le travail et le
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Chapitre 7 THÈME ■ LA PRODUCTION : UN ESPACE DE RELATIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Le fonctionnement productif des entreprises Deux secteurs à... Grand magasin ... intensités capitalistiques différentes Centrale nucléaire. Combiner les éléments nécessaires à la production d’une entreprise : quels enjeux ? ➜ À quoi servent le capital et le travail ? ➜ Qu’est-ce que produire ? ➜ Qu’est-ce que la productivité ? ➜ Quels sont les enjeux du partage salaire/profit ? Sommaire DOSSIER 1 : La combinaison productive A. Combiner différents facteurs de production B. La productivité mesure l’efficacité de la combinaison productive Activités DOSSIER 2 : La valeur ajoutée, résultat de la combinaison productive A. Définir la valeur ajoutée et ses composantes B. Les enjeux des transformations du partage de la valeur ajoutée Activités TRAVAUX DIRIGÉS TD : La nécessité d’une production rentable SYNTHÈSE DOSSIER 1 La combinaison productive En quoi consistent les deux facteurs de production utilisés : le travail et le capital. Quels sont, en particulier, les différents sens associés au mot « capital » et comment la combinaison de ce capital avec le travail permet-elle à l’entreprise de produire des richesses ? Avec quelle efficacité ? A. Combiner différents facteurs de production 1 Un exemple : la boulangerie Questions 1. Énumérer : lorsqu’un artisan boulanger s’installe à son compte, quelles sont les dépenses les plus importantes qu’il va devoir engager avant même de produire ? 2. Énumérer : au moment de produire du pain et des gâteaux, quelles sont les autres dépenses auxquelles il devra faire face ? 3. Déduire : le boulanger pourrat-il remplir seul l’ensemble des tâches nécessaires à son activité ? Quelles autres dépenses devra-t-il alors engager ? 2 Travail et capital e travail est le premier et le plus essentiel facteur de production. Le capital n’est qu’un facteur de production dérivé. Il est en quelque sorte du travail cristallisé ou, si vous préférez, en conserve. On peut toujours décomposer le capital en quantité de travail réalisé à un moment différent dans un passé plus ou moins lointain pour produire ce capital. […] Le capital est un bien produit par l’homme. […] Dans l’entreprise, le L 134 capital est représenté par le capital technique ou, si l’on préfère, par les biens de production. Ce sont les machines, les installations industrielles ou agricoles, les réseaux de communications et de transport de l’énergie, ou encore les matières premières, l’énergie. Certains de ces biens ne s’usent que très lentement et servent à la production durant une période relativement longue : le four du boulangerpâtissier […], toutes les installations ■ Thème : La production : un espace de relations économiques et sociales industrielles, les machines, l’équipement de transport. De tels capitaux sont appelés capitaux fixes. […] Par contre, d’autres capitaux disparaissent dans le processus de production : lorsque le boulanger-pâtissier sort une tarte de son four, on ne retrouve plus la farine, le sucre, le beurre, les pommes qui ont servi à la confectionner et encore moins le gaz qui lui a permis de la cuire. Ils ont été trans- formés en une tarte. Par opposition aux capitaux fixes, les matières premières, l’énergie et les demi-produits1 sont appelés capitaux circulants. Jean-Marie ALBERTINI, Les Rouages de l’économie nationale, Éditions de l’Atelier, 1996. 1. Les demi-produits sont les produits qui ont subi une première transformation, mais seront à nouveau transformés pour être incorporés dans le produit fini (le rouleau d’acier transformé en carrosserie par exemple). Question Synthétiser : construisez un tableau en trois colonnes (travail, capital fixe, capital circulant) dans lequel vous rangerez les différents éléments nécessaires au boulanger étudiés dans le document 1, p. 134. 3 Capitaux circulants de la Xsara Questions L E S AV I E Z - V O U S ? Pour Xsara, 11 595 salariés de l’Ouest travaillent en « première ligne » derrière Citroën. Ce sont les fournisseurs. Essentiels, ils représentent 65 % de la valeur du véhicule. Leur rôle s’accroît au fur et à mesure que les constructeurs se concentrent sur leurs métiers de base : conception, mécanique, carrosserie, peinture, assemblage. Une marque ressemble de plus en plus à un compositeur qui invente et orchestre, les musiciens venant avec leurs instruments des quatre coins de la région. Citroën préfère compter sur un petit nombre de partenaires, mais fiables et réactifs. Ouest-France, 10 juillet 1997. 