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Ann. UNIKAM
COMITE SCIENTIFIQUE
DIRECTEUR
Professeur MULEKA Kimpanga
MEMBRES
Professeur Bondo Mulunda
Professeur Buya bwa Nshi Ilunga
Professeur Dr Kalenga Mwenze
Professeur Dr Kashindi Numbi
Professeur Dr Luboya Numbi
Professeur Dr Malangu Mposhi
Professeur Ilunga Ndala
Professeur Kabyla Ilunga
Professeur Kalaba Mutabusha
Professeur Kalenga Mwenzemi
Professeur Kalenga Ngoy
Professeur Kaumba Lufunda
Professeur Kilanga Musinde
Professeur Kisonga Kasyulwe
Professeur Kitopi Kimpinde
Professeur Lubamba Kibambe
Professeur Lumbu Simbi
Professeur Lunda Ilunga
Professeur Lwamba Bilonda
Professeur Malemba N’sakila
Professeur Mayele Ilo
Professeur Mbuya Mukombo
Professeur Mbuyu Luyongola
Professeur Mota Ndongo
Professeur Mukalay Mutombo
Professeur Muleka Kimpanga
Professeur Muleka Ngindo
Professeur Mulongo Kalonda
Professeur Mwamba Sinonda
Professeur Mwembo Lumbila Ngoie
Professeur Ngoy Fiama
Professeur Nyembo Mukena
Professeur Yumba Musoya
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Docteur en Langue et Littérature Françaises
Docteur en Sciences Economiques
Docteur en Gynécologie Obstétrique
Docteur en Santé Publique
Docteur en Pédiatrie
Docteur en Microbiologie
Docteur en Chimie
Docteur en Santé Publique
Docteur en Sociologie
Docteur en Sciences de l’Education
Docteur Ingénieur en Chimie
Docteur en Philosophie
Docteur en Langue et Littérature Françaises
Docteur en Histoire Sociologique
Docteur en Droit
Docteur en Sciences de l’Education
Docteur en Chimie
Docteur en Géologie
Docteur en Histoire
Docteur en Anthropologie
Docteur en Philosophie
Docteur en Linguistique Africaine
Docteur en Droit
Docteur en Sciences Economiques
Docteur en Sciences Economiques
Docteur en Chimie
Docteur en Psychologie
Docteur en Langue et Littérature Françaises
Docteur en Sciences Sociales
Docteur en Langue et Littérature Françaises
Docteur en Psychologie
Docteur en Biologie
Docteur en Langue et Littérature Africaines
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
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Ann. UNIKAM
SOMMAIRE
Comite scientifique ............................................................................................. 1
Sommaire ............................................................................................................. 3
Editorial ................................................................................................................ 5
« La malungaise » ............................................................................................... 7
La mortalité maternelle dans la zone de santé rurale de Butumba (R.D.
Congo) .................................................................................................................. 9
Kilolo N.U.E., Bwana K.I., Ngoy L.J., Kabamba N.M. et Mwembo T. AN.A.
Analyse du système de référence dans la zone de santé de Kayamba,
Province du Katanga (rd.congo) .................................................................... 19
Ngongo K.A, Kabamba N.M, Chenge M.F, Luboya N.0
Prévalence de la tuberculose chez les personnes vivant avec le virus de
l’Immuno Deficience Humaine dans la ville de Kamina (Cas du centre de
dépistage et de traitement Méthodiste de Kamina) ....................................... 27
Ngoy K.V, Nshimba Wa N.R, Kembo N.L, Mwepu Wa K.J, Tshey P., Kabamba
N.M
Les cancers gynécologiques à Lubumbashi : une revue de 257 cas
diagnostiqués anatomopathologiquement de 2000 à 2012 .......................... 35
Kyabu K.V, Mwenze M D, Ilunga N.J
Gestion d’eau dans les ménages de la cité de Kamina (Cas de l’aire de
santé Quartier 52). ............................................................................................ 41
Ngoy K.C, Kasongo M.J, Kalonji L.R, Atiya m.C, Buntu K.B, Monga B.B
Etude sur la viabilité des maternités de Lubumbashi ................................... 55
Odia B.M., Mfwamba M.A.Tshiji K.V., Kapenda N.D, Kabwe M.P., Ntambue M.A
Analyse de l’accomplissement de la mission d’un directeur de nursing
dans les hopitaux de la ville de Lubumbashi ................................................ 65
Mfwamba M.A, Odia B.M, Tshiji K.V, Kapenda N.D
Pourquoi les diplômés d’état travailleurs se lancent-ils frénetiquement à la
poursuite des études superieures et universitaires ? .................................. 75
Muleka N.M., A ., Nakalali N. E. , Sobanuka, M. A.
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Attitude des parents face à l’éducation sexuelle de leurs enfants dans la
cité de Kamina ................................................................................................... 95
Mukanjila W. K. D.; Kabamba I. K.; KazadI M. A
Caractéristiques des principales variétés de patate douce (ipomoea
batatas l.) cultivées à Kamina ........................................................................ 105
Kalala T, Kanonge M, Kalenga K, Kyabuya M, Muleka K
Recommandation aux auteurs ....................................................................... 123
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Ann. UNIKAM
EDITORIAL
2014-2015, Année Académique du Symposium
Dans le cadre de l’une de ses trois missions classiques, rendre service à
la communauté, l’UNIKAM vient d’organiser, du 11 au 13 mai 2015, un
symposium sur les stratégies relatives à l’accueil, l’installation et le
développement de la nouvelle province du Haut-Lomami.
Avant la promulgation de la loi portant sur le découpage territorial par le
Président de la République, cette problématique avait suscité des questions
innombrables. Des joutes les plus enflammées avaient été entendues ou lues.
Aujourd’hui, l’Université, comme source du savoir semblable à ‘’un phare sur la
plage’’, a réuni, loin des débats de tous ordres, les scientifiques du coin et
d’ailleurs afin de préparer l’implantation harmonieuse de la nouvelle province à
l’aide des discussions élevées, objectives, impersonnelles, dénuées de toute
sentimentalité et exemptes des intérêts d’arrière-plan.
L’objectif du symposium était simple, mettre à la disposition des uns et
des autres, c’est-à-dire, des gouvernants et des gouvernées, des politiques et
des non politiques, des citadins et des paysans, des conclusions et des
recommandations susceptibles de féconder toute vision de développement
intégré et intégral du Haut-Lomami.
Œuvre d’une institution neutre par essence, apolitique et universelle dans
sa vocation, les assises étaient ouvertes à tout le monde. Toutes les
discussions qui en ont découlé obéissaient à l’idéal élevé et réaliste, seul
capable de traîner la nouvelle province vers des « lendemains qui chantent ».
Des têtes issues des horizons divers, mais couronnées des disciplines
scientifiques intéressées, ont contribué,
chacune avec ses dotations
spécifiques, à l’enrichissement du colloque.
Après le discours d’orientation dans lequel l’état des lieux général du
Haut-Lomami a été présenté par le Recteur de l’UNIKAM, trois grands axes ont
été exploités, à savoir :

L’économie de la nouvelle province, à travers principalement l’examen
de la problématique de l’agropastorale (agriculture, élevage, pêche), de
l’exploitation minière, de l’environnement et du tourisme. Avec ces
aspects ont été abordés impérativement la question des infrastructures
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routières, ferroviaires, fluviales, aériennes et celle de l’électricité et de
l’eau.
 La Politique et l’Administration ont été développées dans l’atelier qui a
abordé la linguistique, la sociopolitique, la communication, la jeunesse
et les sports comme principaux thèmes.
 Le Socioculturel, quant à lui, a concerné l’Education Nationale, la
Recherche Scientifique, les Hôpitaux et l’Habitat.
Au niveau de chacun des trois ateliers ci-dessus énumérés ont été
dégagés des objectifs à atteindre à court, moyen et long termes à l’aide des
actions à mener formulées sous forme des recommandations échelonnées,
objectives et réalistes.
Après la tenue effective du forum et la publication de ses actes majeurs,
deux autres phases ont été jugées nécessaires avant d’atteindre la maturité de
son objectif général. Il s’agit du suivi régulier du devenir des recommandations
des assises et de l’évaluation des retombées de ces dernières. Dans le premier
cas, l’Université a pensé, pour des raisons évidentes, confier le rôle aux
Honorables Elus provinciaux et nationaux du Haut-Lomami. Dans le deuxième
cas, l’Académie servirait d’interface entre la société et le comité du suivi.
Le Président du Comité de Rédaction
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« LA MALUNGAISE »
Hymne de l’Université de Kamina
Venue de loin, l’idée féconde
A engendré l’espoir
Et cet élan reçut la mission
D’éclairer l’horizon. (Bis)
Horizon, horizon encore obscur
Horizon, celui du monde rural
Horizon, celui qui est en retard
Horizon, horizon des bucoliques.
Venez les formateurs
Et vous éducateurs
Construire la tradition
Celle des meilleurs
Celle des héros
Venez les concepteurs
Et vous les constructeurs
Eriger le monument,
Pour la nation,
Pour l’avenir, Pour l’univers. (Bis)
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LA MORTALITE MATERNELLE DANS LA ZONE DE SANTE RURALE DE
BUTUMBA (R.D. Congo)
Kilolo N.U.E., Bwana K.I.*, Ngoy L.J.*, Kabamba N.M.* et Mwembo T. AN.A.
RESUME
Dans cette étude descriptive transversale prospective menée dans la zone de santé rurale
de Butumba pendant seize mois, soit de janvier 2013 à Avril 2014, 35 cas de mortalité
maternelle sur 3310 Naissances Vivantes (NV), soit un ratio de 1057.4 pour 100.000 NV,
très élevé en comparaison avec la moyenne nationale, ont été enregistrés. 19 cas, soit
environ 55%, ont eu lieu en dehors des structures sanitaires sans assistance médicale
qualifiée. Les femmes de 19 à 35 ans et les multipares ont été les plus touchées,
principalement dans la période de post-partum, tandis que les hémorragies génitales
graves en constituaient la cause principale.
ABSTRACT
In this transversal prospective descriptive study lead in rural health zone from Butumba
during 16 months, from January 2013 up to April 2014, 35 maternal mortality cases on
3310 alive births, that is 1057.4 rate for 100,000 alive births, the higher raux in comparing
a rational average were registered. 19 cases or 55%, were occurred outside health
structures without any qualified medical assistance. The multipares women from 19 up to
35 old years were most affected mainly mainly during the post-partum period and the
severe genital hemoragies have constituted the main cause.
I. INTRODUCTION
Lors de la réunion de haut niveau de septembre 2010 sur les objectifs du
millénaire, les dirigeants du monde s’étaient inquiétés de la lenteur des progrès
en matière d’amélioration de la santé maternelle et reproductive et de réduction
de la mortalité maternelle. Le taux de mortalité maternelle, qui constitue la
mesure la plus courante de la santé maternelle, restait un grand défi pour
l’Afrique, notamment en comparaison avec le reste du monde 1. Cette mortalité
est « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai
de 42 jours après l’accouchement, quelle qu’en soit la durée ou la localisation,
pour une cause quelconque, déterminée ou aggravée par la grossesse ou les
soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite » et constitue un
indicateur fort de la qualité des soins obstétricaux2-5.

Université de Kamina, Faculté de médecine ; E-mail : [email protected]

