Mini-revue Infection HPV et condylomes anaux État des lieux en
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Mini-revue Infection HPV et condylomes anaux État des lieux en 2006 : description, prévalence et prise en charge Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Dalila Benabderrahmane, Laurent Abramowitz Unité de proctologie médico-chirurgicale du service de Gastroentérologie de l’hôpital Bichat-Claude Bernard, 46, rue Henri Huchard 75877 Paris Cedex 18 <[email protected]> Le Human Papilloma virus (HPV) peut se localiser sur la marge et dans le canal anal mais aussi au niveau des organes génitaux masculin et féminin. L’infection touche la plupart des personnes dans le monde mais dans la très grande majorité des cas, on observe une disparition spontanée du virus. La persistance de HPV peut résulter d’une baisse de l’immunité générale (co-infection VIH ou post-thérapeutique) ou locale (cellules dendritiques). La persistance des virus HPV oncogènes (génotypes 16, 18...) au niveau de l’épiderme anal peut déclencher une cascade de réactions immunitaires médiée par les cytokines pouvant aboutir au développement d’une dysplasie plus ou moins sévère et parfois au cancer épidermoïde. Le condylome est la lésion macroscopique du virus HPV. Sa prévalence semble très importante chez les patients immunodéprimés, en particulier chez ceux infectés par le VIH (23 %). L’objectif de la destruction de ces lésions macroscopiques est de traiter cette maladie sexuellement transmissible afin de limiter la contamination et de diminuer le risque d’évolution vers le cancer de l’anus. Ce risque étant particulièrement important chez les patients infectés par le VIH, il paraît raisonnable de recommander un dépistage systématique dans cette population. Le traitement repose sur la destruction au bistouri électrique et/ou l’application locale d’imiquimod. Le vaccin semble prometteur en prophylactique mais les résultats du vaccin thérapeutique sont actuellement moins encourageants. Mots clés : HPV, condylome anal, cancer anal, VIH, vaccin L Tirés à part : L. Abramowitz es papillomavirus humains (Human Papilloma virus ou HPV) sont des virus à ADN double brin circulaire, de petite taille (45 à 55 nm de diamètre), sans enveloppe et ils sont résistants aux températures extrêmes. Leur génome comprend 8 000 paires de bases. Près de 120 génotypes de HPV différents ont été identifiés, 100 étant spécifiques de l’espèce humaine ; ils sont classés en fonction de leur tropisme pour les kératinocytes des épithéliums malpighiens et de leur Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 195 Mini-revue Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. potentiel oncogène. Parmi eux, 40 génotypes ont un tropisme pour les régions anogénitales : marge anale, canal anal, région balanopréputiale, col utérin. Ils ne peuvent se développer en muqueuse glandulaire. La contamination de la muqueuse anale peut s’effectuer lors d’un simple contact, à l’occasion d’un rapport anal réceptif, des préliminaires à l’acte sexuel ou de l’utilisation de linge souillé, voire dans les saunas [1]. Les préservatifs ne protègent donc que partiellement de cette maladie. L’infestation virale est favorisée par une excoriation ou une ulcération ; l’ADN épisomal se situe alors au niveau des assises basales. La réplication virale s’effectue dans le noyau et se produit dans les assises plus superficielles en même temps que la différenciation de l’épithélium. L’infection des épithéliums malpighiens par le HPV se traduit par la formation des koïlocytes qui sont des cellules de grande taille, avec un cytoplasme vacuolaire et des anomalies cellulaires plus ou moins importantes (figure 1). Les méthodes de détection de ces virus sont qualitatives et quantitatives ; elles reposent sur des techniques de biologie moléculaire qui permettent la mise en évidence de l’ADN viral dans les cellules infectées et son typage. On distingue : – l’hybridation in situ (HIS) qui peut être réalisée sur frottis cellulaire, tissus congelés ou inclusion en paraffine. Elle permet de préserver la morphologie du prélèvement et de localiser spécifiquement les cellules infectées. Elle consiste à déposer une sonde marquée directement sur les cellules préalablement traitées. L’aspect du signal permet notamment de déterminer si l’ADN viral est sous forme libre ou s’il est intégré dans le génome de la cellule hôte [2] ; – la PCR (polymerase chain reaction) permet de mettre en évidence l’HPV par une technique d’amplification en chaîne de séquences d’ADN. C’est la méthode la plus sensible ; elle nécessite de 10 à 100 copies d’ADN dans le prélèvement