1. Décrire : quelle est l’importance des liens entre Citroën (PSA) et ses sous-traitants ? 2. Expliquer : pour quelles raisons les entreprises automobiles ont-elles tendance à se « concentrer sur leur métier de base » ? 3. Déduire : tous les fournisseurs de Citroën sont-ils des soustraitants ? Chapitre 7 – Le fonctionnement productif des entreprises 135 Dossier 1 4 La combinaison productive es producteurs utilisent nécessairement ces deux facteurs [capital et travail] de production qu’ils associent de différentes façons. La combinaison productive, qui désigne la proportion de capital technique et de travail utilisé pour produire, peut être plus ou moins capitalistique, c’est-à-dire incorporer proportionnellement plus ou moins de capital. Ainsi, il est possible de terrasser une route avec des milliers de travailleurs armés de pelles et de pioches (combinaison productive faiblement capitalistique) ou avec quelques travailleurs et des bulldozers (combinaison productive fortement capitalistique). Lorsqu’une seule combinaison productive est possible, les facteurs de production sont dits « complémentaires » (l’exemple le plus fréquent de la complémentarité des facteurs de production est celui de l’activité de transport en taxi : à chaque taxi correspond un chauffeur et à chaque chauffeur correspond un taxi) ; ils sont dits « substituables » lorsque l’entreprise peut effectuer un choix entre plusieurs combinaisons possibles (exemple des travailleurs et des bulldozers). Dans la réalité, ils ne sont jamais totalement complémentaires ou substituables. Le choix de la combinaison productive est fonction du coût relatif du travail et du capital puisque chaque entreprise opte pour l’intensité capitalistique qui minimise ses coûts de production 1 . La combinaison productive dépend aussi du type d’entreprise : les activités à technologie avancée ont généralement une intensité capitalistique élevée. L Marc MONTOUSSÉ, « La production, fruit du travail et du capital », Cahiers français, n° 315, La Documentation française, juillet-août 2003. Des combinaisons productives différentes pour la construction d’une route en France en Chine. 1. Voir Activité 2 p. 139. Questions Déduire : en utilisant le schéma ci-contre, déterminez, lorsque l’auteur parle de capital dans ce texte, s'il s’agit de capital fixe ou de capital circulant et justifiez votre réponse. 2. Lire : expliquez la phrase soulignée. 3. Expliquer : pourquoi le choix de la combinaison productive est-il différent dans les deux pays représentés sur ces photos ? 4. Comparer : comparez la combinaison productive sur ces deux photos. travail combiné au transforment le capital circulant (énergie, matières premières, demi-produits) pour donner la production 136 ■ Thème : La production : un espace de relations économiques et sociales capital fixe (machines, bâtiments, terrains) La combinaison productive B. La productivité mesure l’efficacité de la combinaison productive 5 La productivité de Robinson ur l’île de Robinson, l’eau douce est rare. Pour s’approvisionner, notre héros doit atteindre une source au cœur de la jungle et transporter l’eau dans deux seaux de 20 litres chacun. Le trajet aller et retour dure 2 heures en moyenne. En faisant le rapport de la quantité d’eau obtenue, 40 litres, au temps de travail nécessaire pour l’obtenir, 2 heures, on mesure la productivité du travail de Robinson : elle est de 20 litres par heure (40 litres/2 heures). […] Cette mesure en unités physiques se rapproche de la notion de rendement, laquelle s’applique plutôt à des choses qu’à des personnes : on parle du rendement d’un moteur ou du rendement d’une terre agricole (par exemple, 100 quintaux de blé à l’hec- S tare). […] Rechercher les gains de productivité revient donc à obtenir le même résultat avec moins de moyens ou à augmenter le résultat avec les mêmes moyens (ces deux modalités n’étant pas identiques, notamment quant à leurs effets). […] Fatigué de tous ces allers-retours, Robinson décide de creuser un puits à proximité de sa grotte. La réalisation de ce puits requiert 400 heures de travail […]. Le temps de trajet est alors réduit de 2 heures à 30 minutes. De ce fait, la productivité du travail direct est multipliée par quatre et devient 80 litres par heure. Un tel gain de productivité résulte d’un détour de