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prix Rhône-Alpes du livre 2006 littérature • traduction • essai © ESO Emmanuel Venet est né en 1959 à Oullins et vit à Lyon. Il est psychiatre à l’hôpital du Vinatier depuis 1989. Emmanuel VENET Précis de médecine imaginaire Éditions Verdier Emmanuel Venet est un écrivain né. Son style est évident, immédiatement reconnaissable. Son écriture fait patte douce parce qu’elle se sait porteuse de germes qui ne sont pas beaux à voir, de vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Entendre un homme nous parler de nous en nous parlant si bien de lui… Tout y est : l’humour, la prudence, l’obstination, la patience, l’audace, l’impertinence, et puis la mélodie du style, les rythmes et les césures. D’un bout à l’autre du livre, il est question de pathologie. Inexorablement. La construction est celle d’une symphonie, en quatre mouvements. D’abord, une marche héroïque de maladies bizarres, qui surviennent entre la naissance et la mort. Ensuite dix exemples de “pathologie ondulatoire”, farfelus, surréalistes, et pourtant graves… Vient alors l’extravagante relation de voyage d’un condamné au piano en perpétuelle représentation tauromachique contre toutes ces “sales bêtes”. Et pour faire encore plus vrai, puisqu’il s’agit tout de même d’un précis de médecine, viennent une quinzaine de propositions para-pharmaceutiques poétiques et souvent bouleversantes. On pense à Sterne, à Léautaud, à Barthes aussi. Mais déjà on ouvre le livre suivant, aussi vif et aigu, Ferdière, psychiatre d’Antonin Artaud, où sont interrogés autrement pouvoirs et impasses de la médecine face à la création artistique. Emmanuel Venet y confronte la figure d’un génie ravagé par sa propre explosion, Artaud, et celle de son thérapeute, Ferdière, qui, à la fois trop loin et trop près de ce volcan, en sort – tragique destin – durablement carbonisé. Jacques Oudot Bibliographie • Ferdière, psychiatre d’Antonin Artaud, Éditions Verdier, 2006 • Précis de médecine imaginaire, Éditions Verdier, 2005 • Portrait de fleuve, Gallimard, Le Chemin, 1991 Précis de médecine imaginaire d’Emmanuel Venet, Éditions Verdier, 128 p., 12 v littérature Bertille Gazzo-Hausberg est née à Oran en 1941. Elle fait ses études à Lyon, où elle enseigne l’espagnol jusqu’en 2001. Soucieuse d’établir des liens avec l’Amérique latine, elle consacre une partie de son temps à la traduction littéraire et travaille pour différentes maisons d’édition : Métailié, L’Herne, La Fosse aux ours, Fayard, pour lesquelles elle a traduit plus d’une vingtaine de titres. Rendre compte, par le biais du roman, d’une trajectoire individuelle inséparable de l’histoire politique d’un pays, c’est ce que fait brillamment Mauricio Electorat – né à Santiago du Chili en 1960 – dans Sartre et la Citroneta. Il y évoque la période où, étudiant à l’université du Chili, il a milité contre la dictature de Pinochet, et les conséquences de cet engagement. Le héros de ce roman largement autobiographique, Pablo Riutort, en exil à Paris, apprend la mort de sa mère. Avant d’entreprendre le voyage qui le ramènera à Santiago pour assister à l’enterrement, il retrouve Nelson Rodriguez, l’ancien mouchard responsable, bien des années auparavant, de son expulsion de l’université, et de l’exil qui s’en est suivi. Grâce à un entremêlement de souvenirs personnels et de dialogues serrés entre les deux exilés, le lecteur revit les années de militantisme révolutionnaire et la distribution des tracts dans cette vieille 2 CV qu’on appelle au Chili la Citroneta. De l’humour, donc. Mais la violence, la menace, le tragique, sont embusqués partout. Les généraux, eux, ne plaisantent pas. Ils torturent. Télescopage de tons, d’époques, de positionnements idéologiques. Imbrication de souvenirs intimes et familiaux, de bribes de dialogues, de questions et d’impossibles réponses. Heurt des convictions, et simplification ou manichéisme impossibles : les personnages ont été manipulés par une histoire qui les dépassait. La prose violente et chahutée de