PROFIL DE LA VACCINATION AU MALI Analyse des iniquités de

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PROFIL DE LA VACCINATION AU MALI Analyse des iniquités de
ÉQUITÉ D’ACCES ET IMMUNISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST
Partenariat de recherche Canada – Burkina Faso – Bénin - Mali
PROFIL DE LA VACCINATION AU MALI
Analyse des iniquités de couverture vaccinale
Abdel Karim KOUMARÉ
Karim SANGARÉ
Odette LAPLANTE
Slim HADDAD
Pierre FOURNIER
Maria Victoria ZUNZUNEGUI
Marta FELETTO
Septembre 2005
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION ....................................................................................................................................................... 1
La situation socioéconomique du Mali ................................................................................................................. 1
La situation sanitaire du Mali................................................................................................................................ 1
Situation du Programme élargi de vaccination au Mali.......................................................................................... 2
Situation de la région de Kayes ............................................................................................................................ 2
La situation socioéconomique.............................................................................................................................. 3
La santé ............................................................................................................................................................ 3
Le Programme élargi de vaccination .................................................................................................................... 3
Présentation de l’étude......................................................................................................................................... 4
2- METHODOLOGIE.................................................................................................................................................. 4
a)
b)
c)
d)
Données de base ....................................................................................................................................... 4
Taille de l ‘échantillon des EDS .................................................................................................................. 8
Critère d’un enfant vacciné ou complètement vacciné d’après les EDS : .................................................... 8
Processus de pré validation des résultats.................................................................................................. 9
3- RESULTATS ......................................................................................................................................................... 9
3-1 Couverture vaccinale en fonction des antigènes et des régions du Mali.......................................................... 9
3-2 Analyse de la situation des enfants dont la couverture n’est pas complète ................................................... 11
3-3 Analyse de couverture à selon les régions.................................................................................................... 12
3-4 Analyse des inégalités socio-économiques de couverture ........................................................................... 13
3-4-1 Analyse en fonction du sexe de l’enfant ..................................................................................................... 13
3-4-2 Analyse du taux de vaccination en fonction de la résidence de l’enfant ......................................................... 13
3-4-3 Analyse du taux de vaccination en fonction du niveau de scolarisation de la mère ......................................... 14
3-4-5 Analyse du taux de vaccination complète en fonction du statut économique de la famille en quintile et selon le
milieu de résidence de la famille (urbain ou rural) ................................................................................................ 17
3-4-6 Évolution de la couverture d’après EDS 95/96 et EDS 2001........................................................................ 19
3-4-7 Analyse des déperditions entre DTCP1 – DTCP3..................................................................................... 24
3-4-8 Ciblage : vaccinations complètes et correctes............................................................................................. 25
3-5 Analyse pour la région de Kayes.................................................................................................................. 27
CONCLUSIONS ...................................................................................................................................................... 29
REFERENCES ........................................................................................................................................................ 31
1
INTRODUCTION
La république du Mali, pays continental, couvre une superficie d'environ 1 240 192 Km2. Elle partage près de 7
200 Km de frontières avec l'Algérie au nord, le Niger à l'est, le Burkina Faso au sud est, la Côte d'Ivoire et la
Guinée au sud, la Mauritanie et le Sénégal à l'ouest. C'est un pays de plaines et de bas plateaux. L'altitude
moyenne est de 500 mètres. Le pays est divisé en 8 régions plus la capitale, Bamako. Il s'étend entre les 11° et
25° latitude nord. Deux fleuves traversent le Mali : le fleuve Niger et le fleuve Sénégal. Le réseau hydrographique
dessert surtout le sud du pays. La partie septentrionale de cette zone est arrosée par le fleuve Sénégal et ses
affluents, la partie orientale par le fleuve Niger et ses constituants. Le régime de l'ensemble de ce réseau est
tropical.
Le climat se présente en 5 zones, qui sont :
-
-
la zone sud-soudanienne (6 % du territoire) dans l'extrême sud. Les précipitations sont
comprises entre 1 300 et 1 500 mm d'eau par an,
la zone nord-soudanienne, (18 % du territoire) avec des précipitations comprises entre 1 300 et 700
mm/an d'eau,
la zone sahélienne : les précipitations vont de 700 à 200 mm d'eau par an,
la zone saharienne : les précipitations deviennent irrégulières et, au fur et à mesure qu'on s'éloigne
des abords du fleuve Niger et qu'on avance dans le Sahara, elles deviennent aléatoires et
inférieures à 200 mm/an
le delta intérieur du Niger est une véritable mer intérieure. Cette nappe d'inondation est au
cœur même du Sahel. Le delta avec ses 300 Km de long sur 100 Km de large, joue un rôle
régulateur dans le climat de la région.
Ce contexte climatique influence la couverture vaccinale, les routes étant difficilement accessibles pendant
l’hivernage, période où sont concentrées toutes les pluies de l’année.
La situation socioéconomique du Mali
Selon les données du Troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), le Mali avait une
population de 9 810 912 habitants en avril 1998 dont 50,5 % de femme et 49,5 % d’hommes ; la densité était
estimée à 7,9 habitants au kilomètre carré. Cette population est estimée à 11 425 248 habitants en 2005 avec un
taux d’accroissement annuel de 2,2 %. Selon les mêmes données, 99 % des Maliens étaient sédentaires et 1 %
étaient des nomades. Cette population est cependant sous-recensée, sous-estimant leur proportion de la
population dans plusieurs régions.
La majorité de la population du pays résidait en milieu rural (73,2%). Le taux d’urbanisation était de 26,8%. Les
trois quarts de la superficie du pays abritaient moins de 10,0 % de la population. Au Mali, la population était
essentiellement rurale ; au dernier recensement de la population, 22 % seulement de la population résidente
vivaient en milieu urbain. Cette population était en outre caractérisée par sa jeunesse : 46 % de la population
étaient âgées de moins de 15 ans. Les femmes en âge de procréer (15 - 49 ans) représentaient 23 % de la
population totale.
La situation sanitaire du Mali
La situation sanitaire de la population du Mali, reflet du niveau actuel de développement socio-économique est
loin d'être satisfaisante.
Au Mali la morbidité et la mortalité sont très élevées et cela s'explique surtout par : une faible couverture sanitaire,
une insuffisance notoire des ressources allouées au secteur, un environnement naturel propice à la transmission
des maladies infectieuses et parasitaires, un accès difficile à l'eau potable pour la majorité des populations, une
hygiène défectueuse et des comportements très souvent inadéquats, des apports nutritionnels déficients tant en
2
quantité qu'en qualité (fer, iode, vitamine A), la persistance des coutumes et traditions peu recommandées pour la
santé, le faible niveau d'instruction , d’alphabétisation et d'information de la population, la faible participation et
responsabilisation des communautés de base à l'action sanitaire, l'insuffisance en quantité du personnel sanitaire.
Compte tenu de ces insuffisances, le gouvernement a pris des mesures qui figurent dans la déclaration de politique
sectorielle de santé et de population en 1990 (MSP-AS, 1990). Dans ces orientations, cette dernière réserve
la priorité de l'action sanitaire au milieu rural et péri -urbain (dans un souci d'équité et de correction des inégalités
sociales), à la prévention des maladies, à la promotion socio - sanitaire et au bien être de la famille. Depuis la
déclaration de politique sectorielle de santé et de population, la santé est désormais un secteur d'investissement
qui obéit à la loi de l'utilisation rationnelle des ressources, afin d'assurer la pérennité du développement sanitaire,
la prise en compte dans la planification des ressources disponibles et la mobilisation de tous les secteurs (État,
Organisations Non Gouvernementales (ONG), populations etc.).
Les centres de santé communautaires (CSCOM) sont crées et gérés par la communauté. Les ressources
générées par ces centres à travers le recouvrement des coûts et les cotisations des communautés servent à
résoudre les problèmes de santé de la dite communauté. La gestion du centre est confiée à l’Association de
Santé Communautaire (ASACO) qui regroupe les représentants de tous les villages adhérents aux CSCOM.
Le CSCOM est dirigé par un Chef de poste médical (CPM), le plus souvent un infirmier mais peut être également
un médecin. Le reste du personnel est habituellement composé d’une matrone (chargée des soins maternels et
infantiles, avec une formation de 45 jours), d’un aide soignant qui fait office d’agent vaccinateur et d’un gérant de
dépôt de médicaments. Ils sont encadrés professionnellement par le Centre de santé de référence et le Service
de Développement social et de l’Économie solidaire du cercle.
Situation du Programme élargi de vaccination au Mali
Selon les carnets de vaccinations ou les déclarations des mères, seulement un enfant de 12 à 23 mois sur
trois (32 %) a reçu toutes les vaccinations du Programme Élargi de Vaccination (PEV), à savoir le BCG,
trois doses de polio et de DTCoqP, et la rougeole. À l'inverse, 23 % des enfants n'ont reçu aucune vaccination en
2001 (EDSM-III).
Soixante-seize pour cent des enfants de 12-23 mois ont reçu le BCG, 51 % ont été vacciné contre la rougeole et
environ 38 % des enfants ont reçu les trois doses de vaccin de DTCoq et de polio.
La couverture vaccinale est deux fois plus importante en milieu urbain, en particulier à Bamako, qu'en milieu
rural : en milieu urbain, un enfant de 12 à 23 mois sur deux (52 % des enfants) a reçu toutes les vaccinations contre
seulement un sur quatre (24 %) en milieu rural. À Bamako, 54 % des enfants sont complètement
vaccinés. De même, 67 % des enfants dont la mère a un niveau secondaire ou plus sont complètement
vaccinés contre seulement 28 % des enfants de mère sans instruction; ainsi, deux fois moins d’enfants de
mère peu scolarisée ont une couverture vaccinale complète.
En 1988 le Gouvernement du Mali a élaboré son Programme Elargi de Vaccination dont l’objectif principal était
de vacciner en 5 ans, 80 % des enfants avant l’âge d’un an contre 6 maladies cibles (diphtérie, tuberculose,
coqueluche, tétanos, poliomyélite, rougeole).
