biographie en français
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biographie en français
La vie ne plaisante pas. Elle peut être douce, magique même parfois mais elle reste surtout un combat difficile, jamais gagné d'avance. N'importe qui est capable d'accueillir le bonheur. Mais quand les épreuves sont là, combien ont la force pour vaincre, pour avancer, encore et encore ? C'est une chanteuse française incontournable, autrefois découverte à la télévision, dans une émission à succès. Alors, elle était encore presque une gamine, elle venait du sud, elle était à la fois timide et enchantée, naïve et convaincue. La France l'a aimée tout de suite. Elle est très vite devenue la fille, la confidente, l'amie, la voix. Elle a enregistré cinq albums, vendu plus de quatre millions de disques, rejoint la troupe des Enfoirés, elle a souri et pleuré, appris et grandi, elle est devenue une femme, là, sous nos yeux et le temps a coulé comme une rivière, vite, sans jamais souffler. En 2015, on la retrouve: belle, le rire haut, le regard bienveillant et déterminé. Elle parle de son nouvel et sixième album studio, “Au-Delà Des Maux”, chez Polydor, avec une impatience presque juvénile, elle a hâte. Indéniablement. Et son envie est communicative. Ce disque tempête, en liberté, fier et puissant, lui ressemble. Ici, on découvre une chanteuse habitée, évadée, qui se livre comme rarement, qui a décidé d'être elle-même, tout simplement. Donner autant sans prévenir, se livrer sans filet ainsi, cela dévoile un caractère de combattante, un désir fou, une passion plus qu'intacte, renforcée. Les fans, nombreux et fidèles, vont écouter ce disque en boucles, l'user jusqu'à la corde parce qu'il leur parle, il est à eux, pour eux. Et les autres, les indécis, les détracteurs, les lointains? Ils risquent d'être surpris, voire déstabilisés. Ils risquent de succomber. Un album est un bout de vie, toujours, la photo d'instants d'importance. Pourtant, ce disque, enregistré entre Los Angeles et Paris, n'est pas seulement une carte postale, il raconte également une femme qui regarde le monde, qui l'enlace pour mieux le porter, il parle au peuple, aux oubliés, à ceux qui souffrent et qu'on ne regarde jamais, il chante l'amour, celui qui déchire et celui qui élève, il chante les corps qui dansent, les âmes qui pleurent et qui luttent, il parle à un pays qui veut encore y croire, il convoque à la fois le groove et les sentiments, l'honnêteté viscérale et la mélodie qui emporte. Il tend surtout une main, il propose de ne jamais baisser la tête, ni la garde, il est furieusement vivant, il est pop, soul, aérien et intime, universel et profond! Chimène Badi a 33 ans. Elle revient de loin. Ces dernières années, elle a failli tout perdre: sa petite maman, sa liberté artistique, sa voix. C'est beaucoup. Certains auraient peut-être abandonné. C'est mal connaître Chimène. Elle a probablement traversé quelques nuits d'angoisse. Elle a évidemment parfois serré les poings, craint le pire. Elle n'a rien lâché. Mieux. Elle en a profité pour remettre les compteurs à zéro. Pendant des mois, elle ne pouvait plus chanter. À peine parler. Rire, pleurer lui était interdit. Le prix pour que ses cordes vocales acceptent de vibrer à nouveau. Aide-toi et le ciel t'aidera. Il y a de ça. Elle savait que personne n'allait frapper à sa porte alors elle a foncé. Cette force qu'elle dégage quand elle évoque la chose! C'est assez impressionnant. Chimène, interprète fantastique, aux capacités vocales que personne ne discute, a des choses à dire, des choses qui lui