les champignons hallucinogènes à travers la philatélie

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les champignons hallucinogènes à travers la philatélie
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Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2009, 148, 135-162
LES CHAMPIGNONS HALLUCINOGÈNES
À TRAVERS LA PHILATÉLIE (*)
Lionel LESAFFRE, Étienne JOUZIER (1), Jean-Pierre LABOUYRIE (1),
Alain BADOC (2)
INTRODUCTION
Les champignons hallucinogènes entretiennent avec l’Homme une
relation des plus paradoxales : à la fois élevés au rang de dieux comme de
créations démoniaques, ils accompagnent et ont influencé l’humanité depuis
ses débuts. Parmi les quelques 200 taxons recensés par Guzmán et al. [2 ],
certains ont eu, et ont parfois encore, une influence culturelle remarquable,
et offrent un champ d’étude et de recherche impressionnant pour des
disciplines telle que l’ethnomycologie.
La philatélie nous permet d’aborder sous un aspect épistémologique
original ce sujet pourtant vaste, dont l’étude s’étend au travers de diverses et
parfois très différentes disciplines des sciences dites « naturelles ».
Enfin, l’iconographie proposée nous permet d’apprécier un sujet
avec une abondante illustration allant du symbolisme ou de la représentation
artistique jusqu’au véritable dessin naturaliste.
(*)
(1)
(2)
Manuscrit reçu le 15 décembre 2008.
Laboratoire de Biochimie fondamentale et clinique, Faculté des Sciences
pharmaceutiques, Université Victor Segalen Bordeaux 2, 146, rue Léo-Saignat,
33076 Bordeaux Cedex. [email protected]
GESVAB-EA 3675, Faculté des Sciences pharmaceutiques, Université Victor
Segalen Bordeaux 2, ISVV, 210 Chemin de Leysotte, CS 50008, 33882 Villenaved’Ornon. [email protected]
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LYCOPERDON
Quelques Lycoperdons, de la famille des Lycoperdacées, sont
réputés psychoactifs par ingestion.
Lycoperdon candidum Pers. (= L. marginatum Vittad.), L.
oblongiosporum Berk. et M.A.Curtis, Vascellum pratense (Pers.:Pers.)
Kreisel et V. qudenii (Bottomley) P.Ponce de León (= Lycoperdon
mixtecorum R.Heim) présentent un exopéridium (enveloppe externe du
carpophore) carrelé, sessile, de 3 cm de diamètre, une gléba fauve violette
avec des spores sphériques, brunâtres, fortement tuberculeuses.
Vascellum intermedium A.H.Sm. (= Lycoperdon cruciatum auct. non
Rostk.) a un exopéridium de 3 cm de diamètre couvert d’aiguillons
pyramidaux formant un carrelage souvent continu, sessile, une gléba ocre
beige et des spores petites et apparemment lisses.
À l’ouest du Mexique, les Mixtèques, dans les environs de Tlaxiaco,
région montagneuse de la Mixteca, où le culte de « Teonanàcatl » est absent,
consomment ces champignons au petit jour, frais ou secs, quelques jours à
quelques semaines après récolte [4]. De même, les Mazatèques ont obtenu
une léthargie environ une demi-heure après l’ingestion au cours de laquelle
le sujet entend des voix et pose des questions auxquelles ces voix peuvent
répondre.
Au Nord du Mexique, Lycoperdon
candidum est nommé « Kalamoto » par les
Tarahumaras et consommé pour approcher les gens
sans être vus ou pour leur jeter un sort et les rendre
malades [8].
Heim [3] parle d’essais d’ingestion réalisés qui ne semblent pas avoir
conduit qu’à des résultats négatifs. Cependant, les bio-essais réalisés par
Jonathan Ott furent décevants. Enfin, certains auteurs pensent que ces
mycètes pourraient être utilisés en association avec d’autres hallucinogènes.
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CHAMPIGNON DE BAMBOU
Le Satyre voilé, Phallus indusiatus Vent. (= Dictyophora indusiata
(Vent. ex Pers.) Desv. = D. phalloidea Desv.), de la famille des Phallacées,
est entouré d’une jupe en forme de filet, l’indusium, qui retombe tout autour
du chapeau conique sur une quinzaine de centimètres. Ce voile à l’aspect de
dentelle peut, une fois ouvert, être polyédrique ou rond. Il ne subsiste
qu’une quarantaine de minutes sur le carpophore. Le chapeau, de 2 à 4 cm,
est couvert d’une substance gluante brun verdâtre. Le pied mesure de 7 à
25 cm de hauteur et 2 à 5 cm de large.
