une délégation schilikoise participe aux commémor

Transcription

une délégation schilikoise participe aux commémor
> a ctua lités >> D es
Schilikois
à O radoursur- G lane
Oradour-sur-Glane, village de
Haute-Vienne, situé près de
Limoges, est l'une des communes
d'accueil pour les évacués de
Schiltigheim durant la Seconde
guerre mondiale, de septembre
1939 à septembre 1940.
>> commé m o rat i o n
O radour - sur -G lane :
une délégation schilikoise participe aux
Raphaël Nisand, maire de Schiltigheim et Marie-Paule Messier, adjointe en charge de l'état civil et des personnes âgées
se sont rendus, mercredi 10 juin dernier, à Oradour-sur-Glane. Un pèlerinage réalisé à l'occasion du 65ème anniversaire du
massacre, en présence de nombreux élus alsaciens et du premier ministre François Fillon.
Elle héberge 453 Schilikois qui
rentrent en 1940. Seuls restent
à Oradour huit habitants de
Schiltigheim : Joseph Bergmann,
Marie Braunstein et son fils
Serge, Joseph Kanzler, sa femme
Esther Kanzler et leurs filles Dora
et Simone, et Odile Neumeyer.
Cérémonie officielle et recueillement devant l'un des monuments aux morts d'Oradour-sur-Glane.
En arrière-plan, les ruines du village martyr.
Odile et Emile Neumeyer le 2 octobre 1942
(collection M.-L. Neumeyer).
>> le récit d'un
massacre
Le 10 juin 1944, un
détachement de soldats SS (qui
compte dans ses rangs 14 Alsaciens, 13 incorporés de force et
un volontaire) de la Division SS
«das Reich» occupe le bourg et
massacre 642 habitants,
hommes, femmes et enfants.
Parmi eux se trouvent plusieurs
réfugiés du village de Charly en
Moselle et neuf Schilikois : ceux
restés à Oradour ainsi que
Emile Neumeyer, le frère
d'Odile Neumeyer, venu lui
rendre visite ce jour-là.
Sources : Schiltigheim au XXe siècle Annelise Gérard, Françoise Olivier-Utard,
Armand Peter et Léon Strauss
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> S CHILICK INFOS >> juin 2009
«
Un épisode peu connu de l'horrible
massacre d'Oradour-sur-Glane est
que, parmi les 642 civils torturés
et assassinés par la division SS Das Reich
le 10 juin 1944, parmi les 246 femmes
et 207 enfants brûlés vifs et mitraillés
dans l'église du village, se sont trouvés
neuf Schilikois, victimes innocentes,
comme leurs concitoyens d'Oradour, des
Alsaciens donc, qui ont connu le même
sort que leurs concitoyens du Limousin»,
rappelait le maire Raphaël Nisand lors de
son déplacement à Oradour-sur-Glane.
«Nous sommes ici non seulement pour
nous souvenir, non seulement pour nous
rappeler inlassablement les noms des
malheureuses victimes, mais également
pour empêcher que cela recommence».
Symbole du Bien et du Mal
C'est ainsi qu'une délégation schilikoise
a pris part, en compagnie du député
André Schneider et d'une délégation de
la Communauté urbaine de Strasbourg,
aux cérémonies commémoratives du
65ème anniversaire du massacre, le 10 juin
dernier. Une journée qui a débuté par
le dévoilement d'une sculpture en grès
rose offerte par la Ville de Strasbourg
à la Ville d'Oradour-sur-Glane. «Un don
qui concrétise le dialogue sincère et
nécessaire entamé le 10 juin 1998 après
un si long silence entre l'Alsace et le
Limousin», raconte Raymond Frugier,
maire d'Oradour. Une réplique réalisée
en 1908 de l'archange Saint-Michel
terrassant le dragon de l'Apocalypse dont l'original datant du XIIIème siècle se
trouve au musée de l'Œuvre Notre-Dame
de Strasbourg - et qui a désormais pris
place dans l'église d'Oradour.
Un lieu saisissant
Et c'est en présence du premier ministre
François Fillon, de nombreuses autorités
et de centaines d'anciens combattants
que la commémoration s'est poursuivie.
«Les rails du tram sillonnnent
encore les rues de la cité»
Formant un long cortège auquel la foule
s'associe, les officiels se rendent au
monument aux morts des écoles et de
l'église, avant d'entrer en procession dans
les ruines du village. Un lieu saisissant.
Le village entier d'Oradour-sur-Glane
a été conservé. Les rails du tramway
sillonnent encore les rues pavées de la
cité. Des carcasses de voitures calcinées
résistent à la rouille, tout comme des
objets domestiques - machines à coudre,
sommiers - restés dans les maisons
détruites par les flammes. Sur les murs
des anciens bâtiments qui résistent au
temps, des panonceaux ont été installés
rappelant les noms des propriétaires et
l'emplacement des commerces.
Véritable preuve matérielle du massacre,
les ruines dégagent pourtant encore le
charme d'un village des années 1940.
