FONDATEUR DE LA maison de l`alsace à paris ARTISTE peintre

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FONDATEUR DE LA maison de l`alsace à paris ARTISTE peintre
Les Frères Wetzel s’exposent à la salle
de la Laub de Munster du lundi 18 juin au
er
dimanche 1 juillet 2012
Éfondateur
mile
de la
maison de
l’alsace à paris
R
obi
artiste peintre
créateur
de jouets
mécaniques
peintures restaurées
avec le soutien du
Conseil Régional
d’Alsace
et du Conseil Général
du Haut-Rhin
www.ville-munster68.fr
Biographie
Henri Robert Wetzel dit « Robi » Wetzel, est né le 23 février 1897 à Munster. Fils d’Emile Wetzel, boucher-charcutier et hôtelier « Aux Armes de Munster »,
Grand’Rue, et d’Emilie Obrecht. Il a un frère aîné Emile né en 1895.
Atteint dès son jeune âge d’une claudication, l’enfant s’amuse seul et produit déjà de précoces dessins.
Le jeune Robi fait des études secondaires au collège de Munster, avant de rejoindre l’école des Arts Appliqués de Strasbourg en 1911, où il étudie l’orfèvrerie. Il
reprend ses études interrompues par la guerre en 1918.
Dès 1916-1917, il réalise de minutieux travaux de calligraphie, dont plusieurs ex-libris (gravures) et se consacre avec passion à la peinture et au dessin.
Dans les années 1920, tout en mettant son talent de pianiste au service des hôtes de l’hôtel familial, Robi réalise dans l’établissement de ses parents un premier
travail de décoration, sous la forme d’une frise qu’il peint sur les murs de la pièce principale : une farandole de jeunes gens de la région, des marcaires et des
« Talwiewale ». Il créé aussi avec son ami Hans Matter, la WETMA, dénomination comprenant les initiales patronymiques des 2 associés. Ensemble ils illustrent
la revue « Min Menschtertal » et décorent des boîtes, dont celles produites par les ateliers de menuiserie Helly, dites « Spanlâde » destinées à la commercialisation
et à la promotion du fromage de Munster.
Pendant toutes ces années, Robi peint de nombreuses aquarelles des sites pittoresques de la vallée et de ses environs, des habitants en costumes régionaux et
de leurs coutumes. Il expose ses peintures dans la vitrine de la librairie Bleicher
de Munster et ses « souvenirs de Munster » lors de l’exposition artisanale de
1925.
Hans Matter malade ne peut plus continuer son activité à la WETMA. Robi décide alors d’aller tenter sa chance à Paris et quitte Munster en compagnie de son
frère Emile. Tandis qu’Emile part ensuite pour l’Amérique du Sud, Robi tient
bon et crée son atelier d’« artiste-peintre », boulevard Rochechouart.
Il séjourne régulièrement à Munster, mais s’installe définitivement à Paris en
1925, où il fait la connaissance de Marie Léonie Simone Crézels qu’il épouse le
 Hôtel « Aux Armes de Munster », carte postale, s.d.
24 septembre 1932, à Toulouse.
À Paris, Robi a une clientèle satisfaisante. Il réalise des ensembles décoratifs pour la communauté alsacienne qui possède des restaurants dans la capitale : « Aux
Armes de Colmar », situé près de la gare de l’Est, « Au Mont Sainte-Odile », au Grillroom du Petit Pavillon, situé boulevard Bonne Nouvelle ou encore « Chez Jenny ». Dans ces établissements, Robi peint des frises murales où l’on retrouve des sujets folkloriques, des beaux sites alsaciens et vosgiens et des silhouettes du terroir.
Dans la capitale, l’éventail des thèmes picturaux du peintre s’élargit considérablement. L’artiste s’épanouit et peint des natures mortes, des portraits, des vues de
Paris et de la région parisienne. Il découvre les tendances de la peinture contemporaine, ses œuvres sont alors marquées par la diversité des techniques et traitées
tantôt de façon classique, tantôt à la manière des impressionnistes ou des cubistes. Quelques compositions évoluent même vers l’abstraction. Robi expose à Paris
au salon des indépendants et au salon d’Hiver.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la Capitale occupée, Robi qui a toujours eu pour violon d’Ingres la petite mécanique, se réfugie dans une activité qui va
prendre une importance inattendue dans son œuvre : la fabrication de jouets mécaniques. Profitant de ses connaissances en orfèvrerie, il créé avec des matériaux de
fortune des pièces uniques. Ses réalisations, comme l’oie électrique qui « se dandine, dodeline du chef, bat des ailes » et émet des sons ou sa « machinerie » présentant 4 siècles de l’Histoire de France, haute de 3 mètres ou encore les acrobates qui voltigent et l’écuyère qui traverse des cerceaux font l’objet d’articles de presse
élogieux. On y reconnaît sa grande ingéniosité. Robi expose ses chefs d’œuvre au salon de l’Imagerie du pavillon de Marsan situé dans l’enceinte du Louvres. Ils
lui valent un premier prix.
Après la guerre, Robi reprend avec ardeur son activité de peintre et se rend fréquemment à Colmar pour exposer à la galerie Huffel (actuel Crédit Mutuel Bartholdy, rue des Prêtres).
Lors de l’été 1953, répondant aux sollicitations de ses amis munstériens, il accepte d’exposer dans ce qui fut l’hôtel familial « Aux Armes de Munster», désormais
exploité par André Ory. Pour les besoins de l’exposition Robi peint en quelques semaines une centaine de gouaches et aquarelles représentant des sujets folkloriques et des paysans et paysannes de la Vallée. Voulant sans doute montrer à ses concitoyens l’étendue de son activité picturale, il ajoute des études de paysage
traitées selon les conceptions impressionnistes et cubistes et quelques compositions abstraites.
L’exposition de Munster n’est qu’un prélude à la grande exposition qui a lieu en 1954 à la galerie Huffel à Colmar. Cette exposition surprend les visiteurs autant
par la diversité des sujets que par celles des techniques. Les toiles présentées montrent que tout en subissant l’influence des tendances de la peinture contemporaine
à Paris, Robi toujours en recherche, ne s’est jamais réellement engagé dans une voie.
La vie ne lui laissera pas le loisir de poursuivre son œuvre, l’artiste s’éteint soudainement à Paris, à l’âge de 58 ans, le 28 mars 1955. Il repose au cimetière de Munster avec sa femme et ses parents.
Robi
Wetzel
 ASHVVM, 1963
 Mariage de Jeanne Wetzel avec Paul Spiesser, s.d.
 Article de presse, s.n., 1943
Sources
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KUBLER Louis, « Robi Wetzel », in ASHVVM, t. 18, 1963, pp. 103-109.
LOTZ François, « Wetzel Robi », in Artistes peintres alsaciens de jadis et de naguère (1880-1982), Editions Printek, Kaysersberg, 1987, p. 356.
BAUER A. et CARPENTIER J., « Wetzel Henri, Robert dit Robi », in Répertoire des Artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles : Peintres-Sculpteurs-Graveurs-Dessinateurs, Oberlin, 1991, p. 422.
Articles de presse du Nouveau Rhin Français et des Dernières Nouvelles d’Alsace de août 1953 et mars 1955.