pour être positive [2]. La mise en évidence d’une infection par HPV ne peut se faire en culture. Enfin, il vient d’être récemment commercialisé des tests permettant la recherche d’anticorps dans le sang dont l’utilité clinique reste à évaluer. Figure 1. Coupe histologique d’une infection à HPV avec koïlocytes (en marron). Plusieurs aspects cliniques peuvent caractériser l’infection à HPV, ceux-ci pouvant bien évidemment coexister. Sous forme microscopique, le virus est détecté sur frottis au niveau du canal anal (test de Papanicolaou), par PCR ou par hybridation in situ comme il a été défini ci-dessus. Sous forme macroscopique a minima (peu ou difficilement visibles à l’œil nu), ils sont détectables par un œil expérimenté, lors d’une anuscopie de haute résolution en utilisant une loupe binoculaire, après application dans le canal anal d’acide acétique en solution aqueuse à 5 % ; l’examen est complété par des biopsies des macules acidophiles blanchâtres et le diagnostic est alors confirmé par l’histologie. Sous la forme de condylomes acuminés (crêtes de coq), ce sont des lésions exophytiques, uniques ou multiples plus ou moins surélevées (figures 2 à 4). Expressions de l’infection HPV au niveau de l’anus Ce virus peut être situé au niveau de la marge anale ou dans le canal anal. Dans ce dernier cas, il peut proliférer en sous- ou en sus-pectinéale (au niveau de la zone transitionnelle) mais ne peut se développer en muqueuse glandulaire rectale. 196 Figure 2. Condylomes plans de la marge anale. Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Figure 5. Tumeur de Buschke-Lowenstein de la marge anale. Figure 3. Condylomes végétants de la marge anale. Lorsqu’ils sont de taille importante, ils prennent la forme d’une tumeur de Buschke-Lowenstein (TBL). Cet aspect clinique est rare ; il est généralement lié aux types HPV6 et/ou 11, et résulte de la prolifération de condylomes acuminés négligés ou ayant résisté aux traitements usuels. La TBL a l’aspect d’une prolifération papillomateuse bourgeonnante avec des anfractuosités souvent surinfectées (figure 5). Elle est le siège d’un carcinome épidermoïde invasif dans 30 à 50 % des cas [3, 4], malgré son association aux génotypes habituellement non oncogènes. La maladie de Bowen se présente sous une forme plane rosée, parfois pigmentée, érythémateuse ou érythémato- Figure 4. Condylome du canal anal situé sur la ligne pectinée. squameuse et peut être associée à une dysplasie de haut grade (figure 6). Parfois, le virus HPV peut être responsable d’un carcinome épidermoïde du canal et/ou de la marge anale. La lésion a alors l’aspect d’un ulcère ou d’une fissure atypique à bord irrégulier, infiltré et inflammatoire, ou d’une lésion bourgeonnante plus ou moins ulcérée (figure 7). Figure 6. Maladie de Bowen de la marge anale. Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 197 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Mini-revue Figure 7. Forme bourgeonnante d’un carcinome épidermoïde de l’anus. Autres sièges préférentiels Le virus HPV peut également infecter d’autres sites et y occasionner les lésions sus-décrites. Chez l’homme, toutes les zones des organes génitaux externes peuvent être concernées : le frein du prépuce, le sillon balanopréputial, le gland, le fourreau, le prépuce et le méat urétral (figure 8). Chez la femme, les petites et grandes lèvres, le clitoris, la zone périurétrale, ainsi que le périnée, le vagin et le col utérin (où les lésions sont plutôt planes) peuvent également être infectés (figure 9). Chez les deux sexes, on peut en observer au niveau de la sphère ORL (figure 10) et de l’œsophage. Ces localisations doivent faire l’objet d’un dépistage en cas de découverte de lésions anales. Clairance et persistance de l’infection HPV La durée moyenne d’incubation est de 3 mois mais elle peut être de plusieurs années. L’histoire naturelle de ce virus a essentiellement été étudiée chez la femme, au niveau du col de l’utérus. Ainsi, lors des premiers rapports sexuels, il a été rapporté que 70 à 80 % des femmes sont infectées par le virus HPV. Seule une petite proportion va développer une infection persistante qui pourra être ultérieurement la cause d’une dysplasie plus ou moins sévère, voire d’un cancer. Ainsi, Ho et al. [5] rapportent un taux de 70 % d’infection du col à 198 Figure 8. Condylomes du fourreau pénien. HPV chez des étudiantes américaines 12 mois après leurs premiers rapports sexuels. Six mois plus tard, 80 % des jeunes filles infectées ne l’étaient plus. Cette clairance est en grande partie due à l’action des cellules de Langherans (ou cellules dendritiques) de la muqueuse et des