Université de Lubumbashi, Faculté de médecine et Ecole de santé publique
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Selon l’OMS, plus de 85% des décès maternels sont enregistrés en Afrique
subsaharienne et en Asie du Sud. Dans les pays européens et aux Etats-Unis,
bien que la mortalité maternelle soit faible, un certain nombre d’études ont mis
en évidence des fortes disparités selon l’origine ethnique de la mère 6-9. En
d’autres termes, le taux de mortalité maternelle est variable selon le niveau
socio-économique d’un pays. En effet, il est plus faible dans les pays
développés que dans ceux en développement.
Dans les régions en développement, le taux de mortalité maternelle est
de 450 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 9 dans les
régions développées. Au total, 14 pays ont un taux dépassant 1 000 et, à
l’exception de l’Afghanistan, tous sont situés en Afrique subsaharienne: Angola,
Burundi, Cameroun, Guinée-Bissau, Libéria, Malawi, Niger, Nigéria,
République Démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Somalie et Tchad.
En dehors des différences entre états, on constate également de grandes
variations dans les pays eux-mêmes, entre populations riches et pauvres, ainsi
qu’entre populations urbaines et rurales10.
La République Démocratique du Congo, notre pays avait le 36 ème taux de
mortalité globale le plus élevé du monde : 11,06 morts/ 1 000 personnes en
2011. En ce qui concerne la mortalité maternelle, elle avait le 16 ème taux de
mortalité maternelle le plus élevé, avec 670 morts/ 100 000 naissances en
200811.
Dans notre milieu de recherche, aucune étude sur la mortalité
maternelle n’a déjà été menée, ce qui justifie la présente étude dont l’objectif
général est d’étudier ce drame en vue de contribuer à l’amélioration de la santé
reproductive. Trois objectifs spécifiques poursuivis sont repris ci-dessous :
-
La détermination du taux de mortalité maternelle et la période
obstétricale la plus concernée dans la zone de santé rurale de Butumba,
La détermination des caractéristiques sociodémographiques des mères
concernées
L’identification des différentes causes génératrices du décès.
II. MATERIELS ET METHODE
2.1. Lieu d’étude
La présente étude a été menée dans la zone de santé rurale de Butumba
située dans le territoire de Bukama, district du Haut-Lomami, province du
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Katanga, en RD Congo. Elle est une zone « fille » de la zone de santé de
Bukama et elle a été créée en 2003.
2.2. Type et période d’étude
Il va s’agir d’une étude descriptive transversale prospective sur les cas
des décès maternels survenus dans les différentes aires de santé de la zone de
santé de Butumba durant la période allant de Janvier 2013 à Avril 2014.
2.3. Population d’étude et échantillon
Notre population d’étude était constituée de 35 cas de décès maternels
enregistrés dans toute la zone de santé, soit dans une structure sanitaire, soit
dans la communauté. Le tout a été rapporté sur l’ensemble des 3310
naissances vivantes enregistrées à la même période.
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Taux de mortalité maternelle et lieu de survenue
Le taux de la mortalité maternelle dans la zone de santé rurale de
Butumba pendant la période de notre étude était de 1057,4 sur 100.000
naissances vivantes, soit 35 décès enregistrés sur 3310 naissances vivantes.
Le tableau 1 répartit les cas selon leurs sites de décès maternels dans la zone
de santé de Butumba.
Tableau I. Répartition des cas de mortalité maternelle selon le lieu de survenue
Lieu de décès maternel
En dehors des
établissements sanitaires
Dans un
sanitaire
Total
établissement
Effectif
19
Pourcentage
54.3
16
45.7
35
100
Au total, 19 cas des décès (54,3%) sont survenus en dehors des
établissements sanitaires et 16 autres, soit 45,7%, dans les établissements de
santé.
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3.1.2. Caractéristiques sociodémographiques des femmes concernées
Dans le tableau 2, les cas de mortalité maternelle sont présentés selon la
parité, la gestité et l’âge de la femme décédée.
Tableau II. Répartition des cas de décès selon la parité, la gestité et l’âge de la
femme
Caractéristiques
sociodémographiques
 Parité
Nullipare
Primipare (1)
Paucipare (2-3)
Multipare (4-6)
Grande multipare (7 ou plus)
Total
Effectif
Pourcentage
2
3
8
12
10
35
5,7
8,6
22,9
34,3
28,6
100
2
10
11
12
5,7
18,6
31,4
34,3
35
100
3
24
8
8,6
68,6
22,9
35
100
 Gestité
Primigeste
Paucigeste
Multigeste
Grande multigeste
Total
 Tranches d’âge(en années)
Inf. ou égale à 18
19-35
Sup. à 35 ans
Total
L’analyse du deuxième tableau montre que les taux de décès les plus
faibles concernent les femmes nullipares et primipares (14,3%), primigestes
5,7%) et âgées de 18 ans tout au plus (8,6%). Ainsi, les paucipares et les
multipares représentent 85,7%, les paucigestes et les multigestes 94,3%. Les
femmes dont l’âge varie entre 19 et 35 ans sont concernées à elles seules dans
presque 69% des cas.
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3.1.3. Etiologies et période de décès
Sont passées en revue dans le tableau 3, les étiologies de la mortalité
maternelle et la période pendant laquelle le décès a été enregistré.
Tableau III. Causes et période de décès maternel
Etiologie et période du
décès
 Etiologie
Hémorragie génitale
Infections
Eclampsie
Avortement clandestin
Non déterminée
Effectif
Pourcentage
24
6
1
2
2
68,6
17,1
2,9
5,7
5,7
Total
35
100
 Période du décès
Pendant la grossesse
Pendant le travail
Dans le post-partum
4
14
17
11,4
40
48,6
Total
35
100
Dans la zone de santé de Butumba, les hémorragies génitales ont
constitué la cause principale de la mortalité maternelle avec un taux de 68,6%.
De même, cette mortalité intervient dans 88,6% des cas pendant le travail et la
période dite post-partum, celle allant de l’accouchement à 42 jours.
3.2. Discussion
3.2.1. Taux et lieu du décès
Il est rapporté dans cette étude que le taux de mortalité maternelle
observé dans la zone de santé de Butumba est de 1057,4 sur 100.000
naissances vivantes(N.V), c’est-à-dire que 35 cas de mortalité maternelle ont
été enregistrés sur 3310 naissances vivantes pendant une période de 16 mois.
Quoiqu’il en soit, ce taux, (540/100.000NV) en 2010, supérieur à la moyenne
nationale témoigne que notre pays est loin d’atteindre l’objectif 5 des objectifs
du millénaire pour le développement (OMD) en cette année 2015, 322 pour
100.000 NV. Cependant, la littérature montre qu’entre 1990 et 2015, le taux de
mortalité maternelle a évolué en République Démocratique du Congo. En effet,
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les données sanitaires du pays montrent que la mortalité maternelle est en
constante baisse depuis 1990 : 540 décès pour 100.000 naissances vivantes en
2010 contre 930 en 1990 12. En dépit de cette évolution positive, le taux de
mortalité ne pourra pas atteindre sa cible d’ici la fin de l’année 2015. Et, la
situation demeure plus inquiétante en milieu rural, comme à Butumba, où
l’accessibilité aux soins de santé de qualité pose encore d’énormes problèmes.
En 2008, Wembonyama et al démontraient que sur environ 2.600.000
femmes enceintes enregistrées chaque année en R.D. Congo, le tiers
seulement bénéficiait d’un accouchement
surveillé,
c’est-à-dire
en
présence d’une personne formée13. Ceci est corroboré dans cette étude car
nous avons constaté que plus de la moitié des cas de décès sont survenus dans
la communauté, loin de toute assistance médicale, 19 cas sur 35, soit 54,3%. Et
même, pour ceux survenus dans une structure sanitaire, la question sur le
niveau d’instruction du personnel doit être posée. Ainsi, en 2005, une autre
étude initiée par la Banque mondiale montrait que le pourcentage des
accouchements médicalement assistés en République Démocratique du Congo
était nettement plus faible en milieu rural qu’en milieu urbain défavorisé à
plusieurs égards 14.
3.2.2. Age, parité et gestité
Contrairement à plusieurs résultats rapportés dans la littérature et selon
lesquels l’extrême
jeunesse et l’âge avancé des femmes enceintes
représentaient un risque de décès maternel3, 15-17 , nos investigations ont indiqué
que le taux le plus élevé correspondait plutôt aux femmes âgées de 19 à 35
ans(68,6%). N’ayant pas concerné la détermination des facteurs de risque de la
mortalité maternelle, cette étude nous a conduits seulement à considérer aussi
la grande proportion des femmes qui accouchent dans la tranche d’âge de 19 à
35 ans.
Il a été en outre établi que la fréquence de la mortalité maternelle
augmentait avec la parité et la gestité (tableau 2). A notre avis, cette répartition
pourrait résulter de la mise en confiance des femmes au fur et à mesure qu’elles
accouchent et de la prédisposition des multipares aux hémorragies de la
parturition et du post-partum.
3.2.3. Période et causes du décès
Comme dans la plupart des études antérieures dans les pays en
développement sur la mortalité maternelle3,4,17-22, nous avons enregistré plus
des décès dans le post-partum immédiat (48,6 %) et dans le perpartum(40%).
Le taux élevé de décès maternels dans le post-partum pourrait se justifier par la
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Ann. UNIKAM
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mauvaise gestion de cette période de délivrance ou de celle qui fait sa suite.
Dans la zone de santé de Butumba, la pratique des accouchements à domicile
par des personnes non qualifiées est fréquente. Ces dernières, incapables de
bien prendre en charge le travail en cas de moindres complications, assistent
d’une manière désarmée à la mort des pauvres mères ou les évacuent en
catastrophe vers les structures sanitaires où l’on constate souvent que le cas
est irrécupérable.
Parmi les causes de décès, l’hémorragie génitale prend la tête avec 24
cas sur 35 soit 68,6%(tableau 3). Les autres causes sont les infections du postpartum (17.1%), les avortements clandestins (5.7%) et l’éclampsie (2.9%). Ici
aussi, nos résultats s’accordent avec l’OMS selon laquelle les principales
complications, qui représentent 80% de l’ensemble des décès maternels, sont
les hémorragies sévères (pour l’essentiel après l’accouchement), les infections
(habituellement après l’accouchement), l’hypertension durant la grossesse (pré
éclampsie et éclampsie) et l’avortement pratiqué dans de mauvaises conditions
de sécurité. Les autres causes de complications sont associées à des maladies
comme le paludisme, et le VIH durant la grossesse23.
Si les hémorragies graves du post-partum sont incriminées dans la
plupart des études faites dans les pays pauvres 3,4,17-22 et constituent de loin la
cause première de la mortalité maternelle, c’est parce que la prise en charge
des victimes demande une extrême urgence et la disponibilité du sang à
transfuser. Chose qui est difficile dans la zone de santé de Butumba où
l’accessibilité aux soins de santé de qualité est un casse-tête en cas de
complications obstétricales : éloignement du site d’habitation par rapport à
l’hôpital général de référence, quasi-absence de moyens de transport rapide,
communication difficile, etc .
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
A quelques mois de la date fixée pour l’atteinte des objectifs du millénaire
pour le développement, la situation de la mortalité maternelle à Butumba (RD
Congo) demeure encore préoccupante. Le ratio de mortalité maternelle trouvé
dans cette étude est très élevé par rapport à la moyenne nationale et loin de la
cible fixée dans les OMD. Les principales causes sont par ordre décroissant,
l’hémorragie du post-partum, les infections et l’avortement clandestin.
La majeure partie des décès maternels selon cette étude est évitable si la
prise en charge des principales causes est bonne. Les femmes enceintes
doivent avoir accès aux soins prénataux, bénéficier de l’assistance d’un
personnel qualifié lors de l’accouchement et recevoir des soins appropriés au
cours des semaines qui suivent l’accouchement. Il est particulièrement
important que toutes les naissances aient lieu avec l’assistance de
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professionnels de santé qualifiés, car une prise en charge et un traitement
rapide peuvent sauver la vie et contribuer ainsi à l’amélioration de la santé
maternelle.
La sensibilisation de la population en général et des femmes enceintes en
particulier sur l’importance d’accouchement dans une structure de santé doit
être renforcée. De même, un renforcement en capacité du personnel soignant
sur les signes de danger en cours du travail ou dans le post-partum doit être
envisagé. Cependant, la situation est encore loin d’être résolue dans la zone de
santé rurale de Butumba qui compte seulement 3 médecins qui ne peuvent ni
couvrir toute l’étendue, ni être joints rapidement en cas d’urgence. Néanmoins,
en luttant contre les accouchements à domicile, l’on assistera à une réduction
sensible des cas de la mortalité maternelle dans ce lieu.
REFERENCES
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dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement,
Rapport OMD 2011, p53
2. OMS. Maternité sans risque, No 18 1995, p3
3. Mukendi et al. Etude de la mortalité maternelle et des facteurs associés
à l’hopital Jason Sendwe à Lubumbashi de 2000 à 2011. Rév méd
Grands lacs,
4. Koudjou T. Etude de la mortalité maternelle dans les services de
gynéco-obstétrique et de réanimation au CHU du point G. A propos de
73 cas. Thèse de méd., université de Bamako, 2007-2008.
5. Rosenfield A and Maine D. Maternal mortality, a neglected tragedy.
Where is M in MCH. Lancet 1985; (8445-8448) : 83-85.
6. Philibert M, Boibras F et Bouvier-Colle M-H. Epidémiologie de
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mortalité maternelle en France, de 1996 à 2002: fréquence, facteurs et
causes. Inserm (1) 149, Univ Pierre et Marie-Curie, Paris, France, 2003.
7. Cemach. Confdential. Enquiry into maternal deaths why matters die
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Londres, 2004: 25-58.
8. Wildman K et Bouvier-Colle M-H. Maternal mortality as an indicator of
obstetric care in Europe. Br J Obstet Gynecol 2004;111: 164-9.
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Deneux-Tharaux C, Berg C, Bouvier-Colle M-H, Gissler M, Harper
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10. OMS et UNICEF, Mortalité maternelle en 2005. Estimations établies par
l’OMS, l’UNICEF, le FNUAP et la Banque mondiale. Genève, 2007
Vol. XIV, n°1, juin 2015
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17
11. Programme National de la Planification Familiale RDC, Informations
clés sur la RDC, Fiche Pays, 2012
12. RDC, Rapport national OMD. Evaluation des progrès accomplis par la
RDC dans réalisation des objectifs du millénaire pour le développement
en 2014, Septembre 2014.
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République Démocratique du Congo : De l’indépendance à la troisième
république. Med Trop2007 ; 67 : 447-457
14. Banque Mondiale, santé et pauvreté en République Démocratique du
Congo : Analyse et Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté.
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Noire : 2000 ; 47(1)
19. Lankoande.J ; Ouedraogo C ; Toure B ; Ouedraogo A ; Dao B ;
Kone B. La mortalité maternelle à la maternité du Centre Hospitalier
National de Ouagadougou (BF) : à propos de 123 cas colligés en 1995,
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Maternelle par le biais des soins obstétricaux d’urgence. May post,
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Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
18
Ann. UNIKAM
19
ANALYSE DU SYSTEME DE REFERENCE DANS LA ZONE DE SANTE DE
KAYAMBA, PROVINCE DU KATANGA (RD.CONGO)
Ngongo K.A1*,Kabamba N.M**, Chenge M.F***, Luboya N.0***
RESUME
Une étude descriptive transversale a été effectuée sur les données de la référence et de
la contre référence de l’année 2009 entre les formations sanitaires du premier échelon
de la zone de santé(ZS) de Kayamba et son HGR à PCA déficitaire. A l’issue du travail,
il a été montré que le système de référence est plus affecté par la longue distance à
parcourir et le manque de soutien à l’HGR que par la qualité des soins et la disponibilité
des médicaments. De cette situation résultent
les dysfonctionnements d’ordre
organisationnel, géographique, culturel et technique.
.ABSTRACT
A cross-sectional descriptive study was performed on the data of the reference and the
reference against 2009 between the first level health facilities in the area of health and
Kayamba HGR to PCA deficit. After work, it was shown that the reference system is more
affected by the long distance and the lack of support in the HGR than by quality of care
and availability of medicines. This situation results malfunctions organizational,
geographical, cultural and technological recognized health center to the hospital.
I. INTRODUCTION
Le système de référence a été conçu pour servir de complément au
principe des soins de santé primaires, qui consiste à traiter les gens à un
premier niveau de soins aussi près que possible de leur habitation, avec toute la
compétence nécessaire 1 .C’est dans ce contexte que l’offre de soins dans tous
les systèmes de santé, s’organise en réseau et de manière pyramidale avec au
plus bas de l’échelle, les établissements des soins de santé de base qui
fournissent des prestations de premier contact
et
graduellement, les
établissements de recours qui fournissent, quant à eux, des soins
complémentaires adéquats 2. Le développement d’un tel réseau, offre la
garantie d’améliorer la prise en charge des individus durant tout leur parcours
dans le système, car nombre des malades sont peu ou pas satisfaits des
premières prestations fournies par les structures de premier recours. Ainsi,
quand le patient est rapproché de son système de santé, sa circulation à
l’intérieur de ce réseau en quête de soins adéquats, continus et efficaces met en
* Médecin chef de zone de kayamba, e-mail : [email protected]
** Université de Kamina, Faculté de Médecine, Département de santé publique
*** Université de Lubumbashi, Faculté de Médecine, Département de santé publique
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
20
exergue un mécanisme de dialogue et de concertation entre les prestataires des
deux niveaux hospitaliers sur la co-utilisation des moyens. Il s’agit du système
de référence et contre référence, valorisé par les prestataires eux-mêmes avec
ou sans la coordination d’un organe neutre. Il répond au souci de délégation des
tâches qui requiert au préalable des instructions clairement définies.
Le système de référence est donc un moyen qui permet une meilleure
continuité des soins des patients et une plus grande intégration des services
dans le système. Cette activité est fixée à 10% par le ministère national de la
santé en RD. Congo3, au moment où la zone de santé de Kayamba n’a réalisé
qu’un taux de 1,3% pour l’année 2009. (SNIS BCZ 2009). De ce fait, il s’avère
important d’analyser ce système et d’identifier les facteurs de faible taux de
référence afin d’améliorer la qualité de soins des patients dans ladite zone de
santé. Tel est l’objectif général poursuivi dans cette étude. En outre, les objectifs
spécifiques qui en découlent sont : déterminer le nombre des malades référés
arrivés à l’HGR et des malades contre référés ainsi que les facteurs qui
influencent le taux de référence et contre référence ; ressortir les patients
perdus de vue et proposer les mécanismes pour améliorer le système de
référence et contre référence.
II. MATERIEL ET METHODE
2.1. Type d’étude
Il s’agit d’une étude descriptive transversale qui a été effectuée dans la
zone de santé de Kayamba en 2009.
2.2. Sites d’enquête, populations et critères d’inclusion
La zone de santé(ZS) de Kayamba est située dans le district sanitaire du
Haut-Lomami, province du Katanga, en République Démocratique du Congo.
Créé en 2003, la zone comprend 13 Aires de santé, une population totale de
84981 habitants, une superficie de 4000Km² et un hôpital général de référence
qui a 16 lits montés. Les quatre services traditionnels sont mal organisés et
60% des locaux de cette zone sanitaire sont en chaumes.
Elle est limitée au Nord par la zone de santé de Kalonda Est, au Sud par
la zone de santé de Songa, à l’Est par la zone de santé de Kabongo et à l’Ouest
par les zones de santé de Kanyama, au Katanga et de Ngandajika au Kasaï
Oriental.
Le travail a porté sur 12 centres de santé (CS) opérationnels en 2009,
et à l’hôpital général de référence de Kayamba. Dans chaque centre de santé,
l’analyse a porté sur les malades référés, les outils de référence et contre
référence de l’année 2009. Ont été inclus dans l’étude tous les patients référés
vers l’hôpital et contre référés vers les centres de santé en 2009.
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21
Ann. UNIKAM
Le questionnaire et la revue documentaire ont été retenus comme
techniques de collecte de données pour cette étude. Ces dernières ont été
traitées et analysées sur un support informatique en utilisant le logiciel Epi info.
Version 3.5.3. et Excel 2007.
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Référence par centre de santé
Tableau I. Nombre des malades référés vers les douze centres de santé
Nom du centre de santé
Effectif
Pourcentage
Kafuku
Kahako
Kalamba
Kayi
Kibila
Kisaho
Lwamba Sakadi
Lufuishi
Mombela
Muala
Mudindua
Nsulo a loa
40
33
26
13
23
12
51
19
10
15
49
16
13,03
10,75
8,47
4,23
7,49
3,91
16,61
6,19
3,26
4,89
15,96
5,21
Total
307
100,00
Quatre centres de santé, CS Luamba Sakadi, Mudindwa, Kafuku et
Kahako, ont envoyé 56% des patients à l’Hôpital Général avec les fréquences
respectives de 16,61% ; 15 ,96% et 13,03% et 10,75%. Pour les huit autres
restants, les taux oscillent entre 3,91% et 8,47%.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
22
Ann. UNIKAM
3.1.2. Patients référés des CS et arrivés à l’HGR
Tableau II. Répartition des patients référés et reçus à l’ HGR
Centres de santé
Kafuku
Kahako
Kalamba
Kayi
Kibila
Kisaho
Lwamba. Sakadi
Lufuishi
Mombela
Muala
Mudindua
Nsulo a loa
Total ZS
Malades
référés à
l’HGR
40
33
26
13
23
12
51
19
10
15
49
16
Malades
arrivés à
l’HGR
19
1
4
0
19
3
21
1
1
0
5
3
Taux des
arrivés à l’
HGR %
47 ,5
3,0
15,3
0
82,6
25
41,1
5,2
10
0
10
18,7
Taux des
perdus de
vue en %
52,5
96,9
84,6
100
17,3
75
58,8
94,7
90
100
89
81
307
77
25
74,9
Le principal renseignement qui se dégage du tableau 2 est que seuls 25%
des patients référés sont arrivés à l’HGR, soit un taux de perdus de vue de 75%.
Par ailleurs seuls les malades en provenance du CS Kibila se sont présentés
massivement à l’HGR avec un taux de 82,6%. Pour les CS Kafuku et Lwamba
Sakadi, on a enregistré respectivement un taux de présence à l’HGR de 47,5%
et 41,1%. Ailleurs ce taux variait entre 0% (CS Kayi et Muala) et 25% (CS
Kisaho).
Compte tenu du faible taux de non présentation à l’HGR ainsi enregistré,
nous avons étendu nos investigations à la recherche des causes pouvant
justifier une telle situation (tableau III).
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23
Ann. UNIKAM
Tableau III. Obstacles à la référence vers l’HGR
Facteurs de démotivation du patient
Effectif
Pourcentage
Longue distance à parcourir pour atteindre l’HGR
288
12,69
Refus de la famille (absence du mari ou d’un
responsable)
Mauvais accueil des infirmiers à l’HGR
191
8,42
167
7,36
HGR non équipé, bâtiment en chaume
197
8,68
Trop d’attente avant d’être consulté et soigné
177
7,80
219
9,65
96
4,23
Manque de soutien à l’ HGR (pas de famille sur
place)
Difficultés d’accéder à l’HGR (marais, rivières)
283
12,47
147
6,48
Prix exorbitant des soins à l’HGR
218
9,61
Préférence centre privé (moins coûteux, moins
d’administration)
Peur de l’opération à l’ HGR
Qualité de soins
Médicaments non disponibles
97
4.28
189
8.33
Total
2269
100
La longue distance (12,69 %) et le manque de soutien à l’HGR (12,47%)
ont été les facteurs de démotivation qui venaient en première position, alors
que la qualité des soins (4,28%) et la peur pour l’opération à l’HGR (4,23%)
affectaient peu la référence des malades.
3.2. Discussion
Quatre centres de santé (Mudindua, Lwamba Sakadi, Kahako et Kafuku)
sur douze ont envoyé plus de patients (56%) à l’HGR que les huit autres
restants. Ce fait pourrait notamment s’expliquer par la capacité des infirmiers
titulaires de ces centres à persuader leurs patients à accepter la référence
vers l’HGR en raison de son plateau technique plus outillé .4
Si 25% seulement des patients référés sont arrivés à l’HGR , ceux-ci
attribuent cette situation, dans environ 70% des cas à sept causes principales ,
à savoir : la longue distance à parcourir pour atteindre l’HGR (12,7%), le
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24
manque de soutien familial (12,5%) , la préférence des centres de santé privés
moins coûteux avec peu des contraintes administratives (9,7%), le prix
exorbitant des soins à l’HGR (9,6%), l’absence de certains équipements à l’HGR
et de sa toiture en chaume (8,7%), le refus de la famille (8,4%) et la non
disponibilité des médicaments (8,3%). Les raisons ainsi avancées corroborent
les résultats des études antérieures similaires réalisées au Bénin, en Ouganda
et au Cameroun 5,6,7
En outre, en comparant la distance séparant d’une part, plusieurs de ces
centres de santé et l’HGR Kayamba (60 Km) et d’autre part, celle les séparant
de l’HGR Kalonda, au Kasaï Oriental (5 Km), l’on s’aperçoit que les centres de
santé les plus éloignés de l’HGR Kayamba ont enregistré très peu des
malades arrivés à l’HGR Kayamba. C’est le cas notamment des centres de
santé de Mwala, Kahako, et Mombela où il faut 45 minutes et une journée de
marche pour atteindre respectivement l’HGR Kalonda et l’HGR Kayamba. Ces
résultats s’accordent avec ceux de Laloé (1998) 9 et de Ngal (2004) 10 en
matière des itinéraires thérapeutiques et sur les parcours des patients d’un
établissement de soins de 1er échelon vers l’établissement de 2ième échelon.
De même , les taux élevés d’arrivée à l’HGR des patients en provenance
de centres de santé de Kibila (82,6%), Kafuku (47,5%) et Luamba Sakadi
(41,1%) se justifient par le fait que toutes ces structures sont à moins de 40
Km de l’HGR Kayamba , ce qui facilite le déplacement de la population vers
l’HGR 11. En plus, ces structures sont reliées à l’HGR par un réseau des
routes en état acceptable.
CONCLUSION
La référence des patients du premier échelon vers le deuxième échelon
dans la ZS de Kayamba, comme partout ailleurs, présente certes des
dysfonctionnements aussi bien du point de vue organisationnel, culturel que
technique.
Nous avons montré dans cette étude, en raison notamment de la longue
distance séparant les centres de santé de l’HGR Kayamba et du manque de
soutien familial en matière financière, que 25 % seulement des patients référés
à l’HGR sont arrivés dans ce site hospitalier. En comparant nos résultats à ceux
des de la littérature relatifs aux itinéraires thérapeutiques des patients d’un
établissement de soins de 1er échelon vers celui du second échelon dans les
pays en développement, nous avons abouti à une concordance de vues en ce
qui concerne les causes qui empêchent les patients d’accéder aux soins
appropriés dans les hôpitaux outillés.
Ainsi, nous suggérons, au gouvernement national et au ministère de la
Santé, que le découpage des ZS tienne à la fois compte des critères politico
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Ann. UNIKAM
25
administratives,
certes,
mais
aussi
des
aspects
géographiques,
démographiques, et socio culturels. Au gouvernement provincial du Katanga,
nous recommandons l’initiation rapide d’un projet de cantonage manuel pour
rendre accessible les routes dans la chefferie de Kayamba.
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Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
26
Ann. UNIKAM
27
PREVALENCE DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES PERSONNES VIVANT
AVEC LE VIRUS DE L’IMMUNO DEFICIENCE HUMAINE DANS LA VILLE DE
KAMINA
(Cas du Centre Méthodiste de Dépistage et de Traitement de Kamina)
Ngoy K.V, Nshimba Wa N.R, Kembo N.L, Mwepu Wa K.J*, Tshey P.,
Kabamba N.M*
RESUME
Il est rapporté dans cette étude réalisée au Centre Méthodiste de dépistage et de
Traitement du VIH à Kamina, Province du Katanga, RD Congo, 48 cas de la tuberculose
sur un effectif de 202 personnes ayant développé le VIH, soit 23,8%. Cette étude a aussi
montré que les 48 cas étaient constitués de 66,7% d’hommes, 33,3% de femmes, 25%
des hommes en uniformes, 22,9% de commerçants. Par ailleurs, les sujets divorcés et
ceux âgés de 19 à 45 ans constituaient les groupes les plus touchés avec une
représentativité respective de 39,6% et 75%.
ABSTRACT
It is reported in the Methodist Center carried out screening and HIV Treatment in
Kamina,
Katanga Province, DR Congo, 48 cases of TB on a workforce of 202 people who developed HIV,
or 23.8%. This study also showed that 48 cases were made up of 66.7% men, 33.3% women, 25%
of men in uniform, and 22.9% of retailers. Furthermore, divorced subjects and
those aged
19 to 45 years were the most affected groups with respective
representativity 39.6% and 75%.
I. INTRODUCTION
Jusqu’à ce jour, l’humanité continue à faire face aux phénomènes
morbides, les uns sous forme d’épidémies récurrentes et les autres sous forme
des pandémies persistantes. De ces pandémies, le VIH SIDA est loin d’être
maîtrisé et constitue, de ce fait, un grand défi à relever dans les objectifs du
millénaire1. L’émergence de ce virus a ouvert la voie à la surgescence de
l’infection par mycobacterium tuberculosis. Le VIH est le facteur de risque le
plus important pour la progression de l’infection par M.Tuberculosis à la
tuberculose maladie et l’infection par le VIH et le M. Tuberculoses est la
première cause de décès dû à des agents infectieux 2.Les deux, tuberculose et

Université de Kamina, e-mail : [email protected]

Hôpital Général de référence de Kabongo

Hôpital Général de référence de Kamina

Coordination Lèpre et Tuberculose Katanga Centre, à Kamina
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
28
VIH, également dénommées « duo maudit », sont intimement liés à la
malnutrition, au chômage, à la pauvreté, à la toxicomanie et à l’alcoolisme 3.
Le VIH est connu pour augmenter à la fois le risque de réactivation chez
les personnes atteintes de la tuberculose latente et celui d’épisode ultérieur de
la tuberculose de réinfection exogène. Aussi, les patients atteints du VIH sont
extrêmement vulnérables à la tuberculose en raison de l’affaiblissement de leur
système immunitaire et celui-ci est actuellement leur tueur numéro un3.
Constituant un problème majeur de santé publique, la Co infection
tuberculose et VIH est venue complètement modifier les belles courbes de
régression de la tuberculose 4. Il est rapporté dans la littérature qu’un décès par
tuberculose sur quatre est lié au VIH, c’est-à-dire une proportion deux fois plus
élevée qu’avant. En 2007, 1,37 millions de nouveaux cas de tuberculose ont été
enregistrés chez les personnes infectées par le VIH ainsi que 456000 décès 5.
L’incidence de cette Co infection est croissante en particulier dans les
régions sub sahariennes et le Sud- Est Asiatique avec respectivement près de
2 millions et 250.000 des cas annuels. Les deux infections interagissent l’une
sur l’autre, ce qui aggrave le pronostic et augmente la mortalité de ces patients 5
En RDC, cette situation de la Co infection tuberculose et VIH demeure
préoccupante car l’entrée du programme national de lutte contre la tuberculose
sur le marché du VIH est perçu comme menaçante et fondée sur des valeurs
différentes : VIH, droits et exceptionnalisme, tuberculose, devoirs et spécificités,
mais avec les objectifs similaires. Parmi les nouveaux cas de la tuberculose, on
estime que 24% sont infectées par le VIH et que sur les 36000 personnes qui
meurent chaque année de la tuberculose en RDC, 28% sont attribuables au VIH
6
Dans la cité de Kamina, l’existence de la tuberculose associée à l’immuno
dépression au VIH est restée longtemps méconnue suite à la non existence
d’un centre de prise en charge pouvant permettre une bonne corrélation entre
les deux éléments de ce duo franchement maudit. C’est ainsi qu’avec
l’implantation du Centre Méthodiste de Dépistage du VIH et du traitement, nous
avons estimé nous fixer comme l’objectif, au cours de cette étude, la
détermination de la tuberculo prévalence chez les sujets atteints du VIH/SIDA,
tout en ayant le souci d’aviser l’œil du Clinicien afin de ne pas passer outre ce
diagnostic.
II. MATERIELS ET METHODES
Nous avons réalisé une étude descriptive transversale rétrospective sur la
prévalence de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Cette
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29
Ann. UNIKAM
étude a été menée au Centre de Dépistage et de Traitement du VIH de l’Eglise
méthodiste de Kamina, province du Katanga, RD CONGO, pour la période allant
de Janvier 2010 à Décembre 2011. L’étude s’est intéressée uniquement aux
personnes vivant avec le VIH ayant consulté ce centre au cours de la période
précitée et notre échantillon a été exhaustif.
Ont été inclus dans cette étude, tous les sujets ayant consulté le CDV
méthodiste dont le diagnostic du VIH/SIDA a été posé et dont la tuberculose
sans discrimination topographique, a été l’une des infections opportunistes
associées. Par contre, ont été exclus de cette étude, tous les sujets ayant
consulté le CDV méthodiste mais dont les fiches ne contenaient pas les
renseignements complets pouvant servir dans cette étude.
La récolte des données s’est faite sur base des fiches de récolte pré
établies, des registres et des rapports mensuels des activités du CDV. Les
données recueillies ont été encodées, saisies, traitées et analysées à l’aide du
logiciel Excel 2003 pour la présentation des variables sous forme des
graphiques et du logiciel Epi-info 3.3.2 ( version 2005) au seuil de 5%. Le sexe,
la catégorie socio-professionnelle, l’âge, l’état civil et la provenance ont
constitué les variables retenues.
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
Tableau I. Détermination de la tuberculo prévalence chez les personnes vivant
avec le VIH (PVV)
TBC associée
OUI
NON
TOTAL
Effectifs
48
154
202
Pourcentage
23,8
76,2
100
Au regard de ce tableau, sur un effectif de 202 personnes vivant avec le VIH, 48
ont développé la tuberculose soit 23,8% et 154 ne l’ont pas développé, soit
76,2%.
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30
Ann. UNIKAM
Tableau II. Distribution de la tuberculo prévalence chez les PVV selon le sexe,
l’âge et l’état civil
Variables
Effectif
SEXE
F
M
TOTAL
AGE
≤ à 18 ans
19-45 ans
≥ 46 ans
TOTAL
ETAT CIVIL
Célibataires
Mariés
Divorcés
Veufs
TOTAL
TBC associée
NON
OUI
Pourcentage
117
85
202
101
53
154
16
32
48
33,3
66,7
100
14
144
44
202
11
108
35
154
3
36
9
48
6,3
75
18,7
100
69
74
36
23
202
62
65
17
10
154
7
9
19
13
48
14,6
18,7
39,6
27,1
100
De l’analyse du tableau II ressort que sur les 48 personnes ayant fait la
tuberculose, 32 sont du sexe masculin (66,7%), 36 ont un âge oscillant entre 19
et 45 ans (75%), 32 cas correspondent aux divorcés (19 cas, soit 39,6%) et
veufs (13 cas, soit 27,1%)
Tableau III. Distribution de la tuberculo prévalence chez les PVV selon les
catégories socio-professionnelles
Catégories socioprofessionnelles
Elèves et Etudiants
Fonctionnaires de l’Etat
Commerçants
Hommes en uniformes
Cultivateurs
Sans profession
TOTAL
Effectif
32
17
45
41
28
39
202
TBC associée
NON
OUI
29
3
11
6
34
11
29
12
19
9
22
7
154
48
Pourcentage
6,2
12,5
22,9
25
18,8
14,6
100
De la lecture de ce tableau ressort que sur les 48 tuberculeux vivant avec le
VIH, les hommes en uniformes et les commerçants sont les plus atteints avec
Vol. XIV, n°1, juin 2015
31
Ann. UNIKAM
une proportion respective de 25% et de 22,9%. Mais les élèves et les étudiants
atteints du VIH n’ont développé la tuberculose qu’à la proportion de 6,2%.
Tableau IV. Distribution de la tuberculo prévalence chez les PVV selon la
provenance
Provenance
Effectif
Base
Militaire
Q. Bel air
Q. Centre
Urbain
Q. R.V.A
Q. 14
Q.82
Q. 52
Q. 53
Q. 64
Q. Katuba
Q. Congo
Hors Kamina
Total
14
TBC Associée
Non
Oui
7
7
Pourcentage
14,6
3
30
3
21
0
9
0
18,8
6
8
29
22
22
7
45
5
11
202
5
7
25
17
21
4
34
3
7
154
1
1
4
5
1
3
11
2
4
48
2,1
2,1
8,3
10,4
2,1
6,2
22,9
4,2
8,3
100
Sur l’effectif de 48 personnes ayant contacté la Co infection VIH-tuberculose le
tableau IV démontre que les sites de provenance correspondant aux effectifs les
plus élevés sont le Quartier Katuba avec 11cas, soit 22,9%, le Quartier centre
urbain avec 9 cas, soit 18,8%, et la base militaire de Kamina (BAKA) avec 7
cas, soit 14,6%.Ces trois sites représentent à eux seuls 56,3% de l’effectif total.
3.2. Discussion
L’analyse du tableau I relatif à la détermination de la tuberculo prévalence
chez les personnes vivant avec le VIH (PVV) a démontré que sur l’effectif de
202 personnes atteintes du VIH ,48 ont développé la tuberculose, soit 23,8%.
Cette situation s’explique par le fait que les PVV présentent un risque accru de
développer une tuberculose évolutive en raison de l’effondrement de leur
système immunitaire7,8. Le taux ainsi enregistré s’accorde avec celui rapporté
dans la littérature par Nump, Williams et coll. où il est mentionné 24% de Co
infection VIH-tuberculose 6.
La distribution de la tuberculose chez les PVV en fonction du sexe a
indiqué que sur l’ensemble de 48 PVV ayant développé la tuberculose, 32 sont
du sexe masculin soit 66,7% contre 16 qui sont du sexe féminin soit 33,3%
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
32
(Tableau II). Ce résultat est en contradiction avec celui présenté par Hygens
Rusiga Mayagwaziri à Goma : 42,2% chez les hommes et 57,8% chez les
femmes 5. Il apparaît de plus en plus que la prédominance de tel ou tel autre
sexe dans la tuberculo prévalence chez les PVV est aussi accentuée par les
conditions socio-économiques basses9. Il a été également observé dans le
même tableau II que sur les 48 PVV ayant développé la tuberculose, la tranche
d’âge de 19 à 45 ans occupe la première position avec 75%. Étant donné
l’intensité de l’activité sexuelle à cette tranche d’âge, il devient aisé de
comprendre l’exposition à l’infection au VIH et à la tuberculose comme infection
opportuniste associée12, 13.
Contrairement aux résultats du Mali, rapportés par Mbena Cécile Tatiana,
montrant que la prévalence de la tuberculose au cours de l’infection à VIH est
plus élevée chez les mariés et les célibataires que chez les divorcés et les
veufs14, les nôtres placent à l’avant plan les deux dernières catégories avec les
taux respectifs de 39,6%, et de 27,1%. Par ailleurs nos résultats tendent à
corroborer les données de l’OMS qui classent ces catégories sociales parmi les
groupes vulnérables au VIH et à la Co infection à la tuberculose15.
Il ressort du tableau III que la prévalence de la tuberculose chez les PVV
est beaucoup plus élevée chez les hommes en uniformes et les commerçants,
respectivement 25% et 22,9%. Ceci résulterait du fait que ces deux catégories
socio professionnelles, de par leur mouvement permanent lié à leur métier,
constituent un groupe à haut risque d’infection au VIH-tuberculose comme l’ont
souligné Banerjee A. et coll. au Malawi 10.
Si ces résultats sont aussi dans la fourchette proche de ceux présentés
par Hygens R.M. et coll. qui ont attribué la Co infection VIH-TB à 25,4% de
commerçants5, par contre ils s’éloignent de ceux de Rakotondramarina et coll.
au Madagascar où les taux les plus élevés de la Co infection VIH-TB a
concerné les sujets sans professions (35%) et les cultivateurs (32%) 11. Ici
aussi, l’aspect socio-économique ci-dessus évoqué, entre en ligne de compte.
L’examen du dernier tableau a mis en évidence trois sites d’habitation sur
les douze concernés par cette étude et où la prévalence de la tuberculose chez
les PVV est la plus forte : le Quartier Katuba (22 ,9%), le Quartier centre urbain
(18,8%), la BAKA (14,6%). En outre, le quartier Bel air n’a présenté aucun cas
de Co infection, soit 0%. Pour tenter d’interpréter ces résultats, plusieurs
raisons peuvent être considérées. D’une part, pour les raisons que l’on connaît,
la BAKA constitue naturellement un site à haut risque en matière de sexualité.
D’autre part, les quartiers Katuba et Centre Urbain se caractérisent entre autres
choses par leur poids démographique. En plus, ils sont les mieux sensibilisés
en matière de dépistage volontaire. A ceci s’ajouterait une caractéristique
particulière à chacun de ces deux quartiers. A Kamina, les méfaits des milieux
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
33
urbains et ruraux sont respectivement les plus ressentis dans les quartiers
centre urbain et Katuba.
CONCLUSION
Nous venons de rapporter dans cette étude une prévalence de la
tuberculose de 23,8% chez les personnes vivant avec le virus de l’immuno
déficience humaine.
Sur un effectif de 48 personnes vivant avec le VIH ayant développé la
tuberculose, les hommes représentaient 66,7% et les femmes 33,3%. Il a été
aussi mis en évidence que les hommes en uniformes et les commerçants
constituaient les catégories socio-professionnelles les plus Co infectées,
respectivement avec 25% et 22,9%. En outre, la tranche d’âge comprise entre
19 et 45 ans était la plus Co infectée avec 75% des cas. En matière d’état civil,
les résultats enregistrés ont placé les divorcés et les veufs à l’avant plan par
rapport aux mariés et célibataires avec des proportions de Co infection
respectives de 39,6% et 27,1% contre 18,7% et 14,6%.
En considérant les lieux d’habitation des sujets Co infectés, trois sites ont
présenté les taux les plus élevés dans la cité de Kamina : le Quartier Katuba,
avec la proportion de 22,9%, le, Quartier centre urbain avec 18,8%, et la Base
militaire avec 14,6% des cas.
L’intérêt du sujet abordé se passe de commentaires. Voilà pourquoi il est
important d’étendre les investigations dans d’autres sites hospitaliers du HautLomami en vue de recueillir les données analogues à celles que nous venons
de présenter.
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Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
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06/04/2015
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Lu
le
06/04/2015
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06/04/2015
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ressources limitées ; 2010 ; p. 34
Vol. XIV, n°1, juin 2015
35
Ann. UNIKAM
LES CANCERS GYNECOLOGIQUES A LUBUMBASHI : UNE REVUE DE 257
CAS DIAGNOSTIQUES ANATOMOPATHOLOGIQUEMENT DE 2000 A 2012
Kyabu K.V, Mwenze M D*, Ilunga N.J*.
RESUME
Dans cette étude transversale réalisée à partir de 4 laboratoires d’Anatomie Pathologique
de Lubumbashi, de 2000 à 2012, 257 femmes porteuses d’un cancer gynécologique
confirmé histologiquement ont été retenues dans l’étude et les paramètres qui ont été
considérés sont: l’âge des femmes, le site de localisation ainsi que le type
histopathologique du cancer gynécologique. A l’issue des investigations, il a été mis en
évidence les faits suivants : l’âge moyen des patientes s’élevait à 45,7 ± 10,8 ans, la
prédominance des cancers du col de l’utérus (40,1%) et du sein (38,9%), le carcinome
comme tumeur la plus représentée (90,7%).
ABSTRACT
In this cross-section study conducted using data collected in four pathology laboratories of
Lubumbashi from 2000 to 2012, 257 womens with gynecologic cancer with a histologically
confirmed were included in the study and the parameters that were considered are :
women age, the localisation of site and histopathological types of gynecological cancer.
After investigations, it was demonstrated the following facts : The average of patients was
45.7±10.8 years, the prevalence of cancers of the cervix (40.1%) and the breast (38.9%)
and carcinome was found to be the most represented tumor (90.7%).
I. INTRODUCTION
Le cancer reste jusqu’à ce jour une pathologie de pronostic sombre dans
la plupart des pays en développement. Le mauvais pronostic est dû au manque
d’information suffisante sur la pathologie, au retard de consultation de la part du
malade ou de sa famille, ou du manque d’une prise en charge adéquate, à
l’inexistence quasi criante des services de cancérologie ainsi qu’au non
existence d’une politique de dépistage1.
La République Démocratique du Congo n’est pas en marge de ces points
précités et de façon particulière, la province du Katanga fait face à cette
situation déplorable. Etant donné que la pathologie cancéreuse gynécologique
est justifiée par sa fréquence de par le monde2, la présente étude a pour objet la
détermination du diagnostic histologique des cancers gynécologiques à
Lubumbashi.

