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1 Ann. UNIKAM COMITE SCIENTIFIQUE DIRECTEUR Professeur MULEKA Kimpanga MEMBRES Professeur Bondo Mulunda Professeur Buya bwa Nshi Ilunga Professeur Dr Kalenga Mwenze Professeur Dr Kashindi Numbi Professeur Dr Luboya Numbi Professeur Dr Malangu Mposhi Professeur Ilunga Ndala Professeur Kabyla Ilunga Professeur Kalaba Mutabusha Professeur Kalenga Mwenzemi Professeur Kalenga Ngoy Professeur Kaumba Lufunda Professeur Kilanga Musinde Professeur Kisonga Kasyulwe Professeur Kitopi Kimpinde Professeur Lubamba Kibambe Professeur Lumbu Simbi Professeur Lunda Ilunga Professeur Lwamba Bilonda Professeur Malemba N’sakila Professeur Mayele Ilo Professeur Mbuya Mukombo Professeur Mbuyu Luyongola Professeur Mota Ndongo Professeur Mukalay Mutombo Professeur Muleka Kimpanga Professeur Muleka Ngindo Professeur Mulongo Kalonda Professeur Mwamba Sinonda Professeur Mwembo Lumbila Ngoie Professeur Ngoy Fiama Professeur Nyembo Mukena Professeur Yumba Musoya Vol. XIV, n°1, juin 2015 Docteur en Langue et Littérature Françaises Docteur en Sciences Economiques Docteur en Gynécologie Obstétrique Docteur en Santé Publique Docteur en Pédiatrie Docteur en Microbiologie Docteur en Chimie Docteur en Santé Publique Docteur en Sociologie Docteur en Sciences de l’Education Docteur Ingénieur en Chimie Docteur en Philosophie Docteur en Langue et Littérature Françaises Docteur en Histoire Sociologique Docteur en Droit Docteur en Sciences de l’Education Docteur en Chimie Docteur en Géologie Docteur en Histoire Docteur en Anthropologie Docteur en Philosophie Docteur en Linguistique Africaine Docteur en Droit Docteur en Sciences Economiques Docteur en Sciences Economiques Docteur en Chimie Docteur en Psychologie Docteur en Langue et Littérature Françaises Docteur en Sciences Sociales Docteur en Langue et Littérature Françaises Docteur en Psychologie Docteur en Biologie Docteur en Langue et Littérature Africaines Ann. UNIKAM Vol. XIV, n°1, juin 2015 2 3 Ann. UNIKAM SOMMAIRE Comite scientifique ............................................................................................. 1 Sommaire ............................................................................................................. 3 Editorial ................................................................................................................ 5 « La malungaise » ............................................................................................... 7 La mortalité maternelle dans la zone de santé rurale de Butumba (R.D. Congo) .................................................................................................................. 9 Kilolo N.U.E., Bwana K.I., Ngoy L.J., Kabamba N.M. et Mwembo T. AN.A. Analyse du système de référence dans la zone de santé de Kayamba, Province du Katanga (rd.congo) .................................................................... 19 Ngongo K.A, Kabamba N.M, Chenge M.F, Luboya N.0 Prévalence de la tuberculose chez les personnes vivant avec le virus de l’Immuno Deficience Humaine dans la ville de Kamina (Cas du centre de dépistage et de traitement Méthodiste de Kamina) ....................................... 27 Ngoy K.V, Nshimba Wa N.R, Kembo N.L, Mwepu Wa K.J, Tshey P., Kabamba N.M Les cancers gynécologiques à Lubumbashi : une revue de 257 cas diagnostiqués anatomopathologiquement de 2000 à 2012 .......................... 35 Kyabu K.V, Mwenze M D, Ilunga N.J Gestion d’eau dans les ménages de la cité de Kamina (Cas de l’aire de santé Quartier 52). ............................................................................................ 41 Ngoy K.C, Kasongo M.J, Kalonji L.R, Atiya m.C, Buntu K.B, Monga B.B Etude sur la viabilité des maternités de Lubumbashi ................................... 55 Odia B.M., Mfwamba M.A.Tshiji K.V., Kapenda N.D, Kabwe M.P., Ntambue M.A Analyse de l’accomplissement de la mission d’un directeur de nursing dans les hopitaux de la ville de Lubumbashi ................................................ 65 Mfwamba M.A, Odia B.M, Tshiji K.V, Kapenda N.D Pourquoi les diplômés d’état travailleurs se lancent-ils frénetiquement à la poursuite des études superieures et universitaires ? .................................. 75 Muleka N.M., A ., Nakalali N. E. , Sobanuka, M. A. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 4 Attitude des parents face à l’éducation sexuelle de leurs enfants dans la cité de Kamina ................................................................................................... 95 Mukanjila W. K. D.; Kabamba I. K.; KazadI M. A Caractéristiques des principales variétés de patate douce (ipomoea batatas l.) cultivées à Kamina ........................................................................ 105 Kalala T, Kanonge M, Kalenga K, Kyabuya M, Muleka K Recommandation aux auteurs ....................................................................... 123 Vol. XIV, n°1, juin 2015 5 Ann. UNIKAM EDITORIAL 2014-2015, Année Académique du Symposium Dans le cadre de l’une de ses trois missions classiques, rendre service à la communauté, l’UNIKAM vient d’organiser, du 11 au 13 mai 2015, un symposium sur les stratégies relatives à l’accueil, l’installation et le développement de la nouvelle province du Haut-Lomami. Avant la promulgation de la loi portant sur le découpage territorial par le Président de la République, cette problématique avait suscité des questions innombrables. Des joutes les plus enflammées avaient été entendues ou lues. Aujourd’hui, l’Université, comme source du savoir semblable à ‘’un phare sur la plage’’, a réuni, loin des débats de tous ordres, les scientifiques du coin et d’ailleurs afin de préparer l’implantation harmonieuse de la nouvelle province à l’aide des discussions élevées, objectives, impersonnelles, dénuées de toute sentimentalité et exemptes des intérêts d’arrière-plan. L’objectif du symposium était simple, mettre à la disposition des uns et des autres, c’est-à-dire, des gouvernants et des gouvernées, des politiques et des non politiques, des citadins et des paysans, des conclusions et des recommandations susceptibles de féconder toute vision de développement intégré et intégral du Haut-Lomami. Œuvre d’une institution neutre par essence, apolitique et universelle dans sa vocation, les assises étaient ouvertes à tout le monde. Toutes les discussions qui en ont découlé obéissaient à l’idéal élevé et réaliste, seul capable de traîner la nouvelle province vers des « lendemains qui chantent ». Des têtes issues des horizons divers, mais couronnées des disciplines scientifiques intéressées, ont contribué, chacune avec ses dotations spécifiques, à l’enrichissement du colloque. Après le discours d’orientation dans lequel l’état des lieux général du Haut-Lomami a été présenté par le Recteur de l’UNIKAM, trois grands axes ont été exploités, à savoir : L’économie de la nouvelle province, à travers principalement l’examen de la problématique de l’agropastorale (agriculture, élevage, pêche), de l’exploitation minière, de l’environnement et du tourisme. Avec ces aspects ont été abordés impérativement la question des infrastructures Vol. XIV, n°1, juin 2015 6 Ann. UNIKAM routières, ferroviaires, fluviales, aériennes et celle de l’électricité et de l’eau. La Politique et l’Administration ont été développées dans l’atelier qui a abordé la linguistique, la sociopolitique, la communication, la jeunesse et les sports comme principaux thèmes. Le Socioculturel, quant à lui, a concerné l’Education Nationale, la Recherche Scientifique, les Hôpitaux et l’Habitat. Au niveau de chacun des trois ateliers ci-dessus énumérés ont été dégagés des objectifs à atteindre à court, moyen et long termes à l’aide des actions à mener formulées sous forme des recommandations échelonnées, objectives et réalistes. Après la tenue effective du forum et la publication de ses actes majeurs, deux autres phases ont été jugées nécessaires avant d’atteindre la maturité de son objectif général. Il s’agit du suivi régulier du devenir des recommandations des assises et de l’évaluation des retombées de ces dernières. Dans le premier cas, l’Université a pensé, pour des raisons évidentes, confier le rôle aux Honorables Elus provinciaux et nationaux du Haut-Lomami. Dans le deuxième cas, l’Académie servirait d’interface entre la société et le comité du suivi. Le Président du Comité de Rédaction Vol. XIV, n°1, juin 2015 7 Ann. UNIKAM « LA MALUNGAISE » Hymne de l’Université de Kamina Venue de loin, l’idée féconde A engendré l’espoir Et cet élan reçut la mission D’éclairer l’horizon. (Bis) Horizon, horizon encore obscur Horizon, celui du monde rural Horizon, celui qui est en retard Horizon, horizon des bucoliques. Venez les formateurs Et vous éducateurs Construire la tradition Celle des meilleurs Celle des héros Venez les concepteurs Et vous les constructeurs Eriger le monument, Pour la nation, Pour l’avenir, Pour l’univers. (Bis) Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM Vol. XIV, n°1, juin 2015 8 Ann. UNIKAM 9 LA MORTALITE MATERNELLE DANS LA ZONE DE SANTE RURALE DE BUTUMBA (R.D. Congo) Kilolo N.U.E., Bwana K.I.*, Ngoy L.J.*, Kabamba N.M.* et Mwembo T. AN.A. RESUME Dans cette étude descriptive transversale prospective menée dans la zone de santé rurale de Butumba pendant seize mois, soit de janvier 2013 à Avril 2014, 35 cas de mortalité maternelle sur 3310 Naissances Vivantes (NV), soit un ratio de 1057.4 pour 100.000 NV, très élevé en comparaison avec la moyenne nationale, ont été enregistrés. 19 cas, soit environ 55%, ont eu lieu en dehors des structures sanitaires sans assistance médicale qualifiée. Les femmes de 19 à 35 ans et les multipares ont été les plus touchées, principalement dans la période de post-partum, tandis que les hémorragies génitales graves en constituaient la cause principale. ABSTRACT In this transversal prospective descriptive study lead in rural health zone from Butumba during 16 months, from January 2013 up to April 2014, 35 maternal mortality cases on 3310 alive births, that is 1057.4 rate for 100,000 alive births, the higher raux in comparing a rational average were registered. 19 cases or 55%, were occurred outside health structures without any qualified medical assistance. The multipares women from 19 up to 35 old years were most affected mainly mainly during the post-partum period and the severe genital hemoragies have constituted the main cause. I. INTRODUCTION Lors de la réunion de haut niveau de septembre 2010 sur les objectifs du millénaire, les dirigeants du monde s’étaient inquiétés de la lenteur des progrès en matière d’amélioration de la santé maternelle et reproductive et de réduction de la mortalité maternelle. Le taux de mortalité maternelle, qui constitue la mesure la plus courante de la santé maternelle, restait un grand défi pour l’Afrique, notamment en comparaison avec le reste du monde 1. Cette mortalité est « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après l’accouchement, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque, déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite » et constitue un indicateur fort de la qualité des soins obstétricaux2-5. Université de Kamina, Faculté de médecine ; E-mail : [email protected] Université de Lubumbashi, Faculté de médecine et Ecole de santé publique Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 10 Selon l’OMS, plus de 85% des décès maternels sont enregistrés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Dans les pays européens et aux Etats-Unis, bien que la mortalité maternelle soit faible, un certain nombre d’études ont mis en évidence des fortes disparités selon l’origine ethnique de la mère 6-9. En d’autres termes, le taux de mortalité maternelle est variable selon le niveau socio-économique d’un pays. En effet, il est plus faible dans les pays développés que dans ceux en développement. Dans les régions en développement, le taux de mortalité maternelle est de 450 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 9 dans les régions développées. Au total, 14 pays ont un taux dépassant 1 000 et, à l’exception de l’Afghanistan, tous sont situés en Afrique subsaharienne: Angola, Burundi, Cameroun, Guinée-Bissau, Libéria, Malawi, Niger, Nigéria, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Somalie et Tchad. En dehors des différences entre états, on constate également de grandes variations dans les pays eux-mêmes, entre populations riches et pauvres, ainsi qu’entre populations urbaines et rurales10. La République Démocratique du Congo, notre pays avait le 36 ème taux de mortalité globale le plus élevé du monde : 11,06 morts/ 1 000 personnes en 2011. En ce qui concerne la mortalité maternelle, elle avait le 16 ème taux de mortalité maternelle le plus élevé, avec 670 morts/ 100 000 naissances en 200811. Dans notre milieu de recherche, aucune étude sur la mortalité maternelle n’a déjà été menée, ce qui justifie la présente étude dont l’objectif général est d’étudier ce drame en vue de contribuer à l’amélioration de la santé reproductive. Trois objectifs spécifiques poursuivis sont repris ci-dessous : - La détermination du taux de mortalité maternelle et la période obstétricale la plus concernée dans la zone de santé rurale de Butumba, La détermination des caractéristiques sociodémographiques des mères concernées L’identification des différentes causes génératrices du décès. II. MATERIELS ET METHODE 2.1. Lieu d’étude La présente étude a été menée dans la zone de santé rurale de Butumba située dans le territoire de Bukama, district du Haut-Lomami, province du Vol. XIV, n°1, juin 2015 11 Ann. UNIKAM Katanga, en RD Congo. Elle est une zone « fille » de la zone de santé de Bukama et elle a été créée en 2003. 2.2. Type et période d’étude Il va s’agir d’une étude descriptive transversale prospective sur les cas des décès maternels survenus dans les différentes aires de santé de la zone de santé de Butumba durant la période allant de Janvier 2013 à Avril 2014. 2.3. Population d’étude et échantillon Notre population d’étude était constituée de 35 cas de décès maternels enregistrés dans toute la zone de santé, soit dans une structure sanitaire, soit dans la communauté. Le tout a été rapporté sur l’ensemble des 3310 naissances vivantes enregistrées à la même période. III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats 3.1.1. Taux de mortalité maternelle et lieu de survenue Le taux de la mortalité maternelle dans la zone de santé rurale de Butumba pendant la période de notre étude était de 1057,4 sur 100.000 naissances vivantes, soit 35 décès enregistrés sur 3310 naissances vivantes. Le tableau 1 répartit les cas selon leurs sites de décès maternels dans la zone de santé de Butumba. Tableau I. Répartition des cas de mortalité maternelle selon le lieu de survenue Lieu de décès maternel En dehors des établissements sanitaires Dans un sanitaire Total établissement Effectif 19 Pourcentage 54.3 16 45.7 35 100 Au total, 19 cas des décès (54,3%) sont survenus en dehors des établissements sanitaires et 16 autres, soit 45,7%, dans les établissements de santé. Vol. XIV, n°1, juin 2015 12 Ann. UNIKAM 3.1.2. Caractéristiques sociodémographiques des femmes concernées Dans le tableau 2, les cas de mortalité maternelle sont présentés selon la parité, la gestité et l’âge de la femme décédée. Tableau II. Répartition des cas de décès selon la parité, la gestité et l’âge de la femme Caractéristiques sociodémographiques Parité Nullipare Primipare (1) Paucipare (2-3) Multipare (4-6) Grande multipare (7 ou plus) Total Effectif Pourcentage 2 3 8 12 10 35 5,7 8,6 22,9 34,3 28,6 100 2 10 11 12 5,7 18,6 31,4 34,3 35 100 3 24 8 8,6 68,6 22,9 35 100 Gestité Primigeste Paucigeste Multigeste Grande multigeste Total Tranches d’âge(en années) Inf. ou égale à 18 19-35 Sup. à 35 ans Total L’analyse du deuxième tableau montre que les taux de décès les plus faibles concernent les femmes nullipares et primipares (14,3%), primigestes 5,7%) et âgées de 18 ans tout au plus (8,6%). Ainsi, les paucipares et les multipares représentent 85,7%, les paucigestes et les multigestes 94,3%. Les femmes dont l’âge varie entre 19 et 35 ans sont concernées à elles seules dans presque 69% des cas. Vol. XIV, n°1, juin 2015 13 Ann. UNIKAM 3.1.3. Etiologies et période de décès Sont passées en revue dans le tableau 3, les étiologies de la mortalité maternelle et la période pendant laquelle le décès a été enregistré. Tableau III. Causes et période de décès maternel Etiologie et période du décès Etiologie Hémorragie génitale Infections Eclampsie Avortement clandestin Non déterminée Effectif Pourcentage 24 6 1 2 2 68,6 17,1 2,9 5,7 5,7 Total 35 100 Période du décès Pendant la grossesse Pendant le travail Dans le post-partum 4 14 17 11,4 40 48,6 Total 35 100 Dans la zone de santé de Butumba, les hémorragies génitales ont constitué la cause principale de la mortalité maternelle avec un taux de 68,6%. De même, cette mortalité intervient dans 88,6% des cas pendant le travail et la période dite post-partum, celle allant de l’accouchement à 42 jours. 3.2. Discussion 3.2.1. Taux et lieu du décès Il est rapporté dans cette étude que le taux de mortalité maternelle observé dans la zone de santé de Butumba est de 1057,4 sur 100.000 naissances vivantes(N.V), c’est-à-dire que 35 cas de mortalité maternelle ont été enregistrés sur 3310 naissances vivantes pendant une période de 16 mois. Quoiqu’il en soit, ce taux, (540/100.000NV) en 2010, supérieur à la moyenne nationale témoigne que notre pays est loin d’atteindre l’objectif 5 des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en cette année 2015, 322 pour 100.000 NV. Cependant, la littérature montre qu’entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle a évolué en République Démocratique du Congo. En effet, Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 14 les données sanitaires du pays montrent que la mortalité maternelle est en constante baisse depuis 1990 : 540 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2010 contre 930 en 1990 12. En dépit de cette évolution positive, le taux de mortalité ne pourra pas atteindre sa cible d’ici la fin de l’année 2015. Et, la situation demeure plus inquiétante en milieu rural, comme à Butumba, où l’accessibilité aux soins de santé de qualité pose encore d’énormes problèmes. En 2008, Wembonyama et al démontraient que sur environ 2.600.000 femmes enceintes enregistrées chaque année en R.D. Congo, le tiers seulement bénéficiait d’un accouchement surveillé, c’est-à-dire en présence d’une personne formée13. Ceci est corroboré dans cette étude car nous avons constaté que plus de la moitié des cas de décès sont survenus dans la communauté, loin de toute assistance médicale, 19 cas sur 35, soit 54,3%. Et même, pour ceux survenus dans une structure sanitaire, la question sur le niveau d’instruction du personnel doit être posée. Ainsi, en 2005, une autre étude initiée par la Banque mondiale montrait que le pourcentage des accouchements médicalement assistés en République Démocratique du Congo était nettement plus faible en milieu rural qu’en milieu urbain défavorisé à plusieurs égards 14. 3.2.2. Age, parité et gestité Contrairement à plusieurs résultats rapportés dans la littérature et selon lesquels l’extrême jeunesse et l’âge avancé des femmes enceintes représentaient un risque de décès maternel3, 15-17 , nos investigations ont indiqué que le taux le plus élevé correspondait plutôt aux femmes âgées de 19 à 35 ans(68,6%). N’ayant pas concerné la détermination des facteurs de risque de la mortalité maternelle, cette étude nous a conduits seulement à considérer aussi la grande proportion des femmes qui accouchent dans la tranche d’âge de 19 à 35 ans. Il a été en outre établi que la fréquence de la mortalité maternelle augmentait avec la parité et la gestité (tableau 2). A notre avis, cette répartition pourrait résulter de la mise en confiance des femmes au fur et à mesure qu’elles accouchent et de la prédisposition des multipares aux hémorragies de la parturition et du post-partum. 3.2.3. Période et causes du décès Comme dans la plupart des études antérieures dans les pays en développement sur la mortalité maternelle3,4,17-22, nous avons enregistré plus des décès dans le post-partum immédiat (48,6 %) et dans le perpartum(40%). Le taux élevé de décès maternels dans le post-partum pourrait se justifier par la Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 15 mauvaise gestion de cette période de délivrance ou de celle qui fait sa suite. Dans la zone de santé de Butumba, la pratique des accouchements à domicile par des personnes non qualifiées est fréquente. Ces dernières, incapables de bien prendre en charge le travail en cas de moindres complications, assistent d’une manière désarmée à la mort des pauvres mères ou les évacuent en catastrophe vers les structures sanitaires où l’on constate souvent que le cas est irrécupérable. Parmi les causes de décès, l’hémorragie génitale prend la tête avec 24 cas sur 35 soit 68,6%(tableau 3). Les autres causes sont les infections du postpartum (17.1%), les avortements clandestins (5.7%) et l’éclampsie (2.9%). Ici aussi, nos résultats s’accordent avec l’OMS selon laquelle les principales complications, qui représentent 80% de l’ensemble des décès maternels, sont les hémorragies sévères (pour l’essentiel après l’accouchement), les infections (habituellement après l’accouchement), l’hypertension durant la grossesse (pré éclampsie et éclampsie) et l’avortement pratiqué dans de mauvaises conditions de sécurité. Les autres causes de complications sont associées à des maladies comme le paludisme, et le VIH durant la grossesse23. Si les hémorragies graves du post-partum sont incriminées dans la plupart des études faites dans les pays pauvres 3,4,17-22 et constituent de loin la cause première de la mortalité maternelle, c’est parce que la prise en charge des victimes demande une extrême urgence et la disponibilité du sang à transfuser. Chose qui est difficile dans la zone de santé de Butumba où l’accessibilité aux soins de santé de qualité est un casse-tête en cas de complications obstétricales : éloignement du site d’habitation par rapport à l’hôpital général de référence, quasi-absence de moyens de transport rapide, communication difficile, etc . CONCLUSION ET SUGGESTIONS A quelques mois de la date fixée pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement, la situation de la mortalité maternelle à Butumba (RD Congo) demeure encore préoccupante. Le ratio de mortalité maternelle trouvé dans cette étude est très élevé par rapport à la moyenne nationale et loin de la cible fixée dans les OMD. Les principales causes sont par ordre décroissant, l’hémorragie du post-partum, les infections et l’avortement clandestin. La majeure partie des décès maternels selon cette étude est évitable si la prise en charge des principales causes est bonne. Les femmes enceintes doivent avoir accès aux soins prénataux, bénéficier de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement et recevoir des soins appropriés au cours des semaines qui suivent l’accouchement. Il est particulièrement important que toutes les naissances aient lieu avec l’assistance de Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 16 professionnels de santé qualifiés, car une prise en charge et un traitement rapide peuvent sauver la vie et contribuer ainsi à l’amélioration de la santé maternelle. La sensibilisation de la population en général et des femmes enceintes en particulier sur l’importance d’accouchement dans une structure de santé doit être renforcée. De même, un renforcement en capacité du personnel soignant sur les signes de danger en cours du travail ou dans le post-partum doit être envisagé. Cependant, la situation est encore loin d’être résolue dans la zone de santé rurale de Butumba qui compte seulement 3 médecins qui ne peuvent ni couvrir toute l’étendue, ni être joints rapidement en cas d’urgence. Néanmoins, en luttant contre les accouchements à domicile, l’on assistera à une réduction sensible des cas de la mortalité maternelle dans ce lieu. REFERENCES 1. BAD, OMS, UA, PNUD. Evaluation des progrès accomplis en Afrique dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, Rapport OMD 2011, p53 2. OMS. Maternité sans risque, No 18 1995, p3 3. Mukendi et al. 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Underreporting of pregnancy-related mortality in the United states of America and europe. Obstet Gynecol.2005;10: 68492. 10. OMS et UNICEF, Mortalité maternelle en 2005. Estimations établies par l’OMS, l’UNICEF, le FNUAP et la Banque mondiale. Genève, 2007 Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 17 11. Programme National de la Planification Familiale RDC, Informations clés sur la RDC, Fiche Pays, 2012 12. RDC, Rapport national OMD. Evaluation des progrès accomplis par la RDC dans réalisation des objectifs du millénaire pour le développement en 2014, Septembre 2014. 