Gardez vos ceintures attachées!

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Gardez vos ceintures attachées!
Page 34 Chronique financière Le Brexit n’était pas «un moment Lehman» Page 34 Cinq actions préférées Riet Vijgen (Leo
Stevens & Cie) Page 36 Épargne Les petites banques ont collecté moins d’épargne au premier semestre Page 36 La semaine
sur les marchés Bilan hebdomadaire fantastique… pour la Bourse de Londres!
samedi 2 juillet
2016
Marchés
Après le choix du Royaume-Uni de
s’éloigner de l’Union européenne, la
seconde partie de l’année devrait être
dominée, encore et toujours, par une
intense volatilité sur les marchés d’actions. Dans cet environnement
instable, toutes les actions ne seront
pas bonnes à ramasser. Même après
leur récent plongeon.
MARC COLLET
L
a seconde partie de l’année 2016
risque d’être aussi volatile sur les
marchés boursiers que la première. L’évolution des Bourses
dans les jours qui ont suivi l’annonce du retrait des Britanniques de l’Union européenne en a donné
un avant-goût. En deux séances à peine, les
24 et 25 juin derniers, les indices boursiers
ont chuté de 10% et plus, avant de rebondir
de 5% tout aussi rapidement lors des deux
séances suivantes.
Plutôt que d’avoir clarifié les relations
entre l’Europe et le Royaume-Uni, le Brexit
engendre plutôt de nouvelles incertitudes.
À elle seule, cette observation suffit pour
penser que les mois à venir resteront capricieux pour les actions. «À ce stade, les inconnues sont nombreuses. Le choix des
Britanniques ouvre une période d’incertitude,
synonyme de volatilité à court terme pour les
marchés financiers au Royaume-Uni comme
en Europe», font remarquer Philippe
Ithurbide, directeur de la recherche et
Didier Borowski, responsable de la macroéconomie, tous deux chez Amundi.
«La volatilité persistera un bon moment,
aussi longtemps que les incertitudes subsisteront», avance pour sa part Christophe Van
Canneyt, chef économiste auprès de
Puilaetco Dewaay Private Bankers. «On ne
voit pas à cette heure qui succédera au Premier
ministre Cameron. Il manque toujours un plan
B dans une société qui se déchire au niveau
politique, entre les générations (jeunes et personnes âgées), entre les régions, ainsi qu’entre
Londres et le reste du pays».
«Le Brexit aura-t-il vraiment lieu? Et en
admettant que ce sera bien le cas, on ne sait
pas quelle forme il prendra», s’interroge
Christophe Donay, responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique chez Pictet Wealth Management
à Genève, en Suisse.
Valorisation tendue
Bien sûr, ce n’est pas la première fois que les
marchés font face à des éléments incertains. Pour autant, ils ne réagissent pas toujours aussi violemment qu’ils viennent de
© REUTERS
Gardezvos ceintures attachées!
le faire. Le hic, c’est que leur valorisation est
actuellement tendue. Les entreprises qui y
sont cotées s’échangent à des niveaux de
PER (rapport cours sur bénéfice) supérieurs à ceux de long terme. «De 2 à 3 points
au-dessus de leurs moyennes historiques», précise Christophe Donay. Des niveaux qui
rendent leurs actions plus sensibles, du
coup, à la moindre mauvaise nouvelle.
Pour que cette volatilité s’atténue, il faudrait au moins que les résultats des entreprises ,qui affichent pour le moment des
taux de croissance proches de 0%, s’améliorent. Mais sur ce chapitre, il n’y a pas lieu de
se faire beaucoup d’illusions. Les prévisionnistes qui se sont risqués au lendemain du
référendum britannique à établir des prévisions pour la croissance des économies
les plus concernées par le retrait du
Royaume-Uni de l’Union européenne, ont
revu à la baisse leurs estimations. Pour
Christophe Donay, la croissance du PIB ne
devrait plus être que de 1,3% contre 1,6%
estimé auparavant en Grande-Bretagne en
LIRE LA SUITE EN PAGE 35
L’ECHO SAMEDI 2 JUILLET 2016
34
Marchés
Chronique financière
Marc Lambrechts
Ce n’était pas un «moment Lehman». Le Brexit a fait tanguer les marchés financiers. Mais il n’y a pas
eu jusqu’à présent de mouvement de panique généralisée ou de crise de la liquidité comme en
2008. Une certitude: les taux d’intérêt vont rester au plancher plus longtemps qu’anticipé. Et ce
n’est pas une bonne nouvelle.
