Le Québec, bassin de la PMe

Transcription

Le Québec, bassin de la PMe
Le Québec,
bassin de la PME
Par Marc-André Laliberté
Les PME du Québec jouent un rôle
déterminant et essentiel dans notre
développement économique et social.
Tout comme les grandes entreprises, ces
organisations doivent également faire
face aux problématiques en matière de
ressources humaines : attraction, rétention
et mobilisation d’une main-d’œuvre
qualifiée; conciliation travail-famille;
programme collectif d’avantages sociaux
et, tôt ou tard, elles devront actualiser leur
politique de rémunération de façon à être
plus compétitives en matière d’embauche
et de rétention de leur main-d’œuvre.
L’incertitude relativement à l’évolution
du coût des programmes d’assurance
collective et d’épargne pour la retraite est
souvent la principale raison pour laquelle
main-d’œuvre vieillissante; main-d’œuvre
qui a besoin de reconnaissance; maind’œuvre qui veut bénéficier d’avantages
sociaux compétitifs.
Pour survivre, les PME misent sur
la production, le développement de
nouveaux marchés et l’adaptation aux
besoins de leurs clients. Mais les temps
changent et la survie d’une entreprise
aussi petite soit-elle ne peut pas se faire
sans l’appui et le dévouement de sa
main-d’œuvre, une main-d’œuvre qui, en
retour, veut se sentir partie prenante de
l’organisation et être bien traitée.
Ainsi, pour une stratégie de croissance
à long terme, les PME doivent adapter des
stratégies RH comparables aux stratégies
des grandes entreprises.
les PME n’offrent pas de programme,
préférant augmenter la rémunération
de base et laisser les employés gérer leurs
besoins d’assurance et d’épargne pour la
retraite. C’est une option qui est défendable
tant du point de vue de l’employeur que du
point de vue de l’employé. Toutefois, cette
option ne tient pas compte de l’essence
même des programmes collectifs qui ont
comme objectif :
Se réapproprier les objectifs
des programmes collectifs
Encore aujourd’hui, nous comptons
1- en matière d’assurance
collective :
•d’offrir une adhésion aux couvertures
d’assurance sans preuve d’assurabilité;
•de simplifier l’adhésion des employés;
•d’offrir, à un coût inférieur, des garanties
disponibles sur une base individuelle;
•d’offrir un accès à des garanties qui ne sont
pas disponibles sur une base individuelle;
•de supporter collectivement des risques
financiers auxquels les employés font face.
plusieurs PME qui n’offrent pas de
6
spécial PME 2010AVANTAGES
www.conseiller.ca/avantages
2 - en matière d’épargne
pour la retraite :
•de faciliter l’accès aux meilleurs
gestionnaires de fonds d’épargne;
•de réduire, de façon substantielle, les frais
de gestion qui doivent être payés;
•de favoriser une certaine rigueur et une
discipline en matière d’épargne;
•de sensibiliser les employés à la nécessité
d’une meilleure prise en charge de leurs
objectifs en matière de retraite.
Supporter collectivement des risques
veut dire appliquer un élément de
solidarité entre les employés, une notion
qui peut être de moins en moins primée
compte tenu d’une main-d’œuvre de plus
en plus multigénérationnelle où chacun a
tendance à regarder ce qui lui convient le
mieux présentement, sans se soucier des
besoins futurs.
Il faut donc se réapproprier les objectifs
des programmes collectifs et redéfinir les
besoins d’assurance tels que les risques
d’invalidité, les risques de maladies graves,
les risques financiers reliés au décès et les
risques financiers reliés à la retraite.
Inclure quelles couvertures
dans le régime ?
On entend beaucoup parler des coûts
des programmes collectifs d’avantages
sociaux qui sont très significatifs et de plus
en plus importants, tant en dollars qu’en
pourcentage de la masse salariale. En effet,
les programmes d’assurance collective
comptent pour environ 7 à 11 % de la masse
salariale et sont généralement répartis
comme suit selon chaque garantie.
Il est certes possible de contenir ces
coûts mais, pour ce faire, les adhérents
doivent définir ce qu’est un risque
assurable, quels risques doivent être
assurés et pour quels risques le groupe
est-il prêt à faire preuve de solidarité. Par
exemple, si un collègue a un enfant qui a
la sclérose en plaques, serez-vous d’accord
pour payer une partie des soins par le biais
de vos primes d’assurance plus élevées ?