« Exposition Robi Wetzel à Munster – « Aux Armes de Munster », Nouveau Rhin Français, août 1953.
« Robi Wetzel, der Maler aus dem Münstertal, gestorben », Dernières Nouvelles d‘Alsace, 30 mars 1955.
Fiches familiales et domiciliaires de la famille Wetzel, déclarations de professions conservées dans les Archives Communales de Munster.
Style(s) et influences picturales de Robi
Au travers des œuvres ici rassemblées, la Ville de Munster souhaite rendre hommage à Robi Wetzel et mettre en lumière les principaux caractères de ses
travaux picturaux.
Il est important de rappeler que la peinture ne représente en effet qu’un de ses multiples talents artistiques, son œuvre étant particulièrement diverse : orfèvrerie,
aquarelles inspirées des paysages vosgiens, études folkloriques, essais dans l’art plastique, etc.
C’est surtout à Paris que Robi réalise des ensembles décoratifs qui lui valent d’élogieux articles dans la presse. Il décore les vitrines des magasins du Printemps et
y exécute de nombreuses fresques. Il déploie « Aux Armes de Colmar », près de la gare de l’Est, sur les frises de la salle Rapp, tout un éventail d’amusants sujets
folkloriques. On y retrouve les paysages familiers des Vosges et du « vignoble », leurs pittoresques bourgades, des monuments du vieux Colmar, agrémentés de
commentaires picturaux. On y rencontre également, aux côtés du Général Rapp, statufié par le jeune Bartholdy, l’épisode du tonneau de Roesselmann, celui des
héroïques libations du « Lojelakriaj » et l’aventure tragi-comique de Hercule qui, vaincu par le généreux vin d’Alsace,
abandonna sa massue, devenue plus tard le principal attribut des armoiries de Colmar. Dans la salle du restaurant, Robi
nous fait passer en revue toutes les silhouettes du terroir : les marcaires des hautes chaumes, les braves soldats du feu, les
dévoués maîtres chanteurs de l’Orphéon, « Hans em Schnokeloch », toujours mécontent, en face d’une joyeuse compagnie
s’adonnant à un festin rustique. Ce dernier sujet fut également traité à la « Pâtisserie alsacienne » et au restaurant du «
Mont Sainte-Odile ». Tandis qu’au grillroom du « Petit Pavillon », Boulevard Bonne Nouvelle, Robi réunit une rayonnante farandole de toutes les provinces de France, représentées par des jeunes filles en costumes régionaux, c’est au restaurant « Chez Jenny » que l’artiste réalise des peintures murales reproduisant les plus beaux sites de sa chère Alsace.
 Hercule vaincu par le vin d’Alsace.
Digne héritier du mécanicien Jacques de Vaucanson (1709-1782), Robi a notamment fabriqué un palais peuplé de personnages articulés pour lequel il obtient un 1er prix au
salon de l’Imagerie du pavillon de Marsan. Ses pièces sont considérées comme de véritables « chefs-d’œuvre de maîtrise à travers lesquels l’artiste tend la main à l’artisan ».
La variété des tableaux exposés témoignent de la place à part qu’occupe Robi Wetzel dans la phalange des peintres de son époque. L’historien de l’art, Louis Kubler
relève que son œuvre surprend les visiteurs « autant par la diversité des sujets, que par celle des techniques » . Si parfois l’influence classique apparaît de façon indéniable, l’artiste affronte également au contact de la capitale les tendances d’une peinture jugée plus « cérébrale ».
Certaines de ses toiles sont influencées, tantôt par le cubisme, La femme bleue, tantôt par l’expressionisme ou par l’impressionnisme, « Les joueurs de cartes », vraisemblablement inspirés de l’œuvre éponyme de Paul Cézanne. Son œuvre s’oriente également discrètement sur la voie du surréalisme, « Nature morte au chiffon
blanc » et de l’abstraction. L’art naïf, à la manière du Douanier Rousseau dans ses « Jungles », est également représenté avec « Femme africaine en bord de mer ».
Ses tableaux de genre sont très variés, originaux, voire anecdotiques : des natures mortes « Plateau de fruits », des nues « Femme nue », des portraits « Portrait
d’un homme à cravate rouge » et des thèmes religieux, la pietà moderne dans « Scène de dévastation » ou mystique « Eve et la pomme ». De nombreuses réalisations d’un lyrisme parfois pathétique laissent transparaître une profonde sympathie pour les humbles et leurs misères « Cul de jatte tenant une croix ». La défaite
française de mai 1940 et l’exode qui suivit ont particulièrement bouleversé Robi Wetzel comme en témoigne notamment Fugitifs avec voitures.
 Femme Bleue, s.d.
 Les Joueurs de Cartes, s.d.
 Nature Morte au Chiffon Blanc, s.d.  Femme africaine, s.d.
 Portrait d’un homme, 1943.
 Pietà, 1939
 Eve et la pomme, 1945.
 Plateau de fruits, 1946.
 Femme nue, 1951.
 Cul de jatte tenant une croix, 1953.  L’Exode de Paris, s.d.
À l’occasion de la journée commémorative consacrée à Robi, le 23 septembre 1956, René Spaeth, ancien Président de l’Académie d’Alsace, décrit l’œuvre de Robi
en ces termes : « Romantisme ici, poésie là, vérité ailleurs, observation souriante toujours, parfois fine et familière, ou encore faite de raillerie dans ces travaux qui
sortent de la vraisemblance pour arriver à la fable ».
Le Docteur André Wetzel, Président de la Société d’Histoire de Munster fit cette analyse de l’œuvre de Robi : « Au regard de cette exposition, nous avons appris
à connaître le tréfonds de son âme. Mais son âme d’artiste, c’est à la peinture qu’il l’attache, avec une conscience, un acharnement du meilleur aloi ; il l’exécute, la
fignole, la parachève. Pour preuve, ses natures-mortes, dépouillées et distantes et même ses compositions allégoriques où une imagination volcanique domptée et
condensée en une œuvre de forme parfaite et de superbe harmonie […]. Pourquoi Robi avait-il caché ses belles œuvres ? Si l’artiste avait tenu plutôt secrètes les
œuvres de sa sève essentielle, l’orateur y croit voir un trait de caractère complexe bien munstérien où la modestie et l’orgueil se tiennent la balance faisant répugner
à l’artiste, une critique injuste et mal avisée ».
Louis Kubler, tirant une conclusion de l’œuvre de l’artiste, juge que « l’étrange disparité des factures et la promiscuité des sujets montrés lors de l’exposition de
1954, présagent l’apogée de son art et l’empreinte d’une maturité certaine. Une mort soudaine devait cruellement démentir les espoirs de ses amis ».
Sources
• JURAMIE Ghislaine, « Images de France », in Journal de Nancy, s.d.
• BONNAT Yves, « Jouets artistiques », in Le cirque, mai 1944.
• KUBLER Louis, « Robi Wetzel », in ASHVVM, t. 18, 1963, p. 108.
• LOTZ François, « Wetzel Robi », in Artistes peintres alsaciens de jadis et de naguère (1880-1982), Editions Printek, Kaysersberg, 1987, p. 356.