lymphocytes de la lamina propria [6-7]. La durée moyenne de détectabilité de HPV est ainsi de 12 mois. La clairance de HPV16 est plus longue et peut être quasiment nulle en cas d’immunodépression [8]. Enfin, même lorsque l’infection à HPV a abouti à la formation d’une lésion macroscopique de type condylome, des régressions spontanées sont encore possibles [9]. Prévalence de l’infection HPV Dans la population générale Les chiffres de prévalence varient en fonction de la technique d’identification de HPV, de la localisation (anus, col utérin, pénis), du sexe, de la sexualité des populations étudiées (homosexuels, hétérosexuels, bisexuels, femmes avec ou sans rapports anaux), de leur âge, de leur pays d’origine (même si ces résultats sont parfois discordants), de leur lieu de vie (citadin ou Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. ment estimée, toutes localisations confondues, à environ 6 % de la population générale. Aux États-Unis, 1 à 2 % de la population générale est affectée par HPV et 10 à 15 % présente une affection latente [10]. L’étude NHANES III retrouvait un taux d’infection par le génotype 16 de 13 % dans la population générale, avec une prévalence plus élevée chez la femme (18 % des femmes et 8 % des hommes) et chez les personnes d’origine africaine (19,1 %) [11]. • Chez la femme La prévalence de l’infection HPV (quel que soit le site d’infection) chez la femme à travers le monde se situe entre 2 et 44 %. Plus de 50 % de celles qui sont sexuellement actives ont été à un moment donné infectées par un ou plusieurs types d’HPV [12]. On observe chez la femme un pic de prévalence vers 25 ans qui décroît entre 35 et 54 ans et qui réapparaît après 55 ans [13]. Plus spécifiquement au niveau de l’anus, le taux d’infection était de 42 % chez des femmes d’âge moyen 40 ans (écart type : 20-61) dans une étude américaine [14]. Figure 9. Condylomes des grandes lèvres. rural) et de leur immunodépression. La diversité de ces populations rend difficile la comparaison des résultats des différentes études mais permet de dresser une cartographie de l’infection HPV en fonction de ces paramètres. La fréquence de l’infection à HPV semble cependant avoir augmenté ces dernières années. Elle est 2 fois supérieure à celle de l’herpès génital, et est actuelle- • Chez l’homme Le pays d’étude et le type de population étudiée semblent jouer un rôle prépondérant puisque la prévalence de HPV est de 3 % en Espagne et 39 % au Brésil [15]. En Finlande, le taux d’infection était de 16,5 % chez des jeunes conscrits d’âge moyen 19,8 ans [16]. L’homosexualité masculine est un facteur de risque majeur. Une étude réalisée aux États-Unis avec une recherche d’HPV anal par PCR sur un échantillon de 262 homosexuels immunocompétents rapporte en effet un taux d’infection de 61 % [17]. Outre le pays d’origine et l’homosexualité, l’infection ou non des partenaires sexuels joue un rôle prépondérant. En effet, les partenaires masculins de femmes ayant un frottis cervical positif avaient un taux de lésions péniennes (lésions planes ou condylomes) de 68 % dans une étude de Bleeker et al. [18]. Chez le patient infecté par le VIH L’infection VIH est un facteur largement favorisant de l’infection à HPV [19]. Figure 10. Condylomes de la face interne des joues. • Chez la femme Dans un travail de Palefsky et al., 76 % des patientes infectées par le VIH versus 42 % de celles non séropositives avaient une infection anale à HPV avec respectivement 28 % et 8 % d’infections à plusieurs génotypes différents. Il apparaissait également que le portage anal chez ces femmes était plus fréquent que le portage cervical, quel que soit leur statut VIH [14]. Les facteurs Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 199 Mini-revue de risque d’infection anale à HPV chez les femmes séropositives étaient : un antécédent d’infection cervicale par HPV, un taux de lymphocytes CD4 < à 200/cm3, l’âge de moins de 36 ans et l’origine « blanche » (par rapport aux Noires américaines) [14]. • Chez l’homme Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Le HPV est détecté dans la muqueuse anale des homosexuels positifs pour le VIH dans près de 91 à 93 % des cas [19]. Cette population est plus souvent multiinfectée par plusieurs sérotypes (73 % contre 23 %) et l’est deux fois plus souvent avec des virus à haut risque oncogène (HPV16 et 18). De plus, les homosexuels séropositifs pour le VIH qui ne sont pas encore porteurs du HPV ont deux fois plus de risque d’être infectés dans les 2 ans avec un taux de régression spontanée deux fois plus faible que les séronégatifs VIH. Pour Palefsky et al., un faible taux de lymphocytes