Mais cette cité fantôme, rayée de la
carte, reste surtout le témoin d'un crime
odieux commis un après-midi de juin
1944, quatre jours après le débarquement
de Normandie. «Un lieu qui rappellera
toujours les liens douloureux qui ont
existé entre l'Alsace et Oradour»,
concluait le maire Raymond Frugier.
commémorations du
Roland Ries, maire de Strasbourg et
Raymond Frugier, maire d'Oradour-sur-Glane.
U ne
65 ème
anniversaire du massacre
André Schneider, député (à gauche), Raphaël Nisand, maire de Schiltigheim (au centre)
et François Fillon, premier ministre (à droite) devant l'Hôtel de Ville d'Oradour-sur-Glane.
histoire , des destins
Le massacre d'Oradour-sur-Glane aura bouleversé de nombreuses vies. Parmi elles, celle de Marguerite Lagarde, une
Schilikoise installée à Saint-Junien depuis 1954, d'Yvette Baubreuil dont le mari a échappé au drame, et de Marielle Larriaga,
écrivain, qui aurait dû être à Oradour le 10 juin 1944.
S
Marguerite Lagarde, née Schaeffer,
une Schilikoise à Saint-Junien.
eptembre 1939. La Schilikoise
Marguerite Schaeffer se souvient :
«La commune de Schiltigheim
organisait les départs. De longues files
d'attente s'engouffraient dans les wagons
à bestiaux, 30 par wagon. Où allionsnous ? Le train s'arrêtait, repartait...
Quatre jours de voyage avec un peu de
paille pour s'étendre. Le quai d'une gare :
Saint-Junien. Il y avait foule. Nous n'en
pouvions plus (...). Nous avions la peur
aux trousses, mais l'accueil de toute une
ville nous réconfortait. Une solidarité
extraordinaire s'organisait. Saint-Junien
resterait gravé dans notre cœur comme
un havre de paix et de sécurité».
Un endroit serein où Marguerite Lagarde
a finalement réalisé sa vie, puisqu'elle
s'est mariée à Saint-Junien en 1954, et
qu'elle y vit toujours aujourd'hui.
ne pas l'y envoyer... «Suite à cela, j'ai eu
une sorte de blocage. Et je ne suis venue
à Oradour, pour la première fois, qu'en
2003».
Maurice Baubreuil,
rescapé du massacre
Le drame auquel a échappé Marielle l'a
toutefois conduit à s'intéresser de près
à cette cité «et l'histoire d'Oradour-surGlane m'a menée vers l'histoire d'Alsace».
Après avoir rédigé l'ouvrage "Grand peur
et misère des Malgré-Nous", Marielle
prépare un nouvel ouvrage "La déchirure",
dans lequel elle évoque Schiltigheim. «Car
pour que la réconciliation soit possible, il
faut que chacun connaisse l'histoire de
l'autre».
Yvette Baubreuil a perdu son mari il y a
peu. Il était l'un des rescapé du massacre
d'Oradour-sur-Glane. «Il a mis assez
longtemps avant d'en parler... Avec son
frère Joseph, il avait décidé en ce 10
juin 1944, à l'arrivée des soldats, de se
cacher dans le sous-sol de l'épicerie, en
face de l'église. Ils y sont restés jusqu'à
ce que le plancher commence à brûler.
Ils se sont ensuite réfugiés dans les
décombres d'une maison voisine qui
venait de s'écrouler, puis dans un égoût
à ciel ouvert. Une patrouille est passée
tout près à deux ou trois reprises... Mais
ils ne les ont pas repérés».
>> U n
centre de
la mémoire
Depuis 1999, un centre de la mémoire
a ouvert ses portes à Oradour-surGlane. Installé en contrebas du nouveau
village, il vous invite à plonger dans les
profondeurs de l'histoire douloureuse de
cette cité et à comprendre Oradour.
Disposant de plusieurs salles accueillant
une exposition permanente et des
expositions temporaires, ce centre vous
mène ensuite directement, par un passage
souterrain, aux ruines du village martyr.
Un lieu chargé d'émotions, où le temps
semble s'être définitivement arrêté.
Marielle Larriaga,
le blocage d'une vie
Ancienne
réalisatrice
de
films
documentaires pour la télévision et
écrivain, Marielle Larriaga a aujourd'hui
80 ans. Il y a 65 ans, sa vie aurait pu
basculer. «Je m'intéresse d'une façon
particulière à Oradour-sur-Glane. J'aurais
dû être en vacances là-bas le 10 juin
1944, chez une amie de ma mère». Mais
au dernier moment, sa maman décide de
Marie-Paule Messier, adjointe, a découvert
la rue Schiltigheim à Saint-Junien.
Marielle Larriaga ou l'histoire d'une vie
qui aurait pu basculer.
Accès gratuit au village martyr d'Oradour-surGlane par le centre de la mémoire.
Horaires d'ouverture jusqu'au 15 septembre :
de 9h/19h.
Tarifs d'entrée au centre : 7,60 e.
Plus d'infos sur : www.oradour.org
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