• Exposition de 1956.
• « La Journée Robi marquée par d’émouvantes cérémonies », in DNA, 26 septembre 1956.
Robi à Paris : 1940-1946
Quelques éléments de la vie artistique parisienne de Robi, pendant la période de guerre, nous sont connus grâce à un petit recueil d’extraits de presse,
contenant des critiques des expositions où ses œuvres furent présentées. Ce recueil est actuellement conservé aux Archives Communales de Munster.
On y apprend que Robi, pendant ces années de guerre, sans doute pour échapper à la morosité de la capitale occupée,
s’est consacré à la fabrication acharnée
de jouets animés, certains lui ayant demandé plusieurs mois de travail. Des
pièces uniques réalisées avec des matériaux de récupération, que l’artiste expose avec succès en 1943 et 1944, au
salon de l’Imagerie du pavillon de Marsan, (situé dans l’enceinte du Louvres).
Un premier prix lui est décerné, pour
sa « machinerie », intitulée « 4 siècles
d’Histoire de France ». La presse reconnaît unanimement « son ingéniosité »,
à travers ses créations.
Le peintre n’en poursuit pas moins son
œuvre, qu’il expose au salon d’Hiver et
au salon des Artistes Indépendants de
1942 à 1946. Son « étrange évocation
de Beethoven » est remarquée au salon
des Indépendants de 1942, tout comme
ses « natures-mortes » ou ses « fleurs »
au salon de 1944. Robi « retient l’attention » pour ses portraits, et particulièrement pour celui d’une jeune fille qu’il
expose au salon d’Hiver de 1944.
Au salon d’Hiver de 1945, on « goûte sa
nativité haute en couleur et composée heureusement ». Un critique se félicite
que les peintures d’inspiration cubiste
de Robi aient su tirer de ce courant leur
« simplicité d’image ». Un critique anglais du journal « Daily Mail » croit
voir dans les œuvres « mystiques »
présentées au salon de 1945, l’influence
du peintre Odilon Redon. Au salon des
Indépendants de 1946, on reconnaît la
« peinture caractéristique » de Robi.
 Le boulevard Rochechouart (carte postale, 1908)
 Auto-portrait, 1944
 Alsacienne, 1944
 Femmes avec Marins, 1943
 L’Adoration des Rois Mages, 1945
 Nature Morte avec Pipe, s.d.
 Beethoven, 1944
Les critiques restent cependant, généralement très réservés concernant la
qualité picturale des œuvres de Robi :
un critique de « la Dépêche de Paris »
qualifiant même Robi et quelques autres
peintres exposants du salon d’Hiver de
1946 « de pêcheurs à la ligne » réduisant ainsi leurs créations à de simples
« passe-temps ».
 Robi, Chez soi, s.d.
 Saint-Martin donnant la moitié de son manteau, 1945
Sources
• Document conservé dans le fonds « Schmitt Robert »
aux Archives Communales de Munster.
• Les critiques citées entre parenthèses proviennent
des journaux et revues : le Populaire, la Semaine à Paris,
la Dépêche de Paris, Paris-Municipal, la France Socialiste, le
Lynx Illustré, le Monde Artistique, Les Arts, le Daily Mail.
L’oie électrique, l’écuyère, les acrobates et la ménagerie…
Ces jouets, pièces uniques, furent présentés au salon de l’Imagerie en 1943 et 1944. Dans cette période de guerre où les bons matériaux font défaut, Robi
a su engendrer la féérie avec des déchets de toute sorte.
 Article de presse, s.n., 1943
 Jouets de Robi Wetzel (PASCAL Claude, « Au salon de l’Imagerie où Chantent les Couleurs », s.n., vers 1945)
« Robi dont la mécanique est le violon d’Ingres, bat tous les records d’ingéniosité. Ses acrobates voltigent et son écuyère traverse des cerceaux. Quant à son
oie, elle se dandine, dodeline du chef, bat des ailes et émet des sons réalistes, par
la vertu d’un moteur électrique… »
Source
• BONNAT Yves, « La matière première manque », s. n., 1943.
« Quatre siècles de l’Histoire de France »
Cette pièce unique fut présentée au salon de l’Imagerie de 1943. Il fallu à Robi près de 8 mois pour confectionner cette œuvre, haute de 2 mètres et réalisée
avec des moyens de fortune : les tourelles du château fort sont de vieilles boîtes de conserve, les petits personnages sont réalisés en plâtre et en carton…
Voici la description qui en a été faite dans la presse parisienne :
« La machinerie » électrifiée de Robi est composée de 4 tableaux :
« Le premier présente des chevaliers en lice et nous fait assister à une joute où les adversaires évoluent sur leurs chevaux, protégés par des cottes de maille, devant
une noble assistance de seigneurs et de dames en hennin qui agitent leurs mouchoirs ».
« Le second tableau nous transporte en plein 17ème siècle, devant la façade d’un château frère de celui de Versailles, les fenêtres illuminées laissent apercevoir
l’intérieur d’appartements ornés de boiseries, de tableaux et de glaces ; au premier plan, qui figure le parc, des jets d’eau jaillissent des bassins ; sur le perron, des
personnages. Deux laquais se tiennent devant la porte, qu’ils ouvrent avec cérémonie pour laisser passer un couple gracieux qui s’avance jusqu’au sommet de l’escalier, fait trois petits tours et puis s’en va ; tandis que les portes se referment sur leur passage, on revoit par les fenêtres, grâce à un ravissant jeu de glace, le couple
s’avancer à l’intérieur du salon ».
« Le troisième tableau nous montre un quartier de Paris, également au 17ème siècle. Deux duellistes très « d’Artagnan », ferraillent avec ardeur, tandis qu’un troisième larron arrête dague au poing, une chaise à porteur d’où la tête de la propriétaire surgit avec effroi ; un tremblement de panique agite les deux laquais, cependant qu’au dessus de ce drame, les volets s’ouvrent un à un sur des bonnes gens effarés en bonnets de nuit… ».
« Le quatrième tableau, c’est la France de demain avec ses industries diverses et florissantes et au milieu des vitrines, à nouveau illuminées, une petite porte hermétique portant cette inscription : MARCHÉ NOIR, INSTITUE EN 1943, FERMETURE DÉFINITIVE… ».
 Le Tournoi, photographie, s.n.
 Les Mousquetaires, photographie, s.n.
 Temps moderne, photographie, s.n.
 Versailles, photographie, s.n.
Sources
• C P., « La machinerie de M. Robi Wetzel au Pavillon de Marsan », in L’œuvre, 16 juin 1944.
Munster rend hommage à Robi Wetzel
Divers hommages furent rendus à Robi Wetzel suite à son décès prématuré le 28 mars 1955 à Paris.
1956 : Exposition et journée Robi
Une exposition consacrée à Robi Wetzel fut organisée du 15 au 23 septembre 1956, sous les auspices de l’Académie d’Alsace, dont l’artiste fut membre correspondant, avec le précieux concours des amis de l’artiste-peintre, de la Ville de Munster, de la Société d’Histoire, du Groupe folklorique et du Syndicat d’Initiative.
