L`atteinte digestive au cours du diabe`te

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L`atteinte digestive au cours du diabe`te
M ini-revue
L’atteinte digestive au cours
du diabète
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Digestive impairment in
diabetes mellitus
Caroline Lemaı̂tre(1), Alberto Zalar(1),
€ tan PreGuillaume Gourcerol(2), Gae
(1)
vost(3), Philippe Ducrotte
1
^pital Charles Nicolle,
Ho
service d’h
epato-gastroenterologie
et de nutrition/ADEN Inserm UMR-1073
2
^pital Charles Nicolle,
Ho
service de physiologie digestive
et urinaire/ADEN Inserm UMR-1703,
76031 Rouen Cedex
3
^pital de Bois Guillaume, service
Ho
d’endocrinologie,
diab
ete et maladies metaboliques,
76031 Rouen Cedex
e-mail : <philippe.ducrotte@chu-rouen.
fr>
sume
Re
La pr
evalence du diab
ete de types 1 et 2 est en augmentation constante dans
les pays occidentaux. Elle est estim
ee actuellement a 4,4 % en France. Les
complications digestives du diab
ete peuvent concerner l’ensemble du tractus
digestif, de l’œsophage au sphincter anal. Cette atteinte, qui concernerait
jusqu’
a 75 % des sujets diab
etiques, alt
ere la qualit
e de vie du malade diab
etique
^mes principaux
et est responsable d’une morbi-mortalit
e significative. Les sympto
sont le pyrosis, la dysphagie, la sati
et
e pr
ecoce, l’inconfort abdominal postprandial, les vomissements, la diarrh
ee, la constipation et l’incontinence f
ecale.
^mes sont souvent intriqu
Les diff
erents sympto
es rendant le diagnostic difficile.
Les explications physiopathologiques sont multiples : effets de la neuropathie
autonome, atteinte du syst
eme nerveux ent
erique avec apoptose neuronale
accrue et rar
efaction des cellules de Cajal, troubles de la sensibilit
e visc
erale,
perm
eabilit
e intestinale accrue, alt
erations du microbiote. Ces anomalies
peuvent ^
etre secondaires ou aggrav
ees par le d
es
equilibre glyc
emique. Cette
mini-revue d
ecrit les diff
erentes atteintes digestives au cours du diab
ete ainsi que
leur physiopathologie et les alternatives th
erapeutiques possibles pour am
eliorer
^mes.
ces diff
erents sympto
s : diabete, gastroparesie, diarrhee, gastro-enteropathie diabetique, systeme
n Mots cle
nerveux enterique
Abstract
The prevalence of diabetes mellitus (types 1 and 2) is about 4.4% in France.
Gastroenteropathy concerns more than 75% of both types of diabetic patients,
impairs quality of life and increases mortality. Major symptoms are heartburn,
dysphagia, early satiety, abdominal post-prandial discomfort, diarrhea, constipation and fecal incontinence. Possible pathophysiological explanations for the
digestive tract involvement include autonomic neuropathy, enteric nervous
system impairment with a loss of both neurons and interstitial cells of Cajal,
increased intestinal permeability and changes in gut microbiota while the role of
an incomplete glycaemic control cannot be omitted in the worsening of both gut
dysfunction and symptoms. All symptoms are entangled, making the diagnosis
difficult and no therapeutic guidelines have been published. The aim of this
review is to describe the clinical patterns and the pathophysiology of the diabetic
gastro-enteropathy and to give some therapeutic recommendations to improve
patients.
centes de l’Inses donn
ees re
titut de Veille Sanitaire (INVS)
ont estim
e que la pr
evalence du
L
HEPATO GASTRO
et Oncologie digestive
y
doi: 10.1684/hpg.2012.0726
n Key words: diabetes mellitus, gastroparesis, diarrhoea, diabetic gastroenteropathy, enteric
nervous system
Tir
es a part : P. Ducrotte
te trait
diabe
e pharmacologiquement
a progress
e de 2000 a 2009 de 3 a
4,4 % de la population française, soit
Pour citer cet article : Lemaı̂tre C, Zalar A, Gourcerol G, Prevost G, Ducrotte P. L’atteinte
digestive au cours du diabete. Hepato Gastro 2012 ; 19 : 305-315. doi : 10.1684/
hpg.2012.0726
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
305
2,9 millions de patients diab
etiques dont 160 000 patients
diabetiques de type 1.
Physiopathologie de l’atteinte digestive
au cours du diabète
‘‘
Les données récentes ont estimé que
la prévalence du diabète traité
pharmacologiquement a progressé de 2000 à
2009 de 3 à 4,4 % de la population française,
soit 2,9 millions de patients. L’atteinte digestive
peut concerner jusqu’à 75 % des patients
’’
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te (gastroL’atteinte digestive au cours du diabe
enteropathie diab
etique) peut concerner jusqu’
a 75 %
des patients dans certaines s
eries. Elle peut affecter les
differents etages du tube digestif, m^
eme si la gastropar
esie
et la constipation sont les manifestations cliniques les plus
habituelles qui peuvent exister chez 30 a 60 % des patients
^mes sont
diabetiques (tableau 1). Les principaux sympto
la dysphagie, le reflux gastro-œsophagien, l’inconfort
abdominal post-prandial, les vomissements, la constipation
et l’incontinence f
ecale [1].
