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m Un lecteur adresse une lettre à l’éditeur d’une anthologie
poétique pour déplorer qu’il y ait inséré des poèmes
humoristiques comme ceux du corpus. Vous rédigerez cette
lettre ainsi que la réponse de l’éditeur défendant ses choix.
Vous respecterez la forme de la lettre en vous appuyant sur
vos lectures poétiques.
Le candidat peut s’appuyer sur les textes du corpus reproduits dans le
sujet n° 9.
LES CLÉS DU SUJET
■ Comprendre le sujet
Attention ! Vous devez produire deux textes !
• Analysez chacun des mots de la consigne ; cela permet de faire la
« définition » des textes à produire et de cerner les contraintes.
• Le sujet vous indique :
– Objet d’étude (textes 1 et 2) : « anthologie poétique », « poèmes » → la
poésie.
– Sujet/thème des textes : « anthologie poétique » / « poèmes
humoristiques » → l’insertion de poèmes humoristiques dans une
anthologie poétique.
– Genre des textes à produire : « lettre » / « réponse » → deux lettres ;
respectez les caractéristiques formelles de la lettre (formule d’adresse,
datation, lieu, formule de congé…).
– Type de texte (ou forme de discours) : « déplorer » / « défendant » →
deux textes argumentatifs, en opposition.
– Situation d’énonciation :
Texte 1 : qui ? « un lecteur » → il utilisera la première personne du singulier. Son identité n’est pas précisée. À qui ? à « l’éditeur d’une
anthologie poétique ».
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Texte 2 : qui ? « l’éditeur » → il utilisera la première personne du singulier. À qui ? au « lecteur ».
– Niveau de langue : il se déduit de l’identité des destinataires. Il devra
être soutenu ou courant (vous écrivez en tant qu’auteur).
– Registre : il ne vous est pas indiqué. Vous pouvez adopter le
registre polémique (les deux correspondants sont en désaccord) ou
lyrique (chacun défend et admire avec enthousiasme la poésie et
son opinion !).
• « Définition » des textes à produire, à partir de la consigne :
Texte 1 :
Lettre (genre) argumentative (type de texte) sur l’humour en poésie
(thème) polémique ? (registre) pleine de reproches, critique (adjectifs)
pour montrer que l’humour n’a pas sa place en poésie → blâme
(type de texte).
Texte 2 :
Lettre (genre) argumentative (type de texte) sur l’humour en poésie
(thème) polémique ? lyrique ? (registres), enthousiaste (adjectif) pour
défendre l’humour en poésie (but) → éloge (type de texte).
■ Chercher des idées
En fait, il s’agit d’une dissertation « déguisée » en deux lettres, et le
sujet de fond est le même que celui des dissertations n° 3 et n° 11.
Thèses et arguments
Dites clairement la thèse de chacun des correspondants et trouvez des
arguments.
• La lettre du lecteur : la poésie est une affaire noble et sérieuse,
l’humour n’y a pas sa place
– Par les sujets traditionnels : amour, nature, guerre (épopée), histoires
tragiques… ; or les sujets des poèmes humoristiques sont futiles et
inintéressants, voire triviaux (Marot et l’argent).
– Par ses formes : formes fixes et nobles comme le sonnet ; vers nobles
comme l’alexandrin ; genre noble et ample comme l’épopée ; or les
poèmes du corpus ne respectent aucune forme ou la pervertissent (« Le
Crapaud », Corbière) ; comptine enfantine de Queneau → solution de
facilité, aucun travail sérieux sur la langue poétique.
– Par ses registres : lyrique, épique, pathétique (exemples) ; or ces
poèmes, par leur registre comique, désacralisent la poésie, la vulgarisent.
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– Par la fonction assignée au poète : divin guide (poésie engagée) ou
prophète (poésie romantique), voyant inspiré ; or ces poèmes se
moquent de cette fonction ou la dévalorisent : le poète est un crapaud
(laid) (Corbière) ; mendiant (Marot) ; un adulte historien un peu niais
(Prévert) ; un enfant (Queneau)…
Au total : l’éditeur de l’anthologie bêtifie, désacralise la poésie, va dans
le sens d’un appauvrissement du genre (+ niveau de langue trop simple
ou familier, trivial).
• La réponse de l’éditeur : la poésie peut être drôle et désacralisée
Il peut reprendre certains arguments de la première lettre pour leur
opposer des contre-arguments.
