Actes kiné Lombalgies

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Actes kiné Lombalgies
Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
ARGUMENTAIRE
Référentiel concernant la rééducation en cas de
lombalgie commune
Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7
du Code de la sécurité sociale
Mars 2011
HAS / Mars 2011
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
L’avis de la HAS est téléchargeable sur :
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© Haute Autorité de Santé – 2011
HAS / Mars 2011
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
Sommaire
Argumentaire ......................................................................................................................... 4
1
Contexte ........................................................................................................................ 4
1.1
1.2
Base législative................................................................................................................................ 4
Saisine de la HAS............................................................................................................................ 4
2
Déroulement du travail ................................................................................................. 4
2.1
2.2
Méthode de travail de la HAS.......................................................................................................... 4
Phase de concertation avec les parties prenantes ......................................................................... 5
3
Argumentaire de la CNAMTS ....................................................................................... 5
3.1
3.2
3.3
3.4
Définition retenue de la lombalgie commune .................................................................................. 5
Description des pratiques ................................................................................................................ 5
Fondements du projet ..................................................................................................................... 7
Projet proposé ................................................................................................................................. 8
4
Données identifiées dans la littérature........................................................................ 9
5
Synthèse des commentaires des parties prenantes .................................................. 9
5.1
5.2
Commentaires des instances professionnelles médicales ............................................................. 10
Commentaires des instances professionnelles de masso-kinésithérapie....................................... 11
6
Commentaires de la HAS ............................................................................................. 15
HAS / Mars 2011
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
Argumentaire
1 Contexte
1.1 Base législative
La loi n° 2008-1330 du 17 décembre 2008 de financem ent de la sécurité sociale pour 2009 (art.
42) a modifié l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale traitant de la prise en charge ou du
remboursement par l’assurance maladie des actes et prestations. Dans le cas de la prescription
d’actes réalisés en série, cet article donne à l'Union nationale des caisses d'assurance maladie la
possibilité de saisir la HAS afin qu’elle valide un référentiel définissant le nombre d’actes au-delà
duquel un accord préalable du service du contrôle médical est nécessaire à la poursuite à titre
exceptionnel de la prise en charge1. La validation de la HAS est expressément requise.
1.2
Saisine de la HAS
Par courrier en date du 17 janvier 2011, reçu le 24 janvier 2011 par la HAS, le Directeur Général
de l’UNCAM a saisi la HAS d’une demande de validation d’un référentiel sur le thème
« rééducation et lombalgie commune ».
L’objectif de la saisine est de valider, en cas de lombalgie commune, le nombre de séances de
rééducation au-delà duquel le masseur-kinésithérapeute demandera, de manière exceptionnelle,
un accord préalable du service du contrôle médical en justifiant médicalement la poursuite des
soins, après concertation avec le prescripteur. Dans la grande majorité des cas, la rééducation
aura atteint ses objectifs thérapeutiques avec un nombre de séances inférieur à celui proposé. Ce
nombre d’actes sera inscrit à la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (Titre XIV,
Chapitre V).
Le nombre seuil de séances prévu dans le référentiel soumis à l’avis de la HAS est de :
•
15 pour une série de séances de rééducation pour l’lombalgie commune ;
•
30, si déjà 30 séances pour lombalgie commune ont été prises en charge dans les 12 mois
précédents.
2 Déroulement du travail
2.1 Méthode de travail de la HAS
Le travail a été réalisé selon la procédure définie par le guide « Méthode d’élaboration des avis de
la HAS après saisine par l’assurance maladie ».
La HAS a effectué une recherche documentaire de recommandations de bonne pratique, de
revues systématiques et de méta-analyses concernant le thème du référentiel proposé. Dans le
cas présent, il s’agissait d’identifier des informations sur le nombre de séances de rééducation
recommandé ou validé dans des études, en cas de lombalgie commune.
1
Extrait de l’art. L162-1-7 du Code de la sécurité sociale : « Lorsqu'il s'agit d'actes réalisés en série, ces conditions de
prescription peuvent préciser le nombre d'actes au-delà duquel un accord préalable du service du contrôle médical est
nécessaire en application de l'article L. 315-2 pour poursuivre à titre exceptionnel la prise en charge, sur le fondement
d'un référentiel élaboré par la Haute Autorité de santé ou validé par celle-ci sur proposition de l'Union nationale des
caisses d'assurance maladie. »
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Rééducation et lombalgie commune
La HAS a également engagé une phase de concertation avec les parties prenantes
professionnelles concernées.
2.2 Phase de concertation avec les parties prenantes
La HAS a sollicité l’avis des instances professionnelles suivantes :
• Association française pour la recherche et l’évaluation en kinésithérapie ;
• Collège de la médecine générale ;
• Collège français des médecins rhumatologues ;
• Fédération des Spécialités Médicales ;
• Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs ;
• Objectif kiné ;
• Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes ;
• Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique ;
• Société française de médecine physique et de réadaptation ;
• Société française de physiothérapie ;
• Société française de rhumatologie ;
• Société nationale française de médecine interne ;
• Syndicat national des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs.
Une réponse a été reçue des instances suivantes :
• Association française pour la recherche et l’évaluation en kinésithérapie ;
• Collège français des médecins rhumatologues ;
• Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs ;
• Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes ;
• Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique ;
• Société française de médecine physique et de réadaptation ;
• Société française de physiothérapie ;
• Société nationale française de médecine interne ;
• Syndicat national des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs.
3 Argumentaire de la CNAMTS
3.1 Définition retenue de la lombalgie commune
Le référentiel porte sur la rééducation en ambulatoire des lombalgies communes chez l’adulte.