Mauricio Electorat est traduite avec justesse et précision par Bertille Hausberg, qui a su restituer cette tension extrême - pour laquelle il n'y aura pas de résolution. Ce roman, aussi poignant que jubilatoire, témoigne du nouveau regard que portent les écrivains chiliens sur leur histoire: c’est un roman du désenchantement et de l’autodérision. Les illusions sont perdues. Reste à vivre, et à écrire. Carole Walter Derniers ouvrages traduits • Les Yeux du cœur, Ramon Diaz Eterovic (Chili), Métailié, 2006 • Les Pires Contes des frères Grim, de Luis Sepulveda et Mario Delgado-Aparain (Chili-Uruguay), traduit en collaboration avec René Solis, Métailié, 2005 traduction Sartre et la Citroneta, de Mauricio Electorat, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, Éditions Anne-Marie Métailié, 336 p., 21 v © G.COLETTI Bertille HAUSBERG Sartre et la Citroneta, de Mauricio Electorat Éditions Anne-Marie Métailié © Arald/FH Laurent Douzou, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’Études Politiques de Lyon et membre du LARHRA (Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes), UMR 5190, est spécialiste de l’histoire et de la mémoire de la France des années noires. Laurent DOUZOU La Résistance française : une histoire périlleuse Éditions du Seuil, Points Histoire L’histoire de la période 1940-1945 a été largement explorée et, avec elle, l’histoire de la Résistance française. L’année 2005 et le soixantième anniversaire de l’armistice a par ailleurs été propice à de nombreuses publications. Parmi ces travaux, ceux de Laurent Douzou sont particulièrement marquants. S’éloignant des faits, il propose d’écrire une histoire de l’histoire de la Résistance. L’écriture de l’histoire de la Résistance commence durant la guerre. Elle est le fait des acteurs, soucieux de laisser une trace. Puis, dès la Libération, le pouvoir politique prend le relais. Le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale engage une monumentale collecte de témoignages. Menée par d’anciens résistants, l’entreprise se heurte cependant à la complexité de son objet : la Résistance est pétrie d’engagements politiques divers et ses témoins souvent entravés par le sentiment d’avoir vécu une expérience intransmissible. Ce sont ensuite des années où la recherche historique s’intéresse principalement à la France de Vichy avant que, parfois sous la pression de mises en cause sordides de certains résistants, la question de l’écriture de l’histoire de la Résistance ressorte au grand jour. “Histoire périlleuse”, écrit Laurent Douzou : être acteur en même temps qu’historien pose de solides questions sur la réalité et l’objectivité de l’histoire transmise. Mais, au-delà, Laurent Douzou questionne : cette histoire complexe et complexifiée par la manière dont elle s’est écrite, prise dans des valeurs éthiques et politiques autant que dans des faits historiques, ne tire-t-elle pas une richesse accrue de cette double tutelle ? Avec une rigueur et une simplicité stylistique rares, Laurent Douzou nous invite à nous pencher sur le temps nécessaire à l’écriture de l’histoire et sur l’indispensable acceptation de sa complexité. Entreprise salutaire en ces temps hyper-médiatisés, où l’on voudrait bien souvent nous faire entendre l’actualité dont on fait l’histoire comme univoque, transparente, écrite et bouclée. Cathy Bouvard Bibliographie • Voler les Juifs. Lyon, 1940-1944, Hachette Littératures, collection “Vie quotidienne”, 2003, en collaboration avec Bénédicte Gavand et Anne-Claire Janier-Malnoury • La Désobéissance. Histoire du mouvement de résistance Libération-Sud, Odile Jacob, 1995 La Résistance française : une histoire périlleuse de Laurent Douzou, Éditions du Seuil, Points Histoire, 384 p., 9,50 v essai “Un livre apporte au lecteur sa propre histoire” Alberto Manguel Le livre est une richesse à préserver. Il jalonne notre vie, la raconte, l’éclaire et y imprime parfois sa marque. Consciente de ce pouvoir et désireuse d’en propager les effets, la Région RhôneAlpes accompagne le livre à toutes les