Cette gastro-enteropathie est susceptible d’augmenter a la
fois la mortalite et la morbidit
e de la maladie diab
etique. De
plus, elle altere de façon significative la qualit
e de vie des
malades et est a l’origine de d
epenses de sant
e notables en
raison des hospitalisations tr
es fr
equentes qu’elle provoque
et altere de façon significative la qualit
e de vie [2].
‘‘
proposer quelques options th
erapeutiques pour soulager
les malades.
La gastro-entéropathie diabétique
est susceptible d’augmenter à la fois la
mortalité et la morbidité de la maladie diabétique
et altère de façon significative la qualité de vie
’’
^tre de plus en
Les hepato-gastroent
erologues vont donc e
plus confrontes aux cons
equences digestives de la maladie
diabetique. Les buts de cette mini-revue sont de decrire les
differentes atteintes digestives li
ees au diab
ete, faire le
point sur leur conception physiopathologique actuelle et
Chez un malade donn
e, elle est souvent multifactorielle.
Le fonctionnement normal du tube digestif, sur le plan
moteur et s
ecr
etoire, d
epend d’un echange bidirectionnel
de messages sensitifs et moteurs entre le syst
eme nerveux
ent
erique (SNE) et le syst
eme nerveux central via le syst
eme
nerveux extrins
eque qui module l’activit
e du SNE. Le diab
ete,
au cours de son evolution, peut profond
ement alt
erer le
SNE et le syst
eme nerveux extrins
eque, perturber l’echange
d’informations entre le tube digestif et le cerveau et modifier
a la fois la motricit
e et la sensibilit
e digestives.
L’atteinte du système nerveux extrinsèque :
la neuropathie autonome
Elle a et
e la premi
ere identifi
ee. Elle touche les petites fibres
amy
eliniques des syst
emes sympathique et parasympathique avec des l
esions nerveuses dans les ganglions et les
troncs nerveux sympathiques et le pneumogastrique. Le
d
es
equilibre du diab
ete, des perturbations immunologiques
et des ph
enom
enes isch
emiques microvasculaires dus a
l’alt
eration des vasa vasorum sont impliqu
es dans l’apparition de cette neuropathie. Sa pr
evalence chez les malades
diab
etiques est voisine de 50 % apr
es 20 ans d’
evolution du
diab
ete.
La neuropathie autonome se traduit par des troubles
cardiovasculaires (tachycardie de repos, incapacit
e de
s’adapter a l’effort, hypotension orthostatique), des troubles
de l’
erection, une mauvaise adaptation pupillaire a
l’obscurit
e, une dysurie et l’incapacit
e du malade a ressentir
^mes d’hypoglyc
les sympto
emie. Sur le plan digestif, une
gastropar
esie et une constipation sont des manifestations
classiques de cette neuropathie autonome [3] dont
l’existence est associ
ee a une surmortalit
e, surtout
lorsqu’existent des troubles cardiovasculaires (mortalit
e
Tableau 1. Symptômes digestifs chez le diabétique, en fonction de la qualité du contrôle glycémique.
Symptômes
Contrôle glycémique
bon % (n = 228)
Contrôle glycémique
correct % (n = 142)
Contrôle glycémique
mauvais % (n = 36)
OR ajusté
Symptômes œsophagiens
10,1
16,8
40,5
2,89 (1,71-4,88)
Symptômes dyspeptiques
13,2
20,3
43,2
2,45 (1,50-3,98)
Diarrhée
12,3
16,1
32,4
1,91 (1,14-4,94)
Constipation
7,0
13,3
27
2,72 (1,50-3,45)
Incontinence fécale
0,4
5,6
2,8
4,02 (1,22-13,32)
N = nombre de sujets interrogés, %, = pourcentage de sujets décrivant les symptômes.
306
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
Tube digestif et diabète
a 10 ans : 29 %, contre seulement 6 % chez les patients
indemnes).
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L’atteinte du SNE
cente. Le SNE est un riche
Elle est de description plus re
r
eseau neuronal organis
e essentiellement sous la forme de
deux plexus (myent
erique et sous-muqueux) et comportant
des neurones sensoriels et moteurs ainsi que des inter l’interface des neurones et des cellules
neurones. A
musculaires, les cellules interstitielles de Cajal assurent
une fonction de « pacemakers » en g
en
erant une activit
e
electrique sous-tendant l’activit
e motrice. Le SNE joue un
^le cle dans la regulation de la motricit
ro
e, du flux sanguin et
des secretions dans le syst
eme gastro-intestinal.
Chez des animaux rendus diab
etiques par injection de
streptozotocine, le diab
ete s’associe, au moins dans une
phase precoce de la maladie, a une d
eg
en
erescence
neuronale a tous les niveaux du tube digestif qui se traduit
par une reduction de la taille et du nombre des neurones, et
un gonflement axonal. Les pertes neuronales initiales
concernent principalement les neurones qui exercent un
effet moteur inhibiteur via la lib
eration de substances telles
que le monoxyde d’azote, le VIP, le neuropeptide Y ou
la galanine. Inversement, les neurones excitateurs a
ac
etylcholine ou a substance P sont pr
eserv
es. Les donn
ees
humaines, chez des diab
etiques de type 1 et 2 souffrant
d’une gastropar
esie, ont confirm
e les donn
ees animales en
r
ev
elant l’existence de lacunes plus ou moins etendues dans
le maillage neuronal, la perte de neurones nitrergiques et la
rar
efaction des cellules de Cajal [4, 5]. Ces anomalies etaient
d’autant plus marqu
ees que le diab
ete etait s
ev
ere. Plusieurs
m
ecanismes sous-tendent ces alt
erations neuronales : une
importante apoptose, un stress oxydatif accru d
el
et
ere pour
les neurones via la production de radicaux libres et une
inflammation d’origine gliale, une r
eduction de certains
facteurs neurotrophiques (neurotrophine-3, facteur de
croissance d’origine insulinique) (figure 1). Dans une
seconde phase, plus tardive, une r
eg
en
eration neuronale,
concernant notamment les neurones nitrergiques ou
VIPergiques, a et
e observ
ee chez l’animal.