L’exposition s’ouvrit le samedi 15 septembre en présence de son épouse Madame Emilie Wetzel, de la municipalité de Munster, de M. Spaeth, Président de l’Académie d’Alsace, de plusieurs membres de sa famille et de nombreux amis.
Cette semaine artistique se termina par « Une Journée Robi » le 23 septembre. Au cours de ce dernier rassemblement, une délégation de l’Académie d’Alsace, le
Maire Frédéric Haas et son Conseil, ainsi que les sociétés organisatrices se rendirent au cimetière municipal sur la tombe de Robi Wetzel. D’émouvants discours y
furent prononcés. À l’issue de cette cérémonie, une réception officielle eut lieu à l’Hôtel de Ville.
Un banquet privé à l’Hôtel Central réunit toutes les personnalités participant à cette journée. Les convives se rendirent ensuite à la salle de la Laub pour une manifestation artistique proposée par le groupe folklorique « Les Marcaires de la Vallée de Munster » avec le concours des poètes mulhousiens Jean-Georges Samacoïtz
et Paul Drumm.
1964 : Inauguration de la rue Robi Wetzel
Le 13 juillet 1964, la Ville de Munster donna le nom de Robi Wetzel à l’une des rues du centre-ville, appelée jusqu’alors rue
de la Pépinière. Robert Schmitt, Maire et Vice-Président du Conseil Général du Haut-Rhin, justifia l’emplacement retenu
en ces termes : « Nous avons choisi le voisinage des grands arbres du parc Hartmann et la splendeur des crépuscules pour
honorer le maître qui nous a quittés ».
C’est en présence de nombreuses personnalités colmariennes et munstériennes que se déroula l’émouvant hommage. Raymond Wetzel, cousin de Robi représentait à la fois le Préfet du Haut-Rhin et Madame Emilie Wetzel, retenue à Paris pour
des raisons de santé. Cette dernière légua à la Ville une précieuse série de tableaux. Certains se trouvaient déjà à la Mairie
de Munster, alors que d’autres étaient encore à Paris. L’Académie d’Alsace y était représentée par René Spaeth et l’Association Artistique de la Vallée de Munster par le Docteur André Wetzel. L’Harmonie Hartmann et la clique exécutèrent
deux marches sous la direction de M. Jémine.
La présence de la société folklorique « Les Marcaires de la Vallée de Munster » souligna la note bien munstérienne de
cette manifestation. La plaque de rue fut dévoilée par le représentant du Préfet. Le Maire Robert Schmitt rendit un vibrant
hommage à Robi Wetzel et retraça les grands traits de la vie de l’artiste et de son œuvre. Il conclut : « Robi Wetzel était
français jusqu’au fond de son âme. Par son œuvre, il a honoré la France et par conséquent l’Alsace. C’est pourquoi nous
avons choisi cette veille de 14 juillet pour donner officiellement son nom à cette rue ». La cérémonie se clôtura par un vin
d’honneur servi à l’Hôtel Central.
 © S. W., Ville de Munster
 Photo extraite de : « Emouvante manifestation du Souvenir pour l’inauguration de la rue Robi Wetzel, à Munster », in l’Alsace, 16 juillet 1964.
1970 : Exposition Robi Wetzel
En 1970, sur l’initiative du Docteur André Wetzel, président-fondateur de la Société d’Histoire du Val, de la Ville de Munster et de l’Association Artistique, une
nouvelle exposition des œuvres de Robi Wetzel fut organisée du 11 au 25 juillet,
salle de la Laub de Munster.
La cérémonie d’inauguration eut lieu le 11 juillet 1970 en présence de très nombreuses personnalités et en particulier de Robert Schmitt, Maire et Président
de la Société d’Histoire, de René Spaeth, Président de l’Académie d’Alsace, de
M. Callar, Président du Cercle des Arts, de Pierre Schmitt, Conservateur au Musée d’Unterlinden, de M. Woeringer, Directeur des Beaux-Arts, de Maître Betz,
Président de la Société Schongauer, de Raymond Wetzel, Chef de cabinet à la
Préfecture et de nombreux membres de la famille de l’artiste.
Parmi les toiles présentées, figurèrent notamment : l’Autoportrait, la Femme au
Balcon, les Champignons, la Pietà, les Rois Mages, la Partie de Cartes, des Natures
Mortes, le Buveur…
Sources
• « Rétrospective Robi Wetzel », in Dernières Nouvelles d’Alsace, 18 septembre 1956.
• « La journée « Robi » marquée par d’émouvantes cérémonies », in Dernières Nouvelles d’Alsace, 23 septembre 1956.
• SCHMITT Robert, Allocution prononcée par le Maire de Munster à l’occasion de l’inauguration de la rue Robi Wetzel,
13 juillet 1970. Archives municipales de Munster.
• « L’inauguration de la rue Robi Wetzel », in Dernière Nouvelles d’Alsace, 16 juillet 1964.
• « L’exposition de Robi Wetzel », in Dernières Nouvelles d’Alsace, 14 juillet 1970.
 © S. W., Ville de Munster.
 Photo extraite de : « L’exposition de Robi Wetzel », in Dernières Nouvelles d’Alsace, 14 juillet 1970.
Émile Wetzel : fondateur de la Maison d’Alsace à Paris
Martin Émile Wetzel, frère aîné de 2 ans, de Robi, naquit à Munster le 27 juin 1895 1.
L’aîné des Wetzel fait des études générales, devient bachelier puis obtient une licence de droit à la faculté de
Strasbourg.
Le jeune homme, connaît la douloureuse expérience de la Première Guerre mondiale: en 1915, il a 20 ans, quand
il est mobilisé et envoyé sur le front russe, mais la guerre n’altérera pas sa soif d’entreprendre.
De retour, dans sa vallée de Munster meurtrie par la guerre, Émile Wetzel créé en 1919 un organe de presse : une
revue majoritairement rédigée en dialecte munstérien : Min Menschtertal, dont le but est de redonner optimisme
et espoir à ses compatriotes. Cette revue illustrée par les dessins de son frère Robi et de Hans Matter ne connaîtra
cependant que trois nos datés de 1919.
Après un début de carrière à la banque du Rhin, précédant Robi, Émile décide, en 1924, de s’installer à Paris, il a
alors 29 ans. Le 17 février de la même année, il épouse à la mairie du 3ème arrondissement Anne Marie Catherine
Schultz, qui mourra en couches avec leur enfant. Il se remariera le 6 septembre 1928, avec Yvonne Marthe Brochère, mais l’union se terminera par un divorce.
 Robi et Émile, enfants
(archives Wetzel).
 Émile en uniforme allemand
(archives Wetzel).
L’homme, qui se définit lui-même
comme « un touche à tout », se lance à
Paris, dans le journalisme, sa passion de
jeunesse, dans la branche touristique. Il
exercera pendant 6 ans aux côtés du premier « ministre » français du tourisme
Gaston Gérard2.
Émile Wetzel trouve son épanouissement dans la capitale, où il fréquente
les groupements d’Alsaciens. Une idée
lui est chère depuis longtemps: réunir
les éléments alsaciens disséminés dans
 Émile Wetzel, directeur de la Maison d’Alsace à Paris en 1939. Ph. : Henri Manuel.