13. Wembonyama S, Mpaka S, Tshilolo L. Médecine et santé en République Démocratique du Congo : De l’indépendance à la troisième république. Med Trop2007 ; 67 : 447-457 14. Banque Mondiale, santé et pauvreté en République Démocratique du Congo : Analyse et Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté. Rapport d’Etat Santé et Pauvreté. Version provisoire 2, 13 mai 2005 15. Gros M-J. Une mortalité maternelle encore évitable. 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UNIKAM 19 ANALYSE DU SYSTEME DE REFERENCE DANS LA ZONE DE SANTE DE KAYAMBA, PROVINCE DU KATANGA (RD.CONGO) Ngongo K.A1*,Kabamba N.M**, Chenge M.F***, Luboya N.0*** RESUME Une étude descriptive transversale a été effectuée sur les données de la référence et de la contre référence de l’année 2009 entre les formations sanitaires du premier échelon de la zone de santé(ZS) de Kayamba et son HGR à PCA déficitaire. A l’issue du travail, il a été montré que le système de référence est plus affecté par la longue distance à parcourir et le manque de soutien à l’HGR que par la qualité des soins et la disponibilité des médicaments. De cette situation résultent les dysfonctionnements d’ordre organisationnel, géographique, culturel et technique. .ABSTRACT A cross-sectional descriptive study was performed on the data of the reference and the reference against 2009 between the first level health facilities in the area of health and Kayamba HGR to PCA deficit. After work, it was shown that the reference system is more affected by the long distance and the lack of support in the HGR than by quality of care and availability of medicines. This situation results malfunctions organizational, geographical, cultural and technological recognized health center to the hospital. I. INTRODUCTION Le système de référence a été conçu pour servir de complément au principe des soins de santé primaires, qui consiste à traiter les gens à un premier niveau de soins aussi près que possible de leur habitation, avec toute la compétence nécessaire 1 .C’est dans ce contexte que l’offre de soins dans tous les systèmes de santé, s’organise en réseau et de manière pyramidale avec au plus bas de l’échelle, les établissements des soins de santé de base qui fournissent des prestations de premier contact et graduellement, les établissements de recours qui fournissent, quant à eux, des soins complémentaires adéquats 2. Le développement d’un tel réseau, offre la garantie d’améliorer la prise en charge des individus durant tout leur parcours dans le système, car nombre des malades sont peu ou pas satisfaits des premières prestations fournies par les structures de premier recours. Ainsi, quand le patient est rapproché de son système de santé, sa circulation à l’intérieur de ce réseau en quête de soins adéquats, continus et efficaces met en * Médecin chef de zone de kayamba, e-mail : [email protected] ** Université de Kamina, Faculté de Médecine, Département de santé publique *** Université de Lubumbashi, Faculté de Médecine, Département de santé publique Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 20 exergue un mécanisme de dialogue et de concertation entre les prestataires des deux niveaux hospitaliers sur la co-utilisation des moyens. Il s’agit du système de référence et contre référence, valorisé par les prestataires eux-mêmes avec ou sans la coordination d’un organe neutre. Il répond au souci de délégation des tâches qui requiert au préalable des instructions clairement définies. Le système de référence est donc un moyen qui permet une meilleure continuité des soins des patients et une plus grande intégration des services dans le système. Cette activité est fixée à 10% par le ministère national de la santé en RD. Congo3, au moment où la zone de santé de Kayamba n’a réalisé qu’un taux de 1,3% pour l’année 2009. (SNIS BCZ 2009). De ce fait, il s’avère important d’analyser ce système et d’identifier les facteurs de faible taux de référence afin d’améliorer la qualité de soins des patients dans ladite zone de santé. Tel est l’objectif général poursuivi dans cette étude. En outre, les objectifs spécifiques qui en découlent sont : déterminer le nombre des malades référés arrivés à l’HGR et des malades contre référés ainsi que les facteurs qui influencent le taux de référence et contre référence ; ressortir les patients perdus de vue et proposer les mécanismes pour améliorer le système de référence et contre référence. II. MATERIEL ET METHODE 2.1. Type d’étude Il s’agit d’une étude descriptive transversale qui a été effectuée dans la zone de santé de Kayamba en 2009. 2.2. Sites d’enquête, populations et critères d’inclusion La zone de santé(ZS) de Kayamba est située dans le district sanitaire du Haut-Lomami, province du Katanga, en République Démocratique du Congo. Créé en 2003, la zone comprend 13 Aires de santé, une population totale de 84981 habitants, une superficie de 4000Km² et un hôpital général de référence qui a 16 lits montés. Les quatre services traditionnels sont mal organisés et 60% des locaux de cette zone sanitaire sont en chaumes. Elle est limitée au Nord par la zone de santé de Kalonda Est, au Sud par la zone de santé de Songa, à l’Est par la zone de santé de Kabongo et à l’Ouest par les zones de santé de Kanyama, au Katanga et de Ngandajika au Kasaï Oriental. Le travail a porté sur 12 centres de santé (CS) opérationnels en 2009, et à l’hôpital général de référence de Kayamba. Dans chaque centre de santé, l’analyse a porté sur les malades référés, les outils de référence et contre référence de l’année 2009. Ont été inclus dans l’étude tous les patients référés vers l’hôpital et contre référés vers les centres de santé en 2009. Vol. XIV, n°1, juin 2015 21 Ann. UNIKAM Le questionnaire et la revue documentaire ont été retenus comme techniques de collecte de données pour cette étude. Ces dernières ont été traitées et analysées sur un support informatique en utilisant le logiciel Epi info. Version 3.5.3. et Excel 2007. III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats 3.1.1. Référence par centre de santé Tableau I. Nombre des malades référés vers les douze centres de santé Nom du centre de santé Effectif Pourcentage Kafuku Kahako Kalamba Kayi Kibila Kisaho Lwamba Sakadi Lufuishi Mombela Muala Mudindua Nsulo a loa 40 33 26 13 23 12 51 19 10 15 49 16 13,03 10,75 8,47 4,23 7,49 3,91 16,61 6,19 3,26 4,89 15,96 5,21 Total 307 100,00 Quatre centres de santé, CS Luamba Sakadi, Mudindwa, Kafuku et Kahako, ont envoyé 56% des patients à l’Hôpital Général avec les fréquences respectives de 16,61% ; 15 ,96% et 13,03% et 10,75%. Pour les huit autres restants, les taux oscillent entre 3,91% et 8,47%. Vol. XIV, n°1, juin 2015 22 Ann. UNIKAM 3.1.2. Patients référés des CS et arrivés à l’HGR Tableau II. Répartition des patients référés et reçus à l’ HGR Centres de santé Kafuku Kahako Kalamba Kayi Kibila Kisaho Lwamba. Sakadi Lufuishi Mombela Muala Mudindua Nsulo a loa Total ZS Malades référés à l’HGR 40 33 26 13 23 12 51 19 10 15 49 16 Malades arrivés à l’HGR 19 1 4 0 19 3 21 1 1 0 5 3 Taux des arrivés à l’ HGR % 47 ,5 3,0 15,3 0 82,6 25 41,1 5,2 10 0 10 18,7 Taux des perdus de vue en % 52,5 96,9 84,6 100 17,3 75 58,8 94,7 90 100 89 81 307 77 25 74,9 Le principal renseignement qui se dégage du tableau 2 est que seuls 25% des patients référés sont arrivés à l’HGR, soit un taux de perdus de vue de 75%. Par ailleurs seuls les malades en provenance du CS Kibila se sont présentés massivement à l’HGR avec un taux de 82,6%. Pour les CS Kafuku et Lwamba Sakadi, on a enregistré respectivement un taux de présence à l’HGR de 47,5% et 41,1%. Ailleurs ce taux variait entre 0% (CS Kayi et Muala) et 25% (CS Kisaho). Compte tenu du faible taux de non présentation à l’HGR ainsi enregistré, nous avons étendu nos investigations à la recherche des causes pouvant justifier une telle situation (tableau III). Vol. XIV, n°1, juin 2015 23 Ann. UNIKAM Tableau III. Obstacles à la référence vers l’HGR Facteurs de démotivation du patient Effectif Pourcentage Longue distance à parcourir pour atteindre l’HGR 288 12,69 Refus de la famille (absence du mari ou d’un responsable) Mauvais accueil des infirmiers à l’HGR 191 8,42 167 7,36 HGR non équipé, bâtiment en chaume 197 8,68 Trop d’attente avant d’être consulté et soigné 177 7,80 219 9,65 96 4,23 Manque de soutien à l’ HGR (pas de famille sur place) Difficultés d’accéder à l’HGR (marais, rivières) 283 12,47 147 6,48 Prix exorbitant des soins à l’HGR 218 9,61 Préférence centre privé (moins coûteux, moins d’administration) Peur de l’opération à l’ HGR Qualité de soins Médicaments non disponibles 97 4.28 189 8.33 Total 2269 100 La longue distance (12,69 %) et le manque de soutien à l’HGR (12,47%) ont été les facteurs de démotivation qui venaient en première position, alors que la qualité des soins (4,28%) et la peur pour l’opération à l’HGR (4,23%) affectaient peu la référence des malades. 3.2. Discussion Quatre centres de santé (Mudindua, Lwamba Sakadi, Kahako et Kafuku) sur douze ont envoyé plus de patients (56%) à l’HGR que les huit autres restants. Ce fait pourrait notamment s’expliquer par la capacité des infirmiers titulaires de ces centres à persuader leurs patients à accepter la référence vers l’HGR en raison de son plateau technique plus outillé .4 Si 25% seulement des patients référés sont arrivés à l’HGR , ceux-ci attribuent cette situation, dans environ 70% des cas à sept causes principales , à savoir : la longue distance à parcourir pour atteindre l’HGR (12,7%), le Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 24 manque de soutien familial (12,5%) , la préférence des centres de santé privés moins coûteux avec peu des contraintes administratives (9,7%), le prix exorbitant des soins à l’HGR (9,6%), l’absence de certains équipements à l’HGR et de sa toiture en chaume (8,7%), le refus de la famille (8,4%) et la non disponibilité des médicaments (8,3%). Les raisons ainsi avancées corroborent les résultats des études antérieures similaires réalisées au Bénin, en Ouganda et au Cameroun 5,6,7 En outre, en comparant la distance séparant d’une part, plusieurs de ces centres de santé et l’HGR Kayamba (60 Km) et d’autre part, celle les séparant de l’HGR Kalonda, au Kasaï Oriental (5 Km), l’on s’aperçoit que les centres de santé les plus éloignés de l’HGR Kayamba ont enregistré très peu des malades arrivés à l’HGR Kayamba. C’est le cas notamment des centres de santé de Mwala, Kahako, et Mombela où il faut 45 minutes et une journée de marche pour atteindre respectivement l’HGR Kalonda et l’HGR Kayamba. Ces résultats s’accordent avec ceux de Laloé (1998) 9 et de Ngal (2004) 10 en matière des itinéraires thérapeutiques et sur les parcours des patients d’un établissement de soins de 1er échelon vers l’établissement de 2ième échelon. De même , les taux élevés d’arrivée à l’HGR des patients en provenance de centres de santé de Kibila (82,6%), Kafuku (47,5%) et Luamba Sakadi (41,1%) se justifient par le fait que toutes ces structures sont à moins de 40 Km de l’HGR Kayamba , ce qui facilite le déplacement de la population vers l’HGR 11. En plus, ces structures sont reliées à l’HGR par un réseau des routes en état acceptable. CONCLUSION La référence des patients du premier échelon vers le deuxième échelon dans la ZS de Kayamba, comme partout ailleurs, présente certes des dysfonctionnements aussi bien du point de vue organisationnel, culturel que technique. Nous avons montré dans cette étude, en raison notamment de la longue distance séparant les centres de santé de l’HGR Kayamba et du manque de soutien familial en matière financière, que 25 % seulement des patients référés à l’HGR sont arrivés dans ce site hospitalier. En comparant nos résultats à ceux des de la littérature relatifs aux itinéraires thérapeutiques des patients d’un établissement de soins de 1er échelon vers celui du second échelon dans les pays en développement, nous avons abouti à une concordance de vues en ce qui concerne les causes qui empêchent les patients d’accéder aux soins appropriés dans les hôpitaux outillés. Ainsi, nous suggérons, au gouvernement national et au ministère de la Santé, que le découpage des ZS tienne à la fois compte des critères politico Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 25 administratives, certes, mais aussi des aspects géographiques, démographiques, et socio culturels. Au gouvernement provincial du Katanga, nous recommandons l’initiation rapide d’un projet de cantonage manuel pour rendre accessible les routes dans la chefferie de Kayamba. REFERENCES 1. 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Afsar A, Qureshia F, Factors affecting Unsuccessful Referral by the Lady Health Workers in Karachi, Pakistan, Journal of Pakistan Medical Association, (Services Development, Department of Community Health Sciences, The Aga Khan Universityb, Karachi and Department of Public Health, Karachi, Pakistan, 2003. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM Vol. XIV, n°1, juin 2015 26 Ann. UNIKAM 27 PREVALENCE DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIRUS DE L’IMMUNO DEFICIENCE HUMAINE DANS LA VILLE DE KAMINA (Cas du Centre Méthodiste de Dépistage et de Traitement de Kamina) Ngoy K.V, Nshimba Wa N.R, Kembo N.L, Mwepu Wa K.J*, Tshey P., Kabamba N.M* RESUME Il est rapporté dans cette étude réalisée au Centre Méthodiste de dépistage et de Traitement du VIH à Kamina, Province du Katanga, RD Congo, 48 cas de la tuberculose sur un effectif de 202 personnes ayant développé le VIH, soit 23,8%. Cette étude a aussi montré que les 48 cas étaient constitués de 66,7% d’hommes, 33,3% de femmes, 25% des hommes en uniformes, 22,9% de commerçants. Par ailleurs, les sujets divorcés et ceux âgés de 19 à 45 ans constituaient les groupes les plus touchés avec une représentativité respective de 39,6% et 75%. ABSTRACT It is reported in the Methodist Center carried out screening and HIV Treatment in Kamina, Katanga Province, DR Congo, 48 cases of TB on a workforce of 202 people who developed HIV, or 23.8%. This study also showed that 48 cases were made up of 66.7% men, 33.3% women, 25% of men in uniform, and 22.9% of retailers. Furthermore, divorced subjects and those aged 19 to 45 years were the most affected groups with respective representativity 39.6% and 75%. I. INTRODUCTION Jusqu’à ce jour, l’humanité continue à faire face aux phénomènes morbides, les uns sous forme d’épidémies récurrentes et les autres sous forme des pandémies persistantes. De ces pandémies, le VIH SIDA est loin d’être maîtrisé et constitue, de ce fait, un grand défi à relever dans les objectifs du millénaire1. L’émergence de ce virus a ouvert la voie à la surgescence de l’infection par mycobacterium tuberculosis. Le VIH est le facteur de risque le plus important pour la progression de l’infection par M.Tuberculosis à la tuberculose maladie et l’infection par le VIH et le M. Tuberculoses est la première cause de décès dû à des agents infectieux 2.Les deux, tuberculose et Université de Kamina, e-mail : [email protected] Hôpital Général de référence de Kabongo Hôpital Général de référence de Kamina Coordination Lèpre et Tuberculose Katanga Centre, à Kamina Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 28 VIH, également dénommées « duo maudit », sont intimement liés à la malnutrition, au chômage, à la pauvreté, à la toxicomanie et à l’alcoolisme 3. Le VIH est connu pour augmenter à la fois le risque de réactivation chez les personnes atteintes de la tuberculose latente et celui d’épisode ultérieur de la tuberculose de réinfection exogène. Aussi, les patients atteints du VIH sont extrêmement vulnérables à la tuberculose en raison de l’affaiblissement de leur système immunitaire et celui-ci est actuellement leur tueur numéro un3. Constituant un problème majeur de santé publique, la Co infection tuberculose et VIH est venue complètement modifier les belles courbes de régression de la tuberculose 4. Il est rapporté dans la littérature qu’un décès par tuberculose sur quatre est lié au VIH, c’est-à-dire une proportion deux fois plus élevée qu’avant. En 2007, 1,37 millions de nouveaux cas de tuberculose ont été enregistrés chez les personnes infectées par le VIH ainsi que 456000 décès 5. L’incidence de cette Co infection est croissante en particulier dans les régions sub sahariennes et le Sud- Est Asiatique avec respectivement près de 2 millions et 250.000 des cas annuels. Les deux infections interagissent l’une sur l’autre, ce qui aggrave le pronostic et augmente la mortalité de ces patients 5 En RDC, cette situation de la Co infection tuberculose et VIH demeure préoccupante car l’entrée du programme national de lutte contre la tuberculose sur le marché du VIH est perçu comme menaçante et fondée sur des valeurs différentes : VIH, droits et exceptionnalisme, tuberculose, devoirs et spécificités, mais avec les objectifs similaires. Parmi les nouveaux cas de la tuberculose, on estime que 24% sont infectées par le VIH et que sur les 36000 personnes qui meurent chaque année de la tuberculose en RDC, 28% sont attribuables au VIH 6 Dans la cité de Kamina, l’existence de la tuberculose associée à l’immuno dépression au VIH est restée longtemps méconnue suite à la non existence d’un centre de prise en charge pouvant permettre une bonne corrélation entre les deux éléments de ce duo franchement maudit. C’est ainsi qu’avec l’implantation du Centre Méthodiste de Dépistage du VIH et du traitement, nous avons estimé nous fixer comme l’objectif, au cours de cette étude, la détermination de la tuberculo prévalence chez les sujets atteints du VIH/SIDA, tout en ayant le souci d’aviser l’œil du Clinicien afin de ne pas passer outre ce diagnostic. II. MATERIELS ET METHODES Nous avons réalisé une étude descriptive transversale rétrospective sur la prévalence de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Cette Vol. XIV, n°1, juin 2015 29 Ann. UNIKAM étude a été menée au Centre de Dépistage et de Traitement du VIH de l’Eglise méthodiste de Kamina, province du Katanga, RD CONGO, pour la période allant de Janvier 2010 à Décembre 2011. L’étude s’est intéressée uniquement aux personnes vivant avec le VIH ayant consulté ce centre au cours de la période précitée et notre échantillon a été exhaustif. Ont été inclus dans cette étude, tous les sujets ayant consulté le CDV méthodiste dont le diagnostic du VIH/SIDA a été posé et dont la tuberculose sans discrimination topographique, a été l’une des infections opportunistes associées. Par contre, ont été exclus de cette étude, tous les sujets ayant consulté le CDV méthodiste mais dont les fiches ne contenaient pas les renseignements complets pouvant servir dans cette étude. La récolte des données s’est faite sur base des fiches de récolte pré établies, des registres et des rapports mensuels des activités du CDV. Les données recueillies ont été encodées, saisies, traitées et analysées à l’aide du logiciel Excel 2003 pour la présentation des variables sous forme des graphiques et du logiciel Epi-info 3.3.2 ( version 2005) au seuil de 5%. Le sexe, la catégorie socio-professionnelle, l’âge, l’état civil et la provenance ont constitué les variables retenues. III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats Tableau I. Détermination de la tuberculo prévalence chez les personnes vivant avec le VIH (PVV) TBC associée OUI NON TOTAL Effectifs 48 154 202 Pourcentage 23,8 76,2 100 Au regard de ce tableau, sur un effectif de 202 personnes vivant avec le VIH, 48 ont développé la tuberculose soit 23,8% et 154 ne l’ont pas développé, soit 76,2%. Vol. XIV, n°1, juin 2015 30 Ann. UNIKAM Tableau II. Distribution de la tuberculo prévalence chez les PVV selon le sexe, l’âge et l’état civil Variables Effectif SEXE F M TOTAL AGE ≤ à 18 ans 19-45 ans ≥ 46 ans TOTAL ETAT CIVIL Célibataires Mariés Divorcés Veufs TOTAL TBC associée NON OUI Pourcentage 117 85 202 101 53 154 16 32 48 33,3 66,7 100 14 144 44 202 11 108 35 154 3 36 9 48 6,3 75 18,7 100 69 74 36 23 202 62 65 17 10 154 7 9 19 13 48 14,6 18,7 39,6 27,1 100 De l’analyse du tableau II ressort que sur les 48 personnes ayant fait la tuberculose, 32 sont du sexe masculin (66,7%), 36 ont un âge oscillant entre 19 et 45 ans (75%), 32 cas correspondent aux divorcés (19 cas, soit 39,6%) et veufs (13 cas, soit 27,1%) Tableau III. Distribution de la tuberculo prévalence chez les PVV selon les catégories socio-professionnelles Catégories socioprofessionnelles Elèves et Etudiants Fonctionnaires de l’Etat Commerçants Hommes en uniformes Cultivateurs Sans profession TOTAL Effectif 32 17 45 41 28 39 202 TBC associée NON OUI 29 3 11 6 34 11 29 12 19 9 22 7 154 48 Pourcentage 6,2 12,5 22,9 25 18,8 14,6 100 De la lecture de ce tableau ressort que sur les 48 tuberculeux vivant avec le VIH, les hommes en uniformes et les commerçants sont les plus atteints avec Vol. XIV, n°1, juin 2015 31 Ann. UNIKAM une proportion respective de 25% et de 22,9%. Mais les élèves et les étudiants atteints du VIH n’ont développé la tuberculose qu’à la proportion de 6,2%. Tableau IV. Distribution de la tuberculo prévalence chez les PVV selon la provenance Provenance Effectif Base Militaire Q. Bel air Q. Centre Urbain Q. R.V.A Q. 14 Q.82 Q. 52 Q. 53 Q. 64 Q. Katuba Q. Congo Hors Kamina Total 14 TBC Associée Non Oui 7 7 Pourcentage 14,6 3 30 3 21 0 9 0 18,8 6 8 29 22 22 7 45 5 11 202 5 7 25 17 21 4 34 3 7 154 1 1 4 5 1 3 11 2 4 48 2,1 2,1 8,3 10,4 2,1 6,2 22,9 4,2 8,3 100 Sur l’effectif de 48 personnes ayant contacté la Co infection VIH-tuberculose le tableau IV démontre que les sites de provenance correspondant aux effectifs les plus élevés sont le Quartier Katuba avec 11cas, soit 22,9%, le Quartier centre urbain avec 9 cas, soit 18,8%, et la base militaire de Kamina (BAKA) avec 7 cas, soit 14,6%.Ces trois sites représentent à eux seuls 56,3% de l’effectif total. 3.2. Discussion L’analyse du tableau I relatif à la détermination de la tuberculo prévalence chez les personnes vivant avec le VIH (PVV) a démontré que sur l’effectif de 202 personnes atteintes du VIH ,48 ont développé la tuberculose, soit 23,8%. Cette situation s’explique par le fait que les PVV présentent un risque accru de développer une tuberculose évolutive en raison de l’effondrement de leur système immunitaire7,8. Le taux ainsi enregistré s’accorde avec celui rapporté dans la littérature par Nump, Williams et coll. où il est mentionné 24% de Co infection VIH-tuberculose 6. La distribution de la tuberculose chez les PVV en fonction du sexe a indiqué que sur l’ensemble de 48 PVV ayant développé la tuberculose, 32 sont du sexe masculin soit 66,7% contre 16 qui sont du sexe féminin soit 33,3% Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 32 (Tableau II). Ce résultat est en contradiction avec celui présenté par Hygens Rusiga Mayagwaziri à Goma : 42,2% chez les hommes et 57,8% chez les femmes 5. Il apparaît de plus en plus que la prédominance de tel ou tel autre sexe dans la tuberculo prévalence chez les PVV est aussi accentuée par les conditions socio-économiques basses9. Il a été également observé dans le même tableau II que sur les 48 PVV ayant développé la tuberculose, la tranche d’âge de 19 à 45 ans occupe la première position avec 75%. Étant donné l’intensité de l’activité sexuelle à cette tranche d’âge, il devient aisé de comprendre l’exposition à l’infection au VIH et à la tuberculose comme infection opportuniste associée12, 13. Contrairement aux résultats du Mali, rapportés par Mbena Cécile Tatiana, montrant que la prévalence de la tuberculose au cours de l’infection à VIH est plus élevée chez les mariés et les célibataires que chez les divorcés et les veufs14, les nôtres placent à l’avant plan les deux dernières catégories avec les taux respectifs de 39,6%, et de 27,1%. Par ailleurs nos résultats tendent à corroborer les données de l’OMS qui classent ces catégories sociales parmi les groupes vulnérables au VIH et à la Co infection à la tuberculose15. Il ressort du tableau III que la prévalence de la tuberculose chez les PVV est beaucoup plus élevée chez les hommes en uniformes et les commerçants, respectivement 25% et 22,9%. Ceci résulterait du fait que ces deux catégories socio professionnelles, de par leur mouvement permanent lié à leur métier, constituent un groupe à haut risque d’infection au VIH-tuberculose comme l’ont souligné Banerjee A. et coll. au Malawi 10. Si ces résultats sont aussi dans la fourchette proche de ceux présentés par Hygens R.M. et coll. qui ont attribué la Co infection VIH-TB à 25,4% de commerçants5, par contre ils s’éloignent de ceux de Rakotondramarina et coll. au Madagascar où les taux les plus élevés de la Co infection VIH-TB a concerné les sujets sans professions (35%) et les cultivateurs (32%) 11. Ici aussi, l’aspect socio-économique ci-dessus évoqué, entre en ligne de compte. L’examen du dernier tableau a mis en évidence trois sites d’habitation sur les douze concernés par cette étude et où la prévalence de la tuberculose chez les PVV est la plus forte : le Quartier Katuba (22 ,9%), le Quartier centre urbain (18,8%), la BAKA (14,6%). En outre, le quartier Bel air n’a présenté aucun cas de Co infection, soit 0%. Pour tenter d’interpréter ces résultats, plusieurs raisons peuvent être considérées. D’une part, pour les raisons que l’on connaît, la BAKA constitue naturellement un site à haut risque en matière de sexualité. D’autre part, les quartiers Katuba et Centre Urbain se caractérisent entre autres choses par leur poids démographique. En plus, ils sont les mieux sensibilisés en matière de dépistage volontaire. A ceci s’ajouterait une caractéristique particulière à chacun de ces deux quartiers. A Kamina, les méfaits des milieux Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 33 urbains et ruraux sont respectivement les plus ressentis dans les quartiers centre urbain et Katuba. CONCLUSION Nous venons de rapporter dans cette étude une prévalence de la tuberculose de 23,8% chez les personnes vivant avec le virus de l’immuno déficience humaine. Sur un effectif de 48 personnes vivant avec le VIH ayant développé la tuberculose, les hommes représentaient 66,7% et les femmes 33,3%. Il a été aussi mis en évidence que les hommes en uniformes et les commerçants constituaient les catégories socio-professionnelles les plus Co infectées, respectivement avec 25% et 22,9%. En outre, la tranche d’âge comprise entre 19 et 45 ans était la plus Co infectée avec 75% des cas. En matière d’état civil, les résultats enregistrés ont placé les divorcés et les veufs à l’avant plan par rapport aux mariés et célibataires avec des proportions de Co infection respectives de 39,6% et 27,1% contre 18,7% et 14,6%. En considérant les lieux d’habitation des sujets Co infectés, trois sites ont présenté les taux les plus élevés dans la cité de Kamina : le Quartier Katuba, avec la proportion de 22,9%, le, Quartier centre urbain avec 18,8%, et la Base militaire avec 14,6% des cas. L’intérêt du sujet abordé se passe de commentaires. Voilà pourquoi il est important d’étendre les investigations dans d’autres sites hospitaliers du HautLomami en vue de recueillir les données analogues à celles que nous venons de présenter. REFERENCES 1. Mwepu wa K.J. ; Impact des antirétroviraux de première ligne chez les personnes vivant avec le VIH/SIDA ; Travail de fin de cycle présenté et défendu en vue de l’obtention du grade de gradué en sciences Biomédicales ; Université de Kamina ; 2012 ; p. 2. 