Sans doute que oui. Toutefois, pour une
dépense plus prévisible et certainement
plus budgétable, comme les frais d’un
massothérapeute, est-ce que la réponse
sera la même ? La notion de solidarité
www.conseiller.ca/avantages
existe certes encore aujourd’hui, mais
c’est une solidarité qui doit être définie,
expliquée et communiquée.
Les PME peuvent-elles assurer ?
Il est possible pour une PME de répondre
aux besoins d’assurance de ses employés,
tout en contrôlant ses coûts, en offrant
seulement des couvertures d’assurance
ayant un risque ou une incidence financière
impossible à assumer individuellement.
La plupart des gens pensent que
l’assurance invalidité de longue durée est
la garantie la plus essentielle, notamment
pour les jeunes. Il n’est pas possible, au
Québec, d’offrir une assurance invalidité
sans offrir une assurance médicaments.
Compte tenu de l’obligation d’offrir
minimalement l’assurance médicaments,
les PME ne vont peut-être pas favoriser
l’accès à un programme d’assurance
collective, se croyant incapables de contenir
les coûts de l’assurance médicaments qui
vont nécessairement aller en augmentant
– nouveaux médicaments – nouveaux
traitements – médicaments biologiques –
traitements personnalisés, etc. Toutefois,
en matière d’assurance maladie, les orga­
nisations peuvent se limiter à offrir le même
programme d’assurance médicaments
que celui offert par la Régie de l’assurance
maladie du Québec (RAMQ).
Du côté des employés, s’ils ne
sont pas couverts par un programme
d’assurance collective, ils doivent se
prévaloir du programme d’assurance
médicaments offert par la RAMQ et en
assumer la prime correspondante. Avec
un programme d’assurance collective, les
employés pourraient, en plus, bénéficier
du programme d’assurance salaire de
longue durée qui est une couverture très
importante, voire essentielle.
Comme les PME devront tôt ou
tard inclure dans leur politique de
rémunération des programmes collectifs
pour mieux supporter leurs employés,
elles ont intérêt à analyser les options qui
sont offertes pour combler minimalement
les besoins d’assurance de leurs employés.
Les options comprennent :
•Adhérer à un regroupement d’achats en
matière d’assurance collective afin :
-- d’offrir plus de flexibilité en termes
de choix de garanties d’assurance,
-- de réduire les frais d’administration,
-- d’obtenir une tarification plus
compétitive;
•Définir ce qu’est de l’assurance par
opposition à des services budgétables;
•Informer et sensibiliser les employés à
mieux définir leurs besoins d’assurance;
•Favoriser une consommation plus
responsable;
Encourager une meilleure prise en charge
de sa santé comme individu;
•Faciliter une attitude préventive en matière
de santé;
• Adhérer à une fiducie globale en matière de
gestion des fonds d’épargne pour la retraite.
En matière de médicaments et à court
terme, il n’est pas exclu que la hausse des
coûts des médicaments connaisse un
certain ralentissement compte tenu des
médicaments génériques qui deviendront
disponibles au cours des prochaines années
(notamment le Lipitor, le médicament le
plus consommé au monde). Mais encore
faut-il que les adhérents adoptent le
générique. À cet égard, les organisations
faciliteront l’adhésion des membres par
le biais d’une bonne communication.
Néanmoins, les médicaments biologiques,
pratiquement personnalisés, seront bientôt
disponibles et à des coûts extrêmement
élevés. Alors, il ne faudrait pas capitaliser sur
la diminution des coûts des médicaments,
mais davantage sur de meilleures habitudes
de vie – alimentation – exercice – gestion
du stress – et la diminution des coûts reliés
à cette stratégie pourrait sans doute être
utilisée pour pallier l’augmentation des
coûts reliés à des maladies graves.
Chaque organisation doit faire des
choix et, en matière de programmes
collectifs d’avantages sociaux, les choix
doivent être faits collectivement et dans le
meilleur intérêt des adhérents. s
Marc-André Laliberté, ASA, est vice-président principal
chez Optimum Actuaires & Conseillers, à Montréal.
AVANTAGES
spécial PME 2010
7