Bien que régulièrement listé parmi les champignons psychotropes,
on n’a pas encore découvert de principe psychodysleptique chez cette
espèce.
C’est un comestible au stade œuf appelé Champignon de Bambou
très recherché en Asie. Sa culture s’est développée ces dernières années et
les prix ont fortement baissé. C’est aussi une espèce médicinale avec
diverses propriétés : antioxydantes [7], neuroprotectrices [6], etc. L‘odeur de
ce champignon lorsqu’il vient d’éclore serait susceptible de déclencher chez
certaines femmes un orgasme spontané, alors que les hommes ont tendance
à trouver que l’odeur est plutôt désagréable, voire fétide [5]. Il semblerait
que cette particularité ne concerne que la souche hawaïenne.
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PSILOCYBE
Le genre Psilocybe, de la famille des Strophariacées est bien connu
pour ses propriétés hallucinogènes [1].
Psilocybe aucklandii Guzmán, C.C.King et Bandala présente un
chapeau de 1,5-5,5 cm de large, largement conique, s’élargissant et
devenant bosselé puis presque plan à maturité, à marge striée, retournée,
irrégulière et s’ouvrant avec l’âge, sans restes de voiles, hygrophane, allant
du brun jaunâtre pâle au jaune paille. Sa chair est blanche, bleuissant avec
l’âge ou les blessures. Les lamelles sont adnées, brun jaunâtre grisâtre,
s’assombrissant à maturité, avec des arêtes blanchâtres. Le pied de
3,5-10 cm de long et 1,5-5 mm de large présente des fibres soyeuses
blanchâtres parfois recouvertes de pruine. Sa chair est brunâtre, bleuissante.
Le voile partiel est cortiné, peu développé, disparaissant peu après. La
sporée est chocolat à brun pourpre et les spores sont ovoïdes, ellipsoïdes, de
(6,5) 7-9,5 x 3,5-5,5 microns [9].
À l’heure actuelle, aucun usage
traditionnel de cette espèce ne semble connu.
Néanmoins, les psychonautes habitant dans les
régions où pousse cette espèce la recherchent
pour la consommer.
P. aztecorum Heim emend. Guzmán possède un chapeau de
1,5-3,5 cm de large, conique ou campanulé au départ, puis convexe,
s’élargissant, devenant plan ou élevé à complète maturité,
occasionnellement déprimé au niveau du pied, de surface visqueuse à
l’humidité, douce, avec des stries translucides à la marge. Il est brun
châtaigne foncé, fortement hygrophane, passant du jaune paille au presque
blanc en séchant, parfois bleuissant, typiquement le long du bord du
chapeau. Les lamelles sont adnées à adnexées (presque adnées), gris pourpre
clair à brun pourpre foncé, à arêtes blanches. Le pied de (25) 55-75 (95) mm
de long sur 3-4 mm de large est plus fin à la base et vers l’apex, droit à
courbé, pruiné en surface et muni de fibrilles en soies par dessous. Des
rhizomorphes blancs partent de la base du pied. Ce dernier est blanchâtre à
grisâtre, bleuit facilement. Le voile partiel est cortiné, blanc, disparaissant et
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laissant parfois une zone annulaire sur la partie supérieure de la tige. La
sporée est violet sombre et les spores ellipsoïdes, de 10,5-14 x 7-9 microns.
Typique de l’étage alpin du Popocateptl (plus de 3000 m d’altitude)
au Mexique, ce champignon pousse dans des lieux herbeux et humides à
graminées et alchémilles. Son aire de distribution semble très limitée.
Gordon Wasson l’a ramené d’une de ses expéditions en 1955 aux
États-Unis.
Cette espèce nommée « Petit enfant des eaux », était utilisée par les anciens
Aztèques et entre dans des rites religieux appelés véladas.
P. caerulescens Murrill var. caerulescens (= P. caerulescens var.
albida R.Heim = P. caerulescens var. mazatecorum R.Heim =
P. mazatecorum R.Heim = P. caerulescens var. nigripes R.Heim) présente
un chapeau de 1,5-9 cm vert foncé à jaune brun foncé allant jusqu’à rouille,
de forme conique jeune, s’élargissant avec l’âge, à marge incurvée jeune,
hygrophane. Les lamelles sont serrées, de couleur cannelle clair à brune,
s’assombrissant avec l’âge, à arêtes blanches. Le pied de 3,5-10 cm est de
couleur crème, creux. Le voile tombe dès les premiers stades de croissance.
La sporée est brun pourpre foncé et les spores sont ellipsoïdes.
Découverte en 1923 par Murill en Alabama, cette espèce est souvent
utilisée traditionnellement au Mexique. Elle affectionne particulièrement la
bagasse (déchets de canne à sucre) où elle pousse souvent en touffes.
