education à l`image et nouvelles technologies

Transcription

education à l`image et nouvelles technologies
LES ARTS NUMÉRIQUES
L'Atelier
Auteur
Benoît Labourdette
Date
2013
Descriptif
EDUCATION À L'IMAGE ET NOUVELLES
TECHNOLOGIES
Benoît Labourdette, fondateur du festival Pocket Film et expert dans le domaine des nouveaux médias, propose dans ce
compte-rendu de formation à destination des animateurs, des pistes de réflexion sur les actions d'éducation à l'image en
lien avec les technologies numériques.
Le dispositif pédagogique
Dans la mesure où, aujourd'hui, tout un chacun produit et diffuse des images (via les plateformes vidéo, photo et les
réseaux sociaux), chacun d'entre nous se retrouve en charge d'une responsabilité bien plus grande qu'avant, lorsque
l'espace de la diffusion (publication, responsabilité éditoriale) était réservé aux seuls professionnels.
C'est une dimension à prendre en compte dans le cadre de l'éducation à l'image, où l'enjeu n'est plus seulement
d'apprendre des techniques et des pratiques, mais devient d'éclairer les pratiques audiovisuelles des jeunes (et moins
jeunes), qui sont aujourd'hui quotidiennes. C'est-à-dire que le plus important n'est peut-être plus tant l'étape de la
réalisation d'un film, que l'étape de sa diffusion. Ou plutôt, un vrai travail sur le regard : comment on montre aux autres ce
que l'on a fait, dans le cadre même de l'atelier ; c'est ce qui va permettre d'avancer vers la conscience, vers l'autonomie,
vers la responsabilité. Et ce au travers d'un travail sensible, de création, d'écoute de soi et des autres.
Repenser donc les places, et la construction du dispositif institutionnel que l'on produit (le cadre de l'atelier), qui doit être
elle-même collective, afin que le cadre ne soit plus une contrainte, mais un dispositif choisi pour qu'un travail soit possible.
Travailler sur l'autonomie des jeunes, afin que l'animateur soit vraiment spectateur de ce qu'ils auront produit.
Intégrer dans l'atelier la dimension d'une diffusion, collective, concrète, à organiser par les jeunes eux-mêmes.
Responsabiliser les jeunes pour la réalisation des films, donner de l'importance à la projection, les regarder, et les inviter,
après discussion, à refaire les films, pour les améliorer.
La préparation, avant le tournage des films, a beaucoup plus de sens et produira des films beaucoup plus intéressants et
constructifs pour tout le monde, si elle consiste en des discussion sur la place et la pensée de chacun par rapport à l'image
aujourd'hui. Chercher un « écrire un scénario », trop vite, trop tôt, ne fonctionne pas du tout. Il vaut mieux discuter, discuter,
de sujets importants et partagés, puis réaliser un film en plan-séquence à partir d'improvisations.
Télécharger les films
Vos films « par la fenêtre » sont téléchargeables ici :
1/6
http://www.quidam.fr/_docs/projets/acap/
Vos films « Filmer les mots » sont visionnables ici :
http://www.filmerlesmots.fr/films-2013/equipe-105
(et téléchargeables si vous installez le plugin « Download helper » (gratuit) dans Firefox. Vous pourrez aussi télécharger les
vidéos de n'importe quel site...)
Le champ des nouveaux médias
Les bases du numérique
Décimal
Binaire
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
99
100
00000000
00000001
00000010
00000011
00000100
00000101
00000110
00000111
00001000
00001001
255
11111111
Les 0 et les 1 se nomment les bits : l'unité élémentaire d'information numérique.
2/6
bits
Kilo bits = 1000 bits
Méga bits = 1000 kbits
Giga bits = 1000 Mbits
Téra bits = 1000 Gbits
Peta bits = 1000 Tbits
Débits (vitesses de connexion) : en bits par seconde
ADSL, généralement autour de 8mbps (Mega Bits par seconde)
Un groupe de 8 bits = 1 octet = 1 Byte
Code ASCII : fait correspondre chaque octet (il y en a seulement 256) à un caractère alphanumérique. Donc, on peut
"convertir" une longue suite de 0 et de 1 en un texte.
Discussion sur ce que nous apportent les films
Propositions d'ateliers
Filmer les mots
www.filmerlesmots.fr
Dispositif :
•
Choisir un mot, ce sera le titre du film.
