Chefs-d`œuvre du dessin italien de la Renaissance
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Chefs-d`œuvre du dessin italien de la Renaissance
Chefs-d’œuvre du dessin italien de la Renaissance et du Premier Âge baroque L’enrichissement des collections publiques grâce au mécénat d’entreprise Sommaire Communiqué de presse Introduction : Une exceptionnelle collection de dessins italiens de la Renaissance et du Premier Âge baroque La Toscane : Florence et Sienne au XVIe siècle Rome au XVIe siècle : les suiveurs de Raphaël L’Emilie au XVIe siècle : Bologne – Ferrare – Reggio Emilia L’Emilie au XVIe siècle : Parme et son influence sur l’Ecole de Fontainebleau Venise et l’arrière pays vénitien au XVIe siècle L’Italie du Nord-Est au XVIe siècle : Milan, Crémone et Gênes Le XVIIe et le XVIIIe siècles : Bologne et Rome Catalogue des dessins La sauvegarde des trésors nationaux et des œuvres d’intérêt patrimonial grâce au mécénat d’entreprise Tableau récapitulatif des trésors nationaux et œuvres d’intérêt patrimonial acquis grâce au mécénat d’entreprise (2002-2004) Photos disponibles pour la presse MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION SECRÉTARIAT D’ETAT AU BUDGET ET À LA RÈFORME BUDGÉTAIRE Communiqué de presse Paris, le 21 octobre 2004 Grâce au mécénat du groupe CARREFOUR, l’Etat acquiert une exceptionnelle collection privée française de dessins italiens de la Renaissance Renaud DONNEDIEU de VABRES, Ministre de la culture et de la communication, et Dominique BUSSEREAU, Secrétaire d’Etat au budget et à la réforme budgétaire, annoncent l’acquisition par l’Etat, grâce au mécénat du groupe CARREFOUR que préside M. Daniel BERNARD, d’un ensemble insigne de 130 dessins italiens de la Renaissance et du Premier Âge baroque jusque-là conservés dans une collection privée française. Cette acquisition majeure, d’un montant de 11,33 M€, a été rendue possible grâce aux dispositions fiscales de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France et de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations. Ces dispositions créent en effet des réductions fiscales pour les entreprises qui contribuent à maintenir sur le territoire national deux catégories de biens culturels : 1) des trésors nationaux, c’est à dire des biens culturels qui, conservés en France depuis au moins 50 ans et présentant un intérêt majeur pour le patrimoine national, ont fait l’objet d'un refus temporaire de sortie du territoire 2) des biens culturels situés sur le marché en France ou à l’étranger et reconnus œuvres d’intérêt patrimonial par la Commission consultative des trésors nationaux. Deux des 130 dessins sont des trésors nationaux, les autres ont été reconnus œuvres d’intérêt patrimonial. Si 25 de ces dessins sont destinés au musée du Louvre, la majorité d’entre eux, soit 105 pièces, seront affectés à cinq musées territoriaux : palais des Beaux-Arts de Lille (école romaine du XVIe s.), musées des Beaux-Arts de Marseille (école florentine et siennoise), d’Orléans (écoles bolonaise et romaine du XVIIe s.) et de Rennes (écoles lombarde et émilienne), musées de la Ville de Toulouse (école de Vénétie). Ainsi cette acquisition constitue-t-elle une illustration particulièrement exemplaire de la politique d’aménagement patrimonial du territoire menée par le Ministère de la culture et de la communication. Cet ensemble exceptionnel offre un panorama riche et puissamment évocateur de l'art italien des XVIe et XVIIe siècles. Bien souvent effectués à Paris ou à Londres, les achats successifs qui ont constitué cette collection ont permis de maintenir en France beaucoup de dessins qui sans cela auraient quitté l’Europe. D'autres acquisitions effectuées sur le marché étranger ont ramené en Europe de superbes feuilles qui y ont été créées. Ainsi cette collection constitue-t-elle en elle-même un véritable cabinet de dessins, guidé par un goût très sûr et riche de chefs-d'œuvre et