sont chères, des choses qui ont besoin de prendre des risques, qui nécessitent de briser les habitudes. Aidée de son manager, Yves El-Baze, elle décide d'y aller, coûte que coûte. La liberté a toujours un prix et Chimène est prête. Sur son bras droit, un tatouage: une clé de sol. La musique dans la peau, littéralement. Sa vie. Chimène: “C'est un album hyper honnête, très sincère, parce que je me suis livrée. J'ai voulu parler de choses importantes. J'ai 33 ans et plus 18. J'avais commencé ce processus sur l'album “Laisse Les Dire”, sur lequel j'avais écrit et composé deux-trois titres et où je m'étais vraiment impliquée avec les auteurs et les compositeurs. C'est là que j'ai réellement commencé à m'impliquer, au-delà de ma voix... Après l'album “Le Miroir’”, j'ai fait un break. Pendant trois ans. J'en avais besoin. Je ne savais plus trop qui j'étais. Mais en même temps, je voulais revenir à un truc beaucoup plus simple, vocalement, avec des thèmes où je commençais à dire ce que je pensais. Sur “Gospel & Soul”, j'avais surtout envie de m'amuser. De revenir à la musique que j'avais toujours eu envie de chanter et que j'écoutais depuis que j'étais gamine. Et là, je reviens avec “Au-Delà Des Maux”. J'ai vécu des choses ces trois-quatre dernières années et j'ai eu besoin que ça sorte. Et c'est cet album qui m'a permis tout ça. Si je devais défendre ce disque, je dirais que c'est moi, c'est le mien. Si on l'écoute, je crois qu'on arrive à savoir qui je suis. Je débute un nouveau cycle. Parce que je n'aurais pas chanté ça il y a dix ans. Ça ne me serait pas venu à l'esprit. J'étais dans autre chose, dans une autre culture. Je n'avais pas en tête ce que j'ai en tête aujourd'hui. Et puis je n'avais pas compris la vie comme je l'ai comprise aujourd'hui. Ce disque, c'est une page qui se tourne, pour en écrire une autre. Et c'est aussi une espèce de libération, avec un lâcher-prise, cet album est très personnel et il était temps que mon public l'entende parce que j'en avais besoin. J'avais besoin que mon public entende ce que j'ai dans le ventre. Et j'ai encore plus besoin d'aller le chanter. J'ai hâte, vous ne pouvez pas savoir! Pourquoi ce titre pour l'album? “Au-Delà Des Maux” comme au-delà des douleurs. Oui, c'est aussi une thérapie ce disque. J'ai dû passer par plusieurs moments, des moments difficiles où il faut se battre pour arriver à faire ce que l'on a envie de faire et ne pas se perdre... Vouloir s'affirmer, c'est difficile quand on a peur. Et mon manager m'a permis de dépasser tout ça. Je ne peux pas faire les choses justes parce qu'on me les impose. Je ne suis pas juste la sympathique chanteuse qui va faire des prouesses avec sa voix sur des titres dans lesquels elle ne se reconnaît pas. Je ne suis plus une petite fille. Il y a plein de choses que je ressens et que j'ai envie de dire et c'est comme ça. J'ai le droit, non (rires)? Je le dis avec beaucoup de recul et de sérénité. Je suis passée par des moments compliqués... Cet album, j'en suis tellement fière, j'ai tout donné, sincèrement, tout! C'est exactement ça que je voulais faire, ça et rien d'autre.” La musique ne triche pas. Il suffit d'écouter les douze chansons du disque pour comprendre qu'ici, on est au cœur des choses. Chimène se donne, on peut parler de renaissance d'une certaine façon. Ce disque, c'est celui qu'elle attendait depuis toujours, exactement. Celui d'une artiste, oui, qui a gagné en confiance, qui a su transformer la douleur en quelque chose de positif, capable d'émouvoir tout auditeur avec un cœur. Elle a inspiré tous