‘‘
La physiopathologie est multifactorielle.
Il existe principalement une altération
des échanges bidirectionnels entre le système
nerveux entérique et le système nerveux central
liée à l’atteinte du système nerveux entérique
et aggravée chez certains malades par une
neuropathie autonome
’’
Diabète
SNE
NPY, VIP,
NOS,
CGRP
Galanin
SP, 5-HT,
ChAT
Stress oxydatif
Balance
neuropeptides
inhibiteurs/
excitateurs
Apoptose
Inflammation
Réaction
inflammatoire
neuronale
Dégénérescence
neuronale
Insuline, NGF,
antioxydants
Altération de la
mobilité/sensibilité
digestive
^le du systeme nerveux enterique dans l’apparition de la neuropathie diabetique.
Figure 1. Repr
esentation schematique du ro
D’apr
es [4]
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
307
Les troubles de la sensibilité
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^le crucial dans le
Les influx sensitifs jouent un ro
fonctionnement du SNE et les communications entre
SNE et systeme nerveux central. Les sujets diab
etiques
atteints par les complications microvasculaires du diab
ete
souffrent frequemment d’une hyposensibilit
e visc
erale
aux stimuli mecaniques, thermiques et electriques dont
temoignent la diminution de l’amplitude et/ou l’augmentation des latences des potentiels evoqu
es corticaux. Ces
anomalies indiquent une alteration nerveuse p
eriph
erique
et/ou centrale. Cette hyposensibilit
e visc
erale contraste
avec l’exacerbation de la sensibilit
e somatique, liee a une
excitabilite anormale du syst
eme nerveux central, a
l’origine de phenom
enes d’hyperalg
esie/allodynie [6].
‘‘
L’ hyposensibilité viscérale contraste avec
l’exacerbation de la sensibilité somatique,
liée à une excitabilité anormale du système
nerveux central, à l’origine de phénomènes
d’hyperalgésie/allodynie
’’
tique. Ce trouble de la perm
diabe
eabilit
e est mis en
evidence par une augmentation de l’excr
etion du 51-CrEDTA urinaire chez les diab
etiques pr
esentant une
neuropathie en comparaison aux sujets diab
etiques non
compliqu
es. Ces anomalies pr
ec
edent l’apparition des
^mes digestifs [8]. La pullulation microbienne est,
sympto
entre autres, mise en cause dans son d
eveloppement.
Un rôle du microbiote ?
^le
En dehors des situations de pullulation microbienne, le ro
du microbiote demeure mal appr
ehend
e. Cependant, des
modifications du microbiote existent au cours du diab
ete,
surtout de type 2, avec notamment une diminution des
Bact
eroidetes et une augmentation des Firmicutes, en
particulier les Mollicutes. Ces modifications sont favoris
ees
par la richesse de l’alimentation en lipides. Par analogie
avec les observations au cours des troubles fonctionnels
intestinaux, de telles modifications peuvent provoquer
des troubles moteurs, une alt
eration de la perm
eabilit
e
cellulaire et/ou une inflammation de bas grade. Les
changements dans l’
ecosyst
eme intestinal pourraient
^le via la modification des acides
egalement jouer un ro
biliaires endo-luminaux qu’ils entraı̂nent.
Les perturbations hormonales
cre
tion des
Une rarefaction et une diminution de la se
cellules endocrines ont et
e mises en evidence chez le sujet
diabetique. Elles provoquent diff
erentes perturbations
des secretions hormonales (tableau 2) qui contribuent
aux troubles de la motricit
e et de l’absorption (figure 2) [7].
L’augmentation de la perméabilité intestinale
La qualite de la barri
ere intestinale, notamment sa
^ler l’interaction
permeabilite, est essentielle pour contro
entre le milieu luminal et le syst
eme immunitaire intestinal.
Une augmentation de la perm
eabilit
e intestinale, essentiellement paracellulaire, a et
e mise en evidence dans le
diabete de types 1 et 2. Elle est mise en cause dans
l’apparition du diab
ete 1 et 2 (figure 3), mais egalement
dans la pathogen
ese de la gastro-ent
eropathie du
Le rôle du mauvais équilibre glycémique
Le mauvais equilibre glyc
emique, qui est favoris
e par
l’existence d’une gastropar
esie, est un el
ement majeur
dans la survenue de la gastro-ent
eropathie diab
etique.