La CNAMTS reprend la définition des recommandations de 2005 de la HAS2 : « La lombalgie
commune correspond à des douleurs lombaires de l’adulte sans rapport avec une cause
inflammatoire, traumatique, tumorale ou infectieuse. On estime habituellement, sur la base de la
pratique clinique, que la « lombalgie commune » représente la grande majorité des cas (90 %) de
lombalgies prises en charge par les professionnels de santé. »
3.2 Description des pratiques
« ► Echantillon n°1 : étude des ententes préalables re çues par l’Assurance Maladie (2001)
Un audit médical a été réalisé entre le 15 et le 21 mars 2001 sur un échantillon au 1/12e
représentatif des demandes d’entente préalable (DEP) émanant de masseurs kinésithérapeutes
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Prise en charge masso-kinésithérapique dans la lombalgie commune : modalités de prescription. HAS. Mai
2005
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Rééducation et lombalgie commune
libéraux pour les assurés des trois régimes, quel que soit le risque (maladie, maternité ou accident
du travail) et le lieu de réalisation.
Sur 17 125 demandes d’entente préalables reçues, 5 217 (30 %) portaient sur une rééducation du
rachis et/ou des ceintures, quelles que soient la nature et la localisation de la pathologie traitée.
Pour 2 235 demandes d’ententes préalables, la localisation était précisée et concernait le rachis
lombaire. Lors d’un traitement initial, la durée moyenne du traitement demandé était de
11,5 séances. Pour une prolongation de traitement, elle était de 13,1 séances.
Atteinte
lombaire
rachis
2 325
Nombre
moyen de
séances/DEP
49,1 ans 1 855
11,5
Prolongation de
traitement
Nombre
moyen de
séances/DEP
Nombre
de DEP
Nombre
de DEP
Âge moyen
Nombre de
DEP
Traitement initial
465
13,1
Données : informations issues de l’examen des DEP reçues au service médical pour des assurés du
régime général entre le 15 et le 21 mars 2001.
► Echantillon n°2 : étude des soins de masso-kinésit hérapie réalisés pour des patients
atteints de dorso-lombalgies et reconnus atteints d’une affection de longue durée
En 2008 et 2009, 30 175 patients, assurés du régime général, ont été reconnus atteint d’une
affection de longue durée selon l’article L 324-13 du code de la sécurité sociale avec comme
diagnostic « dorso-lombalgie »4. Le motif administratif d’ouverture d’un article L324-1 concerne
essentiellement des assurés en arrêt de travail de plus de 6 mois. Il s’agit donc d’un échantillon de
patients lombalgiques chroniques pour lesquels on peut supposer une prise en charge en massokinésithérapie plus longue que celle de l’ensemble des lombalgies communes. Le nombre de
séances de rééducation en ambulatoire réalisé par ces patients en 2009 a été recherché (régime
général y compris section locale mutualiste) : 64 % de ces patients ont eu des séances de massokinésithérapie. Pour ces patients, le nombre moyen de séances constaté sur l’année était de 33.
La médiane se situe à 23 séances.
Nombre de patients ayant
eu au moins une séance de
masso-kinésithérapie en
2009
Âge
moyen
moyenne
q25
19 383
46 ans
33
12
Nombre de séances
médiane q75 q90
23
42
71
q95
93
Données : assurés du régime général y compris SLM, soins réalisés en 2009
Le nombre moyen de séances par département varie de 20 séances pour la Vienne (106 patients)
à 34 séances pour le Gard (360 patients). Pour cette comparaison, les départements qui ont plus
de 100 patients sont retenus. Les consommations les plus extrêmes (5 %) ont été exclues du
calcul des moyennes départementales »
3
Article L324-1 du code de la Sécurité sociale : (extrait) En cas d'affection de longue durée et en cas d'interruption de
travail ou de soins continus supérieurs à une durée déterminée (6 mois), la caisse doit faire procéder périodiquement à
un examen spécial du bénéficiaire, conjointement par le médecin traitant et le médecin conseil de la sécurité sociale en
vue de déterminer le traitement que l'intéressé doit suivre si les soins sont dispensés sans interruption ; (…)
4
Codes CIM 10 retenus : M51-Atteintes d'autres disques intervertébraux, M543-Sciatique, M544 Lumbago avec
sciatique, M545 Lombalgie basse, M546 Rachialgies dorsales, M548 Autres dorsalgies
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Rééducation et lombalgie commune
3.3 Fondements du projet
« La prescription de masso-kinésithérapie représente une part importante du traitement proposé
dans la prise en charge des lombalgies. La place et les modalités de réalisation de la massokinésithérapie dans les lombalgies ont été précisées dans plusieurs recommandations de l’ANAES
et de l’HAS. Elle ne se limite pas au traitement de la douleur mais est une étape essentielle de la
prévention des récidives et du passage à la chronicité.
► Classification des lombalgies communes
Plusieurs classifications existent.
La classification du GILL (Groupe interdisciplinaire de lutte contre les lombalgies) [7] distingue :
• la lombalgie primaire : premier épisode douloureux, de durée le plus souvent limitée,
capable d'être prévenue par les moyens de prévention primaire ;
• la lombalgie secondaire : forme récidivante, susceptible de gêner les activités quotidiennes
et d'entraîner un retentissement psychologique. Elle peut être prévenue par les moyens de
prévention secondaire, en particulier dans les écoles du dos médicalisées ;
• la lombalgie tertiaire : forme chronique et invalidante, responsable de désinsertion sociale,
professionnelle et psychologique. Elle nécessite la mise en œuvre de compétences et de
mesures pluridisciplinaires orientées vers la reprise précoce des activités et la réinsertion
du sujet, si possible dans son cadre de vie antérieur.
Les recommandations de la HAS de 2005 sur la prise en charge masso-kinésithérapique dans la
lombalgie commune distinguent :
• les lombalgies aiguës d’évolution égale ou inférieure à 4 semaines ;
• les lombalgies subaiguës qui ont une évolution comprise entre 4 et 12 semaines ;
• les lombalgies chroniques marquées par leur ancienneté supérieure à 3 mois ;
• les lombalgies récidivantes sont définies comme la survenue d’au moins deux épisodes
aigus à moins d’un an d’intervalle5.