les thèmes aux paroliers, elle a même co-composé et écrit la chanson “Les Retardataires”. Deux ans de travail acharné, de discussions enflammées, de doutes et de certitudes. “Je dis toujours que j'ai la sensibilité et la fragilité de ma mère et la force de mon père” dit-elle. La combinaison est idéale. Elle s'entend à chaque note, à chaque refrain. Sa voix, quelle voix, l'a suivie. Comme elle, elle a gagné en intensité, en émotion, en variation. Libérée: “Quand j'ai perdu ma voix et qu'elle est revenue, je n'ai plus chanté pareil. Comme si ma voix et moi, on était devenues vraiment amies. C'est comme si on avançait main dans la main, comme si je la connaissais par coeur. Je ne sais pas pourquoi. Et du coup, je l'utilise tout à fait différemment. Et puis, il y a aussi le fait que je n'écoute plus la même musique. Je suis revenu à des choses que j'écoutais quand j'étais beaucoup plus jeune, la musique noire américaine, que me faisait écouter mon père, Otis Redding, John Lee Hooker, Ray Charles, Billie Holliday, Ella Fitzgerald, et même des groupes comme Creedence, Jethro Tull...” précise-telle. Quand on écoute la formidable chanson, et premier single, “Elle Vit”, on hallucine! Chimène n'est même plus française, on la croirait d'Atlanta, de Chicago ou de Détroit. Elle ondule, elle décolle, elle chante comme jamais elle n'avait chanté. Chimène n'a jamais oublié que la variété d'ici portait un autre nom de l'autre côté de l'Atlantique: la pop. Pop comme populaire. Elle vient de là. Avec sa maman, elle écoutait les plus grands: Aznavour, Ferrat... Avec son papa, les chanteurs noirs américains. Autre combinaison idéale. Héritage salvateur! Chimène est bien accompagnée sur ce disque. On lui a proposé des choses, elle est allée en chercher d'autres. À la production et à la réalisation, on retrouve des noms comme Guy Roche et son ingénieur du son Dushyant Bhakta, Régis Ceccarelli, Fred Savio, Fraser T. Smith, Zaho... Aux textes, François Welgryn, Yohann Malory, Nazim Khaled, Aleph “Arolld” Cheba, Emili Sande, Toby Gad, Benoît Dorémus, Olivier Bron (son ami et guitariste), Zaho, Jacques Veneruso, Yann Guillon. Aux musiques, Emmanuel Moire, Marc Demais, Tristan Salvati, Emili Sande, Toby Gad, Jacques Veneruso, Olivier Bron, Gianni Mancuso, Zaho, Felipe Saldivia. Une grande famille, une équipe de choc. Il fallait au moins ça pour accoucher de ce disque. Chimène: “Les voix ont été en grande partie enregistrées à Los Angeles, à l'automne 2014. Dans le studio de Guy Roche, le Banana Boat. C'est un mec extraordinaire, avec qui j'avais déjà bossé sur “Le Miroir”! J'avais retrouvé ma voix, ma confiance et je savais que Guy pourrait m'emmener là où je ne serais peut-être pas allée seule... Il sait que je suis capable de faire des choses dont je ne suis même pas consciente. On y est resté treize jours. Il est venu ensuite à Paris pour refaire certaines voix, au printemps 2015. C'est Guy qui m'a appris à contrôler cette puissance dans la voix. Et aujourd'hui, ça m'amuse de jouer de cette puissance. Sur cet album, je voulais parvenir à faire de ma voix comme un élastique, qui passe entre les mailles du filet, des graves aux aigus, en passant par la voix de tête. Pas tout envoyer comme je pouvais le faire parfois à l'époque. Je ne voulais pas tomber dans une formule facile. De faire et refaire toujours la même chose. Ce n'est pas l'idée que je me fais d'une carrière. Je veux juste essayer de faire mieux, mieux et toujours plus. Je pense que le public ne s'attend pas à ça, je ne sais pas ce qu'il attend en fait (rires). On