2. Decarvalho B.M. ; Monteiro A.J. et al. ; Facteurs liés au VIH/TB Co infection dans un Hôpital de Référence au Brésil. BJID. ; 2008; 12(4), pp 281-286. 3. 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UNIKAM LES CANCERS GYNECOLOGIQUES A LUBUMBASHI : UNE REVUE DE 257 CAS DIAGNOSTIQUES ANATOMOPATHOLOGIQUEMENT DE 2000 A 2012 Kyabu K.V, Mwenze M D*, Ilunga N.J*. RESUME Dans cette étude transversale réalisée à partir de 4 laboratoires d’Anatomie Pathologique de Lubumbashi, de 2000 à 2012, 257 femmes porteuses d’un cancer gynécologique confirmé histologiquement ont été retenues dans l’étude et les paramètres qui ont été considérés sont: l’âge des femmes, le site de localisation ainsi que le type histopathologique du cancer gynécologique. A l’issue des investigations, il a été mis en évidence les faits suivants : l’âge moyen des patientes s’élevait à 45,7 ± 10,8 ans, la prédominance des cancers du col de l’utérus (40,1%) et du sein (38,9%), le carcinome comme tumeur la plus représentée (90,7%). ABSTRACT In this cross-section study conducted using data collected in four pathology laboratories of Lubumbashi from 2000 to 2012, 257 womens with gynecologic cancer with a histologically confirmed were included in the study and the parameters that were considered are : women age, the localisation of site and histopathological types of gynecological cancer. After investigations, it was demonstrated the following facts : The average of patients was 45.7±10.8 years, the prevalence of cancers of the cervix (40.1%) and the breast (38.9%) and carcinome was found to be the most represented tumor (90.7%). I. INTRODUCTION Le cancer reste jusqu’à ce jour une pathologie de pronostic sombre dans la plupart des pays en développement. Le mauvais pronostic est dû au manque d’information suffisante sur la pathologie, au retard de consultation de la part du malade ou de sa famille, ou du manque d’une prise en charge adéquate, à l’inexistence quasi criante des services de cancérologie ainsi qu’au non existence d’une politique de dépistage1. La République Démocratique du Congo n’est pas en marge de ces points précités et de façon particulière, la province du Katanga fait face à cette situation déplorable. Etant donné que la pathologie cancéreuse gynécologique est justifiée par sa fréquence de par le monde2, la présente étude a pour objet la détermination du diagnostic histologique des cancers gynécologiques à Lubumbashi. Cliniques Universitaires de Lubumbashi, Laboratoire d’Anatomie Pathologique, e-mail : [email protected] Vol. XIV, n°1, juin 2015 36 Ann. UNIKAM II. MATERIELS ET METHODE Il s’agit d’une étude descriptive transversale réalisée à partir de 4 laboratoires d’Anatomie Pathologique de Lubumbashi de 2000 à 2012. D’une façon exhaustive, 257 femmes porteuses d’un cancer gynécologique confirmé histologiquement étaient retenues. Les paramètres d’étude étaient l’âge, la localisation ainsi que le type histopathologique du cancer. Les cancers étaient groupés suivant les localisations ci-après : vulve et vagin, col utérin, endomètre, myomètre, ovaire, sein et tumeurs trophoblastiques. Les analyses statistiques obtenues III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats L’âge moyen des patientes était de 45,7 ± 10,8 ans, oscillant entre les extrêmes de 14 et 76 ans. Sur les 257 patientes, 21, soit 8,2% n’avaient pas d’âge précisé. Le cancer a été plus retrouvé chez la femme de plus de 30 ans avec une fréquence élevée dans la tranche d’âge de 41 à 50 ans où il représentait 37,3 % des cas. Tableau I. Répartition des malades en fonction de l’âge Ages (ans) 11-20 21-30 31-40 41-50 51-60 61-70 71-80 Total Effectif (ni) 5 9 38 88 65 23 8 236 Fréquence (%) 2,1 3,8 16,1 37,3 27,5 9,8 3,4 100 Quant à la localisation, la figure 1 montre une nette prédominance des cancers du col (40,1%) et du sein (38,9%) de celui de l’endomètre (10,5%). Les autres localisations (myomètre, ovaires, vulve et vagin, trophoblaste) représentent ensemble 10,5% de cas. Vol. XIV, n°1, juin 2015 37 Ann. UNIKAM Figure 1 : Localisation des cancers gynécologiques Le carcinome a été la tumeur la plus retrouvée (89,5%) par rapport au sarcome et aux tumeurs trophoblastiques qui ont compté chacun 3,9%. Les tumeurs secondaires et indifférenciées ont été rencontrées dans une faible proportion ; respectivement 1,2% et 1,5% (figure 2). Vol. XIV, n°1, juin 2015 38 Ann. UNIKAM Figure 2 : Diagnostic histologique des cancers gynécologiques 3.2. Discussion Plusieurs études africaines, notamment celles d’Ugwe 3 et d’Amegbor4, montrent une moyenne d’âge de diagnostic au-delà de 40 ans. Cette observation est en accord avec notre série où la tranche la plus concernée était 41 à 50 ans. L’âge de survenue des cancers gynécologiques fréquemment rencontré, notamment celui du sein, du col utérin, de l’endomètre ainsi que le manque de programme de dépistage des cancers gynécologiques justifierait l’âge avancé de diagnostic dans la plupart des pays Africains 5. En ce qui concerne la prédominance des cancers du col (40,1%) et du sein (38,9%), nos résultats rejoignent ceux trouvés dans des études antérieures en RDC, dans certains pays africains et dans le monde 6, 7. Cependant, d’autres études comme celles d’Amegbor et coll. 4 au Benin rapportent plutôt une prédominance du cancer de sein (44,3%) sur celui du col utérin (26,7%). Cette dispute de place pour les deux sites pourrait s’expliquer par l’intérêt particulier du clinicien pour l’un ou l’autre site dans ces différentes contrées. De même, la large domination du carcinome par rapport aux autres types histologiques apparait également dans la littérature 7, 8. Il est en outre signalé que ce type de cancer est fréquent chez l’adulte 9, 10. Par contre, il a été observé dans certaines régions une prédominance des tumeurs trophoblastiques et ovariennes avant l’âge de 30 ans 3. Conclusion Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 39 La revue de 257 cas des cancers gynécologiques diagnostiqués anatomopathologiquement dans quatre laboratoires de la ville de Lubumbashi a mis en évidence le fait que les tumeurs gynécologiques sont réelles dans notre milieu. Les femmes les plus concernées étaient âgées de 31 à 60 ans (81%) et présentaient le taux le plus élevé dans la tranche oscillant entre 41 ans et 50 ans (37,3%). Les cancers du col et sein étaient les plus observés (79%), tandis que le carcinome constituait le type histologique dominant (90,7%), comme partout ailleurs. Voilà pourquoi la mise sur pied d’un programme de dépistage permettrait de réduire l’âge de diagnostic. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Jemal, A., Bray, F., Forman, D., O’Brien, M., Ferlay, J., Center, M., & Parkin, D. M. Cancer burden in Africa and opportunities for prevention. Cancer, 2012, 118(18), 4372–84. 2. OMS, 2013. 3. -gwu, EO., Iferijigwe, ES., Okeke, TC, Ugwu AO, Okezie OA, Agu PU. Pattern of gynaecological cancers in University of Nigeria Teaching Hospital, Enugu, south eastern Nigeria. Niger J Med.; 2011, 20(2):266-9. 4. Amégbor K, Alfa AK, Darré T, Napo-koura GA, Akpadza K. Epidemiological and pathological aspects of the gynecological and mammary cancers. Togo Med. Trop., 2011, (Mars), 71(5):451-3. 5. Tavassoli, Devilee. Tumours of the breast and female genital, WHO classification of tumours. 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Ngoy K.C, Kasongo M.J, Kalonji L.R**, Atiya m.C****, Buntu K.B*****, Monga B.B RESUME L’objectif de la présente étude était de déterminer les différents problèmes liés à la gestion de l’eau dans les ménages de la cité de Kamina. A l’aide d’un échantillon constitué de 426 ménages tiré aléatoirement d’une population cible de 2.664 ménages, les résultats enregistrés ont révélé que la quantité d’eau utilisée par jour, par un ménage était faible au regard de besoins multiples de ce dernier : 360(84,5%) utilisaient moins de 180 litres d’eau, quantité inférieure à celle d’un fût de 200 litres. Seuls 13,6% de l’effectif total dépassaient quotidiennement 170 litres. Par contre, les sujets des 8 ménages restants (1,9%) ignoraient la quantité utilisée par jour. Par rapport aux principales sources d’approvisionnement en eau, il s’est dégagé que 216 ménages, soit 50,7%, consommaient l’eau de robinet et 28 ménages, soit 6,6%, recouraient aux puits à pompe. Pour y accéder, 211 ménages (42,5%) parcouraient la distance en moins de 30 minutes, 147 ménages (34,5%) en30 minutes et 68 ménages (16,0%) ignoraient le temps qu’ils consacraient à la recherche d’eau. Quant au traitement de l’eau de boisson avant sa consommation, dans 372 ménages (87,3%) aucun traitement n’était préconisé. ABSTRACT The objective of this study was to determine the various problems related to the management of water in households in the city of Kamina. Using a sample of 426 households randomly drawn from a target population of 2,664 households, the recorded results revealed that the amount of water used per day per household was low compared to the multiple needs of this last: 360 (84.5%) used less than 180 liters of water, an amount less than that of a 200 liter drum. Only 13.6% of the total exceeded 170 liters daily. For cons, the subjects of the 8 remaining households (1.9%) were unaware of the amount used daily. Against the major sources of water supply, they emerged as 216 households, or 50.7%, consumed tap water and 28 households, or 6.6%, were using to pump well. To access it, 211 households (42.5%) traveled the distance in less than 30 minutes, 147 households (34.5%) in 30 minutes and 68 households (16.0%) were unaware of the time they spent in search water. As for the treatment of drinking water before consumption in 372 households (87.3%) no treatment was recommended Université de Kamina, Ecole de Santé Publique, e-mail : [email protected] Chercheur indépendant Université de Lubumbashi, Ecole de Santé Publique **** Bureau Central de la zone de Santé de Kamina ***** Association Batwa Bemba de Kamina Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 42 I. INTRODUCTION L’eau couvre 71% de la terre, c’est elle qui donne à notre planète sa teinte bleutée si caractéristique lorsqu’on la voit de l’espace. Elle représente un volume de 1400 millions de Km 3 (hydrosphère). Même si dans certaines régions favorisées du monde l’eau semble abondante, environ 97,5% de l’eau de la planète se trouve dans les océans et cette eau-là est trop salée et pour les êtres vivants 2,5% seulement d’eau douce reste disponible1.Voilà pourquoi les spécialistes soutiennent que les réductions des réserves d’eau douces engendreraient un nombre croissant des conflits dans les années à venir car « depuis 1000 ans, tous les Jeudis midis, un tribunal unique en son genre siège à Valence en Espagne, il est chargé de régler les litiges relatifs à l’eau2. Une gestion durable, efficace et équitable de l’eau dans les villes s’impose actuellement dans le monde. Ainsi la journée mondiale de l’eau qui se célèbre tous les ans le 22 Mars a pour but d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau douce et de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce 3,4. Si dans les pays développés, la consommation est de loin plus importante que dans ceux en développement. Là, les secteurs les plus sollicités sont notamment le refroidissement des centrales énergétiques, l’agriculture, les consommations domestiques diverses5,6. Pour lutter contre cette grande sollicitation en eau, quelques pays, comme la Belgique, recourent à l’utilisation de l’eau de pluies et réalisent ainsi une économie significative sur les postes lessives, nettoyages, jardins et latrines7. Dans les pays en développement, les problèmes liés à l’eau sont similaires et concernent les difficultés d’accéder à l’eau potable et à l’eau destinée à d’autres usages domestiques se traduisant par des grandes distances entre les domiciles et les sources d’approvisionnement ; la rareté de cette denrée vitale entraînant entre autres l’usage des latrines rudimentaires et la grande fréquence des pathologies hydriques telles les diarrhées, surtout chez les enfants8-11. Cet état des choses corrobore ce que Louis Pasteur avait coutume de dire : « nous buvons 90% de nos maladies »12. La présente étude a pour objectif général de déterminer les différents problèmes liés à la gestion de l’eau dans les ménages au quartier 52 de la cité de Kamina. Nous nous sommes assignés comme objectifs spécifiques l’identification des problèmes liés à la source d’approvisionnement et au stockage de l’eau potable à domicile, au mode de traitement de l’eau de Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 43 boisson, à la nature des récipients de stockage et de puisage de l’eau pouvant être à la base des maladies diverses d’origine hydriques. II. MATERIEL ET METHODES 2.1. Population d’étude et échantillonnage Il s’agit d’une étude observationnelle descriptive transversale concernant 2.664 ménages du quartier 52 dans la cité de Kamina. Nous avons utilisé l’échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés : Nous avons situé l’aire de santé 52 en quatre directions et l’avons subdivisée en 6 avenues ; Dans chaque avenue, nous avons tiré 71 ménages d’une façon aléatoire ; Les 71 ménages obtenus ont été multipliés par six pour obtenir la taille d’échantillon. 2.2. Technique de collecte des données En ce qui concerne la technique, nous avons recouru à l’analyse documentaire et à l’interview des ménages moyennant un questionnaire structuré. 2.3. Unité statistique et taille de l’échantillon L’unité statistique était le ménage du quartier 52. La taille de l’échantillon a été calculée de la manière suivante : D’où : n=Taille de l’échantillon z=Niveau de confiance. Pour un degré de confiance de 0,95 Z=1,96 P=Proportion de la population des ménages enquêtés ayant une bonne gestion d’eau, soit 0,5 ; car nous n’avons pas une prévalence en rapport avec la gestion d’eau dans les ménages de la cité de Kamina Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 44 Q=1-p ; Q=1-0,5=0,5 d=marge d’erreur ou degré de précision voulu égale à 0,05 f= proportion de gens estimés à ne pas répondre qui vaut 0,1 La taille de notre échantillon est donc de 426 ménages. 2.4. VARIABLES ET CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION Pour cette étude, nous avons retenu les variables ci-après : Caractéristiques sociodémographiques des ménages ; Disponibilité d’eau dans les ménages ; Accessibilité des ménages à l’eau ; Gestion d’eau dans les ménages ; Connaissance des ménages. En ce qui concerne les critères, tous les ménages du quartier 52 ont été considérés dans cette étude. 2.4. Gestion des données et plan d’analyse Les données collectées ont été encodées, saisies traitées et analysées à l’aide du logiciel Epi Info version 3.5.1 avec un intervalle de confiance de 95% et le logiciel Word et Excel 2010, nous ont aidés à élaborer les tableaux, les graphiques et à saisir le texte. Les résultats ont été analysés selon une analyse uni-variée suivante : - Distribution des ménages selon les caractéristiques sociodémographiques (sexe, niveau d’étude, taille du ménage). Distribution des ménages selon la disponibilité d’eau dans les ménages, Distribution des ménages selon l’accès à l’eau (distance, coût, quantité et le temps). Distribution selon la gestion (durée de stockage, matériel utilisé, traitement de l’eau avant la consommation, méthode utilisée) Distribution des ménages en fonction de la connaissance (sur la transmission des maladies et des types des maladies liées à l’eau). Vol. XIV, n°1, juin 2015 45 Ann. UNIKAM III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats 3.1.1. Caractéristiques sociodémographiques des ménages Tableau I. Répartition des personnes interrogées selon le sexe et le niveau d’étude du chef de ménage. Sexe et niveau d’étude Fréquence Pourcentage F 297 69,7 M 127 30,3 TOTAL 426 100 1. Sexe des sujets 2. Niveau d’étude du chef de ménage Analphabètes 46 10,8 Primaire 86 20,2 Secondaire 250 58,7 Universitaire 44 10,3 TOTAL 426 100 Le tableau ci-dessus indique que 69,7% des personnes enquêtées sont de sexe féminin et que les chefs de ménage les plus nombreux ont fait soit l’école secondaire (58,7%), soit l’école primaire (20,2%). Vol. XIV, n°1, juin 2015 46 Ann. UNIKAM Tableau II. Répartition des ménages selon la taille de ménage Taille de ménage (Nombre des membres) De 1 à 5 personnes De 6 à 10 personnes Plus de 10 personnes Total Fréquence Pourcentage 205 178 43 426 48,1 41,8 10,1 100 Par rapport à la taille du ménage, il se dégage du tableau II que 205 ménages (48,1%) sont composés de 1 à 5 membres. Tandis que ceux dont le nombre oscille entre 6 et 10 personnes s’élèvent à 178, soit 41,8%. Par ailleurs, l’on peut aussi noter l’existence de 43 ménages constitués de plus de 10 personnes (10 %). 3.1.2. Sources d’approvisionnement en eau La figure 1 ci-dessous, relative aux principales sources d’approvisionnement en eau potable, permet de constater que 216 ménages, soit 50,7%, recourent au robinet, 122 ménages, soit 28,6%, aux puits non aménagés et 60(14%) à la borne fontaine et 28 (6,6%) aux puits à pompe Figure1 : Répartition des ménages selon les sources d’approvisionnement en eau potable. Vol. XIV, n°1, juin 2015 47 Ann. UNIKAM 3.1.3. Distribution des ménages selon l’accès a l’eau Tableau III. Répartition des ménages selon le temps de marche, la distance entre les domiciles et la source d’approvisionnement en eau, le coût mensuel de consommation d’eau. Paramètres considérés Fréquence Pourcentage 1. Temps de marche Inférieur à 30 minutes 211 49,5 Supérieur à 30 minutes 147 34,5 Temps ignoré 68 16,0 TOTAL 426 100 2. Distance entre la source principale d’approvisionnement et le domicile Inférieur à 200 mètres 231 54,2 Supérieur à 200 mètres 137 32,2 200 mètres 26 6,1 Ne savent pas la distance 32 7,5 TOTAL 426 100 3. Coût financier mensuel (en USD) Moins d’un dollars 217 50,9 Plus d’un dollars 101 23,7 Aucun 108 25,4 TOTAL 426 100 Vol. XIV, n°1, juin 2015 48 Ann. UNIKAM En matière du temps consacré à la marche et de la distance parcourue pour accéder à l’eau de boisson, le tableau III a montré que 16% et 7,5% des sujets sont respectivement incapables de faire une estimation dans le premier et le deuxième cas. Pour ce qui est du temps de marche, 211 ménages (49,5%) ont avancé 30 minutes au moment où 147 autres ménages ont déclaré que ce temps était supérieur à 30 minutes. De même, pour la distance, la majorité de nos enquêtés l’ont estimée inférieure à 200 mètres (54,2%). Pour le coût mensuel, 108 (25,4%) ménages ont dit qu’ils se procuraient l’eau gratuitement et les 308 ménages restants l’ont estimé supérieur (23,7%) et inférieur (50,9%) à un dollar américain. Tableau IV. Répartition des ménages selon la quantité journalière d’eau utilisée en litre Quantité d’eau utilisée Fréquence Pourcentage De 20 à 110 litres 250 58,7 De 110 à 170 litres 110 25,9 Plus de 170 litres 58 13,6 Ignorent la quantité 8 1,9 426 100 TOTAL A la lecture de ce tableau, nous constatons que sur 426 ménages, 360(84,5%) utilisent moins de 180 litres d’eau, quantité inférieure à celle d’un fût de 200 litres. Seul 13,6% de l’effectif total dépassent quotidiennement 170 litres. Par contre, les sujets des 8 ménages restants (1,9%) ignorent la quantité utilisée par jour. 3.1.4. Distribution selon la gestion d’eau dans les ménages En rapport avec la durée de stockage d’eau de boisson dans les ménages, les données reprises dans la figure 2 montrent qu’elle varie entre un et cinq jours. Cependant dans 64% des cas, cette durée est de 2 à 3 jours. Vol. XIV, n°1, juin 2015 49 Ann. UNIKAM Figure2 : Répartition des ménages en fonction de la durée de stockage d’eau de boisson. Tableau V. Répartition des ménages en fonction des matériels utilisés pour le stockage de l’eau. Matériels de stockage d’eau de boisson Fréquence Pourcentage Sceau 15 3,5 Cruches en terre cuite 138 32,4 Bidon en plastic 261 61,3 Bassin 11 2,6 Autres 1 0,2 TOTAL 426 100 Relativement aux données de ce tableau, il se dégage que les deux matériels les plus largement utilisés pour stocker l’eau sont les bidons en plastic (61,3%) et les cruches en terre cuite (32,4%). Ce qui représente un pourcentage global d’environ 94%. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 50 Au regard de la figure 3, il ressort que la grande majorité (87,3%) des ménages ne traite pas l’eau avant sa consommation. Seuls 54 ménages (12,7%) le font. De ces 54 ménages, 45 pratiquent la chloration, soit un taux de 83,3%. Les trois autres méthodes citées sont la sédimentation, la filtration et l’ébullition. 3.1.5. Maladies liées à l’eau En matière des pathologies hydriques (Figure 4) ; les enquêtés de 349 ménages (81,9%) savent que l’eau est responsable de plusieurs pathologies parmi lesquelles celles reprises dans le tableau VI ont été citées. Figure 4 : Répartition des ménages en fonction de la connaissance sur la transmission des maladies par l’eau. Vol. XIV, n°1, juin 2015 51 Ann. UNIKAM Tableau VI. Répartition des ménages selon la connaissance des types des maladies liées à l’eau. Type des maladies liées à l’eau Fréquence Pourcentage Maladies dues au manque d’eau pour l’hygiène corporelle (gales, trachome, conjonctivite) 27 6,3 Maladies transmises directement par l’eau (cholera, amibiase, vers intestinaux, fièvre typhoïde, diarrhée) 226 53,0 Maladies transmises par hôte intermédiaire aquatique(Bilharziose) 16 3,8 Maladies transmises par les dépendant de l’eau (paludisme) 49 11,5 Aucune connaissance 108 25,4 TOTAL 426 100 insectes Si le choléra, l’amibiase, les vers intestinaux, la fièvre typhoïde et la diarrhée ont été citées comme pathologies liées à l’eau par 53,0% des sujets, à l’inverse 108 ménages (25,4%) n’ont fait allusion à aucune pathologie hydrique. Le paludisme n’a été évoqué que par 11,5% de nos enquêtés. 