Dossier L`autisme infantile : diagnostic et dépistage précoces
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Dossier L`autisme infantile : diagnostic et dépistage précoces
Dossier L’autisme infantile : diagnostic et dépistage précoces Marie Douniol Fondation Vallée, 7, rue Bensérade, 94257 Gentilly Cedex Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. RÉSUMÉ L’autisme infantile est une pathologie sévère, nécessitant des soins complets et spécialisés dès le diagnostic établi, c’est-à-dire le plus précocement possible. Même si sous le terme d’ « autisme infantile » sont probablement regroupées des entités étiologiques différentes, un certain nombre de symptômes communs permet d’établir le diagnostic de manière formelle après l’âge de trois ans et de manière plus probabiliste avant cet âge. À trois ans, le tableau clinique complet est en effet constitué d’une triade symptomatique composée d’anomalies du contact et des interactions sociales, de troubles de la communication verbale et non verbale et de comportements stéréotypés ou restreints. Avant cet âge, un certain nombre de signes non spécifiques et à lier au développement de l’enfant devront alarmer comme une pauvreté de la communication et du contact visuel, des anomalies posturales, des troubles du tonus, des troubles alimentaires et du sommeil. Le diagnostic se base sur l’examen clinique et l’interrogatoire des parents, des outils diagnostiques standardisés ont cependant été établis et permettent une évaluation complémentaire éventuelle. Mots clés : dépistage précoce, autisme, diagnostic L’ mtp Tirés à part : M. Douniol autisme infantile est une maladie grave et douloureuse car elle touche de jeunes enfants dans leurs capacités de communication avec le monde. Cette incapacité de communication rend souvent difficile les processus d’attachement et les mouvements empathiques des soignants. Cependant, malgré cela, l’autisme a toujours suscité l’intérêt voire une véritable passion chez certains chercheurs ou thérapeutes. Cet investissement du monde soignant a permis l’apparition de très nombreuses théories sur la conception de la maladie et de ses origines, mais aussi sur les différentes modalités possibles de prise en charge thérapeutique [1]. mt pédiatrie, vol. 8, n° 1, janvier-février 2005 En effet, depuis une centaine d’années, l’autisme a pu voir une très grande évolution de ses considérations. Initialement, des cas isolés furent décrits. Un des plus célèbres est sans doute celui de Victor, retrouvé à l’état sauvage par des chasseurs dans l’Aveyron en 1800, et montrant des troubles du comportement faisant évoquer un trouble autistique. Toujours au XIXe siècle, fut décrit à Nuremberg en 1828 le cas d’un jeune adolescent, Kaspar Hauser, emprisonné depuis son enfance et qui montrait des signes faisant évoquer un syndrome d’Asperger. Ces enfants montraient tous des signes de troubles 31 L’autisme infantile : diagnostic et dépistage précoces Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. de la communication, une étrangeté, parfois un retard mental dont l’origine était rapportée à la carence de soins et d’affection qu’ils avaient gravement subie. Cette première hypothèse psychopathologique fut reprise par la suite dans les travaux de Spitz sur l’hospitalisme. Tous ces auteurs mettaient l’accent sur les carences graves (hospitalisme dans les orphelinats de pays défavorisés, négligence grave voire abandon à la vie sauvage) qui seraient à l’origine de l’ensemble des traits autistiques retrouvés. 32 Des psychiatres d’enfants comme Kanner en 1943, ou Asperger en 1944, isolèrent pour la première fois un syndrome autistique issu de l’observation clinique d’enfants. Ceux-ci ne présentaient aucune dysmorphie faciale mais se caractérisaient tous par un retrait de la vie sociale, une intolérance au changement et des troubles du langage et de la communication. Parallèlement à cette première définition diagnostique, des théories psychopathologiques d’inspiration psychanalytiques furent élaborées. Des auteurs comme Mélanie Klein [2], Margaret Mahler [3] ou Donald W. Winnicott [4] mirent l’accent sur le rôle de la mère dans la genèse des troubles autistiques, la mère ne faisant pas