Une nuit avec le Roi-1er
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Une nuit avec le Roi-1er
UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 1 HADASSAH (ESTHER) Une Nuit avec le Roi par Tommy Tenney et Mark Andrew Olsen EDITIONS ROI DES ROIS UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 15 Chapitre 1 L E M U S É E D ’ I S R A Ë L , J É RU S A L E M , D E N O S J O U R S . P « ère, où m’emmènes-tu ? » Le vieil homme, s’appuyant sur sa canne, se tourna en tremblant, marqua un temps d’arrêt sur la dernière marche et regarda sa fille tout en cherchant à reprendre son souffle. Malgré les rides qui s’étaient frayé récemment un chemin sur son visage, elle pouvait encore reconnaître ce sourire espiègle qui signalait qu’il s’apprêtait à la taquiner. « Pourquoi, Hadassah ? C’est le Sanctuaire du Livre. Tu y es déjà allée une douzaine de fois. » « Bien sûr, papa. Je le sais. » Comme pour souligner ce fait, elle lança un regard en direction du monument. Ses yeux s’élevèrent vers le ciel bleu cobalt de Judée, dans lequel le célèbre dôme du Sanctuaire imposait son étrange pointe blanche. Elle nota à nouveau sa forme fluide qui symbolisait les couvercles anciens des bocaux dans lesquels avaient été trouvés les parchemins si précieux qui étaient à présent gardés à l’intérieur. Un peu plus loin, son regard s’arrêta brièvement sur le mur de basalte noir, fameuse opposition architecturale des Ténèbres contre la Lumière. « Structure idéologique », comme l’avait UneNuitAvecLeRoi:Interieur 16 4/10/08 10:19 Page 16 Tommy Tenney nommé son professeur de quatrième il y a bien des années, et peu avant qu’elle utilise elle-même ce terme lors d’un contrôle. Structure idéologique : concevoir un bâtiment ayant à la fois un but symbolique et fonctionnel… « Mais pourquoi aujourd’hui ? » Hadassah continua la conversation en hébreu moderne, la langue dans laquelle elle avait grandi bien qu’elle parlât également couramment l’anglais. « Le mariage n’est qu’à quelques jours ! Papa, ce n’est pas le moment de faire du tourisme. » Il sourit à nouveau, cette fois avec indulgence, et fit un geste de la main. « Mon enfant, m’as-tu déjà vu te faire perdre ton temps ? » C’était une question bien étrange, posée avec désinvolture, mais elle y réfléchit tandis qu’elle montait les marches derrière lui. En fait, il avait toujours été un père posé aux manières douces, et après réflexion, elle devait admettre qu’il n’était pas de ceux à l’entraîner vers des entreprises futiles. Elle arriva à sa hauteur, et il mit son bras sur ses épaules. « Suis-moi, tout simplement », dit-il avec un sourire qui grandissait et qui devenait plus indéfinissable à mesure que les secondes passaient. Pensifs, ils entrèrent dans le hall où les touristes faisaient la queue pour voir les célèbres manuscrits de la mer Morte. Pour la première fois, son père s’approcha du guichet non pour obtenir un ticket, mais pour saluer tout simplement de la main le caissier, qui en retour lui fit un signe de tête solennel. Ils empruntèrent le couloir d’entrée aux murs arrondis et lisses, censé imiter la grotte de Qumrân, lieu de la découverte des rouleaux. Puis, pareils au jeune berger qui les découvrit 500 ans auparavant, ils émergèrent dans un espace voûté et frais : la salle principale. Note de l’éditeur : le contraste entre le dôme blanc, qui symbolise les couvercles des bocaux dans lesquels certains des parchemins ont été trouvés, et le mur noir en face de l’immeuble, fait allusion à la tension entre le monde spirituel du «Fils de la Lumière » et celui des « fils des Ténèbres » relatée dans les rouleaux. UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 17 Une Nuit avec le Roi 17 Bien que familière de ce lieu, perplexe, Hadassah ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil autour d’elle. L’une des merveilles de cette architecture moderne, la salle centrale du Sanctuaire du Livre, lumineuse, ne manquait jamais d’attiser son imagination. En haut, la structure courbée du dôme scintillait. Chacune de ses innombrables rainures