verra. On ne se donne pas comme je me suis donnée pendant deux ans pour que ça ne fonctionne pas mais ce n'est pas moi qui décide, c'est le public, toujours. Je veux que ça marche, et peut-être encore plus pour cet album que pour tous les autres. Parce que c'est celui qui me ressemble le plus. De toute façon, il fallait que ça sorte. Je devais faire ce disque!” Comme elle a eu raison. Avec “De Quoi On Se Souvient”, qui ouvre l'album, Chimène part de l'amour qui meurt pour embrasser une vision plus globale, questionnement sur le temps qui passe et sur les traces qu'il laisse ou pas dans nos têtes. Elle chante et on l'écoute, captivé. “Elle Vit” est une bombe soul imparable, à la mélancolie qui emporte, que devait chanter au départ Tina Turner. Dans “Ca Ne Regarde Que Moi”, et son piano intimiste, qui plonge là où ça fait mal, Chimène se dévoile et c'est encore un euphémisme. Hymne à la différence, souvenirs douloureux, elle est émouvante et on comprend que cette chanson est aussi une façon pour elle d'éteindre toutes ces voix cruelles. Beau. “Ballerine” est comme un flashback sépia, aux cordes sensibles, une évocation de l'émission “Danse Avec Les Stars”, du corps qui lutte et hurle, et qui finit par exister, malgré la souffrance. Chimène quitte la scène pour caresser les étoiles et on frissonne. “Qui Parle d'Elle” est moins une vengeance qu'une libération. Chimène oublie, avance, avec une classe absolue. “Les Retardataires”, c'est encore une chanson à l'humanité tangible, où Chimène refuse les barrières, les limites, les injustices coupables. “L'Usine” est un titre incroyable, qui ravive une tradition française, celle de la chanson sociale. Chimène se souvient de sa mère ouvrière, de ses journées, ses années à trimer dur, pour rien, pour casser son corps. Le rythme est engagé, enlevé même. Sorte de blues de combat, pour toutes ces ombres qui travaillent, esclaves modernes. Chimène a la rage, ça s'entend et c'est absolument bouleversant. “Au-Delà Des Mots” ou comment dépasser la peur du vide, quand la voix de Chimène a bien failli se faire la malle pour toujours. C'est aussi une déclaration totale d'amour à la musique. “Pour Tous Les Hommes”, gospel dédié à l'avenir, ne veut pas céder et demande aux hommes d'y croire encore. “Personne” comptera dans la carrière de Chimène. Parce qu'ici, on comprend qu'elle ne se laissera plus jamais faire, que son identité n'est pas négociable. Qu'une femme peut aussi dire non, se battre et rêver encore. “Seule” est le type même de chanson qui, derrière une simplicité et une efficacité de façade, exige beaucoup. Chimène aurait ici pu se contenter de tout lâcher mais elle a préféré, comme dans la vraie vie, alterner les sentiments, passer du noir à la lumière, des larmes à l'espoir. Elle chante, seule, et c'est comme si d'autres âmes l'accompagnaient. Bouleversant. “Point Final”, qui clôt l'album, c'est encore l'amour qui est convié à la table. L'amour qui n'est plus et la vie qui continue. Quelques cordes et la voix de Chimène qui danse, grandit, monte, toute en subtilité. On pense à Adele, à Aznavour et on se laisse emporter par cette chanson qui jongle avec les silences et qui détruit les dernières résistances. Magnifique. “Au-Delà Des Maux” est bien plus qu'un album. C'est un cri du cœur, un nouveau départ, une voix qui renaît au monde, qui donne tout et qui ne fait que commencer. Quand on demande à Chimène, avant de la quitter, ce qu'elle attend de demain, elle sourit avant de répondre: “Une belle tournée”. Son public lui a tellement manqué. Les retrouvailles