•
Tourner le film en plan-séquence.
•
Mettre un titre et un générique de fin.
•
Mettre une voix-off.
•
Le film est libre.
But :
•
•
Apporter quelque chose au spectateur.
Que le film soit compréhensible par quelqu'un qu'on ne connaît pas, dans 10 ans.
3/6
Les mots 2013
Films réalisés (disponibles sur le site www.filmerlesmots.fr) :
Vos films « Filmer les mots » sont visionnables ici :
http://www.filmerlesmots.fr/films-2013/equipe-105
Film de sa fenêtre
Dispositif :
•
Filmer de sa fenêtre.
•
Voix-off.
•
Titre et générique de fin.
•
Raconter un souvenir réel.
But :
•
•
Apporter quelque chose au spectateur.
Que le film soit compréhensible par quelqu'un qu'on ne connaît pas, dans 10 ans.
Sites visités
Web-documentaire et transmedia
A la Une
http://webdocu.fr/web-documentaire/
Transmedia Lab | Accueil
http://www.transmedialab.org/
4/6
POWER TO THE PIXEL « create, finance and distribute in a cross-media world
http://powertothepixel.com/
Logiciels libres
OpenOffice.org
http://www.openoffice.org/fr/
World Wide Web Consortium (W3C)
http://www.w3.org/
VideoLAN - Official page for VLC media player, the Open Source video framework!
http://www.videolan.org/vlc/
Logiciels libres portables
Portable App Directory | PortableApps.com - Portable software for USB, portable and cloud drives
http://portableapps.com/apps
Vidéos en ligne
Charlie bit my finger - again ! - YouTube
http://www.youtube.com/watch?v=_OBlgSz8sSM
LIPDUB - I Gotta Feeling (Comm-UQAM 2009) - YouTube
http://www.youtube.com/watch?v=-zcOFN_VBVo
Ressources
Filmer les mots
http://www.filmerlesmots.fr/
Dis-moi dix mots semés au loin
http://www.dismoidixmots.culture.fr/
Réaliser une machinima - Forums Mondes Persistants
http://forums.mondespersistants.com/showthread.php?t=201203
Dogmazic - Ouvert pendant les travaux
http://dogmazic.net/
Quidam production - Atelier cinéma d’animation au Centre des Arts d’Enghien-les-bains
http://www.quidam.fr/formation/ateliers-cameras-de-poche-ou/ateliers-dans-des-lieux-culturels/atelier-cinema-danimation-au
Références
Sémio-pragmatique - Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9mio-pragmatique
Hitchcock/Truffaut - Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hitchcock/Truffaut
5/6
Les 6 Licences | Creative Commons France
http://creativecommons.fr/licences/les-6-licences/
Mindmapping
Mind Mapping, Mindjet MindManager, MMD améliorent productivité des projets, informations et réunions
http://www.mmdfrance.fr/
XMind: Professional & Powerful Mind Mapping Software
http://www.xmind.net/
Main Page - FreeMind
http://freemind.sourceforge.net/wiki/index.php/Main_Page
Plateformes vidéo
Vimeo, Your Videos Belong Here
http://vimeo.com/
Pour faire des sites web
WordPress.com — Créez un blog gratuit ici
http://fr.wordpress.com/
Joomla.fr - Joomla!fr Le portail des Utilisateurs Francophone de Joomla
http://www.joomla.fr/
SPIP - français
http://www.spip.net/fr_rubrique91.html
Héberger soi-même des vidéos
About JW Player | Best HTML & Flash Web Video Player | LongTail Video
http://www.longtailvideo.com/jw-player/about/
Hébergement web
Hébergement web illimité - Hébergeur francais O2Switch
http://www.o2switch.fr/hebergement-illimite/
Recherche noms de domaine
Nom de domaine - Enregistrement de domaines - Gandi.net
https://www.gandi.net/
Annexes : Originaux des mindmaps et dossier publié dans Le journal de l'animation
6/6
Webdoc
Croisements des médias
Logiciel libre de lecture de vidéo
VLC
Graphisme
Livre audio
Transmédia
Cross-média
J'ai un compte
Des trous ou pas
Allumé ou éteint
J'ai des "followers"
Nouveaux médias
Noir ou blanc
Interrupteur
Des 0 et des 1
Twitter
Numérique
Si je publie un message sur mon compte,
tous mes followers le reçoivent
Messages très courts (SMS)
Réseaux sociaux
Courant ou pas de courant
Ma page
Facebook
Chacun peut apporter sa contribution
Musique
Ecriture
Outils
Cloud
Lumière
S'enrichit de la photo, de l'écrit...