Cliniques Universitaires de Lubumbashi, Laboratoire d’Anatomie Pathologique, e-mail :
[email protected]
Vol. XIV, n°1, juin 2015
36
Ann. UNIKAM
II. MATERIELS ET METHODE
Il s’agit d’une étude descriptive transversale réalisée à partir de 4
laboratoires d’Anatomie Pathologique de Lubumbashi de 2000 à 2012. D’une
façon exhaustive, 257 femmes porteuses d’un cancer gynécologique confirmé
histologiquement étaient retenues. Les paramètres d’étude étaient l’âge, la
localisation ainsi que le type histopathologique du cancer. Les cancers étaient
groupés suivant les localisations ci-après : vulve et vagin, col utérin, endomètre,
myomètre, ovaire, sein et tumeurs trophoblastiques. Les analyses statistiques
obtenues
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
L’âge moyen des patientes était de 45,7 ± 10,8 ans, oscillant entre les
extrêmes de 14 et 76 ans. Sur les 257 patientes, 21, soit 8,2% n’avaient pas
d’âge précisé. Le cancer a été plus retrouvé chez la femme de plus de 30 ans
avec une fréquence élevée dans la tranche d’âge de 41 à 50 ans où il
représentait 37,3 % des cas.
Tableau I. Répartition des malades en fonction de l’âge
Ages (ans)
11-20
21-30
31-40
41-50
51-60
61-70
71-80
Total
Effectif (ni)
5
9
38
88
65
23
8
236
Fréquence (%)
2,1
3,8
16,1
37,3
27,5
9,8
3,4
100
Quant à la localisation, la figure 1 montre une nette prédominance des
cancers du col (40,1%) et du sein (38,9%) de celui de l’endomètre (10,5%). Les
autres localisations (myomètre, ovaires, vulve et vagin, trophoblaste)
représentent ensemble 10,5% de cas.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
37
Ann. UNIKAM
Figure 1 : Localisation des cancers gynécologiques
Le carcinome
a été la tumeur la plus retrouvée (89,5%) par rapport au
sarcome et aux tumeurs trophoblastiques qui ont compté chacun 3,9%. Les
tumeurs secondaires et indifférenciées ont été rencontrées dans une faible
proportion ; respectivement 1,2% et 1,5% (figure 2).
Vol. XIV, n°1, juin 2015
38
Ann. UNIKAM
Figure 2 : Diagnostic histologique des cancers gynécologiques
3.2. Discussion
Plusieurs études africaines, notamment celles d’Ugwe 3 et d’Amegbor4,
montrent une moyenne d’âge de diagnostic au-delà de 40 ans. Cette
observation est en accord avec notre série où la tranche la plus concernée était
41 à 50 ans. L’âge de survenue des cancers gynécologiques fréquemment
rencontré, notamment celui du sein, du col utérin, de l’endomètre ainsi que le
manque de programme de dépistage des cancers gynécologiques justifierait
l’âge avancé de diagnostic dans la plupart des pays Africains 5.
En ce qui concerne la prédominance des cancers du col (40,1%) et du sein
(38,9%), nos résultats rejoignent ceux trouvés dans des études antérieures en
RDC, dans certains pays africains et dans le monde 6, 7. Cependant, d’autres
études comme celles d’Amegbor et coll. 4 au Benin rapportent plutôt une
prédominance du cancer de sein (44,3%) sur celui du col utérin (26,7%). Cette
dispute de place pour les deux sites pourrait s’expliquer par l’intérêt particulier
du clinicien pour l’un ou l’autre site dans ces différentes contrées. De même, la
large domination du carcinome par rapport aux autres types histologiques
apparait également dans la littérature 7, 8. Il est en outre signalé que ce type de
cancer est fréquent chez l’adulte 9, 10. Par contre, il a été observé dans certaines
régions une prédominance des tumeurs trophoblastiques et ovariennes avant
l’âge de 30 ans 3.
Conclusion
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
39
La revue de 257 cas des cancers gynécologiques diagnostiqués
anatomopathologiquement dans quatre laboratoires de la ville de Lubumbashi a
mis en évidence le fait que les tumeurs gynécologiques sont réelles dans notre
milieu. Les femmes les plus concernées étaient âgées de 31 à 60 ans (81%) et
présentaient le taux le plus élevé dans la tranche oscillant entre 41 ans et 50
ans (37,3%). Les cancers du col et sein étaient les plus observés (79%), tandis
que le carcinome constituait le type histologique dominant (90,7%), comme
partout ailleurs. Voilà pourquoi la mise sur pied d’un programme de dépistage
permettrait de réduire l’âge de diagnostic.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Parkin, D. M. Cancer burden in Africa and opportunities for prevention.
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Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
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40
Ann. UNIKAM
41
GESTION D’EAU DANS LES MENAGES DE LA CITE DE KAMINA
(Cas de l’aire de santé quartier 52).
Ngoy K.C, Kasongo M.J, Kalonji L.R**, Atiya m.C****, Buntu K.B*****, Monga
B.B
RESUME
L’objectif de la présente étude était de déterminer les différents problèmes liés à la gestion
de l’eau dans les ménages de la cité de Kamina. A l’aide d’un échantillon constitué de 426
ménages tiré aléatoirement d’une population cible de 2.664 ménages, les résultats
enregistrés ont révélé que la quantité d’eau utilisée par jour, par un ménage était faible au
regard de besoins multiples de ce dernier : 360(84,5%) utilisaient moins de 180 litres
d’eau, quantité inférieure à celle d’un fût de 200 litres. Seuls 13,6% de l’effectif total
dépassaient quotidiennement 170 litres. Par contre, les sujets des 8 ménages restants
(1,9%) ignoraient la quantité utilisée par jour. Par rapport aux principales sources
d’approvisionnement en eau, il s’est dégagé que 216 ménages, soit 50,7%, consommaient
l’eau de robinet et 28 ménages, soit 6,6%, recouraient aux puits à pompe. Pour y
accéder, 211 ménages (42,5%) parcouraient la distance en moins de 30 minutes, 147
ménages (34,5%) en30 minutes et 68 ménages (16,0%) ignoraient le temps qu’ils
consacraient à la recherche d’eau. Quant au traitement de l’eau de boisson avant sa
consommation, dans 372 ménages (87,3%) aucun traitement n’était préconisé.
ABSTRACT
The objective of this study was to determine the various problems related to the
management of water in households in the city of Kamina. Using a sample of 426
households randomly drawn from a target population of 2,664 households, the recorded
results revealed that the amount of water used per day per household was low compared
to the multiple needs of this last: 360 (84.5%) used less than 180 liters of water, an
amount less than that of a 200 liter drum. Only 13.6% of the total exceeded 170 liters
daily. For cons, the subjects of the 8 remaining households (1.9%) were unaware of the
amount used daily. Against the major sources of water supply, they emerged as 216
households, or 50.7%, consumed tap water and 28 households, or 6.6%, were using to
pump well. To access it, 211 households (42.5%) traveled the distance in less than 30
minutes, 147 households (34.5%) in 30 minutes and 68 households (16.0%) were
unaware of the time they spent in search water. As for the treatment of drinking water
before consumption in 372 households (87.3%) no treatment was recommended

Université de Kamina, Ecole de Santé Publique, e-mail : [email protected]

Chercheur indépendant

Université de Lubumbashi, Ecole de Santé Publique
**** Bureau Central de la zone de Santé de Kamina
***** Association Batwa Bemba de Kamina
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
42
I. INTRODUCTION
L’eau couvre 71% de la terre, c’est elle qui donne à notre planète sa
teinte bleutée si caractéristique lorsqu’on la voit de l’espace. Elle représente un
volume de 1400 millions de Km 3 (hydrosphère). Même si dans certaines régions
favorisées du monde l’eau semble abondante, environ 97,5% de l’eau de la
planète se trouve dans les océans et cette eau-là est trop salée et pour les êtres
vivants 2,5% seulement d’eau douce reste disponible1.Voilà pourquoi les
spécialistes soutiennent que les réductions des réserves d’eau douces
engendreraient un nombre croissant des conflits dans les années à venir car
« depuis 1000 ans, tous les Jeudis midis, un tribunal unique en son genre siège
à Valence en Espagne, il est chargé de régler les litiges relatifs à l’eau2.
Une gestion durable, efficace et équitable de l’eau dans les villes
s’impose actuellement dans le monde. Ainsi la journée mondiale de l’eau qui se
célèbre tous les ans le 22 Mars a pour but d’attirer l’attention sur l’importance de
l’eau douce et de promouvoir la gestion durable des ressources en eau douce 3,4.
Si dans les pays développés, la consommation est de loin plus importante
que dans ceux en développement. Là, les secteurs les plus sollicités sont
notamment le refroidissement des centrales énergétiques, l’agriculture, les
consommations domestiques diverses5,6. Pour lutter contre cette grande
sollicitation en eau, quelques pays, comme la Belgique, recourent à l’utilisation
de l’eau de pluies et réalisent ainsi une économie significative sur les postes
lessives, nettoyages, jardins et latrines7.
Dans les pays en développement, les problèmes liés à l’eau sont
similaires et concernent les difficultés d’accéder à l’eau potable et à l’eau
destinée à d’autres usages domestiques se traduisant par des grandes
distances entre les domiciles et les sources d’approvisionnement ; la rareté de
cette denrée vitale entraînant entre autres l’usage des latrines rudimentaires et
la grande fréquence des pathologies hydriques telles les diarrhées, surtout chez
les enfants8-11. Cet état des choses corrobore ce que Louis Pasteur avait
coutume de dire : « nous buvons 90% de nos maladies »12.
La présente étude a pour objectif général de déterminer les différents
problèmes liés à la gestion de l’eau dans les ménages au quartier 52 de la cité
de Kamina. Nous nous sommes assignés comme objectifs spécifiques
l’identification des problèmes liés à la source d’approvisionnement et au
stockage de l’eau potable à domicile, au mode de traitement de l’eau de
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
43
boisson, à la nature des récipients de stockage et de puisage de l’eau pouvant
être à la base des maladies diverses d’origine hydriques.
II. MATERIEL ET METHODES
2.1. Population d’étude et échantillonnage
Il s’agit d’une étude observationnelle descriptive transversale concernant
2.664 ménages du quartier 52 dans la cité de Kamina. Nous avons utilisé
l’échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés :



Nous avons situé l’aire de santé 52 en quatre directions et l’avons
subdivisée en 6 avenues ;
Dans chaque avenue, nous avons tiré 71 ménages d’une façon
aléatoire ;
Les 71 ménages obtenus ont été multipliés par six pour obtenir la taille
d’échantillon.
2.2. Technique de collecte des données
En ce qui concerne la technique, nous avons recouru à l’analyse
documentaire et à l’interview des ménages moyennant un questionnaire
structuré.
2.3. Unité statistique et taille de l’échantillon
L’unité statistique était le ménage du quartier 52. La taille de l’échantillon a été
calculée de la manière suivante :
D’où :
n=Taille de l’échantillon
z=Niveau de confiance. Pour un degré de confiance de 0,95
Z=1,96
P=Proportion de la population des ménages enquêtés ayant une bonne gestion
d’eau, soit 0,5 ; car nous n’avons pas une prévalence en rapport avec la gestion
d’eau dans les ménages de la cité de Kamina
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
44
Q=1-p ; Q=1-0,5=0,5
d=marge d’erreur ou degré de précision voulu égale à 0,05
f= proportion de gens estimés à ne pas répondre qui vaut 0,1
La taille de notre échantillon est donc de 426 ménages.
2.4. VARIABLES ET CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
Pour cette étude, nous avons retenu les variables ci-après :
 Caractéristiques sociodémographiques des ménages ;
 Disponibilité d’eau dans les ménages ;
 Accessibilité des ménages à l’eau ;
 Gestion d’eau dans les ménages ;
 Connaissance des ménages.
En ce qui concerne les critères, tous les ménages du quartier 52 ont été
considérés dans cette étude.
2.4. Gestion des données et plan d’analyse
Les données collectées ont été encodées, saisies traitées et analysées à
l’aide du logiciel Epi Info version 3.5.1 avec un intervalle de confiance de 95% et
le logiciel Word et Excel 2010, nous ont aidés à élaborer les tableaux, les
graphiques et à saisir le texte.
Les résultats ont été analysés selon une analyse uni-variée suivante :
-
Distribution
des
ménages
selon
les
caractéristiques
sociodémographiques (sexe, niveau d’étude, taille du ménage).
Distribution des ménages selon la disponibilité d’eau dans les ménages,
Distribution des ménages selon l’accès à l’eau (distance, coût, quantité et
le temps).
Distribution selon la gestion (durée de stockage, matériel utilisé,
traitement de l’eau avant la consommation, méthode utilisée)
Distribution des ménages en fonction de la connaissance (sur la
transmission des maladies et des types des maladies liées à l’eau).
Vol. XIV, n°1, juin 2015
45
Ann. UNIKAM
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1.
Caractéristiques sociodémographiques des ménages
Tableau I. Répartition des personnes interrogées selon le sexe et le niveau
d’étude du chef de ménage.
Sexe et niveau d’étude
Fréquence
Pourcentage
F
297
69,7
M
127
30,3
TOTAL
426
100
1. Sexe des sujets
2. Niveau d’étude du chef de ménage
Analphabètes
46
10,8
Primaire
86
20,2
Secondaire
250
58,7
Universitaire
44
10,3
TOTAL
426
100
Le tableau ci-dessus indique que 69,7% des personnes enquêtées sont
de sexe féminin et que les chefs de ménage les plus nombreux ont fait soit
l’école secondaire (58,7%), soit l’école primaire (20,2%).
Vol. XIV, n°1, juin 2015
46
Ann. UNIKAM
Tableau II. Répartition des ménages selon la taille de ménage
Taille de ménage
(Nombre des membres)
De 1 à 5 personnes
De 6 à 10 personnes
Plus de 10 personnes
Total
Fréquence
Pourcentage
205
178
43
426
48,1
41,8
10,1
100
Par rapport à la taille du ménage, il se dégage du tableau II que 205
ménages (48,1%) sont composés de 1 à 5 membres. Tandis que ceux dont le
nombre oscille entre 6 et 10 personnes s’élèvent à 178, soit 41,8%. Par ailleurs,
l’on peut aussi noter l’existence de 43 ménages constitués de plus de 10
personnes (10 %).
3.1.2.
Sources d’approvisionnement en eau
La figure 1 ci-dessous, relative aux principales sources
d’approvisionnement en eau potable, permet de constater que 216 ménages,
soit 50,7%, recourent au robinet, 122 ménages, soit 28,6%, aux puits non
aménagés et 60(14%) à la borne fontaine et 28 (6,6%) aux puits à pompe
Figure1 : Répartition des ménages selon les sources d’approvisionnement en eau potable.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
47
Ann. UNIKAM
3.1.3.
Distribution des ménages selon l’accès a l’eau
Tableau III. Répartition des ménages selon le temps de marche, la distance
entre les domiciles et la source d’approvisionnement en eau, le
coût mensuel de consommation d’eau.
Paramètres considérés
Fréquence
Pourcentage
1. Temps de marche
Inférieur à 30 minutes
211
49,5
Supérieur à 30 minutes
147
34,5
Temps ignoré
68
16,0
TOTAL
426
100
2. Distance entre la source principale d’approvisionnement et le
domicile
Inférieur à 200 mètres
231
54,2
Supérieur à 200 mètres
137
32,2
200 mètres
26
6,1
Ne savent pas la distance
32
7,5
TOTAL
426
100
3. Coût financier mensuel (en USD)
Moins d’un dollars
217
50,9
Plus d’un dollars
101
23,7
Aucun
108
25,4
TOTAL
426
100
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48
Ann. UNIKAM
En matière du temps consacré à la marche et de la distance parcourue pour
accéder à l’eau de boisson, le tableau III a montré que 16% et 7,5% des sujets
sont respectivement incapables de faire une estimation dans le premier et le
deuxième cas. Pour ce qui est du temps de marche, 211 ménages (49,5%) ont
avancé 30 minutes au moment où 147 autres ménages ont déclaré que ce
temps était supérieur à 30 minutes. De même, pour la distance, la majorité de
nos enquêtés l’ont estimée inférieure à 200 mètres (54,2%). Pour le coût
mensuel, 108 (25,4%) ménages ont dit qu’ils se procuraient l’eau gratuitement
et les 308 ménages restants l’ont estimé supérieur (23,7%) et inférieur (50,9%)
à un dollar américain.
Tableau IV. Répartition des ménages selon la quantité journalière d’eau utilisée
en litre
Quantité d’eau utilisée
Fréquence
Pourcentage
De 20 à 110 litres
250
58,7
De 110 à 170 litres
110
25,9
Plus de 170 litres
58
13,6
Ignorent la quantité
8
1,9
426
100
TOTAL
A la lecture de ce tableau, nous constatons que sur 426 ménages, 360(84,5%)
utilisent moins de 180 litres d’eau, quantité inférieure à celle d’un fût de 200
litres. Seul 13,6% de l’effectif total dépassent quotidiennement 170 litres. Par
contre, les sujets des 8 ménages restants (1,9%) ignorent la quantité utilisée par
jour.
3.1.4.
Distribution selon la gestion d’eau dans les ménages
En rapport avec la durée de stockage d’eau de boisson dans les
ménages, les données reprises dans la figure 2 montrent qu’elle varie entre un
et cinq jours. Cependant dans 64% des cas, cette durée est de 2 à 3 jours.
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49
Ann. UNIKAM
Figure2 : Répartition des ménages en fonction de la durée de stockage d’eau de boisson.
Tableau V. Répartition des ménages en fonction des matériels utilisés pour le
stockage de l’eau.
Matériels de stockage d’eau de boisson
Fréquence
Pourcentage
Sceau
15
3,5
Cruches en terre cuite
138
32,4
Bidon en plastic
261
61,3
Bassin
11
2,6
Autres
1
0,2
TOTAL
426
100
Relativement aux données de ce tableau, il se dégage que les deux
matériels les plus largement utilisés pour stocker l’eau sont les bidons en plastic
(61,3%) et les cruches en terre cuite (32,4%). Ce qui représente un pourcentage
global d’environ 94%.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
50
Au regard de la figure 3, il ressort que la grande majorité (87,3%) des
ménages ne traite pas l’eau avant sa consommation. Seuls 54 ménages
(12,7%) le font. De ces 54 ménages, 45 pratiquent la chloration, soit un taux de
83,3%. Les trois autres méthodes citées sont la sédimentation, la filtration et
l’ébullition.
3.1.5.
Maladies liées à l’eau
En matière des pathologies hydriques (Figure 4) ; les enquêtés de 349
ménages (81,9%) savent que l’eau est responsable de plusieurs pathologies
parmi lesquelles celles reprises dans le tableau VI ont été citées.
Figure 4 : Répartition des ménages en fonction de la connaissance sur la transmission des
maladies par l’eau.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
51
Ann. UNIKAM
Tableau VI. Répartition des ménages selon la connaissance des types des
maladies liées à l’eau.
Type des maladies liées à l’eau
Fréquence
Pourcentage
Maladies dues au manque d’eau pour
l’hygiène corporelle (gales, trachome,
conjonctivite)
27
6,3
Maladies transmises directement par l’eau
(cholera, amibiase, vers intestinaux, fièvre
typhoïde, diarrhée)
226
53,0
Maladies transmises par hôte intermédiaire
aquatique(Bilharziose)
16
3,8
Maladies transmises par les
dépendant de l’eau (paludisme)
49
11,5
Aucune connaissance
108
25,4
TOTAL
426
100
insectes
Si le choléra, l’amibiase, les vers intestinaux, la fièvre typhoïde et la
diarrhée ont été citées comme pathologies liées à l’eau par 53,0% des sujets,
à l’inverse 108 ménages (25,4%) n’ont fait allusion à aucune pathologie
hydrique. Le paludisme n’a été évoqué que par 11,5% de nos enquêtés.
3.2. Discussion
Notre enquête sur la gestion de l’eau dans les ménages, menée au
quartier 52 dans 426 ménages de Kamina, a concerné les femmes (69,7%) et
les hommes (30,3%). La prédominance des femmes résulte du fait que
naturellement ce sont elles qui sont vouées aux travaux ménagers et, par
conséquent, elles sont toujours plus sollicitées dans la recherche de l’eau que
les hommes (Tableau I).
Si sur 426 ménages enquêtés, les chefs de familles les plus nombreux
sont ceux du niveau d’étude secondaire (58,7%), ceci semble indiquer que la
majorité de la population dans le quartier concerné par notre étude est assez
jeune. En effet, mis ensemble avec les 10,3% des sujets ayant fréquenté
l’enseignement supérieur et universitaire, le taux global atteint 69%. Ce qui
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
52
indique aussi qu’environ le tiers de chefs de ménages ont un niveau insuffisant
d’instruction.
En matière du temps consacré à la marche pour accéder à l’eau de
boisson, 211 ménages (49,5%) ont avancé 30 minutes au moment où 147
autres ménages ont déclaré que ce temps était supérieur à 30 minutes. Ces
résultats ne contredisent pas ceux de Kamathe Katsongo selon lesquels à
Kisenso, pour atteindre la source d’eau, les habitants de ce quartier réalisent
plus de deux heures de marche et cela dépendamment de la situation
géographique11.Le facteur géographique (saison) et urbanistique explique le
pourquoi du temps consacré par les habitants du quartier 52 afin d’atteindre la
source d’eau de boisson. En ce qui concerne la distance entre la source
d’approvisionnement en eau et les domiciles (tableau III), la majorité de nos
enquêtés l’ont estimée inférieure à 200 mètres (54,2%). Même si un tel taux est
inférieur à celui rapporté dans la littérature par Richard MangiliHeka dans son
étude menée au camp Vangu, dans la ville de Lubumbashi en 2010 (92,5%), le
résultat enregistré s’accorde bien avec celui de cet auteur 8.Pour le coût
mensuel, 108 (25,4%) ménages ont dit qu’ils se procuraient l’eau gratuitement
et les 308 ménages restants l’ont estimé supérieur (23,7%) et inférieur (50,9%)
à un dollar américain par mois. Il apparaît ainsi intéressant de comparer cette
donnée à celles recueillies ailleurs. Selon Joseph Orszagh, en Belgique en
2005, le budget annuel en eau oscillait entre 380 et 538 Euros par ménage 7. De
son coté, Kamathe Katsongo a indiqué que pour satisfaire tous les besoins
domestiques dans la commune de Kisenso à Kinshasa, un ménage dépensait
près de 0,27 dollar Américain par jour, soit 8,1 dollar par mois.11
Nos
investigations ont aussi révélé que pour le besoin domestique, 360 ménages
(84,5%) utilisent moins de 180 litres d’eau, quantité inférieure à celle d’un fût de
200 litres. Pourtant, la quantité recommandée par l’OMS est de 50 litres par jour
par personne pour ses besoins journaliers, au moment où le service national
d’hydraulique rural l’évalue à 30 litres, par habitant par jour5. D’une part, la
présente étude a mis en évidence le fait que parmi les quatre méthodes
utilisées pour traiter l’eau, la chloration arrivait en tête, avec 45 ménages sur 54
qui traitaient l’eau de boisson. Cette préférence pour la chloration peut être
attribuée à la facilité de la technique utilisée. Cependant, la grande majorité de
ménages, 372(soit 87,3%), consommaient l’eau non traitée(Fig.3). Une telle
situation, évidement lourde des conséquences, est aussi aggravée par la nature
des récipients les plus largement utilisés pour stocker l’eau, les bidons en plastic
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
53
(61,3%) généralement de seconde main ayant initialement contenu d’autres
liquides tels que le pétrole, le mazout, l’essence et les huiles.
En ce qui concerne la durée de l’eau de boisson, nos résultats ont
corroboré ceux de Kamathe Katsongo selon lesquels 52,6% de ménages
gardent l’eau pendant 1 jour, 16,1% la gardaient pendant 3 jours et 6,8%
gardaient celle de boisson pendant plus de 3 jours 11.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Notre étude a porté sur la gestion de l’eau dans les ménages de Kamina
et la population d’étude était constituée de tous les ménages du quartier 52 dont
le nombre s’élavait à 2.664 d’où nous avons tiré un échantillon de 426 ménages.
Après étude minutieuse, nous avons constaté que la gestion de l’eau
dans les ménages enquêtés constituait un réel et majeur problème de santé
publique : les
matériels utilisés pour le stockage de l’eau présentaient
beaucoup de risques de contamination, pour plusieurs ménages (26,4%) l’eau
de boisson provenaient des puits non aménagés, dans 87%, des cas, le
traitement de l’eau avant sa consommation ne se faisait pas, la longue distance
séparant les lieux d’habitation et les sites de puisage de l’eau exposait cette
dernière notamment à la poussière, lorsque les récipients utilisés pour cette fin
n’était pas couverts. Voilà pourquoi nous recommandons aux autorités
sanitaires et politico-administratives, le forage des nouveaux puits aménagés
pour faciliter l’accès à l’eau potable et aux habitants du quartier 52 de traiter
l’eau dans leur ménages.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Kevin Conway ; Des solutions locales à la crise mondiale de l’eau,
Rapport, 2006.
2. BAD; La politique de gestion intégrée des ressources en eau, Abidjan Ed.
Ocod, 2000, page 42.
3. OMS ; Eau source de vie 2009-2010, Haïti, 2010, Page 2.
4. Michel Rocard ; Comment éviter les guerres de l’eau ? Ed de l’Avila,
2009.
5. Hubert P. Marinm ; Quelle eau buvons-nous demain ? Hachette « phare »,
Paris, 2001.
6. Institut Française de L’environnement; Le prélèvement d’eau en France
et en Europe, IFEN, PARIS, 2005 Page 4.
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Ann. UNIKAM
54
7. Joseph Orsagh ; Extrait de Pluvalor, université monthalnaut, Belgique,
2005, Page 9.
8. Richard Mangili HekaMalese ; Evaluation des mesures préventives contre
les maladies hydrique du camp Vangu. Ecole de Santé Publique Mémoire
de D.E.A. Lubumbashi, 2010 pages 3,13.
9. Celia D’almeida ; Gestion des eaux usées de Bamako un véritable cassetête Bamako, 2010 page 32.
10. AssetonKante, Zenith Ball ; Le programme des eaux usées à Bamako :
un défi du cinquantenaire Bamako, 2010, page 5.
11. Kamathe Katsongo; Gestion locale de l’eau dans les quartiers urbains
pauvres mondiaux de la santé, Genève, cas de Kisenso Canada, 2005,
page 13.
12. Frederic Lassere ; Ecologie, irrigation, diplomatie, 2004.
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55
ETUDE SUR LA VIABILITE DES MATERNITES DE LUBUMBASHI
Odia B.M., Mfwamba M.A.*Tshiji K.V.*, Kapenda N.D*, Kabwe M.P.*, Ntambue
M.A
RESUME
Notre enquête portant sur la viabilité des maternités de Lubumbashi a montré que le taux
moyen d’accoucheuses formées, dans les six maternités sélectionnées, s’élevait à
34,5%. Dans deux maternités sur les six, cliniques universitaires de Lubumbashi (CUL) et
hôpital général de référence de Kisanga (HGR Kisanga), la grande majorité des
accoucheuses sont formés, 72,7% dans le premier cas et 60% dans le second. Les taux
de formation d’accoucheuses les plus bas ont concerné l’hôpital militaire de Ruashi HMR
(12,5%) et l’hôpital général de référence de Kampemba (10%).
Quant à l’appréciation des maternités en fonction des équipements et de la propreté, les
moins nantie sont été celles de Kisanga et de Ruashi. S’agissant du remplissage
correct du partogramme, il se faisait à faible proportion, 15,4% - 46,2%, sauf à l’HGR
Kenya où le taux était de 52%. Inversement, c’est dans cette dernière structure que la
préparation psychologique a été la plus faible, 28,6%. En outre, les hôpitaux de Kenya et
de Rwashi arrivaient respectivement en tête en matière de pronostic d’accouchement
(80%) et de préparation psychologique (75%).
ABSTRACT
Our investigation carrying into the viability of maternities of Lubumbashi showed that the
average rate of midwife formed in six selected maternities out of the six, the clinics
university of Lubumbashi (CUL) and general hospital of reference Kisanga (HGR kisanga)
the great majority of midwife are formed, 72,7% in the first case and 60% in the second.
Rates of formation of midwife concerning the military hospital of Ruashi (12,5%) and
Kampemba (10%).
As for the appreciation of maternities according to the equipment and cleanliness, least
affluent are those of Kisanga and Ruashi. Being the 46,é%, except at HGR Kenya where
rate is 52% besides, the HGR Kenyaand Rwashi arrive respectively heading about
childbirth prognosis (80% ) correct filling of the partogramm. It is done with small
proportion 15,4% - and the psychological preparation ( 75%).

