De l`éveil au sport à l`entraînement

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De l`éveil au sport à l`entraînement
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Avril 2003 / n°6
S'engager pour le spor t parmi les jeunes
Sur un terrain de sport, faire passer les
bonnes informations est déjà une victoire.
Parce que cela se révèle complexe dans la
pratique, il est primordial de vulgariser
pour mieux enseigner les principes essentiels d’une activité physique saine. Cette
sixième
lettre
d’information
de
la
Fondation traduit pleinement la volonté
de mettre à disposition des acteurs du
sport des outils permettant de transmettre des messages concrets auprès des
plus jeunes. Elle s’inscrit dans le prolongement
De l’éveil au sport
à l’entraînement
Par Bruno Gajer, chercheur à l’Insep et entraîneur d’athlétisme
> La pratique d’un sport chez l’enfant doit d’abord être motivée par le
plaisir qu’il va y prendre, quand bien même l’entraînement serait inscrit
dans le cadre plus soutenu de la compétition.
> L’organisation de l’entraînement repose sur la qualité de l’encadrement dont l’objectif est de veiller à respecter les bonnes pratiques et éviter d’éventuels excès.
> Dès lors, toute activité physique – hormis la musculation – est bonne pour un enfant
à partir du moment où cet encadrement est optimal.
des kits pédagogiques réalisés par la
Fondation depuis deux ans.
Le choix d’un sport
Cette sixième lettre d’information est
signée par un expert de notre comité,
Bruno Gajer, entraîneur d’athlétisme et
chercheur à l’INSEP, et par le Dr Sabatier,
nutritionniste attaché au service de phy-
> Le plaisir, moteur du sport. Chez l’enfant, c’est le besoin de jouer qui doit motiver toute acti-
vité sportive. Si activité physique occasionnelle et entraînement cadré peuvent être pratiqués avec
la même intensité, la dimension ludique doit être le préalable au choix de tel ou tel sport : le
sport, c’est avant tout un jeu.
siologie et de médecine du sport de La
Pitié Salpêtrière. Ils abordent les questions
de l’organisation d’un entraînement optimal
et de l’entrée dans la compétition ; puis, d’un
point de vue plus technique, l’apport de
chaque catégorie d’aliments lors de l’effort.
Mais au-delà de tout aspect scientifique,
rappelons que le sport reste avant tout un
moyen de prendre conscience de son
> Comment le sport " mûrit " chez l’enfant :
■ Vers 7 ans, l’enfant acquiert les bases de la condition physique : coordination, orientation,
équilibre, etc. On peut commencer à parler de véritable activité sportive.
■ Entre 8 et 12 ans, l’enfant peut se perfectionner et commencer une certaine forme de compétition. Il est plus attentif à ses résultats et à la valorisation que le sport peut lui apporter.
■ Vers 13-14 ans, la recherche de la performance se fait encore plus présente. En revanche, avec le début
de l’adolescence, les centres d’intérêt se déplacent et l’enfant se
remet en question. Ce qui peut se traduire, dans l’activité physique,
par une marge de progression moins importante.
corps, de se sentir en harmonie avec lui,
bref, de construire une image positive de
> C’est le sport qui doit se
soi. Rien de tel, en effet, que de se servir
conformer à l’enfant, et non
de ses baskets pour s’y sentir bien !
l’inverse. En France, la plu-
Jérôme FRANÇOIS
Président de la Fondation d'Entreprise Sunny
Delight pour le Sport
part des sports s’adaptent
aujourd’hui aux juniors en
tentant de gommer ou de
réduire toutes les frustrations
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que peut engendrer une compétition trop ardue (pression psychologique, élimination des moins bons, règles trop strictes, etc.).
Du " mini-basket " au " mini-tennis ", l’important, c’est de faire
découvrir aux plus petits une large palette de sports afin qu’ils
puissent choisir eux-mêmes l’activité qui leur correspond le mieux.
Certains iront vers des pratiques " défouloir ", d’autres préféreront des activités qui nécessitent plus de concentration.
Entraînement et compétition :
la nécessité d’un cadre rigoureux.
