Télécharger l`article au format PDF

Transcription

Télécharger l`article au format PDF
Apport des ISRS et IRSNA dans l’anxiodépression
B. MILLET (1)
BASES CLINIQUES ET BIOLOGIQUES DE
L’ANXIODÉPRESSION
Le syndrome anxio-dépressif est une entité difficile
à caractériser. Souvent rencontré en clinique, c’est généralement le syndrome dépressif qui ressort de cette
association symptomatique qui conduit à l’utilisation
de ce terme permettant ainsi d’intégrer les deux dimensions. Sur un plan diachronique, le trouble anxieux
généralisé (TAG) semble évoluer fréquemment vers une
symptomatologie dépressive. Les travaux de Wittchen
ont notamment montré que parmi les patients répondant aux critères d’épisode dépressif caractérisé, 70 %
présentaient des antécédents de TAG. Les études de
neuro-imagerie fonctionnelle, contribuent à la différenciation des deux entités : dans le TAG une hyperactivité au niveau de l’amygdale est notée ; dans le trouble
dépressif cette hyperactivité amygdalienne est moins
systématique (10, 16), notamment quand la dépression
se prolonge où une hypo-activité et une diminution des
structures amygdalienne ont été retrouvées (7).
Sur le plan biologique, les théories mono-aminergiques de la dépression (sérotoninergique, noradrénergique) reposent essentiellement sur les bases pharmacologiques introduites par l’efficacité des inhibiteurs
sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) et les inhibiteurs mixtes de la sérotonine et de la noradrénaline
(IRSNA).
EFFICACITÉ COMPARATIVE DES ISRS ET IRSNA
DANS L’ANXIÉTÉ ET LA DÉPRESSION
Il existe bon nombre d’essais thérapeutiques dans
les troubles anxieux et la dépression, mais très peu dans
l’anxio-dépression.
La dépression
Les agents sérotoninergiques ont démontré leur efficacité dans la dépression tant chez les sujets ambulatoires qu’hospitalisés. Ils représentent une alternative
aux tricycliques et peuvent même se révéler efficaces en
deuxième intention après l’utilisation d’antidépresseurs
tricycliques (3). De même après l’échec d’un ISRS, un
deuxième médicament de cette classe thérapeutique
pourra être tenté avec succès potentiel (11). Ces molécules ont également une action reconnue dans la prévention de la rechute ou de la récurrence dépressive. Chez
l’adolescent aussi, plusieurs études ont montré l’efficacité des ISRS contre placebo dans la dépression comme
dans la prévention des rechutes (8). Pour les dépressions
plus sévères, selon certaines méta analyses les tricycliques seraient supérieurs aux ISRS, en particulier dans
les dépressions mélancoliques (1). En ce qui concerne
les IRSNA, la duloxétine s’est montrée supérieure au placebo et comparable aux ISRS (paroxétine et fluoxétine)
tant dans le pourcentage de répondeurs que dans le niveau de rémission (6).
Les IRSNA (venlafaxine, minalcipran) présenteraient,
d’après certaines études, un taux de réponse et un niveau de rémission dans la dépression supérieurs à ce qui
est observé avec les ISRS. La venlafaxine aurait la particularité, d’après certaines études, d’être en partie dose
dépendante (18).
L’anxiété
Certains ISRS (paroxétine), ont montré leur efficacité
dans le TAG. La paroxétine semble avoir une efficacité
comparable à la venlafaxine à libération prolongée (12).
Sur le trouble panique, la fluoxétine, la paroxétine et
(1) Service hospitalo-universitaire de psychiatrie, 108, avenue du Général-Leclerc, 35011 Rennes cedex.
L’Encéphale, 2007 ; 33 : Septembre, cahier 3
S699
B. Millet
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 699-700, cahier 3
d’autres ISRS ont montré leur efficacité. La venlafaxine,
dans deux études randomisées, s’est avérée supérieure
au placebo. Dans le cadre des phobies sociales comme
dans le TOC, les ISRS ont montré leur efficacité (14).
En ce qui concerne les IRSNA, la venlafaxine a présenté trois études contre placebo menées sur 8 semaines
et 2 autres études contre placebo menées sur 6 mois,
montrant l’efficacité supérieure de ce produit (9). Sur les
phobies sociales, la venlafaxine bénéficie aussi de quatre
études contrôlées montrant sa supériorité contre placebo
et d’une étude montrant sa supériorité sur la paroxétine
(13). Dans le PTSD, l’apport des ISRS et des IRSNA apparaît également favorable (5).
3.