L’
equilibre glyc
emique a un effet direct sur la motricit
e
digestive par des m
ecanismes mal elucid
es, au moins
partiellement hormonaux. Ainsi, l’
el
evation de la glyc
emie
au-dessus de 8 mmol/L s’accompagne d’une diminution de
la relaxation fundique, r
eduit le nombre de contractions
antro-pyloro-duod
enales propag
ees et augmente les
contractions pyloriques. Ces changements moteurs affectent la fonction de r
eservoir de l’estomac, et contribuent a
la gastropar
esie. L’hyperglyc
emie contribue a l’agression
des neurones du SNE en induisant un stress oxydatif et une
apoptose qui affectent les voies m
etaboliques intracellulaires et le fonctionnement de la glie. Ces effets de
Tableau 2. Principaux peptides modifiés au cours du diabète humain et des modèles murins de diabète
de type 2 et conséquences des modifications de leur sécrétion.
308
Peptides secrétés
Rôle
Sujet diabétique 1
Sujet diabétique 2
Peptide Y
Retarde la vidange gastrique, inhibe la sécrétion
gastrique et pancréatique
*
*
Entéroglucagon
Inhibe la sécrétion pancréatique et gastrique
+
+
Somastostatine
Inhibe les contractions intestinales, les sécrétions
exocrines et endocrines du tube digestif
+
+
Sérotonine
Stimule l’ensemble de la mobilité digestive
*
+
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
Tube digestif et diabète
Retard à la vidange
gastrique
Augmentation
de la
sérotonine
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-
Neuropathie
autonome
Diarrhée
+
-
Augmentation
du PYY
+
Neuropathie
autonome
Constipation
+
^le des peptides neuroendocrines dans la pathogenese des troubles du transit du diabetique.
Figure 2. Ro
l’hyperglycemie contribuent a la fois aux troubles moteurs
et sensitifs digestifs observ
es chez les diab
etiques [9].
‘‘
‘‘
L’équilibre glycémique a un effet direct
sur la motricité digestive par
des mécanismes mal élucidés, au moins
partiellement hormonaux
’’
contractions sont mal ou non propag
ees et/ou d’amplitude
r
eduite. Un d
efaut de relaxation du sphincter inf
erieur de
l’œsophage est possible. Au maximum, le tableau manom
etrique est celui d’une achalasie avec un ralentissement du
transit plus net pour les bolus solides que liquides. L’atteinte
œsophagienne, en contrariant la prise alimentaire, est
d
el
et
ere pour l’
equilibre du diab
ete [10].
‘‘
Le déséquilibre glycémique est un acteur
majeur dans la survenue de ces
perturbations. La normalisation glycémique doit
^ tre un objectif thérapeutique essentiel
e
La fréquence et la sévérité des troubles
moteurs œsophagiens augmentent avec
la durée d’évolution du diabète surtout s’il est
de type 1
’’
Les différentes atteintes digestives
et leur traitement
L’atteinte œsophagienne
L’atteinte motrice œsophagienne au cours du diab
ete n’est
pas specifique. Elle existerait chez plus d’un diab
etique sur
^mes orientant vers le tube digestif
deux decrivant des sympto
haut, m^eme en l’absence de dysphagie caract
erisee. Les
’’
Les patients diab
etiques peuvent aussi souffrir d’un reflux
gastro-œsophagien (RGO) dont la pr
evalence est de 14 %
sur la totalit
e des malades et de 25 a 41 % au cours du
diab
ete de type 2. Le RGO s’observe souvent dans les
diab
etes evoluant depuis plus de 10 ans. Il peut ^
etre favoris
e
par une gastropar
esie qui augmente le contenu gastrique
susceptible de refluer. L’alt
eration du p
eristaltisme œsophagien retarde la clairance acide œsophagienne et augmente
le risque d’œsophagite. La neuropathie p
eriph
erique est
dans certaines s
eries un facteur ind
ependant de risque
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
309
ZO1ZO2
B
G
N
Occludine
2)
-
Actine
LPS
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Zonuline
-
1) Alimentation riche
en graisse
3)
LPS
4)
+
CK
5)
+
6)
P
^le de la permeabilite intestinale dans l’apparition de l’insulino-resistance dans le diabete de type 2. 1) L’alimentation riche en graisse :
Figure 3. Ro
diminution de l’expression des occludines et ZO1-ZO2, composant les jonctions serrees de l’epithelium intestinal. Augmentation de la permeabilite
intestinale. 2) Bact
eries bacille gram negatives intraluminales secretrices de lipopolysaccharides (LPS). 3) Au profit de l’augmentation de la
perm
eabilit
e intestinale, passage du LPS dans la muqueuse intestinale. 4) Activation macrophagique par le biais du Toll-like recepteur 4.
5) Production de cytokines. Phosphorylation des recepteurs a insuline, participant a l’apparition de l’insulino-resistance.
d’œsophagite erosive qui s’explique par une moindre
sensibilite aux episodes de reflux secondaire a la neuropathie
et au desequilibre du diab
ete. Plus de 20 % des malades
avec neuropathie p
eriph
erique etaient en effet porteurs
d’une œsophagite ulc
er
ee asymptomatique.
La prise en charge du RGO et des troubles moteurs de
l’œsophage chez les diab
etiques n’a rien de sp
ecifique. Les
inhibiteurs de l’aldose r
eductase propos
es dans la
neuropathie diab
etique p
eriph
erique et qui amelioraient
^mes de RGO ont
la motricite œsophagienne et les sympto
^
vu leur developpement arrete en phase II.