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Par sa taille et ses concentrations
importantes en principes actifs, c’est une
espèce très active. Les Mazatèques
appellent la sous-espèce mazatecorum
« Nti si tho k iso » [champignon des
éboulements]. La sous-espèce. nigripes,
reconnaissable à son pied noir et
affectionnant les terrains humiques en
pays Chatino, est nommée « Cui ya jo o
su » [champignon saint puissance].
Psilocybe coprophila (Bulliard ex Fries) Kummer a un chapeau
d’1-3 cm de large, convexe ou hémisphérique, à bordure parfois finement
appendiculée, à stries translucides jusqu’à la moitié du disque. Il va du brun
orangé au brun rougeâtre, est hygrophane, de surface visqueuse lorsqu’il est
humide, avec une pellicule gélatineuse qui peut-être facilement enlevée. Il
est lisse sur le dessus avec des fibrilles chamois le long de la bordure. Sa
chair est relativement fine et presque de la même couleur que le chapeau.
Les lamelles sont adnées, larges et subdistantes, de couleur brun grisâtre au
début, puis brun pourpre profond à noire lorsque les spores sont à maturité.
Le pied de 20-60 mm de long et 1-3 mm de large est presque égal, jaune à
brun jaunâtre, à surface sèche couverte de fibrilles éparses. Le voile partiel
est réduit à absent et bleuit parfois au niveau du mycélium. La sporée est
brun pourpre sombre et les spores subellipsoïdes, de 11-15 x 6,5-9 microns.
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Psilocybe coprophila est une espèce
coprophile, abondante sous les tropiques, et non
psychotrope.
P. cubensis (Earle) Singer (= Stropharia cubensis Earle =
P. cubensis var. caerulescens (Murrill) Singer et A.H.Sm.) a un chapeau de
(15-) 25-70 (-85) mm de diamètre, conique à convexe, devenant campanulé
et s’élargissant progressivement jusqu’à devenir plat, de couleur cuivre à
brun clair, hygrophane en séchant, bleuissant à la marge lorsqu’il est abimé,
avec des restes de voile Les lamelles sont adnées ou adnexées à séparables,
gris sombre au départ, puis gris pourpre foncé à brun pourpre foncé, parfois
marquées de lignes blanches. Le pied de (40) 70-120 (170) x (4) 8-13 (16)
mm est égal, creux, blanchâtre à blanc crème devenant brun jaune, virant
facilement au bleu lorsque blessé, fibrilleux sous l’anneau. La sporée est
chocolat à brun pourpre et les spores font (11) 13,2-15,4 (17,6) x 7,7-9,9
(12) microns.
Cette espèce très polymorphe, répandue dans la quasi-totalité des
régions tropicales, semble être originaire de l’Asie du Sud-Est.
Extrêmement coprophile, elle est parfois cultivée traditionnellement sur les
bouses de divers ruminants (éléphants, par exemple). Selon Heim [3], elle ne
serait apparue au Mexique qu’après la venue des Espagnols et leur
introduction des bovins sur le continent méso-américain.
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P. cubensis est utilisé traditionnellement dans différentes parties du
monde, soit comme inébriant (en Asie du Sud-Est), soit à des fins rituelles et
curatives (Amérique Centrale et du Sud). Son usage traditionnel au Mexique
est un peu différent des autres espèces utilisées : il est souvent considéré
comme un « second choix » et suspecté d’être partiellement toxique. La
célèbre chaman Maria Sabina ne le consommait pas.
De nos jours, il s’agit
certainement du champignon
hallucinogène le plus consommé au
monde : de culture très facile, il existe
maintenant un marché (notamment
aux Pays-Bas) et des fermes de
cultures qui fournissent tous les jours
de grandes quantités de ce
champignon à travers le monde.
Les champignons issus de culture sont en principe plus grands et
plus concentrés en principes actifs (plus de nourriture, moins de
concurrence). Les premières méthodes de cultures « artisanales », en dehors
d’un laboratoire classique, apparurent au cours des années 1970, notamment
les cultures sur substrat de vermiculite + céréales. En 1981, la méthode dite
« PF-Tek », basée sur l’inoculation des milieux de culture à l’aide de
solution sporée directement dans un bocal rempli de milieu stérilisé,
inventée par l’undergrounder Professeur Fanaticus à Seattle, permit à la
culture artisanale des Psilocybes de prendre son essor.
Suite au décès d’une jeune française de 17 ans lié à l’absorption
d’une dose massive de champignons, la Hollande interdit fin 2008 la culture
et la vente de certains champignons hallucinogènes.