> Le rôle central de l’entraîneur. Ce qui distingue une pratique
sportive régulière, il est impératif de faire passer à l’enfant un
examen médical approfondi. Ce dernier renseignera sur son
aspect musculo-squelettique et morphologique, et permettra ainsi
d’orienter son choix. L’examen a pour but de s’assurer qu'aucune
contre-indication physique n'empêche la pratique de tel ou tel
sport. Par la suite, des consultations régulières permettront de
déceler d’éventuels traumatismes et de corriger l’entraînement si
nécessaire.
occasionnelle d’un entraînement, c’est la présence d’une personne diplômée pour encadrer le jeune sportif. Son rôle est indispensable à plus d’un titre : il est le garant du bon déroulement
de la séance et notamment du respect des trois temps : échauffement, cœur de séance, retour au calme. L’entraîneur, qui jouit
souvent d’une aura importante auprès des jeunes, doit se servir
de ce statut de modèle pour enseigner les bonnes pratiques et les
bonnes attitudes.
Si l’enfant pratique la compétition, la vigilance doit être maximale
pour ne pas mettre en danger son organisme et son équilibre.
L’entraînement nécessite alors le respect de certaines règles de base :
> Un suivi médico-sportif régulier. Avant d’engager une activité
> Bannir les mauvais gestes. Répétition trop fréquente d’un
même geste, abus de sauts ou de rebonds…, certaines mauvaises
pratiques peuvent se révéler traumatisantes pour la colonne vertébrale ou les articulations. Parents et entraîneurs doivent donc
être extrêmement vigilants à la douleur qu’exprime l’enfant et
savoir faire respecter le repos indispensable.
> Ne pas trop en faire : Schématiquement, l’idéal serait de limi-
ter la durée de la pratique 4 à 6 heures par semaine, éducation
physique scolaire comprise. A partir de 17-18 ans, il est possible
de passer à un entraînement plus soutenu : 8 à 10 heures par
semaine (par exemple, réparties en trois séances hebdomadaires).
LES DANGERS DU
SURENTRAÎNEMENT
Certains sports, pratiqués très jeunes et sans
modération, peuvent se révéler dangereux.
Souvent pointées du doigt, la danse ou la
gymnastique de compétition sont des disciplines soumises à la fois à la pression des
parents et des entraîneurs. Ces activités font
appel à des qualités physiques que l’on ne
retrouve pas chez l’adulte (poids de corps
léger, bassin fin, etc.) d’où l’intérêt parfois
démesuré porté aux plus jeunes.
Il est donc important d’éviter les dérives de
la compétition car elles peuvent, en plus des
blessures physiques, briser l’équilibre psychologique de l’enfant.
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Les interactions entre sport et métabolisme
Par Patrick Pierre SABATIER, Service de physiologie du sport,
Hôpital de La Pitié Salpêtrière
> Lors de l’effort physique, chaque aliment est source d’énergie et joue un rôle spécifique. Seule une alimentation variée et équilibrée pourvoit à tous les besoins de
l’organisme sollicité par une activité physique ou sportive.
> Les effets bénéfiques du sport sur l’organisme ne sont plus à démontrer, notamment sur
le système cardiovasculaire et respiratoire.
La transformation des aliments
lors d’une activité physique ou sportive
Pendant l’exercice, les besoins en eau, minéraux et vitamines
sont couverts par les boissons, les fruits et les légumes ; les
besoins énergétiques par les aliments glucidiques et lipidiques.
Quant aux aliments protéiques, ils pourvoient aux besoins plastiques (nécessité de réparation des cellules et des tissus).
■
L’eau contenue dans les boissons et les aliments,
ainsi que les minéraux et vitamines qu’ils contiennent, contribuent au maintien de l’équilibre
(homéostasie) en liquides et en micronutriments de
l’organisme. L’eau compense ainsi les pertes sudorales nécessaires à l’élimination de l’excès de chaleur produite par l’exercice.
■
Les aliments glucidiques (féculents, légumi-
neuses, fruits, légumes verts, sucre, etc.)
sont transformés par la digestion en sucres
simples (oses). A l’exercice, les oses sont le
substrat énergétique essentiel du muscle, pour
les efforts de courte à longue durée et d’intensité élevée. Ils
sont également transformés en glycogène et en triglycérides,
qui représentent quant à eux une source d’énergie durable.
■
Les aliments lipidiques (huile, beurre, graisses ani-
males et végétales, charcuterie et fruits oléagineux)
fournissent essentiellement des triglycérides. Ces derniers, de par leur densité énergétique élevée, contribuent à l’apport d’énergie lors d’épreuves de longue
ou très longue durée et d’intensité moyenne.