Partage des ressources
Ce que je publie sur ma page s'affiche
automatiquement sur les pages de mes
"amis"
3 milliards de vidéos vues par jour
Youtube
Nouveaux médias.mmap - 10/12/2012 - Benoît Labourdette
0,1 % des visiteurs qui postent des vidéos
72h de vidéo en plus chaque minute
Joie
Tristesse
Façon dont la narration est construite
Emotion
Construction
Façon de re-visiter un sujet
Peur
Angoisse
Amour
Se divertir
La détente
Aux Etats-Unis, en Chine...
Ouverture sur le monde
Point de vue différent
De reproduire
L'envie
D'être créatif
Empathie
Vivre la scène nous mêmes
Qu'est-ce que nous
apportent les films ?
Projections
On le vit différemment en fonction de ce qu'on a vécu
Vivre un rêve, une aventure, par procuration
En lien avec un film
La musique
Subjugué par la qualité
cinématographique
Exemple : Paranormal activity
Scènes tournées au téléphone
Le procédé de point de vue
Le son peut donner plus d'émotion que l'image
Une image plus importante qu'un discours
Esthétique
Pouvoir de l'image
Apport culturel
On comprend tout de suite mieux qu'une
série d'informations
Exemple : films de prévention (Sida...)
Connaissances
Analyse de ce qu'on vit
Prise de conscience
Qu'est-ce que nous apportent les films.mmap - 11/12/2012 - Benoît Labourdette
Enseignement
Photos en pause longue avec lumière
Light painting
Photos
Préconise le plan-séquence
Mots
Fenêtres
Filmer une image
Faire parler les objets
Films d'animation en papier découpé
Bouche
Cadres
Gros plan
Doigts
Filmer un lieu et raconter un souvenir réel
Ce qu'on filme, pourquoi
Filmer par la fenêtre et raconter un désir
Ce qu'on partage
Muet
Ca amène à de la créativité
Distinguer image et son
Filmer un jeu vidéo sur l'écran de l'ordinateur,
et, généralement, lui rajouter des voix
Des films existants par exemple
Des animaux
Parler de son rapport à l'image
Machinima
Théâtre filmé et puis le refaire avec une
mise en scène "cinéma"
Films faits en image par image
Stop motion
On a un film avec une personne qui
regarde dans une porte
Puis on voit son expression
Film à "trous"
On tourne juste ce qu'il voit
Lipdub
Inventer la suite d'un film
Cadavres exquis
Les gens sont figés, et on fait un
mouvement de caméra en plan-séquence
On filme quelque chose en plan fixe
Et on ne laisse bouger qu'une partie de l'image
Fond vert (comme la météo...)
Freeze
Cinémagraphe
Incrustation
Grand / Petit
Très forte contextualisation
Voix-off
Post-synchroniser
Effets spéciaux
Apparition / Disparition
GIF animés
Ce qu'on peut faire.mmap - 11/12/2012 - Benoît Labourdette
Les photos de famille
Ce qu'on peut faire
Mashup
Remix vidéo
Autonomie !!
On peut le faire sur youtube
Ateliers de réalisation de films
Montage vidéo
Atelier montage uniquement à partir de
rushes trouvés sur youtube
Quelle musique ?
Dogmazic
SACEM
Musique
Fiction
Assumer la fonction pédagogique
Cinéma
SACD
Théâtre
Danse
Télévision
Droit à l'image / Droit d'auteur
Autorisations parentales
Etc
Sociétés d'auteur
Documentaire
Faire signer dès le départ, à l'inscription
Cinéma
Droits d'exploitation larges
Il faut alors travailler projet par projet
SCAM
Droit à l'image
Si les parents ne veulent pas
Télévision
Sauf...