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Psilocybe mexicana R.Heim a un chapeau de 0,5-3 cm de large,
conique à campanulé voire bosselé, convexe à maturité, parfois avec une
petite bosse. Sa surface est visqueuse à lisse lorsque humide, striée depuis la
bordure jusqu’à la moitié du disque. La marge est parfois décorée de fines
fibrilles. Il est de couleur brunâtre à brun orangé foncé, passant en séchant
au jaunâtre, devenant opaque, parfois avec des tons bleus lorsqu’il vieillit ou
qu’il est blessé. Les lamelles sont adnées ou adnexées, parfois sinueuses, du
gris pâle au brun pourpre sombre, lorsque les spores sont à maturité, avec
des arêtes typiquement blanches. Le pied, de 40-125 mm de long sur
1-3 mm de large, est fin, égal à plus fin à la base, lisse et creux, jaune paille
à brunâtre, s’assombrissant avec l’âge ou si blessé. Le voile partiel est
finement fibrillé, blanchâtre, laissant des restes fibrilleux sur la partie
supérieure du pied. Ce dernier est de chair brun rougeâtre, bleuissant aux
blessures. La sporée est brun pourpre sombre à brun pourpre noir et les
spores sont subellipsoïdes, de 8-9,9 (12) x 5,5-7,7 (8) microns.
C’est le Psilocybe le plus courant du Mexique. Il pousse en
exemplaires isolés ou en petit nombre sur différents biotopes.
Il est très recherché par les Indiens qui le nomme « angelito » en
espagnol, « nti si tho ni se » en mazatèque [nti = affectueux ; si tho = nom
donné à tous les champignons magiques ; ni se = l’oiseau], « cui ya jo’o ki »
en chatino [champignon saint des prairies], « piule des churis » [petit
narcotique] en dialecte zapotèque, « pirtpa » en mixtèque…
Psilocybe mexicana est le plus populaire
des Psilocybes. La psilocine (4-OHdiméthyltryptamine) et la psilocybine (son ester
phosphorique [1]), les deux principaux alcaloïdes
psychotropes responsables des effets visionnaires,
furent isolées par Albert Hofmann dans
P. mexicana. C’est avec ce champignon que
Gordon Wasson fit l’expérience d’une « vélada »
avec la célèbre chaman Maria Sabina, et fut ainsi
le premier occidental à assister au culte sacré du
champignon au Mexique [8].
De nos jours, ce champignon est très cultivé par les psychonautes, au
même titre que P. cubensis. Il produit plus facilement en culture des
sclérotes que des carpophores, et est le plus souvent consommé sous cette
forme. Ces sclérotes sont appelés de « pierre du philosophe » [philosopher’s
stones]. Pour les obtenir, on prolonge l’incubation des cultures.
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Psilocybe stuntzii Guzmán et Ott présente un chapeau de 1,5-5 cm de
large, obtus à conique, devenant convexe-bosselé ou plat avec l’âge, à bord
rayé et translucide, visqueux quand il est humide à cause d’une pellicule
gélatineuse, hygrophane, brun marron foncé, plus clair vers le centre,
parfois olive verdâtre, passant au brun jaunâtre pâle ou jaune pâle. Les
lamelles sont adnées à adnexées, proches à subdistantes et modérément
larges. Le pied, de 30 à 60 mm de long sur 2-4 mm d’épaisseur est élargi à
la base, avec des restes de voile persistants, et bleuit toujours s’il est blessé
et après ouverture du chapeau. Sa moelle est blanchâtre et se tache de bleu à
bleu-vert lorsque blessé. La sporée est pourpre foncé à brun grisâtre et les
spores font 9-12 x 5,5-8,3 x 5-7,7 microns.
Il affectionne particulièrement les pelouses arrosées
automatiquement des établissements scolaires, parcs, terrains de football,
baseball… Cette espèce parfois très abondante (Oregon, Puget Sound et
autre zones du Nord-Ouest des États-Unis) est avidement ramassée par les
psychonautes et même cultivée.
Psilocybe subcubensis Guzmán a un chapeau de (10) 8-50 (70) mm
de diamètre, conique à convexe, devenant campanulé et s’élargissant
progressivement jusqu’à devenir plat, de couleur cuivre au centre à brun
clair, hygrophane en séchant, avec des restes de voile, bleuissant sur sa
marge lorsqu’il est abimé. Les lamelles sont adnées ou adnexées à
séparables, gris sombre au départ, devenant gris pourpre foncé à brun
pourpre foncé, parfois marquées de lignes blanches. Le pied de (30) 50-80
(100) x (3) 4-6 (10) mm, est égal, creux, blanchâtre puis blanc crème ou
brun jaune, virant facilement au bleu lorsque blessé, fibrilleux sous
l’anneau. La sporée est chocolat à brun pourpre et les spores mesurent (9,9)
11-13 (14) x 7,7-8,8 x 6,6-7,1 microns.