Les aliments protéiques (viandes, poissons, volailles, œufs, crustacés, mollusques,
etc.) sont resynthétisés en protéines dans
■
le foie, les muscles et les tissus périphériques. Les protéines
participent au développement de la masse musculaire chez le
sportif qui suit un entraînement de force.
Les filières énergétiques sollicitées
lors de l’activité physique
Pour être activés, les muscles ont besoin d'énergie. Le carburant des muscles est une molécule, l'ATP (Adénosine Tri
Phosphate), que l'organisme est obligé de resynthétiser au fur et à mesure qu'elle
se dégrade pour produire l'énergie utile aux muscles.
Pour resynthétiser l’ATP, trois
filières énergétiques interviennent différemment en fonction
du type, de la durée et de l’intensité de l’exercice :
Les deux premières sources
d’énergie, employées pour les
efforts courts et intenses, n’ont pas
besoin d’oxygène pour se mobiliser (elles sont anaérobies).
> la filière anaérobie alactique intervient pour les efforts très
courts (15 secondes). Elle permet la pratique des sports de force
(haltérophilie, sprint, lancer, etc.).
> la filière anaérobie lactique permet les exercices intenses
entre 15 secondes et 3 minutes : 400 ou 800 mètres, ski alpin,
nage, etc.
■
La troisième, aérobie, exige de l’oxygène. C’est la filière par
excellence des sports d’endurance (marathon, courses de
fond, etc.).
■
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Les effets du sport sur le métabolisme
S’il est pratiqué de façon continue et régulière, le sport peut avoir
des effets très positifs sur la santé :
■ une oxydation accrue des acides gras du tissu adipeux permet
de lutter contre l’obésité ;
■ une meilleure protection contre le risque cardio-vasculaire
(hypertension, infarctus…) : une personne sportive bénéficie
ainsi d’une fréquence cardiaque et d’une pression artérielle plus
basses au repos et à l’exercice.
■ la réduction du " mauvais " cholestérol, responsable de l’athéromatose (artères qui se bouchent), et l'augmentation du " bon "
cholestérol permettent la normalisation des états prédiabétiques
et même diabétiques.
Mais toute médaille a son revers : une dépense énergétique
excessive par rapport aux possibilités physiques et aux apports
nutritionnels peut générer un état de surentraînement et donc
une diminution des performances. Elle peut également entraîner
des troubles du sommeil, une plus grande propension à la fatigue,
et accroît le risque d’accidents articulaires et musculaires.
Attention donc à toute fatigue, lassitude, saturation, douleur,
manque d’appétit ou insomnie chez un sportif habituellement
✂
L'ALIMENTATION DOIT-ELLE
VARIER SELON L'INTENSITÉ
DE LA PRATIQUE SPORTIVE
Selon que la pratique est régulière ou au
contraire occasionnelle, d'intensité moyenne ou
de forte intensité, l'alimentation doit demeurer
qualitativement équilibrée et variée, mais les
apports énergétique doivent être adaptés. Une
pratique occasionnelle, 1 à 2 heures, une à deux
fois par semaine, ne justifie pas une augmentation des apports caloriques, et seuls doivent être
pris en compte les besoins de croissance chez
l'adolescent.
Pour des séances d'entraînement régulières et
soutenues de l'ordre de trois fois 2 heures ou
plus, trois fois par semaine ou plus, il peut être
nécessaire d'augmenter de plus de 30% les
apports (2 700 à 4 000 kcal chez le garçon pour
2 250 à 3 400 kcal chez la jeune fille, l'un et
l'autre âgés de 16 ans et mesurant respectivement
1,75 mètre et 1,72 mètre et pesant 65 kilos).
performant et bien équilibré.
Vous souhaitez faire connaître la Fondation et ses travaux
Si une personne de votre entourage souhaite recevoir la Lettre d’information de la Fondation, ainsi
que la brochure “L’alimentation du jeune sportif”, merci de remplir ce coupon et de le retourner à
l’adresse indiquée ci-dessous.