Etc
Mentionné sur la fiche d'inscription
SGDL
Creative Commons
Droit à l'image - Droit d'auteur.mmap - 11/12/2012 - Benoît Labourdette
Théâtre
Littérature
Youtube
Plateformes
Dailymotion
Pas de publicité
Vimeo
JW Player
Hébergement vidéo
VLC
Quicktime Player
OVH
O2Switch
Hébergement en "propre"
Lecteurs
Hébergeurs
Logiciels de conversion vidéo
Erightsoft Super
CMS
Windows Movie Maker
60
Pour faire des blogs
Wordpress
Payant
Adobe Premiere
Version Vegas Movie
Studio Platinum
Vidéo
Logiciels libres
Payant
Logiciels de montage vidéo
Sony Vegas
Joomla
Faire un site web
Simple
Drupal
Imovie
Peu de possibilités
Payant
Simple à mettre en place
Très utilisé
Moyennement facile à mettre en place
Gratuit
Pas mal
Pour faire des sites genre associations
Français
SPIP
Très bien
Très simple à mettre en place
Propose un hébergement sur sa plateforme
PC
Très complexe
70
Content Management System
Technique
Peu de possibilités
Version Premiere
Elements
Mais adresse :
jenesuispas.free.fr
Il faut avoir son hébergement
Gratuit
Simple
Gratuit
Free
Handbrake
MPEG Streamclip
Logiciel de lecture vidéo
Adobe Premiere
Technique.mmap - 11/12/2012 - Benoît Labourdette
Très complexe à mettre en oeuvre
Wordpress
Mac
Final cut Pro X
Le plus puissant
Services d'hébergement
Overblog
Jimdo
dossieraction
40 Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110
P
DE L’HÉTÉRONOMIE À L’AUTONOMIE
Réaliser un film avec
un téléphone portable :
de la créativité
à la citoyenneté
?????
endant très longtemps, les
ho?????t qelle.
Dans ce modèle, l’éducation
de l’enfant répo????.
????
C’est l’émergence du processus d’indi.
© Estelle Perdu
PAR BENOÎT LABOURDETTE
Le téléphone portable est dans toutes les
poches. Qu’on le veuille ou non, cet objet
commercial a changé notre vie : éclatement
de la sphère privée, évolution de la perception
de l’espace et du temps, nouvelles façons
d’écrire… cette prothèse de communication
ne nous quitte jamais ! En 2005, la vidéo
est arrivée dans les téléphones. Tous les
adolescents ont désormais un téléphonecaméra. Et d’ici peu, il n’y aura plus de
téléphones sans caméra. Elle est obligatoire,
car elle est là pour nous vendre de nouveaux
services ! Mais outre rendre quelques sociétés privées plus riches encore, qu’est-ce que
cette caméra omniprésente va nous infliger ?
Et surtout comment, en tant qu’animateur,
l’exploiter pour en faire un outil d’éducation
et de socialisation ?
Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110 41
La création audiovisuelle
avec téléphone portable
fait partie du quotidien
des adolescents : filmer
ses amis, partager des
vidéos… c’est un nouveau
langage. Avec ses risques.
Les adultes se doivent
d’éclairer ces nouvelles
pratiques. Mais comment
faire ?
© Benoît Labourdette
dossieraction
Le téléphone-caméra
au cœur du social
L
es adultes utilisent leur téléphone
portable pour téléphoner. Ce
n’est pas le cas des adolescents !
Le téléphone portable, objet
indispensable à la socialisation,
leur sert à écouter de la musique, écrire,
« chatter », « twitter », photographier,
filmer, échanger, publier, partager une
foule d’éléments numériques, désormais
constitutifs de l’identité. Le « terminal
mobile » sera dans l’avenir le moyen d’accès
principal à Internet et à ses produits et
services. Les industries de l’électronique,
des réseaux et des contenus poussent le
plus possible ces nouveaux usages ; ils
nous accoutument à de nouveaux besoins,
pour construire leurs marchés et leur
rentabilité de demain.
4e ÉCRAN
Quoi qu’on en pense, et qu’on le veuille
ou non, ce monde des réseaux sociaux
électroniques est celui dans lequel nous
sommes plongés et qui
nous est devenu indisLa production
pensable. Hier, pour être
d’images est devenue
dans le coup dans la cour
de récréation, il fallait
un acte de langage. »
avoir vu à la télévision le
film interdit aux moins
de 18 ans. Aujourd’hui, il faut avoir sur
son téléphone le dernier happy slapping
violent. Bien sûr, il s’agit d’un exemple
extrême, et il n’y a pas que cela. Mais cet
extrême fait partie du quotidien, ne nous
le cachons pas.
