentionnant le pays des llespéridc
s; MIMNEIIME, fr. 12,5-12 (éd. WI�ST),
cité parATIIf:Nf:E, Duipnosophlstes Xl,469r-470b; traduction ALAIN BAl.l.i\BIUGA, Of>. cft.,
séjours des âmes illustres qui se trouvent eux aussi aux confins (pefmta) de la terre.
Cf. ALAIN llALLAilRIGA, op. cil., pp. 90-95.
75
76
son tréfonds mon cœur».
IBYCOS, fr. Sl82,4-5 (DENYS PAGE, Supplementum lyricis Gmecis, Oxford, 1974) : ['Eu]
ntQI.Ôw,[v ... X]Quaea [J.IlJMôeç?].
Cf. lAN MCPHEE, mt cit., p. 405.
357
Notes
77
NONNOS DE PANOJ>OLIS, Dionysiaques Xll1,349-354; traduction FRANCISVIAN, Paris, Les
78
Pour ce dossierde la déclaration d'amourantique, connu depuis bien longtemps, cr. IIENRI
Belles Lettres,
1995.
GAIDOZ, • ta réquisition d'amour et Je symbolisme de la pomme•, Annuaire de ITcole l'ra·
92
tique des 1/aU/es àudes, JVC section, Sciences historiques et philologiques (1902), pp. 5-33;
EUGENE STOCK MCCARTNEY, « How the Apple Became the Token or tove», Transaaions
and Proceedlngs of the American Philological Association 56 (1925), pp. 70.81; JÜRGEN
93
lology72 (1968), pp. l47 181 ; MONIKA BRAZDA, op. ciL
95
TRUMPF, « KydonlscheÂpfel t, lle1mes 88 (1960), pp. 14 22;ANTONY R. LITTLEWOOD, eThe
Symbolism of the Apple in Grcck and Roman lilerature», Harvard Studies in Classical l'IIi·
79
91
�RISTOPIIANE, Nuées 996; Scholie ad loc.: !!fJÀC!J �ÀTJOElç) qyouv ÉQwn· bœl ro �lÎJÀOv
94
Lclii'CS, 1953:
chèvres, ct doucement murmure1.
LUCIEN, Dialogue des courtisanes X11,1 (312): tÉ),oç ÔÈ toû tJ.fJÀou anoôaxwv, 6n6te
1:ôv L\(cjlcÀov elôcç aoxoÀouJ.LEVOV-üétÀtl yàQ 9Qétowvt-nQoxi111!aç nw; eùot6xwç
llQOOIJXOVtLOClÇ èç'tOVx6À.nov aûtf\ç, oûôt Àa!leiv ye lŒlQWj.t.evoç êj.lé· lT ôè <l>tÀi]oaor1
j!�>tai;ÎI t<1tv llC!Ot<11v 'Ùno t<i> ùnoOÉO!!C!J ntlQeBuocno. «Pour finir, après avoir mordu
le dissimuler! Et elle, après l'avoir embrassée, la glissa aussitôt sous son corset, contre sa
poilrinc».
84
ti�V WQllV wç OÀlYOX.{lÔVLOÇ.
Ibid., v,ao: MljÀOv tyw· �ÀÀEL f18 cjlLÀ<1tv oÉ tlÇ. àU' t\mveuoov, :::av!lbutll· xc'.tyw xat
OÎI!lC!Q(.(LVÔIJEÛa.
Belles Leu res, 1928 : T<j
) llfJÀ.C!l [:klÀÀW Ot;· où ô' d !!ÉV txoiloa cptÀEiç J.LE, ôel;aj.ltvtl tf\ç
of\ç netQ0rv1T]ç j!E'tétôoç. et ô' <iQ', o 1.1.� y(yvoLto, vodç, toût' aûtô Àal3oùoa oxé'l'aL
1
2
le Byzantin ARIST�N�E. Lettres
d'amour 1, 10.