E
n allant un peu vite en besogne, certains responsables
ont affirmé de manière péremptoire que le «Brexit»
constituerait un nouveau Lehman Brothers pour le monde
financier.
Alors, oui, le bateau a tangué très fortement le vendredi 24 juin et également
lundi dernier, le 27 juin. Des chutes très sévères ont été enregistrées, des milliards de
capitalisation boursière ont été effacés
(mais les cours avaient aussi fortement
grimpé avant le vote).
Toutefois, sur les marchés, tout s’est finalement déroulé dans un certain calme.
Il n’y a pas eu de mouvement de panique
généralisée ou de crise de la liquidité
comme en 2008. D’ailleurs, les Bourses ont
commencé à se redresser à partir de mardi
dernier.
À moins de trouver des «cadavres dans
les placards» (un gros hedge fund en difficultés par exemple), c’est l’élément rassurant du choc Brexit: depuis cette crise de
2008, les responsables des politiques économiques et monétaires ont – heureusement – retenu certaines leçons.
Les grands banquiers centraux de la
planète se sont d’ailleurs retrouvés le
week-end dernier à Bâle, au siège de la
Banque des Règlements internationaux
(BRI) pour son assemblée annuelle. Le timing était presque parfait. Et le message
de Jaime Caruana, le directeur général de
la BRI, on ne peut plus clair.
En le simplifiant, on pourrait le résumer ainsi: «Restons calmes, il y a toujours
un pilote dans l’avion». Les banques centrales ont en effet mis en place des plans
d’action détaillés pour gérer les perturbations sur les marchés financiers liées au
Brexit alors que dans le secteur bancaire,
le renforcement des volants de fonds propres et de liquidité a rendu les systèmes financiers plus résilients. Pas question donc
de revivre l’épisode de panique de 2008…
Dans le même temps, on ne peut que
ressentir ce sentiment de fragilité persistante. Au moindre choc, la confiance sem-
5
ble prête à vaciller, à s’évaporer. Et les
craintes ne manquent jamais de ressurgir
concernant des pays plus fragiles comme
l’Italie ou le Portugal dans la zone euro.
Ou encore la Chine en cas de fluctuations
du yuan.
Et ce n’est pas la situation des taux d’intérêt qui va rassurer le secteur financier.
Car le Brexit et ses conséquences négatives
sur la croissance ne font que renforcer
l’idée que les taux d’intérêt vont rester au
plancher un bon bout de temps encore.
Dans son rapport annuel, la BRI pointe
la persistance de taux d’intérêt extrême-
de Riet Vijgen
© DOC
PORTFOLIO MANAGER CHEZ LEO
STEVENS & CIE
le temps, ajoute encore la BRI, tous ces
phénomènes peuvent exercer des effets
délétères sur l’économie réelle. Qui plus
est, des taux négatifs peuvent ébranler la
confiance des ménages et exercer, sur les
comportements d’épargne et d’investissement, une influence qui est difficile à prévoir. Bref, on n’est pas réellement sorti
d’une zone de turbulences potentielles…
Pour Laurence Boone et Eric Chaney,
stratèges chez Axa Investment Managers,
les banques centrales ne peuvent que rester en situation d’alerte après le Brexit.
C’est le cas de la Banque centrale européenne. Mais dans le cadre de la politique
actuelle, il n’y a pas beaucoup de solutions
pour la BCE, hormis l’accélération des
achats de titres trop décotés. Les deux économistes ne pensent pas que Francfort ira
un jour jusqu’à acheter des titres émis par
des institutions financières voire des actions cotées en Bourse (comme la Banque
du Japon).