Ces classifications répondent à des situations cliniques classiques exprimant les risques évolutifs
des lombalgies communes au long cours et leur gravité potentielle, qui rendent nécessaire de
recourir aux moyens de prévention dés que leur évolution parait se prolonger.
► Recommandations de bonne pratique
Le référentiel s’appuie essentiellement sur les recommandations de la HAS parues en 2005 [1].
« La prescription de masso-kinésithérapie doit permettre la reprise des activités du patient dans les
meilleures conditions possibles et, dans le cadre des lombalgies subaiguës ou récidivantes, la
prévention des rechutes ou du passage à la chronicité.
Pour mener à bien ce programme, le masseur-kinésithérapeute dispose d’une série d’actes
comprenant notamment : les exercices thérapeutiques (ou gymnastique médicale), le massage,
l’électrothérapie, les tractions vertébrales, la balnéothérapie, les contentions lombaires, la
thermothérapie, la cryothérapie et les réflexothérapies. »
Dans ces recommandations, la HAS distingue deux situations de prise en charge :
• La lombalgie aiguë
Du fait qu’ « aucune étude n’a montré une réelle efficacité de la masso-kinésithérapie, et aucune
recommandation publiée ne l’a proposée (…) les experts du groupe de travail considèrent qu’au
stade aigu de la maladie (4 premières semaines) le traitement est avant tout médical. À cette
période, l’évolution étant le plus souvent favorable, il faut éviter une médicalisation excessive qui
pourrait favoriser le passage à la chronicité. Cependant, dans certains cas exceptionnels, un
nombre limité de séances de kinésithérapie peut être proposé (2 à 6), à un rythme de 2 à 3
5
Les lombalgies subaiguës, récidivantes et chroniques ont été regroupées dans les recommandations de la
HAS en 2005, les plans de traitement rééducatifs étant le plus souvent similaires dans les publications.
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Rééducation et lombalgie commune
séances par semaine (un traitement masso-kinésithérapique prescrit trop précocement et à une
rythmicité trop grande peut favoriser une dépendance du patient vis-à-vis du kinésithérapeute).
L’objectif est une reprise rapide de l’activité : les techniques antalgiques pourraient être prescrites,
associées à des conseils d’hygiène de vie et à l’éducation du patient.»
A ce stade, la prise en charge vise deux objectifs : maîtriser le symptôme et, à distance de
l’épisode, prévenir les récidives d’épisodes aigus en apprenant au rachialgique à composer avec
son dos malade en respectant les règles d’économie vertébrale.
Les techniques antalgiques que cite la HAS sont encore insuffisamment évaluées. Elles consistent
en programmes d’exercices en cyphose (flexion lombaire de Williams), en lordose (extension
lombaire de Cyriax d’abord puis réactualisée par MacKenzie), verrouillage lombaire en position
intermédiaire élaboré par Troisier et rééducation proprioceptive lombo-pelvienne. Elles se
pratiquent sur un petit nombre de séances (2 ou 3).
• La lombalgie chronique
La HAS préconise le schéma de prise en charge suivant :
• une première série de 10 à 15 séances (Les séances ne doivent pas être trop rapprochées
pour éviter une médicalisation excessive et pour laisser le temps au patient d’apprendre les
exercices et gestes de prévention.)
• à l’issue cette première série, « deux nouveaux bilans, médical et kinésithérapique, sont
proposés pour déterminer si le traitement masso-kinésithérapique doit être arrêté ou
poursuivi. »
• si le traitement doit être poursuivi, « 15 séances supplémentaires semblent représenter un
objectif à ne pas dépasser »
« Les experts insistent sur la nécessité de responsabiliser le patient pour la gestion dans le temps
des séances de masso-kinésithérapie (30 au maximum sur une période d’un an), et sur
l’importance de son éducation (conseils d’hygiène de vie, gestes et postures, port de charge,
ergonomie, exercices d’entretien adaptés à chaque patient). La concertation entre le médecin et le
masseur-kinésithérapeute est essentielle, et un travail en collaboration tripartite, patient-masseurkinésithérapeute-médecin devrait améliorer la prise en charge. »
Le Medical Disability Advisor, guide américain, recommande une rééducation de 12 séances sur
une période de 6 semaines. »
3.4 Projet proposé
« Il ne parait pas nécessaire, en l’état actuel des connaissances, de distinguer par un seuil
différent, dans le cadre de la procédure d’accord préalable, les situations de lombalgie aiguë et les
situations de lombalgie chronique. En effet, une part importante des premiers épisodes
lombalgiques ne donne pas lieu à une prise en charge de rééducation. De plus il n’est pas toujours
facile de distinguer objectivement dans quelle situation clinique le patient se trouve (épisode isolé
aigu ou pathologie déjà chronique).
A partir des recommandations consultées, il est proposé, quand une rééducation en ville est
nécessaire pour la prise en charge de la lombalgie commune, de fixer le nombre de séances audelà duquel un accord préalable du service du contrôle médical est nécessaire pour poursuivre, à
titre exceptionnel, la prise en charge :
• dès la 16ème séance pour une série de séances de rééducation pour lombalgie commune ;
• dès la 31ème séance, si déjà 30 séances pour lombalgie commune auront été prises en
charge dans les 12 mois précédents.
Ces deux paliers (15 séances pour une série et 30 séances sur une année) correspondent à des
temps importants de concertation entre les différents intervenants dans la prise en charge du
patient. »
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Rééducation et lombalgie commune
4 Données identifiées dans la littérature
Malgré le nombre très important de publications (recommandations, méta-analyses, revues de
synthèse) concernant la lombalgie commune et notamment la masso-kinésithérapie comme
modalité thérapeutique, très peu de données sont disponibles concernant le nombre de séances
de masso-kinésithérapie à réaliser.