Institut Supérieur des Techniques Médicales de Lubumbashi (ISTM), E-mail : [email protected]

Université de Lubumbashi, faculté de médecine, département de gynécologie- obstétrique
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
56
I. INTRODUCTION
Une maternité viable est celle qui réunit les critères minimums
acceptables, c'est-à-dire celle qui dispose des accoucheuses compétentes et
qualifiées, d’un équipement adéquat pour assurer la meilleure prise en charge
de la parturiente et de l’accouchée en vue de contribuer à l’amélioration de la
qualité de soins par la réduction de la mortalité maternelle et infantile.
Selon l’O.M.S (2000)1,2, améliorer la santé maternelle est l’un des huit
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés par la
communauté internationale. Etant donné que la quasi-totalité des décès
maternels (99%) se produisent dans des pays en développement, dont plus de
la moitié en Afrique subsaharienne et près d'un tiers en Asie du Sud, nous nous
sommes intéressés aux maternités de la ville de Lubumbashi.
Pour réaliser l’étude préconisée, nous avons considéré comme
paramètres, l’utilisation d’un personnel non qualifié, le manque du matériel
adéquat, l’utilisation non rationnelle du partogramme et l’absence de la
préparation psychologique de la parturiente par l’accoucheuse.
Si le but principal poursuivi a consisté à évaluer la viabilité des
maternités de la ville de Lubumbashi, ses aspects spécifiques ont été traduits
en termes des recommandations destinées aux opérateurs politiques et
sanitaires provinciaux en vue de contribuer à l’amélioration de la qualité des
maternités.
II. MATERIEL ET METHODE
La présente étude s’est déroulée dans la ville de Lubumbashi, deuxième
ville de la République Démocratique du Congo, et chef lieu de la province du
Katanga. Dénommée Elisabethville à l’époque coloniale et débaptisée sous
l’appellation de Lubumbashi en 1965, la ville, fondée en 1910, héberge
actuellement une population estimée à environ 2 millions d’habitants 3, 4.
D’une superficie de 747 km2 et située à 1230 m d’altitude, la ville de
Lubumbashi est divisée en sept communes : Annexe (rurale), Kamalondo,
Kampemba, Katuba, Kenya, Lubumbashi et Ruashi. Par ailleurs, Lubumbashi
est située à entre 20’ et 12° de latitude sud et entre 27° 10 et 27° 40’ de
longitude Est. Son climat est tropical à deux saisons, la saison pluvieuse et la
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
57
saison sèche5.
Pour bien mener les investigations, nous nous sommes appuyés sur une étude
observationnelle descriptive transversale au moyen d’une enquête prospective
pendant une période de quatre mois et huit jours, soit du 12 décembre 2012 au
20 avril 2013.
La population d’étude a été constituée de toutes les maternités des
structures étatiques de la ville. Toute maternité ayant réalisé au moins 20
accouchements par mois a été inclue dans l’étude, celle qui ne disposait pas
de partogrammes en a été exclue. C’est ainsi que sur base des exigences
précitées, six maternités ont été retenues dans l’étude préconisée sur
l’évaluation de leur viabilité. Pour ce qui est de la sélection des partogrammes,
nous avons inclus dans l’étude, tout partogramme déjà rempli et disponible
pendant la période de notre enquête. Les noms des maternités sélectionnées
sont repris ci-dessous :






Cliniques Universitaires de Lubumbashi (CUL)
Hôpital Général de Référence de Kampemba (HGR) KAMPEMBA
Hôpital Général de Référence de Hakika (HGR) HAKIKA
Hôpital Général de Référence Kisanga (HGR) KISANGA
Hôpital Général de Référence de Kenya (HGR) KENYA
Hôpital Militaire Rwashi (HMR)
Nous avons mené une enquête prospective, grâce à l’analyse
documentaire, récolté les données en rapport avec la qualification du personnel
et examiné le partogramme pour nous rendre compte de son utilisation par
l’accoucheuse. L’observation nous a permis de nous rassurer de la présence du
matériel adéquat (table d’accouchement, aspirateur) et de l’adéquation entre
accouchement et environnement (éclairage suffisant et propreté de la salle
d’accouchement).
L’interview, quant à elle, nous a servi d’échanger avec les accouchées
pour
être
éclairés
sur
leur
préparation
psychologique
par
l’accoucheuse/infirmière dans la salle de travail.
Nous avons en outre utilisé une échelle de valeur pour déterminer la
proportion de la propreté, la luminosité et la conformabilité de la table
d’accouchement. Ainsi, étaient cotés à 50% une table sans mousse, une
lumière du jour (forcée) traversant une petite fenêtre pour éclairer faiblement la
Vol. XIV, n°1, juin 2015
58
Ann. UNIKAM
salle d’accouchement, un local avec plafond mal entretenu et mur décoloré.
Si dans ledit local s’y ajoutaient des odeurs nauséabondes, cela allait jusqu’à
35%.
Les données de notre étude étaient traitées au moyen du programme
Excel et les résultats sont présentés sous forme de tableaux de fréquences.
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Etude de la qualification du personnel
Tableau I. Accoucheuses, infirmières, et matrones inventoriées dans les
maternités retenues pour la présente étude
MATERNITES
EFFECTIFS
ACCOUCHEUSE
(A)
%
CUL
HGR
KAMPEMBA
HGR HAKIKA
HGR
KISANGA
HGR KENYA
HMR
RWASHI
Effectifs taux
et taux
moyens
INFIRMIERE (I)
MATRONE (M)
AF
%
IF
%
MF
11
10
72,7
10
8
1
27,3
90
3
9
0
0
0
0
6
5
33,3
60
2
3
16,7
40
1
2
50
0
3
0
15
8
26,7
12,5
4
1
53,3
87,5
8
7
20
0
3
0
55
19
34,5
30
54.5
6
10,9
Légende : AF = accoucheuse formée ; IF = infirmière formée ; MI = matrone
formée.
Globalement, il se dégage du tableau I que le taux moyen
d’accoucheuses formées(AF) dans les six maternités retenues dans la présente
étude est de 34,5 %. De manière sectorielle, deux maternités réalisent chacune
72,7 % (CUL) et 60 % (HGR Kisanga) par rapport à leurs équipements. Dans
deux autres, les taux sont les plus bas, 12,5 % pour l’HMR Ruashi et 10 % pour
l’HGR Kampemba.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
59
Ann. UNIKAM
En outre la proportion la plus forte des infirmières et matrones dans les
maternités correspondent d’une part, aux HGR de Kampemba (90) % et de
Ruashi (87,5%) et d’autre part, à l’HGR Hakika avec 50 % de matrones.
Cependant les taux cumulatifs moyens s’élèvent à 54,5 % dans le cas des
infirmières et à 10,9% dans celui des matrones.
3.1.2. Equipement
Tableau II. Appréciation (en pourcentage) des maternités en fonction des
équipements et de la propreté du cadre
Présence des équipements et propreté du cadre
(en pourcentage)
MATERNITES
Aspirateur
Table
d'accouchement
Eclairage
suffisant
100
0
100
100
100
100
100
50
0
0
100
50
100
50
50
35
100
0
100
50
100
50
50
35
CUL
HGR
KAMPEMBA
HGR HAKIKA
HGR
KISANGA
HGR KENYA
HGR RWASHI
Propreté de
la salle
technique
Il ressort du tableau II que les maternités des cliniques universitaires et de
l’HGR Kenya se placent au-dessus du lot, la première avec la totalité de points
dans toutes les rubriques et la seconde avec 100% dans toutes les quatre
rubriques et 50% dans le cas restant. Les quatre autres formations restantes se
caractérisent toutes par l’absence de l’aspirateur. Les maternités les moins
nanties sont celles de Kisanga et de Ruashi qui totalisent chacune 135 points
sur 400, soit 33,75%.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
60
Ann. UNIKAM
3.1.3. Rôle de l’infirmière / Accoucheuse
Tableau III. Evaluation de la performance des activités de l’infirmière accoucheuse dans les six maternités
retenues
STRUCTURES
Remplissage correct du
partogramme
Préparation psychologique
Score D'APGAR
Pronostic
d'accouchement
Effectifs
Remplissage
correct
%
Effectifs
Préparation
psychologique
%
Effectifs
Score
d’APGAR
Prélevé
%
Effectifs
Pronostic
posé
%
CUL
31
7
22,6
32
21
65,6
31
31
100
31
21
67,7
HGR
KAMPEMBA
HGR HAKIKA
29
10
34,5
29
11
37,9
29
29
100
29
18
62,1
20
9
45
21
14
66,7
20
19
95
20
10
50
HGR
KISANGA
HGR KENYA
39
6
15,4
23
13
56,9
39
26
66,7
39
28
71,8
25
13
52
35
10
28,6
25
21
84
25
20
80
HM RUASHI
26
12
46,2
30
22
75,3
26
21
80,8
26
8
30,8
TOTAUX
170
57
170
91
170
147
170
105
33,5
100
53,5
100
86,5
100
61,8
TOTAUX
MOYENS
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
61
Au regard de ce tableau, nous constatons que le remplissage correct
du partogramme se fait très mal (15,4% à 46,2%) sauf dans une seule
structure, l’HGR KENYA, où le taux est de 52%. Quant à la préparation
psychologique, elle est plus faible (28,6%) à l’ HGR KENYA et plus forte
(75%) à l’HMR RUASHI. Les taux extrêmes du score d’APGAR sont de 100
%, aux cliniques universitaires et à l’HGR Kampemba, et de 66, 7 % à l’HGR
Kisanga.
En ce qui concerne le pronostic d’accouchement, le meilleur résultat
a été enregistré à l’HGR Kenya (80%) et le résultat le plus faible à l’hôpital
militaire de la Ruashi (30,8%). Par ailleurs la vision globale du tableau
montre que la performance des activités infirmières considérées décroît en
passant du score d’APGAR (86,5 %) au pronostic d’accouchement
(61,8%),à la préparation psychologique (53,5%) et au remplissage correct
du partogramme (33,5 %).
3.2. Discussion
Accoucheuses, infirmières et matrones formées (tableau I)
Au regard de nos résultats, il s’est dégagé que les taux globaux de
formation des accoucheuses, infirmières et matrones qui travaillent dans les
maternités concernées par la présente étude sont assez bas : 54,5% pour
les infirmières, 34,5% pour les accoucheuses et 10,9% pour les matrones.
Nous attribuons la faiblesse des taux relatifs aux matrones et accoucheuses
à deux raisons principales. D’une part, en milieu urbain, la présence des
matrones doit tendre vers la valeur nulle étant donné que cette catégorie
d’operateurs obstétriciens ne requiert pratiquement pas de formation
scolaire. Cette considération permet de justifier le taux de 0% enregistré
dans quatre maternités (CUL, HGR Kampemba, HGR Kisanga et HMR) sur
les six répertoriés. D’autre part, l’option accoucheuse dans les ISTM n’attire
que très peu d’étudiants en raison probablement du fait que
traditionnellement le métier d’accoucheuse est exercé par les femmes âgées
souvent sans formation scolaire préalable.
Si la maternité des cliniques universitaires se caractérise par le taux le
plus élevé 72,7% en matière d’accoucheuses formées, c’est tout simplement
parce qu’elle appartient à un complexe hospitalier de niveau supérieur. Cet
aspect permet de comprendre aussi que sur un total de onze accoucheuses
et infirmières de cette maternité, il n’y ait que trois infirmières.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
62
Equipement et propreté (tableau II)
Ici aussi, la maternité des cliniques universitaires de Lubumbashi,
pour la raison avancée plus haut, occupe la position émergente, après avoir
obtenu la totalité des points en matière des équipements et de la propreté
du cadre.
Performance dans la réalisation des activités (Tableau III)
Il est ressorti de la vision globale du tableau III une diminution de la
performance dans la réalisation des activités infirmières considérées en
passant du score d’APGAR (86,5%) au pronostic d’accouchement (61,8),à
la préparation psychologique (53,5%), au remplissage du partogramme
(33,5%). Ce résultat semble indiquer que les infirmières accoucheuses
enquêtées privilégient les activités directement liées à la vie du nouveau - né
et de sa mère vis- à- vis de celles relevant notamment de la formalité
administrative comme le remplissage correct du partogramme 6. En effet,
comme on le sait, le score d’APGAR est un contrôle clinique qui a lieu tout
de suite après la naissance par l’évaluation des cinq paramètres suivants
chez le nouveau-né : reflexe, fréquence respiratoire, couleur et état général,
tonus musculaire, rythme cardiaque7, 8, Quant au pronostic d’accouchement
pouvant nous permettre de préciser le mode d’accouchement afin de limiter
le risque de mortalité maternelle, les accoucheuses de l’HMR le pose
difficilement (30,8%) alors que l’HGR Kenya le réalise avec succès (80%).
Et pourtant en cas de dystocie mécanique, tout personnel qui dirige des
accouchements dans une maternité est sensé préciser à la parturiente que
l’accouchement se fera par voie haute (césarienne) afin de sauver sa vie. 9 ,10
CONCLUSION
Notre étude a porté sur la viabilité des six maternités de la ville de
Lubumbashi, à savoir les maternités des Cliniques universitaires (CUL), des
Hôpitaux Généraux de Référence (HGR) de Kenya, Kampemba, Hakika,
Kisanga et Ruashi.
En matière des équipements, de la propreté et de la formation des
infirmières accoucheuses, la performance de la maternité des Cliniques
Universitaires de Lubumbashi a, pour des raisons évidentes, largement
supplanté celles des autres maternités des structures hospitalières
considérées dans la présente étude. En comparant l’exécution des activités
de l’infirmière accoucheuse, nous avons constaté que celles liées
directement à la vie du nouveau–né et de sa mère sont mieux réalisées que
celle relevant de l’administration.
Pour améliorer
la viabilité des maternités dans la ville de
Lubumbashi, nous recommandons ce qui suit :
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
63
A la division provinciale de la santé,



L’engagement des accoucheuses qualifiées et compétentes à la
maternité,
L’approvisionnement des maternités en équipements adéquats et de
remplacer les tables d’accouchement amorties
Le bon suivi et le contrôle des matériels dans toutes les maternités
étatiques
Aux accoucheuses,


L’utilisation systématiquement du partogramme pour chaque parturiente
et le remplissage correcte de cet élément
L’évaluation du score d’APGAR à la première, cinquième et dixième
minute.
REFERENCES
1. David l ; Réduction de la mortalité maternelle au Congo ; Sauver
des vies
des femmes ; 2ème éd ; Genèse ; 2013 ; p 38
2. Philippe développement et santé ; Paris ; 2010 ; p49
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4. Anonyme ; Élisabethville (1911-1961) ; mémorial réalisé à
l'occasion de la Foire internationale d'Élisabethville en juillet 1961 ;
Cuypers ; Bruxelles ; 1961 ; pp26-27
5. Bureau du maire de la ville de Lubumbashi; Rapport annuel
affaires intérieures ; 1998 ; p.21
6. Fistula care et MaternaL ; OMS, Pourquoi utiliser un partogramme ;
éd novembre ; New York ; 2000 ; p87
7. Fauveau. V ; la pratique des sages-femmes dans le monde ; Serra
Leone ; 2011 ; p32
8. Lansac J ; Le partogramme, un outil toujours actuel pour évaluer
la qualité des soins en obstétrique ; Paris ; 2006 ; p77
9. Ecsasom ; Confédération internationale de sage-femme ; Global
Standards ; Genève ; 2011 ; p66
10. Nikiema ; L’évaluation de l’utilisation du partogramme pour la
surveillance du travail ; Burkina Faso ; 2007 ; p 64
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
64
Ann. UNIKAM
65
ANALYSE DE L’ACCOMPLISSEMENT DE LA MISSION D’UN
DIRECTEUR DE NURSING DANS LES HOPITAUX DE LA VILLE DE
LUBUMBASHI
Mfwamba M.A, Odia B.M,* Tshiji K.V,* Kapenda N.D*
RESUME
Cette étude descriptive prospective a mis en évidence le fait que la mission du
directeur de nursing n’était que partiellement accomplie (40%) dans les hôpitaux
de la ville de Lubumbashi concernés par nos investigations. Les raisons avancées
pour justifier cet état déplorable sont: l’ignorance de ses taches (20 %), l’absence
du bureau (20 %), la démotivation et le manque de collaboration tant avec la
hiérarchie qu’avec les infirmiers (20 %), le manque de formation, de recyclage et
de matériels adéquats (40 %). Ce qui conduit à une mauvaise qualité des soins
administrés et aux conflits étant donné que les attributions du directeur de nursing
sont exercées par d’autres personnes (administrateurs gestionnaires et médecins
directeurs).
ABSTRACT
There teaching desciptiveprospectived at meek in evident the baut what the
misionfrom edmusthertho nursing weren’t what partieled accompli (40%). The
raison presented for speack this etatcontry deplorable are: l’ignorance for this
tache (20%), absented all afice (20%), the motivation and the absent at
collaboration many and the hierachie at and the nurse (20%), the absent for
formation that recyclage and tools (40%). Is druver bat quality there
betheradmistred from conflit that give the attribution for edmusther the nursing are
exerciceansuer (administatatgestionary and the medecinsedmasthers.
I. INTRODUCTION
Dans le cadre de son organisation et de son fonctionnement, toute
institution hospitalière comprend les trois principaux secteurs suivants: les
départements médical et administratif ainsi que celui de nursing1. Dit aussi
Infirmier chef, le directeur de nursing qui fait partie du staff de l’hôpital est
un chef d’orchestre de l’organisation des soins infirmiers et médicaux à
l’hôpital. C’est lui qui est le responsable de tous les malades hospitalisés, et
surtout de la qualité des soins infirmiers. Il joue également le rôle de
gestionnaire en respectant les cinq impératifs de la gestion, à savoir :
planifier, organiser, coordonner, diriger et évaluer les activités relatives aux
soins infirmiers2, 3.
Le directeur de nursing est donc un véritable facilitateur des infirmiers
sur le plan technique en organisant la formation continue pouvant leur
permettre d’actualiser leurs connaissances et d’améliorer leurs
performances dans le domaine des soins4. Compte tenu du rôle fondamental