On ne lui connait pas d’usage traditionnel. Il est cultivé par les
psychonautes, mais moins fréquemment que P. cubensis avec lequel il est
souvent confondu.
P. zapotecorum R.Heim:Guzmán présente un chapeau de 4 à 11 cm
de diamètre, très irrégulier, bosselé, bombé et asymétrique, avec mamelon
puissant et une marge enroulée puis relevée. Il va du citrin au brun noir
foncé. La dessiccation provoque sur le chapeau hygrophane une teinte ocre
miel maculée de taches brun pourpre et bleu vert. En culture, on observe un
voile floconneux et blanc avec des pustules blanches qui persistent durant
les premiers stades de croissance du chapeau en lignes marginales radiales.
Les lamelles sont de teinte crème rosé virant rapidement au violet noir,
l’arête restant blanche. Le pied est très long, jusqu’à une vingtaine de
centimètres, irrégulier, inégal, tordu, parfois presque enroulé, grêle,
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grossièrement strié et très fibreux, élastique, avec une écorce dure et
épaisse. Il est polychrome, d’abord crème, ponctué de gris bleuté, de rosâtre,
de mauve, de violet, d’olive, de vert, de bleu, et peut devenir noir bleuâtre.
Le cortex est brun pourpre et la chair cotonneuse et blanche bleuit
facilement. La sporée est chocolat à brun pourpre.
Vivant isolé ou en faisceaux en
terrains inondés et marécageux, ce gros
et très rare Psilocybe figure parmi les
espèces les plus recherchées par les
Indiens. Il possède de très fortes
concentrations en tryptamines, ce qui en
fait un champignon aux effets très
puissants.
Les Zapotèques le nomment « piule de barda » [narcotique de la
couronne d’épines du Christ] ou « mbey san » [champignon saint], alors
qu’il est connu sous le vocable de « cui ya jo o tnu » [grand champignon
sacré] chez les Chatinos.
PANAEOLUS
Panaeolus papilionaceus (Fr.) Quél. var. papilionaceus sensu auct.
non s. Ew.Gerhardt (= P. campanulatus (L.:Fr.) Quél.), de la famille des
Coprinacées, présente un chapeau de (1) 2-5 (6) cm de large, obtus conique,
devenant campanulé avec l’âge et possédant une bordure décorée de petits
restes de voile en dents blanchâtres, occasionnellement avec une bosse
obtuse. Il est brunâtre à brun rougeâtre avec parfois des nuances grisâtres,
voire cannelle chamois grisâtre tout en restant plus fauve sur le disque. Il
n’est pas particulièrement hygrophane et s’éclaircit en séchant. Sa surface
est relativement lisse sur les jeunes carpophores et peut être finement ridée à
horizontalement craquelée sur les spécimens âgés, exposant une chair de
couleur plus claire, humide à lisse lorsque mouillée mais séchant
rapidement. Sa chair est plus fine sous le chapeau et vers les bords, presque
de la même couleur que le chapeau. Les lamelles sont adnexées et presque
séparées du pied, proches à subdistantes, modérément larges, grisâtres au
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départ, devenant bariolées de noir grisâtre foncé avant la libération des
spores. Le pied de 60-140 mm de long sur 1,5-3,5 mm d’épaisseur est égal,
tubulaire, fibreux et légèrement strié vers l’apex, de couleur brunâtre,
recouvert de pruine grisâtre. La sporée est noire et les spores sont ovales en
forme de citron, de 15-18 x 10-12 microns.
Bien que longtemps considéré comme hallucinogène, ce
champignon ne semble pas contenir de principe actif.
Panaeolus sphinctrinus (Fr.) Quél. (= P. campanulatus var.
sphinctrinus (Fr.) Bres.) a un chapeau de (1) 2-5 (6) cm de large,
obtusément conique devenant campanulé avec l’âge, occasionnellement
avec une bosse obtuse, décoré à la marge de petits restes de voile en dents
blanchâtres. Il est brunâtre à brun rougeâtre parfois noir devenant fauve avec
l’âge, parfois hygrophane, de surface lisse avant de se rider et de se
craqueler avec l’âge. Les lamelles sont adnexées et presque séparées du
pied, proches à subdistantes, modérément larges, de couleur grisâtre au
départ, devenant bariolées de noir grisâtre foncé avant la libération des
spores. Le pied de 4-6 cm x 1,5-3,5 (5) mm est égal, tubulaire, fibreux et
finement strié vers l’apex, brunâtre recouvert de pruine grisâtre, tirant sur le
brun rougeâtre au séchage. La sporée est noire et les spores ovoïdes, en
forme de citron, de 15-18 x 10-12 microns.