Deux recommandations de bonne pratique proposent un nombre de séances :
• celles de la HAS de 20056, reprises dans le chapitre « fondements du projet » du référentiel de
la CNAMTS :
o lombalgies aiguës : « dans certains cas exceptionnels, un nombre limité de séances
de kinésithérapie peut être proposé (2 à 6), à un rythme de 2 à 3 séances par
semaine » ;
o lombalgies subaiguës, récidivantes et chroniques :
En début de traitement : « Les experts ont proposé une première série de 10
à 15 séances. Les séances ne doivent pas être trop rapprochées pour éviter
une médicalisation excessive et pour laisser le temps au patient d’apprendre
les exercices et gestes de prévention. »
« Si le traitement doit être poursuivi, une fiche de synthèse dite
« intermédiaire » est adressée au médecin prescripteur et au médecinconseil avec une proposition de renouvellement de séances. 15 séances
supplémentaires semblent représenter un objectif à ne pas dépasser » ;
« Les experts insistent sur la nécessité de responsabiliser le patient pour la
gestion dans le temps des séances de masso-kinésithérapie (30 au
maximum sur une période d’un an), et sur l’importance de son éducation
(conseils d’hygiène de vie, gestes et postures, port de charge, ergonomie,
exercices d’entretien adaptés à chaque patient). »
• celles du NICE de mai 20097, qui proposent neuf séances sur une période de 12 semaines.
Une autre recommandation anglaise8 recommande « un nombre limité de séances pour éviter la
dépendance », sans autre précision.
Toutes les autres recommandations de bonne pratique identifiées (y compris celles signalées par
la Société française de physiothérapie) ne proposent pas un nombre de séances à réaliser, bien
qu’elles positionnent les thérapies manuelles dans la lombalgie aiguë comme dans la lombalgie
chronique. De même les revues de synthèse et les méta-analyses.
A noter que les recommandations existantes distinguent toujours lombalgie commune aiguë et
lombalgie commune chronique, avec des définitions variables de la durée respective de ces deux
phases. La masso-kinésithérapie est un des outils thérapeutiques proposés, avec des modalités
d’intervention variables selon les phases. Toutes les recommandations insistent sur l’intérêt
d’interventions multidisciplinaires et psycho-socio-éducatives.
5 Synthèse des commentaires des parties prenantes
Sont repris ici les principaux commentaires des parties prenantes, portant sur l’argumentation
développée par la CNAMTS, et les informations fournies pouvant aider à définir le nombre de
séances de rééducation ne nécessitant pas d’accord préalable du service du contrôle médical.
6
Prise en charge masso-kinésithérapique dans la lombalgie commune : modalités de prescription. HAS. Mai
2005
7
Low back pain: early management of persistent non-specific low back pain. National Collaborating Centre
for Primary Care. NICE. Mai 2009
8
Clinical guidelines for the physiotherapy management of persistent low back pain. The chartered society of
physiotherapy. Londres. 2006.
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5.1 Commentaires des instances professionnelles médicales
Les réponses ne sont pas accompagnées de références documentaires qui auraient pu apporter
des informations complémentaires de celles identifiées par la HAS.
Collège français des médecins rhumatologues (CFMR)
« Le principe d’une série de 15 séances nous paraît adapté. Le recours à l’accord médical à partir
de la 31ème séance pour l’année ne nous paraît pas adapté.
Recommandation HAS : 2 à 6 séances en phase aiguë et jusqu’à 30 en phase chronique.
La proposition d’une limite à 30 séances avant accord médical paraît donc sur cette base sous
estimée (6 + 30 = 36), mais ceci ne constitue pas l’essentiel de l’argumentaire incitant à faire
reconsidérer la borne proposée.
Sur l’échantillon n°2, la moyenne du nombre de séan ces est supérieure à la limite proposée (30)
dans certains départements (Gard). Globalement, cette limite ne rend pas compte de la pratique
observée pour 75 % des patients étudiés (q75 = 42).
Il est difficile ici d’affirmer que tout ou majorité des séances réalisées au-delà de 30 n’est pas
médicalement justifié. Ce seuil (30) n’est défendable qu’en théorie et en dehors de la réalité de nos
pratiques.
L’hétérogénéité géographique observée dans le recours à la MK pour lombalgie pourrait être
expliquée par l’hétérogénéité de l’offre de soins : démographie des kinésithérapeutes rapportée au
nombre de patients et surtout disponibilité de centres de rééducation susceptibles de prendre en
charge de façon adaptée les patients lombalgiques chronique les plus handicapés. Ces centres
sont actuellement en nombre insuffisant et encore absents de certaines régions. Ceci conduit
logiquement le praticien à organiser des prises en charge kinésithérapiques ambulatoires plus
lourdes. Compte tenu de l’état actuel des choses ces prises en charges ambulatoires sont
adaptées, nécessaires et non exceptionnelles. Elles ne relèvent donc pas de l’accord médical
préalable.
La démarche retenue nous paraît ambiguë en raison du parti pris initial de ne pas distinguer entre
lombalgie aiguë, lombalgie subaiguë et lombalgie chronique, ce qui est pourtant essentiel. Mais il
est vrai que cette distinction serait difficile, voire impossible à faire pour le médecin conseil au vu
de la seule prescription. Dans la lombalgie en voie de chronicisation l’avis ponctuel du
rhumatologue ou du médecin physique devrait être requis. Une consultation pluridisciplinaire
associant le spécialiste de l’appareil locomoteur, le médecin traitant et le médecin du travail
permettrait de rechercher les moyens les plus adaptés pour éviter la désinsertion
socioprofessionnelle.