de raretés qui feraient la gloire de n'importe quel grand musée. On doit tout particulièrement y remarquer des feuilles de tout premier plan, parmi lesquelles il faut mentionner les pages des plus grands maîtres de l'école de Parme (Corrège, Anselmi, Parmesan, Mazzola Bedoli et Bertoja), de l'école vénitienne (Pâris Bordone, Sebastiano del Piombo, Lorenzo Lotto, Tintoret, Véronèse), de l'école romaine (Polidoro da Caravaggio, Jules Romain, Perino del Vaga, Daniele da Volterra, Taddeo et Federico Zuccaro, Baroche), de l’école florentine (Fra Bartolomeo, Bandinelli, Salviati, Vasari), de l’école siennoise (Sodoma, Peruzzi, Beccafumi) et de l'école bolonaise (les Carrache, Guerchin). Les italiens actifs en France au XVIème siècle et qui y ont fondé l'Ecole de Fontainebleau (Primatice, Nicolò dell’Abate) sont aussi brillamment représentés. A côté de ces grands noms, la collection comprend des pièces précieuses par leur rareté autant que par leur qualité. Il s'agit de dessins de maîtres moins connus mais dont les œuvres, devenues pratiquement introuvables, ne figurent que dans très peu de collections graphiques dans le monde. On peut citer en particulier les feuilles d’Aspertini, Boccaccio et Camillo Boccaccino, Giovanni Francesco Caroto, Eusebio da San Giorgio, Girolamo Genga, Niccolò Giolfino, Bernardino Lanino, Dosso Dossi... De telles pièces ne sont pas moins remarquables que les autres par leur qualité mais leur renom est moindre parce que leurs auteurs ont été des chefs d'école dans des centres secondaires de l'Italie, à l'époque ou celle-ci était encore morcelée : Crémone, Vérone, Ferrare, Mantoue, Urbino. Renaud DONNEDIEU de VABRES rend hommage à l’engagement exceptionnellement généreux en faveur du patrimoine national et de la diffusion culturelle dont ont fait preuve à cette occasion les responsables du groupe CARREFOUR, déjà partenaire du Ministère de la culture et de la communication à travers les Journées européennes du patrimoine et les présentations de reproductions d’œuvres des collections publiques organisées dans les magasins du groupe en collaboration avec la Réunion des musées nationaux. Le Ministre tient à saluer enfin le geste des responsables de la maison Sotheby’s qui, en accord avec le collectionneur, ont permis à l’Etat français de réaliser cette acquisition en acceptant d’annuler les trois ventes au cours desquelles la collection devait être dispersée à Londres et à New York en 2004 et 2005. Conformément au souhait du mécène, les dessins seront présentés en Chine début 2005, dans le cadre de l’année de la France en Chine, puis, au printemps, à la Villa Médicis, à Rome, enfin au Louvre durant l’été 2005. Contacts presse Direction des musées de France Robert Fohr, 01 40 15 36 00/36 07 Bénédicte Moreau 01 40 15 36 12 Venetia Selz 01 40 15 35 97 Communication Corporate Carrefour Presse Christian d’Oléon, 01 40 70 11 89 Anne Samson Communications, 01 40 36 84 40 Une exceptionnelle collection de dessins italiens de la Renaissance et du Premier Âge baroque pour les musées de France L'ensemble de 130 lots de dessins italiens anciens acquis par l’Etat, grâce au mécénat de CARREFOUR, est exceptionnel. Il offre un panorama riche, cohérent, équilibré et puissamment évocateur de l'art italien de la Renaissance et du Premier Âge baroque (XVIe et XVIIe siècles). Cet ensemble a été constitué depuis 1972 par un grand collectionneur français. Bien souvent effectués à Paris ou à Londres, ses achats ont permis de maintenir en Europe beaucoup de dessins qui sans cela auraient rejoint les jeunes collections du Nouveau Monde. D'autres acquisitions effectuées à New York ont ramené en Europe de superbes feuilles qui y ont été créées. Telle qu'elle est, cette collection constitue en elle-même un véritable cabinet de dessins, guidé par un goût très sûr et riche de chefs-d'œuvre et de raretés qui feraient la gloire de n'importe quel musée. Des chefs-d'œuvre On