– Les poètes choisis sont des écrivains sérieux qui font partie de la littérature reconnue, mais ils ont choisi d’explorer de nouvelles voies et de
renouveler le genre pour lui éviter de se scléroser (« Art poétique » de
Queneau, « Outils posés sur une table » de Tardieu).
Exemple : Musset, « Ballade à la lune ».
– La poésie est fantaisie et espace de liberté, qui traite de sujets sans
limites. Cf. Hugo : « L’art n’a que faire des lisières, des menottes, des
bâillons ; il vous dit : “va !” et vous lâche dans ce grand jardin de poésie où
il n’y a pas de fruit défendu […]. Que le poète aille donc où il veut en
faisant ce qui lui plaît : c’est la loi » → sujets innombrables, y compris amusants (objets, Ponge ; animaux, La Fontaine, Leconte de Lisle…).
– Le poète s’exprime aussi bien à travers l’humour qu’à travers d’autres
registres : morales (La Fontaine) ; conseils (Queneau) ; condition du
poète (Marot).
– L’humour rend la poésie accessible pour les jeunes : Prévert, Desnos,
M. Carême… ; Geo Norge (« Zoziaux », « La faune »), Michaux (« Mes
propriétés ») ; « Troisième fable » des Poèmes à Lou, Calligrammes
d’Apollinaire.
– Le jeu sur la musique, sur les rythmes, sur les sonorités et les mots
est plus évident dans une poésie originale : poésie surréaliste (Charles
Cros, Cendrars…).
– D’ailleurs, il existe des poèmes humoristiques depuis le XIVe siècle :
« Quand n’ont assez fait dodo », Charles d’Orléans ; ou XVe siècle :
Marot… C’est aussi une tradition littéraire.
Le choix des exemples
• « des poèmes humoristiques comme ceux du corpus » : vous pouvez
donc les mentionner.
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• Reportez-vous aussi aux exemples proposés pour les dissertations
n° 3 et n° 11.
La forme, la progression, l’écriture
Vos textes ne doivent pas être écrits comme un essai ou une dissertation (présence de connecteurs logiques multiples, par exemple). Vous
ne devez pas présenter vos arguments de façon trop ordonnée ; il faut
les « habiller » de façon à rendre votre lettre convaincante, dynamique.
Il faut éviter d’être trop didactique. Le lecteur doit deviner une vraie personne derrière celui qui écrit.
• Utilisez les procédés de la persuasion : mots mélioratifs, exclamations, peut-être hyperboles…
Pour réussir l’écriture d’invention : voir guide méthodologique.
La poésie : voir lexique des notions.
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Humour et poésie
Documents
A – Clément Marot, « Petite Épître au Roi », L’Adolescence clémen-
tine, 1532.
B – Jean de La Fontaine, « Le Gland et la Citrouille », Fables, 1671.
C – Tristan Corbière, « Le Crapaud », Les Amours jaunes, 1873.
D – Robert Desnos, « Le Bonbon », Corps et biens, 1932.
E – Jacques Prévert, « Les Belles-Familles », Paroles, 1948.
mÀ
quoi tient l’humour dans les poèmes proposés ?
Votre réponse n’excédera pas une quarantaine de lignes.
Après avoir répondu à cette question, les candidats devront traiter au choix
un des trois sujets nos 10, 11 ou 12.
Document A
5
10
15
Petite Épitre au Roi
En m’ébattant je fais rondeaux1 en rime,
Et en rimant bien souvent je m’enrime :
Bref, c’est pitié d’entre nous Rimailleurs,
Car vous trouvez assez de rime ailleurs,
Et quand vous plaît, mieux que moi, rimassez,
Des biens avez, et de la rime assez.
Mais moi à tout ma rime, et ma rimaille
Je ne soutiens (dont je ne suis marri) maille2.
Or ce me dit (un jour) quelque rimart :
« Viens çà, Marot, trouves-tu en rime art,
Qui serve aux gens, toi qui as rimassé ?
– Oui vraiment (réponds-je) Henri Macé3.
Car, vois-tu bien, la personne rimante,
Qui au jardin de son sens la rime ente4,
Si elle n’a des biens en rimoyant,
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20
25
Elle prendra plaisir en rime oyant5 :
Et m’est avis que si je ne rimois,
Mon pauvre corps ne serait nourri mois,
Ne6 demi-jour Car la moindre rimette
C’est le plaisir, où faut que mon ris mette. »
Si vous supplie qu’à ce jeune rimeur
Fassiez avoir un jour par sa rime heur7
Afin qu’on die en prose, ou en rimant :
« Ce rimailleur, qui s’allait enrimant,
Tant rimassa, rima et rimonna,
Qu’il a connu quel bien par rime on a. »
Clément Marot, L’Adolescence clémentine, 1532.