Enfin, la pratique rhumatologique nous apprends que bon nombre de patients lombalgiques
chroniques arrivent à nos consultations après plusieurs mois d’évolution et après avoir suivi le
nombre recommandé de séances MK, mais que celles-ci étaient qualitativement insuffisantes,
voire inadaptées. Les massages et la physiothérapie résument régulièrement et à tort la prise en
charge kinésithérapique pour lombalgie. Les exercices réalisés lors d’un travail en tête à tête avec
le kinésithérapeute pendant 20 à 30 minutes par séance, pourtant nécessaires, ne sont pas
toujours retrouvés dans le cursus des ces patients. Une nouvelle prescription, et une orientation
fiable sont alors nécessaires.
Cette dernière remarque pourrait aider à définir le seuil du nombre de séances pour l’année avant
entente préalable : 60. »
Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT) - Société
française de chirurgie rachidienne (SFCR) – Société française de rhumatologie (SFR)
La SOFCOT a transmis à la HAS la réponse de sociétés associées : la Société française de
chirurgie rachidienne et la Société française de rhumatologie.
SFCR : « Le rapport préconise une entente préalable dès la 16e séance pour une série de séances
de rééducation pour lombalgie commune et dés la 31e si déjà 30 séances pour lombalgie
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Rééducation et lombalgie commune
commune ont été prises en charge dans les 12 mois précédents. Cela me parait cohérent, et
pourrait avoir l'aval de la SFCR. »
SFR (3 avis d’experts, dont 2 positifs) :
« Expert n°1 : il n'y a rien à redire, pour moi c'e st OK. Les choses sont claires, la SFR peut
s'engager.
Expert n° 2 : pour ma part, je ne conseillerais pas une approbation officielle de la SFR de ce
document de qualité extrêmement médiocre.
Expert n° 3 :
Fondement scientifique retenu : l’objectif de la rééducation c’est la reprise des activités antérieure
ou l’initiation d’un autoprogramme d’exercices physiques pour améliorer l’état fonctionnel et
prévenir la récidive. La classification du Gill parait archaïque et non validée.
Recommandations de l’HAS : je supprimerai « favorise une dépendance vis-à-vis du
kinésithérapeute ». J’ajouterai que l’objectif est la reprise des activités.
Ceci sous-entend bien sûr que le kinésithérapeute réalise ce qui est prescrit et que l’ordonnance
est correctement rédigée.
Dans la lombalgie chronique on pourrait ajouter que l’absence d’amélioration au-delà de
15 séances et l’impossibilité de reprise du travail doit faire adresser le patient à un médecin
spécialisé et au besoin envisager son intégration dans un centre de réentrainement à l’effort. »
Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER)
« A la phase de lombalgie aiguë (épisode isolé de lumbago aigu), il ne nous parait pas nécessaire
de prescrire des soins de kinésithérapie. Nous adhérons au projet proposé dans la lombalgie
commune de 15 séances au-delà desquelles une demande d’accord préalable est nécessaire pour
poursuivre les soins de kinésithérapie et de 30 séances au-delà desquelles une demande d’accord
préalable est nécessaire pour poursuivre les soins de kinésithérapie si déjà 30 séances pour
lombalgie commune ont été prises en charge dans les 12 mois précédents. Il nous parait
nécessaire de réévaluer la place des différentes techniques antalgiques et l’apport de l’ergonomie
dans la prise en charge.»
Société nationale française de médecine interne (SNFMI)
Un avis d’expert transmis : « Je suis tout à fait d’accord avec ce qui est écrit et correspond à ma
pratique courante. Seule réserve, dans la définition de la lombalgie, je ne suis pas favorable à
inclure « les irradiations dans les cuisses à leur face postérieure jusqu’au genou ». C’est une
définition assez anglo-saxonne. Je limiterais la lombalgie à des irradiations dans les fesses au
maximum. »
5.2 Commentaires des instances professionnelles de masso-kinésithérapie
Association française pour la recherche et l’évaluation en kinésithérapie (AFREK)
Concernant la lombalgie aiguë : « Contrairement aux conclusions du rapport (de la HAS) « Prise
en charge masso-kinésithérapique dans la lombalgie commune : modalités de prescription » de
mai 2005, le groupe d’experts (de l’AFREK) pense que la lombalgie aiguë doit faire l’objet, non
d’une prise en charge exceptionnelle, mais d’une prise en charge systématique et précise par le
kinésithérapeute après un bilan-diagnostic kinésithérapique. » (…)
« En résumé sur la rééducation de la lombalgie commune, le groupe d’experts tient à souligner
que le bilan-diagnostic et l’acte de rééducation sont des actes complexes, d’un niveau technique
élevé et qui s’intéressent à l’ensemble de la psycho-euro-motricité de l’individu puisque la
protection du rachis est assurée, entre autres, par la rapidité d’ajustement du polygone de
sustentation. Ce bilan doit être réalisé rapidement afin d’adapter le traitement le plus précocement
possible pour éviter rechutes et chronicité.
La lombalgie aiguë doit faire l’objet d’une prise en charge précoce par le kinésithérapeute (bilandiagnostic du kinésithérapeute complémentaire du bilan médical, soins spécifiques, moment
privilégié pour une prévention secondaire précoce, inscription dans une cohérence de soins). (…)
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
Le qualitatif des séances de kinésithérapie (contenu) et le quantitatif (nombre de séances et
rythme) sont dépendants du bilan et de l’évaluation permanente :
• de la douleur évoquée ;
• du niveau de récupération des rythmes fonctionnels, non seulement des étages perturbés,
puis du rachis dans son ensemble, mais aussi des articulations porteuses dans la marche
et dans la gestuelle courante ;
• des savoirs et savoir-faire réellement acquis par le sujet.
Le traitement doit être finalisé si on veut éviter des récidives et la chronicité. Déterminer un nombre
de séances établi sur une moyenne d’actes effectués ne paraît pas adapté à une prise en charge
de qualité qui, d’une part, est toujours différente d’un sujet à un autre et qui, d’autre part, doit être
cohérente avec les connaissances scientifiques actualisées et les résultats de l’expérience. Ce
nombre, s’il était fixé, ne pourrait être qu’arbitraire et limitatif par principe.