 La Maison d’Alsace, 115 boulevard Sébastopol. Photo Leconte.
Paris et créer un organisme d’informations touristiques, économiques, intellectuelles et sociales, ainsi qu’un centre
d’accueil destinés plus particulièrement
aux jeunes, qu’ils voient affluer en grand
nombre et qui, à cause du problème de
la langue, notamment, connaissent à Paris les pires difficultés . C’est lors d’un
banquet, le 11 novembre 1932, alors
qu’il voisine avec le dessinateur Zislin3,
que son idée va prendre forme. Tous les
deux décident de créer la Maison d’Alsace à Paris.
 Hélène, Catherine, Émile, Madeleine, Noël 1943 (archives Wetzel).
 Réunion de la Société alsacienne à Paris, s.d. (archives Wetzel).
Pour cela, ils constituent d’abord, en
1933, la Société des Alsaciens de Paris, dont Zislin devient le président, tandis qu’Émile Wetzel devient rédacteur et administrateur du journal de la société intitulé «
Notre Pays » ; enfin, en octobre 1934 ils fondent la Maison d’Alsace. D’abord hébergée par Istra, rue Richelieu, la Maison d’Alsace, s’installe, le 15 novembre 1934, dans
des locaux plus spacieux, au 115 boulevard Sébastopol. L’organisme va peu à peu devenir indispensable, non seulement aux Alsaciens de Paris, mais également au grand public, qui ont pris l’habitude de le consulter sur toutes
les questions commerciales ou industrielles, et principalement sur le Tourisme et l’Hôtellerie. Un nombre considérable de personnes et groupements vont avoir recours
à ses bons offices, pour l’organisation de leur séjour à Paris.
Dans les années précédant la Deuxième Guerre mondiale, Émile Wetzel consacre toute son énergie au développement de la Maison d’Alsace, mais brasse aussi des affaires, il devient copropriétaire du prospère restaurant « Chez Jenny »4.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les activités parisiennes d’Émile Wetzel ne sont pas connues. On sait
toutefois que la Maison d’Alsace cesse de fonctionner, pour ne renaître qu’en 1968. Cette « nouvelle » Maison
d’Alsace s’installera au 39 avenue des Champs-Élysées, devenant alors centre d’affaires et maison régionale
pour la promotion de l’Alsace à Paris.
Après la guerre, Émile Wetzel, prend un nouveau départ, il ouvre à Santeuil un hôtel-restaurant : « l’auberge
du colombier », situé à 50 km de la capitale, l’établissement cossu où l’on fait bonne chère est réputé et fréquenté par le Tout Paris.
 Carte de visite de l’auberge de Santeuil (archives Wetzel).
Malgré une réussite sociale incontestable, sans qu’on en connaisse la cause, Émile Wetzel décide de s’expatrier. Il part, en 1951, s’installer en Argentine, à Cordoba. cette année là il se remarie avec Hélène Germaine
Rieth qui lui donnera 4 enfants.
L’homme toujours dynamique ouvre une pension de famille et reprend des engagements associatifs. Il fonde
notamment l’ « Union des Français à l’étranger », pour la ville de Cordoba qu’il présidera pendant 16 ans.
Émile Wetzel est installé depuis 18 ans à Cordoba, quand il décède le 1er mai 1970, « La Voz de Cordoba »,
organe de presse locale fait l’éloge de l’homme instruit, d’une vaste culture et d’une fine spiritualité, aux réalisations nombreuses et remarquables aussi bien en Europe que dans sa Patrie d’adoption.
Il repose au cimetière San Jeronimo, dans le Panthéon de la société française de Cordoba, où le rejoindra son
épouse décédée le 28 janvier 2002.
 Hélène et Émile Wetzel en Argentine, 1968 (archives Wetzel).
Sources
Voir biographie de Robi Wetzel.
Gaston Gérard (1878-1969) : maire de Dijon de 1919 à 1935, fut membre de plusieurs gouvernements de 1930 à 1932, dont d’André Tardieu et Pierre Laval en tant que Haut-commissaire puis Sous-secrétaire d’Etat au Tourisme. Il
développa notamment le thermalisme.
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Henri Zislin (1875-1958) : dessinateur, caricaturiste, journaliste, pamphlétaire mulhousien. Francophile, avant 1914, il lutte contre le Pangermanisme et sera emprisonné par les autorités allemandes. Avant la Première Guerre Mondiale, il est connu, y compris en France et son humour partagé en Alsace, au-delà des partis politiques. Après la Première Guerre mondiale, opposant farouche aux idées autonomistes, il est rejeté en Alsace. Il décide alors de s’installer à
Paris, en 1923. Dans la capitale, Henri Zislin se trouve en phase avec ses compatriotes alsaciens. Après la Seconde Guerre mondiale, ayant cessé toute activité politique, il fait toujours preuve d’un irréductible patriotisme français.
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«chez Jenny»: célèbre brasserie alsacienne, installée depuis 1932 bd du Temple à Paris.
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La revue d’Émile Wetzel
« Min Menschtertal : revue du val Saint-Grégoire » créée pour l’Amour de sa petite « Heimat », la vallée de Munster.
Le contexte munstérien de la création de la revue « Min Menschtertal »
Le fondateur et rédacteur de la revue est Émile Wetzel, frère unique et aîné de Robi, né en 1895. Il a 24 ans quand il crée la revue « Min Menschtertal » en Juin 1919.
Mobilisé en 1915, puis envoyé sur le front russe, le jeune homme a connu la souffrance et a côtoyé la Mort. Lors de son retour de la guerre, il retrouve la ville et la vallée de Munster jonchées de ruines. Mais d’emblée, Émile refuse de céder au désespoir et au « pessimisme ». Le bonheur du retour dans sa petite « Heimat » et l’espoir
d’un futur plus heureux, l’emportent sur les « heures sombres » de la guerre et les ruines. En cette année 1919, ses compatriotes munstériens réfugiés, qui avaient fui
les combats de la vallée, regagnent leur ville. Munster est en effervescence, sillonnée de camions, pleins d’ustensiles, la ville qui ne comptait encore que 200 personnes
en janvier, en compte plus de 2000 en juin 1919. Mais le retour a lieu dans une ville à « l’allure fantomatique » : les munstériens logent dans des abris improvisés, des
baraquements, des maisons à moitié écroulées. Même si on est heureux de « respirer à nouveau l’air de la vallée, de contempler les montagnes », le retour a lieu dans
un « décor de deuil et de désolation ».
 Après 1915, Munster en ruines (archives municipales).
 La place du Marché (archives municipales).
 Soultzeren en ruines (archives municipales).
 Metzeral en ruines (archives municipales).
La création de la revue « Min Menschtertal »
Tout à son bonheur de retrouver Munster, Émile Wetzel veut agir pour aider les habitants de la vallée à retrouver l’optimisme et l’espoir, qui leur permettra de s’atteler
à la dure tâche du relèvement. Pour cela, le jeune homme choisit le moyen de la presse : la création d’une revue. Cette revue, rédigée principalement en dialecte munstérien, aura pour but de témoigner de la ténacité, dont font preuve les habitants de la vallée de retour dans leur petite patrie martyre et des temps durs « parmi les plus
durs de l’histoire plus que millénaire de la ville et du val Saint-Grégoire », durant lesquels ensemble ils ont su surmonter les difficultés.