Bien que longtemps suspectée psychoactive, cette espèce n’a rien
montré à l’analyse chimique.
Le genre Panaeolus ne semble compter qu’une espèce
hallucinogène, P. subalteatus. Les Panaeolus auparavant signalés comme
actifs sont rangés maintenant dans le genre Copelandia.
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GYMNOPILUS
Gymnopilus spectabilis (Fr.) A.H.Sm. (= G. spectabilis (Fr.) Singer
var. junonia (Fr.) J.E.Lange = G. junonius (Fr.) P.D.Orton = Pholiota
spectabilis Fr. var. junonia (Fr.) J.E.Lange), de la famille des
Cortinariacées, possède un grand chapeau pouvant dépasser 18 cm de large,
habituellement largement convexe, de surface sèche avec de petites écailles
sur la marge, de couleur claire, avec des nuances d’orange allant du jaune
chamois au jaune tanné, devenant rouille avec l’âge, très amer. Les lamelles
sont proches à serrées, jaune pâle à orange pâle, devenant rouille avec l’âge.
Le pied de 8-10 mm de long, 6-16 mm vers l’apex, est clavé vers le bas, de
même couleur que le chapeau. Le voile partiel laisse une zone presque
membraneuse ou fibrilleuse vers l’apex. La sporée est brun rouille à brun
orange à l’hydroxyde de potassium et les spores mesurent 8-10,2 x (4,5)
6,6-7,3 microns.
On n’a pas d’usage traditionnel de ce
champignon extrêmement amer. De grandes
quantités sont nécessaires pour obtenir un
effet. Ses propriétés sont connues au Japon
depuis des siècles où on le nomme
Waraitake [Champignon rieur] ou OWaraitake [Gros champignon rieur]. Il est
parfois consommé par les psychonautes,
mais est considéré comme un second choix.
Il est parfois mélangé à des bêta-carbolines
afin d’accentuer ses effets.
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CONOCYBE
Conocybe silligenoides R.Heim, de la famille des Bolbitiacées, a un
chapeau de 2,5 cm de diamètre brun rougeâtre, orange intense au centre. Les
lamelles sont couleur safran ou brun orangé. Le pied atteint 8 cm de
longueur. La sporée est jaune chrome.
Ce très joli champignon vit sur le bois pourri. Il est rare et signalé au
nombre des espèces de champignons sacrés du Mexique.
Aucun alcaloïde psychotrope n’a été
isolé chez cette espèce, mais la psilocybine a
été décelée chez une espèce proche des
États-Unis, Conocybe cyanopus. On a
découvert récemment en Côte d’Ivoire un
culte rudimentaire voué à un Conocybe
appelé « Tamu » [champignon de la
connaissance].
AMANITE PANTHÈRE
Amanita pantherina (DC.: Fr.) P. Kumm., de la famille des
Amanitacées, inclut trois variétés : var. mutisquamosa (Peck) Jenkins, var.
pantherinoides (Murrill) Jenkins et var. velatipes (Atkinson) Jenkins.
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Son chapeau de 6 à 12 cm de diamètre est fortement bombé puis
convexe et aplani, visqueux lorsqu’il est frais, lustré par le sec, gris bistre,
fuligineux, gris olivacé, châtain, plus clair sur les bords qui sont striés,
parsemés de petites verrues blanches qui sont des restes de la volve,
subglobuleuses. Sa chair est humide, tendre, blanche même sous la cuticule,
à très légère odeur de rave, à saveur douce. Les lamelles sont nombreuses,
larges, libres ou adnées, en pointes, blanches, serrées, farineuses sous
l’arête. Le pied de dimensions variables, soit fragile et élancé, soit trapu,
glabre et blanc, est rempli d’une moelle soyeuse, puis creux. Il est constitué
d’un bulbe globuleux à la base, surmonté d’une bordure membraneuse en
forme d’anneau, et généralement d’un ou deux autres bourrelets annulaires
moins nets le surmontant, autres restes de la volve, et d’un anneau souvent
oblique, situé vers le milieu du pied, étroit, non descendant, non strié ou à
peine. La chair est blanche, sans gout ni odeur. La sporée est blanche et les
spores de 8-12 x 7-8 microns sont ovoïdes et non amyloïdes.
Cette Amanite toxique se rencontre dans toutes les forêts de tout
l’hémisphère Nord et en Afrique du Sud.
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Cette espèce, responsable de nombreuses intoxications parfois
sévères, n’a pas fait l’objet d’un usage traditionnel.