Le parrain
Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Le parrainé
Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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FONDATION D’ENTREPRISE
SUNNY DELIGHT POUR LE SPORT
96, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly-sur-Seine
Tél. : 01 40 88 57 26 - Fax : 01 40 88 52 20
Création : juillet 2000 - Dépôt légal : novembre 2000 - n° ISSN : 1626-1313 - Imprimeur : Imprimerie Commerciale de Douai, Douai
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(QWUHSULVHSRXUOHVSRUW6XQQ\'HOLJKWLa Lettre N°7 GpFHPEUH
SPORT : QUELS BIENFAITS POUR LE CORPS DE
Pourquoi faire du sport ? Quels
arguments simples peut-on faire passer
auprès des plus jeunes ? Nous avons
posé cette question à deux membres de
notre comité scientifique. Les docteurs
Claire Carrier et Stéphane Cascua
expliquent, ci-après, le rôle d’une activité
physique sur le développement tant
physiologique que mental de l’enfant. A
travers ce kit pédagogique, 3ème édition,
notre fondation joue ainsi pleinement son
rôle d’incitation à la pratique sportive. Un
dépliant, une affiche et cette lettre
d’information mettent en avant, de
manière concrète et ludique, les effets
bénéfiques de la pratique sportive. Et si
l’on faisait du sport pour le plaisir, tout
simplement ? On sait déjà que l’activité
sportive
permet
de
libérer
les
endorphines, ou « hormones du plaisir »
qui procurent bien-être et détente. Mais
auprès des plus jeunes, ce qui importe
le plus c’est l’ouverture aux autres et la
découverte de soi-même qui font du
sport un partenaire indispensable du
développement.
Jérôme FRANÇOIS Président de la
Fondation d’Entreprise Sunny Delight
pour le Sport
L'ENFANT ?
Par le Dr Stéphane Cascua,
médecine et traumatologie du sport
Si l’adulte bénéficie de l’activité physique pour entretenir son
organisme, l’enfant en a besoin pour se construire un corps plus
résistant. Grâce à l’exercice, il peut se constituer un «capital santé »
pour la vie entière ! C’est vrai, les effets de l’entraînement sur les
muscles et le cœur disparaissent rapidement à l’arrêt de la pratique
sportive. En revanche, les bénéfices du sport sur les articulations et les
os en pleine croissance restent acquis définitivement ! Le sport densifie
les os > A chaque réception de foulée, le squelette subit un impact.
Lorsqu’un muscle se contracte, il tire sur son point d’insertion osseux.
Dans ces deux circonstances, il se produit d’infimes fissures dans les
os. Heureusement, à l’occasion du repos qui suit l’entraînement, le
squelette se répare. Il se reconstitue même plus fort, comme s’il
souhaitait pouvoir se prémunir contre de nouvelles agressions. A
l’image du couvreur bâtissant sa charpente, l’exercice place la trame
osseuse en bonne position pour mieux résister aux contraintes
mécaniques. Les poutres deviennent aussi plus épaisses et l’os se
densifie. Entre 20 et 25 ans, la calcification de l’os s’achève. Les
enfants, les adolescents et particulièrement les filles doivent être actifs
afin de se constituer un squelette solide pour leur vie entière. Ainsi,
l’exercice physique pratiqué tout au
long de la jeunesse devient un
facteur de protection contre
l’ostéoporose et les fractures
survenant après la ménopause !
Pour optimiser la densité et
l’architecture osseuse, il a été
démontré que 3 entraînements
hebdomadaires suffisaient. Ils
doivent durer de 30 à 60 minutes et
inclure des courses et des sauts.
Le sport « moule » les articulations Lorsque la cuisse se contracte, elle écrase et fait
glisser la rotule sur le fémur. Peu à peu un sillon se creuse pour guider le mouvement
articulaire (dessin 1). En appui sur une seule jambe, le poids du corps incurve
progressivement l’axe des membres inférieurs (dessin 2). On sait désormais que le
manque d’activité physique au cours de la croissance perturbe le fonctionnement du
genou. De nombreuses jeunes filles peu motivées par le sport sont victimes de
symptômes caractéristiques. La rotule est douloureuse et peut se luxer car elle est
moins bien emboîtée dans le fémur et parce que les jambes sont en X (dessin 3). Ainsi,
en bougeant, toutes les articulations du corps se construisent une structure adaptée à
leur mission.