Institut Supérieur des Techniques Médicales de Lubumbashi ; E-mail : [email protected]
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
66
de cet opérateur sanitaire, nous nous proposons dans cet article d’évaluer, à
travers une enquête menée auprès des infirmiers, le niveau de
l’accomplissement de la mission qui lui est confiée. Pour y parvenir nous
avons limité nos investigations à cinq institutions hospitalières de la ville de
Lubumbashi.
En mettant au premier plan le rôle du directeur de nursing dans un
hôpital, le but poursuivi est celui de conscientiser d’une part, ce dernier sur
la nécessité d’accomplir convenablement sa mission dans toutes ses
dimensions et d’autre part, l’autorité hiérarchique sur l’importance de la
direction de nursing au sein d’un hôpital.
II. MATERIEL ET METHODE
La présente étude s’est déroulée dans la ville de Lubumbashi, cheflieu de la province du Katanga, en République Démocratique du
Congo. Fondée en 1910 par les Belges sous le nom d'Élisabethville, la ville
fut débaptisée et dénommée Lubumbashi en 1965, après l’accession du
pays à sa souveraineté nationale et internationale en 1960. Divisée en sept
communes, Annexe, Kamalondo, Kampemba, Katuba, Kenya, Lubumbashi,
et Ruashi, la ville de Lubumbashi, située à 1230m d’altitude, s’étend sur
une superficie de (747Km 2)5.
Pour bien mener cette étude nous nous sommes appuyés sur une
étude observationnelle descriptive transversale au moyen d’une méthode
prospective pendant 13 mois et 5 jours, soit du 05 aout 2013 au 10
septembre 2014.
La population d’étude a été constituée des administrateurs
gestionnaires, des directeurs de nursing et des infirmiers appartenant aux
cinq hôpitaux préalablement sélectionnés:
- Cliniques Universitaires de Lubumbashi (CUL)
- Hôpital Général de Référence de Katuba (HGR KATUBA)
- Hôpital Général de Référence de Kisanga (HGR KISANGA)
- Hôpital Général de Référence de Kenya (HGR KENYA)
- Hôpital de la Société Nationale de Chemin de fer du Congo (hôpital
SNCC)
Vol. XIV, n°1, juin 2015
67
Ann. UNIKAM
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
Tableau I. Répartition de l’échantillon par institution hospitalière
Effectifs
N°
1
2
3
4
5
Hôpitaux
Infirmier
CUL
Hôpital SNCC
HGR/KENYA
HGR/KATUBA
HGR/KISANGA
TOTAL
%
Administrateur
gestionnaire
Total
48
51
38
25
29
Directeur.
de
nursing
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
50
53
40
27
30
25
26,5
20
13,5
15
190
5
5
200
100
La lecture de ce premier tableau permet de constater qu’il existe dans
chacun des cinq hôpitaux concernés par notre étude un directeur de
nursing, un administrateur gestionnaire et plusieurs infirmiers. En termes
d’effectifs, deux institutions représentent à elles seules 51,5% de l’effectif
total : CUL (25%) et hôpital SNCC (26,5%).
A notre question de savoir s’il existait réellement de direction de
nursing dans les cinq hôpitaux sélectionnés, Les réponses recueillies sont
rassemblées dans le tableau II.
Tableau II. Réponses des directeurs de nursing sur l’existence de direction
de nursing et celles des infirmiers sur la présence de directeur
de nursing dans leurs hôpitaux.
Réponses
Directeurs
nursing
de
Présence direction de
nursing
Effectif
%
Oui
Non
Totaux
4
1
5
80
20
100
Infirmiers
Totaux
%
Présence directeurs de
nursing
Effectif
%
132
58
190
69,5
30,5
100
136
59
195
69,7
30,3
100
Il ressort du tableau II qu’un directeur de nursing a reconnu
l’inexistence du bureau de direction de nursing dans son institution. De
même, 30,5% des infirmiers enquêtés ont affirmé qu’il n’existe pas de
directeur de nursing dans leurs hôpitaux.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
68
Ann. UNIKAM
Tableau III. Réponses des infirmiers vis-à-vis de la mission d’un directeur de
nursing dans un hôpital
Missions d’un Directeur de nursing
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
Supervision des activités des soins infirmiers et
évaluation des infirmiers
Résolution des problèmes techniques et conflit
des infirmiers
Gérer le personnel infirmier et les matériels
Affecter les nouveaux engagés et encadrer les
stagiaires
Défendre les intérêts du personnel soignant
auprès de la hiérarchie
Coordonner, planifier et contrôler toutes les
activités des soins
Assurer la formation continue des infirmiers
Veiller sur la qualité des soins et propreté de
toutes les unités de soins.
Total
Réponses
obtenues
%
35
18,4
27
14,2
38
15
20
7,9
17
8,9
31
16,3
14
13
7,4
6,8
190
100
En matière de la mission dévolue au directeur de nursing d’un hôpital,
deux catégories des réponses se dégagent du tableau III : aux missions A,
B, C et F correspondent 131 infirmiers, soit 68,9% de l’effectif total, et les
quatre autres missions restantes (D, E, G et H) ne représentent que 31,1%.
De manière sectorielle, les deux missions les plus citées sont celles relatives
à la gestion du personnel infirmier et des matériels, mission C (20%), à la
supervision des activités des soins infirmiers et à l’évaluation des infirmiers,
mission A (18,4%). Par contre le deux missions les moins citées
représentent chacune un taux inférieur à 7,5% : veiller sur la qualité des
soins et la propreté de toutes les unités de soins, mission H (6,8%), et
assurer la formation continue des infirmiers, mission G (7,4%).
Vol. XIV, n°1, juin 2015
69
Ann. UNIKAM
Tableau IV. Constat des infirmiers sur la résolution de leurs problèmes
techniques, administratifs par les directeurs de nursing
Réponses
des
infirmiers
Directeur de nursing apprécié par les Infirmiers
Accomplissement correct
de son rôle
Oui
Non
Parfois
Totaux
Effectif
35
78
77
190
%
18,4
41,1
40,5
100
Résolution des problèmes
administratifs et techniques
des infirmiers
Effectif
%
27
14
56
29,5
1O7
56,5
190
100
Il se dégage du tableau IV que moins de 20% des infirmiers
considèrent que leurs directeurs de nursing accomplissent correctement leur
rôle (18,4%) et qu’ils résolvent les problèmes des infirmiers (14%). Par
contre l’alternative inverse représente pratiquement le double de chacun de
ces deux taux, c'est-à-dire 41,1% dans un cas et 29,5 dans l’autre. Comme
on peut le constater dans le tableau suivant, la réaction des infirmiers
s’accorde bien avec celle des directeurs de nursing eux-mêmes sur leur
rendement.
Tableau V. Réponses des directeurs de nursing sur l’accomplissement
correct des taches dans leurs hôpitaux respectifs
Reponses
Oui
Non
Total
Effectif
2
3
5
%
40
60
100
En effet, 60% des directeurs de nursing enquêtés ont reconnu qu’ils
n’assurent pas correctement leurs missions et les raisons avancées par eux
sont étalées dans le tableau ci-dessous.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
70
Ann. UNIKAM
Tableau VI. Raisons de non accomplissement des tâches du directeur
de nursing données par lui-même
Raisons du mauvais rendement
Effectif
%
Insuffisance des matériels et du personnel infirmier
2
40
Démotivation et absence de la direction de nursing
1
20
Manque de recyclage du directeur de nursing et de
collaboration avec la hiérarchie
1
20
Manque d’autonomie et de mandat officiel ainsi que
l’ignorance de ses tâches
1
20
Total
5
100
La lecture de ce dernier tableau montre que le directeur de nursing a
cité les raisons qui l’empêchent d’accomplir correctement ses taches. Par
rapport aux raisons avancées, deux directeurs de nursing sont buttés aux
problèmes d’ordre matériel et de l’insuffisance du personnel infirmier, soit
40%.
3.2. Discussion
Après l’enquête, les résultats obtenus ont montré que certaines
institutions hospitalières retenues dans notre champ d’investigation n’ont
pas de directeur de nursing (30,5%), et de bureau de nursing (20%)
(Tableau II). Ces résultats nous conduisent à justifier la mauvaise qualité de
soins remarquée dans la plupart des hôpitaux de la ville, car le manque de
directeur de nursing au sein de l’hôpital et l’inexistence du bureau de ce
dernier entraînent une mauvaise organisation des services et se répercutent
défavorablement sur la qualité et la sécurité des soins administrés au
patient6,7. En termes d’effectifs (tableau I), deux institutions représentent à
elles seules 51,5% de l’effectif total : CUL (25%) et hôpital SNCC
(26,5%).Cette prépondérance résulte à notre avis, du fait que les deux
complexes hospitaliers sont grands et leur construction remonte à l’époque
coloniale.
En matière de la mission dévolue au directeur de nursing d’un
hôpital, il se dégage des tableaux III et IV que, d’une manière générale, ce
dernier n’accomplit pas convenablement ses taches. C’est le cas notamment
dans la défense des intérêts du personnel soignant auprès de la hiérarchie,
dans l’organisation de la formation continue et dans l’entretien de la qualité
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
71
de soins et de la propreté dans toutes les unités de soins. Cet état de chose
est en contradiction avec les données de la littérature selon lesquelles les
fonctions de directeurs de soins requièrent plusieurs habilités 8,
connaissances tant au niveau interpersonnel, analytique, conceptuel et
technique afin de contribuer aux résultats positifs de l’organisation9,10.
Cependant, en dépit de la reconnaissance partielle de la
médiocrité de leur prestation, il importe d’examiner objectivement les raisons
que les directeurs de nursing ont évoquées pour justifier cette situation
déplorable.
Ainsi par exemple, l’insuffisance des équipements qui
caractérise plusieurs secteurs des pays en développement constitue un
véritable frein dans la réalisation de plusieurs travaux. De même la
démotivation qu’ils citent peut avoir comme origine notamment l’impayement
des salaires pendant plusieurs mois et la précarité du salaire. Il apparaît
donc que le travail de fond devra se faire en amont pour générer les
conditions favorables au bon fonctionnement des institutions hospitalières
CONCLUSION
Au terme de nos investigations ayant porté sur l’analyse de
l’accomplissement de la mission d’un directeur de nursing, nous avons
dégagé trois principaux résultats à savoir :
 La mission du directeur de nursing n’est pas accomplie
correctement, soit 60 % d’affirmation.
 Les causes de non accomplissement de ses taches sont les
suivantes : insuffisances du personnel soignant et du matériel
adéquat(40%), démotivation et absence de la direction de nursing
dans certains hôpitaux (20%), manque de formation et de recyclage
des directeurs de nursing(20%),manque d’autonomie et de mandat
officiel ainsi que l’ignorance de ses taches(20%).
 Le bureau de la direction de nursing n’existe pas dans un hôpital soit
20%.De même 30% des infirmiers enquêtés ont affirmé qu’il n’existe
pas des directeurs de nursing dans leurs hôpitaux.
Pour lutter contre les insuffisances ainsi constatées nous formulons
les recommandations ci-dessous :
A. A la tutelle administrative

De contrôler régulièrement les directeurs de nursing pour accroître
leur rendement et générer une harmonie dans la gestion hospitalière
et pousser les uns au respect des attributions des autres.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
72

De prévoir la construction de bureau de nursing dans toutes les
institutions hospitalières de sa juridiction
 De doter tous les hôpitaux qu’elle chapeaute d’équipement
adéquats pouvant permettre d’assurer une bonne prise en charge
des malades
B. Aux autorités des institutions hospitalières


De nommer un représentant des infirmiers dans chaque structure
sanitaire afin de faciliter une bonne organisation des services
pouvant contribuer à la bonne qualité des soins administrés aux
patients.
De schématiser la direction de nursing à l’organigramme afin que la
ligne hiérarchique soit respectée.
C. Aux directeurs de nursing