horizontales prenait une teinte différente dans la lumière du soleil filtrée par une fenêtre située à son sommet. Juste à l’entrée, un immense parchemin s’élevait du sol, comme si quelqu’un avait enterré intentionnellement, à moitié, une Torah géante. Un silence s’abattit sur le couple tandis qu’ils pénétraient dans la pièce ; son acoustique et la solennité de son contenu décourageaient tout bruit. Mais aujourd’hui, son père n’était pas là pour lire les parchemins posés sur des tables et délicatement éclairés. Il traversa la pièce et s’engagea immédiatement dans un escalier caché qui conduisait dans la pénombre. « Papa ? » appela-t-elle. Elle ne vit que le dos de sa main qui lui indiquait de le suivre, puis il disparut dans les ténèbres. Hadassah secoua la tête, fronça les sourcils puis le suivit. Une porte s’ouvrit sur une douce lumière. Elle le suivit en empruntant la porte et se retrouva dans un couloir aux murs tapissés qui donnait sur trois autres corridors. Arrivée là, elle esquissa un sourire… « Tante Rose ? Que fais-tu là ? » demanda Hadassah, surprise. Tante Rose vivait aux États-Unis. Cela faisait quatre ans qu’elles ne s’étaient pas vues. Rose était bien évidemment venue pour le mariage, mais Hadassah était persuadée qu’elle ne serait pas là avant quelques jours. Rose se pencha vers elle avec un sourire entendu et la serra dans ses bras. Et c’est à cet instant qu’elle vit par-dessus les épaules amples de sa tante les autres femmes. Grand-mère Grossman, grande tante Pauline, tante Connie, et deux autres matrones d’un certain âge qui se tenaient, étrangement calmes, debout dans un coin. Hadassah se rappelait vaguement ces dernières. Cependant, toutes la regardaient fixement avec des yeux brillants. UneNuitAvecLeRoi:Interieur 18 4/10/08 10:19 Page 18 Tommy Tenney Dès que Hadassah se dégagea des bras de tante Rose, les femmes convergèrent en masse sur leur plus jeune descendante en pleurant doucement, et créant un tumulte de salutations et de félicitations. Bien qu’elle répondît avec plaisir et surprise, ce rassemblement en ce jour, en ce lieu, la remplit d’une curiosité intense et même d’un sentiment d’inquiétude. « Mais qu’est-ce qui se passe ici ? » Elle s’éloigna du groupe et lança un regard interrogatif en direction de son père. « Ma chère, je t’ai emmenée ici afin de perpétuer une ancienne tradition », dit-il, comme s’il avait lu dans son esprit. Il se tourna vers le groupe tandis qu’il agitait son pouce avec négligence dans sa direction. « Mesdemoiselles, cette jeune fille ici présente ne voulait même pas venir aujourd’hui, j’ai pratiquement dû la traîner jusqu’ici, j’ai même cru qu’elle allait appeler une maison de retraite pour se débarrasser de moi avant que je puisse l’emmener ici. » Toutes les femmes rirent de connivence, ce qui mit la future mariée encore plus mal à l’aise. Son père lui fit face à nouveau, et cette fois, son expression avait complètement changé ; elle pouvait apercevoir des larmes scintiller dans ses yeux. « Ta mère t’aurait emmenée elle-même ici si elle avait été encore parmi nous », dit-il d’une voix rauque ; puis il se tut un instant. « Et bien sûr, je me demandais si je vivrais assez longtemps pour te voir trouver ton bien-aimé. » C’était vrai. Elle avait été très difficile à satisfaire et avait pris son temps pour trouver celui avec lequel elle voudrait se réveiller chaque matin pour le reste de sa vie. À présent, son père était à nouveau incontrôlable, clopinant avec sa canne au milieu du couloir, la troupe de vieilles femmes à sa suite. Hadassah haussa les épaules et les suivit. Il s’arrêta devant une immense porte de métal encastrée dans le mur, puis d’une lenteur exaspérante, il extirpa tout d’abord un morceau de papier plié de sa poche, puis ses lunettes pour le lire. Il leva les yeux, appuya sur l’un des boutons du clavier mural puis regarda à nouveau son papier pour UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 19 Une Nuit avec le Roi 19 le numéro suivant. Le tout prit plusieurs minutes. La porte s’ouvrit finalement