une interface psychique suffisante permettant à l’enfant une séparation et une individuation afin qu’il puisse évoluer de sa phase symbiotique. Cette insuffisance de la mère était due, soit à des carences de soins et d’affection de type quantitatif, soit à des anomalies qualitatives c’est-à-dire des troubles des interactions mère-enfant (cas des mères déprimées). Ce rôle de la mère fut encore plus mis en avant par certains auteurs tels que Bruno Bettelheim pour qui le repli des enfants autistes (la « forteresse vide ») était dû principalement à une attitude maternelle insuffisamment protectrice qui obligeait l’enfant à se replier devant des menaces de perte et d’abandon. Par la suite, ces hypothèses furent critiquées et d’autres théories émergèrent, soit d’orientation psychopathologique, soit biologique. Des théories neurophysiologiques mirent en avant des dysfonctionnements hémisphériques cérébraux (droit, gauche ou mixte, implication du lobe temporal). Des études génétiques très récentes ont permis d’isoler des régions candidates ainsi qu’un gène mis en cause. Des travaux neuropsychologiques traitant des processus cognitifs se sont aussi intéressés à l’autisme et ont mis en avant des anomalies non spécifiques de la planification, de l’organisation et de la persévération de l’action, mais aussi des défauts de métareprésentation, de la reconnaissance des émotions et un déficit dans les capacités d’intersubjectivité [5]. Actuellement, des auteurs comme S. Tordjmann [6] proposent des modèles multifactoriels ; dans ces modèles, l’atteinte génétique avec des lésions spécifiques est modulée par la présence de facteurs environnementaux périnatals et psychologiques comme le stress. Diagnostic précoce La recherche de signes précoces d’autisme est une démarche relativement nouvelle au sein de la communauté médicale. Ces signes, d’abord rapportés de manière rétrospective, ont fait par la suite l’objet d’une attention plus importante en même temps que se développait tout l’intérêt pour la psychiatrie du bébé. Un tableau complet d’autisme infantile est présent aux alentours de la troisième année de l’enfant. Nous aborderons donc l’ensemble des signes de la période de 0 à 2 ans. Lors de cette période, les médecins de famille et les pédiatres sont les plus à même de détecter des signes précoces grâce à l’observation de l’enfant et mais aussi beaucoup grâce à l’interrogatoire des parents. Tous ces signes sont peu spécifiques et ne peuvent s’interpréter de manière isolée, sans prise en compte de leur chronologie et de leur dynamique [7]. Plusieurs types de début ont été individualisés : – le début dit précoce et progressif : les signes apparaissent progressivement dès les premiers mois pour former à 3 ans un tableau complet d’autisme infantile ; – le début dit secondaire ou tardif où, après un mode d’évolution normal pendant les premiers mois voire la première année de vie, on assiste vers 18 mois à l’apparition de signes pathologiques et à la perte d’acquisitions antérieures. Enfin, certains tableaux peuvent se constituer très tardivement, après 3 ans. Les signes de 0 à 6 mois Classiquement, il a été décrit que les bébés se montraient extrêmement calmes, avec une insomnie silencieuse. Les mères rapportent retrouver souvent dans leur lit leur enfant éveillé, ne manifestant aucune insatisfaction, inconfort ou joie d’être seul ou de retrouver leur mère. On note souvent une absence des prémices de la communication verbale : absence de babillage. La communication non verbale peut être, elle aussi, déjà perturbée : la mimique du bébé est pauvre, il ne sourit pas ou peu, et il ne s’ajuste pas aux attentions maternelles : absence d’ajustement postural dans les bras de sa mère (sensation de « poupée de son » ou au contraire de « bout de bois »), absence d’attitude anticipatrice des bras. Des signes de retrait peuvent être présents comme le fait ne pas réagir à l’environnement : absence de réactions après un bruit pouvant donner l’illusion d’une surdité, absence d’émotion ou au contraire réaction émotionnelle très exagérée et incompréhensible après un stimulus sensoriel ou émotionnel. Des troubles du tonus peuvent être notés de type hypotonie : bébé mou et lourd