Un outil de communication qu’ Émile Wetzel veut réaliser avec les contributions de tous. Pour cela il sollicite avec empressement les lecteurs dans le premier numéro
de la revue, leur demandant de rédiger des articles, des poèmes et des histoires diverses. Il précise qu’en dehors des contributions à caractère « politique ou confessionnel », qui ne seront pas acceptées, toutes contributions seront les bienvenues.
On peut considérer que la création de « Min Menschtertal » marque les premiers pas d’Émile Wetzel dans le domaine du journalisme, activité qu’il pratiquera ensuite
dans ses années de vie parisienne.
La rédaction, l’impression et la diffusion de la revue « Min Menschtertal »
Dans un encart publicitaire du numéro 3 de la revue, intitulé « Achetez et propagez notre revue », on apprend que la rédaction a installé son siège au bazar Ulmer
situé place du Marché à Munster (actuellement Banque Populaire). Ce commerce assure également la diffusion de la revue, tout comme le restaurant Kempf à Metzeral. L’impression est réalisée par l’imprimerie Jess de Colmar. Plusieurs librairies colmariennes : Bahly, Kohler et Linsig diffusent la revue que l’on trouve également à
Strasbourg, dans les kiosques de Ammel et à la librairie Singer.
L’arrêt de la publication de la revue « Min Menschtertal »
Après seulement 3 numéros, tous les 3 datés de 1919, Émile Wetzel arrête la publication de sa revue. Quelles peuvent en être les causes ?
Sans doute a t-il lancé « Min Menschtertal » avec des moyens financiers limités. Des difficultés financières apparaissent très vite, la revue s’en fait l’écho.
Dans le numéro 2, dans l’article daté du 7 juillet 1919, Émile Wetzel s’adressant à des lecteurs qui trouvent la revue trop chère, leur dit qu’il se trouve dans l’impossibilité d’en baisser le prix, devant déjà rajouter de l’argent pour la sortie de chaque numéro.
Dans le numéro 3, la rédaction fait état des difficultés financières « s’opposant » à la « jeune œuvre ».
Afin de compenser le manque de moyens et assurer la continuité de sa publication, Émile Wetzel avait sans doute parié sur un chiffre de vente qui n’a jamais été atteint.
Manquant de lecteurs la revue n’a pu continuer à être imprimée, à perte.
N.B. Les phrases entre guillemets sont issues des revues « Min Menschtertal ».
Min Menschtertal
Numéro 1
La couverture du premier numéro de la revue « Min Menschtertal », est illustrée par le frère du rédacteur, Robi Wetzel : un dessin aquarellé, en médaillon représente
un paysage, avec en fond le château du Pflixbourg, qui se situe à l’entrée de la vallée de Munster.
Zam Galeit : poème en dialecte munstérien, où Émile Wetzel exprime tout le bonheur du « retour d’exil », pour lui-même comme pour les munstériens, après « les heures
sombres, les soucis et souffrances », le bonheur de la paix et de retrouver ses compatriotes, l’espérance que le Futur sourira à son « seul Amour, sa vallée de Munster ».
A Wort uf der Waj ! : éditorial où Émile Wetzel expose en dialecte munstérien les objectifs de sa revue : sortir ses compatriotes de l’ornière du « pessimisme dû aux
dures années de la guerre », témoigner de la « flamme puissante » du retour dans la petite Patrie : la vallée de Munster. Un retour qui sera porteur « de progrès », parce
que ses compatriotes auront « élargi leur horizon » et connu « d’autres habitudes et conditions de vie ». Il engage aussi avec ferveur les lecteurs à contribuer à sa revue.
Portrait d’une jeune fille de la vallée portant la coiffe traditionnelle, dessin aquarellé de Hans Matter daté de 1918.
Vue en médaillon du clocher du temple de Munster, avec au 1er plan une maison endommagée par les faits de guerre, dessin aquarellé de Robi Wetzel, daté de juin 1919.
Causerie : texte écrit en français par Henri Greney, exprimant toute sa joie de retrouver sa ville natale : Munster, non pas à l’état de « nécropole », comme l’avait écrit
un journaliste parisien, mais une ville, où un « petit peuple », qui puise son « énergie dans l’air pur du sol natal » est revenu, « pour labourer la terre des ancêtres et
travailler au rétablissement des industries ».
Portrait d’un homme, de profil : dessin de Hans Matter.
A Weddersah : Poème en dialecte munstérien de Jean Wahler, exprimant la tristesse de son douloureux retour dans sa petite Patrie détruite par les obus : « la terre nue et
vide », mais aussi l’espérance « de la nouvelle récolte » et « la vie qui jaillit de partout à nouveau ». Le poème de Jean Wahler est encadré d’une ligne de fils de fer barbelés
et illustré par un curieux dessin de Robi Wetzel. Celui-ci représente une tête (?), composée de barbelés entrelacés, avec des cloches à la place des yeux.
Rubrique humour et textes humoristiques. Nous laissons aux lecteurs lisant l’alsacien, le plaisir de lire en dialecte de la vallée, les blagues de la rubrique humour.
Min Menschtertal
Numéro 2
Le numéro 2 de la revue « Min Menschtertal » est un numéro spécial 14 juillet 1919.
Un dessin en médaillon, aquarellé aux couleurs bleu-blanc-rouge, sur fond de soleil radieux, symbole de la Patrie retrouvée, illustre la couverture de ce numéro spécial.
Il est l’œuvre de Robi Wetzel.
Zuem 14 juillet : poème en dialecte munstérien d’Émile Wetzel, encadré dans un médaillon floral. Pour ce premier 14 juillet « depuis un demi-siècle », Émile Wetzel
invite ses compatriotes à pavoiser « que de près et de loin, on ne voie que les couleurs bleu-blanc-rouge », les couples se donneront la main pour danser en rythme, on
boira, se donnera des baisers..., « le plaisir sera sans fin », malgré les discours de plusieurs heures… si lui même devait prononcer un discours enthousiaste, il se contenterait de brandir son verre et de crier « vive la France ! ».
Di Kloschteracker : dans ce poème écrit en dialecte munstérien, Jean Wahler conte la légende du « champ du couvent », situé au Hohrodberg. Les moines y récoltaient
leur blé en travaillant dur. Puis en ces « temps de tempête des mondes, les couvents sont tombés », les frères éparpillés, il ne resta qu’un seul moine. On peut le voir les
soirs de pleine lune, traverser le champ du couvent « de son pas lent et traînant », son regard « va de ci, de là », on voit que quelque chose lui pèse… si quelqu’un approche, il se contente de faire un signe de croix et murmure « le seigneur soit avec vous ! ». C’est ainsi qu’il marche, conformément à ses vœux, disparaissant toujours
au chant du coq. Un dessin de Hans Matter illustre le poème de Jean Wahler.
La Paix : Jean Greney signe par ce texte rédigé en français, un hymne à la Paix retrouvée, aspiration personnelle et de tous les habitants de sa « vallée bien aimée ».