CD4 augmente le risque d’infection HPV à haut risque [17]. Cependant, il semble que ce ne soit pas exclusivement les homosexuels qui soient porteurs d’HPV anal puisque Piketty et al. rapportent un taux d’infection de 46 % chez des hétérosexuels masculins séropositifs déclarant ne pas avoir de rapports anaux [20]. Prévalence des condylomes anaux Les données sur la prévalence des condylomes anaux sont très succinctes. Dans la population générale, nous n’avons aucune étude bien menée. Chez les patients infectés par le VIH, avant l’ère des traitements contre le VIH, Puy-Montbrun et al. rapportaient un taux de condylomes anaux de 30 % chez les patients venant consulter dans un centre référent de proctologie [21]. Dans notre hôpital, nous avons réalisé un dépistage systématique par examen proctologique (inspection de la marge anale et anuscopie) de tous les patients infectés par le VIH venant consulter leur infectiologue pour le suivi habituel de leur séropositivité. Le diagnostic de condylome n’était posé qu’après confirmation histologique. Sur 516 patients auxquels le dépistage a été proposé, 473 (92 %) l’ont accepté et 108 (23 %) présentaient des condylomes anaux dont 77 % étaient totalement asymptomatiques. Les taux étaient de 36,5 %, 14,6 % et 11,3 % respectivement chez les 200 homosexuels, 123 hétérosexuels et 150 femmes de notre série. Quarante-sept pour cent des patients avaient une localisation exclusivement intra-anale et 56 % étaient associés à une dysplasie. Enfin, hormis l’homosexualité, le principal facteur de risque était la notion d’antécédent de condylomes [22]. Ces résultats suggèrent fortement la nécessité de dépister par un examen proctologique complet les patients de tout sexe infectés par le VIH. 200 Carcinogenèse Le carcinome épidermoïde de l’anus est rare dans la population générale ; il était à prédominance féminine et ne représente que 1,5 % des cancers digestifs. Son incidence annuelle et par million d’habitants est de 7 pour les femmes et de 4 pour les hommes en Suède et au Danemark [10] et il est de 9 pour les femmes et de 7 pour les hommes dans la population de type caucasien aux États-Unis [23]. Cependant, son incidence a été multipliée par 4 en 30 ans, avec l’apparition d’un fort pic d’incidence dans la population homosexuelle infectée par le VIH [19]. Ce cancer est associé au virus HPV dans la plupart des cas. En effet, dans une étude portant sur 388 patients porteurs d’un carcinome épidermoïde de l’anus, l’ADN de l’HPV a été mis en évidence dans 88 % des tumeurs [10]. Les études sur la carcinogenèse du cancer de l’anus sont peu nombreuses. Nous utiliserons donc les données de la littérature sur le col utérin, car les similitudes entre ces deux carcinomes épidermoïdes semblent très importantes. En effet, hormis leur histologie identique, ces deux cancers sont associés au même virus oncogène (HPV), ils se développent sur une zone de jonction entre une muqueuse épidermoïde et glandulaire et il est probable qu’ils expriment tous les deux les mêmes facteurs immunitaires. Pour ces deux cancers, la plupart des auteurs considèrent que le passage de l’infection par le virus HPV au cancer de l’anus passe par le développement d’une dysplasie de bas puis de haut grade. La dysplasie La dysplasie est aussi appelée néoplasie intraépithéliale ; elle définit les changements cellulaires induits par une infection à HPV. Cette dysplasie est classée en 2 grades : Dysplasie de bas grade également appelée grades 1 et 2 (AIN I et AIN II) ou LSIL (low squamous intraepithelial lesion des Anglo-Saxons). Elle est caractérisée par un épithélium malpighien épaissi avec des atypies cellulaires modérées, surtout localisées dans les couches profondes de la muqueuse, avec un noyau un peu gros et hyperchromatique. Dysplasie de haut grade également appelée carcinome in situ ou grade 3 ou AIN III ou HSIL (high squamous intraepithelial lesion des Anglo-Saxons). Elle se caractérise par des atypies cytonucléaires présentes sur toute la hauteur de la muqueuse ; on retrouve une désorganisation architecturale importante associée à une parakératose ou à une dyskératose. Jusqu’à présent, l’évolution de la dysplasie de bas grade (LSIL) vers la dysplasie de haut grade (HSIL) semblait être un continuum linéaire. Il semblerait plutôt que ces deux lésions aient des histoires naturelles bien Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 distinctes. Dans la LSIL, l’infection par HPV entraîne une maturation et une différenciation épithéliales avec des anomalies cellulaires minimes et un taux de régression spontanée important. Les HSIL sont de véritables précurseurs du cancer. À