avec un bruit d’air comprimé. Les membres du groupe entrèrent sans marquer de halte, comme s’ils s’y étaient déjà rendus de nombreuses fois auparavant. Une salle immense, souterraine, s’étalait devant eux. Une lumière tamisée émanait des tables vitrées disposées en rang. Une femme corpulente, d’environ cinquante ans, vêtue de l’uniforme du musée et arborant un sourire peu encourageant se tenait devant eux, ses mains jointes devant elle. Hadassah avait toujours su que la majeure partie des rouages du sanctuaire étaient souterrains. Elle savait également que les rouleaux de la mer Morte étaient périodiquement déplacés de l’exposition publique à des salles de stockage spéciales afin de réduire leur exposition à la lumière. Mais elle n’avait jamais entendu parler de cette pièce ni d’une raison particulière au rassemblement des membres de sa famille dans ce lieu. « Êtes-vous des membres de la famille ? » demanda l’hôtesse en uniforme d’une voix douce. « Oui, nous le sommes », répondit son père d’une voix forte. « Et qui est la future mariée ? » Son père se tourna vers elle et dit : « Hadassah. » La femme sourit d’un air entendu. « Un nom adéquat. » Puis elle marcha en direction de Hadassah, lui fit un autre sourire bienveillant et lui serra la main avant de la diriger vers l’une des tables. « Hadassah, pourriez-vous s’il vous plaît avancer et signer. » « Que dois-je signer ? » demanda-t-elle. L’employée du musée lança un regard sévère à son père. « Vous ne lui avez donc rien dit ! » Bien que cela semblât être une constatation, c’était en fait une question grave. Au lieu de répondre à cette femme, son père se tourna vers Hadassah. « Ma chère, je m’excuse pour tous ces secrets et ces petits désagréments. Mais il faut que tu comprennes que depuis plus de trois UneNuitAvecLeRoi:Interieur 20 4/10/08 10:19 Page 20 Tommy Tenney mille ans, les mères de notre famille gardent ces pages secrètes jusqu’à la semaine de préparation du mariage de la future mariée. » « Quelles pages ? » Il la fixa lourdement comme il le faisait toujours lorsqu’elle manifestait de l’impatience, et balança son bras vers les tables. « Ces tables contiennent les restes du parchemin privé de la famille. Il y a peu de temps, le gouvernement a eu la délicatesse d’accepter de le garder en sécurité ici pour nous, en raison de sa grande valeur historique. Cependant, il appartient à la famille, il est confidentiel et réservé à notre utilisation personnelle. C’est l’unique lettre manuscrite que nous avons en notre possession, qui, en quelque sorte, t’est exclusivement adressée. Ton aïeul l’a reçue d’une personne très spéciale. Et ce manuscrit a déjà été déplacé près d’une centaine de fois. » « D’accord. Qui lui a donné ? » « La reine Esther. » « La reine Esther, du Tanakh ? » « Non, la reine Esther de la boulangerie du coin. » Il s’approcha d’elle et toucha ses mains pour lui montrer qu’il n’avait pas voulu l’offenser. « Oui. L’Esther de l’Ancien Testament. Ce sont ses mémoires qu’elle écrivit à un âge déjà avancé, pour une jeune fille juive qui fut comme elle également choisie pour être reine de Perse. Ses dernières volontés furent que ses écrits ne soient jamais exposés au public, dans un quelconque grand musée. Mais que ce message soit exclusivement destiné à toutes les futures mariées de rang royal, de la descendance de sa première destinataire, et cela, pour toujours. » Il mordit sa lèvre inférieure, une grosse larme coula sur sa joue qu’il essuya rapidement. « À présent, tu connais la raison pour laquelle ta mère insistait si lourdement pour que tu apprennes à lire l’hébreu couramment. » Note de l’éditeur : Le livre d’Estherest un livre de la Bible hébraïque,ou Tanakh, repris parmi les livres historiques de l’Ancien Testament.Dans la tradition juive, il se présente sous la forme d’un rouleau deparchemin (Meguilat Esther) et est lu tous les ans lors de la fête de Pourim. UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 21 Une Nuit avec le Roi 21 « Pourriez-vous donc signer ici, tout en bas ? » répéta l’employée du