La lettre N°7
Le sport renforce le dos
Quand un enfant court, tourneou saute, les muscles longeant
sa colonne travaillenWpour soutenir son buste. Lorsqu'il lance
un ballon oXfrappe vigoureusement avec sa raquette, il
sollicite sesabdominaux. En ramassant sa balle, il étire puis
contracte les muscles de son dos. Mieux encore, toutes
ses masses musculaires sont sollicitées pour maintenir
le subtil équilibre du corps en mouvement. Le sport
constitue un véritable entraînement à la vie quotidienne
! Ainsi, la gravitation se montre moins pesante pour la
colonne. L'écolier se fléchit moins sur son pupitre et
son cartable paraît plus léger. Une pratique sportive
variée et modérée réduit les douleurs et les
déformations vertébrales, le dos est moins voûté.
L'exercice régulier aide la colonne à assumer une
scoliose mais ne semble pas limiter son évolution.
Heureusement, la natation a bien
d'autres avantages. Elle entraîne
efficacement le cœur et sollicite en
douceur l'ensemble des articulations.
Elle permet une importante dépense
d'énergie sans que les membres
inférieurs ne subissent le poids du
corps. Cette activité se révèle idéale
pour renouer avec le sport en cas de
surcharge pondérale.
LES MEFAITS D’UN EXCES DE SPORT
Attention, en cas de pratique
excessive, la stimulation de
l’organisme se transforme en
agression. Les fissures osseuses
prédominent face au processus de
reconstruction. Cambrer abusivement
le dos peut provoquer une véritable
fracture de fatigue sur la dernière
vertèbre lombaire : c’est la
spondylolyse. A l’endroit où le muscle
de la cuisse s’accroche sur le tibia,
l’os finit par se fêler : c’est une
ostéochondrose. Sous l’effet des
mouvements et des pressions imposés
à la colonne, l’avant des vertèbres se
tasse et le dos se voûte : c’est la
maladie de Scheuermann.
Le sport réduit le risque d’obésité
LA NATATION N'A PAS TOUTES LES
VERTUS ! La natation se pratique en
apesanteur et en position horizontale.,
le mouvement propulsif est sans
rapport avec la marche ou la course.
L'os ne s'adapte pas aux contraintes
gravitationnelles. Ainsi, la colonne ne
se renforce pas. Le genou ne se moule
pas pour assurer une bonne stabilité
en position debout. Les jeunes
nageurs assidus ont une structure
osseuse peu dense et ils ont le dos
voûté. Les spécialistes de la brasse
souffrent souvent de leurs rotules .
Au cours d’une heure de footing, le corps brûle 500
kilocalories, soit une belle pâtisserie. Une telle pratique,
3 fois par semaine, par exemple, évite de prendre 11
kilogrammes de graisse dans l’année ! De plus,
l’activité physique est responsable d’une dépense
énergétique en période de repos : juste après
l’entraînement, il faut reprendre son souffle et retrouver
une température corporelle normale. Certains
chercheurs évoquent même une combustion
énergétique spontanée pour préparer l’effort comme un
pilote fait tourner son moteur avant la course. De plus,
entre les séances, il est indispensable d'entretenir et de
réparer la masse musculaire. Le sport est également un
excellent « passe-temps ». Il évite de rester affalé de
longues heures devant la télé ou l’ordinateur tout en
grignotant des friandises. L’activité physique permet
d'équilibrer les différentes activités de sa journée et
favorise souvent une meilleure hygiène alimentaire.
Toutes deux font équipe pour réduire le risqueG
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(QWUHSULVHSRXUOH6SRUW6XQQ\'HOLJKWGpFHPEUH/DOHWWUH1ƒ
COMMENT LE SPORT DEVELOPPE L'ESPRIT
Par le Dr Claire
Carrier, médecin du sport, pédopsychiatre et psychanalyste
A côté de ses bienfaits
physiologiques, l’activité sportive
permet à l’enfant de prendre
conscience de son corps :
comment fonctionne-t-il '
Comment et jusqu’où peut-on le
solliciter ' et d’enrichir son
patrimoine psychomoteur de
multiples schémas gestuels. >
Cette prise de conscience, cette
découverte, se fait par
l’épanouissement du plaisir de
jouer avec son propre corps. >
Endurance et persévérance sont
des vertus que l’on attribue
souvent à la pratique d’un sport.
Elle doit être également
l’occasion d’apprendre à
s’enrichir… d’un échec.