En 1995 et en 2001 les évaluations externes ont montré que le taux d’enfants complètement vacciné au Mali a
régressé de 31,5 % à 28,7 % (CPS / EDS-II, EDS-III). C’est ainsi qu’en 2001, le Gouvernement a placé
l’amélioration de la couverture vaccinale au rang de ses interventions prioritaires, y compris dans le Cadre
Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté (Gouvernement du Mali, 2002).
Situation de la région de Kayes
La région de Kayes, plus spécifiquement ciblée pour l’étude, a une superficie de 120 760 km2 ; elle est composée
de 7 cercles et comporte 129 communes, dont 12 urbaines. Elle a une population totale de 1 576 132 habitants,
3
la population des cercles varie de 141 688 habitants (Yélimané) à 345 998 habitants (Kita) en 2004. Elle est
limitée à l’Ouest par le Sénégal, au Nord par la Mauritanie, au Sud par la Guinée, et à l’Est par la Région de
Koulikoro. Elle couvre ainsi 9,8 % du territoire du Mali et compte 14 % de la population du pays.
La situation socioéconomique
Le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche) occupe environ 80% de la population. Les secteurs secondaire
et tertiaire (commerce, artisanat et exploitation de l’or) occupent le reste de la population.
Plus des deux tiers de la population n’a pas accès à l’eau potable. En outre, le taux d’alphabétisation de 11,7%
est l’un des plus faibles du pays, le taux de scolarisation des filles étant nettement plus faible que celui des
garçons de 5 à 14 ans (30% versus 20%). L’écart est encore plus important chez les jeunes de 15 à 24 ans (25%
chez les hommes et seulement 10% chez les femmes).
Selon l’Enquête malienne d’évaluation de la pauvreté (EMEP 1999), 50% des ménages de la région de Kayes
interrogés dans le cadre de cette enquête considéraient que la situation économique de la communauté était pire
que celle qui prévalait un an avant l’enquête, 47% considérant que leur situation s’était détériorée. De plus, 25%
des ménages mentionnaient avoir eu souvent des difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires au cours de
l’année précédant l’enquête et 8,5% mentionnaient avoir toujours eu cette difficulté.
La santé
L’infrastructure socio - sanitaire de la région se compose de :
- une direction régionale de la santé ; d’une direction régionale du développement social et de l’économie
solidaire
- 7 centres de santé de référence de cercle ;
7 services de développement social et de l’économie solidaire;
- 106 centres de santé communautaires sur 204 prévus, au 31 décembre 2004
- un hôpital régional (MS et MDSSPA / DRS et DRDS-ES Kayes, 2005)
La région de Kayes à l’instar des autres régions du pays fait face à de nombreux problèmes de santé.
Ainsi, le taux de mortalité infantile de la région était de 135 ‰ en 1996, le taux de mortalité néonatale était de
80 ‰ selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS-III). Le taux de malnutrition de 38 % est indirectement à
l’origine de cette surmortalité due aux maladies diarrhéiques, aux infections respiratoires et à la rougeole, selon
l’étude du système de santé des régions de Ségou et Kayes réalisée en 2002 (MS et ACDI, 2002) . Selon cette
même étude, la mortalité infanto juvénile reste élevée dans la région : 259 décès pour 1 000 naissances vivantes
(252 ‰ au niveau national) pour la période des 10 ans précédant l’enquête (MS et MDSSPA / DRS et DRDS-ES
Kayes, 2005).
Le Programme élargi de vaccination
D’après les Enquêtes Démographiques et de Santé réalisées au Mali, dans la Région de Kayes, le taux d’enfants
complètement vaccinés a évolué de 9 % à 13 % entre 1995 et 2001 (CPS / EDS-II , EDS-III). Seules des
données de routine sont disponibles après cette période. L’Enquête de 2001 a montré que le taux de déperdition
dans la région de Kayes est le plus élevé du Mali ; en effet le taux de déperdition entre DTCP1 et DTCP3 était de
60 % en 2001, alors que dans les autres régions ce taux variait entre 12 % et 50 % (CPS / EDS-II, EDS-III). Ce
taux de déperdition était plus important en zone rurale qu’en zone urbaine.
Pour ces raisons, la Direction Régionale de la Santé de Kayes a placé l’amélioration de la couverture vaccinale
parmi ses priorités (DRS DRDS-ES Kayes, 2005). Le Projet d’Appui à l’Amélioration de la Santé de la
Reproduction au niveau Communautaire au niveau de la Région de Kayes, financé par l’Agence Canadienne de
Développement International (ACDI) a donc placé cette question au rang de ses priorités depuis 2004.
4
Comme pour l’ensemble du Mali, les dernières informations disponibles portent sur le taux de vaccination par
aire de santé et par district (appelé Cercle au Mali), provenant des données de routine. Ce taux varie d’un district
à l’autre, mais aucune information socioéconomique n’est disponible à l’échelle des districts et aires de santé
pour mesurer le lien entre le niveau socioéconomique et la couverture vaccinale, depuis l’enquête EDS en 2001.
Présentation de l’étude
Les études effectuées dans le cadre de la vaccination portent habituellement sur l’épidémiologie ou la clinique et
aucune approche systématique des inéquités d’accès et de leurs déterminants, n’a à notre connaissance, été
réalisée en Afrique subsaharienne et particulièrement au Mali.
Ce profil est la première phase d’une étude qui voudrait répondre aux questions suivantes :
-
-
-
-
Les décideurs des échelons centraux et périphériques (notamment à Kayes) disposent-ils des bases
d’information leur permettant d’évaluer la situation et quelles sont leurs préoccupations et stratégies
pour corriger la situation?
Pourquoi les réformes et efforts mis en œuvre n’ont-ils pas permis de rétablir l’égalité des chances
entre enfants pauvres et non pauvres, de la ville ou de la campagne, malgré la gratuité des vaccins
pour les populations?
Pourquoi certains districts performent-ils mieux que d’autres?
Dans quelle mesure et jusqu’à quel point les inéquités d’accès sont attribuables à des facteurs
systémiques (affectant l’organisation ou la performance des services), contextuels (inhérents aux
caractéristiques propres des districts) ou bien propres aux communautés pouvant être influencés par
des politiques publiques?
Quelles sont les sources des inéquités persistantes et particulièrement dans la couverture vaccinale
et les taux de déperdition dans la région de Kayes?
Le présent profil est une base d’information pour les autres phases de l’étude, qui tente de fournir des éléments
de réponse à ces questions, essentielles à la réalisation de programmes de vaccination efficaces et équitables.
L’objectif général du présent rapport est de dresser les profils d’inégalité de la couverture vaccinale au
Mali à partir des données valides les plus récentes, afin de guider l’élaboration d’une politique et de
stratégies de réduction de l’inégalité de la couverture vaccinale;
Les objectifs spécifiques sont de :
1- déterminer les taux de couverture vaccinale ciblée en fonction des régions du Mali
2- décrire les inégalités de couvertures vaccinales en fonction des régions du Mali
3- décrire les inégalités de couvertures vaccinales en fonction du niveau socio économique de la
famille;
4- décrire l’évolution de la couverture vaccinale en fonction des EDS et des régions du Mali et
5- identifier les facteurs qui favorisent les inéquités de déperdition et leur évolution dans la région de
Kayes en vue de déterminer les principaux leviers à considérer pour lutter contre les inéquités les
plus marquées.
2- METHODOLOGIE
a) Données de base
Nous avons utilisé les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) 1995 et 2001 comme principale source de
données. L'Enquête Démographique et de Santé au Mali est une enquête nationale par sondage, il y a eu une
5
enquête en 1995(EDSM II) puis une autre en 2001 (EDSM III).
Elles ont été exécutées par la Cellule de Planification et de Statistique du Ministère de la Santé, de la
Solidarité et des Personnes Agées (CPS/MSSPA) et par la Direction Nationale de la Statistique et de
l'Informatique (DNSI) du Mali, avec l'assistance technique de Macro International Inc.
Les informations recueillies sont significatives au niveau national et au niveau de chacun des sept domaines
(régions ou groupe de régions) d'études retenus dans le cadre de l'EDSM-II : ce sont le district de Bamako, les
régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, et le regroupement des régions de Tombouctou/Gao/Kidal.
En ce qui concerne ce dernier groupe de régions (domaine d'études), les données ne sont représentatives
que des deux communes de Tombouctou et de Gao. Par ailleurs, la ville de Kidal n'étant pas encore
une commune en 2001, elle n'a pas été prise en compte dans l'échantillon. Pour faciliter la lecture, le
terme « Régions » sera utilisé pour désigner les domaines de l’étude.
Les données sont aussi représentatives selon le milieu de résidence, à savoir, le district de Bamako, les Autres
Villes et le milieu rural.
Nous avons voulu utiliser aussi les données de routine. Ces données sont disponibles au niveau de la Direction
Nationale de la Santé depuis 1988. Afin de vérifier leur concordance avec les données d’enquête plus fiables,
nous avons comparé les données de l’EDS 2001 à celles des données de routine ; ce qui nous a permis d’avoir
la situation ci-dessous.
Tableau n°1 : Comparaison des « taux de couverture » vaccinale entre les données de routine et de
l’EDS 2001 en fonction des antigènes et des régions du Mali en 2001
Régions
Antigène
BCG
Mali
EDS
69.0
Routine n.d.
DTC1
EDS
60.8
Routine n.d.
DTC3
EDS
39.9
Routine n.d.
Rougeole
EDS
48.7
Routine n.d.