D’assurer correctement leur mission en encadrant techniquement
les infirmiers partir de l’organisation de la formation continue et en
défendant leurs intérêts auprès de la hiérarchie
De maintenir l’hygiène hospitalière au plus haut niveau afin de
réduire la survenue des infections nosocomiales
REFERENCES
1. Maryland; Nursing administration: scope and standards of practice;
Quebec; 2009; p124.
2. Ducker P. F ; L’organisation et le leadership en soins infirmiers ; éd
du
renouveau pédagogique ; Cameroun ; 1996 ; p 66
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infirmières
gestionnaires ; ottawa Canadian nursing association ;
Québec ; 2004 ; p 108
4. Nizard G. ; Analyse transactionnelle et soins infirmiers ; édition pour
la santé ; Bruxelles ; 1985 ; pp 18-19
5. Bureau du maire de la ville ; Rapport annuel affaires intérieures ;
1998 ; p.21
6. Dind Linette Biay Y ; Manuel des soins infirmiers, bureau d’études
et de recherche pour la promotion de la santé ; Kangu Mayumbe ;
2004 ; p 9
7. Rosemarary M.C. et allii ; Guide de gestion à l’usage des
responsables des soins de santé au niveau intermédiaires ; OMS ;
Genève ; 1981;pp 86-87
Vol. XIV, n°1, juin 2015
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8. Mathena; K. A. Nursing manager skills; Journal of nursing
administration; 2002; p136
9. Isaffo ; J.R ; La gestion de ressources humaines ; un nouveau défi
pour les entreprises ; éd Cadicec ; Umapac ; Kinshasa ; 1988 ; pp
48-49
10. Laschinger, H.K.S., & wong; C. Nurses’ career aspirations to
management roles: identifying the Next generation of leadership
nursing leaders; Quebec; 2010; pp 122-123
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
74
Ann. UNIKAM
75
POURQUOI LES DIPLOMES D’ETAT TRAVAILLEURS SE LANCENT-ILS
FRENETIQUEMENT A LA POURSUITE DES ETUDES SUPERIEURES ET
UNIVERSITAIRES ?
Muleka N.M., A* ., Nakalali N. E. ** , Sobanuka, M. A.***
RESUME
Il a été fait le constat selon lequel les diplômés d’Etat qui travaillent dans différents
secteurs de la vie décident de poursuivre les études supérieures et universitaires en
abandonnant leurs anciens emplois. Les auteurs de l’article se sont alors posé les
questions : « Pourquoi est-ce si important pour ces gens de retourner aux études ?
Pour en faire quoi ? » Après avoir récolté les récits de vie de 22 de ces travailleurs et
traité les données ainsi recueillies, ils ont dégagé les résultats montrant que la
poursuite des études supérieures et universitaires par ces travailleurs est due
essentiellement aux multiples avantages que confère le diplôme du premier et/ou du
deuxième cycle universitaire et au complexe d’infériorité dont souffrent les travailleurs
porteurs du diplôme d’Etat uniquement. Tout cela fait que le désir d’obtenir à tout prix
le diplôme d’études supérieures et universitaires constitue un adjuvant puissant qui
leur fait supporter brimades et souffrances de toutes sortes.
ABSTRACT
It has been obvious that people who completed high school and have been employed
in different areas of life decide to further higher education, generally resigning from
their former jobs. Therefore, the authors of the present article have asked the
following questions: “Why is it so important for these people to return back to school?
What for? ” After having heard from twenty two of those students and analyzed the
collected data, it has been resulted that pursuing the higher education by these
former employees is motivated essentially by the numerous advantages offered by
both undergraduate or/and graduate degrees and by the inferiority complex of the
workers possessing only the high school state degree. This implies that the need to
degree constitutes a strong motivation making
them bear cases of bullying and suffering of different kinds.
obtain a higher education
I. INTRODUCTION
Depuis plus de trois décennies, il s’observe dans les rangs des
travailleurs congolais diplômés d’Etat un engouement pour la poursuite des
études supérieures et universitaires.
Université de Lubumbashi, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education,
e-mail : [email protected]
** Institut Supérieur des Techniques Médicales/Uvira
*** Institut Supérieur de Développement Rural/Uvira
*
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Amorcé d’une manière officielle par la création du Centre
Interdisciplinaire pour le Développement de l’Education Permanente
(CIDEP), l’engouement s’est intensifié par la suite, de sorte qu’il s’est créé
dans certaines institutions officielles et privées de l’Enseignement Supérieur
et Universitaire des sections dispensant leurs enseignements le soir (section
soir) destinées à cette clientèle particulière d’adultes. A Kisangani où cette
étude a été menée, nous pouvons citer, pour ne prendre que ceux-là,
l’Institut Supérieur de Commerce (ISC), l’Ecole Supérieure de Formation
Bancaire et des Assurances (EFOBANC) a et Institut Supérieur Pédagogique
Libre (ISP/L)
Un fait particulièrement significatif est celui concernant les Instituts
Supérieurs Pédagogiques (ISP). A leur début, ces institutions
d’enseignement supérieur et universitaire recevaient majoritairement, sinon
uniquement, la population provenant directement de l’enseignement
secondaire. Aujourd’hui, la tendance semble s’être inversée dans ces
établissements : nous y trouvons majoritairement des travailleurs
comparativement aux jeunes gens fraîchement nantis d’un diplôme d’études
secondaires.
Un autre fait significatif qu’il importe de noter est que cette ruée des
travailleurs vers les études supérieures intervient à un moment crucial. En
effet, ces travailleurs, pour la plupart impayés pendant plusieurs mois ou
sous-payés, doivent payer leurs études coûteuses malgré les difficultés
financières. Ils doivent en outre payer les études de leurs enfants et assurer
la survie de la famille.
D’autre part, ce « retour » aux études supérieures intervient au
moment où des masses de jeunes diplômés de l’Enseignement Supérieur et
Universitaire ne trouvent pas facilement d’emploi sur le marché du travail
formel. Pourtant, certains de ces travailleurs occupaient déjà des places
hiérarchiquement élevées là où ils travaillaient.
Ce retour aux études consacre ainsi l’ancrage de l’éducation
permanente dans notre société congolaise à l’instar d’autres sociétés, y
compris et surtout celles qui sont plus développées que la nôtre. Et on peut
donc se demander à juste raison : « Pourquoi est-ce si important pour ces
gens de retourner aux études ? Pour en faire quoi ? » Les réponses à ces
questions ont constitué l’objet de cette recherche.
Comme nous venons de l’effleurer ci-dessus, l’éducation permanente
est devenue un des faits remarquables des sociétés développées, au point
qu’une fonction enseignante, l’éducateur des adultes, a vu le jour et des
méthodes spécifiques de compréhension et d’accompagnement de cette
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population d’adultes qui retournent aux études se sont élaborées, affinées et
affermies. Citons, entre autres, les biographies éducatives de Dominicé 1.
Retournons à la question du pourquoi en jetant un coup d’œil sur les
réponses qui ont été fournies sous d’autres cieux. En 1984, Riverin-Simard2
a rassemblé des observations et conclusions des recherches en rapport
très étroit avec le retour aux études des travailleurs. Il ressort que la
formation entreprise par les adultes est reliée à l’augmentation de l’efficacité
du travailleur dans l’exercice de son rôle social et que les activités
d’apprentissage sont entreprises pour favoriser la carrière, surtout au
moment des transitions reliées à cette dernière (Cross ; Us Bureau of
census ; Knox ; Carp, Peterson & Roelfs ; Johnstone & Riviera ; Mc Coy &
coll ; Moon) 3-9.
Ces études montrent en gros que c’est pour maintenir son emploi, en
obtenir un nouveau, obtenir de l’avancement, donner un meilleur rendement,
s’adapter que les adultes reprennent les études. Les raisons sont donc
nombreuses. Quelles sont celles des travailleurs congolais diplômés d’Etat
qui retournent aux études après les avoir interrompues au niveau du
secondaire ? La réponse à cette question est l’objet de cette recherche dont
les résultats sont reproduits ci-dessous.
II. MÉTHODOLOGIE
2.1. Récolte des données
Pour pouvoir adopter une méthodologie pour cette étude, nous
sommes partis de certaines considérations avancées par des auteurs qui
travaillent depuis longtemps dans le domaine du développement de carrière.
Ainsi, se référant à Amudson & Cochran10, Borgen & Amudson11 ont
proposé que le « processus de construire une nouvelle compréhension du
développement de carrière débute par une exploration des expériences des
gens » ; ces auteurs sont convaincus de l’importance de l’expérience de vie
rapportée et observée comme point de départ d’une nouvelle méthodologie
dans le domaine du développement de carrière.
Le point de vue de ces auteurs est adopté par maints autres
chercheurs. Les auteurs appuient fortement l’idée que le développement de
carrière individuel peut être plus significativement saisi en laissant de côté
l’approche classique en faveur d’une autre manière. Celle-ci n’est rien
d’autre que « le récit de vie ». Le récit de vie, que beaucoup d’anglo-saxons
s’occupant de développement de carrière ont adopté sous l’appellation de
« narrative », diffère d’autres approches et possèderait un potentiel explicatif
élevé.
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En ayant à l’esprit ces considérations, nous avons bien entendu opté
pour la méthodologie du « récit de vie » que nous tentons d’expliciter cidessous. Cochran12 prétend que décrire la carrière d’une personne ce n’est
ni plus ni moins que raconter une histoire. Toutefois, il faut souligner la
diversité d’appellations dans ce domaine. Pineau et Legrand13 ont inventorié
les formes suivantes : la notice biographique, le récit de pratique, l’entretien
biographique, l’histoire de vie sociale approfondie, l’histoire de vie de
groupe, l’histoire de vie en groupe. A toutes ces formes, Pineau et Legrand
donnent le nom d’histoires de vie.
Bujold14, pour sa part, distingue l’autobiographie qui est une
description de la vie d’une personne par elle-même ; la biographie ou la
description de la vie d’une personne par une autre personne ; le récit de vie
(life story) et l’histoire de vie (life history). Le récit de vie est un récit
biographique limité aux matériaux fournis par le narrateur, tandis que dans
l’histoire de vie des éléments provenant d’autres sources sont collectées en
plus de ceux fournis par le narrateur sur lui-même. Les psychobiographies
sont un usage systématique de la théorie psychologique (surtout la théorie
de la personnalité) pour transformer une vie en un récit cohérent et éclairant.
A cette liste s’ajoute le concept de « narrative », qui s’applique aux vies des
gens dans leurs environnements sociaux et qui a une connotation
herméneutique dans ce sens que les vies humaines peuvent être conçues
comme des textes qu’un chercheur doit interpréter. Notons que Bujold,
Canadien francophone qui manie aussi bien le français que l’anglais, n’a pas
donné l’équivalent de ce mot en français. Il signale cependant que ce mot
connaît une plus ou moins grande poussée (regain) d’intérêt chez les
scientifiques de plusieurs disciplines. C’est ce concept qui semble être le
plus utilisé chez les auteurs d’expression anglaise, du moins ceux
s’occupant de carrière. Quoi qu’il en soit, l’élément unificateur est l’utilisation
de l’entretien.
Cochran12 affirme que la relation du récit de vie à la recherche sur la
carrière est directe. Le récit de vie (narrative) est une forme synthétique, une
structure cohérente à travers le temps qui est capable de représenter une
carrière. C’est pourquoi décrire une carrière d’une personne ne peut être
mieux fait que par l’intermédiaire du récit qu’on en fait.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans tous les détails théoriques
relatifs à ce concept. Disons toutefois que Polkinghorne 15 estime que le
schème narratif est un processus intellectuel qui met en rapport les activités
humaines les unes avec les autres en les rendant significatives. Il révèle but
et direction dans les affaires humaines et rend compréhensibles les vies
humaines individuelles. Nous concevons notre propre comportement et celui
des autres à l’intérieur d’un cadre narratif et à travers lui nous reconnaissons
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les effets que peuvent avoir sur les buts désirés, les actions planifiées. Cela
étant tenu pour vrai, ce chercheur propose que comprendre la planification
de la carrière de vie peut être grandement aidé par l’étude d’individus
particuliers sous forme de récits de vie.
C’est ce qui nous a inspiré dans notre recherche.
Avant de présenter concrètement ce que nous avons fait, relevons
d’abord le fait qu’il n’y a pas une seule meilleure façon indiquée pour ce
faire. « Le récit biographique est un instrument dont l’utilisation dépend
toujours de l’objet visé par la recherche. Il n’y a pas une formule idoine de
récit »1. Pourtant, Pineau et Legrand13 ont proposé des opérations
constitutives du récit de vie, à savoir l’énonciation orale, l’énonciation écrite
et le travail sur ces énoncés. L’ordre de ces opérations n’est pas toujours
linéaire. C’est dans l’énonciation orale que le narrataire formule sa
demande, définit les objectifs qu’il poursuit, précise le cadre institutionnel
ainsi que le devenir éventuel de cette histoire ; dans l’énonciation écrite, on
passe à l’écrit. Les auteurs attirent notre attention sur ce que « sans une
perspective de recherche, cet écrit ne saurait s’effectuer comme
retranscription d’entretien. Ici des choix s’opèrent entre se tenir au plus près
de l’énoncé (avec notamment les hésitations, les questions, les
répétitions…) et travailler le texte pour le rendre le plus fluide possible ».
Quant au travail sur l’énoncé, il s’agit essentiellement d’opérations
d’analyse. Ici également, les auteurs avertissent qu’en termes de recherche
« tout système d’analyse est fonction du programme initial et de
problématique, les situations changent du tout au tout selon que l’on se
trouve avec une sociologie de pratiques sociales bien spécifiées ou dans
l’étude d’un système de valeurs d’une personne ».
Ces quelques éléments étant donnés, voici comment nous avons
concrètement procédé.
Nous passions dans des institutions de l’Enseignement Supérieur et
Universitaire et nous nous informions auprès des étudiants en leur
demandant si parmi eux il y avait ceux qui avaient déjà été dans la vie
professionnelle avant de venir étudier. Bien sûr, une présentation
personnelle précédait tout cela. S’il y avait un étudiant qui nous avait été
indiqué avant, nous l’abordions directement et lui demandions un rendezvous selon son emploi du temps.
Pour l’entretien, nous abordions nos sujets à leur domicile ou à un
endroit jugé calme, commode et selon la disponibilité de chacun. Nos
entretiens duraient une à deux heures selon les sujets racontant leur vie
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scolaire et professionnelle. Après une brève présentation, nous demandions
au sujet de nous narrer toute son histoire depuis le début de sa scolarité
jusqu’à l’arrêt de celle-ci. Nous lui demandions ensuite, après que le thème
de la scolarité était jugé épuisé, de nous raconter sa vie professionnelle
jusqu’au moment où il avait décidé de retourner aux études. Suivait alors le
récit de son retour aux études avec tous les tenants et aboutissants. Si
l’enquêté manifestait le désir d’arrêter l’interview pour continuer le jour où il
se montrera disponible, nous le lui accordions sans condition.
Pour chaque sujet donc, le récit contenait ces trois parties :
1. Histoire de la vie scolaire, en insistant sur les étapes et les événements
qui avaient marqué la scolarité, de l’école primaire à l’entrée dans la vie
professionnelle.
2. Histoire de la vie professionnelle : différentes professions et différents
postes occupés au cours de cette vie active, attitude face à son emploi
et son salaire, les promotions obtenues, problèmes auxquels il était
confronté, etc.
3. Histoire de son retour aux études, où l’on s’appesantissait sur les
motivations du retour aux études.
Pour ne pas perdre les informations fournies par les interlocuteurs,
nous enregistrions les récits à l’aide d’un magnétophone. Il nous était ainsi
facile de poser des questions d’explicitation, de complètement ou de
justification. Les contenus des entretiens étaient transcrits quelques temps
après sur papier, la mémoire étant encore fraîche.
2.2. Les sujets
Nous avons interrogé 22 sujets de sexe masculin dont la répartition
selon les institutions fréquentées est présentée dans le tableau unique cidessous.
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Tableau I. Répartition des sujets selon les institutions
N°
1
2
3
4
5
Institutions
Université de Kisangani
Institut Supérieur des Techniques
Médicales (ISTM)
Ecole de Formation Bancaire et
des Assurances (EFOBANC)
Institut Supérieur d’Etudes
Agronomiques (IFA) Yangambi
Institut Supérieur de Commerce
(ISC)
Total
Effectifs
8
4
%
36,36
18,18
4
18,18
3
13,64
3
13,64
22
100
III. RÉSULTATS
Seuls les résultats concernant le retour aux études supérieures et
universitaires sont reproduits ici. Nous avons utilisé l’analyse de contenu
pour dégager les différentes catégories ci-après.
3.1. L’omniprésence du complexe d’infériorité
Le dictionnaire de la Psychologie de Sillamy16 définit le complexe
d’infériorité comme étant le sentiment d’insuffisance, plus fréquemment bien
observé chez l’enfant que chez l’adulte. Quand on parle de complexe
d’infériorité, on lui accorde souvent un sens négatif. Tel n’est pas la
conception d’Adler. Celui-ci accorde à ce phénomène un sens tout à fait
positif.
Le voyant sous cet angle, Adler17 dit : « J’ai depuis longtemps insisté
sur le fait qu’être homme, c’est se sentir inférieur. Il faut considérer l’histoire
de l’humanité comme l’histoire du sentiment d’infériorité et des tentatives
faites pour y trouver une solution. Le sentiment humain d’infériorité, qui
habituellement s’use dans la lutte pour le progrès, ressort plus vivement
dans les orages de la vie, et assez clairement à l’occasion de dures
épreuves ».
Par rapport aux données récoltées disons que dans l’emploi, le
travailleur qui se sent complexé à cause de son niveau d’études inférieur,
cherche l’occasion de retourner aux études afin de pallier cette situation. A
cause, principalement, de la modicité de leurs économies, les travailleurs
arrivent généralement à l’Enseignement Supérieur et Universitaire à un âge
avancé.
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Le complexe d’infériorité vis-à-vis des Gradués et des Licenciés a
constitué l’élément de base qui a transparu dans la quasi-totalité des récits
de nos 22 répondants. Voici à ce sujet quelques-unes de leurs déclarations.
Avec suffisamment d’émotion, un sujet s’exprime ainsi : « Devant un
licencié ou gradué j’avais vraiment un grand complexe et me sentais tout
petit devant lui. Je me sous-estimais, j’avais une certaine peur et je me
sentais toujours réduit devant un licencié ou un gradué, même s’il était
moins âgé ou moins compétent que moi. Je réfléchissais beaucoup sur cette
situation. Je me demandais comment, moi, je n’avais pas eu la chance de
pousser mes études plus loin. C’est pourquoi j’ai trouvé que dans la vie, il
faut d’abord obtenir ce diplôme, le reste après ».
Sur le même ton, un autre renchérit : « Nous tous, nous avions le
complexe envers ce licencié ; personne ne pouvait le contredire dans le
raisonnement car nous le prenions comme « le plus grand connaisseur ».
Même le préfet lui manifestait des égards. Alors je me suis dit : il faut que je
devienne aussi licencié au lieu de continuer à adorer les autres comme ça et
d’être toujours complexé devant une personne comme moi ».
Même en étant supérieur sur le plan des fonctions, on éprouve ce
sentiment de petitesse. On cache ce qu’on est, on a peur qu’on le
découvre… cela constituerait une catastrophe. Tel est en tout cas ce que
signifient ces propos : « J’étais nommé coordinateur urbain des écoles
conventionnées. En tant que D6N, j’étais souvent complexé sachant que je
dirigeais les gradués et les licenciés, et avoir la promotion était difficile car
mon dossier était limité. Ici où je travaille, je suis chef de bureau et il y a
parmi les gens que je dirige, des gradués et des licenciés mais ils ne savent
pas que je suis D6N. Peut-être s’imaginent-ils que j’ai un grade
académique ; mais le jour où ils seront informés que je suis D6N, ils ne
manifesteront plus autant de considération que maintenant ».
Les réponses de tous nos sujets expriment l’idée du sentiment de
complexe d’infériorité devant celui qui a un niveau d’études supérieur. Ce
complexe d’infériorité est si fort qu’il va pousser nos sujets à retourner aux
études, et retrouver leur dignité en tant qu’homme.
3.2. Recherche de la dignité humaine
La dignité humaine c’est le respect dû au fait d’être homme, une
personne, avec ses caractéristiques distinctives. C’est la reconnaissance
qu’en tant qu’homme toute personne a une valeur. Dès lors, l’homme a
toujours été à la recherche de sa dignité.
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Ce sont surtout des situations où l’on est qui constituent souvent un
obstacle à la reconnaissance de la dignité de soi ou de l’autre.
Dans toute activité professionnelle, tout travailleur sent le besoin
d’être estimé à juste titre : le besoin d’estime de soi. Lorsque cette estime
est piétinée, le travailleur vit un inconfort psychologique et recherche des
solutions, parfois extrêmes, pour s’en sortir.
Chez nos sujets, le diplôme supérieur ou universitaire est considéré
comme la plus grande solution à cette situation. Ce diplôme est pris à ce
point comme une valeur qui remet l’homme à une place digne ; il est
recherché presque névrotiquement. La valeur que les sujets donnent à ce
titre académique est plus psychologique que matérielle. Aussi, pour nos
sujets, obtenir cette « pièce » confère une satisfaction morale, une stabilité
psychologique. La présence du diplôme universitaire implique une élévation
sur le plan social sans compter le succès matériel qu’il est censé apporter
ultérieurement. Sur 22 sujets enquêtés, 20 abondent dans ce sens.
A la question de savoir ce qu’ils visent dans ce diplôme, la majorité de
nos sujets commencent par des justifications d’ordre psychologique tandis
que le sens matériel vient en dernier lieu. Cela montre combien la
préoccupation d’obtenir ce diplôme est plus morale que pécuniaire.
Ci-dessous, quelques réponses enregistrées :
« D’abord, ce diplôme me permettra d’augmenter les connaissances
scientifiques et de maintenir aussi mon identité devant les gens, voire
devant mon épouse ».
« Mon cher, l’argent est bon mais il faut d’abord la paix de l’esprit, du
cœur. Même si je touchais le double de mon salaire actuel, je n’aurais pas la
paix en moi car tout le monde sait que je n’ai pas un niveau valable pour
diriger ; mais avec la licence, ça ira bien ».
« Un jour, j’avais demandé au préfet pourquoi lui et les autres
licenciés nous traitaient comme ça. Il m’a dit : « Est-ce que tu penses
qu’être licencié c’est de la blague ? Quand est-ce que tu le deviendras, toi,
D6N et à ton âge ? ».
« … Alors vous voyez que même si vous avez de l’argent ça n’a pas
de sens au moment où les autres ne vous respectent pas, vous méprisent,
vous dédaignent ! ».
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« Pas seulement l’aisance matérielle mais surtout le calme d’esprit
c'est-à-dire être respecté par les autres et se sentir à l’aise. Vous savez que
nous subissons beaucoup de négligence, de mépris, de déconsidération à
cause du manque de ce diplôme universitaire ».
« C’est d’abord la formation et l’argent après. J’aime terminer ma
formation en obstétrique ; ça me rendra joyeux et tranquille dans mon esprit
car sans formation supérieure on est toujours piétiné par n’importe qui qui
vient de l’enseignement supérieur et universitaire ».
« Il faut que les autres sentent que vous êtes aussi « homme » et
qu’ils vous respectent. Mais sans un grand diplôme, on est toujours négligé,
on ne tient pas du tout compte de ce que vous pouvez dire ; quelquefois
vous demandez la parole, on ne vous l’accorde pas quand on sait que vous
avez moins étudié qu’eux. C’est pourquoi le salaire doit venir après. Il y a
des gens qui ont de l’argent mais qui tremblent devant un gradué ou
licencié. Voilà ! ».
« Avec ce diplôme, je vais rentrer chez-moi tête haute et sans
commentaires c'est-à-dire je mettrai fin à toutes les négligences que j’avais
connues depuis longtemps ; ça va élargir le sens de ma personne et ma
place d’homme parmi les autres».
A entendre toutes ces paroles, c’est comme si ces sujets se faisaient
un pari. La résonance de la recherche de cette dignité humaine, rapproche
celle-ci de la résonance du complexe d’infériorité.
3.3. Le diplôme d’enseignement supérieur et universitaire une clé
passe-partout
Pour un jeune qui vient fraîchement de l’école secondaire, faire les
études supérieures c’est normal car c’est une suite logique, comme pour
tout le monde. Pour lui, le diplôme universitaire est une pièce comme toutes
les autres, chacune à son niveau : après le certificat d’études primaires,
c’est le diplôme du secondaire et enfin le diplôme d’études supérieures ou
universitaires.
Si les travailleurs retournent aux études supérieures c’est parce qu’ils
sont convaincus que le diplôme universitaire est une clé magique, une clé
passe-partout, un sésame. Lorsqu’on l’a, pensent-ils, toutes les portes
s’ouvrent devant soi.
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Ayant déjà goûté à la vie professionnelle et y ayant éprouvé
l’amertume que cause le manque du grade académique, le diplôme
universitaire est perçu comme ayant une signification particulière. Ces sujets
semblent avoir découvert l’obstacle majeur à la construction de leur carrière.
Cet obstacle n’est rien d’autre que leur niveau d’études inférieur ; c’est
pourquoi il faut revenir à l’école afin de le rehausser.
Ces sujets connaissent déjà l’importance et le secret du diplôme
universitaire dans les réalités du terrain, ils savent ce qu’ils n’ont pas pu faire
à cause du manque de ce diplôme et ce que les autres ont réussi grâce à
lui. C’est pourquoi ils cherchent à tout prix à l’obtenir car ils savent ce qu’ils
doivent en faire. Le diplôme de licence constitue, pour eux, un succès, une
ouverture et une réussite de la vie en général et la vie professionnelle en
particulier.
Puisqu’actuellement des licenciés chôment, le sujet ne peut-il pas
regretter son poste abandonné et/ou le temps passé à l’université avec tout
ce que cela comporte comme dépenses financières et souffrances ? Lui
aussi peut en effet connaître le sort des licenciés et gradués chômeurs !
Malgré cela, tous les sujets sont unanimes qu’il est d’abord nécessaire
d’avoir, coûte que coûte, le diplôme d’études supérieures et universitaires et
qu’en l’ayant on ne peut jamais manquer d’emploi ; et si cela arrive le
diplôme aidera à en créer un.
Quelles que soient les difficultés qui jonchent les études
universitaires, ces sujets les bravent courageusement. Ils quittent leur poste
sans se dire « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Car ils estiment
qu’une fois décroché, ce diplôme leur servira de quelque façon. Ils savent ce
qu’ils doivent en faire, l’expérience professionnelle ayant aiguisé leur sens
de l’exploitation.
« En aucun cas, je ne peux regretter ce temps passé à l’université. Ce
n’est pas un temps perdu ! Car après avoir obtenu un grand diplôme comme
la licence, c’est sûr que je ne peux manquer là où me caser dans la vie
active. Quant à l’emploi, je pense que je n’en manquerai pas. Et si j’en
manque, je peux toujours créer un mini-projet car je ne suis plus au niveau
de croiser les bras et d’attendre qu’on fasse tout pour moi. Je peux créer ou
m’associer à d’autres personnes qui ont les idées de développement ».
« Le risque de chômage existe, mais pour moi la licence est une
grande ouverture car beaucoup de gens me sollicitent déjà ; et s’il arrive que
je manque totalement de l’emploi, je vais créer ma propre boîte de santé,
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c’est mon idéal d’ailleurs, car avec un diplôme de licence en obstétrique je
suis capable de créer un centre de santé maternité ».
« Je ne le regrette nullement parce qu’un licencié peut être même
président de la république !»
« Je suis venu tout en sachant qu’il y a des chômeurs sur terrain. Moi,
je pense que je ne manquerai pas de l’emploi, et si j’en manque, je suis
capable d’user de mes connaissances pour créer un emploi. Toutes ces
herbes que vous voyez ici, c’est de l’argent, on peut s’associer deux ou
plusieurs licenciés des domaines différents et créer un mini projet, une
ONGD,… ».
On ne peut qu’admirer l’optimisme qui anime ces sujets.
Vu l’importance que les sujets attachent à ce diplôme de Licence, ils
n’ont pas hésité de quitter leurs postes afin de privilégier les études
supérieures ou universitaires. Sachant qu’ils doivent construire leur carrière,
et partant leur vie, nos sujets ont abandonné tout pour les « études qui
donnent des possibilités quasi illimitées ». N’ayant plus de complexe
d’infériorité devant les possesseurs du diplôme universitaire, ayant tissé des
relations pendant leur vie professionnelle antérieure, ayant peut-être aussi
prospecté le marché de l’emploi, ils sont sûrs de l’utiliser utilement. Rien ne
peut les empêcher, ils peuvent toujours créer quelque chose.
3.4. Fuite de l’enseignement
Suite au chômage généralisé en RDC, l’enseignement est l’un des
secteurs de travail qui a abrité un très grand nombre de jeunes à la
recherche d’un emploi. Mais, le manque de salaire décent et les mauvaises
conditions de travail ont été à la base de plusieurs cas d’abandon dans ce
secteur et ont fait que, même pour ceux qui y restent, ce soit par les
exigences de la vie ou encore par un esprit élevé de rendre service à la
nation en faisant ce qu’on appelle travail valeur, qui renvoie à la dimension
idéologique.
Parmi nos enquêtés, certains faisaient partie du personnel
enseignant. Ils nous ont révélé, dans les récits, les méfaits de
l’enseignement, surtout quand on n’a pas un niveau d’études supérieures.
Ils considèrent qu’un licencié ne doit pas travailler dans l’enseignement au
Congo. Alors, pour eux, il faut commencer par rechercher cette pièce
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précieuse pour quitter l’enseignement avec la garantie de ne plus y revenir
obligatoirement.
C’est pourquoi il n’est pas question d’y retourner après avoir obtenu le
diplôme de licence ; partout, c’est un « non » qui tombe comme un
couperet :
« Non, dans l’enseignement, il n’y a rien, ensuite on est négligé par
tout le monde, par n’importe qui ».
« Non, d’ailleurs je considère l’enseignement comme un chômage
déguisé car l’enseignant n’est pas indépendant : beaucoup de travail, moins
de salaire, toujours négligé, … d’ailleurs je ne suis pas formé pour être
enseignant. Ce qui me bloque seulement, c’est le diplôme de licence ».
« J’ai été déçu par l’enseignement. Dans l’enseignement, j’avais un
salaire très médiocre. Dans l’enseignement, on travaille beaucoup mais on
gagne moins. Etre enseignant en République Démocratique du Congo, c’est
signer de mourir pauvre ».
Les sujets qui n’ont jamais travaillé dans l’enseignement, opposent
eux aussi un « non » catégorique et cinglant à la possibilité d’aller travailler
dans ce secteur après leurs études universitaires. C’est dans les mêmes
termes désabusés qu’ils se sont prononcés, se basant sur les conditions
matérielles du travailleur enseignant congolais, et ses conditions de vie :
« Est-ce que vous pouvez envoyer quelqu’un dans l’enseignement au
moment où ceux qui y sont, sont en train de fuir ? Non ! »
« Non, ailleurs et non dans l’enseignement.
l’enseignant vit, dans quelles conditions il travaille, non ! »
Voir
comment
« Je ne l’ai pas fait quand j’étais encore D6N, et vous croyez que je
peux le faire en ayant déjà un diplôme de licence ? Qu’est-ce qui peut
m’attirer dans l’enseignement ? Voyez d’abord comment l’enseignant vit et
dans quelles conditions il travaille, c’est dommage ! ».
3.5. La vision de l’avenir
La vie de l’homme se constitue par le passé, le présent et le projet
pour le futur. Parmi tout ce qui préoccupe l’homme, le futur n’a pas une
place moindre. L’avenir ne doit pas être un événement de surprise mais, il
doit être plutôt une situation prévue et préparée. L’homme qui s’est déjà
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taillé un bel avenir se trouve à l’écart de beaucoup de situations
ennuyeuses.
Adler stipule que la vie exige la solution des problèmes de la société
et, ainsi, chaque comportement humain vise toujours l’avenir, même s’il
puise dans le passé du matériel pour le construire.
Dans cette étude, les sujets se montrent préoccupés de leur avenir et
cela constitue, avec les autres, l’un des facteurs de leur retour aux études.
Après avoir pesé le passé et le présent, ils ont trouvé qu’un bon avenir
dépendrait en grande partie d’un niveau d’études élevé et d’un
épanouissement sur le plan culturel.
Dans le diplôme de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, les
sujets voient une bonne préparation voire une réussite pour leur avenir et
l’avenir de la famille en général. Tous nos sujets déclarent qu’ils sont
retournés aux études pour se préparer un bon avenir.
« Il faut que j’étudie car, selon l’expérience vécue, celui qui n’aura pas
étudié risque de ne se retrouver nulle part dans l’avenir »
« Les études m’ont cultivé et préparent un bon avenir, pour moi-même
et pour toute ma famille ».
« Vous savez que tout homme doit songer à son avenir et à celui de
ses enfants, de sa famille donc. Quand je serai très vieux, il me sera trop
tard de préparer ma vie. C’est le moment. Avec mon diplôme universitaire, je
ne manquerai jamais à manger ou une maison dans ma vie ; tout comme
ma famille ne manquera pas un soutien, c’est pourquoi je dis que je prépare
mon avenir ».
La plupart de ces raisons avancées fonctionnent concomitamment dans la
même personne. Ne dit-on pas que la vie d’une personne est une totalité?
Ou encore, pour faire plus moderne, la vie d’un homme est tout un système?
Surtout que ces sujets cherchent à construire leur carrière, leur vie.
3.6. Le désir d’obtenir le diplôme d’enseignement supérieur et
universitaire coûte que coûte fait supporter brimades et
souffrances de toutes sortes
D’une manière générale, les nouveaux étudiants étaient soumis aux
brimades ou épreuves, par les anciens, « le bizutage », pendant plus ou
moins les deux premiers mois de chaque année académique. Ces épreuves
étaient vexatoires du fait que les nouveaux subissaient des peines
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Ann. UNIKAM
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obligatoires auxquelles ils se sentaient incapables de se soustraire. Ils
étaient humiliés et rabaissés d’une manière outrageante, touchés dans leur
amour propre.
Mais ces sujets ont supporté et patienté car ils avaient un intérêt à
protéger, ils voulaient atteindre un objectif : terminer les études
universitaires.
En ce qui concerne particulièrement les sujets enquêtés dans notre
étude, ils étaient plus vexés que les jeunes gens qui venaient fraîchement
de l’école secondaire. Les facteurs âge et la position déjà occupée dans la
vie professionnelle et dans la famille faisaient qu’ils se sentaient plus
humiliés lorsqu’ils subissaient ces actes infligés par des jeunes gens parfois
même de l’âge de leurs enfants, l’âge de nos sujets allant jusqu’à 52 ans.
Nos enquêtés se sentaient intérieurement choqués et blessés par le
fait d’être soumis et brimés par les « enfants ». Mais l’objectif qu’ils étaient
appelés à poursuivre et atteindre « coûte que coûte » ne leur laissait pas le
temps de se retirer ou d’abdiquer devant les difficultés. Par contre, ces
brimades les encourageaient : ils se condamnaient eux-mêmes à cause de
leur retard et donnaient raison aux jeunes gens qui exerçaient ces actes sur
eux. Dans cet angle, 21 sur 22 sujets déclarent qu’ils avaient des difficultés
à supporter, surtout au début des études, mais vaillamment, ils résistaient et
avançaient. Par exemple, à la question, « comment vous sentez-vous
devant les jeunes gens, camarades de l’auditoire ? Un sujet répond :
« J’étais frappé et torturé par les jeunes gens qui m’appelaient
« bouletb très vieux ». J’étais trop humilié mais j’ai abandonné [laissé
tomber la rancœur] ; mais je me suis consolé moi-même et j’ai trouvé que ce
n’est pas de leur faute. Je me suis condamné car j’avais laissé passer tout
mon temps d’étudier ».
Un autre poursuit : « Je me sens un peu ridicule devant les
« enfants » ; ils ne respectent pas les gens, ils font beaucoup de bruits, ils
crient sur n’importe qui, vous comprenez ! Et pourtant dans ma famille je
suis respecté. Mais ce n’est pas leur faute, la faute m’appartient car j’avais
perdu mon temps dans la profession au lieu d’étudier et cet emploi ne
m’avait rien apporté… mon objectif est d’arriver à terminer mes études, avoir
la licence. Peu importe la conduite de ces jeunes camarades ».
Un autre sujet continue : « Bon ! Je me sens quand même bouleversé
mais quand je réfléchis un peu, je me ressaisis parce que je ne peux pas les
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condamner étant donné que tous mes collègues du secondaire ont terminé il
y a longtemps et moi, je ne faisais qu’encaisser le retard. Mais il y a quand
même de ces enfants qui me respectent et les autres non…. Ma mission est
d’évoluer malgré les difficultés ».
Les difficultés auxquelles sont confrontés nos sujets se rapportent
aussi aux problèmes relatifs aux frais d’études pour toute l’année
académique et la question de la survie. Après avoir déjà goûté à la vie
active, assumé des responsabilités professionnelles et familiales, s’être
habitué à subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille,… le sujet
se trouve tout d’un coup sur le banc universitaire où il est encore obligé de
compter sur une autre personne pour évoluer et pour satisfaire ses besoins,
même élémentaires.
Etant déjà adultes, la plupart de nos sujets n’ont plus de parents
comme les jeunes gens et jeunes filles pour payer leurs études, cela fait que
ces dernières soient supportées par les épouses ou par certains membres
de la famille ; ce qui n’est pas facile à réaliser. En cela, ils se montrent aussi
patients et endurants. 18 sujets sur 22, se sont exprimés sur ce point,
comme le témoignent quelques-unes de leurs déclarations :
« Il y a un neveux qui m’aide, c’est lui qui paye pour moi. La femme
aussi m’envoie quelquefois des vivres et je vis comme ça ».
« Mon épouse fabrique des savons, après avoir vendu, elle me paye
les frais d’études et le reste la famille se débrouille pour manger. Même les
frais scolaires des enfants c’est elle qui paye, qu’est-ce qu’il faut faire ?
C’est supporter seulement ! ».
« C’est mon grand frère qui me supporte ; il fait le commerce et
m’envoie un peu d’argent, je ne peux pas l’obliger, je patiente et je
terminerai ».
« Mon épouse est aussi contente ; elle me ravitaille, elle sait que je
suis en train de chercher notre vie à nous deux et celle de nos enfants ;
mais elle souffre beaucoup et ça me touche vraiment ».
Cette cassure entre vie passée et vie actuelle, mais hardiment
supportée, prouve cet intense désir d’arriver au bout des études
universitaires et construire ainsi la carrière future.
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A la question de savoir comment les épouses perçoivent les études
actuelles de leurs époux, tous nos sujets, à l’unanimité, ont montré que l’avis
de leurs épouses est très favorable ; car c’est par convention avec sa
femme que le mari arrive à recommencer les études, chose qui n’est pas
facile dans la période d’âge avancé, disent-ils, et surtout en ayant déjà une
charge familiale.
CONCLUSION
En entreprenant cette recherche, notre objectif majeur était de cerner
le pourquoi du retour aux études des adultes ayant travaillé et relever les
éléments circonstanciels moteurs de cette décision. Qu’est-ce qui pousse
les travailleurs ayant un diplôme d’Etat, malgré les difficultés de toutes
sortes, à entreprendre des études qui leur coûtent cher sur plusieurs plans ?
L’analyse des récits obtenus de nos 22 enquêtés nous poussent à
retenir les résultats suivants

Les enquêtés vivent un intense sentiment du complexe d’infériorité ;

Ils cherchent à retrouver leur dignité d’homme que confère le diplôme
d’études supérieures et universitaires ;

Ils sont convaincus que ce diplôme d’études supérieures et
universitaires constitue une clé passe-partout qui leur permettra de
construire leur carrière future et, partant leur vie ;

La fuite du métier d’enseignant les pousse à envisager des filières
académiques
spécifiques pour entrer dans des filières
professionnelles autres que celle de l’enseignement ;

Le contact avec la vie en général et la vie professionnelle en
particulier a aiguisé leur entrepreneuriat afin de construire leur
carrière, leur vie ;

Leur vision de l’avenir va dans le sens d’assurer leur vie
professionnelle et familiale grâce à un diplôme d’études supérieures
et universitaires ;

Le désir d’obtenir le diplôme de l’enseignement supérieur et
universitaire est un adjuvant important qui leur fait supporter brimades
et souffrances de la vie académique.
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Dans tous les cas, les sujets cherchent constamment à construire leur
vie à travers la construction de leur carrière, ceci rejoint une conception qui
veut qu’il ne faut pas séparer la vie de travail et la vie hors travail. Les récits
récoltés, et dont nous avons tiré des extraits, en disent long.
Ces résultats sont cependant limités dans l’espace : ils ont été
obtenus dans une recherche qui n’a porté que sur une ville du pays. Mais,
dans la mesure où les étudiants universitaires viennent de toutes les parties
du pays, on peut poser l’hypothèse de retrouver une grande partie de ces
résultats ailleurs aussi. C’est pourquoi nous trouvons indispensable que
d’autres recherches soient menées afin de voir si ces résultats sont stables.
Il y a donc lieu d’élargir l’échantillon et d’étendre cette étude dans d’autres
milieux que Kisangani. D’autre part, cette étude a concerné uniquement des
sujets n’ayant pas un diplôme d’études supérieures et universitaires ou
équivalent. Aujourd’hui, nous observons des personnes ayant ce diplôme
entreprendre les études supérieures et universitaires : des Abbés, des
Pasteurs, des Colonels, des Médecins et des Licenciés de diverses
disciplines. Que cherchent-ils ? Que veulent-ils ? Une étude sur ce sujet
peut encore être menée. Une autre piste qui s’ouvre consiste à constater la
réussite de ces résultats par rapport aux jeunes gens sortant directement de
l’enseignement secondaire.
Notes :
a. Cette institution n’existe plus aujourd’hui à Kisangani.
b. Déformation du mot « bleu », appellation que, dans l’ancien
temps, les étudiants anciens collaient aux nouveaux jusqu’à leur
« système » qui survenait quelques mois après.
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Ann. UNIKAM
ATTITUDE DES PARENTS FACE A L’EDUCATION SEXUELLE DE
LEURS ENFANTS DANS LA CITE DE KAMINA
Mukanjila W. K. D.; Kabamba I. K.*; KazadI M. A.
RESUME
Dans cette étude sont présentés les résultats obtenus à l’issue d’une enquête menée
auprès de 80 parents sélectionnés dans la Cité de Kamina au sujet de l’éducation
sexuelle de leurs enfants. Les résultats obtenus ont montré que les enfants sont
victimes de beaucoup de conséquences sur cette question suite au manque
d’informations, car les parents gardent la conception traditionnelle qui place
l’éducation sexuelle au rang des tabous.
ABSTRAT
In this survey are presented the results gotten at the end of an investigation led by 80
selected parents in the City of Kamina about the sex education of their children. The
gotten results showed that the children are victims of a lot of consequences on this
question following the lack of information, because the parents keep the traditional
conception that places the sex education to the rank of the taboos.
I. INTRODUCTION
A travers toutes les sociétés, l’éducation est non seulement la clé du
progrès personnel et social, elle est aussi un moyen d’accéder au
développement. Ainsi, comme bon nombre de parents se donnent beaucoup
de peine pour protéger leurs enfants contre des maladies et autres dangers,
ils doivent faire de même vis-à-vis de l’absence de l’éducation de ces
derniers à partir de leurs familles. En effet, dans le cadre de la présente
étude, nous nous sommes intéressés à l’attitude des parents de la Cité de
Kamina face à l’éducation sexuelle de leurs enfants. Pour ce faire, nous leur
adresserons les trois questions reprises ci-dessous :
- Avez-vous déjà organisé dans votre vie quelques séances sur
l’éducation sexuelle avec vos enfants ?
- Quelle peut être la cause principale de l’absence desdites séances
sur l’éducation sexuelle avec vos enfants ?
- Quelles sont les conséquences de l’absence de l’éducation sexuelle
sur les enfants ?