Quant à la banque centrale américaine,
en raison des incertitudes liées au Brexit,
la hausse des taux prévue en juillet n’est
plus d’actualité. Compte tenu de la proximité des élections américaines, il est
même peu probable que la Fed relève ses
taux avant décembre, souligne-t-on chez
Axa IM. La Fed pourrait même ne plus relever ses taux en 2016.
Mais ce statu quo monétaire américain
ne paraît pas constituer un facteur de soutien important pour les marchés. Même si
les Bourses américaines ont finalement
terminé légèrement dans le vert au premier semestre. C’est loin d’être le cas des
Bourses européennes qui ont terminé
en net recul: -9,6% pour l’indice Bel 20
et -12,3% pour l’indice européen
EuroStoxx 50.
C’est le pire premier semestre depuis
2008 pour les Bourses européennes, soulignent les experts. À l’époque, lors du premier semestre 2008, les marchés européens avaient dévissé de quelque 25%!
C’était avant une autre dégringolade de
25% au second semestre 2008. Lors du vrai
«moment Lehman».
La BRI considère que la
persistance de taux
extrêmement bas
constitue une menace.
La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE va maintenir les taux d’intérêt au plancher. © AFP
EVS
actions
préférées
ment bas comme une «menace». Les taux
aussi faibles, explique la «banque des
banques centrales», ont tendance à exagérer la valorisation des actifs. De ce fait, les
prix des actifs, surtout les obligations
d’Etat, deviennent plus vulnérables à une
inversion de tendance.
Toujours selon le rapport, en demeurant aussi faible, voire négatif, aussi longtemps, le niveau des taux d’intérêt érode
aussi les marges d’intérêt des banques, aggrave les décalages de rendement des
compagnies d’assurance et alourdit les engagements des fonds de pension. Et avec
La petite entreprise EVS, qui produisait des images au ralenti pour les
courses de Formule 1, est devenue
fournisseur à part entière de systèmes de gestion de contenus utilisés lors de tous les grands événements sportifs. Au cours des dix dernières années, la société a acquis une
position dominante dans la livraison de serveurs pour camions satellites. Depuis fin 2015, le carnet de
commandes se remplit bien, en particulier aux Etats-Unis et en Asie.
L’entreprise n’est pas endettée et sa
valorisation actuelle – à moins de 12
fois le bénéfice – est attrayante, en
particulier avec la perspective que
2016 soit une nouvelle année record
(Coupe d’Europe de football en
France et Jeux Olympiques au Brésil).
Groupe hybride (pharmacie, chimie
et matières plastiques) il y a
quelques années à peine, Solvay s’est
transformé en une entreprise diversifiée dans le secteur de la chimie
fine. L’accent mis par l’entreprise sur
l’augmentation des marges bénéficiaires, l’innovation et la croissance
ont poussé Solvay à reprendre la société américaine Cytec, le second
producteur mondial de matériaux
composites légers. Les résultats du
premier trimestre étaient meilleurs
qu’attendu et les synergies de coûts
(suite à la reprise) sont supérieures
aux attentes. Ce plan stratégique
clair, la position de marché très forte
et le généreux dividende (rendement du dividende de 4,1%) devraient, à notre avis, créer beaucoup
de valeur pour l’actionnaire.
Air Liquide
Air Liquide est le leader du secteur
des gaz industriels et se caractérise
par une grande stabilité. D’une part,
la concurrence est limitée, car la
production de gaz industriels est
très exigeante sur le plan des capitaux, et d’autre part, les contrats signés avec les clients sont de longue
durée. Ces éléments permettent à
l’entreprise de réaliser des marges
stables et d’augmenter régulièrement son chiffre d’affaires. Air Liquide dispose également d’une
clientèle très diversifiée, jouit d’une
présence mondiale, et réussit systématiquement à augmenter ses
marges bénéficiaires. Avec la reprise
de la firme américaine Air Gas, Air
Liquide matérialise ses ambitions de
croissance.