Source : EDS 2001 et DESAM
Bamako
93.2
139.0
88.6
124.0
77.7
110.0
81.2
100.0
Sikasso
81.8
57.0
69.8
63.0
45.2
51.0
60.4
48.0
Koulikoro
71.6
67.0
67.9
69.0
45.5
54.0
48.4
53.0
Nord
67.0
68.0
61.9
72.0
36.8
33.0
44.7
51.0
Ségou
60.2
103.0
50.9
123.0
36.8
83.0
41.1
81.0
Kayes
58.1
67.0
54.7
63.0
21.7
35.0
40.8
53.0
Mopti
46.3
118.0
34.2
119.0
17.5
93.0
28.7
82.0
Tableau n°2 : Comparaison des ratios de « couverture » vaccinale d’après les données de routine et
l’EDS en 2001 en fonction des antigènes et des régions
Antigènes
Régions
MOPTI
SEGOU
BAMAKO
KAYES
NORD
KOULIKORO
SIKASSO
Source EDS 2001 et DESAM
BCG
DTCP1
DTCP3
Rougeole
2,55
1,71
1,49
1,15
1,01
0,94
0,70
3,48
2,42
1,40
1,15
1,16
1,02
0,90
5,31
2,26
1,42
1,61
0,90
1,19
1,13
2,86
1,97
1,23
1,30
1,14
1,10
0,79
6
6,00
Comparaison (en ratio) des "taux de couverture"
vaccinale entre données de routine / et l'EDS en
2001 en fonction des antigènes et des régions
5,00
BCG
4,00
DTCP1
DTCP3
3,00
Rougeole
2,00
1,00
S
IK
A
S
S
O
K
O
U
LI
K
O
R
O
N
O
R
D
K
A
Y
E
S
B
A
M
A
K
O
S
E
G
O
U
M
O
P
T
I
0,00
Source EDS 2001 et DESAM
Figure 1 : Comparaison (en ratio : Routine/EDS) entre « les taux de couverture » vaccinale d’après les
données de routine et l’EDS en 2001 en fonction des antigènes et des régions
Selon le Tableau n° 2 et la Figure n° 1 ci-dessus, il y a une surestimation systématique de la couverture
vaccinale dans toutes les régions (avec écarts très importants dans certaines), sauf à Sikasso où il y a plutôt
sous estimation.
Ces écarts peuvent être expliqués par les biais des données de routine. Même si les données de routine
mesurent le nombre d’enfants qui ont reçu chaque antigène, la qualité des données est souvent faible, surtout
lorsqu’elles ne font pas l’objet de validation pour s’assurer que les données reflètent bien la réalité.
La surestimation la plus grande est notée dans les régions de Mopti, Ségou et de Bamako (variant de 23% à
500 % selon l’antigène et la région), alors que les données des deux sources concordent davantage dans les
régions de Kayes, du Nord et de Koulikoro.
Dans la majorité des régions, la concordance avec les données de l’EDS est plus grande pour le BCG et le
DTCP1, alors que la plus grande discordance est notée plus souvent pour le DTCP3, biaisant les taux de
déperdition DTCP1-DTCP3 calculés à partir des données de routine.
Taux de vaccination en DTCP3 selon la région et
l'EDSM III et les données de routine en 2001 au Mali
120
EDSM3
100
Routine
80
60
40
20
IO
N
A
L
I
N
A
T
M
O
P
T
K
A
Y
E
S
S
E
G
O
U
*
N
O
R
D
K
O
U
LI
K
O
R
O
S
IK
A
S
S
O
0
B
A
M
A
K
O
Pourcentage d'enfants vaccinés
7
Source EDS 2001 et DESAM
Figure No 2 : Taux de vaccination en DTCP3 selon la région et la source de données en 2001 au Mali
Il est intéressant de noter que l’écart important de couverture vaccinale en DTCP3 entre les régions, selon les
données de routine, est en fait nettement moindre, lorsque l’on se base sur les données de l’enquête.
Ainsi, selon l’enquête, aucune région n’a atteint la cible de 80% d’enfants de moins d’un an vaccinés en DTCP3
en 2001, contrairement à ce que laissait croire les données de routine pour les régions de, Ségou, Mopti et le
district de Bamako. Par ailleurs, les régions dont le taux semblent très en deçà de la moyenne nationale selon les
données de routine, auraient en fait un taux de surestimation plus faible que les autres régions (Koulikoro, Kayes
et Sikasso), alors que les taux des régions du Nord étaient presque équivalents pour les deux sources.
ur
Taux de vaccination contre la rougeole selon la région
ce
nt
d'après l'EDSM III et les données de routine en 2001 au Mali
ag 120
e
EDSM3
d' 100
Routine
en
80
fa
nt
60
s
de
40
<1
an 20
0
NORDa
BAMAKO SIKASSO
KOULIKORO
SEGOU
KAYES
MOPTINATIONAL
Source EDS 2001 et DESAM
Figure No 3 : Taux de vaccination contre la rougeole selon la région et la source de données au Mali
en 2001
On note le même phénomène de sur et de sous-estimation des données de routine selon les régions pour les
taux de vaccination contre la rougeole que pour le DTCP3.
Compte tenu de cette situation, nous n’avons pas utilisé les données de routine pour les analyses sur l’ensemble
du Mali. Par contre, compte tenu de la concordance relative entre les données de routine et de l’EDS dans la
8
région de Kayes, objet de l’étude, les données de routine de cette région seront utilisées pour situer l’évolution de
la couverture vaccinale depuis 2001, faute d’autres données plus fiables.
Cette étude sera basée (d’après les principes de EDS) sur l”état vaccinal des enfants de 12 à 23 mois. Ce choix
permet de mesurer le statut vaccinal des enfants qui auraient dû compléter leur vaccination avant l’âge d’un an,
tout en réduisant les risques d’oubli ou de perte de carnet de vaccination de l’enfant.
b) Taille de l ‘échantillon des EDS
Tableau n°3 :
Taille des échantillons en fonction des régions et des EDS-II et III au Mali
EDS
Régions
Kayes
Koulikoro
Sikasso
Ségou
Mopti
Nord (Gao + Tombouctou + Kidal)
Bamako
Ensemble du Mali
Source : EDS 1995, EDS 2001
1995
2001
233
301
329
282
207
29
180
1 561
304
394
502
341
282
108
265
2 196
Nous avons extrait les données en rapport avec la couverture vaccinale des enfants de 12 à 23 mois dans le
cadre du PEV. Puis nous avons pratiqué une standardisation des données portant sur les enfants vivants au
moment de l’enquête.
c) Critère d’un enfant vacciné ou complètement vacciné d’après les EDS :
Nous avons étudié les critères permettant de dire qu’un enfant est vacciné ; les critères utilisés dans les EDS
sont la carte et les déclarations de la mère.
Au Mali, le calendrier vaccinal prévoit une dose de vaccin BCG à la naissance, suivi de 3 doses de vaccin contre
la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite (DTCP), commençant à l’âge d’un mois, avec au moins
28 jours d’intervalle entre les doses, suivi d’une dose de vaccin antirougeoleux entre 9 et 11 mois. Seuls les
enfants de 0 à 11 mois sont ciblés par le programme de vaccination. Un enfant complètement vacciné a donc
reçu le BCG, les 3 doses de vaccin DTCP ainsi que le vaccin contre la rougeole.
Tableau n°4 : Nombre d’enfants complètement vaccinés en fonction des déclarations de la mère ou du
carnet de vaccination
Bases d’estimation de la vaccination
Carnet de vaccination et
déclaration de la mère
Total
Source EDS 2001
Carnet de vaccination
Non complet
Complet
Total
Non complet
1 468
0
1 468
Complet
82
1 550
549
549
631
2 099
9
Le Tableau n° 4 montre l’écart entre les données provenant de la carte de vaccination seule et celles qui sont
aussi basées sur les déclarations de la mère. Ainsi, 4% des enfants (82) sont considérés comme incomplètement
plutôt que complètement vaccinés, si l’on exclut la déclaration de la mère comme source d’information. Le taux
d’enfants complètement vaccinés devient alors 26% plutôt que 30%.
Les déclarations des mères sont sujettes à des biais, car leurs déclarations :
- peuvent être sujettes de biais historiques,
- ne permettent pas de savoir si la vaccination a été effectuée à la date prévue,
- ne permettent donc pas de bien étudier les déperditions.
Par ailleurs les mères illettrées ne font pas nécessairement de différence entre
le PEV versus les journées nationales de vaccination (JNV),
- les différents antigènes.
Cependant, le fait de les inclure réduit la sous-estimation de la couverture vaccinale suite à la perte des carnets
de vaccination. Compte tenu des biais liés à l’un ou l’autre choix, il a été jugé préférable d’utiliser la même
définition que dans les rapports officiels de l’EDS, retenant les deux sources d’information.
d) Processus de pré validation des résultats
Les hypothèses émises pour expliquer les résultats ont été évoquées après des entretiens avec certaines
personnes ressources :
- deux anciens Directeurs Nationaux du PEV,
- deux Directeurs régionaux de la santé,
- un ancien Directeur de la Cellule de Planification Sanitaire.
3- RESULTATS
3-1 Couverture vaccinale en fonction des antigènes et des régions du Mali
Tableau n° 5 : Couverture vaccinale en fonction des antigènes et des régions en 2001
Antigène
Régions
Régions
Bamako
Sikasso
Koulikoro
Nord
Ségou
Kayes
Mopti
National
1
Couverture vaccinale complète
Source : EDS (2001)
CVC 1
(%)
63.4
36.3
30.2
25.2
23.5
14.4
13.0
28.7
BCG
(%)
93.2
81.8
71.6
67.0
60.2
58.1
46.3
69.0
DTCP1
(%)
88.6
69.8
67.9
61.9
50.9
54.7
34.2
60.8
DTCP3
(%)
77.7
45.2
45.5
36.8
36.8
21.7
17.5
39.9
ROUGEOLE
(%)
81.2
60.4
48.4
44.7
41.1
40.8
28.7
48.7
10
Tableau n° 6 : Comparaison des couvertures vaccinales entre régions en 2001 par rapport à la couverture
nationale prise comme base de référence
Antigène
Régions
Région la plus faible
Région la plus élevée
Amplitude
Ratio max/min
Médiane
1
CVC 1
BCG
DTCP1
DTCP3
ROUGEOLE
13.0
63.4
50.4
4.9
25.2
46.3
93.2
46.9
2.0
67.0
34.2
88.6
54.4
2.6
61.9
17.5
77.7
60.2
4.4
36.8
28.7
81.2
52.5
2.8
44.7
Couverture vaccinale complète
Source EDS 2001
Les taux des couvertures vaccinales étaient plus élevés à Bamako et à Sikasso, pour tous les antigènes, et pour
la couverture complète, tel qu’illustré par les Tableaux n° 5, 6 et la carte 1. Par contre les mêmes taux étaient
plus bas à Koulikoro, au Nord et à Ségou ; mais les plus bas taux ont été constatés surtout à Mopti et à Kayes.