3.2. Discussion Notre enquête sur la gestion de l’eau dans les ménages, menée au quartier 52 dans 426 ménages de Kamina, a concerné les femmes (69,7%) et les hommes (30,3%). La prédominance des femmes résulte du fait que naturellement ce sont elles qui sont vouées aux travaux ménagers et, par conséquent, elles sont toujours plus sollicitées dans la recherche de l’eau que les hommes (Tableau I). Si sur 426 ménages enquêtés, les chefs de familles les plus nombreux sont ceux du niveau d’étude secondaire (58,7%), ceci semble indiquer que la majorité de la population dans le quartier concerné par notre étude est assez jeune. En effet, mis ensemble avec les 10,3% des sujets ayant fréquenté l’enseignement supérieur et universitaire, le taux global atteint 69%. Ce qui Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 52 indique aussi qu’environ le tiers de chefs de ménages ont un niveau insuffisant d’instruction. En matière du temps consacré à la marche pour accéder à l’eau de boisson, 211 ménages (49,5%) ont avancé 30 minutes au moment où 147 autres ménages ont déclaré que ce temps était supérieur à 30 minutes. Ces résultats ne contredisent pas ceux de Kamathe Katsongo selon lesquels à Kisenso, pour atteindre la source d’eau, les habitants de ce quartier réalisent plus de deux heures de marche et cela dépendamment de la situation géographique11.Le facteur géographique (saison) et urbanistique explique le pourquoi du temps consacré par les habitants du quartier 52 afin d’atteindre la source d’eau de boisson. En ce qui concerne la distance entre la source d’approvisionnement en eau et les domiciles (tableau III), la majorité de nos enquêtés l’ont estimée inférieure à 200 mètres (54,2%). Même si un tel taux est inférieur à celui rapporté dans la littérature par Richard MangiliHeka dans son étude menée au camp Vangu, dans la ville de Lubumbashi en 2010 (92,5%), le résultat enregistré s’accorde bien avec celui de cet auteur 8.Pour le coût mensuel, 108 (25,4%) ménages ont dit qu’ils se procuraient l’eau gratuitement et les 308 ménages restants l’ont estimé supérieur (23,7%) et inférieur (50,9%) à un dollar américain par mois. Il apparaît ainsi intéressant de comparer cette donnée à celles recueillies ailleurs. Selon Joseph Orszagh, en Belgique en 2005, le budget annuel en eau oscillait entre 380 et 538 Euros par ménage 7. De son coté, Kamathe Katsongo a indiqué que pour satisfaire tous les besoins domestiques dans la commune de Kisenso à Kinshasa, un ménage dépensait près de 0,27 dollar Américain par jour, soit 8,1 dollar par mois.11 Nos investigations ont aussi révélé que pour le besoin domestique, 360 ménages (84,5%) utilisent moins de 180 litres d’eau, quantité inférieure à celle d’un fût de 200 litres. Pourtant, la quantité recommandée par l’OMS est de 50 litres par jour par personne pour ses besoins journaliers, au moment où le service national d’hydraulique rural l’évalue à 30 litres, par habitant par jour5. D’une part, la présente étude a mis en évidence le fait que parmi les quatre méthodes utilisées pour traiter l’eau, la chloration arrivait en tête, avec 45 ménages sur 54 qui traitaient l’eau de boisson. Cette préférence pour la chloration peut être attribuée à la facilité de la technique utilisée. Cependant, la grande majorité de ménages, 372(soit 87,3%), consommaient l’eau non traitée(Fig.3). Une telle situation, évidement lourde des conséquences, est aussi aggravée par la nature des récipients les plus largement utilisés pour stocker l’eau, les bidons en plastic Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 53 (61,3%) généralement de seconde main ayant initialement contenu d’autres liquides tels que le pétrole, le mazout, l’essence et les huiles. En ce qui concerne la durée de l’eau de boisson, nos résultats ont corroboré ceux de Kamathe Katsongo selon lesquels 52,6% de ménages gardent l’eau pendant 1 jour, 16,1% la gardaient pendant 3 jours et 6,8% gardaient celle de boisson pendant plus de 3 jours 11. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Notre étude a porté sur la gestion de l’eau dans les ménages de Kamina et la population d’étude était constituée de tous les ménages du quartier 52 dont le nombre s’élavait à 2.664 d’où nous avons tiré un échantillon de 426 ménages. Après étude minutieuse, nous avons constaté que la gestion de l’eau dans les ménages enquêtés constituait un réel et majeur problème de santé publique : les matériels utilisés pour le stockage de l’eau présentaient beaucoup de risques de contamination, pour plusieurs ménages (26,4%) l’eau de boisson provenaient des puits non aménagés, dans 87%, des cas, le traitement de l’eau avant sa consommation ne se faisait pas, la longue distance séparant les lieux d’habitation et les sites de puisage de l’eau exposait cette dernière notamment à la poussière, lorsque les récipients utilisés pour cette fin n’était pas couverts. Voilà pourquoi nous recommandons aux autorités sanitaires et politico-administratives, le forage des nouveaux puits aménagés pour faciliter l’accès à l’eau potable et aux habitants du quartier 52 de traiter l’eau dans leur ménages. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Kevin Conway ; Des solutions locales à la crise mondiale de l’eau, Rapport, 2006. 2. 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Kamathe Katsongo; Gestion locale de l’eau dans les quartiers urbains pauvres mondiaux de la santé, Genève, cas de Kisenso Canada, 2005, page 13. 12. Frederic Lassere ; Ecologie, irrigation, diplomatie, 2004. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 55 ETUDE SUR LA VIABILITE DES MATERNITES DE LUBUMBASHI Odia B.M., Mfwamba M.A.*Tshiji K.V.*, Kapenda N.D*, Kabwe M.P.*, Ntambue M.A RESUME Notre enquête portant sur la viabilité des maternités de Lubumbashi a montré que le taux moyen d’accoucheuses formées, dans les six maternités sélectionnées, s’élevait à 34,5%. Dans deux maternités sur les six, cliniques universitaires de Lubumbashi (CUL) et hôpital général de référence de Kisanga (HGR Kisanga), la grande majorité des accoucheuses sont formés, 72,7% dans le premier cas et 60% dans le second. Les taux de formation d’accoucheuses les plus bas ont concerné l’hôpital militaire de Ruashi HMR (12,5%) et l’hôpital général de référence de Kampemba (10%). Quant à l’appréciation des maternités en fonction des équipements et de la propreté, les moins nantie sont été celles de Kisanga et de Ruashi. S’agissant du remplissage correct du partogramme, il se faisait à faible proportion, 15,4% - 46,2%, sauf à l’HGR Kenya où le taux était de 52%. Inversement, c’est dans cette dernière structure que la préparation psychologique a été la plus faible, 28,6%. En outre, les hôpitaux de Kenya et de Rwashi arrivaient respectivement en tête en matière de pronostic d’accouchement (80%) et de préparation psychologique (75%). ABSTRACT Our investigation carrying into the viability of maternities of Lubumbashi showed that the average rate of midwife formed in six selected maternities out of the six, the clinics university of Lubumbashi (CUL) and general hospital of reference Kisanga (HGR kisanga) the great majority of midwife are formed, 72,7% in the first case and 60% in the second. Rates of formation of midwife concerning the military hospital of Ruashi (12,5%) and Kampemba (10%). As for the appreciation of maternities according to the equipment and cleanliness, least affluent are those of Kisanga and Ruashi. Being the 46,é%, except at HGR Kenya where rate is 52% besides, the HGR Kenyaand Rwashi arrive respectively heading about childbirth prognosis (80% ) correct filling of the partogramm. It is done with small proportion 15,4% - and the psychological preparation ( 75%). Institut Supérieur des Techniques Médicales de Lubumbashi (ISTM), E-mail : [email protected] Université de Lubumbashi, faculté de médecine, département de gynécologie- obstétrique Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 56 I. INTRODUCTION Une maternité viable est celle qui réunit les critères minimums acceptables, c'est-à-dire celle qui dispose des accoucheuses compétentes et qualifiées, d’un équipement adéquat pour assurer la meilleure prise en charge de la parturiente et de l’accouchée en vue de contribuer à l’amélioration de la qualité de soins par la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Selon l’O.M.S (2000)1,2, améliorer la santé maternelle est l’un des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés par la communauté internationale. Etant donné que la quasi-totalité des décès maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud, nous nous sommes intéressés aux maternités de la ville de Lubumbashi. Pour réaliser l’étude préconisée, nous avons considéré comme paramètres, l’utilisation d’un personnel non qualifié, le manque du matériel adéquat, l’utilisation non rationnelle du partogramme et l’absence de la préparation psychologique de la parturiente par l’accoucheuse. Si le but principal poursuivi a consisté à évaluer la viabilité des maternités de la ville de Lubumbashi, ses aspects spécifiques ont été traduits en termes des recommandations destinées aux opérateurs politiques et sanitaires provinciaux en vue de contribuer à l’amélioration de la qualité des maternités. II. MATERIEL ET METHODE La présente étude s’est déroulée dans la ville de Lubumbashi, deuxième ville de la République Démocratique du Congo, et chef lieu de la province du Katanga. Dénommée Elisabethville à l’époque coloniale et débaptisée sous l’appellation de Lubumbashi en 1965, la ville, fondée en 1910, héberge actuellement une population estimée à environ 2 millions d’habitants 3, 4. D’une superficie de 747 km2 et située à 1230 m d’altitude, la ville de Lubumbashi est divisée en sept communes : Annexe (rurale), Kamalondo, Kampemba, Katuba, Kenya, Lubumbashi et Ruashi. Par ailleurs, Lubumbashi est située à entre 20’ et 12° de latitude sud et entre 27° 10 et 27° 40’ de longitude Est. Son climat est tropical à deux saisons, la saison pluvieuse et la Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 57 saison sèche5. Pour bien mener les investigations, nous nous sommes appuyés sur une étude observationnelle descriptive transversale au moyen d’une enquête prospective pendant une période de quatre mois et huit jours, soit du 12 décembre 2012 au 20 avril 2013. La population d’étude a été constituée de toutes les maternités des structures étatiques de la ville. Toute maternité ayant réalisé au moins 20 accouchements par mois a été inclue dans l’étude, celle qui ne disposait pas de partogrammes en a été exclue. C’est ainsi que sur base des exigences précitées, six maternités ont été retenues dans l’étude préconisée sur l’évaluation de leur viabilité. Pour ce qui est de la sélection des partogrammes, nous avons inclus dans l’étude, tout partogramme déjà rempli et disponible pendant la période de notre enquête. Les noms des maternités sélectionnées sont repris ci-dessous : Cliniques Universitaires de Lubumbashi (CUL) Hôpital Général de Référence de Kampemba (HGR) KAMPEMBA Hôpital Général de Référence de Hakika (HGR) HAKIKA Hôpital Général de Référence Kisanga (HGR) KISANGA Hôpital Général de Référence de Kenya (HGR) KENYA Hôpital Militaire Rwashi (HMR) Nous avons mené une enquête prospective, grâce à l’analyse documentaire, récolté les données en rapport avec la qualification du personnel et examiné le partogramme pour nous rendre compte de son utilisation par l’accoucheuse. L’observation nous a permis de nous rassurer de la présence du matériel adéquat (table d’accouchement, aspirateur) et de l’adéquation entre accouchement et environnement (éclairage suffisant et propreté de la salle d’accouchement). L’interview, quant à elle, nous a servi d’échanger avec les accouchées pour être éclairés sur leur préparation psychologique par l’accoucheuse/infirmière dans la salle de travail. Nous avons en outre utilisé une échelle de valeur pour déterminer la proportion de la propreté, la luminosité et la conformabilité de la table d’accouchement. Ainsi, étaient cotés à 50% une table sans mousse, une lumière du jour (forcée) traversant une petite fenêtre pour éclairer faiblement la Vol. XIV, n°1, juin 2015 58 Ann. UNIKAM salle d’accouchement, un local avec plafond mal entretenu et mur décoloré. Si dans ledit local s’y ajoutaient des odeurs nauséabondes, cela allait jusqu’à 35%. Les données de notre étude étaient traitées au moyen du programme Excel et les résultats sont présentés sous forme de tableaux de fréquences. III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats 3.1.1. Etude de la qualification du personnel Tableau I. Accoucheuses, infirmières, et matrones inventoriées dans les maternités retenues pour la présente étude MATERNITES EFFECTIFS ACCOUCHEUSE (A) % CUL HGR KAMPEMBA HGR HAKIKA HGR KISANGA HGR KENYA HMR RWASHI Effectifs taux et taux moyens INFIRMIERE (I) MATRONE (M) AF % IF % MF 11 10 72,7 10 8 1 27,3 90 3 9 0 0 0 0 6 5 33,3 60 2 3 16,7 40 1 2 50 0 3 0 15 8 26,7 12,5 4 1 53,3 87,5 8 7 20 0 3 0 55 19 34,5 30 54.5 6 10,9 Légende : AF = accoucheuse formée ; IF = infirmière formée ; MI = matrone formée. Globalement, il se dégage du tableau I que le taux moyen d’accoucheuses formées(AF) dans les six maternités retenues dans la présente étude est de 34,5 %. De manière sectorielle, deux maternités réalisent chacune 72,7 % (CUL) et 60 % (HGR Kisanga) par rapport à leurs équipements. Dans deux autres, les taux sont les plus bas, 12,5 % pour l’HMR Ruashi et 10 % pour l’HGR Kampemba. Vol. XIV, n°1, juin 2015 59 Ann. UNIKAM En outre la proportion la plus forte des infirmières et matrones dans les maternités correspondent d’une part, aux HGR de Kampemba (90) % et de Ruashi (87,5%) et d’autre part, à l’HGR Hakika avec 50 % de matrones. Cependant les taux cumulatifs moyens s’élèvent à 54,5 % dans le cas des infirmières et à 10,9% dans celui des matrones. 3.1.2. Equipement Tableau II. Appréciation (en pourcentage) des maternités en fonction des équipements et de la propreté du cadre Présence des équipements et propreté du cadre (en pourcentage) MATERNITES Aspirateur Table d'accouchement Eclairage suffisant 100 0 100 100 100 100 100 50 0 0 100 50 100 50 50 35 100 0 100 50 100 50 50 35 CUL HGR KAMPEMBA HGR HAKIKA HGR KISANGA HGR KENYA HGR RWASHI Propreté de la salle technique Il ressort du tableau II que les maternités des cliniques universitaires et de l’HGR Kenya se placent au-dessus du lot, la première avec la totalité de points dans toutes les rubriques et la seconde avec 100% dans toutes les quatre rubriques et 50% dans le cas restant. Les quatre autres formations restantes se caractérisent toutes par l’absence de l’aspirateur. Les maternités les moins nanties sont celles de Kisanga et de Ruashi qui totalisent chacune 135 points sur 400, soit 33,75%. Vol. XIV, n°1, juin 2015 60 Ann. UNIKAM 3.1.3. Rôle de l’infirmière / Accoucheuse Tableau III. Evaluation de la performance des activités de l’infirmière accoucheuse dans les six maternités retenues STRUCTURES Remplissage correct du partogramme Préparation psychologique Score D'APGAR Pronostic d'accouchement Effectifs Remplissage correct % Effectifs Préparation psychologique % Effectifs Score d’APGAR Prélevé % Effectifs Pronostic posé % CUL 31 7 22,6 32 21 65,6 31 31 100 31 21 67,7 HGR KAMPEMBA HGR HAKIKA 29 10 34,5 29 11 37,9 29 29 100 29 18 62,1 20 9 45 21 14 66,7 20 19 95 20 10 50 HGR KISANGA HGR KENYA 39 6 15,4 23 13 56,9 39 26 66,7 39 28 71,8 25 13 52 35 10 28,6 25 21 84 25 20 80 HM RUASHI 26 12 46,2 30 22 75,3 26 21 80,8 26 8 30,8 TOTAUX 170 57 170 91 170 147 170 105 33,5 100 53,5 100 86,5 100 61,8 TOTAUX MOYENS Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 61 Au regard de ce tableau, nous constatons que le remplissage correct du partogramme se fait très mal (15,4% à 46,2%) sauf dans une seule structure, l’HGR KENYA, où le taux est de 52%. Quant à la préparation psychologique, elle est plus faible (28,6%) à l’ HGR KENYA et plus forte (75%) à l’HMR RUASHI. Les taux extrêmes du score d’APGAR sont de 100 %, aux cliniques universitaires et à l’HGR Kampemba, et de 66, 7 % à l’HGR Kisanga. En ce qui concerne le pronostic d’accouchement, le meilleur résultat a été enregistré à l’HGR Kenya (80%) et le résultat le plus faible à l’hôpital militaire de la Ruashi (30,8%). Par ailleurs la vision globale du tableau montre que la performance des activités infirmières considérées décroît en passant du score d’APGAR (86,5 %) au pronostic d’accouchement (61,8%),à la préparation psychologique (53,5%) et au remplissage correct du partogramme (33,5 %). 3.2. Discussion Accoucheuses, infirmières et matrones formées (tableau I) Au regard de nos résultats, il s’est dégagé que les taux globaux de formation des accoucheuses, infirmières et matrones qui travaillent dans les maternités concernées par la présente étude sont assez bas : 54,5% pour les infirmières, 34,5% pour les accoucheuses et 10,9% pour les matrones. Nous attribuons la faiblesse des taux relatifs aux matrones et accoucheuses à deux raisons principales. D’une part, en milieu urbain, la présence des matrones doit tendre vers la valeur nulle étant donné que cette catégorie d’operateurs obstétriciens ne requiert pratiquement pas de formation scolaire. Cette considération permet de justifier le taux de 0% enregistré dans quatre maternités (CUL, HGR Kampemba, HGR Kisanga et HMR) sur les six répertoriés. D’autre part, l’option accoucheuse dans les ISTM n’attire que très peu d’étudiants en raison probablement du fait que traditionnellement le métier d’accoucheuse est exercé par les femmes âgées souvent sans formation scolaire préalable. Si la maternité des cliniques universitaires se caractérise par le taux le plus élevé 72,7% en matière d’accoucheuses formées, c’est tout simplement parce qu’elle appartient à un complexe hospitalier de niveau supérieur. Cet aspect permet de comprendre aussi que sur un total de onze accoucheuses et infirmières de cette maternité, il n’y ait que trois infirmières. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 62 Equipement et propreté (tableau II) Ici aussi, la maternité des cliniques universitaires de Lubumbashi, pour la raison avancée plus haut, occupe la position émergente, après avoir obtenu la totalité des points en matière des équipements et de la propreté du cadre. Performance dans la réalisation des activités (Tableau III) Il est ressorti de la vision globale du tableau III une diminution de la performance dans la réalisation des activités infirmières considérées en passant du score d’APGAR (86,5%) au pronostic d’accouchement (61,8),à la préparation psychologique (53,5%), au remplissage du partogramme (33,5%). Ce résultat semble indiquer que les infirmières accoucheuses enquêtées privilégient les activités directement liées à la vie du nouveau - né et de sa mère vis- à- vis de celles relevant notamment de la formalité administrative comme le remplissage correct du partogramme 6. En effet, comme on le sait, le score d’APGAR est un contrôle clinique qui a lieu tout de suite après la naissance par l’évaluation des cinq paramètres suivants chez le nouveau-né : reflexe, fréquence respiratoire, couleur et état général, tonus musculaire, rythme cardiaque7, 8, Quant au pronostic d’accouchement pouvant nous permettre de préciser le mode d’accouchement afin de limiter le risque de mortalité maternelle, les accoucheuses de l’HMR le pose difficilement (30,8%) alors que l’HGR Kenya le réalise avec succès (80%). Et pourtant en cas de dystocie mécanique, tout personnel qui dirige des accouchements dans une maternité est sensé préciser à la parturiente que l’accouchement se fera par voie haute (césarienne) afin de sauver sa vie. 9 ,10 CONCLUSION Notre étude a porté sur la viabilité des six maternités de la ville de Lubumbashi, à savoir les maternités des Cliniques universitaires (CUL), des Hôpitaux Généraux de Référence (HGR) de Kenya, Kampemba, Hakika, Kisanga et Ruashi. En matière des équipements, de la propreté et de la formation des infirmières accoucheuses, la performance de la maternité des Cliniques Universitaires de Lubumbashi a, pour des raisons évidentes, largement supplanté celles des autres maternités des structures hospitalières considérées dans la présente étude. En comparant l’exécution des activités de l’infirmière accoucheuse, nous avons constaté que celles liées directement à la vie du nouveau–né et de sa mère sont mieux réalisées que celle relevant de l’administration. Pour améliorer la viabilité des maternités dans la ville de Lubumbashi, nous recommandons ce qui suit : Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 63 A la division provinciale de la santé, L’engagement des accoucheuses qualifiées et compétentes à la maternité, L’approvisionnement des maternités en équipements adéquats et de remplacer les tables d’accouchement amorties Le bon suivi et le contrôle des matériels dans toutes les maternités étatiques Aux accoucheuses, L’utilisation systématiquement du partogramme pour chaque parturiente et le remplissage correcte de cet élément L’évaluation du score d’APGAR à la première, cinquième et dixième minute. REFERENCES 1. David l ; Réduction de la mortalité maternelle au Congo ; Sauver des vies des femmes ; 2ème éd ; Genèse ; 2013 ; p 38 2. Philippe développement et santé ; Paris ; 2010 ; p49 3. Caroline ; OMS : les soins du nouveau-né ; Genève ; 2011; pp 5556 4. Anonyme ; Élisabethville (1911-1961) ; mémorial réalisé à l'occasion de la Foire internationale d'Élisabethville en juillet 1961 ; Cuypers ; Bruxelles ; 1961 ; pp26-27 5. 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UNIKAM 65 ANALYSE DE L’ACCOMPLISSEMENT DE LA MISSION D’UN DIRECTEUR DE NURSING DANS LES HOPITAUX DE LA VILLE DE LUBUMBASHI Mfwamba M.A, Odia B.M,* Tshiji K.V,* Kapenda N.D* RESUME Cette étude descriptive prospective a mis en évidence le fait que la mission du directeur de nursing n’était que partiellement accomplie (40%) dans les hôpitaux de la ville de Lubumbashi concernés par nos investigations. Les raisons avancées pour justifier cet état déplorable sont: l’ignorance de ses taches (20 %), l’absence du bureau (20 %), la démotivation et le manque de collaboration tant avec la hiérarchie qu’avec les infirmiers (20 %), le manque de formation, de recyclage et de matériels adéquats (40 %). Ce qui conduit à une mauvaise qualité des soins administrés et aux conflits étant donné que les attributions du directeur de nursing sont exercées par d’autres personnes (administrateurs gestionnaires et médecins directeurs). ABSTRACT There teaching desciptiveprospectived at meek in evident the baut what the misionfrom edmusthertho nursing weren’t what partieled accompli (40%). The raison presented for speack this etatcontry deplorable are: l’ignorance for this tache (20%), absented all afice (20%), the motivation and the absent at collaboration many and the hierachie at and the nurse (20%), the absent for formation that recyclage and tools (40%). Is druver bat quality there betheradmistred from conflit that give the attribution for edmusther the nursing are exerciceansuer (administatatgestionary and the medecinsedmasthers. I. INTRODUCTION Dans le cadre de son organisation et de son fonctionnement, toute institution hospitalière comprend les trois principaux secteurs suivants: les départements médical et administratif ainsi que celui de nursing1. Dit aussi Infirmier chef, le directeur de nursing qui fait partie du staff de l’hôpital est un chef d’orchestre de l’organisation des soins infirmiers et médicaux à l’hôpital. C’est lui qui est le responsable de tous les malades hospitalisés, et surtout de la qualité des soins infirmiers. Il joue également le rôle de gestionnaire en respectant les cinq impératifs de la gestion, à savoir : planifier, organiser, coordonner, diriger et évaluer les activités relatives aux soins infirmiers2, 3. Le directeur de nursing est donc un véritable facilitateur des infirmiers sur le plan technique en organisant la formation continue pouvant leur permettre d’actualiser leurs connaissances et d’améliorer leurs performances dans le domaine des soins4. Compte tenu du rôle fondamental Institut Supérieur des Techniques Médicales de Lubumbashi ; E-mail : [email protected] Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 66 de cet opérateur sanitaire, nous nous proposons dans cet article d’évaluer, à travers une enquête menée auprès des infirmiers, le niveau de l’accomplissement de la mission qui lui est confiée. Pour y parvenir nous avons limité nos investigations à cinq institutions hospitalières de la ville de Lubumbashi. En mettant au premier plan le rôle du directeur de nursing dans un hôpital, le but poursuivi est celui de conscientiser d’une part, ce dernier sur la nécessité d’accomplir convenablement sa mission dans toutes ses dimensions et d’autre part, l’autorité hiérarchique sur l’importance de la direction de nursing au sein d’un hôpital. II. MATERIEL ET METHODE La présente étude s’est déroulée dans la ville de Lubumbashi, cheflieu de la province du Katanga, en République Démocratique du Congo. Fondée en 1910 par les Belges sous le nom d'Élisabethville, la ville fut débaptisée et dénommée Lubumbashi en 1965, après l’accession du pays à sa souveraineté nationale et internationale en 1960. Divisée en sept communes, Annexe, Kamalondo, Kampemba, Katuba, Kenya, Lubumbashi, et Ruashi, la ville de Lubumbashi, située à 1230m d’altitude, s’étend sur une superficie de (747Km 2)5. Pour bien mener cette étude nous nous sommes appuyés sur une étude observationnelle descriptive transversale au moyen d’une méthode prospective pendant 13 mois et 5 jours, soit du 05 aout 2013 au 10 septembre 2014. La population d’étude a été constituée des administrateurs gestionnaires, des directeurs de nursing et des infirmiers appartenant aux cinq hôpitaux préalablement sélectionnés: - Cliniques Universitaires de Lubumbashi (CUL) - Hôpital Général de Référence de Katuba (HGR KATUBA) - Hôpital Général de Référence de Kisanga (HGR KISANGA) - Hôpital Général de Référence de Kenya (HGR KENYA) - Hôpital de la Société Nationale