Novartis
Investor AB
EVS
SOLVAY
AIR LIQUIDE
NOVARTIS
INVESTOR AB
EUR
Solvay
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Investor, le holding de la famille
suédoise Wallenberg, affiche un palmarès impressionnant depuis plus
de 100 ans en termes de création de
valeur. Investor est l’actionnaire
principal de plusieurs acteurs mondiaux (tels qu’Atlas Copco, ABB, AstraZeneca, Electrolux, Swedbank et
Ericsson), ce qui lui garantit un flux
stable et régulier de dividendes. Par
ailleurs, un quart du portefeuille est
constitué d’investissements de type
«private equity» (capital à risque)
principalement concentrés dans le
domaine de la santé. Avec un cours
de 268 couronnes suédoises (environ 28,41 euros), les investisseurs bénéficient d’une décote de près de
20% par rapport à la valeur intrinsèque du groupe.
SEK
130
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Novartis est une société pharmaceutique qui dispose d’un solide portefeuille de médicaments et d’une
stratégie claire. Le cours de Bourse a
souffert des prestations décevantes
de la division ophtalmologique Alcon, mais la restructuration en cours
devrait résoudre ce contretemps.
Novartis réinvestit une grande partie de ses bénéfices dans la recherche et le développement de
nouveaux médicaments et s’assure
ainsi des revenus futurs. Ses activités
de recherche ont permis de lancer le
nouveau médicament Entresto
(contre l’insuffisance cardiaque),
qui a été très bien accueilli par les
spécialistes. Suite à la restructuration d’Alcon, le cours de l’action s’est
stabilisé.
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Marchés
Les actions à privilégier.
Et les autres...
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2016, et de 0,9% contre 2% en 2017.
Pour la zone euro, le responsable de l’allocation d’actifs suisse
revoit également les taux à la
baisse. De 1,8% à 1,5% en 2016, et de
1,7% à 1,3% l’an prochain.
Une épée
de Damoclès
Ces révisions à la baisse de ces estimations constituent une sorte
d’épée de Damoclès sur les résultats futurs des entreprises. On voit
mal dans ce contexte comment les
Bourses pourront faire preuve de
sérénité, alors que les PER se
situent à des niveaux élevés.
«L’impact sur la croissance du produit intérieur brut (PIB) européen
devrait constituer un handicap supplémentaire pour la croissance des
bénéfices par action (BPA) des sociétés
cotées à Londres et sur les places européennes au cours des 12 à 18 mois à
venir», écrivent les analystes de
Citigroup dans une note fraîchement publiée. «Même s’il est possible, ajoutent-ils, que l’évolution des
changes ait un effet bénéfique au
niveau du marché.»
Cet impact de l’évolution des
changes, les analystes de la banque
Goldman Sachs ont tenté de le
quantifier pour les sociétés du
Stoxx 600. Ils estiment qu’une
dépréciation de 10% de l’euro face
au dollar se traduirait par une
croissance de 2% des résultats
finaux des entreprises. À ce jour, la
baisse de la monnaie européenne
reste limitée. Elle s’élève à 2,5% à 1,11
dollar depuis le 23 juin. Hors fluctuations des changes, Goldman
Sachs table sur un repli de 5% des
bénéfices des sociétés liées au Stoxx
600.
Chez Pictet W.M., sans pour
autant avoir chiffré pour le
moment les risques, Christophe
Donay craint que «la croissance des
profits pour le second semestre et l’année 2017 seront fort probablement à
revoir à la baisse et le potentiel de
hausse des Bourses en sera d’autant
plus érodé».
«Agir tactiquement»
Comment
les
investisseurs
devraient-ils se comporter dans ce
nouvel environnement? Pour
Christophe Donay, qui trouvait,
déjà avant le référendum britannique, que les marchés évoluaient
sans grande tendance forte en l’absence de momentum macroéconomique dans le monde, le Brexit
amplifie le manque de visibilité. Il
voit deux façons de se comporter.