Les écarts de taux de couverture entre les régions ont été plus forts pour le DTCP3 et pour la couverture
complète, ainsi le taux de couverture en DTCP3 à Bamako (taux le plus élevé) était 4,4 fois supérieur à celui de
Mopti (taux le plus bas) ; le taux de couverture complète de Bamako (taux le plus élevé) était 4,9 fois supérieur à
celui de Mopti. La situation de la région de Kayes était peu différente de celle de Mopti (21,7 % à Kayes contre
17,5 à Mopti pour le DTCP3 ; 14,4 % à Kayes contre 13,0 % à Mopti pour la couverture complète), les deux
régions affichant les taux les plus bas.
Ces bas taux de couverture vaccinale peuvent être partiellement expliqués :
-
dans la région de Mopti :
11
o
o
o
o
-
dans la région de Kayes :
o
o
o
o
-
les difficultés d’accessibilité géographiques durant toute l’année dues aux collines ;
Les difficultés d’accessibilité géographiques durant toute la saison des pluies accompagnée
des inondations ou des destructions des voies de transport routières (pendant 3 à 4 mois);
Le bas niveau socio économique de la région de Mopti (d’après l’enquête malienne sur la
pauvreté effectuée en 2001, Mopti est la région la plus pauvre du Mali) ;
Le faible taux de couverture sanitaire.
les difficultés d’accessibilité géographiques durant toute l’année dues aux collines ;
Les difficultés d’accessibilité géographiques durant toute la saison des pluies accompagnée
des inondations ou des destructions des voies de transport routières (pendant 3 à 4 mois);
Le faible taux de couverture sanitaire
les activités de la population dans les zones aurifères ;
dans la région de Ségou :
o
o
Le bas niveau socio économique de la région de Ségou (d’après l’enquête malienne sur la
pauvreté effectuée en 2001, Ségou est la deuxième région la plus pauvre du Mali);
La présence d’un seul partenaire financier (qui ne couvrait que 2 cercles sur les 7 que regroupe
la région), alors que dans les autres régions, il avait un plus grand nombre de partenaires (ou
qui couvraient un plus grand nombre de cercles).
Malgré une faible densité de la population du Nord, les taux de couverture y sont meilleurs qu’à Mopti et Kayes.
Cela pourrait être lié en partie au fait que dans le Nord l’échantillonnage n’a porté que sur les zones plus
urbaines (communes de Gao et de Tombouctou) de ces régions.
Les grandes différences de taux de couverture vaccinale en fonction des antigènes peuvent être expliquées par
le nombre élevé de passages pour avoir le DTC3 ou pour avoir la couverture complète, donc une déperdition
importante entre la 1e et les dernières doses prévues au calendrier vaccinal.
3-2 Analyse de la situation des enfants dont la couverture n’est pas complète
Tableau n°7 Nombre de vaccinations (BCG, DTC3 et Rougeole) effectuées par enfant et par région
Nombre de Vaccination
Région
Mopti
Ségou
Kayes
Nord
Koulikoro
Sikasso
Bamako
National
Source EDS 2001
-
0
1
2
3
Total
Échantillon
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
Nombre
51,6
37,9
36,8
30,3
25,4
16,0
6,0
28.1
12,4
10,3
16,1
18,3
15,5
18,8
6,0
14.1
15,2
22,6
26,3
14,7
22,4
22,8
15,8
20.9
20,8
29,1
20,7
36,7
36,6
42,5
72,2
36.9
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100.0
283
340
304
109
393
501
266
2 196
Dans la région de Mopti, plus de la moitié des enfants (51,6 %) n’avaient jamais été rejoints pour des
vaccinations. Le problème était différent dans des régions comme Sikasso et Bamako ou la plupart des
enfants n’ayant pas une couverture complète avaient quand même complété une, deux ou trois
vaccinations ;
12
-
Dans les régions de Ségou, et de Kayes, plus du tiers des enfants n’avaient jamais été vaccinés,
respectivement 37,9 %, 36,8 % ; par contre les régions de Kayes et de Mopti avaient les plus bas taux
de couverture anti rougeoleuse, respectivement 20,7 % et 20,8 %.
Cette situation des enfants qui n’ont reçu aucun vaccin semble être en rapport avec le bas taux de
couverture vaccinal dans ces mêmes régions (Mopti, Kayes, Ségou).
Le bas taux de couverture vaccinale de Mopti et Ségou pourrait être expliqué (au moins partiellement) par le
niveau socio-économique de ces 2 régions selon les critères de l’enquête nationale sur la pauvreté. Mais le
niveau socio économique de Kayes serait plus élevé que celui de Ségou, selon l’enquête. En effet le niveau
socio économique de Kayes était en troisième position, après Bamako et Koulikoro.
La bonne situation apparente de la couverture vaccinale du Nord, pourrait être expliquée par un biais
d ‘échantillonnage, car dans le Nord l’enquête n’a porté que sur 109 enfants et particulièrement ceux des
zones urbaines et péri urbaines de Gao et Tombouctou.
3-3 Analyse de couverture selon les régions
Tableau n° 8 : Ampleur des écarts entre zones urbaines et rurales, par antigène et par région (EDS,
2001) : ratio zone urbaine / zone rurale
REGIONSa
CVC
BCG
DTC1
DTC3
ROUGEOLE
SIKASSO
1,058
1,143
KOULIKORO
3,126
1,451
NORD
2,315
1,506
SEGOU
1,986
1,474
KAYES
2,140
1,650
MOPTI
5,587
2,086
PAYS (excluant Bamako)
1,893
1,415
PAYS (incluant Bamako)
2,351
1,450
Source EDS 2001
N B : il faut signaler que Bamako n’a pas de zone rurale.
1,055
1,491
1,438
1,815
1,595
2,003
1,414
1,513
1,566
2,219
2,404
2,399
2,353
4,678
2,016
2,255
1,240
1,831
2,132
1,732
1,447
2,179
1,537
1,714
L’écart de couverture vaccinale complète entre la zone urbaine et la zone rurale était nettement plus grand dans
les régions de Mopti et de Koulikoro que dans les autres régions (respectivement 5,6 et 3,1 fois plus d’enfants
complètement vaccinés en zone urbaine) (Tableau 8). Les écarts étaient nuls à Sikasso, alors que 2 fois plus
d’enfants de milieu urbain que de milieu rural sont complètement vaccinés dans les autres régions.
Cette situation pourrait être expliquée par la grande superficie de ces 2 régions (si on ne tient pas compte du
Nord pour les raisons sus évoquées), et particulièrement l ‘éloignement de certaines zones rurales dans ces
régions, ou du faible taux de couverture sanitaire. Les données disponibles n’ont cependant pas permis de
vérifier l’influence de la couverture sanitaire sur le taux de vaccination des enfants.
13
3-4 Analyse des inégalités socio-économiques de couverture
3-4-1 Analyse en fonction du sexe de l’enfant
Tableau n°9 : Taux de couverture vaccinale en fonction du sexe de l’enfant et de l’antigène
BCG
69,9
68,9
M
F
DTC1
63,9
59,7
DTC3
42,6
38,8
ROUGEOLE
51,3
49,1
COMPLETE
29,8
30,4
Source EDS 2001
80
60
40
20
0
M
E
CO
M
PL
ET
UG
RO
3
DT
C
DT
C
1
F
BC
G
%
Taux de couverture vaccinale en fonction
de l'antigène et du sexe de l'enfant
(EDS, 2001)
Antigènes
Source EDS 2001
Figure n°4 : Taux de couverture vaccinale en fonction de l’antigène et du sexe de l’enfant
Selon le Tableau n°9 et la Figure 4, il n’y a pas de différence significative entre les taux de couverture vaccinale
des garçons et des filles de moins d’un an, quelque soit l’antigène (p>0,05). Donc le sexe n’a pas influencé les
chances de vaccination des enfants.
3-4-2 Analyse du taux de vaccination en fonction de la résidence de l’enfant
Tableau n° 10 : Taux de couverture vaccinale en fonction des antigènes et des régions (EDS, 2001)
Zone
Bamako
Autres villes
Ratio
Zone urbaine
Zone rurale
Ratio
Total - Mali
Source EDS 2001
BCG
93.2
88.3
1,05
90.5
62.4
1,45
69.4
DTC1
88.6
77.5
1,14
82.9
54.8
1,51
61.8
Antigène (%)
DTC3
77.7
62.5
1,24
69.9
31.0
2,25
40.7
ROUGEOLE
81.2
65.5
1,24
73.0
42.6
1,71
50.2
COMPLETE
63.4
42.6
1,49
52.9
22.5
2,35
30.0
14
La couverture vaccinale en BCG n’était pas significativement plus élevée à Bamako que dans les autres villes
(ratio 1,05) (Tableau n°10). Cette situation pourrait être expliquée en partie par un fort pourcentage de
naissances à l’hôpital en zone urbaine.
Par ailleurs, il y avait une différence significative entre les taux de couverture vaccinale en fonction des autres
antigènes entre Bamako et les autres villes; et cette différence augmentait pour le DTCP3, la rougeole et la
couverture complète ; par contre cette différence était nettement plus importante entre les zones urbaines et
rurales.
Ce bas taux de couverture vaccinale en zone rurale par rapport à la zone urbaine, pourrait être surtout dû à la
distance entre les centres de vaccination et la population cible (malgré les stratégies avancées et mobiles
permettant au personnel de santé d’aller dans les villages situés à plus de 5 km, voire à plus de 15 Km du centre
de santé).