L'acquisition de programmes
psychomoteurs
Chez l'enfant, la période pré-pubère est la
plus propice pour intégrer dans sa mémoire
des gestes variés : apprendre à sauter, à
courir, à lancer un objet, etc. Ces
programmes psychomoteurs enregistrés
facilement seront confortés à partir de la
puberté ; une fois la croissance terminée,
l'adolescent pourra « puiser » dans sa propre
banque de données et s'en servir pour
s'adapter à toute sollicitation corporelle,
activités physiques (sportives ou pas)
comme sociales. C’est pour constituer ce
patrimoine
psychomoteur, qu’il est extrêmement
Les rythmes biologiques
Pratiquer une activité physique permet à l’enfant
(et à son entourage) de prendre conscience de ses
rythmes biologiques : à quel moment suis-je au
maximum de mes capacités ? Quelle est la tranche
horaire pendant laquelle je suis le plus efficace ?
Le plus « éveillé » ? A quelle heure ai-je faim ?
Par le sport, l’enfant apprend à adapter ses
rythmes personnels en fonction de ce qu’on attend
de lui. Il apprend dans un premier temps comment
il fonctionne puis comment il peut faire coïncider
son propre fonctionnement – ses propres rythmes –
avec les règles qu’on lui impose.
Que gagne-t-on à perdre ?
Il y a toujours quelque chose à apprendre de la
défaite. Dans le sport, notamment de haut niveau,
la réussite est quelque chose de voulu, de
programmé ; or c’est bien souvent dans la nonréussite que se révèlent les possibilités créatrices.
Pour preuve, l’éclatante réussite de Dick Fosbury
aux Jeux Olympiques de 1968. Ce sauteur en
hauteur qui ne réussissait pas à s’adapter aux
techniques de saut en vigueur révolutionna la
discipline en franchissant l’obstacle de dos.
Personne, pas même son entraîneur, ne croyait en
cette technique qui est maintenant devenue la
norme… et qui porte son nom (« Fosbury flop »).
L’échec, que l’on peut définir comme un résultat
insuffisant dans l’échelle de mesure de la
compétition sportive, permet de comparer ses
propres limites (son « maximum ») avec l’au-delà
recherché (l’extrême de la performance). Il oblige
l’enfant à puiser dans ses capacités créatrices (à
partir de sa propre expérience de vie) à la fois pour
s’accepter (« Je me suis quand même bien
débrouillé ») et pour se dépasser. La réussite
sportive, c’est le résultat performant qui se suffit à
lui-même : rien ne le surpasse. La non-réussite,
c’est en quelque sorte « la vie qui continue»
La lettre N°7
VXLWHSDJHHQFDUWJDXFKH
important de multiplier les mises en situation
sportives dès le plus jeune âge. A partir de
20 ans, la mémoire, toute occupée à
recomposer ce qu’elle a acquis, n’est plus
aussi disponible pour l’encodage de
nouvelles données : l’intelligence
psychomotrice s’exprime alors dans toute sa
maturité. > Apprendre à chuter au judo est
un exemple parmi tant d’autres de ces
programmes psychomoteurs acquis au cours
d’une activité sportive et qui peuvent s’avérer
indispensables pour la pratique d’autres
sports (comme l’équitation). Au sens figuré,
la chute (comprise comme un échec) doit
être vécue comme une variante de l’action
en cours et non comme une rupture ou une
interruption définitive. Et, plus largement,
cette expérience est un support fondamental
pour l’éducation à l’art de « faire avec » les
mini-obstacles du quotidien.
La lettre N°7
Sport et réussite scolaire > On ne peut
pas dire que tout enfant pratiquant une
activité sportive aura de meilleurs
résultats scolaires. Cependant, il est
certain que la pratique sportive privilégie
les entrées sensorielles : l'audition, la
vision et le déplacement du corps
(kinesthésie). Selon la nature du sport
(collectif, individuel, d'opposition, etc.),
ces sens sont toujours sollicités et
entraînés de manière plus ou moins
importante. > Une fois constituées, ces
mémoires sensorielles ne demandent qu’à
être activées au cours du parcours
scolaire d'un enfant, ne serait-ce que
pour l'apprentissage et la mémorisation
de ses leçons.
Chez les plus jeunes, pratiquer un
sport doit être l'occasion d'apprendre
ses limites ; pour ce faire, on ne
répétera jamais assez le rôle essentiel
de l'entraîneur ou de l’éducateur
sportif. On peut accepter l’effort, que
demande par définition toute activité
sportive, mais sans aller jusqu'à la
destruction. Il faut garder à l'esprit le
plaisir de l'activité sportive : plaisir du
jeu, plaisir de vivre dans son corps,
joie de vivre avec d'autres, plaisir
d’être bien, quelle que soit la place
qu'on occupe.