42 Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110
RÉALISER UN FILM AVEC UN TÉLÉPHONE PORTABLE
Parmi toutes les pratiques des médias,
il en est une majeure : l’audiovisuel.
Nous sommes abreuvés d’images animées
depuis longtemps par la télévision. Ces
images, produites professionnellement, ont
pour objectif de nous faire rester le plus
longtemps et le plus nombreux possible
devant l’écran (3 h 27 par jour en France
en moyenne), afin de vendre des espaces
publicitaires. Cette industrie était au
point. Mais les jeunes passent de moins
en moins de temps devant la télévision,
ils utilisant de plus en plus le « 3e écran »
(Internet) et le « 4e écran » (téléphone
portable). Les ressources publicitaires de
la télévision fondent, et l’industrie des
médias se réinvente donc pour survivre.
Glossaire
• 3G : Le nouveau réseau de téléphonie mobile à haut
débit (depuis 2005). Un téléphone 3G (bientôt tous les
téléphones) a forcément une caméra intégrée.
• Bluetooth : Réseau sans fil de proximité entre les
téléphones. L’usage en est gratuit. C’est l’outil quotidien
des cours de récréation, moyen principal d’échange
des films de téléphone à téléphone.
• Les 4 écrans : Le cinéma, la télévision, l’Internet et le
téléphone mobile.
• 3GP : Format principal des fichiers vidéo produits par
les téléphones mobiles.
• UGC : User Generated Content, c’est-à-dire Contenu
généré par les utilisateurs.
ÉCHANGER
On doit désormais
apprendre
à fabriquer
et à diffuser
les images.
© BL
Que cherchent les jeunes à travers leurs
terminaux mobiles ? À faire société, à se
connaître, à échanger, à se construire.
Ils constituent des « communautés ». Le
contenu qu’ils échangent, est avant tout
produit par eux-mêmes : textes, photos,
vidéos, sous de multiples modalités de
production et de diffusion. L’audience
des sites internet et mobiles communautaires (comme Facebook, 400 millions
d’inscrits) est gigantesque. La publicité
est donc de plus en plus
présente sur ces sites du
web 2.0. L’enjeu industriel
de ce secteur n’est plus
de produire des contenus
professionnels séduisants,
mais de pousser les utilisateurs à produire et
échanger de plus en plus
leurs contenus, afin que les usages et les
audiences augmentent (et que les espaces
publicitaires soient donc de plus en plus
nombreux et rentables). Ça marche, car
ce qui nous intéresse vraiment et fait les
audiences les plus fortes, ce sont les vidéos
« authentiques », faites par nos pairs.
RESPONSABILITÉ
NOUVELLE
Chacun porte donc une responsabilité
nouvelle, dont on est pour le moins
inconscient. Éthique, droit à l’image,
liberté d’expression, responsabilité pénale...
sont les enjeux profonds de l’image, qu’on
voudrait nous faire oublier sur l’autel du
plaisir de l’échange et du flux audiovisuel.
Par ailleurs, lorsqu’on tourne une vidéo
avec son téléphone portable, et qu’on
l’envoie immédiatement sur son « mur »
Facebook pour la partager avec sa communauté, il n’y a plus de mots préalables à
l’acte de production d’image, ni de mots
qui accompagnent sa diffusion. L’acte de
production d’images est donc devenu un
acte de langage.
Mais apprend-on à faire des images ? En
connaît-on la grammaire ? Non. On sait
qu’une société ne peut être démocratique
que si ses membres en maîtrisent le
langage. C’est pour former des citoyens
qu’on apprend à lire et à écrire à l’école.
On doit désormais aussi apprendre à
fabriquer et diffuser les images. C’est un
enjeu pour la démocratie.
Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110 43
dossieraction
PRATIQUE
La proposition
pédagogique
à ce qu’ils peuvent créer, ce qui est
un acte fort. Cette proposition est
relativement comparable à un atelier
d’écriture : le stylo et la feuille de papier
sont les objets les plus quotidiens
qui soient. Mais lorsqu’on propose
d’écrire un poème, une nouvelle...
c’est très difficile, et très important. Il
s’agit alors de travailler sur sa propre
expression, donc sur sa construction
personnelle au fond, et ce qui se passe
est souvent marquant pour les jeunes
auteurs. La logique est la même avec
le téléphone portable.
Quel type d’atelier proposer
concrètement avec un téléphone
portable ? Comment aborder
le sujet ? Comment s’organiser ?