3-4-3 Analyse du taux de vaccination en fonction du niveau de scolarisation de la mère
Tableau n° 11 : Taux de couverture vaccinale en fonction de l’antigène et du niveau de scolarisation de la
mère (EDS 2001)
Antigène
Niveau de scolarisation
Non scolarisée
Primaire non complété
Primaire complété et plus
Ratio Primaire et plus / Non scolarisée
Total
*p<0,0001
CVC*
BCG*
DTC1*
DTC3*
Rougeole*
26.4
36.7
64.5
2,44
30.0
66.0
81.6
93.9
1,42
69.5
57.7
75.2
91.8
1,59
61.8
35.7
55.9
79.3
2,22
40.7
46.4
58.9
84.5
1,82
50.2
Source EDS 2001
Tableau n°12 : Taux de couverture vaccinale en zone urbaine ou rurale, en fonction de l’antigène et du
niveau de scolarisation de la mère (EDS 2001)
Scolarité
Antigène
Zone
Zones urbaines Non scolarisée
Zones rurales
* p < 0,001
Source EDS 2001
CVC*
BCG*
DTCP1*
DTCP3*
Rougeole*
47.3
87.5
76.1
60.8
67.2
Primaire non complété
54.1
96.6
95.4
87.4
75.3
Primaire complété et plus
67.2
95.0
93.4
82.5
87.9
Ratio Primaire et plus /
Non scolarisée
Total
1,42
1,08
1,23
1,36
1,30
52.9
90.6
83.1
70.0
73.0
Non scolarisée
Primaire non complété
21.7
25.6
61.1
72.1
53.5
62.7
30.0
35.6
41.6
48.5
Primaire complété et plus
52.0
88.5
84.6
65.4
68.0
Ratio Primaire et plus/Non
scolarisée
Total
2,40
1,45
1,58
2,18
1,63
22.5
62.4
54.8
31.0
42.6
15
Le degré de scolarisation de la mère influence grandement le taux de couverture vaccinale (Tableau 11). Ainsi,
2.4 fois plus d’enfants de mère scolarisée ont bénéficié d’une couverture vaccinale complète, l’écart étant plus
marqué pour le DTCP3 et la rougeole que pour le BCG et le DTCP1 qui sont les premiers vaccins administrés.
L’impact de la scolarisation sur le taux de couverture vaccinal est plus marqué en zone rurale qu’en zone
urbaine, l’effet le plus marqué demeurant sur la couverture vaccinale complète (Tableau 12).
Instruction des mères et couverture en zones urbaines
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Non instruite
Primaire non complété
Primaire complété et plus
CVC
BCG
DTC1
DTC3
Rougeole
Instruction des mères et couverture en zones rurales
Non instruite
100
90
Primaire non complété
80
Primaire complété et plus
70
60
50
40
30
20
10
0
CVC
BCG
DTC1
DTC3
Rougeole
Figure n° 5 : Taux de couverture vaccinale en zone urbaine ou rurale, en fonction de l’antigène et du
niveau de scolarisation de la mère
-
Selon les tableaux n°11 et n°12 et la figure n° 5, il y a une forte association entre le niveau de
scolarisation des mères et les vaccinations des enfants pour chaque antigène;
L’association est plus forte pour les vaccinations nécessitant plusieurs passages;
L’association est encore plus forte en zone rurale, par rapport à la zone urbaine.
3-4-4 Analyse du taux de vaccination en fonction de l’antigène et du statut économique de la famille en quintile
Le statut socio-économique est mesuré par l’index Bien des EDS. Cet index tient compte des biens détenus par
le ménage, plutôt que du revenu. Mieux adapté aux pays développés qu’aux pays en développement, il permet
peu de distinguer entre les quintiles de revenu les plus faibles, surtout en milieu rural où la population a peu
accès à plusieurs biens de consommation, faute d’électricité, par exemple.
16
Tableau n° 13 : Taux de couverture vaccinale en fonction de l’antigène et du statut économique de la
famille en quintile
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
X2
p
<0.001
Ratio
Q5/Q1
2.85
Coefficient
Concentration
0.226
CVC
20.3
21.4
19.8
33.5
57.8
201
BCG
58.6
60.5
60.2
78.3
92.3
174
<0.001
1.57
0.095
DTCP1
54.0
52.7
51.2
68.4
85.1
147
<0.001
1.58
0.098
DTCP3
28.3
30.1
30.0
46.5
72.1
237
<0.001
2.55
0.199
Rougeole
40.9
40.7
39.6
54.6
78.3
178
<0.001
1.92
0.138
Source: EDS 2001
Quintile 1
Quintile 2
Quintile 3
Quintile 4
CV
C
P1
Ro
ug
eo
le
CT
D
P3
Quintile 5
DT
C
BC
G
100,0
90,0
80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Source EDS 2001
Figure n° 6 Taux de couverture vaccinale en 2001 en fonction de l’antigène et du statut économique de
la famille en quintile
Tel qu’illustré au Tableau n° 13 et à la Figure n° 6, le statut socio-économique influence significativement la
couverture vaccinale et l’association est forte, quel que soit l’antigène.
Il est intéressant de noter que pour chacun des antigènes, on ne note aucune différence entre les enfants des 3
quintiles les moins favorisés. Cependant, le taux de couverture augmente pour les enfants dont les parents se
situent au 4e et au 5e quintile, reflétant soit le niveau socioéconomique équivalent des populations des 3 premiers
quintiles ou des barrières et facteurs facilitant équivalents pour les 2 tiers moins favorisés de la population.
L’inégalité a été plus forte pour les vaccinations qui nécessitent plusieurs passages (CVC et DTCP3). Elle est la
plus faible pour le BCG.
17
3-4-5 Analyse du taux de vaccination complète en fonction du statut économique de la famille en quintile
et selon le milieu de résidence de la famille (urbain ou rural)
Tableau n° 14 : Couverture vaccinale en fonction du statut économique, selon le milieu de résidence de
la famille (urbain ou rural)
N
Q1
Q2
Q3
Q4
Q5
p
value
Ratio
Q5/Q1
Coefficient
Concentration
Urbaine
520
39.2
50.9
47.2
62.7
63.3
0.001
1.61
0.091
Rurale
1577
17.2
21.5
22.1
18.0
33.0
0.000
1.92
0.101
2.28
2.37
2.13
3.48
1.92
Couverture
Zone
CVC
RR
BCG
Urbaine
545
82.4
93.7
95.4
91.3
90.3
0.012
1.09
0.012
Rurale
1639
55.4
63.8
56.1
60.5
75.7
0.000
1.37
0.048
1.49
1.47
1.70
1.51
1.19
RR
DTCP1
Urbaine
539
72.4
85.5
83.5
85.4
87.5
0.028
1.21
0.029
Rurale
1621
51.6
58.8
47.9
50.5
64.5
0.000
1.25
0.026
1.40
1.45
1.74
1.69
1.36
RR
DTCP3
Urbaine
537
59.0
70.0
68.8
77.7
73.6
0.047
1.25
0.042
Rurale
1616
24.4
34.9
26.2
26.4
42.3
0.000
1.73
0.071
2.42
2.01
2.62
2.94
1.74
RR
ROUG
Urbaine
529
51.9
72.9
77.6
76.5
85.3
0.000
1.64
0.077
Rurale
1602
39.2
41.4
41.3
37.6
53.0
0.001
1.35
0.045
1.32
1.76
1.88
2.03
1.61
RR
N B : les quintiles ont été calculés pour chaque milieu séparément
Source EDS 2001
Les tableaux 13 et 14 ainsi que la figure 7 montrent que :
-
l’inégalité selon le niveau économique se retrouve tant en milieu urbain qu’en milieu rural.
-
les ratios Q5/Q1 indiquent que l’écart de couverture entre les enfants des familles les plus nanties et les
enfants des familles les plus démunies est plus marqué en campagne qu’en ville pour tous les
antigènes, avec l’exception de l’anti-rougeoleux. Les coefficients de concentration semblent cependant
montrer que le niveau d’inégalité socio-économique dans la couverture complète est comparable dans
les deux milieux.
-
Les ratios comme les coefficients de concentration montrent que les inégalités se font plus marquées
pour les vaccinations multi doses et pour le dernier antigène prévu du calendrier vaccinal.