musée avec une légère pointe d’insistance. Elle indiqua le côté gauche du document, comme Hadassah l’avait deviné puisque celui-ci était écrit en hébreu, de droite à gauche. Puis elle réalisa ce qu’on lui demandait de faire et hésita. « Vous voulez dire par là que je dois signer au bas de ce document ? » La femme hocha la tête et esquissa un sourire. « Ceci est un témoin vivant de l’histoire et vous en êtes sa dernière pièce. » Hadassah expira fortement. Elle sentit son esprit basculer dans un déploiement d’antiquités soudainement bien plus colorées et vibrantes que tout ce qu’elle avait déjà contemplé auparavant. De penser qu’elle, Hadassah, femme moderne, occupée et désordonnée, avait une vie liée à une saga qui remontait à près de trois mille ans… que son quotidien était à présent relié à une histoire qu’elle connaissait uniquement sur papier ou à travers les légendes rabbiniques des parchemins de la synagogue… Cela fit battre son cœur à toute allure. Elle s’apprêtait à faire réellement partie de son histoire. Se sentant encore un peu étourdie, elle suivit l’employée jusqu’à l’extrémité de la longue table sur laquelle reposait un bout de l’antique parchemin, qui faisait un étonnant contraste avec ce qui l’entourait. Un stylo-plume en or était posé à côté du manuscrit, attendant. Elle marqua un temps d’arrêt. Juste au-dessus de l’espace qui restait, à l’extrémité du parchemin, s’étalait une longue liste de signatures exécutées dans divers styles d’écriture féminine. Certaines étaient fluides, d’autres méticuleusement encadrées, d’autres épaisses et grosses, et d’autres, fines et légères, à l’encre fanée par les attaques du temps. Elle se pencha et scruta les noms. Le premier l’assaillit à cause de son actualité, car c’était la signature de sa mère. Bizarrement, la vue de cette écriture familière, dans ce lieu, l’effraya, fit battre son cœur plus fort et lui mit les larmes aux yeux. Pendant un instant, il sembla que sa mère n’était pas morte et enterrée dans une tombe lointaine, mais debout à côté d’elle, se maintenant en équilibre à l’aide de sa main fragile qu’elle avait posée sur les épaules de Hadassah tant de fois ces dernières années. UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 22 10:19 Page 22 Tommy Tenney L’employée du musée s’éclaircit la gorge et se balança d’un pied sur l’autre. Hadassah l’ignora, essuya ses yeux et commença à lire les noms qui étaient au-dessus de celui de sa mère. « Ruth Sarason », le nom de jeune fille de sa grand-mère. « Elisabeth Prensky », son arrière-grandmère, et ainsi de suite : tantes, cousines. Des noms qu’elle ne connaissait pas, mais qui semblaient vaguement familiers. Elle refoula les larmes et regarda plus loin, le parchemin était à présent rempli de noms incroyablement anciens et effacés. Elle fut submergée par le sentiment d’être une intruse impertinente sur le point de dégrader un objet très ancien d’une valeur inestimable. Son regard alla encore plus loin et elle vit où les signatures commençaient et où le texte prenait fin, un écrit fané, à peine perceptible, en hébreu ancien, rédigé d’une main ferme et gracieuse. « Nous t’avons emmenée ici pour perpétuer la tradition », dit sa grand-mère, brisant le charme par sa voix tremblante. « Mais nous avons également une traduction en hébreu moderne de cette lettre sous forme de livre pour toi, afin que tu l’emmènes à la maison. » Son père s’était penché, et à présent, il luttait pour garder en main un livre épais recouvert d’un magnifique cuir. « Dois-je le lire maintenant ? » Toutes les femmes se mirent à rire. « Non, chérie », répondit son père, qui berçait le livre dans ses bras. « Apporte-le tout simplement à la maison et lis-le dans quelques jours, comme tu le ferais pour un bon livre. Comme l’ont fait toutes celles qui ont signé. » Elle resta pensive un long moment puis se tourna vers le groupe ; sa voix recouverte par ses larmes parut petite et faible. « Suis-je une future mariée de rang royal ? » Tante Rose répondit : « Tu l’es, mon cœur. Nous sommes toutes tombées