s'annoncent incendiaires. Et on se dit que la France n'est peut-être qu'une étape. Que les frontières sont faites pour être dépassées. “J'ai déjà des titres en anglais” avoue-t-elle, furtivement. Oui, la vie ne plaisante pas. Mais à ceux qui ne veulent pas abdiquer, elle peut offrir bien des choses. Bien des aventures. À suivre... TRACK BY TRACK DE QUOI ON SE SOUVIENT: “C'est un titre que j'ai reçu. Il ouvre l'album parce qu'il annonce bien l'idée du disque. J'adore la mélodie de ce titre. Elle m'éclate. Et le texte parle d'amour. Quand on se déchire, on ne se souvient plus des bons moments passés ensemble. On est devenus des ennemis, limite des étrangers. Mais audelà de l'histoire d'amour, quand on est sur le refrain, moi, ça me dit surtout: “De quoi on se souvient, en général? Qu'est ce qui nous reste, quand le temps passe?” C'est une question que je me suis posée et j'ai eu envie qu'elle existe dans l'album.” SEULE: “C'est une chanson que j'ai reçue au tout début. J'avais voulu travailler avec Zao et je reçois ce titre un après-midi, j'étais chez moi. J'écoute la maquette et j'adore tout de suite! Je tombe amoureuse du thème, je trouve la chanson super bien foutue. C'est une chanson pleine d'espoir, malgré une rupture douloureuse. L'espoir l'emporte, c'est un second souffle, tu relèves la tête, tu te sens moins seul. Et tu parviens à voir la vie d'une manière positive. Et il y a des phrases qui m'ont touchée comme: “Ceux qui s'aiment se ressemblent, se rassemblent”, “Je sors de l'ombre, un pas vers la lumière”. Oui, cette chanson m'a plu, m'a profondément touchée. Et puis, quand on l'écoute, on n'a pas le sentiment qu'elle est difficile à chanter alors qu'en fait, elle l'est! Elle exige une vraie technique et en même temps, elle a besoin de beaucoup d'émotions. Ce n'est pas le genre de titre que tu peux chanter à tuetête. Je suis parfois obligée d'être en retenue sur certains passages et ça la rend difficile à interpréter. Il y a avait donc aussi ce challenge-là, ce défi d'arriver à lui donner une vraie vie.” ELLE VIT: “Au départ, ce titre s'appelait “This Is” et devait être chanté par Tina Turner. Je l'ai reçu il y a deux ans. Je l'écoutais et je me suis dit: “Ce n'est pas possible, c'est un tube cette chanson!” J'ai dit à Yves que je savais quel texte mettre dessus. J'ai vu une femme boulevard Haussmann il y a des années, à mes débuts, qui m'a vraiment marquée. C'était une Sans Domicile Fixe. Elle était âgée, elle avait une coupe au carré, avec des cheveux blancs. Elle ne demandait rien, elle était juste assise contre un mur. Je suis passée, elle m'a fait de la peine, je me suis arrêtée, on a parlé. J'ai touché ses mains et elles étaient d'une douceur! Et je m'étais jurée qu'un jour, j'écrirai sur elle. Quand j'ai reçu le texte, j'ai adoré le titre. Elle Vit. C'est Arolld qui l'a écrite. Elle me touche tellement cette chanson. J'en suis fière! C'était important qu'elle existe cette chanson. Pour cette femme, boulevard Haussmann... Pour eux, qui vivent dans la rue. CA NE REGARDE QUE MOI: “Boulimie, anorexie... Quand j'ai reçu le texte de Benoît, je l'ai lu et les larmes coulaient toutes seules. J'étais dans ma cuisine, ma mère était là, j'étais devant mon ordi, ma mère était assise à côté de moi, et là, je reçois le texte. J'étais tellement impatiente. Et pendant que je lisais, les larmes coulaient, comme ça... ça m'avait frappé en plein cœur. Je savais que j'allais la chanter, que j'allais tout déchirer. Qu'est-ce qu'ils savent tous ceux qui ont parlé de ça? Qu'est-ce qu'ils savent d'une jeune