18
Figure n° 7 :
Couverture vaccinale par antigène selon le milieu de résidence et le niveau socio
économique en 2001
Inégalités socioéconomiques dans la couverture DTCP1:
courbes de concentration selon le milieu de résidence
Inégalités socioéconomiques dans la couverture BCG:
courbes de concentration selon le milieu de résidence
100%
100%
80%
Couverture cumulée
Couverture cumulée
80%
60%
40%
60%
40%
C(p) = p
C(p) = p
20%
20%
M. urbain
M. urbain
M. rural
M. rural
0%
0%
0
20%
40%
60%
80%
0
100%
20%
40%
Population cumulée
Inégalités socioéconomiques dans la couverture DTCP3:
courbes de concentration selon le milieu de résidence
80%
100%
Inégalités socioéconomiques dans la couverture antirougeoleuse: courbes de concentration selon la résidence
100%
80%
80%
Couverture cumulée
100%
60%
40%
60%
40%
C(p) = p
20%
C(p) = p
20%
M. urbain
M. urbain
M. rural
M. rural
0%
0%
0
20%
40%
60%
80%
100%
0
20%
40%
Population cumulée
60%
Population cumulée
Inégalités socioéconomiques dans la couverture
complète: courbes de concentration selon le milieu de
résidence
100%
80%
Couverture cumulée
Couverture cumulée
60%
Population cumulée
60%
40%
C(p) = p
20%
M. urbain
M. rural
0%
0
20%
40%
60%
Population cumulée
80%
100%
80%
100%
19
3-4-6 Évolution de la couverture d’après EDS 95/96 et EDS 2001
a) Évolution de la couverture vaccinale en fonction de la région et de l’antigène d’après EDS 95/96 et EDS
2001
Tableau n°15 Évolution de la couverture vaccinale en fonction de la région et de l’antigène d’après EDS
95/96 et EDS 2001
CVC
95-96 2001
54.5
63.4
31.3
36.3
33.1
30.2
25.2
41.3
23.5
9.9
14.4
24.6
13.0
32.4
28.7
Région
BAMAKO
SIKASSO
KOULIKORO
NORD
SEGOU
KAYES
MOPTI
CV Nationale
BCG
95-96
2001
97.2
93.2
82.1
81.8
77.1
71.6
67.0
79.5
60.2
56.0
58.1
65.2
46.3
76.2
69.0
DTCP1
95-96
2001
95.0
88.6
75.6
69.8
72.7
67.9
61.9
75.4
50.9
51.4
54.7
62.4
34.2
72.0
60.8
DTCP3
95-96
2001
70.0
77.7
35.4
45.2
37.5
45.5
36.8
45.7
36.8
13.6
21.7
28.8
17.5
37.8
39.9
Rougeole
95-96
2001
76.7
81.2
55.0
60.4
51.7
48.4
44.7
58.2
41.1
28.2
40.8
43.0
28.7
52.0
48.7
Source EDS 1995, EDS 2001
70
120
60
100
50
95-96
2001
40
95-96
2001
Na
t io
na
le
Évolution de la couverture BCG par région (95-96
à 2001)
O
PT
I
Évolution de la couverture vaccinale complète par
région (95-96 à 2001)
80
60
30
CV
M
S
KA
YE
O
U
SE
G
RD
NO
O
RO
KO
UL
IK
O
AK
Évolution de la couverture vaccinale DTCP3 par
région (95-96 à 2001)
SI
KA
BA
M
Na
t io
na
le
O
PT
I
CV
M
S
O
U
KA
YE
SE
G
NO
KO
UL
IK
SI
KA
AK
BA
M
RD
0
O
RO
0
SS
O
20
O
10
SS
O
40
20
Évolution de la couverture antirougeoleuse par
région (95-96 à 2001)
90
90
80
70
60
50
80
70
95-96
2001
60
95-96
2001
50
40
40
30
20
10
0
30
20
10
Source EDS 1995, EDS 2001
Na
t io
na
le
M
O
PT
I
CV
S
KA
YE
O
U
SE
G
RD
NO
O
RO
SS
O
KO
UL
IK
SI
KA
O
AK
BA
M
Na
t io
na
le
M
O
PT
I
CV
S
O
U
KA
YE
SE
G
RD
NO
O
RO
SS
O
KO
UL
IK
SI
KA
BA
M
AK
O
0
Figure n° 8 : Évolution de la couverture vaccinale en fonction de la région et de l’antigène d’après EDS
95/96 et EDS 2001
20
Tableau n°16 : Évolution (écarts de pourcentage) de la couverture vaccinale en fonction de la région et
de l’antigène d’après EDS 95/96 et EDS 2001
Région
CVC
BCG
DTCP1 DTCP3 Rougeole
BAMAKO
8.9
-4.0
-6.4
7.7
4.5
SIKASSO
5.1
-0.3
-5.8
9.8
5.4
KOULIKORO
-2.9
-5.5
-4.8
8.0
-3.3
NORD
-
-
-
-
-
SEGOU
-17.8
-19.3
-24.5
-8.9
-17.1
KAYES
4.5
2.1
3.3
8.1
12.6
MOPTI
-11.6
-18.9
-28.2
-11.3
-14.3
CV Nationale
-3.7
-7.2
-11.2
2.1
-3.3
Source EDS 1995, EDS 2001
Évolution de la couverture vaccinale
(en points de pourcentage)
25
15
5
-5
-15
CVC
DTCP1
Rougeole
-25
BCG
DTCP3
na
le
I
at
io
O
PT
C
V
N
M
ES
KA
Y
U
SE
G
O
N
O
R
D
O
LI
KO
R
KO
U
SS
O
SI
KA
BA
M
AK
O
-35
Source EDS 1995, 2001
Figure n° 9 : Évolution (écarts de pourcentage) de la couverture vaccinale en fonction de la région et de
l’antigène d’après EDS 95/96 et EDS 2001
21
Tableau n°17 : Évolution (par rapport à la moyenne nationale) de la couverture vaccinale en fonction de
la région d’après EDS 95/96 et EDS 2001
2001
< moyenne nationale
1995-96
< moyenne nationale
Kayes
Mopti
> moyenne nationale
Ségou
> moyenne nationale
Sikasso
Bamako
Koulikoro
Source EDS 1995, EDS 2001
On observe (Tableaux n° 15 – 16 – 17 et Figures n° 8 - 9) :
-
-
une régression globale du taux moyen de couverture vaccinale complète entre 1995 et 2001 dans
l’ensemble du Mali (passage de 32,4 % à 28,7 %) ; cette régression a été constatée pour tous les antigènes
sauf pour le DTC3 ; elle a été constatée dans toutes les régions sauf dans le district de Bamako, les régions
de Kayes et de Sikasso qui au contraire ont eu des taux de couverture qui ont progressé;
une régression du taux moyen de couverture vaccinale entre 1995 et 2001 surtout à Ségou.
La régression globale du taux de couverture vaccinale pourrait être expliquée par les faits suivants :
-
-
de 1988 à 1995 le Programme Élargi de Vaccination (PEV) était un Programme dirigé par le Centre National
d’Immunisation (CNI), avec une importante mais relative autonomie; à partir de 1993 la politique nationale de
décentralisation a probablement commencé à gêner certaines activités du CNI (la stratégie avancée et la
stratégie mobile), et particulièrement dans certaines régions comme Ségou. En effet ces 2 stratégies
nécessitent que l’équipe de vaccination soit dotée de moyen de transport (moto ou voiture) permettant de
joindre les populations qui résident à 5-15 Km, voire à plus de 15 Km du centre de santé.
de 1988 à 1995 les supervisions du Programme Elargi de Vaccination (PEV) étaient verticales ; à partir de
1993, les supervisions du PEV ont commencé à être intégrées à celles des autres programmes de la santé,
dans un souci d’économie ;
à partir de 1997, les Journées Nationales de Vaccination (JNV) ont été commencées au Mali ; ces JNV ont
parfois entraîné un « désintérêt » ou une « surcharge » de travail à l’équipe chargée du PEV ; ces JNV ont
peut être entraîné aussi une confusion dans l’esprit de la population.
L’importante régression de la couverture vaccinale dans la région de Ségou pourrait être expliquée par le fait
cette région n’était soutenue que par un seul partenaire, qui ne couvrait que 2 cercles sur 7 ; alors que les autres
régions étaient soutenus par plusieurs partenaires qui couvraient plusieurs cercles ; ainsi dans les années 19871992, le PEV étant supporté par un programme national avec des partenaires qui agissaient au niveau national,
ce problème de la région de Ségou a été mis en évidence lors de l’application de la décentralisation.
Par ailleurs, une évaluation conjointe externe du programme élargi de vaccination effectuée en 1999 avait déjà
fait un constat de contre performance. Cette contre performance avait été expliquée par :
- « la politique d’ajustement structurel qui définit un nouveau cadre organique et Institutionnel ;
- « l’immensité du territoire », et la « dispersion de la population »
- une « motivation des populations inconstante»
- une « offre de service irrégulière »
- « difficultés institutionnelles (multiplicité des structures, mobilité du personnel….) »
- « problèmes logistiques, de maintenance »
- « difficultés de fonctionnement des ASACO à l’origine du faible financement des stratégies avancées »
- « difficultés de financement (fonctionnement et maintenance de la chaîne de froid, équipe mobile) qu’il soit
extérieur ou national ». (MSPAS, 1999)
22
b) Évolution de la couverture vaccinale en fonction de l’antigène et de la résidence (urbaine ou rurale)
d’après EDS 95/96 et EDS 2001
Tableau n°18 Évolution de la couverture vaccinale en zone urbaine ou rurale en fonction des antigènes
d’après EDS 95/96 et EDS 2001 au Mali
Antigène (%)
CVC
BCG
DTCP1
DTCP3
Rougeole
Année
Bamako
95/96
54.5
2001
63.4
95/96
97.2
2001
93.2
95/96
95.0
2001
88.6
95/96
70.0
2001
77.7
95/96
76.7
2001
81.2
Autres zones
urbaines
Zones rurales
Ensemble du Mali
50.9
52.9
88.4
90.5
85.7
82.9
59.7
69.9
64.7
73.0
25.3
32.6
22.5
30.0
70.6
76.3
62.4
69.4
65.8
72.2
54.8
61.8
28.5
38.0
31.0
40.7
45.5
52.1
42.6
50.2
Source EDS 1995, EDS 2001
Tableau n°19 : Évolution (différences de pourcentages) de la couverture vaccinale en zone urbaine ou
rurale en fonction des antigènes d’après EDS 95/96 et EDS 2001 au Mali
Antigène
CVC
BCG
DTCP1
DTCP3
Rougeole
Bamako
8.9
-4.0
-6.4
7.7
4.5
Autres zones urbaines
2.0
2.1
-2.8
10.2
8.3
Zones rurales
-2.8
-8.2
-11.0
2.5
-2.9
Ensemble du Mali
-2.6
-6.9
-10.4
2.7
-1.9
Source EDS 1995, EDS 2001
Il y a eu régression de la couverture vaccinale entre 1995 et 2001 au Mali ; cette régression a porté surtout sur le
BCG et le DTC1 et ce, surtout en zone rurale (Tableaux n°18 -19).
Cette régression spécifique pourrait être expliquée par les faits suivants :
-
les JNV qui auraient eu une influence moins positive sur les premières vaccinations (BCG, DTC1) en zone
rurale qu’en zone urbaine, peut être à cause de la confusion crée par les JNV dans l’esprit des populations
rurales, qui croyaient que la vaccination des JNV dispensait de la vaccination du PEV.
la perte de « l’autonomie » du CNI, sans que le leadership qu’il exerçait ne soit suffisamment repris ailleurs.
les supervisions intégrée, sans supervisions spécifiques du PEV, ayant pu entraîner un relâchement du suivi
de ce programme.
La non consignation au carnet de vaccination des vaccins donnés lors des campagnes de vaccination
(notamment contre la rougeole).
23
c) Évolution de l’association entre inégalité socio- économique et couverture vaccinale d’après EDS 1995
et 2001
Tableau n°20 Évolution de l’association entre inégalité économique et couverture vaccinale d’après
EDS 1995 et 2001
Antigène
Année
CVC
95/96
2001
Diff.
95/96
2001
Diff.
95/96
2001
Diff.
95/96
2001
Diff.
95/96
2001
Diff.