«La première c’est de rester pondéré,
neutre en actions. La seconde, d’être
actif tactiquement». C’est-à-dire
d’acheter des actions lorsque les
marchés ont bien baissé, et les vendre quand ils ont bien remonté.
Responsable de l’investissement
auprès de la banque ING
(Belgique), Thierry Masset suggère
de sous-pondérer les actions par
rapport aux liquidités. «Ces dernières, explique-t-il, permettront
d’agir tactiquement».
© GETTY IMaGES
© EPa
LES SECTEURS DÉFENSIFS
ONT LA COTE PAR CES
TEMPS INCERTAINS
On pouvait le prévoir. avec le
choix de la Grande-Bretagne de
ne plus être un pays membre de
l’Union européenne, les secteurs
défensifs ont regagné en popularité. Ce sont ceux que Thierry
Masset, Chief Investment Officer
chez ING (Belgique), privilégiait
déjà avant le référendum britannique «pour le rendement sur dividende élevé que ces actions offrent». Ces secteurs sont qualifiés
de défensifs, parce que les bénéfices que réalise ce type de société ont la réputation de faire de
la résistance lorsque l’environnement économique est capricieux.
Et comme les résultats de sociétés sont ce qui détermine pour
l’essentiel l’orientation des cours
de leurs actions en Bourse, des 19
sous-groupes sectoriels de l’indice Stoxx 600 paneuropéen, ils
comptent parmi ceux qui ont été
les moins affectés par le regain
d’incertitude découlant du Brexit.
Des pharmaceutiques
aux “utilités”
Les actions des soins de santé
ont même progressé depuis le 23
juin, le jour du référendum. Elles
ont gagné 3,5% en moyenne, une
performance identique à celle enregistrée par UCB à la Bourse de
Bruxelles. Également considérées
comme des actions défensives,
celles de l’agroalimentaire et des
brasseurs ont gagné un petit
1,7%. Parmi elles, AB InBev est
montée de 4% et Diageo11%. Le
groupe de spiritueux Diageo est
très actif en dehors de GrandeBretagne et en mesure de profiter
de la faiblesse de la livre sterling
(GBP), estime Filiip Bruynooghe.
responsable de l’analyse actions
chez CapitalatWork. «Ce qui explique la forte hausse de l’action
après le référendum», dit-il.
au rayon des actions de sociétés
spécialisées dans les services
aux collectivités locales («utilities»), les pertes ont été contenues à -0,55%. aux télécoms, à 3,33%. Dans ces compartiments,
Engie a cédé 1,6%, mais Proximus a gagné 3,4%, toujours depuis la clôture du jeudi 23 juin.
Les valeurs britanniques National
Grid qui génère 53% de ses revenus en dehors de Grande-Bretagne, et Centrica 44%, dont une
bonne partie aux Etats-Unis selon
des données fournies par Bloomberg, devraient bénéficier de la
baisse du GBP.
M.C.
KBC PLÉBISCITÉE
PAR LES ANALYSTES
© REUTERS
EUROTUNNEL DÉRAILLE
À PARIS ET LONDRES
L’action du groupe emblématique Eurotunnel qui a permis
de relier la Grande-Bretagne au
Vieux Continent, a plongé de
30% au cours des deux séances
qui ont suivi le référendum. Sur
l’assurance qu’un Brexit «ne devrait pas affecter les activités de
la concession du tunnel sous la
Manche», le groupe a indiqué
maintenir ses objectifs. «Une
baisse de la livre sterling ferait
baisser le montant de la dette du
groupe dans cette monnaie, augmenterait les coûts des concurrents maritimes et soutiendrait
les exportations britanniques, ce
qui compenserait les éventuels
effets négatifs», a expliqué Eurotunnel. Et d’ajouter que «les biens
et personnes transitant par le
tunnel resteraient soumis aux
mêmes procédures qu’actuellement», du fait que le RoyaumeUni n’a jamais été dans l’espace
Schengen.