1. Formes poétiques du Moyen Âge.
2. Je ne retire aucun argent et j’en suis triste.
3. Personnage contemporain de Marot.
4. Greffer.
5. Participe présent du verbe ouïr : entendre.
6. Ni.
7. Chance, avantage.
Document B
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu’il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cet Univers, et l’aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
5
10
15
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
« À quoi songeait, dit-il, l’Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! je l’aurais pendue
À l’un des chênes que voilà.
C’eût été justement l’affaire2 ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C’est dommage, Garo3, que tu n’es point entré
Au conseil de celui que prêche4 ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n’est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s’est mépris5 : plus je contemple
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20
25
30
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l’on a fait un quiproquo. »
Cette réflexion embarrassant notre homme :
« On ne dort point, dit-il, quand on a tant d’esprit. »
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un Gland tombe : le nez du dormeur en pâtit6 .
Il s’éveille ; et, portant la main sur son visage,
Il trouve encore le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage.
« Oh ! oh ! dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S’il fût tombé de l’arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde7 ?
Dieu ne l’a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J’en vois bien à présent la cause. »
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
Jean de La Fontaine, Fables, 1671.
1. Trouve.
2. Cela aurait été plus approprié.
3. Nom des villageois.
4. Périphrase pour désigner Dieu.
5. S’est trompé.
6. Souffre.
7. Citrouille.
Document C
Le Crapaud
Un chant dans la nuit sans air...
La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
5
10
... Un chant : comme un écho, tout vif,
Enterré là, sous le massif...
– Ça se tait ! Viens, c’est là, dans l’ombre...
– Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois le, poète tondu sans aile,
Rossignol de la boue... – Horreur ! –
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15
... Il chante. Horreur ! ! – Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière...
Non : il s’en va, froid, sous sa pierre.
..................................................
Bonsoir – ce crapaud-là c’est moi.
(Ce soir, 20 juillet)
Tristan Corbière, Les Amours jaunes,
1873.
Document D
Le Bonbon
Je je suis suis le le roi roi
des montagnes
j’ai de de beaux beaux bobos beaux beaux yeux yeux
il fait une chaleur chaleur
5
10
15
j’ai nez
j’ai doigt doigt doigt doigt doigt à à
chaque main main
j’ai dent dent dent dent dent dent dent
dent dent dent dent dent dent dent
dent dent dent dent dent dent dent
dent dent dent dent dent dent dent
dent dent dent dent
Tu tu me me fais fais souffrir
mais peu m’importe m’importe
la la porte porte1.
Robert Desnos, Corps et biens, 1932.
1. Technique ancienne pour arracher une dent : on attachait la dent par une ficelle à une
poignée de porte, que l’on claquait violemment.
Document E
Les Belles-familles
Louis I
Louis II
Louis III
Louis IV
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5
10
15
20
Louis V
Louis VI
Louis VII
Louis VIII
Louis IX
Louis X (dit le Hutin)
Louis XI
Louis XII
Louis XIII
Louis XIV
Louis XV
Louis XVI
Louis XVII
Louis XVIII
et plus personne plus rien...
qu’est-ce que c’est que ces gens-là
qui ne sont pas foutus
de compter jusqu’à vingt ?
Jacques Prévert, Paroles, 1948.
LES CLÉS DU SUJET
■ Comprendre la question
• Il s’agit de trouver les procédés humoristiques, les sources de
l’humour (qu’est-ce qui fait sourire à la lecture de ces poèmes ?).
• Ne traitez pas les textes l’un après l’autre. Procédez synthétiquement : il faut trouver des points de convergence entre les textes et
classer les éléments humoristiques qui leur sont communs.
■ Chercher des idées
• Vous devez récapituler les différentes sources de l’humour que vous
connaissez : humour dans les mots – leur sens et leurs sonorités –,
dans les thèmes, dans la mise en page et la forme…
• Ne vous bornez pas à identifier les procédés ou les éléments
humoristiques ; donnez des exemples précis tirés de chaque texte.
Pour réussir les questions : voir guide méthodologique.
L’humour : voir lexique des notions.
La poésie : voir lexique des notions.
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