de Chemin de fer du Congo (hôpital SNCC) Vol. XIV, n°1, juin 2015 67 Ann. UNIKAM III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats Tableau I. Répartition de l’échantillon par institution hospitalière Effectifs N° 1 2 3 4 5 Hôpitaux Infirmier CUL Hôpital SNCC HGR/KENYA HGR/KATUBA HGR/KISANGA TOTAL % Administrateur gestionnaire Total 48 51 38 25 29 Directeur. de nursing 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 50 53 40 27 30 25 26,5 20 13,5 15 190 5 5 200 100 La lecture de ce premier tableau permet de constater qu’il existe dans chacun des cinq hôpitaux concernés par notre étude un directeur de nursing, un administrateur gestionnaire et plusieurs infirmiers. En termes d’effectifs, deux institutions représentent à elles seules 51,5% de l’effectif total : CUL (25%) et hôpital SNCC (26,5%). A notre question de savoir s’il existait réellement de direction de nursing dans les cinq hôpitaux sélectionnés, Les réponses recueillies sont rassemblées dans le tableau II. Tableau II. Réponses des directeurs de nursing sur l’existence de direction de nursing et celles des infirmiers sur la présence de directeur de nursing dans leurs hôpitaux. Réponses Directeurs nursing de Présence direction de nursing Effectif % Oui Non Totaux 4 1 5 80 20 100 Infirmiers Totaux % Présence directeurs de nursing Effectif % 132 58 190 69,5 30,5 100 136 59 195 69,7 30,3 100 Il ressort du tableau II qu’un directeur de nursing a reconnu l’inexistence du bureau de direction de nursing dans son institution. De même, 30,5% des infirmiers enquêtés ont affirmé qu’il n’existe pas de directeur de nursing dans leurs hôpitaux. Vol. XIV, n°1, juin 2015 68 Ann. UNIKAM Tableau III. Réponses des infirmiers vis-à-vis de la mission d’un directeur de nursing dans un hôpital Missions d’un Directeur de nursing I. II. III. IV. V. VI. VII. VIII. Supervision des activités des soins infirmiers et évaluation des infirmiers Résolution des problèmes techniques et conflit des infirmiers Gérer le personnel infirmier et les matériels Affecter les nouveaux engagés et encadrer les stagiaires Défendre les intérêts du personnel soignant auprès de la hiérarchie Coordonner, planifier et contrôler toutes les activités des soins Assurer la formation continue des infirmiers Veiller sur la qualité des soins et propreté de toutes les unités de soins. Total Réponses obtenues % 35 18,4 27 14,2 38 15 20 7,9 17 8,9 31 16,3 14 13 7,4 6,8 190 100 En matière de la mission dévolue au directeur de nursing d’un hôpital, deux catégories des réponses se dégagent du tableau III : aux missions A, B, C et F correspondent 131 infirmiers, soit 68,9% de l’effectif total, et les quatre autres missions restantes (D, E, G et H) ne représentent que 31,1%. De manière sectorielle, les deux missions les plus citées sont celles relatives à la gestion du personnel infirmier et des matériels, mission C (20%), à la supervision des activités des soins infirmiers et à l’évaluation des infirmiers, mission A (18,4%). Par contre le deux missions les moins citées représentent chacune un taux inférieur à 7,5% : veiller sur la qualité des soins et la propreté de toutes les unités de soins, mission H (6,8%), et assurer la formation continue des infirmiers, mission G (7,4%). Vol. XIV, n°1, juin 2015 69 Ann. UNIKAM Tableau IV. Constat des infirmiers sur la résolution de leurs problèmes techniques, administratifs par les directeurs de nursing Réponses des infirmiers Directeur de nursing apprécié par les Infirmiers Accomplissement correct de son rôle Oui Non Parfois Totaux Effectif 35 78 77 190 % 18,4 41,1 40,5 100 Résolution des problèmes administratifs et techniques des infirmiers Effectif % 27 14 56 29,5 1O7 56,5 190 100 Il se dégage du tableau IV que moins de 20% des infirmiers considèrent que leurs directeurs de nursing accomplissent correctement leur rôle (18,4%) et qu’ils résolvent les problèmes des infirmiers (14%). Par contre l’alternative inverse représente pratiquement le double de chacun de ces deux taux, c'est-à-dire 41,1% dans un cas et 29,5 dans l’autre. Comme on peut le constater dans le tableau suivant, la réaction des infirmiers s’accorde bien avec celle des directeurs de nursing eux-mêmes sur leur rendement. Tableau V. Réponses des directeurs de nursing sur l’accomplissement correct des taches dans leurs hôpitaux respectifs Reponses Oui Non Total Effectif 2 3 5 % 40 60 100 En effet, 60% des directeurs de nursing enquêtés ont reconnu qu’ils n’assurent pas correctement leurs missions et les raisons avancées par eux sont étalées dans le tableau ci-dessous. Vol. XIV, n°1, juin 2015 70 Ann. UNIKAM Tableau VI. Raisons de non accomplissement des tâches du directeur de nursing données par lui-même Raisons du mauvais rendement Effectif % Insuffisance des matériels et du personnel infirmier 2 40 Démotivation et absence de la direction de nursing 1 20 Manque de recyclage du directeur de nursing et de collaboration avec la hiérarchie 1 20 Manque d’autonomie et de mandat officiel ainsi que l’ignorance de ses tâches 1 20 Total 5 100 La lecture de ce dernier tableau montre que le directeur de nursing a cité les raisons qui l’empêchent d’accomplir correctement ses taches. Par rapport aux raisons avancées, deux directeurs de nursing sont buttés aux problèmes d’ordre matériel et de l’insuffisance du personnel infirmier, soit 40%. 3.2. Discussion Après l’enquête, les résultats obtenus ont montré que certaines institutions hospitalières retenues dans notre champ d’investigation n’ont pas de directeur de nursing (30,5%), et de bureau de nursing (20%) (Tableau II). Ces résultats nous conduisent à justifier la mauvaise qualité de soins remarquée dans la plupart des hôpitaux de la ville, car le manque de directeur de nursing au sein de l’hôpital et l’inexistence du bureau de ce dernier entraînent une mauvaise organisation des services et se répercutent défavorablement sur la qualité et la sécurité des soins administrés au patient6,7. En termes d’effectifs (tableau I), deux institutions représentent à elles seules 51,5% de l’effectif total : CUL (25%) et hôpital SNCC (26,5%).Cette prépondérance résulte à notre avis, du fait que les deux complexes hospitaliers sont grands et leur construction remonte à l’époque coloniale. En matière de la mission dévolue au directeur de nursing d’un hôpital, il se dégage des tableaux III et IV que, d’une manière générale, ce dernier n’accomplit pas convenablement ses taches. C’est le cas notamment dans la défense des intérêts du personnel soignant auprès de la hiérarchie, dans l’organisation de la formation continue et dans l’entretien de la qualité Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 71 de soins et de la propreté dans toutes les unités de soins. Cet état de chose est en contradiction avec les données de la littérature selon lesquelles les fonctions de directeurs de soins requièrent plusieurs habilités 8, connaissances tant au niveau interpersonnel, analytique, conceptuel et technique afin de contribuer aux résultats positifs de l’organisation9,10. Cependant, en dépit de la reconnaissance partielle de la médiocrité de leur prestation, il importe d’examiner objectivement les raisons que les directeurs de nursing ont évoquées pour justifier cette situation déplorable. Ainsi par exemple, l’insuffisance des équipements qui caractérise plusieurs secteurs des pays en développement constitue un véritable frein dans la réalisation de plusieurs travaux. De même la démotivation qu’ils citent peut avoir comme origine notamment l’impayement des salaires pendant plusieurs mois et la précarité du salaire. Il apparaît donc que le travail de fond devra se faire en amont pour générer les conditions favorables au bon fonctionnement des institutions hospitalières CONCLUSION Au terme de nos investigations ayant porté sur l’analyse de l’accomplissement de la mission d’un directeur de nursing, nous avons dégagé trois principaux résultats à savoir : La mission du directeur de nursing n’est pas accomplie correctement, soit 60 % d’affirmation. Les causes de non accomplissement de ses taches sont les suivantes : insuffisances du personnel soignant et du matériel adéquat(40%), démotivation et absence de la direction de nursing dans certains hôpitaux (20%), manque de formation et de recyclage des directeurs de nursing(20%),manque d’autonomie et de mandat officiel ainsi que l’ignorance de ses taches(20%). Le bureau de la direction de nursing n’existe pas dans un hôpital soit 20%.De même 30% des infirmiers enquêtés ont affirmé qu’il n’existe pas des directeurs de nursing dans leurs hôpitaux. Pour lutter contre les insuffisances ainsi constatées nous formulons les recommandations ci-dessous : A. A la tutelle administrative De contrôler régulièrement les directeurs de nursing pour accroître leur rendement et générer une harmonie dans la gestion hospitalière et pousser les uns au respect des attributions des autres. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 72 De prévoir la construction de bureau de nursing dans toutes les institutions hospitalières de sa juridiction De doter tous les hôpitaux qu’elle chapeaute d’équipement adéquats pouvant permettre d’assurer une bonne prise en charge des malades B. Aux autorités des institutions hospitalières De nommer un représentant des infirmiers dans chaque structure sanitaire afin de faciliter une bonne organisation des services pouvant contribuer à la bonne qualité des soins administrés aux patients. De schématiser la direction de nursing à l’organigramme afin que la ligne hiérarchique soit respectée. C. Aux directeurs de nursing D’assurer correctement leur mission en encadrant techniquement les infirmiers partir de l’organisation de la formation continue et en défendant leurs intérêts auprès de la hiérarchie De maintenir l’hygiène hospitalière au plus haut niveau afin de réduire la survenue des infections nosocomiales REFERENCES 1. Maryland; Nursing administration: scope and standards of practice; Quebec; 2009; p124. 2. Ducker P. F ; L’organisation et le leadership en soins infirmiers ; éd du renouveau pédagogique ; Cameroun ; 1996 ; p 66 3. Jeans, M. E., et Rowat, K.M ; Compétences attendues des infirmières gestionnaires ; ottawa Canadian nursing association ; Québec ; 2004 ; p 108 4. Nizard G. ; Analyse transactionnelle et soins infirmiers ; édition pour la santé ; Bruxelles ; 1985 ; pp 18-19 5. Bureau du maire de la ville ; Rapport annuel affaires intérieures ; 1998 ; p.21 6. Dind Linette Biay Y ; Manuel des soins infirmiers, bureau d’études et de recherche pour la promotion de la santé ; Kangu Mayumbe ; 2004 ; p 9 7. Rosemarary M.C. et allii ; Guide de gestion à l’usage des responsables des soins de santé au niveau intermédiaires ; OMS ; Genève ; 1981;pp 86-87 Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 73 8. Mathena; K. A. Nursing manager skills; Journal of nursing administration; 2002; p136 9. Isaffo ; J.R ; La gestion de ressources humaines ; un nouveau défi pour les entreprises ; éd Cadicec ; Umapac ; Kinshasa ; 1988 ; pp 48-49 10. Laschinger, H.K.S., & wong; C. Nurses’ career aspirations to management roles: identifying the Next generation of leadership nursing leaders; Quebec; 2010; pp 122-123 Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM Vol. XIV, n°1, juin 2015 74 Ann. UNIKAM 75 POURQUOI LES DIPLOMES D’ETAT TRAVAILLEURS SE LANCENT-ILS FRENETIQUEMENT A LA POURSUITE DES ETUDES SUPERIEURES ET UNIVERSITAIRES ? Muleka N.M., A* ., Nakalali N. E. ** , Sobanuka, M. A.*** RESUME Il a été fait le constat selon lequel les diplômés d’Etat qui travaillent dans différents secteurs de la vie décident de poursuivre les études supérieures et universitaires en abandonnant leurs anciens emplois. Les auteurs de l’article se sont alors posé les questions : « Pourquoi est-ce si important pour ces gens de retourner aux études ? Pour en faire quoi ? » Après avoir récolté les récits de vie de 22 de ces travailleurs et traité les données ainsi recueillies, ils ont dégagé les résultats montrant que la poursuite des études supérieures et universitaires par ces travailleurs est due essentiellement aux multiples avantages que confère le diplôme du premier et/ou du deuxième cycle universitaire et au complexe d’infériorité dont souffrent les travailleurs porteurs du diplôme d’Etat uniquement. Tout cela fait que le désir d’obtenir à tout prix le diplôme d’études supérieures et universitaires constitue un adjuvant puissant qui leur fait supporter brimades et souffrances de toutes sortes. ABSTRACT It has been obvious that people who completed high school and have been employed in different areas of life decide to further higher education, generally resigning from their former jobs. Therefore, the authors of the present article have asked the following questions: “Why is it so important for these people to return back to school? What for? ” After having heard from twenty two of those students and analyzed the collected data, it has been resulted that pursuing the higher education by these former employees is motivated essentially by the numerous advantages offered by both undergraduate or/and graduate degrees and by the inferiority complex of the workers possessing only the high school state degree. This implies that the need to degree constitutes a strong motivation making them bear cases of bullying and suffering of different kinds. obtain a higher education I. INTRODUCTION Depuis plus de trois décennies, il s’observe dans les rangs des travailleurs congolais diplômés d’Etat un engouement pour la poursuite des études supérieures et universitaires. Université de Lubumbashi, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, e-mail : [email protected] ** Institut Supérieur des Techniques Médicales/Uvira *** Institut Supérieur de Développement Rural/Uvira * Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 76 Amorcé d’une manière officielle par la création du Centre Interdisciplinaire pour le Développement de l’Education Permanente (CIDEP), l’engouement s’est intensifié par la suite, de sorte qu’il s’est créé dans certaines institutions officielles et privées de l’Enseignement Supérieur et Universitaire des sections dispensant leurs enseignements le soir (section soir) destinées à cette clientèle particulière d’adultes. A Kisangani où cette étude a été menée, nous pouvons citer, pour ne prendre que ceux-là, l’Institut Supérieur de Commerce (ISC), l’Ecole Supérieure de Formation Bancaire et des Assurances (EFOBANC) a et Institut Supérieur Pédagogique Libre (ISP/L) Un fait particulièrement significatif est celui concernant les Instituts Supérieurs Pédagogiques (ISP). A leur début, ces institutions d’enseignement supérieur et universitaire recevaient majoritairement, sinon uniquement, la population provenant directement de l’enseignement secondaire. Aujourd’hui, la tendance semble s’être inversée dans ces établissements : nous y trouvons majoritairement des travailleurs comparativement aux jeunes gens fraîchement nantis d’un diplôme d’études secondaires. Un autre fait significatif qu’il importe de noter est que cette ruée des travailleurs vers les études supérieures intervient à un moment crucial. En effet, ces travailleurs, pour la plupart impayés pendant plusieurs mois ou sous-payés, doivent payer leurs études coûteuses malgré les difficultés financières. Ils doivent en outre payer les études de leurs enfants et assurer la survie de la famille. D’autre part, ce « retour » aux études supérieures intervient au moment où des masses de jeunes diplômés de l’Enseignement Supérieur et Universitaire ne trouvent pas facilement d’emploi sur le marché du travail formel. Pourtant, certains de ces travailleurs occupaient déjà des places hiérarchiquement élevées là où ils travaillaient. Ce retour aux études consacre ainsi l’ancrage de l’éducation permanente dans notre société congolaise à l’instar d’autres sociétés, y compris et surtout celles qui sont plus développées que la nôtre. Et on peut donc se demander à juste raison : « Pourquoi est-ce si important pour ces gens de retourner aux études ? Pour en faire quoi ? » Les réponses à ces questions ont constitué l’objet de cette recherche. Comme nous venons de l’effleurer ci-dessus, l’éducation permanente est devenue un des faits remarquables des sociétés développées, au point qu’une fonction enseignante, l’éducateur des adultes, a vu le jour et des méthodes spécifiques de compréhension et d’accompagnement de cette Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 77 population d’adultes qui retournent aux études se sont élaborées, affinées et affermies. Citons, entre autres, les biographies éducatives de Dominicé 1. Retournons à la question du pourquoi en jetant un coup d’œil sur les réponses qui ont été fournies sous d’autres cieux. En 1984, Riverin-Simard2 a rassemblé des observations et conclusions des recherches en rapport très étroit avec le retour aux études des travailleurs. Il ressort que la formation entreprise par les adultes est reliée à l’augmentation de l’efficacité du travailleur dans l’exercice de son rôle social et que les activités d’apprentissage sont entreprises pour favoriser la carrière, surtout au moment des transitions reliées à cette dernière (Cross ; Us Bureau of census ; Knox ; Carp, Peterson & Roelfs ; Johnstone & Riviera ; Mc Coy & coll ; Moon) 3-9. Ces études montrent en gros que c’est pour maintenir son emploi, en obtenir un nouveau, obtenir de l’avancement, donner un meilleur rendement, s’adapter que les adultes reprennent les études. Les raisons sont donc nombreuses. Quelles sont celles des travailleurs congolais diplômés d’Etat qui retournent aux études après les avoir interrompues au niveau du secondaire ? La réponse à cette question est l’objet de cette recherche dont les résultats sont reproduits ci-dessous. II. MÉTHODOLOGIE 2.1. Récolte des données Pour pouvoir adopter une méthodologie pour cette étude, nous sommes partis de certaines considérations avancées par des auteurs qui travaillent depuis longtemps dans le domaine du développement de carrière. Ainsi, se référant à Amudson & Cochran10, Borgen & Amudson11 ont proposé que le « processus de construire une nouvelle compréhension du développement de carrière débute par une exploration des expériences des gens » ; ces auteurs sont convaincus de l’importance de l’expérience de vie rapportée et observée comme point de départ d’une nouvelle méthodologie dans le domaine du développement de carrière. Le point de vue de ces auteurs est adopté par maints autres chercheurs. Les auteurs appuient fortement l’idée que le développement de carrière individuel peut être plus significativement saisi en laissant de côté l’approche classique en faveur d’une autre manière. Celle-ci n’est rien d’autre que « le récit de vie ». Le récit de vie, que beaucoup d’anglo-saxons s’occupant de développement de carrière ont adopté sous l’appellation de « narrative », diffère d’autres approches et possèderait un potentiel explicatif élevé. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 78 En ayant à l’esprit ces considérations, nous avons bien entendu opté pour la méthodologie du « récit de vie » que nous tentons d’expliciter cidessous. Cochran12 prétend que décrire la carrière d’une personne ce n’est ni plus ni moins que raconter une histoire. Toutefois, il faut souligner la diversité d’appellations dans ce domaine. Pineau et Legrand13 ont inventorié les formes suivantes : la notice biographique, le récit de pratique, l’entretien biographique, l’histoire de vie sociale approfondie, l’histoire de vie de groupe, l’histoire de vie en groupe. A toutes ces formes, Pineau et Legrand donnent le nom d’histoires de vie. Bujold14, pour sa part, distingue l’autobiographie qui est une description de la vie d’une personne par elle-même ; la biographie ou la description de la vie d’une personne par une autre personne ; le récit de vie (life story) et l’histoire de vie (life history). Le récit de vie est un récit biographique limité aux matériaux fournis par le narrateur, tandis que dans l’histoire de vie des éléments provenant d’autres sources sont collectées en plus de ceux fournis par le narrateur sur lui-même. Les psychobiographies sont un usage systématique de la théorie psychologique (surtout la théorie de la personnalité) pour transformer une vie en un récit cohérent et éclairant. A cette liste s’ajoute le concept de « narrative », qui s’applique aux vies des gens dans leurs environnements sociaux et qui a une connotation herméneutique dans ce sens que les vies humaines peuvent être conçues comme des textes qu’un chercheur doit interpréter. Notons que Bujold, Canadien francophone qui manie aussi bien le français que l’anglais, n’a pas donné l’équivalent de ce mot en français. Il signale cependant que ce mot connaît une plus ou moins grande poussée (regain) d’intérêt chez les scientifiques de plusieurs disciplines. C’est ce concept qui semble être le plus utilisé chez les auteurs d’expression anglaise, du moins ceux s’occupant de carrière. Quoi qu’il en soit, l’élément unificateur est l’utilisation de l’entretien. Cochran12 affirme que la relation du récit de vie à la recherche sur la carrière est directe. Le récit de vie (narrative) est une forme synthétique, une structure cohérente à travers le temps qui est capable de représenter une carrière. C’est pourquoi décrire une carrière d’une personne ne peut être mieux fait que par l’intermédiaire du récit qu’on en fait. Nous ne pouvons pas entrer ici dans tous les détails théoriques relatifs à ce concept. Disons toutefois que Polkinghorne 15 estime que le schème narratif est un processus intellectuel qui met en rapport les activités humaines les unes avec les autres en les rendant significatives. Il révèle but et direction dans les affaires humaines et rend compréhensibles les vies humaines individuelles. Nous concevons notre propre comportement et celui des autres à l’intérieur d’un cadre narratif et à travers lui nous reconnaissons Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 79 les effets que peuvent avoir sur les buts désirés, les actions planifiées. Cela étant tenu pour vrai, ce chercheur propose que comprendre la planification de la carrière de vie peut être grandement aidé par l’étude d’individus particuliers sous forme de récits de vie. C’est ce qui nous a inspiré dans notre recherche. Avant de présenter concrètement ce que nous avons fait, relevons d’abord le fait qu’il n’y a pas une seule meilleure façon indiquée pour ce faire. « Le récit biographique est un instrument dont l’utilisation dépend toujours de l’objet visé par la recherche. Il n’y a pas une formule idoine de récit »1. Pourtant, Pineau et Legrand13 ont proposé des opérations constitutives du récit de vie, à savoir l’énonciation orale, l’énonciation écrite et le travail sur ces énoncés. L’ordre de ces opérations n’est pas toujours linéaire. C’est dans l’énonciation orale que le narrataire formule sa demande, définit les objectifs qu’il poursuit, précise le cadre institutionnel ainsi que le devenir éventuel de cette histoire ; dans l’énonciation écrite, on passe à l’écrit. Les auteurs attirent notre attention sur ce que « sans une perspective de recherche, cet écrit ne saurait s’effectuer comme retranscription d’entretien. Ici des choix s’opèrent entre se tenir au plus près de l’énoncé (avec notamment les hésitations, les questions, les répétitions…) et travailler le texte pour le rendre le plus fluide possible ». Quant au travail sur l’énoncé, il s’agit essentiellement d’opérations d’analyse. Ici également, les auteurs avertissent qu’en termes de recherche « tout système d’analyse est fonction du programme initial et de problématique, les situations changent du tout au tout selon que l’on se trouve avec une sociologie de pratiques sociales bien spécifiées ou dans l’étude d’un système de valeurs d’une personne ». Ces quelques éléments étant donnés, voici comment nous avons concrètement procédé. Nous passions dans des institutions de l’Enseignement Supérieur et Universitaire et nous nous informions auprès des étudiants en leur demandant si parmi eux il y avait ceux qui avaient déjà été dans la vie professionnelle avant de venir étudier. Bien sûr, une présentation personnelle précédait tout cela. S’il y avait un étudiant qui nous avait été indiqué avant, nous l’abordions directement et lui demandions un rendezvous selon son emploi du temps. Pour l’entretien, nous abordions nos sujets à leur domicile ou à un endroit jugé calme, commode et selon la disponibilité de chacun. Nos entretiens duraient une à deux heures selon les sujets racontant leur vie Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 80 scolaire et professionnelle. Après une brève présentation, nous demandions au sujet de nous narrer toute son histoire depuis le début de sa scolarité jusqu’à l’arrêt de celle-ci. Nous lui demandions ensuite, après que le thème de la scolarité était jugé épuisé, de nous raconter sa vie professionnelle jusqu’au moment où il avait décidé de retourner aux études. Suivait alors le récit de son retour aux études avec tous les tenants et aboutissants. Si l’enquêté manifestait le désir d’arrêter l’interview pour continuer le jour où il se montrera disponible, nous le lui accordions sans condition. Pour chaque sujet donc, le récit contenait ces trois parties : 1. Histoire de la vie scolaire, en insistant sur les étapes et les événements qui avaient marqué la scolarité, de l’école primaire à l’entrée dans la vie professionnelle. 