‘‘
Dans les diabètes évoluant depuis plus
de 10 ans, existe un risque accru
de RGO surtout en cas de neuropathie autonome
cardiovasculaire ou de neuropathie périphérique
motrice ou sensitivomotrice
310
’’
L’atteinte gastrique est dominée
par la gastroparésie diabétique
Le diab
ete, qu’il soit de type 1 ou 2, est la cause de 30 %
des ralentissements objectifs de la vidange gastrique,
en l’absence de tout obstacle m
ecanique. Au cours du
diab
ete de type 1, l’incidence cumul
ee sur 10 ans de la
gastropar
esie est de 4,8 %. Elle touche notamment les
malades atteints d’une n
ephropathie, d’une r
etinopathie
et/ou d’une neuropathie diab
etique. L’incidence cumul
ee
de la gastropar
esie est seulement de 1 % dans le diab
ete
de type 2.
‘‘
Dans le diabète de type 1, la gastroparésie
désynchronise les pics glycémiques postprandiaux et l’effet de l’insuline injectée favorisant
ainsi les accidents hypoglycémiques
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
’’
Tube digestif et diabète
‘‘
les m
edicaments ralentissant la vidange gastrique et
normaliser la glyc
emie sont des mesures potentiellement
utiles mais insuffisantes a elles seules.
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Dans le diabète de type 2, la gastroparésie
est source d’hyperglycémies en provoquant
une mauvaise biodisponibilité des anti-diabétiques
oraux
’’
Les prokinétiques
La gastroparesie doit ^
etre evoqu
ee devant des vomissements reguliers qui soulagent un inconfort epigastrique,
une plenitude epigastrique post-prandiale avec sensation
de digestion prolong
ee, une sati
et
e pr
ecoce et/ou naus
ees.
Le declenchement ou l’aggravation de la symptomatologie
par la prise alimentaire renforce la suspicion diagnostique.
Il faut cependant savoir que seulement 40 % des malades
^mes souffrent effectivement d’une
d
ecrivant de tels sympto
gastroparesie [11].
Une douleur abdominale epigastrique ou p
eri-ombilicale,
volontiers quotidienne, parfois permanente, nocturne dans
pres de 2/3 des cas, perturbant le sommeil de plus d’un
malade sur deux est egalement un mode de r
ev
elation d’une
gastroparesie. Chez certains malades, cette douleur est
d
ecrite comme un ballonnement g^
enant, de si
ege susombilical.
Les malades diabetiques ont une particularit
e : la gastroparesie est, chez eux, souvent pauci-symptomatique et les
vomissements souvent absents. Il faut savoir evoquer la
gastroparesie devant une perte de poids mal comprise, des
difficultes d’equilibration du diab
ete ou une symptoma^l
tologie de reflux gastro-œsophagien mal contro
ee par un
traitement antisecr
etoire bien suivi.
‘‘
La gastroparésie est souvent paucisymptomatique et les vomissements
souvent absents chez les diabétiques
’’
lation entre le type des
Du fait de l’absence de corre
^mes et la realit
sympto
e d’une gastropar
esie, il importe de
^mes
ne pas meconnaitre le diagnostic devant des sympto
peu typiques et de ne pas faire de diagnostic par exc
es
puisque la suspicion clinique de gastropar
esie, n’est
objectivement confirm
ee que dans seulement un cas sur
deux, la vidange etant normale ou m^
eme acc
el
eree chez
l’autre moitie des malades. Une mesure objective de la
vidange gastrique est souvent utile : la m
ethode de
r
eference demeure la scintigraphie, mais le test respiratoire
a l’acide octanoı̈que marqu
e par le 13C, isotope stable du
^
carbone, ou meme l’etude de la vidange gastrique a l’aide
de marqueurs radio-opaques sont envisageables [12].
Traitement de la gastroparésie
Les recommandations hygiéno-diététiques
duire la fraction lipidique et la teneur en fibres de
Re
l’alimentation, fragmenter la prise alimentaire, supprimer
quence de ses
Le m
etoclopramide est efficace mais la fre
effets secondaires (20 %) en limite l’utilisation. Dans une
m
eta-analyse, la domp
eridone est plus efficace que le
placebo seulement sur le court terme (< 50 jours). Le
eliore la
lyophilisat oral de domp
eridone (Motilyo1), am
biodisponibilit
e du produit actif en cas de vidange
gastrique ralentie.
L’
erythromycine a une action prokin
etique en reproduisant
les effets d’une hormone, la motiline. Son effet gastrokin
etique est dose-d
ependant De doses fortes sont
n
ecessaires (200 mg infus
es en 20 a 30 minutes en
administration intraveineuse, 250 mg toutes les 6 a
12 heures, avant les repas, par voie orale). L’hyperglyc
emie
diminue son efficacit
e de m^
eme qu’un ph
enomene de
tachyphylaxie, problematique lors d’une utilisation prolong
ee. L’
erythromycine, substrat et inhibiteur du cytochrome P450 3A4, interagit avec le m
etabolisme h
epatique
de nombreux m
edicaments. Un th
esaurus de l’Afssaps1 liste
80 m
edicaments diff
erents interagissant avec l’
erythromycine. Parmi eux, le fluconazole, le k
etoconazole, le
v
erapamil ou le diltiazem. La coadministration d’
erythromycine avec des m
edicaments allongeant l’espace QT est a
eviter de façon formelle [13] car l’
erythromycine augmente
le risque d’allongement de l’intervalle QT et de torsade
de pointe surtout dans les 4 jours suivant l’institution du
traitement et en cas de cardiopathie sous-jacente.