doit tout particulièrement y remarquer des feuilles de tout premier plan, parmi lesquelles on ne mentionnera ici, pour faire bref, que les pages des plus grands maîtres de l'école de Parme (Corrège, Anselmi, Parmesan, Mazzola Bedoli et Bertoja), de l'école vénitienne (Pâris Bordone, Sebastiano del Piombo, Lorenzo Lotto, Tintoret, Véronèse), de l'école romaine (Polidoro da Caravaggio, Jules Romain, Perino del Vaga, Daniele da Volterra, Taddeo et Federico Zuccaro, Baroche), de l’école florentine (Fra Bartolomeo, Bandinelli, Salviati, Vasari), de l’école siennoise (Sodoma, Peruzzi, Beccafumi,) et de l'école bolonaise (les Carrache, Guerchin). Les italiens actifs en France au XVIème siècle et qui y ont fondé l'Ecole de Fontainebleau (Primatice, Nicolò dell’Abate) sont brillamment représentés. Des raretés absolues A côté des chefs-d'œuvre inestimables, la collection comprend des pièces étonnamment précieuses par leur rareté. Il s'agit de dessins de maîtres moins connus mais dont les œuvres, devenues pratiquement introuvables, ne figurent que dans très peu de collections graphiques en Europe. Nous citerons par exemple les feuilles d’Amico Aspertini, Boccaccio Boccaccino et Camillo Boccaccino, Giovanni Francesco Caroto, Eusebio da San Giorgio, Girolamo Genga, Niccolò Giolfino, Bernardino Lanino, Dosso Dossi ... De telles pièces ne sont pas moins remarquables que les autres par leur qualité mais leur renom est moindre parce que leurs auteurs ont été des chefs d'école dans des centres secondaires de l'Italie, à l'époque ou celle-ci était encore morcelée : Crémone, Vérone, Ferrare, Mantoue, Urbino. La provenance des dessins Le collectionneur s’est préférentiellement appuyé non seulement sur les maisons de vente britanniques agissant à Londres et New York où il a bénéficié des avis éclairés de grands connaisseurs mais aussi sur quelques marchands réputés français et étrangers. Sa démarche lui a permis de réunir des feuilles de provenance prestigieuse. La collection renferme ainsi des feuilles qui ont appartenu aux meilleurs connaisseurs et amateurs des siècles passés. On citera parmi les Britanniques, Barnard, Ellesmere, Esdaile, Gathorne Hardy, Heseltine, Hillier, Hudson, Lankrink, Lawrence, Lely, Oppenheimer, Pond, Reynolds, Rogers ; parmi les Italiens Alfonso IV d’Este, Ferretti, Francesco II, duc de Mantoue, Genovesio, Resta, Santa Croce, Vallardi, Zanetti ; parmi les Français, Bourguignon de Fabregoules, Calando, Chennevières, Crozat, Defer et Dumesnil, Denon, Desperet, Dezallier d’Argenville, Dupan, Flury-Herard, Gigoux, Jabach, Lagoy, Lempereur, Mariette, Petit-Hory, Polakovits, Revil, Rutxhiel, Wicar ; parmi les Néerlandais, van der Does van Bergesteyn, Goll van Franckenstein, ten Kate, Röver et Zomer. La liste est loin d’être exhaustive. Cette simple liste permet de voir combien les dessins ainsi rassemblés reflètent, au meilleur niveau, l’histoire du goût pour le dessin italien en France, en Grande Bretagne et aux Pays-Bas du XVIIe au XXe siècle. L’acquisition par l’Etat et la répartition des dessins Ces œuvres devaient être dispersées en 2004 et 2005 par Sotheby’s dans trois ventes à Londres et à New York. Deux d’entre elles (Pâris Bordone : Etude d’homme nu, Primatice : Etude d’homme drapé), conservées en France depuis plus de 50 ans, ont pu être classées « trésors nationaux » en novembre 2003 et à ce titre temporairement interdits de sortie du territoire, les 128 autres ont été reconnues « œuvres d’intérêt patrimonial » par la Commission consultative des trésors nationaux début 2004. Ainsi, l’ensemble a pu être acquis par l’Etat français au printemps 2004, grâce aux dispositions fiscales de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musée de France et à la loi du 1er août 2003 relative aux mécénat, aux associations et aux fondations qui ont permis l’engagement du groupe CARREFOUR dans cette opération d’un montant total de 11,33 M€. La maison