Le groupe d’experts pense que la durée du traitement peut se situer, de façon tout à fait justifiée,
entre 15 et 30 séances et donc qu’une demande d’accord préalable ne devrait intervenir qu’à partir
de la 30e séance et non à partir de la 15e. » (…)
Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR)
La FFMKR a demandé à l’AFRK de répondre (cf. ci-dessus).
Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes
« A la suite de la publication de Références Médicales Opposables (RMO) liées à la convention
nationale destinée à organiser les rapports entre l’assurance maladie et les médecins, une
conférence de consensus sous l’égide de l’ANAES, concernant la prise en charge kinésithérapique
de la lombalgie (novembre 1998), a corrigé ces RMO en validant l’intervention du masseurkinésithérapeute dans la phase aigue. Or, ce consensus professionnel (le seul publié à ce jour)
n’est pas pris en compte par le référentiel. (…)
Aujourd’hui, le projet de référentiel admet que, dans l’état actuel des connaissances, il ne parait
pas nécessaire de distinguer par un seuil différent, dans le cadre de la procédure d’accord
préalable, les situations de lombalgies aiguës et les situations de lombalgies chroniques. A fortiori,
c’est la démonstration que les analyses « scientifiques » sur lesquelles repose ce référentiel sont
discutables, et que « les méthodes scientifiques les mieux adaptées » ne sont pas au rendez-vous.
Pour cette raison, le Conseil national considère que ce référentiel n’est pas conforme à l’article
R4321-81 du code de déontologie et préconise la mise en place d’une conférence de consensus
sur le traitement kinésithérapique de la lombalgie commune, préalablement à la publication de
références sur cette prise en charge. »
Société française de physiothérapie (SFP)
« 1. Sur la forme et le fond
Le document proposé est peu consistant sur la présentation des arguments scientifiques exposés.
Voici les principaux points jugés très faibles :
- processus de sélection des articles inconnu ;
- libellés et niveaux des références inhomogènes (avec des références sur la coiffe des
rotateurs (n°8) ou de la revue Spine datant de 2001 alors que de nombreuses publications
sont sorties de ce journal depuis. Absence de citations des revues Cochrane récentes sur
le sujet ou de recommandations cliniques récentes, erreur d’écriture sur McKenzie et
concepts mal interprétés, etc.), et des appels dans le texte non systématique ;
- utilisation du terme de « lombalgie commune » utilisée alors que des recommandations
datant de 1998 demande l’utilisation du terme « non spécifique ». La lombalgie n’a rien de
commun pour le patient et le terme non spécifique oblige le praticien à rechercher des
drapeaux rouges, verts et jaunes ;
- chapitre « Classification des lombalgies communes » : reprise des recommandations HAS
de 2005. La notion de lombalgie aiguë définie comme premier épisode de lombalgie (critère
d’inclusion de la plupart des études contrôlées randomisées sur ce thème) n’est pas citée ;
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
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description des techniques de kinésithérapie dans les chapitres « lombalgies aiguë et
chroniques » obsolètes au vue de l’état actuel des publications. Des documents plus
récents existent et sont issus de la Cochrane ou de recommandations internationales. Ici
seule une recommandation clinique de 2001 est citée. La base de données PEDRO
recense plusieurs recommandations plus récentes sur la kinésithérapie. Ces références
sont absentes ;
En ce qui concerne la notion « d’experts » qui est actuellement remis en cause par
beaucoup d’affaires dans le domaine de la santé. La phrase située page 3 citant « les
experts du groupe de travail considèrent qu’au stade aigu de la maladie, le traitement est
avant tout médical » est à ce stade peu objectif lorsque les différentes prises en charge ou
l’absence de prise en charge sont comparées. Ces assertions sont fausses («addiction» à
la kinésithérapie) surtout lorsqu’elles sont comparées à la pratique systématique en France
de l’imagerie médicale, sans effet curatif, avec effets secondaires mineurs mais effectifs,
dont le coût est parfois supérieur à la prise en charge thérapeutique du kinésithérapeute et
qui n’est pas indiquée dans la lombalgie aiguë comme chronique en l’absence de signes
cliniques d’une spécificité de la lombalgie (Chou, 2007). La pratique de l’imagerie n’est pas
recommandée par les principales recommandations internationales. La comparaison des
coûts de cette prise en charge médicale comparée à celle de la kinésithérapie est plus que
déséquilibrée et ce commentaire est peu équitable et objectif en termes d’inefficacité
thérapeutique ou diagnostique. Elles font de plus courir le risque d’une perte d’impact de la
thérapie manuelle lorsque cette dernière est réalisée trop tardivement. Cette thérapie
manuelle est simple à mettre en œuvre (mobilisation passive postéro-antérieure de type
Maitland + push-up en automobilisation de McKenzie) et validée (augmentation de
l’imbibition aqueuse discale mesurée sous IRM), (Beattie, 2010).
sont citées des recommandations du « Medical disability advisor » sans référence et sans
connaître les programmes proposés qui peuvent parfois être bien éloignés de la prise en
charge effectuée dans les cabinets français (réentraînement musculaire en endurance,
prise en charge pluridisciplinaire et durée des séances et plateaux techniques sans
commune mesures) ;
chapitre « Description des pratiques : Echantillon N°1» : L’échantillon recruté date de 2001
soit plus de 10 ans. Cet échantillon n’est pas représentatif de l’état des pratiques actuelles.