Sur le fonctionnement parallèle des
katadesmoi et des serments, cf. notamment REN�E
KOCII PIETTRE c Un serment gravé dans une cuvet, in MICHEL CARTRY, JEAN LOUIS
s., Arr;ltifecturer l'inviSible. Autels,
DURA\0, RENl�E KOCH PlETIRE éd
ligatures, écritures,
Le scribe a inscrit un omega au dessus du sigma, comme pour donner au lecteur le choix
de la forme verbale; Cf. WILUAM BRASHEAR, cEin BerlinerZauberpapyrus» Zeitschri{lf
ür
L'pigraphik und Papyrologie 33 (1979), p.268.
PGM CXXII, I 55 P. Bcrol. inv. 21243; traduclion GAËLLE FICHEUX, Éros et Psyché. L'être
et le désfrdafls la magie amoureuse antique, thèse de doctorat en Histoire soutenue à l'Unl­
vcrsllé de Rennes 2,1e 14 septembre 2007, pp.83-84. Cf. également WILliAM BRASHEAR,
mt. clt., pp. 261 -278 .
•
Cf. surtout CJIRJSTOPIIEH A. FARAONE, «Aphrodite's KEITOL and Apples for Atalanta.
Aphrodislacs in Em'ly Grcck Mylh and Rituai », l'lroenix44 (1990), pp. 219-243, repris ct aug­
menét dans ID. Philtres d'amour et sortilèges en
90
Grèce ancienne, Paris, Payot, 2006 (traduc­
lion cie l'édition anglaise de 1999), surtout pp.64-72.
CIIIUSTOPIlERA. fARAONIl,Philtres d'amouretsortilèges en Grèce ancienne, pp. 68-69, ren­
voie à RICIIAHD P.H. GHEI!.NF113l.D, «A Conlribulion to the Study of Palcologan Magict,
IJyzanline Magic, Washington D.C., Dumbarton Oaks Hcscarch
1995, pp. l38-146.
ln HENRI MAGUIRE 6d.,
Libraryand Collection,
358
4
Cf. également la version d'ANTONINUS
Turnhout, Brepols, 2009, pp.361-390 (ici pp.377-384).
89
3
Le mythe nous est connu par OVIDE, Héroïdes XX et XXI et Tristes Ill, JO, 73, ainsi que par
LIBERAUS, Métamorphoses 1, où les deux amoureuxs'appellent llermocratès et Ctésylla.
88
59-63; traduction PIERRE ORSINI, Paris, Les Belles
veilleux de Dionysophanès dans les Pastorales de Longos p. 165
Pl IILOSTRATE, Galerie de tableaux 1,6, 1-4; traduction AUGUSTE BOUGOT, Paris, Les Belles
Anrl!ologie Palatine V,79; traduction PIERRE WALTZ, ROBERTAUBRETON etal., l'aris, Les
87
èvement d'Hélène
COLLOUTHOS. L'enl
Paradis, création 1ittéraire et conception du sacré : le jardin mer­
Lettres, 1991.
63
86
Lettres, 1953.
fi6..Uct XCll j!étÀOLOl tOV aL-t6Àov a KÀtaQiota tàç atyaç l'UlQEÀCivta
l'cs penché ct, d'un trait bien ajusté, tu l'as jeée
t dans son sein sans même essayer de me
85
r
Ill, 113.
� misà mort, Paris,Gallimard, 1977, pp. 101-102; CHRISTO­
Cf. MARCEL DETIENNE, �ionyso
PHERA. FARAONE,art. ctt
., passtm; ID. op. cit., pp.67-68.
THÉOCRITE, Idylles lll,40-42; traduclion PHILIPPI: ER\EST LCGM\D, Paris, Les
Belles
Tl!�OCRITE, Idylles V,88 89; lraduction PHILIPPE-ERNEST LEGRAND, Paris, Les Belles
dans une pomme lorsque tu as vu que Diphilos était occupée - elle parlait avecThraso - tu
82
locust Vat­
;:1 111·. Mesopota·
mianliterature, London - New York,ltoutledgc, 1994, pp.202-203.
Cf. par exemple VIRGILE, Cataleplofl IX,25 el SERVIUS, Commentaire d l'tnéid
e de �t-glie
.
àAphmditct.