2. Histoire de la vie professionnelle : différentes professions et différents postes occupés au cours de cette vie active, attitude face à son emploi et son salaire, les promotions obtenues, problèmes auxquels il était confronté, etc. 3. Histoire de son retour aux études, où l’on s’appesantissait sur les motivations du retour aux études. Pour ne pas perdre les informations fournies par les interlocuteurs, nous enregistrions les récits à l’aide d’un magnétophone. Il nous était ainsi facile de poser des questions d’explicitation, de complètement ou de justification. Les contenus des entretiens étaient transcrits quelques temps après sur papier, la mémoire étant encore fraîche. 2.2. Les sujets Nous avons interrogé 22 sujets de sexe masculin dont la répartition selon les institutions fréquentées est présentée dans le tableau unique cidessous. Vol. XIV, n°1, juin 2015 81 Ann. UNIKAM Tableau I. Répartition des sujets selon les institutions N° 1 2 3 4 5 Institutions Université de Kisangani Institut Supérieur des Techniques Médicales (ISTM) Ecole de Formation Bancaire et des Assurances (EFOBANC) Institut Supérieur d’Etudes Agronomiques (IFA) Yangambi Institut Supérieur de Commerce (ISC) Total Effectifs 8 4 % 36,36 18,18 4 18,18 3 13,64 3 13,64 22 100 III. RÉSULTATS Seuls les résultats concernant le retour aux études supérieures et universitaires sont reproduits ici. Nous avons utilisé l’analyse de contenu pour dégager les différentes catégories ci-après. 3.1. L’omniprésence du complexe d’infériorité Le dictionnaire de la Psychologie de Sillamy16 définit le complexe d’infériorité comme étant le sentiment d’insuffisance, plus fréquemment bien observé chez l’enfant que chez l’adulte. Quand on parle de complexe d’infériorité, on lui accorde souvent un sens négatif. Tel n’est pas la conception d’Adler. Celui-ci accorde à ce phénomène un sens tout à fait positif. Le voyant sous cet angle, Adler17 dit : « J’ai depuis longtemps insisté sur le fait qu’être homme, c’est se sentir inférieur. Il faut considérer l’histoire de l’humanité comme l’histoire du sentiment d’infériorité et des tentatives faites pour y trouver une solution. Le sentiment humain d’infériorité, qui habituellement s’use dans la lutte pour le progrès, ressort plus vivement dans les orages de la vie, et assez clairement à l’occasion de dures épreuves ». Par rapport aux données récoltées disons que dans l’emploi, le travailleur qui se sent complexé à cause de son niveau d’études inférieur, cherche l’occasion de retourner aux études afin de pallier cette situation. A cause, principalement, de la modicité de leurs économies, les travailleurs arrivent généralement à l’Enseignement Supérieur et Universitaire à un âge avancé. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 82 Le complexe d’infériorité vis-à-vis des Gradués et des Licenciés a constitué l’élément de base qui a transparu dans la quasi-totalité des récits de nos 22 répondants. Voici à ce sujet quelques-unes de leurs déclarations. Avec suffisamment d’émotion, un sujet s’exprime ainsi : « Devant un licencié ou gradué j’avais vraiment un grand complexe et me sentais tout petit devant lui. Je me sous-estimais, j’avais une certaine peur et je me sentais toujours réduit devant un licencié ou un gradué, même s’il était moins âgé ou moins compétent que moi. Je réfléchissais beaucoup sur cette situation. Je me demandais comment, moi, je n’avais pas eu la chance de pousser mes études plus loin. C’est pourquoi j’ai trouvé que dans la vie, il faut d’abord obtenir ce diplôme, le reste après ». Sur le même ton, un autre renchérit : « Nous tous, nous avions le complexe envers ce licencié ; personne ne pouvait le contredire dans le raisonnement car nous le prenions comme « le plus grand connaisseur ». Même le préfet lui manifestait des égards. Alors je me suis dit : il faut que je devienne aussi licencié au lieu de continuer à adorer les autres comme ça et d’être toujours complexé devant une personne comme moi ». Même en étant supérieur sur le plan des fonctions, on éprouve ce sentiment de petitesse. On cache ce qu’on est, on a peur qu’on le découvre… cela constituerait une catastrophe. Tel est en tout cas ce que signifient ces propos : « J’étais nommé coordinateur urbain des écoles conventionnées. En tant que D6N, j’étais souvent complexé sachant que je dirigeais les gradués et les licenciés, et avoir la promotion était difficile car mon dossier était limité. Ici où je travaille, je suis chef de bureau et il y a parmi les gens que je dirige, des gradués et des licenciés mais ils ne savent pas que je suis D6N. Peut-être s’imaginent-ils que j’ai un grade académique ; mais le jour où ils seront informés que je suis D6N, ils ne manifesteront plus autant de considération que maintenant ». Les réponses de tous nos sujets expriment l’idée du sentiment de complexe d’infériorité devant celui qui a un niveau d’études supérieur. Ce complexe d’infériorité est si fort qu’il va pousser nos sujets à retourner aux études, et retrouver leur dignité en tant qu’homme. 3.2. Recherche de la dignité humaine La dignité humaine c’est le respect dû au fait d’être homme, une personne, avec ses caractéristiques distinctives. C’est la reconnaissance qu’en tant qu’homme toute personne a une valeur. Dès lors, l’homme a toujours été à la recherche de sa dignité. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 83 Ce sont surtout des situations où l’on est qui constituent souvent un obstacle à la reconnaissance de la dignité de soi ou de l’autre. Dans toute activité professionnelle, tout travailleur sent le besoin d’être estimé à juste titre : le besoin d’estime de soi. Lorsque cette estime est piétinée, le travailleur vit un inconfort psychologique et recherche des solutions, parfois extrêmes, pour s’en sortir. Chez nos sujets, le diplôme supérieur ou universitaire est considéré comme la plus grande solution à cette situation. Ce diplôme est pris à ce point comme une valeur qui remet l’homme à une place digne ; il est recherché presque névrotiquement. La valeur que les sujets donnent à ce titre académique est plus psychologique que matérielle. Aussi, pour nos sujets, obtenir cette « pièce » confère une satisfaction morale, une stabilité psychologique. La présence du diplôme universitaire implique une élévation sur le plan social sans compter le succès matériel qu’il est censé apporter ultérieurement. Sur 22 sujets enquêtés, 20 abondent dans ce sens. A la question de savoir ce qu’ils visent dans ce diplôme, la majorité de nos sujets commencent par des justifications d’ordre psychologique tandis que le sens matériel vient en dernier lieu. Cela montre combien la préoccupation d’obtenir ce diplôme est plus morale que pécuniaire. Ci-dessous, quelques réponses enregistrées : « D’abord, ce diplôme me permettra d’augmenter les connaissances scientifiques et de maintenir aussi mon identité devant les gens, voire devant mon épouse ». « Mon cher, l’argent est bon mais il faut d’abord la paix de l’esprit, du cœur. Même si je touchais le double de mon salaire actuel, je n’aurais pas la paix en moi car tout le monde sait que je n’ai pas un niveau valable pour diriger ; mais avec la licence, ça ira bien ». « Un jour, j’avais demandé au préfet pourquoi lui et les autres licenciés nous traitaient comme ça. Il m’a dit : « Est-ce que tu penses qu’être licencié c’est de la blague ? Quand est-ce que tu le deviendras, toi, D6N et à ton âge ? ». « … Alors vous voyez que même si vous avez de l’argent ça n’a pas de sens au moment où les autres ne vous respectent pas, vous méprisent, vous dédaignent ! ». Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 84 « Pas seulement l’aisance matérielle mais surtout le calme d’esprit c'est-à-dire être respecté par les autres et se sentir à l’aise. Vous savez que nous subissons beaucoup de négligence, de mépris, de déconsidération à cause du manque de ce diplôme universitaire ». « C’est d’abord la formation et l’argent après. J’aime terminer ma formation en obstétrique ; ça me rendra joyeux et tranquille dans mon esprit car sans formation supérieure on est toujours piétiné par n’importe qui qui vient de l’enseignement supérieur et universitaire ». « Il faut que les autres sentent que vous êtes aussi « homme » et qu’ils vous respectent. Mais sans un grand diplôme, on est toujours négligé, on ne tient pas du tout compte de ce que vous pouvez dire ; quelquefois vous demandez la parole, on ne vous l’accorde pas quand on sait que vous avez moins étudié qu’eux. C’est pourquoi le salaire doit venir après. Il y a des gens qui ont de l’argent mais qui tremblent devant un gradué ou licencié. Voilà ! ». « Avec ce diplôme, je vais rentrer chez-moi tête haute et sans commentaires c'est-à-dire je mettrai fin à toutes les négligences que j’avais connues depuis longtemps ; ça va élargir le sens de ma personne et ma place d’homme parmi les autres». A entendre toutes ces paroles, c’est comme si ces sujets se faisaient un pari. La résonance de la recherche de cette dignité humaine, rapproche celle-ci de la résonance du complexe d’infériorité. 3.3. Le diplôme d’enseignement supérieur et universitaire une clé passe-partout Pour un jeune qui vient fraîchement de l’école secondaire, faire les études supérieures c’est normal car c’est une suite logique, comme pour tout le monde. Pour lui, le diplôme universitaire est une pièce comme toutes les autres, chacune à son niveau : après le certificat d’études primaires, c’est le diplôme du secondaire et enfin le diplôme d’études supérieures ou universitaires. Si les travailleurs retournent aux études supérieures c’est parce qu’ils sont convaincus que le diplôme universitaire est une clé magique, une clé passe-partout, un sésame. Lorsqu’on l’a, pensent-ils, toutes les portes s’ouvrent devant soi. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 85 Ayant déjà goûté à la vie professionnelle et y ayant éprouvé l’amertume que cause le manque du grade académique, le diplôme universitaire est perçu comme ayant une signification particulière. Ces sujets semblent avoir découvert l’obstacle majeur à la construction de leur carrière. Cet obstacle n’est rien d’autre que leur niveau d’études inférieur ; c’est pourquoi il faut revenir à l’école afin de le rehausser. Ces sujets connaissent déjà l’importance et le secret du diplôme universitaire dans les réalités du terrain, ils savent ce qu’ils n’ont pas pu faire à cause du manque de ce diplôme et ce que les autres ont réussi grâce à lui. C’est pourquoi ils cherchent à tout prix à l’obtenir car ils savent ce qu’ils doivent en faire. Le diplôme de licence constitue, pour eux, un succès, une ouverture et une réussite de la vie en général et la vie professionnelle en particulier. Puisqu’actuellement des licenciés chôment, le sujet ne peut-il pas regretter son poste abandonné et/ou le temps passé à l’université avec tout ce que cela comporte comme dépenses financières et souffrances ? Lui aussi peut en effet connaître le sort des licenciés et gradués chômeurs ! Malgré cela, tous les sujets sont unanimes qu’il est d’abord nécessaire d’avoir, coûte que coûte, le diplôme d’études supérieures et universitaires et qu’en l’ayant on ne peut jamais manquer d’emploi ; et si cela arrive le diplôme aidera à en créer un. Quelles que soient les difficultés qui jonchent les études universitaires, ces sujets les bravent courageusement. Ils quittent leur poste sans se dire « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Car ils estiment qu’une fois décroché, ce diplôme leur servira de quelque façon. Ils savent ce qu’ils doivent en faire, l’expérience professionnelle ayant aiguisé leur sens de l’exploitation. « En aucun cas, je ne peux regretter ce temps passé à l’université. Ce n’est pas un temps perdu ! Car après avoir obtenu un grand diplôme comme la licence, c’est sûr que je ne peux manquer là où me caser dans la vie active. Quant à l’emploi, je pense que je n’en manquerai pas. Et si j’en manque, je peux toujours créer un mini-projet car je ne suis plus au niveau de croiser les bras et d’attendre qu’on fasse tout pour moi. Je peux créer ou m’associer à d’autres personnes qui ont les idées de développement ». « Le risque de chômage existe, mais pour moi la licence est une grande ouverture car beaucoup de gens me sollicitent déjà ; et s’il arrive que je manque totalement de l’emploi, je vais créer ma propre boîte de santé, Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 86 c’est mon idéal d’ailleurs, car avec un diplôme de licence en obstétrique je suis capable de créer un centre de santé maternité ». « Je ne le regrette nullement parce qu’un licencié peut être même président de la république !» « Je suis venu tout en sachant qu’il y a des chômeurs sur terrain. Moi, je pense que je ne manquerai pas de l’emploi, et si j’en manque, je suis capable d’user de mes connaissances pour créer un emploi. Toutes ces herbes que vous voyez ici, c’est de l’argent, on peut s’associer deux ou plusieurs licenciés des domaines différents et créer un mini projet, une ONGD,… ». On ne peut qu’admirer l’optimisme qui anime ces sujets. Vu l’importance que les sujets attachent à ce diplôme de Licence, ils n’ont pas hésité de quitter leurs postes afin de privilégier les études supérieures ou universitaires. Sachant qu’ils doivent construire leur carrière, et partant leur vie, nos sujets ont abandonné tout pour les « études qui donnent des possibilités quasi illimitées ». N’ayant plus de complexe d’infériorité devant les possesseurs du diplôme universitaire, ayant tissé des relations pendant leur vie professionnelle antérieure, ayant peut-être aussi prospecté le marché de l’emploi, ils sont sûrs de l’utiliser utilement. Rien ne peut les empêcher, ils peuvent toujours créer quelque chose. 3.4. Fuite de l’enseignement Suite au chômage généralisé en RDC, l’enseignement est l’un des secteurs de travail qui a abrité un très grand nombre de jeunes à la recherche d’un emploi. Mais, le manque de salaire décent et les mauvaises conditions de travail ont été à la base de plusieurs cas d’abandon dans ce secteur et ont fait que, même pour ceux qui y restent, ce soit par les exigences de la vie ou encore par un esprit élevé de rendre service à la nation en faisant ce qu’on appelle travail valeur, qui renvoie à la dimension idéologique. Parmi nos enquêtés, certains faisaient partie du personnel enseignant. Ils nous ont révélé, dans les récits, les méfaits de l’enseignement, surtout quand on n’a pas un niveau d’études supérieures. Ils considèrent qu’un licencié ne doit pas travailler dans l’enseignement au Congo. Alors, pour eux, il faut commencer par rechercher cette pièce Vol. XIV, n°1, juin 2015 87 Ann. UNIKAM précieuse pour quitter l’enseignement avec la garantie de ne plus y revenir obligatoirement. C’est pourquoi il n’est pas question d’y retourner après avoir obtenu le diplôme de licence ; partout, c’est un « non » qui tombe comme un couperet : « Non, dans l’enseignement, il n’y a rien, ensuite on est négligé par tout le monde, par n’importe qui ». « Non, d’ailleurs je considère l’enseignement comme un chômage déguisé car l’enseignant n’est pas indépendant : beaucoup de travail, moins de salaire, toujours négligé, … d’ailleurs je ne suis pas formé pour être enseignant. Ce qui me bloque seulement, c’est le diplôme de licence ». « J’ai été déçu par l’enseignement. Dans l’enseignement, j’avais un salaire très médiocre. Dans l’enseignement, on travaille beaucoup mais on gagne moins. Etre enseignant en République Démocratique du Congo, c’est signer de mourir pauvre ». Les sujets qui n’ont jamais travaillé dans l’enseignement, opposent eux aussi un « non » catégorique et cinglant à la possibilité d’aller travailler dans ce secteur après leurs études universitaires. C’est dans les mêmes termes désabusés qu’ils se sont prononcés, se basant sur les conditions matérielles du travailleur enseignant congolais, et ses conditions de vie : « Est-ce que vous pouvez envoyer quelqu’un dans l’enseignement au moment où ceux qui y sont, sont en train de fuir ? Non ! » « Non, ailleurs et non dans l’enseignement. l’enseignant vit, dans quelles conditions il travaille, non ! » Voir comment « Je ne l’ai pas fait quand j’étais encore D6N, et vous croyez que je peux le faire en ayant déjà un diplôme de licence ? Qu’est-ce qui peut m’attirer dans l’enseignement ? Voyez d’abord comment l’enseignant vit et dans quelles conditions il travaille, c’est dommage ! ». 3.5. La vision de l’avenir La vie de l’homme se constitue par le passé, le présent et le projet pour le futur. Parmi tout ce qui préoccupe l’homme, le futur n’a pas une place moindre. L’avenir ne doit pas être un événement de surprise mais, il doit être plutôt une situation prévue et préparée. L’homme qui s’est déjà Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 88 taillé un bel avenir se trouve à l’écart de beaucoup de situations ennuyeuses. Adler stipule que la vie exige la solution des problèmes de la société et, ainsi, chaque comportement humain vise toujours l’avenir, même s’il puise dans le passé du matériel pour le construire. Dans cette étude, les sujets se montrent préoccupés de leur avenir et cela constitue, avec les autres, l’un des facteurs de leur retour aux études. Après avoir pesé le passé et le présent, ils ont trouvé qu’un bon avenir dépendrait en grande partie d’un niveau d’études élevé et d’un épanouissement sur le plan culturel. Dans le diplôme de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, les sujets voient une bonne préparation voire une réussite pour leur avenir et l’avenir de la famille en général. Tous nos sujets déclarent qu’ils sont retournés aux études pour se préparer un bon avenir. « Il faut que j’étudie car, selon l’expérience vécue, celui qui n’aura pas étudié risque de ne se retrouver nulle part dans l’avenir » « Les études m’ont cultivé et préparent un bon avenir, pour moi-même et pour toute ma famille ». « Vous savez que tout homme doit songer à son avenir et à celui de ses enfants, de sa famille donc. Quand je serai très vieux, il me sera trop tard de préparer ma vie. C’est le moment. Avec mon diplôme universitaire, je ne manquerai jamais à manger ou une maison dans ma vie ; tout comme ma famille ne manquera pas un soutien, c’est pourquoi je dis que je prépare mon avenir ». La plupart de ces raisons avancées fonctionnent concomitamment dans la même personne. Ne dit-on pas que la vie d’une personne est une totalité? Ou encore, pour faire plus moderne, la vie d’un homme est tout un système? Surtout que ces sujets cherchent à construire leur carrière, leur vie. 3.6. Le désir d’obtenir le diplôme d’enseignement supérieur et universitaire coûte que coûte fait supporter brimades et souffrances de toutes sortes D’une manière générale, les nouveaux étudiants étaient soumis aux brimades ou épreuves, par les anciens, « le bizutage », pendant plus ou moins les deux premiers mois de chaque année académique. Ces épreuves étaient vexatoires du fait que les nouveaux subissaient des peines Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 89 obligatoires auxquelles ils se sentaient incapables de se soustraire. Ils étaient humiliés et rabaissés d’une manière outrageante, touchés dans leur amour propre. Mais ces sujets ont supporté et patienté car ils avaient un intérêt à protéger, ils voulaient atteindre un objectif : terminer les études universitaires. En ce qui concerne particulièrement les sujets enquêtés dans notre étude, ils étaient plus vexés que les jeunes gens qui venaient fraîchement de l’école secondaire. Les facteurs âge et la position déjà occupée dans la vie professionnelle et dans la famille faisaient qu’ils se sentaient plus humiliés lorsqu’ils subissaient ces actes infligés par des jeunes gens parfois même de l’âge de leurs enfants, l’âge de nos sujets allant jusqu’à 52 ans. Nos enquêtés se sentaient intérieurement choqués et blessés par le fait d’être soumis et brimés par les « enfants ». Mais l’objectif qu’ils étaient appelés à poursuivre et atteindre « coûte que coûte » ne leur laissait pas le temps de se retirer ou d’abdiquer devant les difficultés. Par contre, ces brimades les encourageaient : ils se condamnaient eux-mêmes à cause de leur retard et donnaient raison aux jeunes gens qui exerçaient ces actes sur eux. Dans cet angle, 21 sur 22 sujets déclarent qu’ils avaient des difficultés à supporter, surtout au début des études, mais vaillamment, ils résistaient et avançaient. Par exemple, à la question, « comment vous sentez-vous devant les jeunes gens, camarades de l’auditoire ? Un sujet répond : « J’étais frappé et torturé par les jeunes gens qui m’appelaient « bouletb très vieux ». J’étais trop humilié mais j’ai abandonné [laissé tomber la rancœur] ; mais je me suis consolé moi-même et j’ai trouvé que ce n’est pas de leur faute. Je me suis condamné car j’avais laissé passer tout mon temps d’étudier ». Un autre poursuit : « Je me sens un peu ridicule devant les « enfants » ; ils ne respectent pas les gens, ils font beaucoup de bruits, ils crient sur n’importe qui, vous comprenez ! Et pourtant dans ma famille je suis respecté. Mais ce n’est pas leur faute, la faute m’appartient car j’avais perdu mon temps dans la profession au lieu d’étudier et cet emploi ne m’avait rien apporté… mon objectif est d’arriver à terminer mes études, avoir la licence. Peu importe la conduite de ces jeunes camarades ». Un autre sujet continue : « Bon ! Je me sens quand même bouleversé mais quand je réfléchis un peu, je me ressaisis parce que je ne peux pas les Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 90 condamner étant donné que tous mes collègues du secondaire ont terminé il y a longtemps et moi, je ne faisais qu’encaisser le retard. Mais il y a quand même de ces enfants qui me respectent et les autres non…. Ma mission est d’évoluer malgré les difficultés ». Les difficultés auxquelles sont confrontés nos sujets se rapportent aussi aux problèmes relatifs aux frais d’études pour toute l’année académique et la question de la survie. Après avoir déjà goûté à la vie active, assumé des responsabilités professionnelles et familiales, s’être habitué à subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille,… le sujet se trouve tout d’un coup sur le banc universitaire où il est encore obligé de compter sur une autre personne pour évoluer et pour satisfaire ses besoins, même élémentaires. Etant déjà adultes, la plupart de nos sujets n’ont plus de parents comme les jeunes gens et jeunes filles pour payer leurs études, cela fait que ces dernières soient supportées par les épouses ou par certains membres de la famille ; ce qui n’est pas facile à réaliser. En cela, ils se montrent aussi patients et endurants. 18 sujets sur 22, se sont exprimés sur ce point, comme le témoignent quelques-unes de leurs déclarations : « Il y a un neveux qui m’aide, c’est lui qui paye pour moi. La femme aussi m’envoie quelquefois des vivres et je vis comme ça ». « Mon épouse fabrique des savons, après avoir vendu, elle me paye les frais d’études et le reste la famille se débrouille pour manger. Même les frais scolaires des enfants c’est elle qui paye, qu’est-ce qu’il faut faire ? C’est supporter seulement ! ». « C’est mon grand frère qui me supporte ; il fait le commerce et m’envoie un peu d’argent, je ne peux pas l’obliger, je patiente et je terminerai ». « Mon épouse est aussi contente ; elle me ravitaille, elle sait que je suis en train de chercher notre vie à nous deux et celle de nos enfants ; mais elle souffre beaucoup et ça me touche vraiment ». Cette cassure entre vie passée et vie actuelle, mais hardiment supportée, prouve cet intense désir d’arriver au bout des études universitaires et construire ainsi la carrière future. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 91 A la question de savoir comment les épouses perçoivent les études actuelles de leurs époux, tous nos sujets, à l’unanimité, ont montré que l’avis de leurs épouses est très favorable ; car c’est par convention avec sa femme que le mari arrive à recommencer les études, chose qui n’est pas facile dans la période d’âge avancé, disent-ils, et surtout en ayant déjà une charge familiale. CONCLUSION En entreprenant cette recherche, notre objectif majeur était de cerner le pourquoi du retour aux études des adultes ayant travaillé et relever les éléments circonstanciels moteurs de cette décision. Qu’est-ce qui pousse les travailleurs ayant un diplôme d’Etat, malgré les difficultés de toutes sortes, à entreprendre des études qui leur coûtent cher sur plusieurs plans ? L’analyse des récits obtenus de nos 22 enquêtés nous poussent à retenir les résultats suivants Les enquêtés vivent un intense sentiment du complexe d’infériorité ; Ils cherchent à retrouver leur dignité d’homme que confère le diplôme d’études supérieures et universitaires ; Ils sont convaincus que ce diplôme d’études supérieures et universitaires constitue une clé passe-partout qui leur permettra de construire leur carrière future et, partant leur vie ; La fuite du métier d’enseignant les pousse à envisager des filières académiques spécifiques pour entrer dans des filières professionnelles autres que celle de l’enseignement ; Le contact avec la vie en général et la vie professionnelle en particulier a aiguisé leur entrepreneuriat afin de construire leur carrière, leur vie ; Leur vision de l’avenir va dans le sens d’assurer leur vie professionnelle et familiale grâce à un diplôme d’études supérieures et universitaires ; Le désir d’obtenir le diplôme de l’enseignement supérieur et universitaire est un adjuvant important qui leur fait supporter brimades et souffrances de la vie académique. Vol. XIV, n°1, juin 2015 92 Ann. UNIKAM Dans tous les cas, les sujets cherchent constamment à construire leur vie à travers la construction de leur carrière, ceci rejoint une conception qui veut qu’il ne faut pas séparer la vie de travail et la vie hors travail. Les récits récoltés, et dont nous avons tiré des extraits, en disent long. Ces résultats sont cependant limités dans l’espace : ils ont été obtenus dans une recherche qui n’a porté que sur une ville du pays. Mais, dans la mesure où les étudiants universitaires viennent de toutes les parties du pays, on peut poser l’hypothèse de retrouver une grande partie de ces résultats ailleurs aussi. C’est pourquoi nous trouvons indispensable que d’autres recherches soient menées afin de voir si ces résultats sont stables. Il y a donc lieu d’élargir l’échantillon et d’étendre cette étude dans d’autres milieux que Kisangani. D’autre part, cette étude a concerné uniquement des sujets n’ayant pas un diplôme d’études supérieures et universitaires ou équivalent. Aujourd’hui, nous observons des personnes ayant ce diplôme entreprendre les études supérieures et universitaires : des Abbés, des Pasteurs, des Colonels, des Médecins et des Licenciés de diverses disciplines. Que cherchent-ils ? Que veulent-ils ? Une étude sur ce sujet peut encore être menée. Une autre piste qui s’ouvre consiste à constater la réussite de ces résultats par rapport aux jeunes gens sortant directement de l’enseignement secondaire. Notes : a. Cette institution n’existe plus aujourd’hui à Kisangani. b. Déformation du mot « bleu », appellation que, dans l’ancien temps, les étudiants anciens collaient aux nouveaux jusqu’à leur « système » qui survenait quelques mois après. REFERENCES 1. Dominicé, P., L’histoire de vie comme processus de formation. Paris : l’Harmattan, 1996. 2. Riverin-Simard, D. Les étapes de vie au travail. Montréal : Edition Saint-Martin, 1984 3. Cross, K.P. Adult as learner. San Francisco : Jossey-Bass, 1982 4. US Bureau of census , « School enrollment: social and economic characteristics of students”, Current population reports, Series p. 20, n°335, Washington D.C., New Republic book co., 1979 Vol. XIV, n°1, juin 2015 93 Ann. UNIKAM 5. Knox, A.B. , “Proficiency theory of adult learning”, Contemporary educational psychology, 1980, Vol. 5, pp.378-404. 6. Carp, A., Peterson, R & Roelfs, P. “Adult learning interests and experiences”, dans K.P. Cross, J.R. Valley, & Associates (Eds). Planning non-traditional programs: an analysis of the issues for postsecondary education. San Francisco: Josey-Bass, 1974 7. Johnstone, J.W. & Riviera, J.R. Volunteers for learning. Chicago: Aldine, 1965. 8. Mc Coy, V.R., Ryan, C., Sulton, & Winn, N. A life transition reader, Lawrence: university of Kansas, 1980. 9. Moon , R.G. “Adult life transitions and future societal trends: the learning strategies to link them”, in V.R. Mc Coy, C. Ryan, Sulton, & N.Winn, (Eds). A life transition reader, Lawrence: University of Kansas, 1980. 10. Amudson, N.E. & Cochran, L. « Analyzing experiences using an adaptation of a heuristic approach”, Canadian Counselor, 1984, Vol.18, pp. 183 – 186. 11. Borgen, W.A. & Amudson, N.E. « New challenges for career development: Methodological implications”, in R.A.Young, & W.A. Borgen, W.A. (Eds), Methodological approaches to the study of career. New York: Praeger, pp.185-195, 1990. 12. Cochran, L.R. “Narrative as a paradigm for career research”, in R.A.Young, et W.A.Borgen, (Eds), Methodological approaches to the study of careers. New York: Praeger, pp.71-86, 1990. 13. Pineau, G. & Legrand, J.L. Les histoires de vie. Paris: PUF (QSJ), 1996. 14. Bujold, C. “Biographical-hermeneutical approaches to the study of career development’’ in R.A Young & W.A. 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Les résultats obtenus ont montré que les enfants sont victimes de beaucoup de conséquences sur cette question suite au manque d’informations, car les parents gardent la conception traditionnelle qui place l’éducation sexuelle au rang des tabous. ABSTRAT In this survey are presented the results gotten at the end of an investigation led by 80 selected parents in the City of Kamina about the sex education of their children. The gotten results showed that the children are victims of a lot of consequences on this question following the lack of information, because the parents keep the traditional conception that places the sex education to the rank of the taboos. I. INTRODUCTION A travers toutes les sociétés, l’éducation est non seulement la clé du progrès personnel et social, elle est aussi un moyen d’accéder au développement. Ainsi, comme bon nombre de parents se donnent beaucoup de peine pour protéger leurs enfants contre des maladies et autres dangers, ils doivent faire de même vis-à-vis de l’absence de l’éducation de ces derniers à partir de leurs familles. En effet, dans le cadre de la présente étude, nous nous sommes intéressés à l’attitude des parents de la Cité de Kamina face à l’éducation sexuelle de leurs enfants. Pour ce faire, nous leur adresserons les trois questions reprises ci-dessous : - Avez-vous déjà organisé dans votre vie quelques séances sur l’éducation sexuelle avec vos enfants ? - Quelle peut être la cause principale de l’absence desdites séances sur l’éducation sexuelle avec vos enfants ? - Quelles sont les conséquences de l’absence de l’éducation sexuelle sur les enfants ? UNIKAM, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education UNILU, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 96 Les réponses à ces trois préoccupations nous permettront d’infirmer ou de confirmer notre hypothèse de travail selon laquelle les pesanteurs culturelles dans un milieu urbano-rural comme Kamina dictent encore fortement leurs lois vis-à-vis de certains aspects comme celui de l’éducation sexuelle des enfants par leurs propres parents. En menant cette recherche, notre objectif majeur est de montrer aux éducateurs et aux parents que l’éducation sexuelle est d’une importance capitale pour un avenir sûr des enfants, et de formuler des suggestions pour favoriser l’équilibre et la compréhension au sein des secteurs éducatifs. Après l’introduction, nous parlerons successivement dans ce travail, des matériels et méthodes, des généralités sur l’éducation sexuelle, des résultats et discussion, et une brève conclusion mettra fin à la présente étude. II. MATERIEL ET METHODES 2.1. Cadre du travail ou échantillon Notre étude a porté sur la population mixte des parents de la Cité de Kamina sur laquelle un échantillon accidentel de 80 parents a été prélevé. 2.2. Méthode et techniques Pour mieux cerner le problème qui nous préoccupe, nous avons fait recours à la méthode descriptive. L’entretien et l’interview étaient des techniques les plus appropriées auxquelles nous avons ajouté l’analyse des documents relatifs au sujet. Pour le traitement des données, nous avons recouru au calcul de pourcentage. 2.3. Les variables Pour Lubamba K., cité par Mbeta N.1, une variable est une quantité qui varie et qui peut revêtir plusieurs valeurs, c’est aussi un caractère commun à plusieurs éléments relevant diverses valeurs ou modalités. Elle est encore définie par Lethan K. 2, comme tout ce qui peut revêtir deux ou plusieurs valeurs pouvant s’exprimer soit en terme quantitatif, soit en terme qualitatif. Dans le cadre de ce travail, nous avons manipulé deux variables à savoir, l’opinion des parents d’une part et les informations sexuelles de l’autre. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 97 III. GENERALITES SUR L’EDUCATION SEXUELLE 3.1. Définition des concepts Pour faciliter la compréhension et éviter l’ambigüité des mots, il nous a paru nécessaire de définir les concepts-clés se trouvant dans l’intitulé de notre sujet de travail. 3.1.1. Attitude Etymologiquement, le terme « Attitude » vient du terme Italien « attitudine » qui découle du Latin « aptitudo » qui signifie : disposition naturelle à accomplir certaines tâches. De nos jours, cette notion se situe au carrefour du social et la définition la plus exhaustive semble être celle de Maison N. cité par Kime D. 3 qui considère l’attitude comme « une disposition d’un agent envers un objet s’exprimant plus ou moins ouvertement à travers divers symptômes ou indicateurs et exerçant une fonction à la fois cognitive, énergétique et régulatrice sur les conduites qu’elle sous-entend ». 3.1.2. Parents Pour René Z. 4, les parents sont les partenaires conjugaux de sexes opposés ayant un lien de parenté. En ce qui concerne notre recherche, les parents sont les pères et les mères biologiques d’un enfant constituant le fondement de son éducation, car ce sont eux qui lui donnent la toute première éducation qui l’accompagnera tout au long de sa vie. Mais, si cette éducation rate, l’enfant risque de dérailler toute sa vie, c’est pourquoi les parents doivent prendre toutes les responsabilités à l’égard de leurs enfants ; car ils sont généralement les personnes les mieux écoutées par eux. 3.1.3. Education Selon Ibeki, L. 5, l’éducation est un terme complexe et difficile à définir. Complexe, parce qu’elle comprend plusieurs aspects, un contenu très large, s’adresse à la fois à l’enfant, à l’adulte, aux vieux, à l’homme anormal et en outre, plusieurs termes lui sont connexes ou apparentés (instruction, formation, culture, apprentissage, enseignement, dressage). Difficile, parce qu’elle ne trouve pas une définition appropriée qui puisse englober ou couvrir toutes ses dimensions. Définir l’éducation n’est donc pas une chose facile ; c’est pourquoi, de l’antiquité à nos jours, elle est presque toujours mal définie. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 98 De part son origine, l’éducation tire ses racines du vocable latin « exducère ». - ex = hors de ; ducère = conduire. Ceci signifie, conduire hors de, et qui veut dire modifier. Nous pouvons donc dire que l’éducation consiste à amener l’enfant de son état initial à la maturité. Il existe plusieurs définitions de l’éducation, les unes se complètent et d’autres sont contradictoires. Cependant, des éléments ci-dessous caractérisent actuellement la bonne définition de l’éducation : - L’éducation est une action qui doit être réciproque ; - Elle se limite à l’espèce humaine (individu) et se donne tout au long de la vie ; - Elle suppose, un changement du comportement physique, intellectuel, moral, social et non une possession des biens, à plus forte raison matériels ; - Elle doit toujours répondre aux attentes et aux idéaux de la société. Nous pouvons dire, du reste que l’éducation est une action exercée sur l’individu et entraîne un changement du comportement, désirable et acceptable par la société. 3.1.3.1. IMPORTANCE ET BUT DE L’EDUCATION L’importance de l’éducation est de rendre l’individu utile et capable de s’adapter à la vie de tous les jours. Or un individu utile est celui qui contribue au développement de son milieu. L’éducation vise de manière immédiate, le développement des facultés physiques, intellectuelles et morales de l’individu. Mais son but ultime est la formation totale de l’homme ou l’épanouissement de toute la personnalité humaine. 3.1.4. Education sexuelle L’éducation sexuelle donne les connaissances permettant à l’individu de découvrir l’identité et le rôle propre à son sexe et d’adopter une attitude correcte vis-à-vis du partenaire. Elle consiste à informer sur la sexualité et à transmettre un certain nombre de valeurs et de recommandations. Elle peut également avoir pour objet l’expression et la discussion autour des sentiments amoureux, des pratiques sexuelles et du respect mutuel. 6 Voilà pourquoi les parents sont des agents providentiels, possédant plus que n’importe qui, le don d’aimer leurs enfants qu’ils Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 99 connaissent aussi mieux que personne d’autre grâce au contact journalier qu’ils ont avec eux. Malheureusement, l’on constate dans la société que les enfants, filles et garçons, sont pratiquement abandonnés à eux-mêmes en matière sous examen. Au lieu d’être informés, par exemple sur les effets qui accompagnent la période de puberté, notamment la pollution nocturne chez les garçons et les changements du corps chez la fille, les enfants sont pratiquement abandonnés par leurs partenaires éducatifs. De ce fait, Diane L. 7 souligne en disant, le problème aujourd’hui, ce n’est pas que nos enfants soient informés sur les questions sexuelles, mais par contre le problème c’est ce qu’ils apprennent, l’âge auquel ils l’apprennent et les personnes de qui ils l’apprennent. Il ressort de ce qui précède que les enfants, malgré leurs formations, leurs capacités d’adaptation et leurs curiosités, surtout ceux du milieu urbain, ne participent pas avec satisfaction aux multiples activités de notre société. C’est pourquoi, disent- ils, ceux qui possèdent quelques informations sur l’éducation sexuelle, nous affirment qu’ils l’ont obtenue non pas grâce à leurs partenaires éducatifs mais plutôt grâce aux moyens de débrouillardise. 3.1.5. Enfant Selon Courtejoie J. 8, l’enfant est une créature humaine, fille ou garçon de la naissance jusqu’à l’âge de la puberté. Enfants étant un terme plus large de sens, pour notre étude, nous entendons ceux de la grande enfance, les pubères et les adolescents. IV. RESULTATS ET DISCUSSION 4.1. Résultats Les résultats contenus dans le tableau ci-dessous sont des réponses des parents à trois questions que nous leur avons posées sur l’éducation sexuelle de leurs enfants : Question N°1 : Avez-vous déjà organisé dans votre vie quelques séances sur l’Education Sexuelle avec vos enfants ? Question N°2 : Quelle peut être la cause principale de l’absence desdites séances sur l’éducation sexuelle avec vos enfants ? Question N°3 : Quelles sont les conséquences de l’absence de l’éducation sexuelle sur les enfants ? Vol. XIV, n°1, juin 2015 100 Ann. UNIKAM Tableau I. Réponses des parents aux questions sur l’éducation sexuelle de leurs enfants Réponses des parents Fréquences % A la question 1 : Organisation des séances de l’éducation sexuelle OUI 15 18,75 NON 65 81,25 Total 80 100 A la question 2 : Cause principale d’absence des séances de l’éducation sexuelle Honte 30 Tabou 40 37,5 50 Déconsidération sociale 10 12,5 Total 80 100 A la question 3 : Conséquences de cette absence Décès précoces Grossesses non désirées Maladies sexuellement transmissibles Sexualité dépravée Total 10 30 30 10 80 12,5 37,5 37,5 12,5 100 Il ressort de la lecture de ce tableau que 65 parents sur 80 soit 81,25% disent qu’ils n’organisent jamais des séances sur l’Education Sexuelle avec leurs enfants. Quant à la cause principale de cette attitude, 50% de nos enquêtés l’ont attribuée au tabou, au moment où 30 autres sujets, soit 37,5%, l’ont plutôt justifié par la honte. S’agissant des conséquences pouvant résulter de cette absence d’organisation des séances d’éducation sexuelle, 60 sujets, soit 75%, ont cité l’arrivée des grossesses non désirées (37,5%) et celle des maladies sexuellement transmissibles, 37,5% aussi. 4. 2. Discussion En examinant les réponses à notre première préoccupation, il s’est dégagé que 81,25% de nos enquêtés ont reconnu qu’ils n’organisent jamais des séances sur l’éducation sexuelle avec leurs propres enfants. En outre, deux raisons principales ont été données pour justifier cette attitude, le tabou (50%) et la honte (37,5%). Ces résultats se justifient par le fait que dans la conception culturelle traditionnelle, la sexualité est un point que les parents ne discutent pratiquement jamais avec leurs enfants. Cependant, dans plusieurs sociétés africaines, cette matière était jadis confiée soit aux Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 101 grands parents, soit réservée aux tierces personnes lors des cérémonies d’initiation qui, de nos jours n’existent malheureusement plus. C’est le cas de rites de passage à la société adulte chez les Luba de Nkinda, dans le territoire de Kamina où les écoles initiatiques avaient le sens particulier, celui d’une société où se donnait un enseignement collectif par les passages d’un rang à l’autre. Dans cette culture, il y avait une distinction entre les enfants initiés, les jeunes hommes et les vieillards. Chez les Bene Nsamba de Nkinda, chacune de ces catégories avait une entrée séparée. Ce sont ces entrées qu’on appelait écoles initiatiques. Parmi celles-ci, nous en distinguons deux grandes : le Mukanda (circoncision) et le Butanda 9. La première école qui s’occupait de l’initiation des jeunes garçons était le Mukanda ou la circoncision. Elle était une des plus grandes fêtes au pays de Luba. Cependant, chaque année vers les mois de mai et juin, cette cérémonie devrait avoir lieu dans le village. Cette école était une initiation à la vie sociale, conjugale tout en s’assurant de la virilité des garçons dont l’âge variait entre sept et douze ans. Devenu majeur, seul un jeune homme ayant subi le MUKANDA pouvait désormais avoir les relations sexuelles avec une fille. Tel est l’élément principal de cette pratique. Quant à la seconde école, le « Butanda », qui s’occupait de l’éducation des jeunes filles, ce mystère qui plane sur la vie féminine se déroulait sous la direction d’une matrone. De sept à quatorze ans, toutes les jeunes filles étaient tenues de pratiquer le Kikwana qui est une pratique consistant à se rendre en brousse par groupe de six à dix pour recueillir les racines de l’arbre de Bauhinia tomentosa ( Kifumbe.) Elles appliquaient des morceaux de racines sur les organes sexuels externes afin d’en augmenter le volume et, de ce fait, susciter l’appétit du futur conjoint en les manipulant. Du point de vue psychologique, ce passage, marquant l’entrée dans un autre cycle de la vie, devrait avoir une influence profonde sur la vie sexuelle et sur la personnalité même de la femme. L’éducation acquise dans cette école portait plus des fruits en matière de respects et devoirs féminins. Si nous établissons une comparaison avec les d’aujourd’hui, celles de l’école traditionnelle se placeraient au-dessus. En consultant les réponses à notre dernière préoccupation, il en est résulté que dans 75% des cas, les grossesses non désirées (37,5%) et les maladies sexuellement transmissibles (37,5%) ont été citées comme conséquence du manque d’éducation sexuelle. Ceci montre donc que la majorité des parents sont très conscients des méfaits de la carence aussi déplorée. En effet, même si à elle seule, l’absence de l’éducation sexuelle des enfants par leurs parents ne justifie pas la totalité de deux Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 102 conséquences évoquées, en tout cas, elle contribue énormément à leur aggravation. Par ailleurs, les décès précoces avancés par 10 parents sur 80 (12,5%) s’accordent, pour des raisons évidentes, avec les M.S.T. comme le SIDA. S’étant rendu compte de l’importance de la matière sous examen, l’Etat Congolais, à travers notamment le Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, a introduit plusieurs cours transversaux, parmi lesquels apparaissent les M.S.T., dans les programmes des études 10. Cette façon de voir les choses est très admirable, car l’éducation peut être comparée à une course de relais où chaque athlète est appelé à jouer impérativement son rôle. CONCLUSION ET SUGGESTION En dépit des oscillations observées dans ce travail, les faits confirment, tant au point de vue théorique que pratique, que le tabou reste la cause principale de l’absence des séances sur l’éducation sexuelle. Les parents éprouvent une lourdeur invincible pour traiter de ce sujet avec leur propre progéniture et cela suite à la conception culturelle traditionnelle où cette matière était jadis confiée soit aux grands parents, soit réservée aux tierces personnes lors des cérémonies d’initiation qui, de nos jours n’existent malheureusement plus. Toutes ces cérémonies traditionnelles, supprimées à l’arrivée des Européens, car jugées comme des pratiques vilaines, constituent une énorme perte culturelle. En dehors du tabou résultant de la pesanteur culturelle ci-haut déplorée, les parents enquêtés ont aussi cité à 37.5% la honte. Ainsi à eux seuls, tabou et honte représentent la cause fondamentale (87.5%) justifiant l’absence d’organisation des séances d’éducation sexuelle par les parents. Toutefois, malgré leur réticence, ils reconnaissent que ce manque d’information en cette matière pourrait avoir des répercussions considérables sur la vie des jeunes, grossesses non désirées et maladies sexuellement transmissibles. Au terme de nos investigations, nous pensons par ailleurs que notre hypothèse de travail est tout de même confirmée. Nous suggérons, sur base de ce qui précède : Que les parents des milieux ruraux et urbano-ruraux compensent la perte des valeurs culturelles en matière de l’éducation sexuelle de leurs enfants en montant des stratégies appropriées contre le tabou et la honte ; Vol. XIV, n°1, juin 2015 103 Ann. UNIKAM Que l’Etat Congolais programme le cours d’initiation à la vie depuis l’école primaire pour doter la jeunesse, dès le bas âge, d’un bon bagage de connaissances sur les avantages et les inconvénients dans la vie conjugale en général et dans les relations sexuelles en particulier. REFERENCES 1. Mbeta Ngoy; Etude des causes des abandons scolaires des élèves dans les Ecoles Secondaires, Mémoire, UNILU, F.P.S.E., 2010 2. Lethan Khoi ; L’industrie de l’enseignement; Les éditions de Minuit, Paris, 1966. 3. Kimé Doudou; Attitude des élèves finalistes face à l’Examen d’Etat, Mémoire, UNILU, F.P.S.E., 2013 4. René Zazzo; Quelques constats sur la psychologie différentielle des sexes, dans : Evelyne Sullerot, Paris, Fayars 1996. 5. Ibeki, L. ; Pédagogie générale, Guide du Pédagogue; MédiasPaul, Kin., 2001. 6. Wikipedia, éducation sexuelle, Site Web : http : // fr : wikipedia.org 7. Diane Levin, Watch Tower, Faut-il donner une éducation sexuelle à son enfant, in Tour de Garde, Vol. 132, N°21, 1er novembre 2011 8. Courtejoie J. ; L’enfant et la santé, notion de pédiatrie, édition Eeckhout, République du Zaïre, 1992. 9. Sendwe J. ; Traditions et coutumes ancestrales des Lubas Shankadi, in BCEPST, n°24, E’Ville, 1954. 