d’accord, dit-elle doucement. Tu es une mariée faite pour un roi. » UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 23 Une Nuit avec le Roi 23 Hadassah se détourna, plus pour cacher ses larmes que pour toute autre chose. Elle traversa la pièce et se dirigea vers l’extrémité du document qui se trouvait sous une glace de protection. « Des hommes de notre famille sont morts pour préserver ce document », dit son père qui se trouvait à ses côtés, d’une voix remplie d’émotion. « Mon père a manqué son bateau pour l’Amérique afin de prendre le temps de le mettre à l’abri, dans un sous-sol à Amsterdam. » Elle l’embrassa sur la joue en se rappelant la mort de son grand-père au camp nazi de Treblinka, puis elle baissa les yeux sur la première ligne du parchemin. « Tu as juste à signer », dit-il avec douceur. Son visage tremblait sans honte. Il donna une tape sur la couverture du livre. « Puis tu pourras le lire entièrement. » Elle fit un signe de la tête, se mit à l’extrémité de la table vitrifiée et s’assit devant le document fané. Elle leva le stylo-plume avec des doigts tremblants, se pencha sur le verre, prit une profonde respiration et signa. Hadassah Kesselman. Chère candidate au rang d’épouse du roi, Je suis sûre que cette lettre sera une grande surprise pour vous étant donné que je ne vous ai en fait jamais parlé. Nous n’avons jamais eu de conversation privée au cours de laquelle je vous aurais donné des conseils. Cependant, le fait est que j’ai des informations de la plus haute importance à partager avec vous. S’il vous plaît, ne parlez à personne de cette lettre. Et très certainement pas aux autres filles ; la seule personne en qui vous pouvez avoir confiance dans le harem est celle qui vous l’a donnée : l’eunuque du roi. Vous le connaissez en tant que chambellan. Si vous ne savez pas lire, il la lira pour vous et il est digne de confiance. J’aurais dû le savoir. Mais je vous écris, ma chère fille, à la veille de votre propre marche UneNuitAvecLeRoi:Interieur 24 4/10/08 10:19 Page 24 Tommy Tenney dans l’histoire, ayant des informations vitales à vous transmettre. J’ai vu quelque chose en vous dès le jour de votre arrivée dans le harem, une chose que les autres ont dû voir en moi il y a plus de trente ans. Même au sein de la foule de jeunes femmes, j’ai remarqué cet éclat particulier dans vos yeux, un port de tête royal, une posture fière, une aisance et un sang-froid hors du commun. À présent, je sais que ces qualités ne sont que l’une des caractéristiques de l’apparence, elles peuvent aussi bien être de simples habitudes naturelles. Mais ce qu’elles reflétaient sur vous et votre caractère était bien plus profond. Je pense avoir discerné en vous une intégrité, une profondeur qui vous distinguent des autres jeunes filles magnifiques amenées des différentes provinces pour le roi. Le plus important est qu’hier matin, je vous ai aperçue en train de prier dans le verger du palais, et d’ailleurs, cela m’a incroyablement rappelé moi-même, cela a confirmé une chose en moi. Par votre façon de prier, je suis convaincue que vous êtes sans le moindre doute une servante de YAHVÉ, comme moi. Le fait que vous êtes juive et que vous suivez le Dieu vivant est le facteur primordial dans ma décision de vous contacter de cette manière (vous remarquerez que tout au long ce mémoire, j’utilise l’abréviation traditionnelle hébraïque G-d, qui désigne le Divin, en respect envers le Tout-Puissant). Ce que j’ai à vous dire peut s’introduire de la manière suivante. Il y a bien des années, j’étais exactement à votre place. J’étais également une concubine royale en préparation. Je possédais également certaines qualités qui me firent gagner les faveurs des autorités en place. Cependant, vous ne semblez pas détenir ce que j’avais : un mentor saint, ni pouvoir compter fermement dessus. Je le serai pour vous, si vous tenez compte de mes mots. Je débuterais en vous disant ceci : dans très peu de temps, vous serez introduite dans la chambre du roi, et probablement dans sa vie. Selon toute probabilité, vous