production. Pascal COMBEMALE, Arnaud PARIENTY, La Productivité, Nathan, 1993. L E S AV I E Z - V O U S ? Alors qu’il fallait environ 37 heures de travail pour produire une tonne de ciment en France en 1865, moins de 4 heures y suffisaient en 1948 ; un paysan français nourrissait en moyenne 8 personnes en 1950, il en nourrit aujourd’hui plus de 30 ; l’industrie automobile française a produit 17,2 véhicules par salarié en 1988 contre seulement 10,2 sept ans plus tôt... Autant d’indicateurs d’un phénomène que l’on nomme la productivité. Joëlle BAILS, « Productivité », Cahiers français, n° 279, La Documentation française, janvier-février 1997. Questions 1. Définir : comment définiriezvous la productivité ? Quel calcul permet de connaître la productivité de Robinson ? Peut-on toujours calculer la productivité en termes physiques ? 2. Expliquer : par quel moyen Robinson a-t-il pu multiplier par quatre la productivité de son travail ? 3. Déduire : quels autres moyens Robinson aurait-il pu utiliser pour augmenter sa productivité dans un environnement plus technique ? 4. Lire : expliquez la phrase soulignée. 6 Les différentes mesures de la productivité a productivité physique rapporte une production mesurée en unités physiques à un facteur de production. Elle s’apparente à la notion de rendement. Mais cet indicateur n’est applicable qu’à des productions élémentaires. S’il est déjà discutable de regrouper par exemple sous la même dénomination « véhicules » des petites et des grosses cylindrées, il est a fortiori impossible d’additionner des voitures et des tonnes de blé. Dès que l’on raisonne sur une L production complexe de biens hétérogènes, il faut utiliser des unités monétaires et non plus physiques. On évalue donc la production en multipliant les quantités par les prix. On obtient alors une productivité en valeur. […] Enfin, la production en valeur est en général estimée par la valeur ajoutée (production – consommations intermédiaires1). Joëlle BAILS, op. cit. DÉFINITIONS ■ Productivité physique du travail : quantité produite (ou valeur ajoutée)/quantité de travail ■ Productivité physique du capital : quantité produite (ou valeur ajoutée)/quantité de capital ■ Productivité en valeur du travail : valeur ajoutée/coût du travail ■ Productivité en valeur du capital : valeur ajoutée/coût du capital 1.Voir p. 140. Question Illustrer : cherchez des exemples d’entreprises pour lesquelles le calcul d’une productivité physique n’aurait aucun sens et où la productivité ne peut être mesurée qu’en valeur. Chapitre 7 – Le fonctionnement productif des entreprises 137 Dossier 1 7 La productivité de Renault Année Chiffre d’affaires par salarié (en millions d’euros) Effectifs (en milliers) Production (en milliers de véhicules) 1990 0,20 114 516 1 776 717 1991 0,22 106 232 1 790 709 1992 0,23 106 912 2 041 829 1993 0,21 103 148 1 713 633 1994 0,21 102 358 1 850 267 1995 0,21 102 213 1 761 643 1996 0,20 111 523 1 740 890 1997 0,23 112 178 1 867 619 1998 0,27 109 409 2 197 918 1999 0,23 131 261 1 2 257 918 Productivité par salarié Questions Source : Site melchior-eco.com, novembre 2003. 1. Dont 26 475 salariés de l’entreprise Dacia (Roumanie) rachetée par Renault à cette date. 8 Productivité « apparente » ou productivité globale ? n ce qui concerne le dénominateur [de la productivité], à savoir le volume du ou des facteurs de production utilisés, on peut distinguer la productivité du travail, la productivité du capital et la productivité globale. L’indicateur de productivité partielle le plus souvent utilisé est celui de la productivité du travail : la production est alors rapportée au facteur travail. La quantité de facteur travail nécessaire à la production peut être mesurée par les effectifs employés. On a alors la productivité par tête. Elle peut être mesurée par le nombre d’heures travaillées. On a alors la productivité horaire du travail. La productivité horaire corrige donc la productivité par tête de la variation moyenne annuelle de la durée du travail. Si la durée du travail diminue, la productivité horaire évolue plus vite que la productivité par tête. […] E 138 Productivité du travail en France et aux États-Unis 170 160 150 140 130 PIB par emploi et par heure de travail, base 100 en 1980 France : productivité horaire 161,8 France : productivité par personne employée 139,3 138,0 137,4 États-Unis : productivité par personne employée 120 110 États-Unis : productivité horaire 100 1980 1990 2000 2002 Source : « Les moteurs de la croissance », Alternatives économiques, hors-série, n° 58, 4e trimestre 2003. La productivité du travail ne varie pas sous la seule action du facteur travail. Elle augmente à cause de l’emploi croissant de machines et du progrès technique incorporé à ces équipements, autre- ■ Thème : La production : un espace de relations économiques et sociales 1. Calculer : recopiez le tableau et complétez-le. 2. Comparer : quelle est la différence entre les résultats ainsi obtenus et les données de la deuxième colonne (chiffre d’affaires) ? 