Revenue à 9,50 euros à la veille
de ce week-end, l’action a du
coup effacé la moitié de ses
pertes. Les objectifs de cours
des analystes qui se sont prononcés ces derniers jours sur ce
titre évoluent entre 10 et 13
euros.
M.C.
TOYOTA PARMI
LES CONSTRUCTEURS
AUTO LES PLUS IMPACTÉS
© EPa
© BELGa
Décidément, le secteur bancaire
joue de malchance. Il peine à se relever de la crise financière de 2008.
Sur les Bourses, il se traîne tout
près de ses plus bas des années
2000 atteints en mars 2009. Et tout
indique qu’il ne devrait guère s’éloigner de ces planchers dans les
mois à venir. Ce secteur a été le
plus impacté par les résultats du
référendum en Grande-Bretagne.
Depuis la clôture du 23 juin, l’indice
Stoxx 600 Banques est celui qui a
perdu le plus de plumes. Il accuse
toujours à ce jour une perte de
17,1%. assez curieusement, ce
sont deux valeurs britanniques qui
arrivent à afficher des gains. Il s’agit
de Standard Chartered (+ 2,6%) et
de HSBC (+ 6%). Le fait que ces établissements effectuent l’essentiel
de leurs affaires en dehors de la
Grande-Bretagne et même d’Europe, peut justifier cela. Pour les
autres, elles souffrent, en plus de
l’environnement de taux d’intérêt
bas, des interrogations sur les affaires de leur banque d’investissement basée à Londres, du poids
des créances douteuses comme
c’est le cas pour certaines institutions en Italie, ou encore des
doutes sur leur santé financière.
Dans une note publiée au début de
la semaine, les analystes de JP
Morgan écrivent «avoir révisé à la
baisse leurs prévisions de profits
par action (BPA) pour le secteur, et
anticipe une hausse du coût du capital pour les banques européennes pénalisées par un ralentissement de l’économie sur le Vieux
Continent et des conditions de
marchés plus difficiles après le
Brexit». Ces analystes ont révisé
leurs objectifs de cours pour les actions d’une série de banques. Notamment celui de BNP Paribas qui
passe de 40 à 36 euros.
À Bruxelles, KBC a fait par contre
l’objet d’analyses favorables cette
semaine. Goldman Sachs a inclus
son action dans sa «Conviction
list». Bank of america, qui a
abaissé de 10% ses prévisions de
BPa pour les banques françaises et
du Benelux, est néanmoins à
l’achat sur BNP Paribas, ING et
KBC pour «les meilleures histoires
de rendement sur dividende
qu’elles offrent».
M.C.
LES COMPAGNIES
AÉRIENNES TRAVERSENT
DES TROUS D’AIR
Le Brexit a fait perdre de l’altitude
aux compagnies aériennes sur les
Bourses. La plus affectée pour
avoir émis un avertissement sur
résultat du 3e trimestre, easyJet, a
plongé de 28%. Air France-KLM et
Deutsche Lufthansa ont perdu
près de 7%, Ryanair 12,3% et IaG
(British Airways et Iberia) 26,9%.
Les résultats du référendum qui
risquent d’impacter la demande
de cet été, n’expliquent cependant pas totalement la chute des
cours dans ce secteur. EasyJet
pointe en effet les grèves dont elle
a été victime récemment et qui
impactent ses résultats. Des arrêts de travail qui ont aussi touché
les compagnies allemande et surtout franco-néerlandaise. Rayon
changes, la baisse de la livre
sterling (GBP) entraînera un supplément de dépenses pour les
compagnies britanniques qui
paient le kérosène en dollars.
Tourisme meilleur marché
Mais la faiblesse de la devise britannique a son bon côté. Les propos tenus par le patron d’IaG selon
qui «la Grande-Bretagne deviendra
plus attractive pour les touristes»,
paraissent avoir rassénéré des
investisseurs. Ce qui a permis à
ces actions de reprendre un peu
de hauteur ces derniers jours. Pour
Filip Bruynooghe, responsable de
l’analyse actions chez
CapitalatWork, «l’industrie du tourisme bénéficiera pleinement de la
faiblesse du GBP qui attirera beaucoup plus de touristes à Londres.