dans les bras, plus rarement une hypertonie. Des troubles somatiques comme des troubles de l’alimentation ou des troubles du sommeil (insom- mt pédiatrie, vol. 8, n° 1, janvier-février 2005 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. nie ou hypersomnie). Enfin, quelques stéréotypies peuvent déjà apparaître comme des balancements ou des gestes répétitifs. Les signes de 6 mois à 1 an Les mêmes troubles peuvent se retrouver et sont alors plus remarquables du fait du développement plus avancé de l’enfant : retard au développement moteur avec une hypotonie et un retard à l’acquisition de la position assise, l’absence d’interactions apparaît plus visible : évitement du regard, strabisme, peu de vocalises. Certains signes peuvent apparaître lors de cette période comme le développement d’intérêts pour des stimulations sensorielles (jeu avec les lumières) et des autostimulations visuelles ou auditives. Enfin, on note une absence des jeux d’imitation. Les signes entre 1 et 2 ans Lors de cette période les troubles du tonus (hypotonie) et les troubles somatiques (troubles alimentaires et troubles du sommeil) s’esquivent et ce sont les difficultés de communication qui apparaissent plus au premier plan : difficultés dans les interactions sociales : absence de jeux d’imitation mais aussi absence de jeux de faire semblant. L’enfant joue souvent seul, refuse ou n’apprécie pas tous les jeux partagés. Il recherche l’isolement, ses jeux sont pauvres et stéréotypés. Il peut passer un temps important à utiliser un objet de manière stéréotypée ou à se balancer. La communication verbale peut être totalement absente, seuls des cris lui permettent de s’exprimer, ou partiellement présente avec quelques mots. La communication non verbale est elle aussi très touchée avec une absence de pointage et d’attention conjointe. Le partage des émotions est rare. Tous ces signes s’accompagnent d’autres témoignant d’un retard psychomoteur plus ou moins intense. Quand le retard est précoce et profond, les signes d’allure autistique apparaissent au rythme du développement perturbé de l’enfant. Les outils d’évaluation du diagnostic précoce Plusieurs outils diagnostiques existent afin d’objectiver des anomalies développementales chez un très jeune enfant. L’interrogatoire des parents reste une source d’information très importante mais qui nécessite une certaine précision des questions afin d’éviter tous les biais apportés par l’interprétation spontanée des parents. Plusieurs questionnaires d’aide au diagnostic existent : l’ECA-N (ou IBSE) [8] dérivée de l’ECA est une échelle d’évaluation des comportements autistiques pour nourrisson. Elle comporte 33 items et permet d’évaluer de très jeunes enfants âgés de 6 mois à 4 ans. Le CHAT (Checklist for Autism in Todlers) [9] est un instrument basé sur les travaux neuropsychologiques de Baron Cohen, et l’hypothèse d’un défaut de métareprésen- tation (théorie de l’esprit). Ce questionnaire est divisé en deux parties : l’une destinée aux parents, l’autre destinée au clinicien afin de diriger son observation de l’enfant. Il permet d’évaluer des enfants âgés de 18 mois à 3 ans. Trois items avaient montré leur caractère hautement significatif s’ils étaient absents : le pointage protodéclaratif, absence d’orientation du regard de l’enfant vers le pointage de l’adulte et l’absence de jeux de faire semblant. D’autres échelles telles l’ADI-R (Autisme Diagnostic Interview Revised) Lord 1991, le PDDST [10] (Pervasive Developmental Disorders Screening Test-Stage) Siegel, 1998 [8], questionnaires adressés aux parents permettent d’évaluer des comportements avant l’âge de trois ans. Parallèlement doit être faite une évaluation du développement psychomoteur de l’enfant (Cf. ci-dessous). Diagnostic différentiel avant trois ans Troubles sensoriels Le diagnostic de surdité doit être évoqué devant un enfant qui ne présente aucune réaction à un stimulus auditif et qui présente un retard de langage. La communication non verbale est préservée dans la surdité et doit permettre de différencier les deux pathologies. De même, un diagnostic de cécité doit aussi être évoqué, en particulier chez un enfant très jeune, pour lequel le dépistage de cette