Voici la structure générale
d’un atelier.
Point de départ : la créativité
• L’enjeu de la proposition pédagogique
audiovisuelle avec téléphone portable
est l’appropriation du langage des
images. Au départ, proposer à des
jeunes de tourner un film avec leur
téléphone peut sembler incongru :
quelle pertinence l’adulte a-t-il à
proposer une activité avec cet outil,
le téléphone, qu’il maîtrise infiniment
moins bien que les adolescents ?
Que peut-il apporter ? Par ailleurs,
l’univers du téléphone portable est le
leur, approprié, précieux, qu’ils évitent
justement de partager avec les adultes.
Et enfin, on ne maîtrise pas forcément
tant que cela le langage des images.
Bref, on se sent démuni.
• Mais, proposer à des adolescents
de s’intéresser, collectivement, à leurs
productions, c’est donner de la valeur
Un film pour soi,
un film pour les autres
© BL
« Vous allez faire un film,
un vrai film, avec votre
téléphone portable ! »
• Pour commencer l’atelier, posez
d’abord l’ambition : « Vous allez faire un
film, un vrai film, avec votre téléphone
portable ». C’est très important : il faut
sortir du quotidien. On va utiliser le
téléphone portable, oui, mais dans un
but différent. Placez les participants en
petits groupes. Dites-leur qu’un film,
ça se prépare, ça se pense, ça doit
raconter une histoire. Puis, une fois
cette ambition posée, faites-les parler
de leur usage du téléphone-caméra.
Au début, ils ont un peu du mal à dire
ce qu’ils font, car cela leur appartient.
Demandez-leur de décrire les petits
films qu’ils ont dans leur téléphone
(généralement, ils ne veulent pas les
montrer !). Vous aurez forcément la
pratique « filmer ses amis, pour se
marrer », et le petit groupe éclate de
rire, car ils pensent à telle ou telle
vidéo particulièrement drôle, prise
lors d’une soirée.
• Ces films-là ont toute leur valeur, il
ne faut pas les juger négativement.
Il s’agit de la mémoire du quotidien,
du « film de famille », qui joue un rôle
important dans la constitution des
groupes. Ces films sont fortement
contextualisés : si on ne connaît pas
la blague qui a été racontée et qui fait
que celui qui est filmé est en train de
44 Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110
rire, on ne peut pas comprendre. Ce
sont des films pour son petit groupe,
qui ne sont pas compréhensibles par
ceux qui en sont extérieurs. Expliquez
cela, en vous appuyant sur les exemples
donnés par les participants.
• Ensuite, dites que ce que vous
proposez n’a rien à voir, que le film sera
fait en groupe et non pas individuellement, mais surtout qu’il sera réalisé
pour des personnes qu’on ne connaît
pas. Ce film doit donc avoir un titre, ce
qui s’y passe doit être compréhensible,
cela doit mener quelque part. Donc il
faut une réflexion préalable et une mise
en forme précise. Il faudra penser à
ce que le spectateur va comprendre,
imaginer ce qu’on veut lui faire vivre
et ressentir.
• À partir de là, les jeunes saisissent
que ce que vous proposez n’a rien à
voir avec leur pratique du téléphone
portable. Votre proposition, bien que
réalisée avec leur outil du quotidien,
relève de votre domaine de compétences. Vous serez le premier spectateur
de leur production, vous pourrez les
aider à préciser leur pensée. C’est le
rôle de l’animateur.
L’écriture
• Chaque petit groupe doit donc
écrire, préparer, son film. Après une
demi-heure de travail, demandez à
chacun d’expliquer aux autres son
projet. Les difficultés que cela soulève
sont formatrices. Un certain nombre
d’entre eux n’auront pas encore réussi
à conceptualiser quelque chose. Ils
auront du mal à s’exprimer, à se faire
entendre, à s’écouter. Prenez le temps
pour y parvenir, avant que chaque
groupe retravaille son projet. Cette
étape du « parler avant » est très
importante. On construit un projet,
un cadre, qui fait que le futur film a
déjà son existence, et est attendu par
les autres. Ce qui n’a rien à voir avec
les petits films tournés au quotidien.
© BL
RÉALISER UN FILM AVEC UN TÉLÉPHONE PORTABLE
Un temps d’écriture est
indispensable avant le tournage.