Le sport-langage > Si la pratique sportive utilise
peu les mots, elle reste quand même un langage. Ce
langage du corps sportif, très codé, laisse cependant
apparaître des émotions, personnelles et privées, qu’un
entraîneur doit être capable de différencier. La douleur,
exprimée par le corps, n’implique pas forcément son
acceptation par les entraîneurs ou par les sportifs euxmêmes. Marc-Vivian Foé, ce footballeur mort
récemment sur le terrain à la suite d’un malaise
cardiaque, avait souhaité finir son match malgré les
réticences de son entraîneur qui avait, de son banc,
constaté sa baisse de régime.
Paris, 5 mai 2006
Comment la protéine Clock rythme notre biologie
L'horloge biologique régule les fonctions physiologiques et le comportement de la plupart des
organismes vivants, en général sur un rythme jour/nuit dit circadien. Son dérèglement peut
entraîner chez l'être humain des maladies et des syndromes tels que les troubles du sommeil. Les
derniers résultats de l'équipe de Paolo Sassone-Corsi de l'Institut de génétique et biologie
moléculaire et cellulaire(1), publiés dans Cell le 5 mai 2006, montrent que la protéine Clock,
élément central du contrôle de l'horloge circadienne, possède une activité enzymatique qui
modifie le compactage de l'ADN et donc l'accessibilité des gènes. C'est la première fois qu'un
lien direct est établi entre l'horloge biologique et le mode de régulation de l'expression des gènes
par compactage de l'ADN.
L'horloge circadienne permet d'anticiper les variations journalières des conditions environnementales
selon un rythme de 24h, en alternance jour/nuit. L'horloge centrale des mammifères est située dans
l'hypothalamus antérieur. Les recherches de différentes équipes, dont celle de Paolo Sassone -Corsi,
ont montré qu'il existe des horloges périphériques dans divers tissus et même dans chaque cellule.
Les mécanismes moléculaires responsables de l'établissement et du maintien des rythmes biologiques
ont commencé à être mis au jour. Chez tous les organismes étudiés, ces mécanismes sont contrôlés par
différents facteurs dont le principal est la protéine Clock, codée par les gènes du même nom. Cette
protéine est un facteur de contrôle de l'expression des gènes. Elle participe à des mécanismes de
régulation en boucle qui sont à la base du fonctionnement de l'horloge circadienne.
L'équipe de Paolo Sassone-Corsi vient de montrer que la protéine Clock possède également une
activité enzymatique qui peut modifier le degré de compaction de l'ADN au sein de la cellule et de ce
fait l'accessibilité des gènes et leur expression(2). Clock induit ainsi un remodelage de l'ADN au
niveau des gènes contrôlés par l'horloge circadienne et régule leur expression.
Clock relie donc rythme biologique et expression des gènes via le compactage de l'ADN. Le fait que
cette protéine soit une enzyme a de multiples implications physiologiques. Son activité, et donc son
action sur l'ADN, peut être régulée par le métabolisme cellulaire ainsi que par différentes voies de
signalisation cellulaire activées par les facteurs de croissance, les hormones ou les neurotransmetteurs.
Les chercheurs vont maintenant s'intéresser à d'éventuels liens entre l'activité enzymatique de Clock et
la division cellulaire. On sait en effet que dans le cas de maladies comme le cancer, les traitements, qui
agissent principalement sur la division cellulaire, semblent être dépendants des rythmes biologiques,
étant plus efficaces à certains moments de la journée. Clock pourrait être un élément essentiel de ce
lien entre chronobiologie et division cellulaire.
1) Institut de génétique et biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC, CNRS – Inserm – Université
Strasbourg.
2) Clock est une protéine HAT (histone acètyle-transferase). Elle a comme fonction l'ajout de groupe
acétyle sur certains histones, les protéines liées à l'ADN. L'acétylation de ces protéines influe sur le
degré de compactage de l'ADN.
Références :
Circadian Regulator CLOCK is a Histone Acetyltransferase – Masao Doi, Jun Hirayama and Paolo
Sassone-Corsi. Cell, 5 mai 2006