L`avenir est en nous blog – Marie Clainchard - Éditions Saint

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L`avenir est en nous blog – Marie Clainchard - Éditions Saint
LE PARADOXE DU POISSON ROUGE
Par Marie Clainchard, jeudi 22 janvier 2015. Lien permanent Actualités
Le paradoxe du poisson rouge - Une voie
chinoise pour réussir d'Hesna Cailliau - Édition Saint-Simon
Pour l'auteure, Hesna Cailliau, notre monde contemporain ressemble à une mer très
agitée. Avec ses courants complexes, ses vents changeants, ses vagues porteuses ou
cassantes. Tel un poisson dans l'eau, un pays semble pourtant s'y mouvoir avec
agilité et succès : la Chine.
Depuis la nuit des temps, le poisson rouge y est célébré. Pas celui de notre enfance
qui tourne en rond dans son bocal mais la carpe koï, grande et majestueuse, reine
des bassins et rivières des jardins publics. Sa ressemblance avec un petit dragon,
figure mythique du pays, tout comme sa robe rouge, symbole de la joie de vivre et de
la force créatrice, lui valent d'être sacrée. Un culte qui ne doit rien au hasard.
La culture populaire prête à l'animal huit vertus, toutes inspirées de la sagesse
chinoise : ne se fixer à aucun port, ne viser aucun but, vivre dans l'instant présent,
ignorer la ligne droite, se mouvoir avec aisance dans l'incertitude, vivre en réseau,
rester calme et serein, remonter à la source.
Autant d'aptitudes qui offrent à la carpe une totale symbiose avec son
environnement, toujours aux aguets pour saisir l'opportunité qui se présente.
Dans un monde désormais multipolaire et interdépendant, l'heure est venue
d'échanger non seulement nos marchandises mais aussi nos sagesses. Une seule
grille d'analyse, la nôtre, est insuffisante pour faire face aux immenses défis qui se
présentent. Or, il y a chez les Chinois des idées et des façons de faire dont nous
pourrions nous inspirer à la fois pour notre développement personnel et notre
efficience en affaires. Il ne s'agit pas de devenir comme eux mais de réveiller le
Chinois qui sommeille en nous.
Un détour par ce monde à l'envers du nôtre permettrait en effet de découvrir des
chemins oubliés de sa pensée et même des affinités avec une partie ignorée de nousmêmes. En tout cas, voilà l'occasion unique de retrouver l'étonnement philosophique
que nos sociétés figées dans leurs certitudes ont perdu. C'est l'étonnement qui est le
déclencheur du changement car il ouvre grandes les portes de l'imagination. Toutes
les grandes découvertes ont commencé par un éblouissement.
Hesna Cailliau, constate que dans un monde de plus en plus complexe, incertain et
mouvant, les Chinois sont comme des poissons dans l’eau de la complexité. Le
poisson rouge est célébré dans leur culture. Il permet de pénétrer ce monde étrange
et déroutant pour nous qu’est ce pays. Il inspire en effet les attitudes et les
comportements et aussi les processus de décision. Il montre à travers ses 8 vertus la
Voie à suivre pour vivre toujours en phase avec la réalité.
1) Ne se fixer à aucun port
"Etre sans idée préconçue pour rester ouvert à tous les possibles" - Confucius
Le pire défaut est de vouloir avoir raison car alors on s’enferme dans son
raisonnement et on devient sourd aux idées nouvelles et aveugles aux signaux
faibles.
L’idée est de ne pas s’attacher à des modèles préconçus, car la vie se transforme
constamment. Le danger pour les Chinois : "vouloir avoir raison", car on s’enferme et
on devient sourd et aveugle à son environnement.
Les carpes ont de grands yeux pour mieux observer. On retrouve ici une opposition
forte entre les deux modes de pensées occidentaux et asiatiques : pour nous il est
important de bien penser, pour eux il est important de bien observer. À travers la
parabole du poisson rouge, on voit un éloge du silence et de l’ombre. L’ombre n’a pas
la connotation négative que l’on peut trouver chez nous.
2) Ne viser aucun but précis
"Le chemin se trace en marchant" - Lao-tseu
La fixation sur un but est : - source de tension : qui s’efforce nuit à sa force - ne
permet pas de voir ce qui se passe à la hauteur du sol et donc de saisir les
opportunités qui se présentent.
Nous sommes confrontés à deux conceptions du temps différentes. En Chine, le
temps est cyclique, il n’y a pas de début ni de fin. Même au point de vue de
vocabulaire, la notion de but apparaît à la fin du XIXe en Chine, se fixer un but est
présenté comme un inconvénient, car on dilapide son énergie pour l’atteindre, tandis
que l’on risque de saisir des opportunités. Il est en effet important de savoir
immédiatement changer de cap, lorsque l’opportunité se présente.