UNIKAM, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education

UNILU, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education
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Ann. UNIKAM
96
Les réponses à ces trois préoccupations nous permettront d’infirmer
ou de confirmer notre hypothèse de travail selon laquelle les pesanteurs
culturelles dans un milieu urbano-rural comme Kamina dictent encore
fortement leurs lois vis-à-vis de certains aspects comme celui de l’éducation
sexuelle des enfants par leurs propres parents.
En menant cette recherche, notre objectif majeur est de montrer aux
éducateurs et aux parents que l’éducation sexuelle est d’une importance
capitale pour un avenir sûr des enfants, et de formuler des suggestions pour
favoriser l’équilibre et la compréhension au sein des secteurs éducatifs.
Après l’introduction, nous parlerons successivement dans ce travail,
des matériels et méthodes, des généralités sur l’éducation sexuelle, des
résultats et discussion, et une brève conclusion mettra fin à la présente
étude.
II. MATERIEL ET METHODES
2.1. Cadre du travail ou échantillon
Notre étude a porté sur la population mixte des parents de la Cité de
Kamina sur laquelle un échantillon accidentel de 80 parents a été prélevé.
2.2. Méthode et techniques
Pour mieux cerner le problème qui nous préoccupe, nous avons fait
recours à la méthode descriptive. L’entretien et l’interview étaient des
techniques les plus appropriées auxquelles nous avons ajouté l’analyse des
documents relatifs au sujet. Pour le traitement des données, nous avons
recouru au calcul de pourcentage.
2.3. Les variables
Pour Lubamba K., cité par Mbeta N.1, une variable est une quantité
qui varie et qui peut revêtir plusieurs valeurs, c’est aussi un caractère
commun à plusieurs éléments relevant diverses valeurs ou modalités. Elle
est encore définie par Lethan K. 2, comme tout ce qui peut revêtir deux ou
plusieurs valeurs pouvant s’exprimer soit en terme quantitatif, soit en terme
qualitatif.
Dans le cadre de ce travail, nous avons manipulé deux variables à
savoir, l’opinion des parents d’une part et les informations sexuelles de
l’autre.
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III. GENERALITES SUR L’EDUCATION SEXUELLE
3.1.
Définition des concepts
Pour faciliter la compréhension et éviter l’ambigüité des mots, il nous
a paru nécessaire de définir les concepts-clés se trouvant dans l’intitulé de
notre sujet de travail.
3.1.1. Attitude
Etymologiquement, le terme « Attitude » vient du terme Italien
« attitudine » qui découle du Latin « aptitudo » qui signifie : disposition
naturelle à accomplir certaines tâches. De nos jours, cette notion se situe
au carrefour du social et la définition la plus exhaustive semble être celle de
Maison N. cité par Kime D. 3 qui considère l’attitude comme « une disposition
d’un agent envers un objet s’exprimant plus ou moins ouvertement à travers
divers symptômes ou indicateurs et exerçant une fonction à la fois cognitive,
énergétique et régulatrice sur les conduites qu’elle sous-entend ».
3.1.2. Parents
Pour René Z. 4, les parents sont les partenaires conjugaux de sexes
opposés ayant un lien de parenté. En ce qui concerne notre recherche, les
parents sont les pères et les mères biologiques d’un enfant constituant le
fondement de son éducation, car ce sont eux qui lui donnent la toute
première éducation qui l’accompagnera tout au long de sa vie. Mais, si cette
éducation rate, l’enfant risque de dérailler toute sa vie, c’est pourquoi les
parents doivent prendre toutes les responsabilités à l’égard de leurs
enfants ; car ils sont généralement les personnes les mieux écoutées par
eux.
3.1.3. Education
Selon Ibeki, L. 5, l’éducation est un terme complexe et difficile à
définir. Complexe, parce qu’elle comprend plusieurs aspects, un contenu
très large, s’adresse à la fois à l’enfant, à l’adulte, aux vieux, à l’homme
anormal et en outre, plusieurs termes lui sont connexes ou apparentés
(instruction, formation, culture, apprentissage, enseignement, dressage).
Difficile, parce qu’elle ne trouve pas une définition appropriée qui puisse
englober ou couvrir toutes ses dimensions. Définir l’éducation n’est donc
pas une chose facile ; c’est pourquoi, de l’antiquité à nos jours, elle est
presque toujours mal définie.
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De part son origine, l’éducation tire ses racines du vocable latin
« exducère ». - ex = hors de ;
ducère =
conduire. Ceci signifie, conduire hors de, et qui veut dire
modifier. Nous pouvons donc dire que l’éducation consiste à amener l’enfant
de son état initial à la maturité. Il existe plusieurs définitions de l’éducation,
les unes se complètent et d’autres sont contradictoires. Cependant, des
éléments ci-dessous caractérisent actuellement la bonne définition de
l’éducation :
- L’éducation est une action qui doit être réciproque ;
- Elle se limite à l’espèce humaine (individu) et se donne tout au long
de la vie ;
- Elle suppose,
un changement du comportement physique,
intellectuel, moral, social et non une possession des biens, à plus
forte raison matériels ;
- Elle doit toujours répondre aux attentes et aux idéaux de la société.
Nous pouvons dire, du reste que l’éducation est une action exercée
sur l’individu et entraîne un changement du comportement, désirable et
acceptable par la société.
3.1.3.1. IMPORTANCE ET BUT DE L’EDUCATION
L’importance de l’éducation est de rendre l’individu utile et capable
de s’adapter à la vie de tous les jours. Or un individu utile est celui qui
contribue au développement de son milieu.
L’éducation vise de manière immédiate, le développement des
facultés physiques, intellectuelles et morales de l’individu. Mais son but
ultime est la formation totale de l’homme ou l’épanouissement de toute la
personnalité humaine.
3.1.4. Education sexuelle
L’éducation sexuelle donne les connaissances permettant à
l’individu de découvrir l’identité et le rôle propre à son sexe et d’adopter une
attitude correcte vis-à-vis du partenaire. Elle consiste à informer sur la
sexualité et à transmettre un certain nombre de valeurs et de
recommandations. Elle peut également avoir pour objet l’expression et la
discussion autour des sentiments amoureux, des pratiques sexuelles et du
respect mutuel. 6 Voilà pourquoi les parents sont des agents providentiels,
possédant plus que n’importe qui, le don d’aimer leurs enfants qu’ils
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connaissent aussi mieux que personne d’autre grâce au contact journalier
qu’ils ont avec eux.
Malheureusement, l’on constate dans la société que les enfants,
filles et garçons, sont pratiquement abandonnés à eux-mêmes en matière
sous examen. Au lieu d’être informés, par exemple sur les effets qui
accompagnent la période de puberté, notamment la pollution nocturne chez
les garçons et les changements du corps chez la fille, les enfants sont
pratiquement abandonnés par leurs partenaires éducatifs. De ce fait, Diane
L. 7 souligne en disant, le problème aujourd’hui, ce n’est pas que nos enfants
soient informés sur les questions sexuelles, mais par contre le problème
c’est ce qu’ils apprennent, l’âge auquel ils l’apprennent et les personnes de
qui ils l’apprennent.
Il ressort de ce qui précède que les enfants, malgré leurs formations,
leurs capacités d’adaptation et leurs curiosités, surtout ceux du milieu
urbain, ne participent pas avec satisfaction aux multiples activités de notre
société. C’est pourquoi, disent- ils, ceux qui possèdent quelques
informations sur l’éducation sexuelle, nous affirment qu’ils l’ont obtenue non
pas grâce à leurs partenaires éducatifs mais plutôt grâce aux moyens de
débrouillardise.
3.1.5. Enfant
Selon Courtejoie J. 8, l’enfant est une créature humaine, fille ou
garçon de la naissance jusqu’à l’âge de la puberté. Enfants étant un terme
plus large de sens, pour notre étude, nous entendons ceux de la grande
enfance, les pubères et les adolescents.
IV. RESULTATS ET DISCUSSION
4.1. Résultats
Les résultats contenus dans le tableau ci-dessous sont des
réponses des parents à trois questions que nous leur avons posées sur
l’éducation sexuelle de leurs enfants :
Question N°1 : Avez-vous déjà organisé dans votre vie quelques séances
sur l’Education Sexuelle avec vos enfants ?
Question N°2 : Quelle peut être la cause principale de l’absence desdites
séances sur l’éducation sexuelle avec vos enfants ?
Question N°3 : Quelles sont les conséquences de l’absence de l’éducation
sexuelle sur les enfants ?
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Tableau I. Réponses des parents aux questions sur l’éducation sexuelle de
leurs enfants
Réponses des parents
Fréquences
%
A la question 1 : Organisation des séances de l’éducation sexuelle
OUI
15
18,75
NON
65
81,25
Total
80
100
A la question 2 : Cause principale d’absence des séances de
l’éducation sexuelle
Honte
30
Tabou
40
37,5
50
Déconsidération sociale
10
12,5
Total
80
100
A la question 3 : Conséquences de cette absence
Décès précoces
Grossesses non désirées
Maladies sexuellement transmissibles
Sexualité dépravée
Total
10
30
30
10
80
12,5
37,5
37,5
12,5
100
Il ressort de la lecture de ce tableau que 65 parents sur 80 soit
81,25% disent qu’ils n’organisent jamais des séances sur l’Education
Sexuelle avec leurs enfants.
Quant à la cause principale de cette attitude, 50% de nos enquêtés l’ont
attribuée au tabou, au moment où 30 autres sujets, soit 37,5%, l’ont plutôt
justifié par la honte. S’agissant des conséquences pouvant résulter de cette
absence d’organisation des séances d’éducation sexuelle, 60 sujets, soit
75%, ont cité l’arrivée des grossesses non désirées (37,5%) et celle des
maladies sexuellement transmissibles, 37,5% aussi.
4. 2. Discussion
En examinant les réponses à notre première préoccupation, il s’est
dégagé que 81,25% de nos enquêtés ont reconnu qu’ils n’organisent jamais
des séances sur l’éducation sexuelle avec leurs propres enfants. En outre,
deux raisons principales ont été données pour justifier cette attitude, le
tabou (50%) et la honte (37,5%). Ces résultats se justifient par le fait que
dans la conception culturelle traditionnelle, la sexualité est un point que les
parents ne discutent pratiquement jamais avec leurs enfants. Cependant,
dans plusieurs sociétés africaines, cette matière était jadis confiée soit aux
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grands parents, soit réservée aux tierces personnes lors des cérémonies
d’initiation qui, de nos jours n’existent malheureusement plus. C’est le cas
de rites de passage à la société adulte chez les Luba de Nkinda, dans le
territoire de Kamina où les écoles initiatiques avaient le sens particulier,
celui d’une société où se donnait un enseignement collectif par les passages
d’un rang à l’autre. Dans cette culture, il y avait une distinction entre les
enfants initiés, les jeunes hommes et les vieillards. Chez les Bene Nsamba
de Nkinda, chacune de ces catégories avait une entrée séparée. Ce sont
ces entrées qu’on appelait écoles initiatiques. Parmi celles-ci, nous en
distinguons deux grandes : le Mukanda (circoncision) et le Butanda 9.
La première école qui s’occupait de l’initiation des jeunes garçons
était le Mukanda ou la circoncision. Elle était une des plus grandes fêtes au
pays de Luba. Cependant, chaque année vers les mois de mai et juin, cette
cérémonie devrait avoir lieu dans le village. Cette école était une initiation à
la vie sociale, conjugale tout en s’assurant de la virilité des garçons dont
l’âge variait entre sept et douze ans. Devenu majeur, seul un jeune homme
ayant subi le MUKANDA pouvait désormais avoir les relations sexuelles
avec une fille. Tel est l’élément principal de cette pratique.
Quant à la seconde école, le « Butanda », qui s’occupait de
l’éducation des jeunes filles, ce mystère qui plane sur la vie féminine se
déroulait sous la direction d’une matrone. De sept à quatorze ans, toutes les
jeunes filles étaient tenues de pratiquer le Kikwana qui est une pratique
consistant à se rendre en brousse par groupe de six à dix pour recueillir les
racines de l’arbre de Bauhinia tomentosa ( Kifumbe.) Elles appliquaient des
morceaux de racines sur les organes sexuels externes afin d’en augmenter
le volume et, de ce fait, susciter l’appétit du futur conjoint en les manipulant.
Du point de vue psychologique, ce passage, marquant l’entrée dans un
autre cycle de la vie, devrait avoir une influence profonde sur la vie sexuelle
et sur la personnalité même de la femme. L’éducation acquise dans cette
école portait plus des fruits en matière de respects et devoirs féminins. Si
nous établissons une comparaison avec les d’aujourd’hui, celles de l’école
traditionnelle se placeraient au-dessus.
En consultant les réponses à notre dernière préoccupation, il en est
résulté que dans 75% des cas, les grossesses non désirées (37,5%) et les
maladies sexuellement transmissibles (37,5%) ont été citées comme
conséquence du manque d’éducation sexuelle. Ceci montre donc que la
majorité des parents sont très conscients des méfaits de la carence aussi
déplorée. En effet, même si à elle seule, l’absence de l’éducation sexuelle
des enfants par leurs parents ne justifie pas la totalité de deux
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conséquences évoquées, en tout cas, elle contribue énormément à leur
aggravation. Par ailleurs, les décès précoces avancés par 10 parents sur 80
(12,5%) s’accordent, pour des raisons évidentes, avec les M.S.T. comme le
SIDA.
S’étant rendu compte de l’importance de la matière sous examen,
l’Etat Congolais, à travers notamment le Ministère de l’Enseignement
Supérieur et Universitaire, a introduit plusieurs cours transversaux, parmi
lesquels apparaissent les M.S.T., dans les programmes des études 10. Cette
façon de voir les choses est très admirable, car l’éducation peut être
comparée à une course de relais où chaque athlète est appelé à jouer
impérativement son rôle.
CONCLUSION ET SUGGESTION
En dépit des oscillations observées dans ce travail, les faits
confirment, tant au point de vue théorique que pratique, que le tabou reste la
cause principale de l’absence des séances sur l’éducation sexuelle. Les
parents éprouvent une lourdeur invincible pour traiter de ce sujet avec leur
propre progéniture et cela suite à la conception culturelle traditionnelle où
cette matière était jadis confiée soit aux grands parents, soit réservée aux
tierces personnes lors des cérémonies d’initiation qui, de nos jours n’existent
malheureusement plus. Toutes ces cérémonies traditionnelles, supprimées
à l’arrivée des Européens, car jugées comme des pratiques vilaines,
constituent une énorme perte culturelle.
En dehors du tabou résultant de la pesanteur culturelle ci-haut
déplorée, les parents enquêtés ont aussi cité à 37.5% la honte. Ainsi à eux
seuls, tabou et honte représentent la cause fondamentale (87.5%) justifiant
l’absence d’organisation des séances d’éducation sexuelle par les parents.
Toutefois, malgré leur réticence, ils reconnaissent que ce manque
d’information en cette matière pourrait avoir des répercussions
considérables sur la vie des jeunes, grossesses non désirées et maladies
sexuellement transmissibles. Au terme de nos investigations, nous pensons
par ailleurs que notre hypothèse de travail est tout de même confirmée.

Nous suggérons, sur base de ce qui précède :
Que les parents des milieux ruraux et urbano-ruraux compensent la
perte des valeurs culturelles en matière de l’éducation sexuelle de
leurs enfants en montant des stratégies appropriées contre le tabou
et la honte ;
Vol. XIV, n°1, juin 2015
103
Ann. UNIKAM

Que l’Etat Congolais programme le cours d’initiation à la vie depuis
l’école primaire pour doter la jeunesse, dès le bas âge, d’un bon
bagage de connaissances sur les avantages et les inconvénients
dans la vie conjugale en général et dans les relations sexuelles en
particulier.
REFERENCES
1. Mbeta Ngoy; Etude des causes des abandons scolaires des élèves
dans les Ecoles Secondaires, Mémoire, UNILU, F.P.S.E., 2010
2. Lethan Khoi ; L’industrie de l’enseignement; Les éditions de Minuit,
Paris, 1966.
3. Kimé Doudou; Attitude des élèves finalistes face à l’Examen d’Etat,
Mémoire, UNILU, F.P.S.E., 2013
4. René Zazzo; Quelques constats sur la psychologie différentielle des
sexes, dans : Evelyne Sullerot, Paris, Fayars 1996.
5. Ibeki, L. ; Pédagogie générale, Guide du Pédagogue; MédiasPaul,
Kin., 2001.
6. Wikipedia, éducation sexuelle, Site Web : http : // fr : wikipedia.org
7. Diane Levin, Watch Tower, Faut-il donner une éducation sexuelle
à son enfant, in Tour de Garde, Vol. 132, N°21, 1er novembre 2011
8. Courtejoie J. ; L’enfant et la santé, notion de pédiatrie, édition
Eeckhout, République du Zaïre, 1992.
9. Sendwe J. ; Traditions et coutumes ancestrales des Lubas
Shankadi, in BCEPST, n°24, E’Ville, 1954.
10. Arrêté Ministériel
octobre 20
Vol. XIV, n°1, juin 2015
n°342/Minesu/Cabmin/MML/Kob/2011
du
21
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
104
Ann. UNIKAM
105
CARACTERISTIQUES DES PRINCIPALES VARIETES DE PATATE
DOUCE (IPOMOEA BATATAS L.) CULTIVEES A KAMINA
Kalala T, Kanonge M***, Kalenga K, Kyabuya M**, Muleka K*.
RESUME
La culture de la patate douce (Ipomoea batatas L.) est très importante à
Kamina pour la consommation et la commercialisation. Parmi les 21 variétés
inventoriées, 15 s’adaptent mieux aux conditions agro écologiques du milieu avec un
rendement d’au moins 5 tonnes de tubercules par hectare. Beaucoup de variétés
cependant sont sensibles aux maladies fongiques et virales. En outre, l‘insecte du
genre Cylas (Borer des tubercules) pose des sérieux dégâts en champ.
SUMMARY
The culture of sweet potato (Ipomoea batatas L.) is very important at Kamina for
consumption and marketing .Among the 21 inventoried varieties, 15 are well suited to
the agro ecological conditions in the middle and have a yield , at least 5 tons of
tubercles per hectare. Many varieties are however sensitive to fungal and viral
diseases. The insect of the genus Cylas (Borer of tubercles) poses serious damage in
field.
I. INTRODUCTION
Ventre affamé n’a point d’oreilles disent les uns et ‘’Nzala yashimuna
bilobo’’(la famine vainc les vaillants) enchaînent les autres. Ces deux
adages français et kiluba montrent l’importance de l’alimentation pour
l’homme .Celle-ci permet à ce dernier d’être équilibré et de fournir le meilleur
de lui-même sur le plan physique, mental et psychique1-4.Comme on le sait,
les activités menées par l’homme pour se nourrir durant la préhistoire furent
la chasse, la pêche et la cueillette.
Au fur et à mesure que la source de nourriture se raréfiait, l’homme
commençât à sélectionner les espèces végétales nécessaires à son
alimentation, les mettant à des endroits appropriés et à leur apportant tous
les soins nécessaires pour leur développement et leur production. C’est
ainsi qu’a commencé l’agriculture au néolithique5-9.