Des mesures d’impact de la conférence de consensus de 1998 montrant un changement
des pratiques en 2003, il est probable qu’en 2011, elles aient encore évolué ;
chapitre « Description des pratiques : Echantillon N°2» : la définition de la lombalgie ne
correspond pas à celle du début du document (M543 : Sciatique ; M544 Lumbago avec
sciatique sont des topographies dont les douleurs descendent au-delà du genou) ;
pour les chapitres « Description des pratiques », la notion de densité des kinésithérapeutes
n’est pas étudiée et elle explique notamment l’écart entre le nombre moyen de séances
différents sur tout le territoire. Les zones où sont pratiquées le moins de séances sont les
zones où les effectifs de kinésithérapeutes sont les moins importants. Un kinésithérapeute
seul ne pouvant prendre en charge qu’un nombre de patients limité. Ce qui n’est pas le cas
dans les zones à forte densité. Pour que cet indicateur soit fiable, il faudrait que la
démographie professionnelle soit homogène sur tout le territoire. Ce qui n’est pas le cas et
connu de l’UNCAM qui en fait un de ses arguments phare actuel. Cet indicateur n’est pas
fiable et ne représente pas ce qu’il est censé mesuré. L’UNCAM devrait utiliser d’autres
indicateurs de résultats cliniques pour extraire des données crédibles de prise de décision.
2. Sur la méthodologie UNCAM
Au total, la sélection des articles est très faible et ne représente pas le niveau des publications sur
le sujet. L’argumentaire scientifique semble ne reposer que sur les recommandations HAS de
2005. A la HAS de juger si ces recommandations sont encore valables, considérant habituellement
que passé 5 ans elles doivent être réactualisées. De nombreux essais cliniques et nouveaux
protocoles ont été réalisés depuis et dont les prises en charge limitent la récidive lorsqu’ils sont
pratiqués en phase aiguë et sont efficaces lorsqu’ils sont appliqués en phase chronique. Ce
document ne les valorise pas. Une mise à jour sur le sujet s’impose et une véritable politique de
diffusion et d’amélioration des pratiques est à mettre en œuvre. La HAS doit remplir son rôle
d’amélioration des pratiques fondées sur des données probantes.
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
Au-delà du nombre de séances, c’est la notion de quantité de séances et de qualité de prise en
charge qu’il est nécessaire d’étudier. Ces référentiels devraient s’adosser sur des critères de bilan
solides, sur lesquels la prise de décision de poursuivre ou d’arrêter les séances devrait être prise.
Les référentiels plafonnés à un nombre de séances n’apportent aucune notion de décision clinique
et laissent une gestion administrative contre-productive pour la qualité des soins. Ainsi l’EVA, le
questionnaire Eifel ou très simplement le PSFS, validé pour la lombalgie et simple d’utilisation (ce
score est utilisé de manière systématique par les kinésithérapeutes américains pour justifier ou
pas la poursuite des séances) devraient être des éléments majeurs pour la prise de décision du
nombre de séances. Cette réflexion sur des indicateurs spécifiques devrait s’étendre à l’ensemble
des référentiels actuels, car les caisses primaires ne savent pas sur quels critères l’entente
préalable est recevable ou pas.
Ces référentiels entraînent auprès des professionnels une notion de « forfait séances » qui peut
entraîner des effets délétères entraînant une surmédicalisation des soins pour « aller au bout des
30 séances » chez des patients ne nécessitant pas ses soins. Eventuellement, une certaine dérive
pourraient être observée où tous les patients suivraient la même prise en charge pour « encaisser
le forfait ». Les lombalgiques doivent faire l’objet d’une prise en charge spécifique et très adaptée.
Un forfait ne semble pas la réponse optimum si aucun indicateur ou objectifs thérapeutiques ne
sont évalués au cours de la prise en charge.
3. Contexte clinique
Le contexte d’exercice est aussi problématique en l’état actuel de la cotation des actes. La cotation
des actes de kinésithérapie pour lombalgie est de 7,5 AMS (15,30 euros remboursés à 60 % par
l’assurance maladie soit 9,18 euros) correspondant à une prise en charge rachidienne de 30
minutes individuellement. La topographie des séances décrite dans le rapport fait intervenir les
membres inférieurs (douleur jusqu’aux genoux) et les techniques de prises en charge moderne
sollicitent les 2 membres inférieurs. La cotation 9,5 serait ce qui correspond à la nomenclature
actuellement (rachis et 2 membres inférieurs).
Il est rappelé qu’une véritable concurrence déloyale s’installe dans l’exercice sur le territoire
français avec l’ostéopathie dont les tarifs sont libres et dont le prix des séances peut varier entre
30 et 150 euros. De plus, les patients peuvent aller consulter le praticien ostéopathe en première
intention. Les kinésithérapeutes ayant effectués un concours d’entrée très sélectif et des études
plus élargies se retrouvent vis-à-vis du public dans une position non concurrentielle pour offrir un
niveau de prestation identique (temps passé auprès du malade, temps d’examen clinique, plateau
technique, etc.). Cela décrédibilise toute la profession qui est pourtant reconnue auprès du
Ministère de la Santé. Cet état entraîne auprès des professionnels un sentiment de frustration et
une perte de chance pour le patient de bénéficier de traitements efficaces et remboursés. Les
praticiens pratiquant individuellement auprès du patient étant placés dans une situation de plus en
plus intenable. C’est tout un pan de l’exercice qui est mis sous tension de manière injuste.
Il faut noter que le nombre d’essais cliniques randomisés en kinésithérapie ayant montré une
efficacité pour la lombalgie est sans commune mesure supérieur à ceux publiés dans le champ de
l’ostéopathie. Cet état de fait laisse s’installer une dérive des pratiques où des concepts nonfondés sur des preuves (principalement basé sur des techniques passives alors que l’approche
multimodale est fondée sur des preuves fortes) font leur entrée auprès des patients avec une
décharge complète du système d’assurance santé. Le nombre de jours d’arrêts de travail lié à la
lombalgie devrait inciter les pouvoirs publics à savoir où investir, en trouvant les moyens
d’améliorer la qualité de l’exercice. La mise en place de référentiel pour la lombalgie sans
indicateur de suivi est contre-productive pour faire face à ce problème majeur de Santé Publique. Il
ne permettra pas aux professionnels de faire évoluer ses pratiques et de proposer des techniques
fondées sur des preuves.