La consommation pourrait aussi
augmenter si les Chinois en profitent pour acheter davantage de
produits de luxe lors de leurs
voyages. D’après un article paru
dans Bloomberg, les acheteurs chinois pourraient même épargner
jusqu’à 40% sur leurs dépenses en
réorientant leurs voyages prévus
au Japon vers l’Europe et le
Royaume-Uni. Une entreprise du
secteur du luxe telle que Burberry
en sortirait aussi gagnante». M.C.
Le Brexit n’est pas une nouvelle
favorable pour le secteur de l’automobile dans l’ensemble. Le
constructeur français Peugeot
détient une part de marché de
8,5% outre-Manche. Les analystes de la banque Barclays ont
calculé qu’une évolution de 1%
de la livre sterling (GBP) a un impact de 1,6% sur le résultat opérationnel de la branche automobile, soit près de 30 millions
d’euros. Cet impact valait-il pour
autant une chute de 18% à 10,3
euros de l’action du constructeur à la Bourse de Paris, lors
des deux séances qui ont suivi
l’annonce du choix des Britanniques? Comptant parmi les plus
optimistes des analystes suivis
par Bloomberg, alexis albert, de
la banque Barclays, «surpondère» le titre et a un objectif de
cours de 22 euros pour l’action.
Quant aux autres constructeurs,
Renault, dont la part de marché
en Grande-Bretagne s’élève à
4,3% (le pays représentant 5,2%
de son chiffre d’affaires), sera
moins impacté. Si l’action Renault a cependant été chahutée
au lendemain du référendum,
c’est parce que l’action Nissan,
dont Renault détient 44%, avait
dévissé de 8% à la Bourse de Tokyo. Les analystes répertoriés
par Bloomberg visent un cours
compris entre 70 et 110 euros
pour l’action Renault.
Droits de douane
Du côté des groupes allemands,
BMW a une part de marché de
10,5%, soit près de 2 fois supérieure à celle de General Motors.
Le Japonais Toyota, qui monte
190.000 voitures en Grande-Bretagne dont 75% sont vouées à
l’exportation, sera affecté par le
Brexit. Les investisseurs paraissent en être conscients: l’action
conserve à ce jour une perte de
10% à Tokyo. Toyota a déclaré
que les droits de douane en cas
de Brexit pourraient atteindre
jusqu’à 10% dans le cadre des
nouvelles règles commerciales
et devraient être répercutés sur
les marges ou sur les prix de
vente au risque de freiner les
ventes. Un taux que l’association
des constructeurs sud-coréens
craint également. Le recul de la
livre constitue plutôt une bonne
nouvelle. Enfin, selon LMC automotive, les ventes de voitures
sont attendues en repli de 15%
d’ici 2018 en cas de Brexit.
«Un exercice de style»
«Le processus de sortie va être long et
coûteux et peut constituer un risque
pour l’ensemble des actifs libellés en
euros», estime Raphaël Sobotka,
responsable mondial des gestions
diversifiées chez Amundi. Pour
cette raison, il réduit son exposition aux actions de la zone euro et
aux obligations des pays périphériques. Il privilégie plutôt les
actions des pays émergents,
compte tenu entre autres de leur
rendement, les bons du Trésor
américains pour leur qualité de
valeur refuge, et les liquidités.
Les prévisionnistes sont quasi
unanimes: ils conseillent de se
focaliser sur les actions de sociétés
de qualité. «C’est-à-dire celles ayant
un bon niveau de free cash flow, de la
visibilité sur les bénéfices, une capacité à relever le dividende et un ratio
dette nette/ebitda inférieur à 1,2»,
souligne
Thierry
Masset.
«Sélectionner des actions, c’est désormais plus un exercice de style que sectoriel», dit-il encore.
Après deux séances fort mouvementées suite au Brexit, les marchés se sont repris. Les traders s’attendent toutefois à d’autres journées «chaudes». © BLOOMBERG
M.C.

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