L’azithromycine (250 mg en IV) acc
el
ere autant que
l’
erythromycine la vidange gastrique. L’effet de perfusions
d’analogues de la ghr
eline est en cours d’
evaluation.
Les autres options thérapeutiques
L’alimentation artificielle
Elle doit s’envisager quand la perte de poids exc
ede 10 %.
Du fait de sa moindre morbidit
e et de sa meilleure
efficacit
e, la nutrition ent
erale, en site duod
enal ou jejunal,
est a pr
ef
erer a la nutrition parent
erale.
La stimulation électrique gastrique (SEG) (figure 4)
te
de
crit dans des
L’apport symptomatique de la SEG a e
gastropar
esies diab
etiques, s
ev
eres (vomissements pluriquotidiens avec retentissement nutritionnel) et r
efractaires
a tous les traitements. Dans ces s
eries, notamment l’essai
multicentrique international WAVESS men
e en double
aveugle avec sch
ema initial en cross-over sur les 2 premiers
mois, la SEG a apport
e un b
en
efice symptomatique par
1
http : //www.afssaps.fr
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
311
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^t aqueuses, fr
dantes, pluto
equentes (plus de 10 selles par
jour), souvent nocturnes. Une st
eatorrh
ee est possible. La
diarrh
ee peut ^
etre associ
ee a une incontinence f
ecale et
doit ^
etre distingu
ee d’une fausse diarrh
ee de constipation,
egalement fr
equente. La pr
evalence d’une diarrh
ee
chronique chez le diabetique varie entre 3 et 22 % selon
les etudes. Celle sp
ecifiquement rattach
ee a une complication du diab
ete est surtout observ
ee chez les diab
etiques
de type 1, notamment chez les hommes (sexe ratio : 3/2),
lorsque la dur
ee d’
evolution de leur diab
ete insulinod
ependant d
epasse 8 ans, et qu’une neuropathie autonome existe.
‘‘
DROIT
SANS PREPARATION
COUCHE
Figure 4. Electrostimulation gastrique pour gastroparesie diabetique.
Deux electrodes sont suturees sur l’antre et connectees a un boı̂tier de
stimulation Enterra1 (Medtronic) programmable et implante dans
l’
epaisseur de la paroi abdominale. Un train d’impulsions d’une
fr
equence de 12.min-1, d’une duree de 330 ms et d’une amplitude de
stimulation de 5 mA survient toutes les 5 secondes. L’autonomie
energ
etique du boı̂tier de stimulation est superieure a 10 ans. En
France, cette option therapeutique est envisageable dans l’un des 20
centres participant au programme ministeriel de soutien aux
^teuses (STIC).
innovations th
erapeutiques cou
rapport a l’etat clinique evalu
e avant implantation, permis
un gain ponderal et contribu
e
a une equilibration plus facile
du diabete avec une baisse du chiffre d’h
emoglobine
glycosylee.
La diarrhée du diabétique est souvent
multifactorielle
’’
tique est souvent multifactorielle. Le
La diarrh
ee du diabe
diab
ete peut affecter la motricit
e gr^
elique et colique via la
neuropathie autonome ou l’alt
eration du SNE. Au niveau
du gr^
ele, les perturbations peuvent concerner la motricit
e
interdigestive (complexes migrants moteurs absents ou
anormaux, activit
e de type phase II continue, contractions
non coordonn
ees et non propag
ees) et la motricit
e
post-prandiale (absence de r
eponse motrice du gr^
ele a la
prise alimentaire, diminution des contractions propulsives
duod
enales, augmentation des contractions r
etrogrades).
Ces anomalies motrices provoquent, selon leur type, soit
l’acc
el
eration du transit dans le gr^
ele avec inondation
caecale, soit la survenue d’une pullulation bact
erienne
endo-luminale qui secondairement provoque ou aggrave la
^lon, la perte des m
diarrh
ee. Au niveau du co
ecanismes
^le (VIP, NO) secondaire au diab
inhibiteurs de contro
ete
accroit la motricit
e. L’effet diarrh
eog
ene de ces troubles
moteurs est accentu
e par l’alt
eration des capacit
es
d’absorption hydro
electrolytique coliques.
co
^ t
A
e des perturbations sp
ecifiquement li
ees au diab
ete,
d’autres facteurs sont susceptibles de provoquer une
diarrh
ee chez un malade diab
etique (tableau 3). La
Les traitements endoscopiques
Un spasme pylorique pourrait expliquer certaines gastroparesies diabetiques. Mais l’utilit
e de dilatations pneumatiques pyloriques ou d’injections intrasphincteriennes
de toxine botulique demeure a d
emontrer. La difficult
e
clinique reside dans la difficult
e d’identifier dans la pratique
les malades diabetiques gastropar
etiques ayant un spasme
pylorique.
Les troubles du transit
312
Tableau 3. Facteurs susceptibles de contribuer
à la survenue d’une diarrhée
chez les malades diabétiques
^liques et/ou coliques liés à la
Les troubles moteurs gre
neuropathie autonome et/ou la neuropathie entérique
La pullulation microbienne
Les anomalies sécrétoires intestinales
Les prises médicamenteuses (biguanides, ascarbose)
La diarrhée
Les maladies associées non fortuites :
^t motrice,
Cliniquement, il s’agit d’une diarrh
ee pluto
explosive, volontiers intermittente. Les selles sont abon-
– Pancréatite chronique avec malabsorption
– Maladie cœliaque
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
Tube digestif et diabète
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quence de ces diarrh
fre
ees « non diab
etiques » ne diff
ere
pas entre les diabetes de type 1 et 2.