Le tournage
• Une fois les projets définis, envoyez
chaque groupe tourner son film. Nous
verrons dans la suite du dossier les
détails de plusieurs types de propositions de tournages. Pour ma part,
je les laisse le plus souvent tourner
leurs films en autonomie. Il faut à mon
sens qu’à l’intérieur de ce cadre précis
dans lequel on les a inscrits, il y ait
la pleine place pour leur expression
intime, pour ce qu’ils vont « rapporter »
de leur monde, ce qu’ils vont choisir
de représenter avec les images et
nous montrer.
• C’est ainsi que le lien se fait : il
y a leur monde et il y a le nôtre. Le
dispositif de communication que nous
avons construit entre nous est pour
eux une opportunité de partager et
de valoriser ce qu’ils sont capables
de produire. Et c’est pour nous une
façon de recevoir vraiment ce qu’ils
ont à nous donner. Vous serez surpris,
dans le bon sens du terme ! Tout ce
dispositif « institutionnel » fait qu’on
est d’emblée complètement hors de
la logique du happy slapping ou autre,
vous pouvez donc faire confiance à
ce qu’ils vont réaliser en autonomie.
améliorer l’image, le son, le cadrage, la
narration, etc. (voir la suite du dossier).
Faites-leur refaire leurs tournages,
autant de fois que nécessaire. Grâce
à la légèreté du téléphone portable,
il n’est pas compliqué techniquement
de recommencer un tournage, et c’est
très formateur. Cela va les amener, au
fur et à mesure, à prendre conscience
de tous les éléments qui composent
l’image : le décor, l’acteur, l’image, le
son, la couleur, le mouvement… Cela
les conduira aussi à plus d’exigence.
C’est essentiellement différent de leur
pratique habituelle, mais le bénéfice,
les compétences qu’ils vont acquérir
par cet approfondissement pratique
leur serviront au quotidien.
La diffusion
• Une fois les films terminés, il est
crucial de construire un moment de
diffusion collective, pour les groupes
qui ont travaillé ensemble. C’est une
projection privée, pour les auteurs
des films. Ce temps est indispensable. Il faut une salle dans laquelle
on fait le noir, un vidéoprojecteur, un
bon son, etc. Réunissez toutes les
conditions d’une projection de qualité,
« comme au cinéma » (c’est parfois
loin d’être simple, mais prenez-en
le temps). Reproduisez ce « rite »
du cinéma. On fera silence pendant
les films. On donnera ainsi toute leur
valeur aux images produites. C’est
très valorisant pour les participants.
Ils sentent, grâce à ce dispositif, que
faire une image a des conséquences.
Cela les amènera à mesurer par la
suite la grande importance, au fond,
du moment où on appuie sur le bouton,
pour filmer ou pour diffuser. C’est une
étape essentielle à côté de laquelle il
ne faut pas passer, dans le cadre d’un
atelier de pratique artistique.
• Après chaque film, rallumez la
lumière, donnez votre avis et lancez
la discussion. Cette parole est très
importante, tout autant que la réalisation du film lui-même. C’est à ce
moment-là, par l’institutionalisation
qu’en donnent les mots portés, que
les films vont exister vraiment. Avant
cela, ils sont comme des embryons,
qui peuvent avorter. Après la projection
et les échanges sur le film, cet objet
est devenu extérieur à eux, potentiellement important pour d’autres.
C’est, en réalité, le cas de n’importe
quel petit film tourné et posté avec
son téléphone. Mais les jeunes n’en
ont pas conscience.
>>>
Laissez les jeunes tourner
en autonomie, avant de leur
apporter vos avis et conseils par
rapport aux images produites.
• Lorsqu’ils vont rapporteront leurs
films, ou leurs « rushes » (c’est-àdire l’ensemble de ce qu’ils auront
tourné), visionnez-les attentivement,
et donnez-leur des conseils pour
© BL
Refaire les films
Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110 45
PRATIQUE
De belles images
la personne et que, pour avoir un gros
plan, j’utilise le zoom, je ne capte alors
qu’une petite partie du champ visuel
(représenté par le triangle orange). De
ce fait, si la caméra bouge, ne serait-ce
qu’un peu, le visage du personnage
orange sort complètement du cadre !
Concrètement, plus on zoome, et plus
les légers tremblements sont amplifiés.