3. Décrire : comment a évolué la productivité des salariés de Renault jusqu’au rachat de Dacia, dont l’appareil de production est moins performant ? La combinaison productive ment dit sous l’effet du facteur capital. La hausse de la productivité du travail repose d’ailleurs souvent sur un processus de substitution du capital au travail […]. Il faut alors, certes, moins de travail pour réaliser la production mais plus de capital fixe, ce qui fait diminuer la productivité du capital. C’est pour cette raison que ces productivités sont qualifiées d’apparentes : l’évolution de la productivité du travail n’est qu’apparemment imputable à l’action du facteur travail, elle dépend aussi du facteur capital. Il en est de même, réciproquement, pour la productivité du capital. Il est donc difficile d’isoler la contribution propre à chaque facteur, compte tenu des interdépendances. Il est alors utile de mesurer la productivité de l’ensemble des facteurs de production, c’est-à-dire la productivité globale (valeur ajoutée / coût des facteurs de production). Joëlle BAILS, « Productivité », Cahiers français, n° 279, La Documentation française, janvier-février 1997. Questions 1. Lire : expliquez la phrase soulignée. Comment interpréter le fait qu’aux États-Unis, la productivité par personne employée et la productivité horaire aient connu la même évolution ? 2. Expliquer : pourquoi le calcul de la productivité globale est-il souvent préférable à celui de la productivité du travail ou du capital ? 3. Calculer : en France, entre 1980 et 2002, la productivité horaire a été multipliée par 1,618 et la productivité par personne employée par 1,393 ; que peut-on en déduire quant à l’évolution de la durée du travail durant la même période ? Activités Réviser 1 La combinaison productive Répondez par vrai ou faux aux affirmations suivantes. 1. Dans ces différentes activités, le travail et le capital sont substituables : soudeur, employé de banque, agriculteur, professeur, conducteur de métro, sage-femme. 2. Plus de la moitié de la valeur d’une automobile est constituée de capitaux circulants. 3. L’achat de capital fixe correspond aux investissements des entreprises. 4. La productivité globale est la somme de la productivité du travail et de la productivité du capital. 5. On parle de productivité « apparente » du travail, car on ne connaît pas l’intensité du travail fourni. 6. La productivité en valeur du capital se mesure par le rapport de la valeur ajoutée sur le coût du capital engagé. Appliquer 2 Un choix de combinaison productive Pour réaliser un même volume de production, une entreprise a le choix entre cinq combinaisons productives possibles de travail et de capital, les deux facteurs étant substituables. Combinaison 1 : 100 salariés et 10 machines Combinaison 2 : 80 salariés et 12 machines Combinaison 3 : 70 salariés et 12 machines Combinaison 4 : 50 salariés et 15 machines Combinaison 5 : 40 salariés et 20 machines On suppose que le coût salarial horaire moyen est de 12 euros par salarié alors que le coût horaire d’utilisation d’une machine est de 40 euros. 1. Y a-t-il des combinaisons à écarter avant même d’en calculer le coût ? Pourquoi ? 2. Calculez le coût respectif de chacune des combinaisons retenues. Que peut-on en conclure quant au choix de la combinaison par l’entreprise ? 3. On suppose qu’une nouvelle génération de machines plus performantes permet de ramener le coût horaire d’utilisation d’une machine à 30 euros. Quel impact cette modification va-t-elle avoir sur le choix de la combinaison retenue ? 4. Quelles sont les conséquences de ces choix sur l’économie et la société dans son ensemble ? Faire la synthèse 3 Quels enjeux ? À partir des documents 3, p. 135, 4, p. 136, et 8, p. 138, recensez les principaux enjeux du choix par les entreprises de leur combinaison productive. Chapitre 7 – Le fonctionnement productif des entreprises 139