étapes de sa création et de sa diffusion, redoublant d’efforts en direction des éditeurs et des libraires indépendants. Chaque année, par le biais d’un soutien aux maisons d’édition rhônalpines, la Région permet ainsi la publication d’une cinquantaine de projets d’édition en sciences humaines et sociales, littérature, patrimoine culturel et arts plastiques. Elle aide également les éditeurs à promouvoir leur catalogue et à être présents sur les principaux marchés français et européens, comme les salons du livre de Paris, Genève ou Turin. Fer de lance de cette politique régionale, le Prix Rhône-Alpes du Livre récompense les meilleurs ouvrages dans les domaines de la littérature, de la traduction, de l’essai, du document. Cette année encore, trois lauréats sont désignés par un jury de professionnels. Puissent leur œuvre éclairer la vie de nombreux lecteurs. Bernadette Laclais Vice-présidente du Conseil régional Rhône-Alpes, déléguée à la Culture 2004/2005 Traduction Essai Lionel Bourg, Montagne noire, Le Temps qu’il fait, collection Lettres du Cabardès André Fayot, Souvenirs d’enfance et de jeunesse de John Muir, José Corti, Domaine romantique Jacques Damez, Hans Hartung photographe, la légende d’une œuvre, La Lettre volée, collection Palimpsestes 2003/ Jane Sautière, Fragmentation d’un lieu commun, Verticales Paula et Christian Nabais, Bienvenue à Rovaniemi de Jari Tervo, Denoël Jean-Luc Hennig, Martial, Fayard 2002/ Jacques A. Bertrand, Derniers Camps de base avant les sommets, Julliard Patrick Vighetti, La Chanson de Colombano d’Alessandro Perissinotto, La Fosse aux ours Denis Pelletier, La Crise catholique, Religion, société, politique en France (1965-1978), Payot 2001/ Guy Walter, Le Caravage, peintre, Verticales Michel Lafon, Un épisode dans la vie du peintre voyageur de César Aira, André Dimanche Régis Debray, Dieu, un itinéraire, Odile Jacob 2000/ Pierre Senges, Veuves au maquillage, Verticales Mireille Blanc-Sanchez, La Raphaëlle d’Alessandro Piccolomini, Ellug Thierry Vincent, L’Anorexie, Odile Jacob 1999/ Valère Novarina, Devant la parole, Pol Denis Denjean, Uta Müller, Masante de Wolfgang Hildesheimer, Verdier Serge Lancel, Saint-Augustin, Fayard 1998/ Jean Pérol, Un été mémorable, Gallimard Georges Nivat, Une journée en février de Mark Kharitonov, Fayard Jean-Claude Rolland, Guérir du mal d’aimer, Gallimard 1997/ François Montmaneix, Vivants, Le Cherche midi Colette Kowalski, Demeure, pénombre, mensonge de Botho Strauss, Gallimard Jean-François Forges, Éduquer contre Auschwitz, ESF 1996/ Pierre Péju, La Vie courante, Maurice Nadeau Céline Schwaller-Balaÿ, Indigo de Marina Warner, Le Serpent à plumes Marc Jeannerod, De la physiologie mentale, Odile Jacob 1995/ Patrick Drevet, Le Miroir aux papillons, Belfond Bernard Hoepffner, Trop de chair pour Jabez de Coleman Dowell, Climats Bernard Lahire, Tableaux de familles, Gallimard/Le Seuil 1994/ Pierre Charras, Monsieur Henri, Mercure de France Jacques Ancet, Paysage avec des oiseaux jaunes de Jose-Angel Valente, José Corti Jean-Pierre Martin, Henri Michaux, écritures de soi, expatriations, José Corti 1993/ Jean-Jacques Salgon, 07 et autres récits, Verdier Yves Bichet, Sorlingues de David Constantine, La Dogana Henri Maldiney, L’Art, l’éclair de l’être, Comp’Act 1992/ Sylvie Doizelet, Chercher sa demeure, Gallimard Michèle Guidicelli, Les Grands Capitaines de Jorge de Sena, Anne-Marie Métailié Roger Chartier, L’Ordre des livres, Alinéa 1991/ Christian Bobin, Une petite robe de fête, Gallimard Hélène Leroy, La Frontière de Franco Vegliani, Verdier Daniel Bougnoux, La Communication par la bande, La Découverte 1990/ Jeannette Colombel, Les Amants de l’ombre, Flammarion Pierre Deshusses, Les Fenêtres éclairées de Heimito Von Döderer, Rivages Georges Didi-Huberman, Devant l’image, Minuit 1989/ Claude Burgelin, Georges Perec, Le Seuil Bernard Simeone pour l’ensemble de son œuvre Christiane Chauviré, Ludwig Wittgenstein, Le Seuil Auteurs,traducteurs,essayistes distingués depuis 1989 www.perluette-atelier.com Littérature