Sotheby’s a de son côté facilité cette opération en acceptant d’annuler les ventes initialement prévues pour permettre la sauvegarde sur le territoire français de cet élément insigne du patrimoine artistique. Les dessins ont été répartis entre le musée du Louvre/département des arts graphiques (25 dessins de différentes écoles) et cinq grands musées de région : palais des Beaux-Arts de Lille (école romaine du XVIe s.), musées des Beaux-Arts de Marseille (école florentine et siennoise), d’Orléans (écoles bolonaise et romaine du XVIIe s.) et de Rennes (écoles lombarde et émilienne), musée de la Ville de Toulouse (école de Vénétie). Ainsi cette acquisition constitue-t-elle une illustration particulièrement exemplaire de la politique d’aménagement patrimonial du territoire menée par le Ministère de la culture et de la communication. La Toscane : Florence et Sienne au XVIe siècle Capitale de la Toscane, Florence est par excellence la ville de la Renaissance. Grâce au mécénat de grandes familles de marchands et de banquiers, tels les Médicis qui longtemps régnèrent sur la ville, les arts y connurent un développement particulièrement considérable dès les XIVe et XVe siècles. La présence simultanée à Florence, au tout début du XVIe siècle de Léonard de Vinci, de Raphaël et de Michel-Ange, oriente de façon décisive le développement de la peinture et du dessin florentins. Cette section de l’exposition s’ouvre avec une figure clé du début du Cinquecento à Florence, Fra Bartolomeo. Entré dans les ordres en 1500, il devient le grand interprète de l’idéal religieux des Dominicains. Contemporain exact de Michel Ange, il offre un compromis exemplaire entre l’art de Léonard de Vinci et celui de Raphaël. En revanche, c’est principalement la leçon de Michel-Ange que retient le sculpteur Bandinelli dans son étude pour un bas-relief montrant un crucifié. Les œuvres de Michel-Ange furent en effet ardemment étudiées, copiées, interrogées par les jeunes artistes. La réinterprétation qu’ils firent de son œuvre conduisit à l’épanouissement d’un nouveau style, dénommé « maniérisme » et dont on peut situer l’éclosion à Florence dans les années 1520-1530. Cette « maniera » atteint son apogée avec Salviati. La beauté du style et le culte du dessin visent avant tout à la beauté ornementale traduite par une technique parfaite. Trois feuilles évoquent ici cet idéal de beauté où s’exprime la ligne décorative, et rappellent également que Salviati reçut une formation d’orfèvre, à l’instar de Bandinelli ou de Vasari. La personnalité de ce dernier est illustrée dans cette collection par une scène narrative. Il s’agit d’une étude pour une fresque réalisée au Vatican, exemple de la diffusion du style maniériste élaboré à Florence. Foyer artistique très actif et un des plus originaux de l’Italie, Sienne fut annexée au duché de Toscane en 1559. L’influence de Léonard de Vinci et du sfumato dont il enveloppe ses figures est ici visible dans une très belle Tête de sainte de Sodoma. Une tête esquissée à l’huile, exceptionnelle par sa qualité et par sa rareté, permet d’évoquer le tempérament original de Domenico Beccafumi. Enfin, une élégante étude de mains d’Andrea Vanni, disciple du Baroche, fait la transition avec le XVIIe siècle et démontre l’inspiration toujours renouvelée de l’école siennoise. Rome au XVIe siècle : les suiveurs de Raphaël e Siège de la papauté, Rome n’a pas au XVI siècle d’école aussi nettement autochtone que les autres cités d’Italie. Il s’agit plutôt d’un foyer extrêmement vivant où l’on vient de toute part et dont l’éclosion rapide est favorisée dès le début du siècle par le rôle déterminant joué par les papes, Jules II (1503-1515), puis Léon X (1513-1521). Ceux-ci font appel aux meilleurs artistes de leur temps, dont, à l’exception de Giulio Romano, aucun n’est romain de naissance. Raphaël (1483 – 1520) arrive à Rome en 1508 et va déployer une activité prodigieuse, s’entourant