Les symptômes de l’intoxication sont semblables à ceux engendrés
par la Tue-mouches, mais beaucoup plus importants, car il semblerait
qu’A. pantherina contienne des concentrations plus importantes
d’alcaloïdes.
Malgré sa toxicité, cette espèce est parfois ingérée après un
ébouillantage ou une cuisson prolongée qui semble altérer la puissance des
alcaloïdes : Planchon rapporte la macération de ce champignon dans la
« piquette » pour produire l’« Aïgedo » des Cévenols, consommé sans
danger (certains pensent que l’acide acétique pourrait intervenir sur les
effets de cette préparation). Fabre mangeait aussi cette Amanite, et Jonathan
Ott a rapporté la consommation de « chips » d’Amanite panthère sans aucun
problème.
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AMANITE TUE-MOUCHES
Amanita muscaria (L.:Fr.) Hook. renferme les sous-espèces
muscaria, americana (Lange) Singer, flavivolvata Singer (= var.
flavivolvata (Singer) Jenkins) et kamtschatica (Langsd.:Fr.) Singer avec ses
variétés alba Peck, formosa (Pers.:Fr.) Bertillon, persicina Jenkins et
kamtschatica.
L’Amanite tue-mouches présente un chapeau de 8 à 20 cm régulier,
convexe, puis plan et visqueux à l’état humide, rouge vif brillant allant
jusqu’au rouge sang ou à l’orangé, parsemé de verrues blanchâtres, à marge
finement striée. Le chapeau peut perdre ses écailles avec la pluie. Sa chair
est blanche, immuable, spongieuse et tendre, presque inodore, insipide,
jaune sous la cuticule. Les lamelles sont serrées, minces, ventrues, libres,
finement dentelées sur l’arête, blanches ou crème très pâle. Le pied est
élevé, robuste, parfois élancé, raide, ferme, plein mais médulleux, finement
floconneux, lisse ou à peine strié au sommet, blanc ou lavé subtilement de
citrin, terminé par un gros bulbe arrondi, sans volve proprement dite,
accompagné de bourrelets circulaires, concentriques et épais. On note la
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présence sur le haut d’un anneau lâche, floconneux, à peine strié, blanc ou
bordé de citrin. La sporée est incolore à blanc pur et les spores de 10-11 x
6,5-8 microns sont ovoïdes, lisses, non amyloïdes.
On le rencontre sous les épicéas, les bouleaux, dans l’hémisphère
nord et en Australie.
L’Amanite tue-mouches est certainement l’hallucinogène le plus
ancien utilisé par l’humanité et aussi probablement celui qui fut le plus
largement employé. Son nom vient de l’usage que l’on en faisait au MoyenÂge à des fins insecticides : le chapeau était coupé en plusieurs morceaux et
mis à tremper dans une assiette creuse remplie de lait. Ce dispositif semblait
assez efficace pour attraper les mouches. En effet, l’acide iboténique,
précurseur carboxylé du muscimole, a des propriétés insecticides.
153
La relation qui existe entre ce champignon et l’homme date surement
de plusieurs millénaires : certains anthropologues pensent même que la
notion de « divin » apparue chez les Néandertaliens a peut-être été
engendrée par l’absorption de ce champignon. Certains auteurs pensent que
le fameux « Berseker » des Vikings, la boisson qui rendait fou furieux et
invincible tout combattant avant la bataille, pourrait être une préparation à
base d’Amanite tue-mouches.
Ce n’est pourtant qu’en 1730 que l’usage hallucinogène de cette
Amanite a été rapporté : à cette époque, un officier cartographe de l’armée
suédoise, Philip von Strahlenberg, fut prisonnier de guerre en Sibérie
pendant douze ans, et put ainsi se rendre compte que les chamans de
certaines tribus utilisaient la Tue-mouches comme inébriant.
154
Avant l’introduction de l’alcool dans ces régions, les champignons
étaient le seul moyen connu pour provoquer une ivresse. Cette coutume
s’est perpétrée en Sibérie chez plusieurs groupes isolés Finno-Ougriens,
ainsi que chez d’autres ethnies, comme le laissent supposer certaines
traditions. Les Koryaks racontent que le héros de leur culture, « GrandCorbeau », leur apporta les « wapaq » en les crachant sur la Terre, et
ordonna à son peuple de s’imprégner de leurs enseignements.
Entier postal.