gonzesse qui quitte sa campagne, tous ses amis, sa famille pour se retrouver sous les projecteurs? Et qui prend 30 kilos en deux mois? Je voulais reprendre le dessus, et dire: “ça ne regarde que moi, et, à partir de maintenant, ce sera un sujet sur lequel on n'interviendra plus. Si vous avez besoin de comprendre, écoutez cette chanson!” On fait un métier où l'on est tout le temps sous contrôle, on doit faire attention à tout, à notre physique, à ce que l'on dégage, à ce que l'on dit, ça peut vite ressembler à un cauchemar. Et donc merde, ça m'appartient, c'est à moi, arrêtez de vous moquer! Moi, ça m'a marqué. Quand on t'en met plein la gueule à 18 ans, ça reste en toi après, même si tu te bats et que tu changes, c'est toujours là, au fond. Et peut-être que des meufs qui ne se sentent pas bien dans leur peau, en entendant cette chanson, ça leur réchauffera un peu le cœur... BALLERINE: “C'est évidemment un clin d'œil à Danse Avec Les Stars. Et surtout au milieu des danseurs. Ça a été une expérience assez violente pour moi. Ça m'a apporté un truc. Le challenge, c'était d'utiliser un corps dans lequel je n'avais jamais été vraiment à l'aise, qui était nouveau, parce que j'avais perdu du poids. Je me suis prouvé à moi-même que j'en étais capable mais c'était épuisant! Je n'en pouvais plus. Je voulais reprendre mon micro et partir chanter. Il faut savoir qu'avec cette émission, on doit tout stopper, tu n'as plus le temps pour autre chose, impossible! Et j'avais un manque. Et danseur, c'est un vrai métier. À plein temps. Et c'est ça que je voulais dire à travers cette chanson. Et en même temps raconter mon expérience: J'ai sauté dans des flammes à peine habillée (rires), ça a été très dur. C'est un défi que j'ai voulu relever parce que je savais que ça me débloquerait quelque chose. Et c'est ce qu'il s'est passé.” QUI PARLE D'ELLE: “Je sortais à l'époque d'une rupture. Ça avait été une rupture difficile mais que j'avais encaissée parce que je suis solide. C'était une histoire d'amour qui a duré deux ans et qui avait été vécue un peu dans le secret. Je ne sais pas vraiment pourquoi, c'était très bizarre. J'avais envie de parler de ça. Et de lui dire: “Sors de ton mensonge, assume ou oublie moi.” On a passé une journée entière avec Arolld à écrire. Je lui ai dit: “Ce que j'ai envie de lui dire, poliment, c'est barre toi de ma vie. Fais ce que tu veux de ta vie mais tu ne pourriras pas la mienne (rires).” Et ça, quand je l'ai chanté, ça m'a fait du bien. Toute ma rage est sortie. Et ça m'a vraiment soulagée. LES RETARDATAIRES: “Je l'ai faite avec Olive. J'ai des amis, je connais des gens qui sont souvent mis de côté. Parce qu'ils n'ont pas les moyens de tout faire, de s'acheter ceci ou de s'occuper de ça ou d'aller au resto, de se faire beaux... Et si on n'est pas capable de faire ça, alors, tout d'un coup, on est foutu, au second plan. Moi, à l'époque, j'avais le sentiment que je faisais partie de ces gens-là. Mais aujourd'hui, c'est marrant, on ne me considère plus du tout comme ça. Pourquoi? Qu'est ce qui a changé? Ah, c'est le succès! C'est ça qui fait qu'aujourd'hui, je ne suis plus une retardataire. Mais je n'ai jamais été une retardataire! Et ça m'énerve qu'on laisse des gens très intelligents, des gens qui ont parfois des capacités hors du commun, au second plan parce qu'ils n'ont pas le même statut que untel ou untel. Ils n'ont pas le pognon qu'il faut pour avancer dans la vie. Ça fait d'eux des gens moins intéressants? Je déteste l'injustice.” L'USINE: “Ma mère a passé sa vie à travailler comme