d’élèves et de collaborateurs, d’un atelier nombreux et efficace. Ses interventions concernent essentiellement l’embellissement du Vatican, au même moment où Michel Ange entreprend de peindre la voûte de la chapelle Sixtine. Deux dessins de la main de Timoteo Viti et de Girolamo Genga, tous deux originaires d’Urbino comme Raphaël, ainsi qu’une tête très pure de Madone, attribuée à un alter ego du jeune Raphaël, Eusebio di San Giorgio, permettent d’évoquer ici les débuts du grand génie de la Renaissance. Viennent ensuite différents groupes de dessins reflétant les différentes personnalités passées par l’atelier de Raphaël à Rome. Perino del Vaga ou Giovanni da Udine se firent une spécialité des ornements et des grotesques peints à fresque ou en stuc, pour la décoration notamment des Loges du Vatican sont représentés ici par quelques très belles feuilles. Célèbre pour ses façades de palais, Polidoro da Caravaggio fut également très sensible aux compositions de Raphaël qu’il réinterprète d’une manière plus tourmentée comme en témoigne le dessin inspiré de l’Ecole d’Athènes, libéré de toute influence classique. Giulio Romano fut sans doute celui qui arriva le plus à se démarquer du maître pour imposer son propre style. Il est le premier à quitter Rome en 1524. Nommé peintre à la Cour de Mantoue, il est chargé de l’architecture et de la décoration de l’un des palais de la famille Gonzague, dénommé palais du Té. Deux dessins donnent ici un aperçu de son art fougueux ou abondent les citations de l’Antique. En fin Taddeo Zuccaro et son frère Federico ou encore Rafaellino da Reggio illustrent l’évolution de la peinture décorative dans la seconde moitié du siècle au moment où Baroche, représenté ici par trois feuilles se forme à Rome. L’Emilie au XVIe siècle : Bologne – Ferrare – Reggio Emilia Les arts graphiques, à savoir dessins et estampes, sont un champ privilégié pour comprendre la Renaissance bolonaise dont les traces ont aujourd’hui trop souvent disparu. Capitale de l’Emilie, deuxième citée des Etats de l’Eglise après Rome, Bologne est aussi le siège de la plus ancienne université d’Europe, à l’origine des liens très forts entre la création artistique et l’humanisme. La copie libre d’après la colonne Trajane exécutée par Amico Aspertini personnalité excentrique, mais majeure du milieu artistique bolonais - offre un exemple de l’étude passionnée de l’Antiquité à laquelle se livrent les artistes. La connaissance des œuvres de Raphaël, développée non seulement au travers de celles parvenues à Bologne, mais aussi grâce aux séjours des artistes à Rome, conduit à l’épanouissement d’un classicisme doublé d’un sentiment luministe très particulier, représenté ici par Biagio Pupini et Girolamo da Carpi. C’est aussi à Bologne que le plus fameux graveur du XVIème siècle, Marcantonio Raimondi débute sa formation artistique. Cet artiste est ici représenté par deux œuvres de jeunesse où est encore perceptible l’influence du style pré-classique et doux du début du siècle. Située au centre de la vallée fertile du Pô, Ferrare, à quarante kilomètres de Bologne est un centre culturel particulièrement fécond pendant la Renaissance. Poésie, musique et peinture rivalisent sous le patronage de la famille d’Este. Dosso et Battista Dossi jouent un rôle capital à la cour d’Alfonso Ier et d’Ercole II, séduite par leurs compositions mythologiques que baigne un éclairage fantastique, souvent d’inspiration vénitienne que l’on retrouve dans leurs dessins très picturaux, tel le superbe Dédale et Icare exposé ici. Ailleurs, à Reggio Emilia, Lelio Orsi met en relief de façon singulière la leçon de MichelAnge et le courant maniériste qui s’impose dans la seconde moitié du siècle. L’Emilie au XVIe siècle : Parme et son influence sur l’Ecole de Fontainebleau e Au début du XVI siècle la ville de Parme connaît une intense activité dans le domaine architectural et urbanistique. Dans ce climat, les