ce stade, l’infection HPV empêche la différenciation et la maturation épithéliales. Les cellules immatures répliquées sont source d’une accumulation d’anomalies génétiques et de la formation de clones de cellules cancéreuses avec un taux de régression spontanée nul [24]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Les génotypes Certains virus sont plus oncogènes que d’autres. Les génotypes 16, 18, 45 et 56 sont liés à un risque élevé d’apparition de lésions néoplasiques. Ainsi, la probabilité de survenue d’un cancer est de 130 fois supérieure chez un sujet infecté par ces génotypes par rapport à un sujet non infecté. Parmi eux, le génotype 16 est le plus fréquemment associé aux néoplasies ; il est retrouvé dans 50 à 87 % des cancers du canal anal [24]. Les types 31, 33, 35, 51 et 52 sont considérés comme ayant un risque oncogénique intermédiaire mais sont souvent associés aux dysplasies de haut grade. Enfin, les types 6, 11, 42, 43 et 44 sont considérés comme à faible risque et sont impliqués dans le développement de lésions correspondant à des condylomes acuminés qui peuvent régresser spontanément [9]. Les oncoprotéines L’infection par un HPV oncogène est nécessaire pour l’apparition de lésions précancéreuses puis du cancer invasif mais elle n’est pas suffisante [25]. Les facteurs qui influencent cette évolution commencent à être en partie élucidés. Les HPV à potentiel oncogénique possèdent 2 gènes qui codent pour la synthèse des oncoprotéines E6 et E7. En phase quiescente, l’expression des gènes codant pour E6 et E7 est inhibée par la protéine E2 et probablement E1. L’évolution vers le cancer s’effectue par l’intégration du génome du virus HPV dans l’ADN de la cellule hôte. Le virus peut alors rompre la protéine virale E2, et libérer ainsi l’expression des oncoprotéines E6 et E7 qui se lient aux gènes suppresseurs de tumeur p53 et pRb (système rétinoblastome). Cette liaison inactive ces derniers, occasionnant une absence de régulation du cycle cellulaire et la transformation tumorale [26]. Rôle de l’immunité L’influence de l’immunodépression (lors d’une infection par le VIH, après chimiothérapie ou chez les transplantés) est actuellement mieux comprise [27]. Palefsky et al. ont observé qu’au niveau du col utérin la prévalence et l’incidence de l’infection à HPV et des dysplasies étaient beaucoup plus importantes chez la femme positive pour le VIH que chez la femme séronégative [28]. L’étude de Sobhani et al. va plus loin en démontrant que la co-infection VIH est un facteur de risque indépendant de cancer anal et de dysplasie de haut grade [29]. Il semble que la co-infection HPV-VIH favorise l’évolution vers la dysplasie et le cancer en altérant l’immunité locale et tissulaire [6]. En effet, l’infection par le HPV induit une stimulation des cellules dendritiques présentatrices d’antigène (cellules de Langherans ou CL) [6]. Celles-ci quittent la muqueuse par les relais ganglionnaires pour stimuler les lymphocytes qui, activés à leur tour, retournent vers les cellules épithéliales infectées. Or l’infection VIH altère ces CL, ce qui explique l’importante activité virale HPV chez les patients infectés par le VIH [6]. D’autres facteurs immunitaires et locaux semblent jouer un rôle important dans la carcinogenèse. Ainsi, dans une étude incluant 199 patients traités pour condylomes et suivis de 1993 à 2002, notre équipe a étudié le rôle des co-infections anales (syphilis, CMV, EBV, HSV, VIH) et le taux de charge virale VIH comme cofacteur du cancer anal [30]. Le taux de dysplasie sévère et de cancer anal était trois fois plus élevé chez les patients co-infectés par rapport à ceux qui ne l’étaient pas (37,7 % versus 11,5 %). De même, une charge virale > à 1 000 VIH-RNA copies/mL était un autre facteur de risque d’évolution vers le cancer [30]. L’immunodépression secondaire à des thérapeutiques immunosuppressives dans le cadre d’une transplantation est également susceptible de réactiver le virus HPV. Broker et al. [31] ont en effet montré que 70 % des femmes ayant de l’ADN HPV détectable avaient un frottis normal avant transplantation rénale. Il s’agissait donc de femmes porteuses d’une infection quiescente à HPV bien contrôlée par leur statut immunitaire. Après transplantation, seules 40 % de ces femmes avaient un frottis sans anomalies cytologiques. Ces résultats témoignent du fait que le déficit immunitaire induit par le traitement antirejet a permis la réactivation virale HPV. D’où l’attention toute particulière qui doit être portée à ces sujets. Rôle des cofacteurs environnementaux Ils semblent également jouer un rôle important dans la carcinogenèse du cancer de l’anus. Les conditions socio-économiques défavorables, la multiplicité des partenaires sexuels occasionnels, les rapports anaux sont trois facteurs clairement identifiés. Le tabac était habituellement désigné jusqu’à présent comme un autre facteur de risque mais deux études récentes semblent l’innocenter [32, 33]. Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 201 Mini-revue Tableau 1. Thérapeutiques disponibles des condylomes anaux Thérapeutique Modalités d’application Effets secondaires et problèmes prédominants Efficacité publiée [34] Destruction au bistouri électrique Sous AL* ou AG§ (en fonction du nombre de lésions) Douleurs souvent proportionnelles à l’étendue des destructions 80 à 93 % Exérèse au ciseau ou scalpel froid Sous AL* ou AG§ Saignement postopératoire, exérèse pas assez profonde → utilisée pour histologie - Vaporisation laser CO2 Sous AG§ Coût très élevé du matériel 80 à 90 % En consultation Difficile à standardiser 63 à 89 % 2 à 3 fois par semaine pendant 2 à 4 mois Brûlures et ulcérations sur les zones d’application imposant parfois l’interruption du traitement 45 à 62 % Autoappliqué (topique) 2 applications par jour pendant quelques jours à 5 semaines Brûlures et ulcérations sur les zones d’application. Plus utilisé actuellement car efficacité remise en cause et récidive fréquente 70 à 90 % 5-Fluoro-uracil Autoappliqué (topique) 1 à 2 applications par jour pendant 4 semaines Toxicité - Non commercialisé et absence d’AMM pour cette indication 60 à 90 % Interféron Sytémique ou intralésionnel Toxicité habituelle de ce produit + coût très élevé et absence d’AMM pour cette indication 7 à 82 % Cidofovir Injection sous-lésionnelle Brûlures sur les zones d’application Hors AMM Expérimentale (lésions très sévères) Cryothérapie Imiquimod Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Podophyllotoxine * = AL : anesthésie locale. § = AG : anesthésie générale. Prise en charge thérapeutique Dans la pratique actuelle, le traitement repose sur la destruction des lésions macroscopiquement visibles de l’infection HPV. La recherche et le traitement spécifique du virus ne sont pas effectués. Cette attitude sera peut-être remise en cause par des études démontrant le bénéfice clinique que l’on pourrait attendre d’une recherche par frottis et surtout par l’arrivée du vaccin contre HPV. Les différentes thérapeutiques disponibles, leurs modalités d’utilisation et leurs efficacités démontrées [34] sont définies dans le tableau 1. Il est à noter que la plupart de ces données nous proviennent d’études sur le col utérin, qu’il n’existe pas de série comparative et qu’aucune d’elles ne décrit la taille des lésions, leur étendue, leur nombre ou leur aspect (plan ou végétant). Il n’est donc pas possible de choisir scientifiquement la thérapeutique la plus adaptée. Devant ces lacunes de l’EBM, le choix est souvent guidé par les habitudes et disponibilités de matériels de chaque spécialiste. Ainsi, les dermatologues utilisent en grande majorité la cryothérapie par azote liquide, les gynécologues la vaporisation laser alors que les proctologues privilégient le bistouri électrique. La pommade imiquimod semble être utilisée par toutes les spécialités. En dehors de ces options thérapeutiques générales, le proctologue doit adapter son traitement à l’aspect 202 clinique des lésions. Des propositions thérapeutiques sont définies dans le tableau 2. Celles-ci sont bien sûr à moduler en fonction de l’activité des patients (professionnelle, personnelle, voyages...), de leur sensibilité, de leur activité virale HPV (fréquence et importance des récidives), de leurs antécédents médicaux (immunité, antiagrégant ou anticoagulant) et de leur réponse antérieure aux traitements des condylomes. Les deux thérapeutiques le plus couramment utilisées par les proctologues sont la destruction au bistouri Tableau 2. Propositions thérapeutiques pour le traitement des condylomes anaux, en fonction de l’aspect des lésions rencontrées en pratique clinique Type de lésions Condylomes peu nombreux, plans ou végétants de la marge anale Condylomes peu nombreux, plans ou végétants du canal anal Condylomes nombreux, végétants de la marge et/ou du canal anal Condylomes plans en large nappe de la marge anale Buschke-Loweinstein Bowen * = AL : anesthésie locale. Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 § Thérapeutiques Bistouri électrique sous AL* Ou Imiquimod Bistouri électrique sous AL* Bistouri électrique sous AG§ Bistouri électrique ± imiquimod Exérèse chirurgicale large (carcinologique) en 1 ou 2 temps Exérèse chirurgicale carcinologique = AG : anesthésie générale. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. électrique et l’imiquimod. Cette dernière thérapeutique est une imidazoloquinoline. Son originalité réside dans son mode d’action par stimulation d’une réponse immune de l’hôte. Elle induit une augmentation locale d’interféron alpha, de TNF alpha et d’autres cytokines telles que IL1, 6, 8, 10, 12, G-CSF et MCP1. Cette cascade d’événements permet de stimuler les cellules dendritiques et les lymphocytes T en activant le récepteur TLR7 [35]. Il est possible que ce soit cet ensemble d’immunomodulation qui soit la cause du faible taux de récidive (13 %) actuellement rapporté dans la littérature. Elle doit être appliquée sur la zone porteuse de condylomes par un massage de 1 à 2 minutes. Elle occasionne une inflammation secondaire dans 60 % des cas, pouvant aller jusqu’à des ulcérations et imposer son interruption. On peut alors recommander au patient d’espacer la prise du produit. Ces réactions cutanées régressent toujours à l’arrêt du traitement. Il faut préciser que ce médicament n’a pas l’AMM pour l’utilisation en intracanalaire et ne peut donc pas, théoriquement, être appliqué à ce niveau. Toutes les thérapeutiques dont nous disposons sont associées à un taux de succès et de récidive qui impose plusieurs séances de traitement pour espérer éradiquer cette infection. Pour notre part, lors de la première consultation, il est décidé de traiter les patients avec imiquimod ou destruction au bistouri électrique sous anesthésie locale ou générale en fonction de l’étendue, de l’aspect clinique des lésions et du patient (tableau 2). Une histologie est systématiquement réalisée ; le résultat permettra de définir la fréquence du suivi qui sera d’autant plus rapproché que la dysplasie est sévère. Puis le patient est revu tous les 1 à 2 mois pour traiter les récidives ou lésions persistantes. Lorsque nous n’observons plus de récidive, nous doublons le temps entre chaque consultation. À 1 an sans récidive, nous réalisons encore un examen proctologique tous les ans pendant 2 à 3 ans. Le suivi ultérieur est à moduler en fonction des facteurs de risque du patient. En cas de récidive, il est nécessaire de réaliser une histologie à la recherche d’une évolution péjorative. Espoir thérapeutique : le vaccin La prévalence de l’infection à HPV dans le monde, le risque de cancer qu’il occasionne, la difficulté à traiter les patients infectés avec un taux de récurrence important quelles que soient les thérapeutiques, occasionnant un inconfort, voire des douleurs majeures, ont rendu légitime la volonté de développer un vaccin. Plusieurs équipes y travaillent depuis une vingtaine d’années. Différents vecteurs ont été testés ; les plus fréquemment étudiés sont les protéines de la capside du virus HPV telles que L1 et L2 qui semblent très immunogènes. Les premières études de faisabilité ont été publiées ces 5 dernières années. Elles montrent que les vaccins testés sont capables d’induire une stimulation immunitaire adaptée qui est spécifique du génotype du virus dont provient le vecteur. Koutsky et al. sont les premiers à avoir publié les résultats d’une étude randomisée sur un grand nombre de patientes [36]. 2 392 jeunes femmes âgées de 16 à 23 ans, avec recherche d’HPV négative par PCR au niveau du col utérin, ont ainsi reçu soit 3 injections d’un vaccin L1-HPV16 (injection à M0, M2 et M6), soit un placebo. Après 17,4 mois, l’incidence d’infection du col utérin à HPV16 était de 3,8 % femmes-années dans le groupe placebo versus 0 % dans celui des vaccinées. Ces résultats ont été confirmés par une étude randomisée internationale (au Brésil, en Europe et aux États-Unis) qui a testé un vaccin quadrivalent (L1 associé aux génotypes 6, 11, 16 et 18) chez des jeunes femmes de 16 à 23 ans également. Après 30 mois de suivi, l’incidence d’infection génitale à HPV6, 11, 16 et 18 était diminuée de 90 % dans le bras placebo [37]. Ces deux études démontrent l’efficacité que l’on peut attendre du vaccin pour prévenir l’infection à HPV. Mais le réel bénéfice que l’on espère du vaccin prophylactique est de savoir s’il peut prévenir la survenue de dysplasie, voire du cancer. L’étude de Harper et al. semble aller dans ce sens [38]. Ils ont vacciné (vaccin HPV1618) ou traité par placebo 1 113 femmes âgées de 15 à 25 ans. Dans le groupe des vaccinées, les auteurs rapportaient une diminution de 93 % de l’incidence de la dysplasie après un suivi de 18 mois alors que 85 % des patientes ont été évaluées [38]. Ces études laissent espérer que le vaccin prophylactique pour des jeunes filles permettrait probablement d’éviter une primo-infection à HPV et l’apparition de