anomalie est plus complexe. Dépression du nourrisson Le diagnostic sera évoqué devant un nourrisson apathique, en retrait, triste, détournant le regard et refusant le contact. La notion de rupture avec un état antérieur devrait permettre d’orienter le diagnostic en cas de traumatisme (séparation brutale avec une figure d’attachement, etc.). La réponse rapide aux attentions soignantes doit elle aussi être un argument diagnostic en faveur d’une dépression. Retard mental isolé Le diagnostic de retard isolé se différenciera sur l’absence de bizarrerie et de retrait, l’absence de comportements stéréotypés qui orienteront le diagnostic vers l’autisme. Avant trois ans, il est parfois difficile d’isoler ces deux troubles d’autant qu’ils sont le plus souvent associés. Troubles du langage isolé La plupart des enfants dysphasiques ont une présentation assez différente des enfants autistes (capacité d’expression non verbale d’émotions, etc.), cependant, des troubles de la relation peuvent apparaître secondairement en cas de trouble sévère. À ce stade du développement de l’enfant, l’annonce d’un diagnostic doit se faire avec beaucoup de prudence. Certaines pathologies (sensorielles, dépression du nourrisson) doivent être avant tout éliminées comme une surdité ou une anomalie de l’acuité visuelle, parfois difficile à diagnostiquer. Par ailleurs, peu d’études existent sur l’évolution de nourrissons présentant avant deux ans un syndrome autistique isolé. Enfin, l’approche thérapeutique à mt pédiatrie, vol. 8, n° 1, janvier-février 2005 33 L’autisme infantile : diagnostic et dépistage précoces cet âge se résume à une forme d’observation dont le but est le travail sur le développement de l’enfant et l’aide dans sa communication. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Diagnostic clinique à partir de 3 ans 34 Le diagnostic clinique d’autisme infantile repose à la fois sur l’examen du développement psychomoteur de l’enfant et sur l’examen de l’ensemble de ses moyens de communication et de contact avec autrui. En effet, le diagnostic d’autisme selon les classifications internationales DSM-IV et CIM-10 repose sur la présence d’une « triade symptomatique autistique » : – anomalies du contact et des interactions sociales ; – anomalie de la communication verbale et non verbale ; – comportements stéréotypés et restreints. À cette triade s’ajoute la présence fréquente d’un retard mental. Le retard psychomoteur Il est présent dans 3 cas sur 4 environ. Il correspond à une efficience intellectuelle inférieure à 70, la moyenne internationale étant fixée à 100. Le déficit touche le plus souvent plus sévèrement les capacités verbales que le quotient de performance. Son intensité joue un rôle dans l’expression des troubles autistiques. En effet, un retard mental sévère aura pour effet de masquer les difficultés autistiques « pures ». Inversement, des troubles autistiques sévères peuvent être associés à des capacités mentales préservées. La triade symptomatique Les troubles du contact L’enfant autiste initie rarement le contact. Il apparaît spontanément en retrait, parfois le refuse ou l’évite. Le contact est alors souvent indirect : absence de contact oculaire direct mais regard périphérique où l’enfant semble regarder « du coin de l’œil ». Absence de pointage mais utilisation de la main de l’adulte pour lui désigner ce qu’il souhaite. Il semble alors utiliser une partie du corps de l’adulte : prendre la main, s’asseoir sur ses genoux sans le regarder, etc. Il paraît souvent indifférent, froid, mettant à distance l’autre, refusant le contact corporel. L’expression des émotions est souvent pauvre voire absente ; parfois au contraire on assiste à une hyperexpression émotionnelle mais inadaptée par rapport à la situation dans laquelle elle intervient. Les contacts avec les pairs ne sont pas plus facilités, l’enfant reste à l’écart et semble ne pas percevoir la présence d’autres enfants. Les troubles de la communication La communication verbale est souvent sévèrement touchée avec un langage expressif pauvre aussi absent. Des anomalies du langage sont parfois présentes comme des écholalies, un jargon, une modulation prosodique anormale, un ton monotone, un langage