artistes sont sollicités pour décorer les nouveaux bâtiments, civils ou religieux. La cité devient ainsi l’un des plus grands centres artistiques d’Italie, et avec Venise, le centre principal de l’Italie du Nord. Le chantier de l’église San Giovanni Evangelista est ici illustré par une feuille d’un des deux principaux maîtres de l’école parmesane, Corrège, ainsi que par des études de son condisciple d’origine siennoise, Anselmi. Autre figure de tout premier plan, Parmigianino est magnifiquement représenté dans cette collection avec cinq feuilles. On y admire l’élégance des figures féminines, des jeux de clair obscur et un dessin sinueux qui firent de l’artiste un des protagonistes majeurs du style maniériste. Né à Bologne en 1504, Primatice fut très marqué par l’art de Corrège et de Parmesan. Dès 1526, il collabora au décor du palais du Té à Mantoue sous la tutelle de Giulio Romano, avant d’être appelé en France en 1532 par François Ier. Il su, avec quelques autres artistes également venus de la péninsule, transplanter le maniérisme italien à la cour de France. Les décors peints de cette époque ayant pratiquement tous disparu, les dessins élaborés en vue de leur réalisation sont donc d’un intérêt considérable en plus de leurs réelles qualités esthétiques. C’est ainsi que trois beaux dessins de la main de Primatice, ainsi qu’une étude de Nicolò dell’Abate, arrivé en France en 1552, évoquent ce que furent les décors du château de Fontainebleau ou de résidences parisiennes. Non contente de féconder l’Ecole de Fontainebleau, l’influence de Parmigianino touche aussi d’autres centres comme Crémone, en Lombardie, où un artiste comme Boccacio Boccaccino est fort réceptif à la grâce de son style. Venise et l’arrière-pays vénitien au XVIe siècle Point de rencontre entre l’Orient et l’Occident, Venise, tout au long du XVIe siècle, occupe un rôle de premier plan tant dans le domaine politique que dans celui de la culture européenne. Le goût pour la collection et le mécénat s’épanouit dans une société raffinée et sensible et contribue à attirer les artistes. L’atmosphère de la lagune avec ses ciels clairs et sa luminosité à la fois délicate et intense constitue le fondement même des caractéristiques stylistiques des œuvres qui y sont réalisées. Du point de vue des seules techniques du dessin, Venise, ainsi que les régions qui l’entourent, se distingue par une facture assez libre avec des effets picturaux – travail large à la pierre noire rehaussée de craie blanche, jeux du pinceau, rehauts de blanc, papiers bleus - à l’opposé du graphisme linéaire et plastique adopté en Toscane. Une quinzaine de feuilles de la collection offre un éventail assez large de l’école vénitienne, à commencer par ses principaux représentants : Pâris Bordone, le rival de Titien, Véronèse, Tintoret ou encore Leandro Bassano. Etudes préparatoires pour des tableaux ou, comme dans le cas du Tintoret, exercice d’après une statue de Michel-Ange, ces œuvres reflètent les recherches menées par les artistes pour définir les volumes au moyen de jeux de lumière et d’effets de clair obscur. Dans le domaine du paysage, deux dessins de la main de Domenico Campagnola illustrent les influences nordiques qui irriguent alors la Vénétie et offrent des exemples particulièrement éloquents de la représentation idyllique de la nature inspirée par la poésie pastorale. Mais la Vénétie est aussi parfois réceptive aux rayonnements du maniérisme de l’école de Parme comme en témoignent les feuilles du peintre et graveur, Andrea Schiavone et l’exceptionnelle Médée aux effets colorés. Un très intéressant album regroupant une quarantaine de costumes permet d’évoquer le faste des réjouissances qui ponctuent la vie quotidienne dans la cité des Doges. Une des caractéristiques de la collection est de réunir un petit ensemble significatif et précieux de dessins faits dans l’arrière-pays vénitien, notamment à Vérone, par des artistes