Rendant hommage « à la meilleure jeunesse de France, qui a versé son sang », il veut maintenant se laisser aller à la joie de contempler les feux d’artifices du 14 juillet.
Son cœur « débarrassé d’un poids énorme », célèbre la Paix partout, « dans les âmes, dans la nature ».
Dr Hans : dessin de Hans Matter, daté de 1919, représentant « le Hans » : garçon « typique » de la vallée de Munster.
Schlemmschta : poème en dialecte munstérien de Jean Wahler, ou un « gars » de la vallée nous fait part de ce qui est « le pire » pour lui, et le met en colère : qu’un jour
de Kilbe, alors que rien ne manque en « joie et bonheur », il ne puisse pas se rendre à la fête parce qu’il n’a pas un sou en poche. Le poème est illustré de frises verticales
évoquant la musique de la Kilbe, ainsi que d’un dessin représentant un marcaire au porte-monnaie vide, œuvre de Hans Matter (?).
Mon oncle... Ce texte rédigé en français par Henri Erichson, est empreint de la nostalgie des visites que le jeune homme faisait avant guerre, à son vieil oncle célibataire
qui habitait la Grand‘Rue de Munster. Un homme plein de « sympathie », qui racontait à son neveu des histoires pleines de « bonhomie » et sa guerre de 1870.
Promenade de Munster - Schlosswald - Schwarzenboug - Geisbach - Munster ( 2 heures). La revue « Min Menschtertal », s’adresse à bien d’autres lecteurs qu’à
ceux de Munster et de la vallée : à tous ceux qui souhaiteraient (malgré les destructions !) se promener dans la vallée. La proposition de promenade touristique ci-dessus,
rédigée en bilingue (allemand/français) est destinée à tous les « visiteurs » et adeptes de promenades. La rédaction a même l’intention de proposer dans les prochains
numéros de nouveaux itinéraires de promenade et d’organiser un service de location de chambres, pour les « admirateurs de la vallée » qui souhaiteraient y séjourner. Il
est à noter que l’itinéraire proposé attire le regard du visiteur sur les ruines à « l’aspect lugubre, des restes » des usines Hartmann et de la cité ouvrière du Badischhof.
La revue « Min Menschtertal » comporte des encarts publicitaires rédigés en bilingue (allemand/français) réservés à des cafés-restaurants de la vallée, qui ont
échappé aux destructions et peuvent recevoir de la clientèle : restaurant Jean Schwartz au Geisbach, café Meyer-Wehlé au Dumbuhl, café-restaurant Rick-Spieser au
Hohrodberg (« à proximité du Linge ») est-il précisé ! : au café restaurant Wehrey, près de la gare à Muhlbach « à proximité des premières positions, village en ruines ».
Il existe manifestement, en cette année 1919 « un tourisme » des champs de bataille dans la vallée de Munster. La rédaction de la revue accompagne et encourage le
phénomène, pensant sans doute, qu’en retrouvant un peu de sa vocation touristique la vallée se relèvera plus facilement de ses ruines.
Bien des encarts publicitaires de la revue restent « à louer », dans ce numéro 2 de la revue ! L’encart publicitaire, rédigé en français, réservé au restaurant familial
des Wetzel : « Aux armes de Munster », situé 74 Grand ‘rue est l’œuvre de Robi. L’établissement, qui peut recevoir de la clientèle dès l’été 1919, n’a manifestement été
que peu endommagé par les faits de guerre. « La bonne cuisine bourgeoise » et ses « vins soignés » y sont d’ailleurs vantés.
Dessin aquarellé de Robi, représentant un paysage près du Schlosswald, situé sur le parcours de la promenade touristique figurant dans ce numéro 2 de la revue.
Sommerabend. Un auteur anonyme se nommant « Amicus », signe en langue allemande ce beau poème. L’auteur nous dit, comment en ce « soir d’été », il ressent dans
sa chair, « la souffrance récente et amère, du « pauvre val de Munster, fatigué ». « La mélancolie » l’étreint et sa « propre souffrance lui arrache la moelle et le ronge ».
Son âme, ressent « une émotion profonde », dans « la douce lueur du crépuscule », son esprit « vagabonde à travers les chaumes ». L’auteur voudrait que renaissent ses
« espoirs », que son « cœur réclame, dans cette profonde paix ». Le poème est encadré par une frise florale aux digitales, œuvre de Robi Wetzel.
Munster le 7 juillet 1919. Ce texte rédigé en langue allemande par Émile Wetzel, mais non signé, vise surtout, à encourager ses compatriotes munstériens, sans doute
peu enclins à faire la fête parmi les ruines, à « fêter dignement » ce premier 14 juillet, du retour dans le giron de la Mère Patrie, « sans penser aux malheurs, en particulier à ceux des réfugiés ». Cette année, précise Émile Wetzel, chacun peut participer sur place à « la joie générale », sans devoir comme autrefois se rendre à Belfort,
Lunéville, Nancy ou même Paris.
Dans cet article, le rédacteur souligne que lui-même aurait eu des « plaintes, souhaits et doléances », qu’il avait « l’intention » de les soumettre aux pouvoirs publics, mais
qu’il a décidé de les reporter, « sans renoncer » toutefois, afin de s’adonner « sans limites, à la joie » du 14 juillet. Des doléances dit-il, qui ont pour origine « l’Amour de
notre Heimat, qui rencontre des obstacles ». Les nouvelles autorités françaises se sont sans doute montrées réticentes pour autoriser la parution de « Min Menschtertal » :
une revue majoritairement composée de textes en dialecte.
Émile Wetzel répond également aux critiques et conseils adressés à la rédaction : la revue serait « trop chère », certains lui conseillent un prix de 30 centimes au lieu
de 50, mais le rédacteur déclare qu’il est dans l’impossibilité totale d’en baisser le prix, devant déjà rajouter une centaine de francs, pour que la parution soit possible. Il
parle des « difficultés financières de la jeune entreprise », lance un appel pressant à ceux qui « devraient s’intéresser à cette revue », qu’ils la fassent « connaître à leur
cercle d’amis », qu’ils l’envoient « aux compatriotes de l’étranger ».
Kelb esch het ! Dans ce poème épicurien, écrit en dialecte munstérien, Émile Wetzel célèbre « une chérie, une rose aux lèvres et des roses rouges de son jardin dans
son corsage ». Il l’invite à profiter pleinement de la kilbe : « attends que le soleil disparaisse derrière les Vosges, il n’y a pas de péché qui doive te faire peur ; aujourd’hui,
c’est la fête, sois joyeuse ma petite chérie, car nos roses flétrissent trop rapidement ».
Le poème est illustré de frises verticales aux roses et d’un dessin représentant une fanfare, œuvres de Robi Wetzel.
Min Menschtertal
Numéro 3
Robi Wetzel illustre, comme pour les deux numéros précédents, la couverture de ce troisième numéro d’un dessin en médaillon représentant la chapelle Sainte
Croix de Wihr-au-Val. Cette chapelle a échappé aux destructions de la guerre 1914/1918.