4. Conclusions sur le document de saisine
Au total, la méthodologie UNCAM est peu effective. L’UNCAM a réuni les représentants
professionnels à partir du 16/09/2010 pour élaborer ce rapport. En 5 mois, l’analyse de littérature
effectuée et « l’habillage » scientifique du référentiel est très peu crédible méthodologiquement et
ne seraient jamais labellisés par la HAS s’il s’agissait de recommandations cliniques classiques.
La rédaction finale de l’UNCAM aurait dû se limiter à la reprise des recommandations HAS de
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
2005 (basé sur un consensus professionnel non explicit ou formalisé) et la collecte de données
récentes sur le nombre de séances pratiquées en kinésithérapie pour lombalgie en 2010
(l’UNCAM est la seule à posséder ses informations !). Il est remarqué qu’il est laissé 15 jours aux
sociétés savantes pour répondre à ce document et que cela ne met pas de réagir pour effectuer
une revue de littérature précise sur le sujet. Si seul l’avis sur le nombre de séances à rembourser
en Kinésithérapie est demandé, il semble plus nécessaire d’effectuer cette demande directement
sans habiller méthodologiquement le document de saisine de la HAS. »
La société française de physiothérapie a proposé une liste de références bibliographiques qui ont
été analysées par la HAS. Ces publications ne permettent pas de définir le nombre de séances de
rééducation utiles.
Syndicat national des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR)
« Echantillon n°1 : il n’est pas mis en évidence de différence significative entre les nombres
moyens de séances par DEP pour un traitement initial ou une prolongation puisque la variance
n’est pas communiquée. Il est encore moins possible d’en déterminer la cause.
Echantillon n°2 : la supposition disant que des pat ients qui sont en ALD pour dorsolombalgie ayant
entraîné plus de 6 mois d’arrêt de travail nécessite un traitement plus long qu’une lombalgie
commune n’est fondée ni scientifiquement, ni médicalement.
Effectivement, l’arrêt de travail est dû à l’impossibilité de travailler : il prend nécessairement en
compte la catégorie socioprofessionnelle de l’individu, la notion de fatigabilité, de pénibilité de la
profession, et le statut juridique du travailleur. On peut également supposer qu’un indépendant
étant obligé de travailler et ayant un travail physique aura besoin de soins plus longtemps qu’un
employé de bureau qui reste en arrêt de travail 6 mois.
Il n’est pas mis en évidence de différence significative entre les moyennes de séances par patient
et la moyenne estimée puisque l’UNCAM ne communique aucune variance. Les corrections
(exclusion des départements de moins de 100 patients et exclusion des consommations les plus
extrêmes 5%) sont arbitraires et faussent la moyenne car ils ne sont pas forcément symétriques :
elles ne permettent pas de définir clairement un intervalle de confiance.
Conclusion : Aucune étude épidémiologique sérieuse ne nous est proposée. Ainsi les
recommandations proposant de fixer deux planchers l’un à 15 séances, l’autre à 30 séances dans
l’année semblent plus liées à un objectif de maîtrise comptable qu’à une réelle démarche
scientifique permettant de fixer d’éventuels seuils dans la prise en charge des lombalgiques. Il
serait plus prudent de différer le rendu de votre décision concernant ce référentiel, sachant que
nous sommes en train de développer une expérimentation scientifique à résultats quantifiables,
mesurables et reproductibles au travers de bilans diagnostiques spécifiques que nous serions
ravis de vous présenter.
6 Commentaires de la HAS
Les données de pratique (échantillon 1 datant de 2001) fournies par la CNAMTS indiquent que la
moyenne du nombre de séances de rééducation est de 11,5 et 13,1 respectivement en cas de
traitement masso-kinésithérapique initial et de prolongation. La variance est inconnue. Ces deux
moyennes sont proches des nombres seuils proposés par la CNAMTS. Il n’y a aucune information
sur les caractéristiques cliniques des patients ayant un nombre de séances plus élevé que la
moyenne.
Les nombres seuils de séances sont en accord avec les recommandations de la HAS de 2005.
Les données identifiées dans la littérature sont très peu nombreuses et, pour celles qui sont
disponibles, sont en faveur d’un nombre limité de séances de masso-kinésithérapie.
Le référentiel proposé ne distingue pas les phases aiguë et chronique de la lombalgie commune
de l’adulte alors que les recommandations existantes font cette distinction. Cependant, elles
insistent sur la difficulté de bien identifier ces différentes phases dans l’histoire clinique des
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Réponse à une saisine de la CNAMTS en application de l’article L162-1-7 du Code de la sécurité sociale
Rééducation et lombalgie commune
patients. Les modalités thérapeutiques validées et proposées sont variables selon ces phases.
Dans la mesure où le référentiel ne précise pas les modalités thérapeutiques, il ne paraît pas en
contradiction avec les données disponibles.
Il n’y a pas unanimité des avis des parties prenantes (quatre sociétés savantes médicales valident
cependant le nombre seuil proposé), sans qu’elles aient fourni à la HAS d’argumentation
scientifique permettant d’invalider les seuils proposés.
En l’état, il n’y a pas de donnée scientifique publiée s’opposant à fixer le nombre de séances audelà duquel un accord préalable du service du contrôle médical est nécessaire à la poursuite de la
rééducation en cas de lombalgie commune de l’adulte :
• à 15 pour une série de séances de rééducation ;
• à 30, si déjà 30 séances pour lombalgie commune ont été prises en charge dans les 12
mois précédents.
À l’issue de cette analyse et au regard des réponses fournies, le Collège a considéré qu’aucun
argument scientifique n’était de nature à s’opposer à la validation du seuil proposé pour
déclencher la procédure d’entente préalable.
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