Université de Kamina, facultés de sciences agronomiques
Institut supérieur pédagogique de Kamina
*** Centre de recherche sur le maïs, Lubumbashi/RDC

Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
106
Actuellement, les groupes des plantes fournissant de la nourriture a
l’homme sont les racines et tubercules, les céréales, les légumineuses, les
plantes maraichères et fruitières ainsi que les plantes stimulantes 10.
Bien que pauvres en protéines, les racines et tubercules constituent une
source importante de nourriture en région tropicale ou, malgré la fertilité
fugace du sol, ont un rendement élevé et stable. Dans cette catégorie il y a
le manioc, la patate douce, l’igname, le taro et la pomme de terre11-14.
De ces plantes, la patate douce est largement cultivée en région
tropicale et subtropicale. Même si son aire d’origine est l’Amérique centrale
et méridionale, on la trouve actuellement en culture en Afrique, en Asie, en
Europe et en Australie. La Chine en est le premier producteur mondiale 1517.Ses parties utiles sont la feuille et le tubercule qui contient 70% d’eau, 2%
de protéines, 0,2 % de lipides, 2,6% de glucides et 1% de cellulose. Outre
son usage dans l’alimentation humaine, il sert également à la fabrication de
fécule, du sirop et de l’alcool. Quant à la feuille, elle renferme 86% d’eau,
3% de protéines et 8% de glucides. La richesse en protéines de la patate
douce est supérieure à celle de la pomme de terre qui avoisine celle du
manioc18 ,19.
Largement cultivée en R.D CONGO, La patate douce est la
deuxième culture à racines et tubercules du pays après le manioc. A
Kamina, en raison de sa facilité à la commercialisation, une catégorie des
paysans privilégient sa culture pour se procurer rapidement les vélos, les
tôles, les animaux d’élevage, etc.
Apres examen de la littérature, nous n’avons trouvé aucune étude se
rapportant à l’identification des variétés locales mises en culture et à leurs
caractéristiques .C ‘est cet aspect particulier qui constitue l’objectif poursuivi
en vue de permettre, comme nous l’avons fait dans nos trois dernières
publications sur le manioc, le niébé et le riz, aux vulgarisateurs des résultats
en matière agricole de rendre de grands services aux paysans 18-20 .Dans la
présente étude, nous nous intéressons certes à l’inventaire des paramètres
de la patate douce cultivée à Kamina ,mais aussi à leurs caractéristiques
botaniques, agronomiques, organoleptiques, au temps de cuisson et de
conservation et à leur résistance variétale.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
107
II. MILIEU, MATERIELS ET METHODES
2.1. Milieu
2.1.1. Situation géographique, climat et production
Le territoire de Kamina est situé dans le district du Haut-Lomami,
province du Katanga en R .D Congo. Il est limité au nord par le territoire de
Kabongo, au sud par le territoire de Mutshatsha, à l’est par le territoire de
Bukama et à l’ouest par ceux de Sandoa et de Kaniama.
Il constitue un carrefour qui mène au nord vers les deux provinces du
Kasaï et à l’est par le district de Tanganyika. Sa superficie est de 40214 km 2
avec une population estimée à 555.511 habitants. Le climat est du type
subéquatorial avec une température moyenne de 240C et une amplitude
thermique de 80c. Son altitude, sa longitude et sa latitude sont
respectivement de 1115m, 250E et 80S15, 16.
2.1..2. Sol et flore
Le sol du territoire de Kamina est sablonneux et parfois argilosablonneux. La flore et le climat offrent des grands pâturages qui favorisent
l’élevage du gros bétail. A côté de l’élevage, les cultures vivrières les plus
importantes sont le manioc, le maïs, la patate douce, le haricot, les légumes
et le soja17.
2.2. Matériels
Les champs de patate douce mis en place par les paysans sous
notre supervision ont été choisis comme matériel d’étude. Ces champs ont
été situés dans cinq sites de grande production de la patate douce à savoir
Kaloba, Mwitobwe, Kankundwe, Kapese et la cité de Kamina. Pour la
fiabilité des résultats, la supervision a eu lieu de 2010 à 2013.
2.3. Méthodes
Le prélèvement des données à l’aide d’un ruban métrique et d’une
balance a été fait lors de notre passage bimensuel dans les champs retenus
pour notre étude et cela depuis la préparation du terrain jusqu’à la récolte
.L ‘évaluation du rendement s’est réalisée en posant 4 carrés de rendement
de 25 m2 chacun sur chaque étendue de champ de 50mx50m (1/4
ha).L’enquête menée auprès des femmes marchandes et restauratrices a
révelé le temps de cuisson et de conservation, l’état après la cuisson et
l’appréciation des consommateurs.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
108
Ann. UNIKAM
2.4. Localisation des sites expérimentaux
Les cinq sites ont été choisis pour leur ampleur dans la production de
cette denrée alimentaire : Kaloba, Cité de Kamina, Kapese, Kankundwe et
Mwitobwe. La carte ci –dessous reprend les sites ou les recherches ont été
menées.
4
5
2
1
3
Figure : Localisation des sites de recherche à Kamina (Kaloba ;1,Cité de Kamina :2,
Kapese :3, Kankundwe :4, Mwitobwe :5)16
Vol. XIV, n°1, juin 2015
109
Ann. UNIKAM
III. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
Vingt et une variétés de patate douce dénommées localement
Carotte,Céleri,Chantal,Diojimbwala,Jelena,Katabuka(Lovoy),Katembelabang
i,Kankundwe,Kenelubanza,Kibolembwala,Kibutumbwala,Kingovu(King
of
food),Kyabansunga, Lolwe, Mukunga kyolwa, Mukaji mutame, Nzovu
mbwala, Saidia, Veronika, Wakwakabongo et Wakwashindaika ont été
inventoriées au niveau de cinq .sites retenus pour notre étude (tableau 1).
Tableau I. Noms des 21 variétés de patate douce cultivées à Kamina et
leur localisation dans 5 sites de grande production.
N°
1
2
3
4
5
6
Variétés
Carotte
Céleri
Chantal
Dioji mbwala
Jelena
Katabuka
(Lovoy)
7
Katembela
bangi
8
Kankundwe
9
Kenelubanza
10
Kibole mbwala
11
Kingovu (king
of food)
12
Kibutu mbwala
13
Kyabansunga
14
Lolwe
15
Mukunga
kyolwa
16
Mukaji
mutame
17
Nzovu mbwala
18
Saidia
19
Veronika
20
Wakwakabong
o
21
Wakwashindai
ka
Totaux
+
-
Kaloba
Kamina
Kapese
Kankundwe
Mwitobwe
Totaux
+
-
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
-
+
+
+
4
2
3
4
2
4
1
3
2
1
3
1
+
+
+
+
+
5
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
3
3
5
5
2
2
0
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
4
4
2
5
1
1
3
0
-
+
+
-
+
3
2
+
+
+
-
+
+
+
+
+
-
-
+
+
+
2
3
4
2
3
2
1
3
-
+
-
-
+
2
3
14
7
21
0
13
8
7
14
16
5
71
-
34
Légende :( +) signifie présence de la variété et (-) signifie absence de la
variété
Du tableau I, il ressort qu’à Kamina 21 variétés de patate douce sont
mises en culture. La lecture horizontale de ce tableau montre que les
variétés Katembele bangi, Kibole mbwala, Kingovu (King of Food) et
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
110
Mukunga kyolwa sont largement cultivées dans tous les sites de notre
étude, soit une représentativité de 100%.Puis viennent les variétés Carotte,
Dioji mbwala, Katabuka, Kyabansunga et Kibutu mbwala qui apparaissent
chacune dans quatre sur cinq, soit 80 % de présence .Les autres variétés
sont peu cultivées.
Quant à l’examen vertical du tableau, il révèle à son tour que toutes
les variétés de patate douce inventoriées sont cultivées dans la cité de
Kamina et que seules sept variétés concernent le site de Kankundwe.
Dans le tableau II sont présentées les caractéristiques botaniques de
toutes les variétés de patate douce retenues pour la présente étude. Il s’agit
de la longueur et de la couleur de la tige, du pétiole, de la feuille, de
l’épiderme, de la chair, du nombre de lobes et de la florais
Vol. XIV, n°1, juin 2015
111
Ann. UNIKAM
Tableau II. Caractéristiques botaniques de toutes les variétés de patate douce retenues pour la présente étude
N0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
2o
21
Variétés
Carotte
Cèleri
Chantal
Dioji mbwala
Jelena
Katabuka
Katembela bangi
Kankundwe
Kenelubanza
Kibole mbwala
Kibutu mbwala
Kingovu (King
food)
Kyabansunga
Lolwe
Mukunga kyolwa
Mukaji mutame
Nzovu mbwala
Saidia
Veronika
Wakwakabongo
Wakwashindaika
Vol. XIV, n°1, juin 2015
of
Longueur
moyenne
de
la
tige(m)
4
2
4
4
6
2,5
2,5
4,5
4
4,5
3,5
2,5
5
2,5
6
4
3,5
5
2,5
3,5
2
Couleur
Tige
Pétiole
Feuille
Epiderme
Chair
Nombre
de
Lobes/feuille
Entière
Début
Floraison
(mois)
Violet pâle
Verte
Violet pâle
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Violette
Verte
Verte
Violet pâle
Vert
Violet pâle
Vert
Vert
Vert
Vert
Vert
Vert
Violet
Vert
Vert
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Violette
Verte
Verte
Verte
Orange
Blanc
Jaune
Rouge
Blanc
Violet
Jaune
Violet pâle
Violet pâle
Blanc
Violet
Jaune
Orange
Blanche
Blanche
Jaune
Blanche
Blanche
Blanche
Violet pâle
Blanche
Violet pâle
Blanche
Jaune
4
4
Entière
Entière
6
5
Entière
5
Entière
Entière
4
Entière
3,5
3,5
4
3,5
3,5
3,5
3,5
3,5
3,5
4
4,5
3,5
Violet pâle
Verte
Violette
Violet pâle
Verte
Violet pâle
Verte
Verte
Violet pâle
Violet pâle
Vert
Violet pâle
Violet pâle
Vert
Violet pâle
Vert
Vert
Violet pâle
Verte
Verte
Violet
Verte
Verte
Verte
Verte
Verte
Violet pâle
Jaune
Rouge
violet
Violet pâle
Violet pâle
Jaune
Blanc
Blanc
blanc
Blanche
Blanche
blanche
Blanche
Blanche
Blanche
Blanche
Blanche
blanche
Entière
Entière
entière
Entière
Entière
4
3
Entière
Entière
4
4,5
4,5
4,5
4
4,5
3,5
4,5
4,5
Ann. UNIKAM
112
Des caractéristiques botaniques il se dégage que les variétés de
patate douce cultivée à Kamina développent des tiges d’une longueur de 2
à 6m en culture. La tige et le pétiole sont soit de la couleur verte ou violette.
De même, la couleur de l’épiderme du tubercule peut, selon les cas, être
rouge, jaune, violette, blanche ou orange. En ce qui concerne la chair, elle
est blanche, jaune, orange ou blanche parsemée des taches violettes.
Quant aux feuilles, celles des 12 variétés sont entières tandis que les autres
ont 3 ou 5 lobes et la floraison a lieu 3 à 4 mois après plantation.
L’examen du tableau III relatif aux caractéristiques agronomiques des
variétés de patate douce soumises à nos investigations indique d’abord que
dans tous les cas la reprise des boutures a lieu 6 jours après le bouturage.
Pour le cycle végétatif, il est de 5,5 mois dans 16 cas (soit 76 %) et oscillant
entre 4 et 4,5 mois dans 5 cas restants. De même, la moyenne des
tubercules par pied, le rendement par hectare et le poids moyen des
tubercules varient respectivement de 3 à 7, de 1,6 à 11,5 tonnes et de 0,4 à
1,3 kg. Le tableau ci-dessous permet aussi de constater que les variétés
Jelena, Katabuka et Kenelubanza se caractérisent par leur grand rendement
élevé à l’hectare, le poids élevé de leurs tubercules et le nombre élevé des
tubercules par pied.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
113
Ann. UNIKAM
Tableau III : Caractéristiques agronomiques des variétés de patate douce
cultivée à Kamina
N0
VARIETES
1
Cycle
végétati
f (mois)
Tubercule
/pied
Rendemen
t
(T/ha)
Poids
tubercule
(kg)
Type de sol
Jours
de
reprise
Carotte
4,5
4
5,4
0,9
Argilo-sableux
6
2
Céleri
5,5
5
6,1
0,8
Sablo-argileux
6
3
Chantal
5,5
4
3
0,4
Sablo-argileux
6
4
Dioji mbwala
5,5
5
5,6
0,7
Sablo-argileux
6
5
Jelena
5,5
7
10
1,1
Sablo-argileux
6
6
Katabuka
4,5
6
11,5
1,3
Sablo-argileux
6
7
Katembela
bangi
5,5
3
1,6
0,4
Sablo-argileux
6
8
Kankundwe
5,5
6
7
0,7
Sablo-argileux
6
9
Kenelubanza
5,5
7
12
0,7
Sablo-argileux
6
10
Kibole
mbwala
5,5
5
9,6
1,0
Sablo-argileux
6
11
Kibutu
mbwala
5,5
6
8
0,6
Sablo-argileux
6
12
Kingovu(King
of food)
5,5
4
11
0,9
Sablo-argileux
6
13
Kyabansunga
5,5
7
8
0,6
Sablo-argileux
6
14
Lowe
5,5
2
3,6
0,5
Sablo-argileux
6
15
Mukunga
kyolwa
4,5
3
9,5
0,6
Sableux
6
16
Mukaji
mutame
4
5
6
0,4
Sableux
6
17
Nzovu
mbwala
5,5
4
1,9
0,5
Sablo-argileux
6
18
Saidia
4
4
4
0,4
Sablo-argileux
6
19
20
Veronika
Wakwakabon
go
5,5
5,5
4
4
7,2
6
0,8
0,5
Limoneux
Sablo-argileux
6
6
21
Wakwashind
aika
5,5
4
3,3
0.9
Sablo-argileux
6
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
114
Par ailleurs, les variétés Kingovu et Kibole mbwala rejoignent les trois
autres en ce qui concerne le rendement et le poids des tubercules. En
matière de types des sols, il apparait au regard des résultats que les sols
sollicités pour la culture de la patate douce sont dans une large mesure
(81%), du type sablo-argileux.
Le tableau IV se rapporte à la résistance des variétés de patate
douce étudiée contre le feu de brousse et à la sécheresse, la pourriture des
tubercules, le virus de la patate douce, la tavelure, les taches annulaires, la
trachéomycose et l’insecte du genre Cylas
En dehors de la résistance variétale vis-à-vis de la pourriture des
tubercules (11 cas sur 21, soit 52 %) du virus de la patate douce (6 cas
sur21 soit 29 %) et des taches annulaires (9 cas sur 21, soit 43 %) , toutes
les variétés sont sensibles aux cinq autres ennemis de la patate douce
signalés dans le tableau ci-dessous (feu, sécheresse, tavelure,
trachéomycose, Cylas sp). En outre, six variétés ne résistent à aucun des
huit destructeurs de la patate douce retenus dans le tableau 4. Il s’agit des
variétés Dioji mbwala, Kibutu mbwala, Kingovu, Lolwe, Veronika et
Wakwashindaika
Le dernier tableau des résultats reprend les qualités organoleptiques
et les autres données recueillies auprès des marchandes, des
consommateurs et des restauratrices qui ont l’habitude de préparer les
feuilles et les tubercules de la patate douce.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
115
Ann. UNIKAM
Tableau IV : Résistance variétale des variétés de patate douce cultivées à Kamina
N0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
Variétés
Feu
Carotte
Céleri
Chantal
Dioji mbwala
Jelena
Katabuka
Katembela bangi
Kankundwe
Kenelubanza
Kibole mbwala
Kibutu mbwala
Kingovu(King of food)
Kyabansungu
Lolwe
Mukunga kyolwa
Mukaji mutame
Nzovu mbwala
Saidia
Veronika
Wakwakabongo
Wakwashindaika
Totaux
Sécheresse
Pourriture
tubercule
Virus
patate
douce
Tavelure
Taches
annulaires
Trachéomy
cose
Cylas
sp
Totaux
+
1
2
1
0
3
2
1
2
2
2
0
0
1
0
3
2
1
2
0
1
0
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
7
6
7
8
5
6
7
6
6
6
8
8
7
8
5
6
7
6
8
7
8
(+)
21
21
10
15
21
12
21
21
142
(-)
0
0
11
6
0
9
0
0
-
(+) = sensible, (-) = résistante
Vol. XIV, n°1, juin 2015
26
116
Ann. UNIKAM
Tableau V. Temps de cuisson et de conservation ainsi que les qualités organoleptiques
N0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
Variétés
Carotte
Céleri
Chantal
Dioji mbwala
Jelena
Katabuka
Katembela bangi
Kankundwe
Kenelubanza
Kibole mbwala
Kibutu mbwala
Kingovu (King of
Food)
Kyabansunga
Lolwe
Mukunga kyolwa
Mukaji mutame
Nzovu mbwala
Saidia
Veronika
Wakwakabongo
Wakwashindaika
Temps de cuisson
(minutes)
Feuilles
Tubercule
15-20
25-30
20-25
25-30
20-25
25-30
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
25-30
20-25
25-30
20-25
30-40
20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
25-30
25-30
25-30
25-30
25-30
25-30
30-40
25-30
25-30
Etat après cuisson
Feuilles
Ramolli
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Tubercule
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ferme
Ferme
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ferme
Légende : (+ +)= les plus préférées (;+)= Préférée ;(-)= Peu préférée
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Appréciation
des consommateurs
Feuille
Tubercule
++
+ +
+
++
++
++
++
++
+
+
+
+
++
_
+
+
++
++
+
+
+
+
+
++
++
+
+
+
++
+
+
Temps
de
conservation (jours)
Feuilles
Tubercule
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
2
2
2
2
2
2
2
2
7
7
7
7
7
7
7
7
7
117
Ann. UNIKAM
Tableau V. Temps de cuisson et de conservation ainsi que les qualités organoleptiques
N0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
Variétés
Carotte
Céleri
Chantal
Dioji mbwala
Jelena
Katabuka
Katembela bangi
Kankundwe
Kenelubanza
Kibole mbwala
Kibutu mbwala
Kingovu (King of
Food)
Kyabansunga
Lolwe
Mukunga kyolwa
Mukaji mutame
Nzovu mbwala
Saidia
Veronika
Wakwakabongo
Wakwashindaika
Temps de cuisson
(minutes)
Feuilles
Tubercule
15-20
25-30
20-25
25-30
20-25
25-30
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
30-40
20-25
25-30
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25-30
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30-40
20-25
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20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
20-25
25-30
25-30
25-30
25-30
25-30
25-30
30-40
25-30
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Etat après cuisson
Feuilles
Ramolli
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Tubercule
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ferme
Ferme
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ramolli
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ferme
Ramolli
Ramolli
Ferme
Légende : (+ +)= les plus préférées (;+)= Préférée ;(-)= Peu préférée
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Appréciation
des consommateurs
Feuille
Tubercule
++
+ +
+
++
++
++
++
++
+
+
+
+
++
+
+
++
++
+
+
+
+
+
++
++
+
+
+
++
+
+
Temps
de
conservation (jours)
Feuilles
Tubercule
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
7
2
2
2
2
2
2
2
2
2
7
7
7
7
7
7
7
7
7
Ann. UNIKAM
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En ce qui concerne les qualités organoleptiques, la cuisson des
feuilles dure 15 à 25 minutes et celle des tubercules 25 à 40 minutes selon
les variétés. Apres la cuisson, la feuille et le tubercule restent fermes, c’est
àd.ire gardent leur forme initiale ou se ramollissent. Pour les
consommateurs, les feuilles de trois variétés (Céleri, Katembela bangi et
Lolwe) et les tubercules de dix variétés, parmi lesquelles apparaît encore la
lolwe, se placent dans la catégorie la plus préférée. De toutes les variétés,
deux , Kibole mbwala et Kyabansunga, correspondent à la catégorie la
moins recherchée tant pour les feuilles que pour les tubercules .Pour la
conservation, les sujets interrogés ont globalement répondu qu’en moyenne
les feuilles et les tubercules peuvent être gardés 2 et 7 jours respectivement
et être utilisés pour la consommation humaine.
3.2. Discussion
Cette recherche a porté sur 21 variétés de patate douce cultivées
à Kamina et dénommées localement Carotte, Céleri, Chantal, Dioji mbwala,
Jelena, Katabuka (Lovoy),Katembela
bangi, Kankundwe, Kenelubanza ,Kibole mbwala, Kibutu mbwala,Kingovu
(King of food),Kyabansunga,Lolwe,Mukunga kyolwa,Mukaji mutame,Nzovu
mbwala,Saidia,Veronika,Wakwakabongo et Wakwashindaika.
De ces variétés, une seule est légitime, la King of Food, venue de la
Zambie et largement cultivée dans le sud du Katanga. Les autres ont été
ramenées dans la cité de Kamina par les paysans en vue de les cultiver
comme légume et pour la consommation future de leurs tubercules.
L’analyse des caractéristiques botaniques (tableau 1) a révélé que les
différentes variétés diffèrent les unes des autres par la longueur de la tige, la
couleur de la tige, du pétiole, de la feuille, de l’épiderme et de la chair, le
nombre de lobes par feuille et le temps à la floraison. Ceci corrobore la
littérature selon laquelle les différentes variétés se distinguent par certaines
caractéristiques variétales5, 7.
L’étude des caractéristiques agronomiques a montré que la reprise
des boutures a lieu 6 jours après la plantation, le cycle végétatif est de 4 à
5,5 mois, la moyenne des tubercules par pied de 2 à 7 avec un poids moyen
de 0, 4à 1,3 kg par tubercule. Le rendement dans nos conditions varie de
1,6t à 11,5t/ha. Selon Vanden put, R., le rendement de cette culture peut
varier de 5 à 30 t/ha selon la variété, le sol, le climat et les techniques
culturales12. Ainsi, les 15 variétés de Kamina dont le rendement varie entre
5,4 t/ha et 11,5 t/ha ont de ce point de vue un comportement conforme à la
littérature. Les 6 variétés restantes sont dégénérées car leur rendement est
inférieur à 5 t/ha10, 13.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
119
Du coté de la résistance variétale (tableau 4), en dehors de la
sensibilité variétale vis-à-vis de la pourriture des tubercules, du virus de la
patate douce et des taches annulaires, toutes les variétés sont sensibles
aux autres ennemis de la patate douce. Nous attribuons cela à l’inattention
des paysans lors du choix des boutures et la récolte des feuilles permettant
au latex des plants malades de toucher les plants indemnes et ainsi les
contaminer. D’autre part, l’insecte du genre Cylas est présent partout au
Congo causant ainsi des dommages aux tubercules restés en terre pendant
longtemps 12.
Le temps de cuisson est de 15 à 20 minutes pour les familles qui se
ramollissent après cuisson et de 20 à 25 minutes pour celles qui gardent
leur état. Nous attribuons cette situation à la teneur en cellulose qui peut
être faible ou élevée. De même cette situation se retrouve lors de la cuisson
du tubercule et l’attribuons à la teneur en amidon qui peut être faible ou
élevée10, 11,12.
D’autre part, les feuilles et les tubercules ne peuvent être consommes
que respectivement dans les 2 et 7 jours après la récolte. Ce qui corrobore
la litterature10.
CONCLUSION
Ce travail qui a porté sur l’inventaire des principales variétés de patate
douce (Ipomoea batatas L.) ainsi que leur comportement en culture à
Kamina
a
abouti
à
21
variétés
nommées
localement :Carotte,Celeri,Chantal,Jelena,Dioji
mbwala,Katabuka
(Lovoy),Katembele bangi,Kankundwe,Kenelubanza,Kibole mbwala, Kibutu
mbwala, Kingovu ,Kyabansunga,Lolwe , Mukunga kyolwa ,Mukaji mutame,
Nzovu mbwala, Saidia,Veronika, Wakwakabongo,Wakwashindaika. Parmi
ces variétés, une seule est légitime, Kingovu (King of Food), venue de la
Zambie et largement cultivée au sud du Katanga.
En ce qui concerne les caractéristiques botaniques, la longueur de la
tige varie de 2 à 6m en culture, la couleur de la tige, du pétiole, de la feuille,
de l’épiderme et de la chair est variétale ; la feuille peut être entière ou avoir
3 à 5 lobes et la floraison a lieu 3 à 4,5 mois après la plantation.
Pour les caractéristiques agronomiques, le cycle végétatif est de 4 à
5,5 mois, le nombre de tubercules par pied est de 3 à 7 avec un poids
moyen de 0,4 à 1,6 kg et la plupart des variétés répondent bien au sol sabloargileux. Quinze variétés s’adaptent mieux aux conditions locales avec un
rendement de 5,4 à 11,5 t de tubercules/ha. Les six autres restantes
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
120
accusent la dégénérescence car le rendement est inférieur à 5t/ha de
tubercules.
L’étude de la résistance variétale a révélé que toutes les variétés de
patate douce sont sensibles au feu de brousse, à la sécheresse d’au moins
trois mois, à la tavelure et à la trachéomycose. Cette résistance est variétale
pour la pourriture des tubercules, le virus de la patate douce et les taches
annulaires.
Le charançon du genre Cylas creuse des galeries dans les tubercules
de toutes les variétés de patate douce sous terre au champ, ce qui constitue
une réelle difficulté de conservation de la qualité de cette denrée 2 mois
seulement après la maturation si les tubercules sont gardés au champ.
Le temps de cuisson est respectivement de 15 à 20 minutes et 25 à
30 minutes pour les feuilles et les tubercules qui se ramollissent après la
cuisson. Il est de 25 à 30 minutes ou de 30 à 40 minutes pour les
tubercules qui restent fermes après la cuisson .La durée de conservation
des feuilles et tubercules est de 2 et 7 jours respectivement. Les variétés
dont les tubercules restent fermes après la cuisson sont plus appréciées par
les consommateurs et se vendent mieux sur le marché local.
Comme on s’en est rendu compte, les résultats enregistrés
concernent essentiellement le répertoire des variétés de patate douce
cultivées à Kamina ainsi que leur comportement en culture. Cependant, la
recherche des techniques de lutte contre les maladies et insectes feront
l’objet des prochains travaux.
REFERENCES
1. Anonyme ; Larousse illustre’ ; Edition Maury Manchecourt ; Paris ;
2009 ; 1808p
2. Le Robert : dictionnaire de français ; Edition Maury imprimeur ;
Paris ; 2012 ; 631p
3. Ilunga, B ; Nkindi mishintulule
;Edition Boca;LubumbashiRDC;1983;72p
4. Le Robert ; Dictionnaire d’aujourd’hui ; Paris ; 1993 ; 715p
5. Leroi-gouran, A ; Dictionnaire de la préhistoire ; PUF ; Paris ; 1997 ;
1277p
6. Cauvin, J ; Naissance des divinités, naissance de l’agriculture : la
révolution des symboles au néolithique ; Flammarion ; Paris ; 1998 ;
318p
7. Louboutin, c ; Au néolithique : les premiers paysans du monde ;
Edition Gallimard ; Paris ; 1990 ; 176p
8. Microsoft(R) Encarta(R) 2009(DVD), Microsoft corporation, 2008
Vol. XIV, n°1, juin 2015
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Ann. UNIKAM
9. Gérard, A ; Dillon, J, C ; La sécurité alimentaire en Afrique
subsaharienne ; ACCT ; Edition Karthala ; 1993 ; 302 p
10. Raemakers, RH ; Agriculture en Afrique tropicale ; DGCI ;
Bruxelles ; 2001 ; 1634p
11. Adriaens, A ; Frangne, R ; La chimie alimentaire de A à Z ; Edition
Jouve ;Paris ;1980 ; 295p
12. Vanden put, R ; Les principales cultures en Afrique centrale ;
Ministère de la coopération ; Bruxelles ; 1981 ; p187
13. Anonyme ; Mémento de l’agronome ; Ministère de la coopération
française ; Paris ; 2006 ; 1127p
14. http://www.att.wikipedia.org/wiki/patate douce (plante)
15. ATTK ; Archives de l’administration du Territoire de Kamina ;
Ordonnance n0 13 AIMO du 21/03/1930
16. ; CTB PAIDECO, Monographie de la cité de Kamina ; 2009 ; 88 p
17. Territoire de Kamina,
trimestre)
Rapport annuel ; Exercice 2014 (premier
18. Kalala, T et al ; Contribution à l’étude phytogenetique des variétés
du manioc cultivé à Kamina ; Annales de l’UNIKAM ; vol .XI, No2 ; p
19 ; 2012.
19. Kalala, T et al ; Les principaux insectes nuisibles du niébé en
champs a Kamina, Annales de l’UNIKAM ; vol. .XI, N°2 ; p.35 ;
2012.
20. Kalala, T et al ; Inventaire et caractéristiques des variétés du riz
cultivé à Kamina, chef lieu du district du Haut-Lomami, au Katanga ;
Annales de l’UNIKAM ; vol. XII, N°2 ; p.133 ; 2013.
Vol. XIV, n°1, juin 2015
Ann. UNIKAM
Vol. XIV, n°1, juin 2015
122
123
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année, page consultée. Chaque partie sera séparée par les points
virgules. Par exemple :
TEYSIE B. ; Droit du travail : Relations individuelles de travail ; Litec ;
Paris ; 1992, p. 75.
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