Min Gleck ! En guise d’éditorial, Émile Wetzel entonne dans ce poème écrit en dialecte munstérien, un véritable chant d’Amour à sa petite « Heimat », qu’il a eu la
chance de retrouver : « J’ai enduré des heures amères et mauvaises, jusqu’à ce que j’ai à nouveau vu Munster… des larmes de bonheur ont coulé sur mes joues, mon
bonheur je l’ai trouvé près de toi ma Heimat ». Le poème est illustré par un dessin de Robi Wetzel, représentant Munster à l’aurore d’un nouveau jour.
Henri Greney, dans ce texte écrit en français, célèbre « la joie légitime » du 14 juillet dernier (1919), fêté avec « émotion et patriotisme », par les habitants de
Munster sa « petite ville blessée et martyre ». Il raconte comment son grand-père vivait pendant « les longues années d’esclavage » dans l’espoir du retour à « la Mère
Patrie ». « Grand-père n’avait qu’un désir : voir arriver du haut des chaumes la glorieuse armée d’autrefois, entendre dans les rues et ruelles le chant de la Marseillaise
et puis... mourir en paix ». Lui-même enfant, comment son « poing d’enfant s’étendait », une fois la porte de la maison refermée en entendant « la lourde marche et
l’ignoble chanson des Allemands », célébrant le jour anniversaire de l’empereur.
Le texte d’Henri Greney est illustré par un dessin de Robi Wetzel représentant un grand-père entouré de ses petits-enfants, écoutant au coin du feu les récits de l’aïeul.
Dessin aquarellé, avec légende rédigée en dialecte, du dessinateur Hans Matter, représentant une scène de badinage entre deux jeunes filles et un jeune garçon
de la vallée. La jeune fille n’en « mourra pas si son chéri la trompe... »
La revue publie « le discours vibrant de patriotisme » prononcé en français par, le maire de Munster M. Leonhardt, à l’occasion de la fête du 14 juillet 1919. Le
maire avoue son hésitation sur l’opportunité de cette fête « au milieu des décombres et des ruines », dans « un décor de deuil et de désolation », mais comme le rédacteur de la revue Émile Wetzel, il a choisi « la vie qui renaît » et de s’abandonner sans réserve à la joyeuse célébration de « la victoire et la paix » en y associant « les
brillants officiers, les braves et vaillants poilus ainsi que les morts bien aimés ». Il veut célébrer aussi la délivrance de ceux qui pendant « 4 longues années ont connu
« en exil les dures et multiples privations ». M. Leonhart remercie dans ce discours, M. André Hartmann, qui « a pris la décision de reconstruire toutes les usines » et
veut encourager ses concitoyens à « collaborer à l’œuvre commune du relèvement », pour un « renouveau de prospérité ». Il évoque de façon ténue, « la lenteur » de
l’État, qui « ne convient guère à l’industrie et au commerce ». Un mot d’ordre pour « remplir le long et difficile programme » du relèvement : « rester rapprochés et
unis après le danger ». « Quelle joie », conclut-il « de pouvoir jeter les trois mots : liberté-égalité-fraternité, aux échos de nos montagnes, de ces Vosges dont la ligne
bleue ne marque plus une séparation ».
La rédaction propose pour la deuxième fois, en version bilingue (français/allemand), à ses lecteurs « admirateurs de la belle vallée », une promenade touristique:
Munster-Narrenstein-Haslach-Hohrothberg-Hohroth-Munster. Le Linge est signalé, avec « ses tranchées et ses sapes… où tant de braves chasseurs alpins ont trouvé
une mort héroïque ».
La rédaction fait également part de « difficultés à caractère financier » que connaît la revue. Des lecteurs de Munster, de Colmar, de Mulhouse et même d’Epernay et
de Rochefort sont remerciés pour avoir apporté de « petites sommes », à la revue.
Ces encarts publicitaires, comportent comme ceux du deuxième numéro de la revue, des publicités rédigées en bilingue (français/allemand), pour des hôtels-restaurants qui ont repris leur activité : le restaurant Kempf de Metzeral, avec l’indication « village détruit » et l’hôtel Moenchberg. La réouverture de la boulangerie Stahl,
située 41 Grand’Rue à Munster (actuellement : boucherie traiteur Ackermann) y est également annoncée. La rédaction réserve, cependant la plus grande place à la
publicité pour la revue, cherchant une fois de plus à inciter les lecteurs à « acheter et propager » « Min Menschtertal ».
Cette page de la revue comporte comme dans le numéro précédent une publicité, rédigée en français, pour l’hôtel familial des Wetzel : « Aux armes de Munster », situé 74 Grand ‘Rue, ainsi qu’une publicité en bilingue : allemand/ français, pour l’hôtel restaurant Pflixbourg, où il est indiqué « English spoken » : information
destinée aux soldats américains, se trouvant encore dans la vallée.
D’Madame Maire : poème humoristique écrit en dialecte munstérien, de Jean Wahler où l’auteur raille le maire et le « Kreisdirektor ».
Wihrer / Kapelle : La chapelle Sainte Croix de Wihr-au-Val dessinée par Robi Wetzel.
Die Kapelle. Ce texte, rédigé en allemand par Amicus (auteur anonyme) raconte de façon lyrique et pleine de religiosité la légende et l’Histoire de la chapelle Sainte
Croix de Wihr-au-Val. Cette chapelle dit l’auteur, qui « a partagé joies et douleurs des générations », avant d’avoir « le cœur en pleurs » à la vue des combats d’Août
et Septembre 1914. Elle qui vit « les corps éclatés et en sang » des jeunes chasseurs alpins, les obus détruire la vallée, contemplant maintenant les champs de ruines de
ce « joli Munster », autrefois « couronne de perles des petites villes alsaciennes », jusqu’à ce que pointe « l’aurore » de la paix. L’auteur espère qu’un « nouveau jour
resplendira », que « les murs blancs » de la chapelle ne verront plus « qu’un peuple heureux, au milieu des champs ressuscités, en fleurs et fertiles ».
Dessin humoristique de Robi Wetzel comportant une légende rédigée en dialecte. On y voit une ville en ruines, où seul circule un joyeux contrôleur des impôts.
An d’Elsasser Büewe ! Ce poème anonyme, écrit en dialecte munstérien, au ton sarcastique, s’adresse « aux garçons d’Alsace, qui, comme l’auteur se sentent délaissés,
par les filles alsaciennes, qui leur préfèrent « les soldats français, anglais, yankees, cinghalais ou de Madagascar », qui eux sont « en vogue ». Il est proposé de se retrouver entre garçons, afin de fonder « une ligue contre les Alsaciennes », plutôt que de s’adonner à la boisson.
Vive di Maidler un der Wi ! Mélodie en dialecte munstérien, composée par Émile Wetzel, qui signe Mila, sur l’air de la Madelon... Cette mélodie est illustrée par Robi Wetzel.
Il s’agit d’un texte épicurien, où Émile Wetzel exprime ce qu’il y a de meilleur pour lui dans la vie : « les filles et le vin ». Le meilleur des remèdes, lorsque « souffrances
et soucis nous rongent ». Ressentant, après les années de guerre, une profonde envie de vivre, il clame : « il n’est pas trop tard pour aimer, prenez donc ce verre et entonnons ensemble, vive, vive et encore vive les filles et le vin ».