155
Traditionnellement, on les faisait sécher au soleil ou au bord du feu
pour les consommer tels quels ou en décoction dans de l’eau, du lait de
Renne ou du jus de différentes plantes sucrées. Lorsqu’ils étaient
consommés secs, une femme devait d’abord les réhydrater dans sa bouche,
en faisant une boule avec sa salive, qu’on avalait ensuite. Cet usage
cérémoniel a donné naissance à la tradition des « buveurs d’urine » : en
effet, les Sibériens avaient découvert que les principes actifs du champignon
passaient à travers le corps sans être métabolisés, ou du moins, étaient
métabolisés en principes encore actifs. C’est ainsi que chez les Koryaks, où
il fallait être riche pour se procurer ces champignons — on pouvait parfois
échanger un animal contre un seul champignon ! —, les pauvres
s’amassaient autour des huttes des gens fortunés, et attendaient que les
convives sortent pour se soulager et recueillir dans un bol en bois leur urine
pour la boire. Il semblerait que l’urine soit encore active au bout de quatre à
sept passages !
Cette tradition des « buveurs d‘urine » liée au culte de l’Amanite
tue-mouches se retrouve aussi chez les Aryens de l’ancienne Inde védique,
il y a 3500 ans : sur plus de mille hymnes sacrés rapportés dans le
Rig-Véda, plus de 120 sont consacrés au « Soma », une plante magique
mystérieuse dont l’ethnomycologue Gordon Wasson (découvreur des
champignons sacrés du Mexique) finit par découvrir l’identité, preuve à
l’appui, au début des années 1970. Cette plante était en fait un mycète, et
plus précisément, Amanita muscaria ! Le Rig-Véda, collection d'hymnes
sacrés de l’Inde antique, mentionne clairement la consommation d’urine au
cours des rites du Soma : « Les hommes gonflés pissent le Soma qui
déborde ».
L’Amanite tue-mouches est aussi connue au Japon, où elle est
associée au lutin Tengu, considéré comme l’esprit de ce champignon appelé
« Beni-tengu-dake ».
156
Le continent Américain n’est pas en reste, et A. muscaria y est aussi
consommée : les Mayas du Guatemala connaissent ses propriétés, la
désignent sous le terme de « kakuljà-ikox » et l’associent à Rajaw Kakuljà,
le dieu de l’éclair. Le terme Quiché désignant cette Amanite est d’ailleurs
« kakul », rappelant ainsi son origine légendaire.
157
On a aussi récemment découvert un usage traditionnel d’Amanita
muscaria chez les Ojibways (= Ahnishinaubeg) du lac Supérieur du
Michigan. Le champignon est utilisé comme sacrement au cours d’une
cérémonie très ancienne, et y est appelé « osktimisk wajashkwedo ». Pour
certains anthropologues, la signification magico-religieuse de la
Tue-mouches sur le sol américain n’est due qu’à l’origine asiatique des
premiers hommes qui se sont installés sur le continent américain via le
détroit de Béring.
158
159
160
À l’heure actuelle, l’Amanite Tue-mouches est très peu utilisée dans
le cadre d’usage non traditionnel ; même chez les psychonautes, ce
champignon, par ses effets hallucinogènes de type délirogène, la difficulté
de dosage et à cause de la très grande puissance de ses effets, n’a pas une
image très populaire et est, le plus souvent craint au même titre, par
exemple, que les Solanacées vireuses. Il semblerait aussi qu’il existe des
différences dans les effets induits par ce champignon, selon qu’il provienne
d’une souche européenne (réputée très active et peu toxique) ou d’une
souche américaine (réputée peu active et plus toxique).
L’Amanite tue-mouches était consommée dans certains
départements français après une cuisson prolongée ou un ébouillantage.
L’intoxication, qui dure parfois plusieurs heures, est puissante et
provoque entre autres un larmoiement, une sudation, une salivation très
abondante, une forte impression d’ébriété, des phases de grande excitation
et de grande agitation alternant avec des phases de désespoir profond et de
prostration, des hallucinations très réalistes parfois effrayantes, des
impressions de macroscopie.
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Il n’a qu’un peu de muscaridine et des traces de mycotoxine et de
choline. Le pied moins dangereux est consommé dans certaines régions. En
homéopathie, on l’utilise contre les spasmes et les engelures.
CONCLUSION
Bien qu’ayant parfois mauvaise réputation, les champignons
hallucinogènes constituent un groupe hétéroclite d’espèces qui, par leurs
propriétés pharmacologiques fascinantes et originales, ont eu une influence
et une importance indéniable pour l’humanité, en de nombreux endroits
différents du globe. La philatélie nous permet d’avoir un aspect et une
iconographie originale pour l’étude de ce sujet, et nous apporte la preuve
que ces mycètes ont tout autant leur place que les espèces non psychoactives
dans l’approche actuelle de la mycologie.
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RÉFÉRENCES
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