Y.Cit aôu tl lt01t1tUÀl.étoôeL. c Cléariste, elle, jette au chevrierdes pommes s'il passe avec ses
81
SÀ.ZI.GA: lllltielll MCSOJJOtamlall IXJlCIIcy ir�cantatio
ley N.Y.,J.J. Augustins, 1967, pp. 70·74; GWENI>OLYN LHICK,Saxlllld Croticis
Lettres, 1972.
AcjlQOÔCtt]Ç itQ6v. c"reçevolrune pomme": tomberamoureux. Car la pomme est consacrée
80
Cf. ROBERT D. BIGGS,
cr. Bruce Lincoln dans ce volume qui donne toutes les réfét'Cnccs nécessaires pp. 87 t 03.
MARTIN A. GUGGISBERG, «Yom Paradclsos zurn "Paradlcs": Jagdmosaiken und Garten­
peristyle in der rômischen Herrschaftsarchllcl<tur Nordnfrikas und Sizilien &, He{le des
Arcllioi. logischen Seminars der UniversitiitBem 17 (2000), pp. 21 ·39 et pis. 5·6.
MARTIN A. GUGGISBERG, art. cil.; AMINA-ATCIIA MALEK, «Oc la mosaïque cie la lon·
chéc <tUX mosaïques de treille: tc sentiment de la nature cu Afrique romaine», in CHARLES
MARIE TERNES éd., AncientRoman Mosaics: Patlts tltrougll Ille Classlcal Mind. Acta ofthe
Conference1/e/d in March 2000 in Luxembourg, Luxembourg, Centre Alexandre - Wiltheim,
2002, pp. 197-226.
Sur la seconde sophisliquc en général, cf. par exemple SIMON GOI.DHILL, « Hbetoric and
The Cambridge Companion to Ancien/
Rheroric, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, pp.228241 ; WILFRIED STROH,
La puissance du discours. Une petite hstoire
i
de la rltétorique dans ta Grèce antique et à
Rome, traduit de l'allemand parSYLVAIN BLU�TZ, Paris, Les Belles Lettres, 2010,pp.391
413. Sur la place des porddeisoi ct autres ekphrose/s �ommc exercice de slyle, cf. note
the Second Sophistie», in ERIK GUNDERSON éd.,
suivante.
5
6
7
Study ofDaphnis and Chloe, Cambridge, Cambridge University
an
lntroduaion and Commentary, Oxford, Aris & Philllp�. 2004, pp. 223-224.
Sur Je rôle de ce passage dans l'économie du roman, cf. JOli:\ R. MORGAN, op. cit.,
RICHARD l. HUNTER, A
Press, 1983, pp.72-73; JOHN R. MORGAN, l.ongu.s, Daphnis afld Cl!loe, tronslated with
pp. 224-225.
LO:\GOS, Daphnis et Chloé IV,2-3; traduction JEAN-RENI! VIEILLEFOND, Paris, Les Belles
Lettres, 1987.
Pour cm commentaire général de ce passage, cf. par exemple, BRUCE D. MACOUEEN, Myth,
Rhetoric, and fiction. A ReadingofLoagus's Daphnis and Chloe, l.lncoln - London, Univer­
sity of Nebraska Press, 1990, pp.90 97; JOHN R. MORGAN, op. cil., pp. 223 226.
9 Sur cette dialectique plulsis-téclme dans l'œuvre de Longos, cf. OORTE TESKE, Der Roman
des Loagos ais Werk der Kunst. Untersuchungen zum Verlliiltnls mn Physis und Techne in
«Daphnis und Chloe1, Miinster,Aschendorff(Orbls Antiquus 32), 1991.
10 Surla mimesfs à l'œuvre dans ce roman, cr. JEAN-MARC BLANCHARD, « Daphnis et Chloé:
histoire: de la mimcsis», Quatlerni Urbinatl di G'tltura Classica 20 (1975), pp.39·62, parlicu­
8
lièremcnt p. 51: «Action symétrique: écriture symétrique•; l'auteur· ne s'arrete pour1ant
Il
pas à la description de ce parc.
JEAN-MARC BLANCHARD, op.
cil. ; BEATE KLÜBER, uWcltstrcil zwlschen
Bild und Text:
Der Liebesroman des tongosn, in MARIO BAUMANN, YVONNE NOWAKéds., Vom Wettstreit
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