BCG
DTCP1
DTCP3
Rougeole
Quintile
Q1
16.4
20.3
3.8
56.6
58.6
2.1
51.0
54.0
3.0
17.4
28.3
10.8
35.1
40.9
5.8
Q2
27.3
21.4
-5.9
70.8
60.5
-10.3
64.9
52.7
-12.2
32.0
30.1
-1.9
42.7
40.7
-2.0
Q3
27.9
19.8
-8.1
76.1
60.2
-15.9
72.4
51.2
-21.2
31.7
30.0
-1.7
50.5
39.6
-10.9
Q4
36.2
33.5
-2.7
83.6
78.3
-5.3
80.4
68.4
-11.9
43.4
46.5
3.1
54.1
54.6
0.4
Q5
56.2
57.8
1.6
94.6
92.3
-2.4
92.7
85.1
-7.6
68.0
72.1
4.1
80.1
78.3
-1.8
Q5/Q1
3.42
2.85
1.67
1.57
1.82
1.58
3.90
2.55
2.28
1.92
Source EDS 1995, EDS 2001
L’inéquité de vaccination entre riches et pauvres était une peu moins grande en 1995 qu’en 2001 au Mali
(Tableau 20). En effet, la couverture vaccinale complète s’est améliorée un peu plus chez les plus pauvres que
chez les plus riches : une amélioration de 3,8 chez les plus pauvres, alors qu’elle s’est détériorée pour les
enfants des quintiles 2 à 4 et s’est à peine améliorée pour les enfants les plus riches (1,6), réduisant ainsi un peu
les écarts entre riches et pauvres. Les écarts demeurent cependant grands : seulement un enfant très pauvre
sur 5 est complètement vacciné (20,3%) alors que 57,8% des enfants les plus riches le sont.
Cette légère réduction de l’inéquité entre pauvres et riches entre 1995 et 2001 pourrait être expliquée en partie
par :
- la création de CSCOM qui a facilité l’accessibilité (géographique et financière) des structures de santé aux
pauvres ;
- l’intégration des différents programmes de santé;
- l’implication de plus en plus forte des communautés dans la gestion des activités de vaccination
(microplanification, financement de la stratégie avancée, recrutement d’agents vaccinateurs).
24
3-4-7 Analyse des déperditions entre DTCP1 – DTCP3
Tableau n°21 : Taux de déperdition entre DTC1 et DTC3 selon la région du Mali d’après EDS 2001
Région
Déperdition (%)
Kayes
60.2
Mopti
50.0
Nord
40.9
Sikasso
35.2
Koulikoro
33.0
Ségou
28.5
Bamako
12.2
Ensemble du Mali
34.3
Source EDS 2001
C’est la région de Kayes qui avait le plus fort taux de déperdition entre DTCP1 et DTCP3 en 2001, 60% des
enfants qui avaient reçu le DTCP1 n’ayant pas complété leur série vaccinale. (Tableau n° 21).
Ce fort taux de déperdition dans la région de Kayes pourrait être expliqué par :
- l’enclavement de la région,
- les activités de la population au niveau des zones aurifères et des populations nomades ; en effet pendant la
saison sèche (période des campagnes de vaccination, les hommes – femmes – enfants des zones aurifères
quittent les villages toute la journée pour aller chercher de l’or, et ne reviennent dans le village que la nuit),
- l’insuffisance d’information des mères sur le calendrier vaccinal et les effets secondaires des vaccins à
l’origine de rejet de la vaccination,
- l’éloignement de plusieurs villages des centres de santé et la faible couverture sanitaire,
- la difficulté de recrutement et de « maintien » d’agents qualifiés dans cette région enclavée,
- la non systématisation par les agents vaccinateurs de la recherche active des enfants absents aux séances
de vaccination successive.
Tableau n° 22 Taux de déperdition entre DTCP1 et DTCP3 selon le milieu de résidence en zone urbaine
ou rurale
Milieu
Bamako
Autres zones urbaines
Zones rurales
Total
Déperdition DTCP1 - DTCP3
(%)
12.2
19.2
43.7
34.3
Source EDS 2001
De même, le taux de déperdition était plus fort en zone rurale (43,7 %) par rapport à la zone urbaine (19,2 % en
général et 12,2 % à Bamako) (Tableau 22).
Ce fort taux de déperdition en zone rurale pourrait être expliqué par :
- la distance entre les populations et les structures de vaccination
- le non passage de l’équipe mobile de vaccination dans le village.
25
Tableau n° 23 Taux de déperdition entre DTC1 et DTC3 en fonction de la zone (urbaine ou rurale) et en
fonction du niveau de scolarisation de la mère
Zone
Instruction de la mère
Urbaine
Non instruite
Primaire non achevé
Primaire achevé ou plus
Total urbain
Non instruite
Primaire non achevé
Primaire achevé ou plus
Total rural
Rurale
Déperdition (DTCP1 - DTCP3)
(%)
20.0
8.4
10.9
15.6
44.3
42.9
22.7
43.6
Source EDS 2001
Les enfants de mère non instruite ont un taux de déperdition deux fois plus élevé que ceux dont les mères ont
complété des études primaires ou plus, tant en zone urbaine qu’en zone rurale (Tableau 23). La différence entre
niveaux d’instruction est significative en milieu urbain (p=0.013) mais elle ne l’est pas en milieu rural (très peu de
femmes sont instruites en zone rurale et la puissance est faible).
3-4-8 Ciblage : vaccinations complètes et correctes
Sachant qu’un enfant est complètement vacciné s’il a reçu le BCG, DTCP1, DTCP2, DTCP3 et le vaccin anti
rougeoleux ; on peut considérer qu’il est correctement vacciné s’il a reçu le DTCP2 dans un délais d’au moins 4
semaines après le DTCP1, et s’il a reçu le DTCP3 dans un délais d’au moins 4 semaines après le DTCP2. Dans
ce cas on peut considérer que l’enfant a été complètement et correctement vacciné.
Le scénario 1, qui alloue un délai de 7 jours après les intervalles prévus au calendrier vaccinal, donnerait un taux
de seulement 7,7 % d’enfants complètement et correctement vaccinés. Mais si on accepte un délai maximum de
45 jours (en plus de l’espacement minimum) entre DTCP2 et DTCP1, et entre DTCP3 et DTCP2, selon le
scénario 2, 20,7 % des enfants seraient complètement et correctement vaccinés.
Tableau n° 24 : Prévalence des vaccinations complètes et correctes en fonction des dates de vaccination
Date Vaccination (Scénario)
Vaccination
Non complète
Complète et correcte
Complète mais non correcte
Total
Source EDS 2001
Date prévue +- 7 j (Scén. 1)
Nombre
(%)
1 468
66.8
169
7,7
559
25.5
2 197
100
Date prévue+- 45 j (Scén. 2)
Nombre
(%)
1 468
66.8
454
20,7
275
12.5
2 197
100
26
Tableau n°25 : Prévalence des vaccinations complètes et correctes en fonction de la résidence (urbaine
ou rurale) et des délais de vaccination (adéquate si elle est effectuée avec un retard inférieur à 7 jours audelà de l’intervalle prévu au calendrier)
Vaccination
Résidence
Bamako
Autres zones urbaines
Zones rurales
Total
Non complète
%
35
54
74
67
Complète et correcte
%
10
10
7
8
Complète mais non
correcte %
55
36
19
25
p<0.0001
Source EDS 2001
Selon le Tableau n°25, le pourcentage d’enfants complètement et correctement vaccinés est très faible, tant en
zone urbaine (10%) qu’en zone rurale (7%), lorsque le retard par rapport au calendrier vaccinal est court (+ - 7
jours par rapport à la date indiquée) (Tableau 25). Elle demeure cependant plus élevée en zone urbaine, que ce
soit Bamako ou les autres villes.
Tableau n°26 : Prévalence des vaccinations complètes et correctes en fonction de la résidence (urbaine
ou rurale) et des dates de vaccination (adéquate si elle est effectuée avec un retard inférieur à 45 jours
au-delà de l’intervalle prévu au calendrier)
Adéquation de la vaccination et milieu de résidence (scénario2)
Non complète
Complète et correcte
Complète mais non correcte
35
54
74
67
52
33
13
21
13
12
12
12
Bamako
Autres zones urbaines
Zones rurales
Total
p<0.0001
Source EDS 2001
Cependant, le pourcentage d’enfants complètement et correctement vaccinés en zone urbaine passerait de 10 %
à 52 % à Bamako alors que ce même pourcentage passerait seulement de 7 % à 13 % en zone rurale, si la
période adéquate de vaccination est élargie (+ - 45 jours par rapport à la date indiquée) selon le scénario 2
(Tableau 26). En zone urbaine autre que Bamako, un enfant sur 3 est complètement et correctement vacciné.
Tableau n°27 Adéquation de la vaccination anti-rougeoleuse chez les enfants complètement vaccinés
Vaccination Anti rougeoleuse
Nombre
(%)
Période adéquate
516
71
Vaccination trop précoce
80
11
Vaccination trop tardive
132
18
Total
729
100
Source EDS 2001
27
La majorité des enfants complètement vaccinés ont reçu leur vaccin antirougeoleux selon le calendrier vaccinal;
cependant, 29 % des enfants ont été vaccinés contre la rougeole en dehors de la date adéquate ; 18 % sur ces
29 % sont vaccinés trop tardivement (Tableau 27).
Tableau n°28 Adéquation des délais d’administration des antigènes DTC chez les enfants complètement
vaccinés
Vaccination DTC
Délais adéquats entre doses 1-2 et 2-3.
Délai excessif entre doses 1-2 ou 2-3
Total
Scénario1
Nombre
171
558
(%)
23.4
76.6
Scénario1
Nombre
584
145
(%)
80.2
19.8
729
100.0
729
100.0
Source EDS 2001
Par contre, 19,8 % des enfants complètement vaccinés ont reçu le vaccin DTC en dehors de délais adéquats
(Tableau 28) et ne sont donc pas correctement vaccinés.
3-5 Analyse pour la région de Kayes
La région de Kayes déplore un des taux de couverture vaccinale complète les plus faibles du pays en 2001
(14,4%), avec la région de Mopti, et le taux le plus faible en 1995 à 9,9% (Tableau 15). Il en est de même pour
les différents antigènes pris individuellement.