néoplasie du col utérin. Il est bien évidemment nécessaire d’attendre des séries avec un suivi plus long pour une maladie dont l’histoire naturelle se déroule sur plusieurs années. Il faudrait également vérifier que cette vaccination a également une action préventive sur le cancer de l’anus. Il restera alors à définir les populations à vacciner (toutes les jeunes filles, tous les adolescents, ceux pouvant être définis comme à risque, les homosexuels) et le calendrier vaccinal. L’autre objectif d’un vaccin contre HPV est de traiter les patients déjà porteurs de condylomes ou de dysplasies. Les résultats d’un tel vaccin thérapeutique semblent moins avancés puisque, même si l’on observait une augmentation de la réponse immunitaire après injection d’un vaccin bivalent HPV16-18 associé aux protéines E6 et E7, seules 5 patientes sur 12 (42 %) bénéficiaient d’une réduction de plus de 50 % de la taille de leurs lésions [39]. Le chemin sera donc encore long pour un vaccin thérapeutique de l’anus. Hépato-Gastro, vol. 13, n° 3, mai-juin 2006 203 Mini-revue Références En résumé Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. • La fréquence de l’infection à HPV semble avoir augmenté ces dernières années. Elle est 2 fois supérieure à celle de l’herpès génital, et est actuellement estimée, toutes localisations confondues, à environ 6 % de la population générale. • Le HPV est détecté dans la muqueuse anale des homosexuels positifs pour le VIH dans près de 91 à 93 % des cas. • Le cancer de l’anus est associé au virus HPV dans la plupart des cas. • La co-infection HPV-VIH favorise l’évolution vers la dysplasie et le cancer en altérant l’immunité locale et tissulaire. • Les condylomes, qui sont la manifestation macroscopique de l’infection à HPV, sont retrouvés chez 23 % des patients infectés par le VIH. • Ces résultats suggèrent fortement la nécessité de dépister par un examen proctologique complet les patients de tous sexes infectés par le VIH. • La destruction au bistouri électrique et l’imiquimod sont les deux thérapeutiques le plus couramment utilisées par les proctologues. • Ces thérapeutiques sont associées à un taux de récidive qui impose plusieurs séances de traitement pour espérer éradiquer cette infection. • Le choix d’un traitement avec imiquimod ou par destruction au bistouri électrique sous anesthésie locale ou générale est fonction de l’étendue, de l’aspect clinique des lésions et du patient. • L’étude anatomopathologique permet de définir la fréquence du suivi qui sera d’autant plus rapproché que la dysplasie est sévère. • Un vaccin prophylactique est en développement. Son indication principale sera la prévention de la primo-infection à HPV chez les femmes, ce qui devrait permettre de prévenir l’apparition de néoplasie du col utérin. • L’intérêt de la vaccination dans la prévention des lésions anales est à confirmer. Conclusion Le virus HPV est l’une des maladies sexuellement transmissibles les plus fréquentes dans le monde. Son expression clinique la plus courante est le condylome. Lorsque le diagnostic est posé au niveau de l’anus, les autres localisations potentielles doivent être recherchées. La prévalence particulièrement importante chez les patients immunodéprimés impose un dépistage systématique des condylomes anaux avec un examen proctologique complet dans cette population. Le principal risque est la dégénérescence en carcinome épidermoïde de l’anus, particulièrement chez les patients infectés par le VIH. Le traitement repose sur la destruction des lésions visibles au bistouri électrique et/ou l’application de pommade imiquimod. Les premiers résultats sur le vaccin prophylactique semblent très prometteurs. 204 1. Cates N, Hinman A. Sexually transmitted diseases in the 1990s. N Engl J Med 1991 ; 325 : 1368-9. 2. Chardonnet Y, Lizard G, Chignol MC, Schimitt D. Analytical methods for evaluation on whole cells of human papillomavirus infection. Bull Cancer 1995 ; 82 : 107-13. 3. Oriel JD. Natural history of genital warts. Sex Transm Infec 2000 ; 76 : 22-3. 4. Chu QD, Vezeridis MP, Libbey NP, Wanedo HJ. Giant condyloma acuminatum (Buschke-Loewenstein tumor) of the anorectal and perianal regions. Analysis of 42 cases. Dis Colon Rectum 1994 ; 37 : 950-7. 5. Ho GR, Bierman L, Beardsley CJ, Chang SF, Burk RD. Natural history of cervical vaginal papillomavirus infection in young women. N Engl J Med 1998 ; 338 : 423-8. 6. Sobhani I, Walker F, Aparicio T, Abramowitz L, Henin D, Cremieux AC, et al. Effect of anal epidermoïd cancer-related viruses on the dendritic (langherans) cells of the human anal mucosa. 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