ouvrière dans une usine. Et un jour, elle s'est faite jeter, elle était à 8 de tension. Elle ne pouvait plus bosser, elle était épuisée. Et elle a donc perdu son boulot. Ça m'avait marquée. Ça m'avait fait mal pour elle. C'était une époque très dure. Et ce sont des trucs qui me sont restés. Olivier Bron, c'est quelqu'un dont je suis très proche, qui a été mon guitariste longtemps, et avec qui j'avais travaillé sur “Laisse Les Dire”, on avait fait plusieurs chansons ensemble. Je l'ai appelé et je lui ai dit: “Écoute, Olive, J'ai besoin de parler de ça...” et “L'Usine” a vu le jour. J'ai vu ma mère en baver et j'ai souffert de la voir autant souffrir et je m'étais jurée qu'un jour, je chanterai quelque chose là-dessus. Et j'ai le sentiment que les gens ont besoin de sentir qu'on est conscient de tout ça, qu'on le voit et que ça ne nous laisse pas insensibles. Ça l'a touchée, ma mère, d'entendre cette chanson. Elle en a vraiment bavé. Cette chanson, c'est ma façon de lui rendre tout son amour, tout son courage.” AU-DELÀ DES MOTS: “C'est quand je perds ma voix. Et que je pense que tout va s'écrouler. Et qu'en même temps, je garde espoir. Et que je me dis que si ma voix revient, cette fois-ci, je saurai pourquoi j'ai envie de chanter. C'est là que je l'ai compris. Avant, je savais que j'aimais chanter. Je savais que j'adorais ça. Mais là, c'est devenu une évidence. Parfois, perdre, c'est aussi gagner, au final. Si tu te bats, si tu ne lâches rien... C'était une manière de dire: “J'ai perdu ma voix mais aujourd'hui, je reviens, je chante et j'ai cette musique dans le ventre et ça restera comme ça, et ce sera encore plus fort qu'avant”.” POUR TOUS LES HOMMES: “Déjà, je voulais un petit clin d'œil à “Gospel & Soul”. C'est Jacques Veneruso qui me l'a envoyée. Il a aussi fait la musique de “Ballerine”. Et j'ai trouvé ce titre tellement vrai, tellement clair! Et si on pensait un peu les uns aux autres plutôt que de ne penser qu'à sa gueule. Alors ouais, c'est sûr que ce genre de propos, ça revient souvent. Mais moi, dans chacun de mes albums, j'ai toujours voulu mettre un titre de ce genre qui dit: “Allo, y'a quelqu'un? Réveillez-vous!” Un peu d'entre-aide, c'est rien en plus et c'est jouable, j'en suis sûre. Même si je suis consciente que, de plus en plus, les gens sont dans leur monde...” PERSONNE: “C'est une chanson très très importante parce qu'elle dit clairement beaucoup de choses (sourire). Cette chanson, c'est Emmanuel Moire. Elle parle du fait qu'on a tellement voulu régenter ma vie artistique depuis mes débuts, me dire toujours ce que je devais faire, aussi bien dans la chanson que dans ma vie privée, qu'aujourd'hui, ce n'est plus possible! Et c'est juste ça que je voulais dire avec cette chanson. Arrêtez! Laissez-moi tranquille! Je fais ce que j'ai envie de faire, je dis ce que j'ai envie de dire. Moi, quand j'étais encore une gamine avec mes posters aux murs, et que je rêvais, je rêvais de devenir chanteuse, pas une chose à qui l'on dit comment elle doit vivre. C'est bon, basta! Stop!” POINT FINAL: “C'est une très très belle chanson que m'avait envoyée Emmanuel. Quand on a vécu une séparation et que l'on en souffre, et que l'on croit que l'on ne va jamais pouvoir relever la tête, il y a ce second souffle qui finit par arriver. Et là, on a l'impression que l'on prend le dessus sur cette personne qui nous faisait du mal. Et finalement, c'est toi qui décide, c'est toi qui dit stop. Avec cette chanson, je dis: “Cette fois-ci, c'est moi qui te dis je pars et tout va bien. Point final.” Et voilà.” Polydor