BEASLEY CM Jr, SAYLER ME, CUNNINGHAM GE et al. Fluoxetine in tricyclic refractory major depressive disorder. J Affect Disord 1990 ; 20 (3) : 193-200.
4.
BIELSKI RJ, BOSE A, CHANG CC. A double-blind comparison of
escitalopram and paroxetine in the long-term treatment of gener-
L’anxiodépression
7.
DREVETS WC. Neuroimaging studies of mood disorders. Biol
Psychiatry 2002 ; 48 : 813-29.
Il existe peu d’études dans cette indication précise,
mais il semble que les inhibiteurs mixtes soient légèrement supérieurs à la fluoxétine et au placebo à partir de
la deuxième semaine (17).
8.
EMSLIE GJ, RYAN ND, WAGNER KD. 2005 Major depressive disorder in children and adolescents: clinical trial design and antidepressant efficacy. J Clin Psychiatry ; 66 : 14-20.
9.
HACKETT D, HAUDIQUET V, SALINAS E. A method for controlling for a high placebo response rate in a comparison of venlafax-
Qu’en est-il de l’escitalopram (SEROPLEX) ?
Dans la dépression, l’escitalopram 20 mg montre des
résultats comparables à la venlafaxine à libération prolongée sur une durée de 8 semaines avec un effet qui
semble se renforcer dans le temps. Une deuxième étude
dans les dépressions sévères montre une efficacité comparable avec la paroxétine. Une méta-analyse, escitalopram versus ISRS confirme l’efficacité de l’escitalopram
dans les dépressions y compris sévères et chez les patients hospitalisés (2).
Dans l’anxiété, les études avec l’escitalopram montrent des résultats en faveur de ce produit dans le TAG (4).
D’autres études en voie de publication semblent montrer
l’intérêt de ce produit sur les phobies sociales, le trouble
panique et les TOC.
CONCLUSION
Trop peu d’études sont menées sur le syndrome anxiodépressif, ce qui ne permet pas distinguer clairement
l’effet des ISRS et des IRSNA sur chacune de ces dimensions.
Références
5.
alized anxiety disorder. Ann Clin Psychiatry 2005 ; 17 (2) : 65-9.
DAVIDSON J, ROTHBAUM BO, TUCKER P et al. Venlafaxine extended release in post-traumatic stress disorder: a sertraline- and
placebo-controlled study. J Clin Psychopharmacol 2006 ; 26 (3) :
259-67.
6.
DETKE MJ, WILTSE CG, MALLINCKRODT CH et al. Duloxetine in
the acute and long-term treatment of major depressive disorder :
a placebo- and paroxetine-controlled trial. Eur Neuropsychopharmacol 2004 ; 14 : 457-70.
ine XR and diazepam in the short-term treatment of patients with
generalised anxiety disorder. Eur Psychiatry 2003 ; 18 : 182-7.
10. HARIRI AR, DRABANT EM, MUNOZ KE, et al. A susceptibility
gene for affective disorders and the reponse of the human amygdala. Arch Gen Psychiatry 2005 ; 62 : 146-52.
11. JOFFE R, SOKOLOV S, STREINER D. Antidepressant treatment of
depression : a meta-analysis. Can J Psychiatry 1996 ; 41 : 613-6.
12. KIM TS, PAE CU, YOON SJ, et al. Comparison of venlafaxine extended release versus paroxetine for treatment of patients with
generalized anxiety disorder. Psychiatry Clin Neurosci 2006 ; 60 :
347-51.
13. LIEBOWITZ MR, MANGANO RM, BRADWEJN J, et al ; SAD
Study Group. A randomized controlled trial of venlafaxine extended release in generalized social anxiety disorder. J Clin Psychiatry
2005 ; 66 : 238-47.
14. MILLET B, ANDRE C, DELIGNE H, et al. Potential Treatment Paradigms for Anxiety Disorders Expert Opinion on Investigational
Drugs 1999 ; 8 : 1589-98.
15. MONTGOMERY SA, DUNBAR G. Paroxetine is better than placebo in relapse prevention and the prophylaxis of recurrent depression. Int Clin Psychopharmacol 1993 ; 8 : 189-95.
16. SIEGLE GL, STEINHAUER SR, THASE ME, et al. Can’t shake that
feeling: event-related fMRI assessment of subtained amygdala
activity in response to emotional information in depressed individuals. Biol Psychiatry 2002 ; 51 : 693-707.
17. SILVERSTONE PH, SALINAS E. Efficacy of venlafaxine extended
1.
ANDERSON IM. Meta-analytical studies on new antidepressants.
Br Med Bull 2001 ; 57 : 161-78.
release in patients with major depressive disorder and comorbid
generalized anxiety disorder. J Clin Psychiatry 2001 ; 62 : 523-9.
2.
ARMSTRONG EP, SKREPNEK GH, HAIM ERDER M. Cost-utility
comparison of escitalopram and sertraline in the treatment of major depressive disorder. Curr Med Res Opin 2007 ; 23 (2) : 251-8.
18. STAHL SM, GRADY MM, MORET C, et al. SNRIs : their pharmacology, clinical efficacy, and tolerability in comparison with other
classes of antidepressants. CNS Spectr 2005 ; 10 : 732-47.
S700

Documents pareils