n’aurez jamais plus une telle occasion d’être aussi proche de cette sorte de pouvoir et d’influence. Vous devrez considérer cet instant passé en sa compagnie comme les heures les plus précieuses et les plus cruciales que vous aurez à passer avec lui. Vous UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 25 Une Nuit avec le Roi 25 n’avez pas la moindre idée de ce que peut engendrer cette seule nuit. Moi-même, bien que j’eusse passé un an à me préparer pour celle-ci, j’eus tendance à minimiser ce moment, le voyant plus comme une compétition. Et je n’avais pas compris à cette époque que mon succès ou mon échec pouvait changer le cours de l’histoire. Le danger rôde bien souvent là où le destin nous sourit. C’est la raison pour laquelle la bonne approche exige bien plus que de la prudence ou de la solennité. Celle-ci est l’onction divine et une sainte dose de sagesse glanée dans les textes sacrés. En effet, il y a un protocole spécifique à suivre en présence du roi. La plupart de ceux qui vont vers lui ne le savent pas et cette ignorance transforme ce temps précieux en sa compagnie en quelque chose d’insignifiant. Je vous enseignerai ce protocole, car il est simple, il est une grande source d’inspiration et une bénédiction. Par ailleurs, je veux que vous deveniez reine. Je souhaite que mon ancienne place d’influence soit occupée par un autre enfant de YAHVÉ, quelqu’un qui s’appuiera sur la fidélité et la miséricorde dans l’Empire lorsque les temps le demanderont. Je veux que votre nuit avec le roi soit aussi réussie et providentielle que le fut la mienne. Je n’ai pas la moindre idée de ce que vous connaissez de mon histoire ou des événements qui l’entourent. J’espère que vous connaissez bien plus que cette personnalité légèrement courbée qui a salué votre groupe le matin de votre arrivée dans le harem. Si vous avez été bénie en bénéficiant d’une scolarité ou si vous venez d’une famille juive conservatrice, comme je le suppose, alors vous me connaissez peut-être comme la légendaire reine du passé. Je fus autrefois l’une des figures les plus puissantes à la cour. Mais connaissez-vous mon histoire ? Toute mon histoire ? Le compte rendu intégral, époustouflant, de ce que le Dieu de mes pères à fait à travers les événements qui se sont produits dans ma vie ? Je ne vous fais pas cette demande à cause d’une quelconque nostalgie de vieille femme à vouloir raconter son histoire ou à rechercher de la reconnaissance. Je vous pose cette question parce que le fait de vous raconter mon histoire est peut-être bien le seul moyen de vous faire UneNuitAvecLeRoi:Interieur 26 4/10/08 10:19 Page 26 Tommy Tenney comprendre l’importance des enjeux qui se présentent au-devant de vous. Il y a des épisodes dans mon histoire dont je n’avais pas connaissance à l’époque où ceux-ci se produisirent. Les faits historiques par lesquels débute mon récit sont basés sur les textes sacrés. Cela me prit des années pour reconstituer tous ces événements. J’eus également le privilège d’avoir de nombreuses conversations avec ceux qui étaient présents lors de ces faits ou avec ceux qui connaissaient quelqu’un qui était présent à cette époque. Des morts horribles eurent lieu tandis que mon histoire se déroulait. Notre peuple aurait pu être effacé totalement de la surface de la terre si je n’avais pas écouté la voix de Dieu et de ceux qu’Il avait envoyés pour me conseiller lors de ma préparation pour la nuit avec le roi. En fait, vous-même n’auriez pas été en vie si je n’avais pas tenu compte du sage conseil de mon mentor en complément de la voix de l’Esprit de Dieu. Je ne sais absolument pas si votre nuit avec le roi impliquera autant d’intrigues et d’enjeux importants que la mienne. J’espère pour votre bien qu’elle sera plus paisible. Mais je connais une vérité avec certitude. Une nuit avec le Roi change tout. UneNuitAvecLeRoi:Interieur 4/10/08 10:19 Page 27 Haman, fils de Hammedatha ESTHER 3:10 « Le roi ôta son anneau de la main, et le remit à Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite, ennemi des Juifs. »