3) Vivre dans l’instant présent
"Le futur est dans le présent à l’état de germe et celui qui est attentif au germe ne
connaîtra pas d’échec" - Lao-tseu
Une seule réalité : "ici et maintenant", le Chinois est totalement ce qu’il est dans ce
qu’il fait (le futur lointain ne l’intéresse pas), ce qui lui permet d’être très attentif à
tout ce qui se passe autour de lui. Un dicton : « Qui voit l’invisible est capable de
l’impossible ».
4) Ignorer la ligne droite :
L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finit en planches dit l’adage.
Le meilleur moyen de vaincre un obstacle est de le contourner (art du détour et de
l’esquive).Tandis que dans notre culture, l’Homme qualifié d’intelligent va droit à
l’essentiel, tout ce qui est droit met le Chinois mal à l’aise : « Seuls les démons
marchent droit. » ou encore « L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finit en
planche».
Il est très important de laisser toujours une porte de sortie à son adversaire, en effet
tous les moyens sont bons pour éviter les affrontements. La fuite est encouragée, car
elle permet de garder ses forces intactes.
Chez nous, un dicton comme «Vouloir, c’est pouvoir» montre bien la différence
d’attitude, on retrouve les affrontements des origines entre les différentes armées
grecques... Ainsi, l’Occident valorise les valeurs masculines, ce qui n’est pas le cas,
dans la culture asiatique pour laquelle le masculin vient du féminin, le Yang a
besoin du Ying.
5) Se mouvoir avec aisance dans l’incertitude
"C’est au moment où l’on a des certitudes que l’on perd la guerre" - Sun-tseu
En raison de l’importance de l’harmonie sociale, il ne faut pas faire perdre la face à
son interlocuteur, ainsi il n’y a pas de discussion alors que pour nous le débat est
vital. Donc, tout le monde a raison, il n’y pas de vérité à 100%, les idées s’éclairent et
se complètent : ce qui a été n’est plus, évolution au fil du temps.
La culture chinoise vit avec l’idée du changement, tandis que nous avons construit
notre culture sur des certitudes. Cette manière de voir leur permet de mieux vivre
l’échec : « Qui n’apprend pas à échouer, échoue à apprendre ». « Ne cherchez pas à
entretenir la vérité, cessez simplement d’avoir raison » !
6) Vivre en réseau
"La croyance en un moi sujet libre, indépendant et séparé est une illusion à détruire"
- Bouddha.
La relation est la seule réalité.
«On n’est heureux qu’en vivant en groupe.» «Personne n’est plus intelligent que nous
tous ensemble». Si on n’est pas intégré dans un réseau, tous les coups sont permis,
cette acceptation prend du temps, le temps n’est pas une valeur marchande, le temps
c’est la relation. À contrario, ne pas être dans un réseau est handicapant... Pour
créer cette valeur du groupe, l’éducation vise à renforcer la modestie et les liens de
dépendance entre pairs. Il est important de ne pas étaler ses talents, le vrai leader se
met en - dessous, c’est une des raisons pour laquelle il n’y a pas de leader
charismatique en Chine.
7) Rester calme et serein
"Si tu es serein, tu peux surfer sur la vague Si tu as peur, elle t’engloutira". Tel est
l’esprit du zen.
Un esprit inquiet est toujours vaincu par un esprit serein. Dans ce sens, la
méditation est une extinction du cogito : c’est quand je ne pense pas que je suis (dans
la réalité). La méditation est un moyen de retrouver de l’énergie, pour retrouver nos
capacités, pour les exploiter, notre tête a besoin d’arrêter sa mécanique intellectuelle.
Tandis que nous exaltons la pensée, Bouddha l’appelle « le singe fou » : toujours
agité, jamais satisfait.
8) Remonter à la Source pour retrouver sa véritable nature
L’homme n’est pas seulement fils de la Terre, il est aussi fils du Ciel.
Ne pas perdre les liens avec la tradition permet de mieux s’enraciner pour mieux
s’envoler vers de nouveaux horizons. Il faut différencier le « moi » et le « je » céleste.
Il ne faut pas oublier sa dimension céleste, sa dimension spirituelle, source de
possibilités infinies.
Née d’un père turc de tradition musulmane et d’une mère danoise de
tradition protestante, Hesna Cailliau est mariée à un français de tradition
catholique. Diplômée de science Pô et de sociologie, universitaire, et expert auprès de
chefs d’entreprise, elle a pu constater dans sa vie combien les religions aident à
comprendre les mentalités. Ses voyages en Asie et en Occident lui font dire : « On ne
connaît l’âme d’un peuple qu’à travers ses qualités. » Aussi montre-t-elle dans son
précédent livre « L’Esprit des religions » (éditions Milan) l’influence positive de la
connaissance d’autres cultures.
Le paradoxe du poisson rouge. Une voie chinoise pour réussir d'Hesna Cailliau -
Édition Saint-Simon - Janvier 2015 ; 144 pages ; 16,50€
Pour mieux connaître Hesna Cailliau : son témoignage dans L'Avenir est en nous -
Marie Clainchard ; Edition Dangle -