10. Arrêté Ministériel octobre 20 Vol. XIV, n°1, juin 2015 n°342/Minesu/Cabmin/MML/Kob/2011 du 21 Ann. UNIKAM Vol. XIV, n°1, juin 2015 104 Ann. UNIKAM 105 CARACTERISTIQUES DES PRINCIPALES VARIETES DE PATATE DOUCE (IPOMOEA BATATAS L.) CULTIVEES A KAMINA Kalala T, Kanonge M***, Kalenga K, Kyabuya M**, Muleka K*. RESUME La culture de la patate douce (Ipomoea batatas L.) est très importante à Kamina pour la consommation et la commercialisation. Parmi les 21 variétés inventoriées, 15 s’adaptent mieux aux conditions agro écologiques du milieu avec un rendement d’au moins 5 tonnes de tubercules par hectare. Beaucoup de variétés cependant sont sensibles aux maladies fongiques et virales. En outre, l‘insecte du genre Cylas (Borer des tubercules) pose des sérieux dégâts en champ. SUMMARY The culture of sweet potato (Ipomoea batatas L.) is very important at Kamina for consumption and marketing .Among the 21 inventoried varieties, 15 are well suited to the agro ecological conditions in the middle and have a yield , at least 5 tons of tubercles per hectare. Many varieties are however sensitive to fungal and viral diseases. The insect of the genus Cylas (Borer of tubercles) poses serious damage in field. I. INTRODUCTION Ventre affamé n’a point d’oreilles disent les uns et ‘’Nzala yashimuna bilobo’’(la famine vainc les vaillants) enchaînent les autres. Ces deux adages français et kiluba montrent l’importance de l’alimentation pour l’homme .Celle-ci permet à ce dernier d’être équilibré et de fournir le meilleur de lui-même sur le plan physique, mental et psychique1-4.Comme on le sait, les activités menées par l’homme pour se nourrir durant la préhistoire furent la chasse, la pêche et la cueillette. Au fur et à mesure que la source de nourriture se raréfiait, l’homme commençât à sélectionner les espèces végétales nécessaires à son alimentation, les mettant à des endroits appropriés et à leur apportant tous les soins nécessaires pour leur développement et leur production. C’est ainsi qu’a commencé l’agriculture au néolithique5-9. Université de Kamina, facultés de sciences agronomiques Institut supérieur pédagogique de Kamina *** Centre de recherche sur le maïs, Lubumbashi/RDC Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 106 Actuellement, les groupes des plantes fournissant de la nourriture a l’homme sont les racines et tubercules, les céréales, les légumineuses, les plantes maraichères et fruitières ainsi que les plantes stimulantes 10. Bien que pauvres en protéines, les racines et tubercules constituent une source importante de nourriture en région tropicale ou, malgré la fertilité fugace du sol, ont un rendement élevé et stable. Dans cette catégorie il y a le manioc, la patate douce, l’igname, le taro et la pomme de terre11-14. De ces plantes, la patate douce est largement cultivée en région tropicale et subtropicale. Même si son aire d’origine est l’Amérique centrale et méridionale, on la trouve actuellement en culture en Afrique, en Asie, en Europe et en Australie. La Chine en est le premier producteur mondiale 1517.Ses parties utiles sont la feuille et le tubercule qui contient 70% d’eau, 2% de protéines, 0,2 % de lipides, 2,6% de glucides et 1% de cellulose. Outre son usage dans l’alimentation humaine, il sert également à la fabrication de fécule, du sirop et de l’alcool. Quant à la feuille, elle renferme 86% d’eau, 3% de protéines et 8% de glucides. La richesse en protéines de la patate douce est supérieure à celle de la pomme de terre qui avoisine celle du manioc18 ,19. Largement cultivée en R.D CONGO, La patate douce est la deuxième culture à racines et tubercules du pays après le manioc. A Kamina, en raison de sa facilité à la commercialisation, une catégorie des paysans privilégient sa culture pour se procurer rapidement les vélos, les tôles, les animaux d’élevage, etc. Apres examen de la littérature, nous n’avons trouvé aucune étude se rapportant à l’identification des variétés locales mises en culture et à leurs caractéristiques .C ‘est cet aspect particulier qui constitue l’objectif poursuivi en vue de permettre, comme nous l’avons fait dans nos trois dernières publications sur le manioc, le niébé et le riz, aux vulgarisateurs des résultats en matière agricole de rendre de grands services aux paysans 18-20 .Dans la présente étude, nous nous intéressons certes à l’inventaire des paramètres de la patate douce cultivée à Kamina ,mais aussi à leurs caractéristiques botaniques, agronomiques, organoleptiques, au temps de cuisson et de conservation et à leur résistance variétale. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 107 II. MILIEU, MATERIELS ET METHODES 2.1. Milieu 2.1.1. Situation géographique, climat et production Le territoire de Kamina est situé dans le district du Haut-Lomami, province du Katanga en R .D Congo. Il est limité au nord par le territoire de Kabongo, au sud par le territoire de Mutshatsha, à l’est par le territoire de Bukama et à l’ouest par ceux de Sandoa et de Kaniama. Il constitue un carrefour qui mène au nord vers les deux provinces du Kasaï et à l’est par le district de Tanganyika. Sa superficie est de 40214 km 2 avec une population estimée à 555.511 habitants. Le climat est du type subéquatorial avec une température moyenne de 240C et une amplitude thermique de 80c. Son altitude, sa longitude et sa latitude sont respectivement de 1115m, 250E et 80S15, 16. 2.1..2. Sol et flore Le sol du territoire de Kamina est sablonneux et parfois argilosablonneux. La flore et le climat offrent des grands pâturages qui favorisent l’élevage du gros bétail. A côté de l’élevage, les cultures vivrières les plus importantes sont le manioc, le maïs, la patate douce, le haricot, les légumes et le soja17. 2.2. Matériels Les champs de patate douce mis en place par les paysans sous notre supervision ont été choisis comme matériel d’étude. Ces champs ont été situés dans cinq sites de grande production de la patate douce à savoir Kaloba, Mwitobwe, Kankundwe, Kapese et la cité de Kamina. Pour la fiabilité des résultats, la supervision a eu lieu de 2010 à 2013. 2.3. Méthodes Le prélèvement des données à l’aide d’un ruban métrique et d’une balance a été fait lors de notre passage bimensuel dans les champs retenus pour notre étude et cela depuis la préparation du terrain jusqu’à la récolte .L ‘évaluation du rendement s’est réalisée en posant 4 carrés de rendement de 25 m2 chacun sur chaque étendue de champ de 50mx50m (1/4 ha).L’enquête menée auprès des femmes marchandes et restauratrices a révelé le temps de cuisson et de conservation, l’état après la cuisson et l’appréciation des consommateurs. Vol. XIV, n°1, juin 2015 108 Ann. UNIKAM 2.4. Localisation des sites expérimentaux Les cinq sites ont été choisis pour leur ampleur dans la production de cette denrée alimentaire : Kaloba, Cité de Kamina, Kapese, Kankundwe et Mwitobwe. La carte ci –dessous reprend les sites ou les recherches ont été menées. 4 5 2 1 3 Figure : Localisation des sites de recherche à Kamina (Kaloba ;1,Cité de Kamina :2, Kapese :3, Kankundwe :4, Mwitobwe :5)16 Vol. XIV, n°1, juin 2015 109 Ann. UNIKAM III. RESULTATS ET DISCUSSION 3.1. Résultats Vingt et une variétés de patate douce dénommées localement Carotte,Céleri,Chantal,Diojimbwala,Jelena,Katabuka(Lovoy),Katembelabang i,Kankundwe,Kenelubanza,Kibolembwala,Kibutumbwala,Kingovu(King of food),Kyabansunga, Lolwe, Mukunga kyolwa, Mukaji mutame, Nzovu mbwala, Saidia, Veronika, Wakwakabongo et Wakwashindaika ont été inventoriées au niveau de cinq .sites retenus pour notre étude (tableau 1). Tableau I. Noms des 21 variétés de patate douce cultivées à Kamina et leur localisation dans 5 sites de grande production. N° 1 2 3 4 5 6 Variétés Carotte Céleri Chantal Dioji mbwala Jelena Katabuka (Lovoy) 7 Katembela bangi 8 Kankundwe 9 Kenelubanza 10 Kibole mbwala 11 Kingovu (king of food) 12 Kibutu mbwala 13 Kyabansunga 14 Lolwe 15 Mukunga kyolwa 16 Mukaji mutame 17 Nzovu mbwala 18 Saidia 19 Veronika 20 Wakwakabong o 21 Wakwashindai ka Totaux + - Kaloba Kamina Kapese Kankundwe Mwitobwe Totaux + - + + + + + + + + + + + + + + + + - + + + 4 2 3 4 2 4 1 3 2 1 3 1 + + + + + 5 0 + + + + + + + + + + + + + + + + 3 3 5 5 2 2 0 0 + + + + + + + + + + + + + + + 4 4 2 5 1 1 3 0 - + + - + 3 2 + + + - + + + + + - - + + + 2 3 4 2 3 2 1 3 - + - - + 2 3 14 7 21 0 13 8 7 14 16 5 71 - 34 Légende :( +) signifie présence de la variété et (-) signifie absence de la variété Du tableau I, il ressort qu’à Kamina 21 variétés de patate douce sont mises en culture. La lecture horizontale de ce tableau montre que les variétés Katembele bangi, Kibole mbwala, Kingovu (King of Food) et Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 110 Mukunga kyolwa sont largement cultivées dans tous les sites de notre étude, soit une représentativité de 100%.Puis viennent les variétés Carotte, Dioji mbwala, Katabuka, Kyabansunga et Kibutu mbwala qui apparaissent chacune dans quatre sur cinq, soit 80 % de présence .Les autres variétés sont peu cultivées. Quant à l’examen vertical du tableau, il révèle à son tour que toutes les variétés de patate douce inventoriées sont cultivées dans la cité de Kamina et que seules sept variétés concernent le site de Kankundwe. Dans le tableau II sont présentées les caractéristiques botaniques de toutes les variétés de patate douce retenues pour la présente étude. Il s’agit de la longueur et de la couleur de la tige, du pétiole, de la feuille, de l’épiderme, de la chair, du nombre de lobes et de la florais Vol. XIV, n°1, juin 2015 111 Ann. UNIKAM Tableau II. Caractéristiques botaniques de toutes les variétés de patate douce retenues pour la présente étude N0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 2o 21 Variétés Carotte Cèleri Chantal Dioji mbwala Jelena Katabuka Katembela bangi Kankundwe Kenelubanza Kibole mbwala Kibutu mbwala Kingovu (King food) Kyabansunga Lolwe Mukunga kyolwa Mukaji mutame Nzovu mbwala Saidia Veronika Wakwakabongo Wakwashindaika Vol. XIV, n°1, juin 2015 of Longueur moyenne de la tige(m) 4 2 4 4 6 2,5 2,5 4,5 4 4,5 3,5 2,5 5 2,5 6 4 3,5 5 2,5 3,5 2 Couleur Tige Pétiole Feuille Epiderme Chair Nombre de Lobes/feuille Entière Début Floraison (mois) Violet pâle Verte Violet pâle Verte Verte Verte Verte Verte Verte Violette Verte Verte Violet pâle Vert Violet pâle Vert Vert Vert Vert Vert Vert Violet Vert Vert Verte Verte Verte Verte Verte Verte Verte Verte Violette Verte Verte Verte Orange Blanc Jaune Rouge Blanc Violet Jaune Violet pâle Violet pâle Blanc Violet Jaune Orange Blanche Blanche Jaune Blanche Blanche Blanche Violet pâle Blanche Violet pâle Blanche Jaune 4 4 Entière Entière 6 5 Entière 5 Entière Entière 4 Entière 3,5 3,5 4 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5 4 4,5 3,5 Violet pâle Verte Violette Violet pâle Verte Violet pâle Verte Verte Violet pâle Violet pâle Vert Violet pâle Violet pâle Vert Violet pâle Vert Vert Violet pâle Verte Verte Violet Verte Verte Verte Verte Verte Violet pâle Jaune Rouge violet Violet pâle Violet pâle Jaune Blanc Blanc blanc Blanche Blanche blanche Blanche Blanche Blanche Blanche Blanche blanche Entière Entière entière Entière Entière 4 3 Entière Entière 4 4,5 4,5 4,5 4 4,5 3,5 4,5 4,5 Ann. UNIKAM 112 Des caractéristiques botaniques il se dégage que les variétés de patate douce cultivée à Kamina développent des tiges d’une longueur de 2 à 6m en culture. La tige et le pétiole sont soit de la couleur verte ou violette. De même, la couleur de l’épiderme du tubercule peut, selon les cas, être rouge, jaune, violette, blanche ou orange. En ce qui concerne la chair, elle est blanche, jaune, orange ou blanche parsemée des taches violettes. Quant aux feuilles, celles des 12 variétés sont entières tandis que les autres ont 3 ou 5 lobes et la floraison a lieu 3 à 4 mois après plantation. L’examen du tableau III relatif aux caractéristiques agronomiques des variétés de patate douce soumises à nos investigations indique d’abord que dans tous les cas la reprise des boutures a lieu 6 jours après le bouturage. Pour le cycle végétatif, il est de 5,5 mois dans 16 cas (soit 76 %) et oscillant entre 4 et 4,5 mois dans 5 cas restants. De même, la moyenne des tubercules par pied, le rendement par hectare et le poids moyen des tubercules varient respectivement de 3 à 7, de 1,6 à 11,5 tonnes et de 0,4 à 1,3 kg. Le tableau ci-dessous permet aussi de constater que les variétés Jelena, Katabuka et Kenelubanza se caractérisent par leur grand rendement élevé à l’hectare, le poids élevé de leurs tubercules et le nombre élevé des tubercules par pied. Vol. XIV, n°1, juin 2015 113 Ann. UNIKAM Tableau III : Caractéristiques agronomiques des variétés de patate douce cultivée à Kamina N0 VARIETES 1 Cycle végétati f (mois) Tubercule /pied Rendemen t (T/ha) Poids tubercule (kg) Type de sol Jours de reprise Carotte 4,5 4 5,4 0,9 Argilo-sableux 6 2 Céleri 5,5 5 6,1 0,8 Sablo-argileux 6 3 Chantal 5,5 4 3 0,4 Sablo-argileux 6 4 Dioji mbwala 5,5 5 5,6 0,7 Sablo-argileux 6 5 Jelena 5,5 7 10 1,1 Sablo-argileux 6 6 Katabuka 4,5 6 11,5 1,3 Sablo-argileux 6 7 Katembela bangi 5,5 3 1,6 0,4 Sablo-argileux 6 8 Kankundwe 5,5 6 7 0,7 Sablo-argileux 6 9 Kenelubanza 5,5 7 12 0,7 Sablo-argileux 6 10 Kibole mbwala 5,5 5 9,6 1,0 Sablo-argileux 6 11 Kibutu mbwala 5,5 6 8 0,6 Sablo-argileux 6 12 Kingovu(King of food) 5,5 4 11 0,9 Sablo-argileux 6 13 Kyabansunga 5,5 7 8 0,6 Sablo-argileux 6 14 Lowe 5,5 2 3,6 0,5 Sablo-argileux 6 15 Mukunga kyolwa 4,5 3 9,5 0,6 Sableux 6 16 Mukaji mutame 4 5 6 0,4 Sableux 6 17 Nzovu mbwala 5,5 4 1,9 0,5 Sablo-argileux 6 18 Saidia 4 4 4 0,4 Sablo-argileux 6 19 20 Veronika Wakwakabon go 5,5 5,5 4 4 7,2 6 0,8 0,5 Limoneux Sablo-argileux 6 6 21 Wakwashind aika 5,5 4 3,3 0.9 Sablo-argileux 6 Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 114 Par ailleurs, les variétés Kingovu et Kibole mbwala rejoignent les trois autres en ce qui concerne le rendement et le poids des tubercules. En matière de types des sols, il apparait au regard des résultats que les sols sollicités pour la culture de la patate douce sont dans une large mesure (81%), du type sablo-argileux. Le tableau IV se rapporte à la résistance des variétés de patate douce étudiée contre le feu de brousse et à la sécheresse, la pourriture des tubercules, le virus de la patate douce, la tavelure, les taches annulaires, la trachéomycose et l’insecte du genre Cylas En dehors de la résistance variétale vis-à-vis de la pourriture des tubercules (11 cas sur 21, soit 52 %) du virus de la patate douce (6 cas sur21 soit 29 %) et des taches annulaires (9 cas sur 21, soit 43 %) , toutes les variétés sont sensibles aux cinq autres ennemis de la patate douce signalés dans le tableau ci-dessous (feu, sécheresse, tavelure, trachéomycose, Cylas sp). En outre, six variétés ne résistent à aucun des huit destructeurs de la patate douce retenus dans le tableau 4. Il s’agit des variétés Dioji mbwala, Kibutu mbwala, Kingovu, Lolwe, Veronika et Wakwashindaika Le dernier tableau des résultats reprend les qualités organoleptiques et les autres données recueillies auprès des marchandes, des consommateurs et des restauratrices qui ont l’habitude de préparer les feuilles et les tubercules de la patate douce. Vol. XIV, n°1, juin 2015 115 Ann. UNIKAM Tableau IV : Résistance variétale des variétés de patate douce cultivées à Kamina N0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Variétés Feu Carotte Céleri Chantal Dioji mbwala Jelena Katabuka Katembela bangi Kankundwe Kenelubanza Kibole mbwala Kibutu mbwala Kingovu(King of food) Kyabansungu Lolwe Mukunga kyolwa Mukaji mutame Nzovu mbwala Saidia Veronika Wakwakabongo Wakwashindaika Totaux Sécheresse Pourriture tubercule Virus patate douce Tavelure Taches annulaires Trachéomy cose Cylas sp Totaux + 1 2 1 0 3 2 1 2 2 2 0 0 1 0 3 2 1 2 0 1 0 + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + 7 6 7 8 5 6 7 6 6 6 8 8 7 8 5 6 7 6 8 7 8 (+) 21 21 10 15 21 12 21 21 142 (-) 0 0 11 6 0 9 0 0 - (+) = sensible, (-) = résistante Vol. XIV, n°1, juin 2015 26 116 Ann. UNIKAM Tableau V. Temps de cuisson et de conservation ainsi que les qualités organoleptiques N0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Variétés Carotte Céleri Chantal Dioji mbwala Jelena Katabuka Katembela bangi Kankundwe Kenelubanza Kibole mbwala Kibutu mbwala Kingovu (King of Food) Kyabansunga Lolwe Mukunga kyolwa Mukaji mutame Nzovu mbwala Saidia Veronika Wakwakabongo Wakwashindaika Temps de cuisson (minutes) Feuilles Tubercule 15-20 25-30 20-25 25-30 20-25 25-30 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 25-30 20-25 25-30 20-25 30-40 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 25-30 25-30 25-30 25-30 25-30 25-30 30-40 25-30 25-30 Etat après cuisson Feuilles Ramolli Ferme Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ferme Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Tubercule Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ferme Ferme Ferme Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ramolli Ramolli Ferme Légende : (+ +)= les plus préférées (;+)= Préférée ;(-)= Peu préférée Vol. XIV, n°1, juin 2015 Appréciation des consommateurs Feuille Tubercule ++ + + + ++ ++ ++ ++ ++ + + + + ++ _ + + ++ ++ + + + + + ++ ++ + + + ++ + + Temps de conservation (jours) Feuilles Tubercule 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 2 2 2 2 2 2 2 2 7 7 7 7 7 7 7 7 7 117 Ann. UNIKAM Tableau V. Temps de cuisson et de conservation ainsi que les qualités organoleptiques N0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Variétés Carotte Céleri Chantal Dioji mbwala Jelena Katabuka Katembela bangi Kankundwe Kenelubanza Kibole mbwala Kibutu mbwala Kingovu (King of Food) Kyabansunga Lolwe Mukunga kyolwa Mukaji mutame Nzovu mbwala Saidia Veronika Wakwakabongo Wakwashindaika Temps de cuisson (minutes) Feuilles Tubercule 15-20 25-30 20-25 25-30 20-25 25-30 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 30-40 20-25 25-30 20-25 25-30 20-25 30-40 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 20-25 25-30 25-30 25-30 25-30 25-30 25-30 30-40 25-30 25-30 Etat après cuisson Feuilles Ramolli Ferme Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ferme Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Tubercule Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ferme Ferme Ferme Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ramolli Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ferme Ramolli Ramolli Ferme Légende : (+ +)= les plus préférées (;+)= Préférée ;(-)= Peu préférée Vol. XIV, n°1, juin 2015 Appréciation des consommateurs Feuille Tubercule ++ + + + ++ ++ ++ ++ ++ + + + + ++ + + ++ ++ + + + + + ++ ++ + + + ++ + + Temps de conservation (jours) Feuilles Tubercule 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 7 2 2 2 2 2 2 2 2 2 7 7 7 7 7 7 7 7 7 Ann. UNIKAM 118 En ce qui concerne les qualités organoleptiques, la cuisson des feuilles dure 15 à 25 minutes et celle des tubercules 25 à 40 minutes selon les variétés. Apres la cuisson, la feuille et le tubercule restent fermes, c’est àd.ire gardent leur forme initiale ou se ramollissent. Pour les consommateurs, les feuilles de trois variétés (Céleri, Katembela bangi et Lolwe) et les tubercules de dix variétés, parmi lesquelles apparaît encore la lolwe, se placent dans la catégorie la plus préférée. De toutes les variétés, deux , Kibole mbwala et Kyabansunga, correspondent à la catégorie la moins recherchée tant pour les feuilles que pour les tubercules .Pour la conservation, les sujets interrogés ont globalement répondu qu’en moyenne les feuilles et les tubercules peuvent être gardés 2 et 7 jours respectivement et être utilisés pour la consommation humaine. 3.2. Discussion Cette recherche a porté sur 21 variétés de patate douce cultivées à Kamina et dénommées localement Carotte, Céleri, Chantal, Dioji mbwala, Jelena, Katabuka (Lovoy),Katembela bangi, Kankundwe, Kenelubanza ,Kibole mbwala, Kibutu mbwala,Kingovu (King of food),Kyabansunga,Lolwe,Mukunga kyolwa,Mukaji mutame,Nzovu mbwala,Saidia,Veronika,Wakwakabongo et Wakwashindaika. De ces variétés, une seule est légitime, la King of Food, venue de la Zambie et largement cultivée dans le sud du Katanga. Les autres ont été ramenées dans la cité de Kamina par les paysans en vue de les cultiver comme légume et pour la consommation future de leurs tubercules. L’analyse des caractéristiques botaniques (tableau 1) a révélé que les différentes variétés diffèrent les unes des autres par la longueur de la tige, la couleur de la tige, du pétiole, de la feuille, de l’épiderme et de la chair, le nombre de lobes par feuille et le temps à la floraison. Ceci corrobore la littérature selon laquelle les différentes variétés se distinguent par certaines caractéristiques variétales5, 7. L’étude des caractéristiques agronomiques a montré que la reprise des boutures a lieu 6 jours après la plantation, le cycle végétatif est de 4 à 5,5 mois, la moyenne des tubercules par pied de 2 à 7 avec un poids moyen de 0, 4à 1,3 kg par tubercule. Le rendement dans nos conditions varie de 1,6t à 11,5t/ha. Selon Vanden put, R., le rendement de cette culture peut varier de 5 à 30 t/ha selon la variété, le sol, le climat et les techniques culturales12. Ainsi, les 15 variétés de Kamina dont le rendement varie entre 5,4 t/ha et 11,5 t/ha ont de ce point de vue un comportement conforme à la littérature. Les 6 variétés restantes sont dégénérées car leur rendement est inférieur à 5 t/ha10, 13. Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 119 Du coté de la résistance variétale (tableau 4), en dehors de la sensibilité variétale vis-à-vis de la pourriture des tubercules, du virus de la patate douce et des taches annulaires, toutes les variétés sont sensibles aux autres ennemis de la patate douce. Nous attribuons cela à l’inattention des paysans lors du choix des boutures et la récolte des feuilles permettant au latex des plants malades de toucher les plants indemnes et ainsi les contaminer. D’autre part, l’insecte du genre Cylas est présent partout au Congo causant ainsi des dommages aux tubercules restés en terre pendant longtemps 12. Le temps de cuisson est de 15 à 20 minutes pour les familles qui se ramollissent après cuisson et de 20 à 25 minutes pour celles qui gardent leur état. Nous attribuons cette situation à la teneur en cellulose qui peut être faible ou élevée. De même cette situation se retrouve lors de la cuisson du tubercule et l’attribuons à la teneur en amidon qui peut être faible ou élevée10, 11,12. D’autre part, les feuilles et les tubercules ne peuvent être consommes que respectivement dans les 2 et 7 jours après la récolte. Ce qui corrobore la litterature10. CONCLUSION Ce travail qui a porté sur l’inventaire des principales variétés de patate douce (Ipomoea batatas L.) ainsi que leur comportement en culture à Kamina a abouti à 21 variétés nommées localement :Carotte,Celeri,Chantal,Jelena,Dioji mbwala,Katabuka (Lovoy),Katembele bangi,Kankundwe,Kenelubanza,Kibole mbwala, Kibutu mbwala, Kingovu ,Kyabansunga,Lolwe , Mukunga kyolwa ,Mukaji mutame, Nzovu mbwala, Saidia,Veronika, Wakwakabongo,Wakwashindaika. Parmi ces variétés, une seule est légitime, Kingovu (King of Food), venue de la Zambie et largement cultivée au sud du Katanga. En ce qui concerne les caractéristiques botaniques, la longueur de la tige varie de 2 à 6m en culture, la couleur de la tige, du pétiole, de la feuille, de l’épiderme et de la chair est variétale ; la feuille peut être entière ou avoir 3 à 5 lobes et la floraison a lieu 3 à 4,5 mois après la plantation. Pour les caractéristiques agronomiques, le cycle végétatif est de 4 à 5,5 mois, le nombre de tubercules par pied est de 3 à 7 avec un poids moyen de 0,4 à 1,6 kg et la plupart des variétés répondent bien au sol sabloargileux. Quinze variétés s’adaptent mieux aux conditions locales avec un rendement de 5,4 à 11,5 t de tubercules/ha. Les six autres restantes Vol. XIV, n°1, juin 2015 Ann. UNIKAM 120 accusent la dégénérescence car le rendement est inférieur à 5t/ha de tubercules. L’étude de la résistance variétale a révélé que toutes les variétés de patate douce sont sensibles au feu de brousse, à la sécheresse d’au moins trois mois, à la tavelure et à la trachéomycose. Cette résistance est variétale pour la pourriture des tubercules, le virus de la patate douce et les taches annulaires. Le charançon du genre Cylas creuse des galeries dans les tubercules de toutes les variétés de patate douce sous terre au champ, ce qui constitue une réelle difficulté de conservation de la qualité de cette denrée 2 mois seulement après la maturation si les tubercules sont gardés au champ. Le temps de cuisson est respectivement de 15 à 20 minutes et 25 à 30 minutes pour les feuilles et les tubercules qui se ramollissent après la cuisson. Il est de 25 à 30 minutes ou de 30 à 40 minutes pour les tubercules qui restent fermes après la cuisson .La durée de conservation des feuilles et tubercules est de 2 et 7 jours respectivement. Les variétés dont les tubercules restent fermes après la cuisson sont plus appréciées par les consommateurs et se vendent mieux sur le marché local. Comme on s’en est rendu compte, les résultats enregistrés concernent essentiellement le répertoire des variétés de patate douce cultivées à Kamina ainsi que leur comportement en culture. Cependant, la recherche des techniques de lutte contre les maladies et insectes feront l’objet des prochains travaux. REFERENCES 1. Anonyme ; Larousse illustre’ ; Edition Maury Manchecourt ; Paris ; 2009 ; 1808p 2. Le Robert : dictionnaire de français ; Edition Maury imprimeur ; Paris ; 2012 ; 631p 3. Ilunga, B ; Nkindi mishintulule ;Edition Boca;LubumbashiRDC;1983;72p 4. Le Robert ; Dictionnaire d’aujourd’hui ; Paris ; 1993 ; 715p 5. Leroi-gouran, A ; Dictionnaire de la préhistoire ; PUF ; Paris ; 1997 ; 1277p 6. Cauvin, J ; Naissance des divinités, naissance de l’agriculture : la révolution des symboles au néolithique ; Flammarion ; Paris ; 1998 ; 318p 7. Louboutin, c ; Au néolithique : les premiers paysans du monde ; Edition Gallimard ; Paris ; 1990 ; 176p 8. 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On évitera les tableaux qui contiennent des textes en lieu et place des chiffres. Tandis que les figures, si elles existent, doivent être présentées en nombre suffisamment réduit. 4. Bibliographie Il faut éviter les notes de bas de page qui ne doivent pas faire un double emploi avec la bibliographie finale. Les références bibliographiques seront groupées à la fin de l’article. Elles seront rangées par ordre numérique, avec pour chacune d’elles un numéro d’ordre mis en exposant dans le texte. Chaque référence comportera les noms des auteurs suivi de l’initial du (ou de) prénoms, titre de la revue, (cours ou autre document) en italique, tome, Maison d’édition, ville, année, page consultée. Chaque partie sera séparée par les points virgules. Par exemple : TEYSIE B. ; Droit du travail : Relations individuelles de travail ; Litec ; Paris ; 1992, p. 75. Vol. XIV, n°1, juin 2015