Sur le plan therapeutique, les ralentisseurs du transit
d’utilisation courante sont pr
econis
es en premi
ere intention. En cas d’echec, la cholestyramine (1 sachet, 3 fois par
jour avant les repas) peut avoir un apport int
eressant. Cette
r
esine permet de s
equestrer les acides bilaires synth
etis
es
en exces par l’absence de r
egulation ent
erocytaire.
‘‘ ’’
Les ralentisseurs du transit d’utilisation
courante sont préconisés en première
intention
‘‘
Les fluoro-quinolones représentent
l’antibiothérapie de choix
’’
Lorsque la pullulation est li
ee a la disparition des phases III
^
dans le grele, il est logique d’essayer d’en induire
pharmacologiquement : la trim
ebutine (dose minimale :
600 mg/jour), l’
erythromycine a faible dose (40 a 50 mg)
ou surtout l’octr
eotide (50 a 100 mg par voie sous-cutan
ee,
1
a 3 fois par jour), sont des solutions th
erapeutiques.
La pullulation microbienne : une cause à ne pas
méconnaitre
Elle expliquerait 43 % des diarrh
ees chroniques du
diabetique. En cas de pullulation microbienne, la dur
ee
de la diarrhee, le nombre de selles quotidiennes et le
^mes gastro-intestinaux augmentent. Sa
nombre de sympto
presence n’est pas corr
el
ee avec l’^
age du malade, le
^le glycemique ou la dur
contro
ee du diab
ete. Elle est
favorisee par les troubles moteurs du gr^
ele, notamment
l’absence de complexes moteurs migrants [14].
‘‘ ’’
alisation de cures
th
erapeutique en cas de rechute. La re
r
ep
et
ees sera a discuter au cas par cas. Dans l’avenir, un
antibiotique tr
es peu absorb
e, la rifaximine (un comprim
e
de 550 mg trois fois par jour), sera une alternative. Avec
l’antibioth
erapie, la r
eduction des apports en lactose peut
^
etre benefique.
Les causes iatrogènes
dicaments est une cause importante de
La prise de me
diarrh
ees chez le diab
etique avec en premi
ere ligne la prise
de biguanides. Les principaux agents pharmacologiques
prescrits chez les patients diab
etiques et susceptibles de
provoquer une diarrh
ee sont d
etaill
es dans le tableau 4.
‘‘
La prise de médicaments est une cause
importante de diarrhées chez le diabétique
avec en première ligne la prise de biguanides
La pullulation microbienne expliquerait
43 % des diarrhées chroniques
du diabétique
Le diagnostic demeure difficile. Le tubage duod
enal prot
eg
e
est reserve a quelques centres et ne detecte pas une
pullulation ileale. Un test respiratoire a la recherche d’une
production d’hydrog
ene pr
ecoce apr
es charge orale en
glucose est une alternative disponible dans quelques
centres. Le plus souvent, le diagnostic est envisag
e
notamment devant l’existence d’une st
eatorrh
ee mod
er
ee
(li
ee a la decongugaison des acides biliaires par les bact
eries)
et un traitement antibiotique d’
epreuve est propos
e a la fois
comme test diagnostique et comme traitement.
Les fluoroquinolones repr
esentent l’antibioth
erapie de
choix, en raison de leur pouvoir bact
ericide sur la majorit
e
des enterobacteries et de leur spectre epargnant les
bacteries anaerobies. Leur effet est rapide (1 a 2 jours),
mais de courte dur
ee (6 a 14 jours). Dans une etude,
l’amoxicilline-acide clavulanique a eu la meilleure sensibilit
e
in vivo sur les bact
eries trouv
ees chez 55 sujets. Il n’existe
pas d’etudes de niveau de preuve suffisant pour le
etronidazole qui est pourtant d’usage courant. En
m
pratique, la monoantibioth
erapie orale de 7 a 10 jours
est l’attitude conseill
ee par la plupart des auteurs. Elle peut
^
etre repetee ou realis
ee en alternance avec une autre classe
’’
Tableau 4. Principales causes médicamenteuses
de diarrhée chez le diabétique
Médicaments
antidiabétiques
Médicaments fréquemment retrouvés
chez le diabétique
Biguanides
Ascarbose
Colchicine
Antihypertenseurs :
– Inhibiteurs de l’enzyme de conversion
(captopril, lisinopril)
– Bepridil
– Propanolol
AINS
Aspirine, ticlopidine
Hypolipidémiant :
– Simvastatine
Cardiotropes :
– Quinidine
– Digoxine
Lanzoprazole
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
313
Diarrhées en rapport avec une maladie associée :
La maladie cœliaque a une physiopathologie commune
avec le diabete de type I et 7 % des diab
etiques insulinodependants presenteraient une atrophie villositaire asymptomatique. Elle est donc a
evoquer syst
ematiquement.
‘‘
La maladie cœliaque a une
physiopathologie commune avec
le diabète de type I
’’
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Une pancreatite chronique calcifiante, voire un cancer du
pancreas, peut se r
ev
eler par un diab
ete. Une st
eatorrh
ee
est alors habituelle.