utilisé de manière non communicative. Il existe des anomalies syntaxiques : absence d’utilisation du « je » et utilisation à la place des pronoms « tu » ou « il ». L’accès à l’humour, aux mots abstraits, aux sens implicite est souvent impossible. La communication non verbale est elle aussi touchée : absence de reconnaissance d’émotions grâce à la mimique et peu d’expression émotionnelle, absence d’imitation des gestes de l’adulte à visée communicative (faire coucou, au revoir, etc.). Les comportements répétitifs ou restreints Les jeux de l’enfant sont décrits comme pauvres et restreints à certains domaines : intérêt pour les roues, les toupies et utilisation d’objet de façon détournée comme regarder par exemple les roues d’une petite voiture tourner. Les jeux imaginés sont rares, on assiste plutôt à des jeux d’alignement. Enfin, les jeux de faire semblant ou à tonalité symbolique sont également très limités ou absents. Autres anomalies Les stéréotypies motrices Certains gestes comme la marche sur la pointe des pieds, les battements d’aile avec les mains, les tournoiements sont parfois présents. De même, des anomalies sensorielles ont été notées. Il existe des troubles de la perception sensorielle : absence de réaction après un stimulus auditif de forte intensité ou au contraire réaction de peur exagérée après un stimulus de très faible intensité (sursaut après le froissage d’un papier par exemple). Certains bruits peuvent parfois provoquer une véritable panique comme le bruit de l’aspirateur, la chasse d’eau. À l’inverse, on décrit classiquement un intérêt pour la musique. Les sensations tactiles peuvent être aussi touchées : refus du contact de certains tissus ou de l’eau. De même, on remarque au niveau gustatif que les enfants autistes peuvent faire preuve de goûts particuliers comme le goût pour les aliments très épicés, la recherche d’aliments présentant une consistance lisse. Des approches sensorielles particulières ont été remarquées comme le flairage des objets, le signe « du cube brûlant » où l’enfant tend sa main vers l’objet puis la retire comme si l’objet était brûlant. Enfin, il peut s’autostimuler en se balançant, en jouant avec la lumière devant ses yeux, en tournoyant sur lui-même, etc. L’intolérance au changement Le syndrome d’immuabilité décrit en premier par Kanner correspond aux difficultés qu’ont ces enfants lors des mt pédiatrie, vol. 8, n° 1, janvier-février 2005 changements provoquant parfois des manifestations anxieuses majeures. Leur vie peut donc prendre un cours très ritualisé. Les automutilations Elles sont de nature multiple : morsures, coups, etc. et surviennent le plus souvent lors de moments anxieux ou de frustration. Les troubles du sommeil Ils peuvent persister au-delà des premiers mois de vie avec une insomnie persistante. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. L’instabilité motrice Certains enfants présentent en effet une agitation et une instabilité comportementale parfois très importante et pour laquelle un traitement est souvent sollicité par les parents. Les pathologies somatiques associées Une épilepsie est associée dans environ 30 à 40 % des cas. La maladie épileptique n’apparaît pas toujours précocement, elle peut survenir dans l’enfance mais aussi plus tardivement au moment de l’adolescence ou de l’âge adulte. Les crises les plus fréquentes sont de type généralisées tonicocloniques ou partielles complexes, mais d’autres types de crises peuvent aussi être observées parfois chez un même sujet. Diagnostic différentiel Les anomalies sensorielles précédemment citées, le retard mental isolé, les troubles du langage isolés sont là encore des diagnostics à écarter. Cependant, les difficultés diagnostiques résident plus dans la différenciation avec les troubles envahissants du développement. Examens complémentaires Les examens complémentaires sont de quatre types. Évaluation psychologique Elle permet d’évaluer le niveau de développement de l’enfant (échelles standardisées de mesure du quotient intellectuel), mais peut être aussi complétée par des évaluations des fonctions cognitives, de la cognition sociale et des capacités symboliques. Évaluation orthophonique Un bilan du langage (expressif et compréhensif), mais aussi d’évaluation des capacités de communication non langagière peut permettre une meilleure adaptation de soins. Évaluation psychomotrice Elle aura pour but de mesurer le retard mais aussi le comportement de l’enfant, et l’importance des traits autistiques. Examens médicaux complémentaires Ils ont lieu afin de détecter des pathologies associées (sclérose tubéreuse de Bourneville, syndrome d’X fragile) et afin d’éliminer un diagnostic différentiel (troubles sensoriels). Examen neuropédiatrique Il comporte un examen clinique approfondi associé à des examens complémentaires : EEG de sommeil, scanner cérébral ou IRM cérébrale. Examen ORL Méthodes et outils diagnostiques Ils se basent sur l’observation clinique, l’interrogatoire des parents et éventuellement la vision de films familiaux. Ils peuvent être complétés par des entretiens semistructurés. Nous en citerons quelques-uns. L’ADI-R (Autistic Diagnostic Interview-Revised) est un entretien semi-structuré composé de 111 items permettant une évaluation très exhaustive de l’enfant. La CARS-T (Childhood Autistic Rating Scale) est une échelle permettant une cotation quantitative du syndrome autistique. L’ECA-R est une échelle comportant 29 items évaluant le comportement autistique. Enfin, nous citerons entre autres le PEP-R (Psycho Educative Profile-Revised) qui évalue les capacités actuelles et en devenir afin de permettre une meilleure appréciation des modalités de prise en charge nécessaire à l’enfant dans le cadre du programme TEACH, lui-même basé sur une conception éducative et pragmatique des soins. Un audiogramme doit être effectué de manière concomitante à la consultation ORL. Examen ophtalmologique De même, un examen ophtalmologique adapté à l’âge de l’enfant avec fond d’œil, devra avoir lieu. Consultation génétique Une consultation génétique pourra être proposée aux parents. Elle aura surtout une utilité dans le cadre d’un programme de recherche génétique sur l’autisme. À cette occasion, un caryotype, une recherche d’X fragile ou d’autres anomalies chromosomiques particulières pourront être recherchés. Conclusion L’autisme reste une pathologie psychiatrique grave, pour laquelle la nécessité d’un diagnostic précoce permet une prise en charge située elle aussi tôt dans le développement de l’enfant. Pour cela, l’ensemble des partenaires mt pédiatrie, vol. 8, n° 1, janvier-février 2005 35 L’autisme infantile : diagnostic et dépistage précoces (médecins généralistes, pédiatres, puéricultrices) doivent pouvoir reconnaître des symptômes afin d’orienter un jeune enfant présentant des signes complets et débutants de troubles autistiques. Références 1. Lenoir P, Malvy J, Bodier-Rethore C. L’autisme et les troubles du développement psychologique. Paris : Masson, 2003. 2. Klein M. La psychanalyse des enfants. Paris : PUF, 1975. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. 3. Mahler MS. Psychose infantile. Paris : Payot, 1977. 36 4. Winnicott DW. La crainte de l’effondrement. Nouvelle Revue de Psychanalyse 1975 ; 11 : 35-44. 5. Baron-Cohen, Leslie AM, Frith. Does the autistic child have a theory of mind? Cognition 1985 ; 21 : 37-46. 6. Tordjmann S, Spitz E, Antoine C, et al. Approche intégrée de l’autisme infantile. Psychologie française 1998 ; 43 : 185-95. 7. Houzel D. Les signes précoces de l’autisme et leur signiofication pathologique. In : Autisme : état des lieux et horizons. Le Carnet Psy, 2000 : 32-4. 8. Adrien JL, Barthelemy C, Perrot A, et al. Validity and reliability of the infant behavioural summarized evaluation (IBSE) : a rating scale for the assessment of young children with autism and developmental disorders. Journal of Autism and Developmental disorders 1992 ; 22(3) : 375-94. 9. Baron-Cohen S, Allen J, Gillberg C. Can autism be detected at 18 months? The needle, the haystack, and the CHAT. Br J Psychiatry 1992 ; 161 : 839-43. 10. Siegel B. Early screening and diagnosis in autism spectrum disorders : the pervasive developmental disorders screening test (PDDST). Paper presented at : The State of the Science in Autism : screening and diagnosis working Conference. June 15-17, 1998 ; Bethesda, MD. mt pédiatrie, vol. 8, n° 1, janvier-février 2005