La région de Kayes a amélioré son taux de couverture pour chacun des antigènes entre 1995 et 2001 ;
l’amélioration variait de 2,1 % (BCG) à 3,3% pour le DTCP1, 8,1% pour le DTCP3 à 12,6% pour la rougeole ; Il
est intéressant de noter que les plus grandes améliorations concernaient les deux derniers antigènes du
calendrier (Tableau 16). Malgré cette amélioration, le taux d’enfants complètement vaccinés demeurait
extrêmement faible avec seulement 14,4% d’enfants complètement vaccinés. Pendant la même période, la
couverture vaccinale complète diminuait de 3,7% en moyenne dans l’ensemble du pays (Tableau 16), malgré des
améliorations dans plusieurs régions.
Ainsi, selon l’EDS, en 2001 plus du tiers des enfants de la région de Kayes n’avaient reçu aucune dose de vaccin
(36,8%) et seulement 20% avaient reçu au moins 3 doses. En comparaison, 28% n’avaient reçu aucune dose,
dans l’ensemble du pays et plus du tiers avaient reçu au moins 3 doses (36,9%), soit les proportions contraires à
celles notées à Kayes (Tableau 7). Il ne s’agit cependant pas des pires performances, la région de Ségou ayant
des résultats équivalents et celle de Mopti des résultats un peu plus faibles.
Le profil de couverture vaccinale et des facteurs d’inéquités de couverture dans la région de Kayes, est en
plusieurs cas semblable à celui des autres régions : les facteurs sont les mêmes (scolarité et niveau socioéconomique de la mère, résidence en milieu urbain et rural) et les gradients analogues.
Plus spécifiquement, la région se situe dans la moyenne nationale concernant les écarts entre les zones urbaines
et rurales pour chacun des antigènes, variant de 1,6 fois moins de vaccin DTCP1 à 2,3 fois moins de DTCP3
pour les populations rurales que les populations urbaines de la région.
Les données de l’EDS ne permettent cependant pas une analyse plus fine selon le cercle (district sanitaire), audelà de l’analyse selon le milieu urbain ou rural.
Les données de routine, malgré leurs limites, permettent de situer un autre aspect du profil. Même si elles
comportent une surestimation des taux de couverture vaccinale, particulièrement pour le DTCP3 et la rougeole
dans la région de Kayes (Figure 1), le taux de surestimation est nettement en deçà de celui observé dans les
régions de Mopti et de Ségou.
28
Tableau No 29 Évolution du taux de vaccination en DTCP1, DTCP3 et rougeole des enfants de la Région
de Kayes de 1995 à 2004, selon les données de routine et de l'EDS
1995-96 1998 1999
(EDS)
(rout) (rout)
Couverture complète
9,9
DTCP1
54,9
51,6
51,4
DTCP2
39,4
DTCP3
37,3
34,6
13,6
BCG
58,1
51,3
56,0
Rougeole (< 1 an)
45,8
39,8
28,2
Rougeole (1 à 2 ans)
35,1
POLIO
28,4
Déperdition DTCP1-3
32,0
32,9
73,5
Source : EDS 1995, EDS 2001 et DESAM, Région de Kayes
2000
(rout)
61,1
45,6
37,8
60,0
43,1
44,7
32,9
38,1
2001
(EDS)
14,4
54,7
21,7
58,1
40,8
60,3
2001
(rout)
71,7
51,3
42,6
71,7
57,9
41,9
39,6
40,5
2002
(rout)
76,0
54,8
46,8
75,6
45,4
13,4
35,9
38,5
2003
(rout)
94,6
70,6
59,1
82,3
54,4
5,4
36,8
37,6
2004
(rout)
102,2
89,8
79,1
83,3
66,4
0,4
40,8
22,6
Par contre, les données de routine ne permettent pas de calculer le taux de couverture complète, étant recueillies
antigène par antigène ; il est cependant possible d’estimer un taux de déperdition en DTCP1 – DTCP3 selon la
formule suivante :
= Nombre d’enfants vaccinés en DTCP1 – Nombre d’enfants vaccinés en DTCP3 pendant la période X 100
Nombre d’enfants vaccinés en DTCP1 pendant la même période
Pourcentage d'enfants de moins d'un an
120,0
100,0
DTCP1 EDS
DTCP1 routine
VAR EDS
VAR routine
DTCP3 EDS
DTCP3 routine
80,0
60,0
40,0
20,0
0,0
1995
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Source : EDS 1995, EDS 2001 et DESAM, Région de Kayes
Figure No 10 Évolution du taux de vaccination en DTCP1, DTCP3 et rougeole des enfants de moins
d'un an de la Région de Kayes de 1995 à 2004, selon les données de routine et de l'EDS
Le taux de vaccination par DTCP 1, DTCP3 et par vaccin antirougeoleux (VAR) est en augmentation dans la
région (Tableau 29, Figure 10)
29
80,0
Déperdition EDS
70,0
Pourcentagededéperdition
Déperdition données de routine
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
1995
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Source : EDS 1005, EDS 2001 et DESAM, région de Kayes
Figure No 11 Évolution du taux de déperdition DTCP1 - DTCP3 des enfants de moins d'un an de la
Région de Kayes, de 1998 à 2004
Le taux de déperdition entre la première et la troisième dose de vaccin DTCP était particulièrement élevé dans la
région en 1995, 7 enfants sur 10 qui avaient reçu une première dose de ce vaccin n’ayant pas reçu les doses
suffisantes pour leur conférer une protection. Ce taux a diminué à 60% en 2001, mais était alors près de deux
fois plus élevé que le taux national (34%), alors que les données de routine estimaient plutôt ce taux à 40%
(Tableau 29).
Cette différence entre les 2 sources de données est surtout attribuable à une surestimation des taux de
couverture en DTCP3 dans la région, comme souligné plus tôt.
Il y aurait une amélioration graduelle de la couverture vaccinale pour les différents antigènes depuis 1999, plus
marquée en 2003 et 2004 (Figure 10). L’amélioration au niveau du taux de déperdition n’a débuté qu’en 2004,
cependant.
CONCLUSIONS
Le taux de couverture vaccinale complète était très faible au Mali en 2001, dernière année pour laquelle des
informations d’enquête sont disponibles. Il varie selon les régions, aucune région n’ayant atteint l’objectif de 80%
d’enfants vaccinés selon chacun des antigènes, même si les données de routine de plusieurs régions semblaient
indiquer une atteinte de l’objectif.
La proportion d’enfants complètement vaccinés est deux fois moindre en zone rurale, chez les enfants dont la
mère est peu scolarisée et chez ceux dont le niveau économique de la famille est faible. Ces inéquités sont
constatées dans toutes les régions, à des degrés différents.
Un enfant sur trois n’avait jamais reçu de vaccin en 2001, la proportion la plus élevée étant constatée dans la
région de Mopti et la plus faible dans le district de Bamako.
Les taux de couverture vaccinale les plus faibles étaient déplorés dans la région de Kayes en 1995 et dans les
régions de Kayes et de Mopti en 2001. La région de Kayes est la seule dont les taux de couverture vaccinale se
sont améliorés entre les deux enquêtes, demeurant cependant très faible avec seulement 14% d’enfants
complètement vaccinés. Le taux de couverture vaccinale s’est malheureusement détérioré dans presque toutes
les autres régions, entre 1995 et 2001.
30
Quelques uns des facteurs identifiés comme étant à l’origine de cette régression sont liés à des changements
structurels qui avaient pourtant pour objectif l’amélioration de la couverture sanitaire (intégration des
programmes, associés à une réduction de l’autonomie de fonctionnement du programme PEV et décentralisation
des services de santé communautaires).
Les analyses ont aussi permis d’illustrer le degré de surestimation important de la couverture vaccinale selon
l’antigène, particulièrement marqué dans les régions de Mopti et de Ségou, rendant moins fiable l’utilisation des
données de routine dans ces régions.
Le degré de surestimation des données de routine en 2001 dans plusieurs régions du Mali était tel que l’analyse
des tendances nationales depuis 2001 n’a pas été présentée dans ce profil. L’amélioration notée dans la région
de Kayes depuis 2003 selon les données de routine est encourageante, mais devrait faire l’objet de validation
une enquête de couverture vaccinale.
Il serait de toute première importance de réaliser rapidement une enquête de couverture vaccinale au Mali,
s’assurant d’échantillons représentatifs dans chaque région et de données socioéconomiques permettant
d’analyser les facteurs d’iniquité de couverture vaccinale et leur évolution, afin de guider les ajustements à
apporter au Programme national de vaccination et à sa mise en œuvre dans chacune des régions, districts et aire
de santé du pays.
31
REFERENCES
-
Ministère de la Santé du Mali / Cellule de Planification et de Statistiques : Enquête Démographique et
de Santé II – 1995/96
-
Ministère de la Santé du Mali / Cellule de Planification et de Statistiques : Enquête Démographique et
de Santé III – 2001
-
Ministère de la Santé des Personnes Agées et de la Solidarité / Secrétariat Général / Cellule de
Planification et de Statistiques : Evaluation conjointe externe du Programme Elargi de Vaccination 1999
-
Ministère de la Santé / Secrétariat Général / Direction Nationale de la Santé : Système local
d’information Sanitaire (SLIS) Annuaires : 1998, 1999, 2000, 2001
-
Primature du Mali / Ministère du Plan / Direction Nationale de la Statistique et de l’Informatique :
Enquête malienne sur l’évaluation de la pauvreté – 2001
-
Ministère de la Santé / Direction Régionale de la santé de Kayes et Ministère du Développement
Social et de l’Économie Solidaire / Direction régionale du Développement social et de l’Économie
solidaire de Kayes : Rapport d’activité 2004 et Plan opérationnel 2005 - 2005
-
Gouvernement du Mali, Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, 29 mai 2002
-
Ministère de la Santé du Mali et Agence canadienne de développement international, Appui au
Ministère de la santé du Mali pour la réalisation d’une Étude du système de santé des Régions de
Ségou et Kayes, août 2002