La constipation
tiques souffriraient de
Vingt a 44 % des sujets diabe
constipation ou auraient recours a l’utilisation de laxatifs.
Cette constipation, qui s’observe plus souvent au cours du
diabete de type 2, peut ^
etre autant une constipation de
transit que la cons
equence d’un trouble de l’
evacuation
rectale.
Les mecanismes qui favorisent le ralentissement du transit
colique chez le diab
etique sont la diminution du r
eflexe
gastro-colique, l’augmentation de l’amplitude des contractions coliques segmentaires spontan
ees, et la diminution
du reflexe peristaltique par atteinte du SNE et attenuation
de la reponse des m
ecanor
ecepteurs coliques a la
distension, secondaire a l’hyperglyc
emie [15, 16].
Parallelement, la diminution de la sensibilit
e rectale
contribue a perturber l’
evacuation rectale en emoussant
le besoin exonerateur.
‘‘
La constipation est liée principalement à
des troubles moteurs coliques et à une
anomalie de la sensibilité viscérale
’’
rapeutique, outre l’equilibre
D’un point de vue the
glycemique optimal et les r
egles hygi
eno-diet
etiques
habituelles, la prise en charge n’a rien de sp
ecifique. Un
encombrement stercoral du rectum au toucher rectal ou un
ralentissement distal sur le temps de transit des marqueurs
permettent de proposer un traitement adapt
e pour une
constipation avant tout d’
evacuation, eventuellement aid
e
par les resultats de la manom
etrie anorectale. Dans les
constipations de transit r
esistant aux laxatifs usuels, les
laxatifs osmotiques et le bisacodyl sont les solutions
actuelles. Le prucalopride, agoniste s
electif des r
ecepteurs
serotoninergiques de type 5-HT4, a obtenu une AMM
europeenne dans l’indication du traitement symptomatique de la constipation chronique chez les femmes quand
les laxatifs n’ont pas les effets escompt
es. Ce traitement
314
(2 mg en 1 prise unique quotidienne) pourrait ^
etre un
traitement de seconde intention dans l’avenir.
Les troubles de la continence fécale
Ils sont une source majeure d’alt
eration de la qualit
e de vie
chez les malades diab
etiques, notamment lorsque les
accidents surviennent la nuit, perturbant le sommeil. Environ 10 % des diab
etiques se plaignent d’une incontinence
f
ecale active ou passive. L’incontinence est a diff
erentier de
la diarrh
ee qui peut la masquer ou l’aggraver.
‘‘
L’incontinence fécale est à identifier
derrière le mot « diarrhée » que les
malades utilisent comme motif de consultation.
Une authentique diarrhée aggrave une
incontinence
’’
La physiopathologie de l’incontinence anale n’est pas
encore tr
es claire. Il peut s’agir d’une incontinence a
rectum vide li
ee a une alt
eration de la fonction de r
eservoir
du rectum, et/ou a une d
efaillance sphinct
erienne
(figure 5). Il s’agit parfois d’une incontinence a rectum
plein, secondaire a un encombrement stercoral favoris
e par
la perte de la sensibilit
e rectale, secondaire a une
neuropathie autonome ou a l’hyperglyc
emie [17].
Conclusion
La gastro-ent
eropathie diab
etique est de diagnostic souvent
^mes. Son traitement
difficile devant l’intrication des sympto
repose en premiere intention sur l’optimisation de l’equilibre
glyc
emique, les r
egles hygi
eno-di
et
etiques et les traitements
symptomatiques usuels. Une approche pluridisciplinaire
entre le diab
etologue, le gastroent
erologue et le nutritionniste est essentielle. En cas de difficult
es, des th
erapeutiques
Rectum :
- Diminution de la compliance rectale
- Émoussement de la perception rectaIe
Anus :
- Diminution des fonctions des sphincters
externes et internes
- Augmentation de la relaxation spontanée
Figure 5. Principales anomalies anorectales contribuant a l’incontinence fecale du malade diabetique.
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 5, mai 2012
Tube digestif et diabète
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L’equilibre glyc
emique est un objectif th
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majeur dans la prise en charge des complications
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Il faut savoir evoquer une gastropar
esie, souvent
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La diarrhee est plurifactorielle. Un test diagnostique
et therapeutique par antibiotiques contre la pullulation
microbienne peut ^
etre recommand
e.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017.
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are associated with both poor glycemic control and diabetic complications. Am J Gastroenterol 2002 ; 97 : 604-11.
e
voquer devant
Une cause iatrog
ene est toujours a
une diarrhee du diab
etique (biguanides).
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10. Faraj J, Melander O, Sundkvist G, et al. Oesophageal dysmotility, delayed
gastric emptying and gastrointestinal symptoms in patients with diabetes
mellitus. Diabet Med 2007 ; 24 : 1235-9.
Il faut savoir identifier une incontinence f
ecale
derriere la plainte « diarrh
ee ».
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11. Camilleri M, Bharucha AE, Farrugia G. Epidemiology, mechanisms
and management of diabetic gastroparesis. Clin Gastroenterol Hepatol
2009 ; 9 : 5-12.
envisager. Les approches plus
plus specifiques sont a
r
ecentes physiopathologiques sur le microbiote et la
permeabilite intestinale nous permettront probablement
d’
elargir l’arsenal th
erapeutique.
re
^t : aucun
Conflits d’inte
&
Références
Les r
ef
erences importantes apparaissent en gras
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