dont l’œuvre dessiné est devenu pratiquement introuvable : Caroto et Giolfino. Du premier une très belle étude de Vierge à l’Enfant, du second deux feuilles - alors que l’on connaît à peine une demi douzaine de dessins de l’artiste – toutes les deux dans cette technique bien particulière de lavis sur papier bleu. L’Italie du Nord-Est au XVIe siècle : Milan, Crémone et Gênes En regard des autres écoles artistiques régionales de l’Italie au XVIe siècle, les écoles milanaise, piémontaise, crémonaise, bergamasque et gênoise qui se développent au nord de la péninsule présentent sans doute un profil moins facile à définir que des centres comme Rome, Florence ou Venise. Elles ne sont pourtant pas moins actives ni inventives. Milan, dans la première moitié du siècle, doit composer avec deux grandes tendances stylistiques : l’une issue du formalisme de Bramante, l’autre héritée du luminisme de Léonard de Vinci. Le dessin de Bernardino Lanino unit ces deux courants, alors que dans la deuxième moitié du siècle les tendances artistiques de la ville sont de plus en plus inféodées aux formules développées à Brescia et Crémone comme en témoignent les dessins de Carlo Urbino, Ambrogio Figino, Enea Salmeggia. A mi-chemin entre Lombardie et Emilie, et également proche de la Vénétie, Crémone partage le sort politique de Milan à partir de 1535. Les grands chantiers de la cathédrale et des églises requièrent le talent de nombreux peintres parmi lesquels s’illustrent particulièrement Boccaccio Boccaccino – un Ferrarrais au goût nordique encore assez prononcé -, son fils Camillo Boccaccino, Giulio Campi et son élève Bernardino Campi qui ajoutent à leur bagage vénitien une connaissance subtile de l’art de Parmigianino. A Gênes – ville qui délaisse ses acquis propres au cours des années 1520 pour s’ouvrir aux apports de la manière moderne venue de Rome, notamment grâce à Perino del Vaga -, Luca Cambiaso, élève de ce dernier, crée un style décoratif simplificateur et énergique qui lui vaudra d’être invité en Espagne à la cour de Philippe II. Le XVIIe et le XVIIIe siècles : Bologne et Rome e Bien que les œuvres du XVII siècle ne forment pas la partie la plus importante en nombre de cette collection, la plupart témoignent ici de l’art de grands créateurs de cette époque. Les Carracci, Ludovico et ses deux cousins Agostino et Annibale, marquèrent profondément la peinture Bolonaise du XVIIème siècle par leur style éclectique qui s’affirma dès la fin du siècle précédent. Ainsi sont-ils à l’origine de la rupture qui s’opéra avec la génération maniériste. Ensemble, ils fondèrent l’Académie des Incamminati (des Acheminés) que fréquentèrent quantité d’artistes nés entre 1570 et 1600 et actifs jusque vers 1650. Une entière liberté était laissée aux élèves, le principe fondamental des Carrache étant le retour à la nature comme expérience première, de laquelle devait naître chaque représentation. Parmi les dessins que l’on peut admirer ici se trouvent deux études préparatoires d’Annibale Carracci pour le décor du Palais Farnese - aujourd’hui siège de l’Ambassade de France à Rome -, décor qui inaugura une ère nouvelle pour la peinture européenne. Deux lavis du Guerchin, qui fut le meilleur élève de Ludovico Carracci, rendent compte par leur style libre et lâché, des nouvelles tendances naturalistes, de même que les dessins à la plume de son émule, Pier Francesco Mola. Chez Cantarini, ce naturalisme est tempéré par un certain classicisme comme on l’observe ici dans une œuvre réalisée à la fin de sa carrière. D’origine napolitaine, Salvator Rosa effectua plusieurs séjours à Rome avant de s’y installer définitivement en 1649. Le dessin représentant un Homme lauré contemplant un crâne permet d’évoquer ici la personnalité exceptionnelle de cet artiste. Enfin le parcours s’achève avec deux dessins du XVIIIème siècle, de Pier Leone Ghezzi, maître dans l’art de la caricature et du dessin satyrique.