Le premier secret des images stables
est donc tout simplement : ne zoomez
jamais, et rapprochez-vous si vous
voulez montrer quelque chose de
plus près.
On a l’impression qu’un film
tourné avec téléphone portable
est forcément de très mauvaise
qualité, tremblé, flou, inaudible…
Or on peut réussir à produire
un résultat techniquement
irréprochable. Suivez le guide !
Des images stables
Bannir le zoom
© BL
• La première caractéristique que
l’on retient des vidéos faites avec
téléphone portable est que « ça bouge »
ou que « ça tremble ». Souvent, on
se sent mauvais caméraman, ou l’on
pense que la qualité de la caméra du
téléphone est très mauvaise. Mais
ce n’est pas cela ! On a tendance,
lorsqu’on filme avec un téléphone, à
beaucoup utiliser le zoom intégré, qui
permet, d’une simple pression sur un
bouton, de mettre en avant un objet,
un visage. C’est presque un réflexe
naturel que de zoomer sur ce qui nous
intéresse. Mais ce dont on ne se rend
pas compte, c’est que c’est ce zoom
qui est responsable du tremblement
des images !
• En voici la raison, par l’exemple :
quand je filme le visage de quelqu’un et
que je suis proche de lui, si jamais ma
caméra bouge un peu, je verrai toujours
son visage. Sur le schéma ci-dessous,
on voit que malgré le mouvement de la
caméra de la position 1 à la position 2,
le visage du personnage vert reste dans
l’image. Si par contre, je suis loin de
Sujet proche,
filmé sans zoom
Sujet éloigné,
filmé avec zoom
Les mouvements de caméra
• Il y a un deuxième secret pour faire
des images stables : suivez toujours
quelqu’un ou quelque chose, ne faites
jamais de mouvements de caméra
« volontaires ». En effet, lorsqu’on
regarde une image, on est concentré
sur le sujet filmé : la personne qui nous
parle, l’animal qui nous intéresse, le
musicien qui joue, etc. Si le sujet filmé
ne sort pas complètement de l’image
(à cause du zoom), du fait de notre
concentration sur lui, on ne prend
pas garde aux légers tremblements
de l’image, donc la technique ne
se fait pas remarquer. Par contre, si
vous tournez votre caméra, de façon
volontaire vers quelque chose d’autre,
alors on voit tout à coup que la caméra
est là, et on remarque la technique.
• Si, pour passer à autre chose vous
attendez, par exemple, qu’une personne
se déplace, que vous la suivez et que
cela amène à la deuxième chose
que vous souhaitez montrer, alors
le spectateur sera toujours resté
concentré sur des sujets filmés, et
n’aura rien remarqué des mouvements de la caméra. Le film sera
« naturel », fluide, sa technique ne sera
pas visible. Notez que même dans le
cinéma professionnel, cette technique
est utilisée en permanence. Ainsi,
une scène de restaurant commence
46 Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110
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dossieraction
Suivre les déplacements du sujet
confère de la fluidité au film.
quasiment toujours par un plan où l’on
suit le garçon de café, qui nous amène
aux personnages principaux attablés.
Des images
de bonne qualité
• Les images des téléphones portables
sont réputées floues et pixellisées.
Comment les améliorer ? Plusieurs
techniques, exploitables parallèlement,
vont vous permettre de changer du
tout au tout la qualité strictement
technique de l’image. Tout d’abord,
ne pas utiliser le zoom, qui dégrade
la netteté de l’image (les zooms des
téléphones sont numériques, c’està-dire qu’ils ne font qu’agrandir une
partie de l’image originale).
• Ensuite, il y a le choix de la résolution
de l’image : le nombre de pixels
qui la composent. Par défaut, les
téléphones sont tous réglés sur la
plus petite résolution d’image, qui
permet d’envoyer de petites vidéos
vers un autre téléphone. Pour changer
les paramètres et agrandir la taille de
l’image, mettez-vous en mode caméra,
allez dans les options, et cherchez
« taille de l’image ». Parfois, les plus
grandes tailles d’image sont grisées. Il
faut alors chercher le menu dans lequel
est sélectionné « Pour envoi MMS », et
choisir à la place « Clip étendu », ou
« Durée mémoire », qui signifie que
RÉALISER UN FILM AVEC UN TÉLÉPHONE PORTABLE
Le son : élément primordial
• Le son est toujours le parent pauvre
durant un tournage, alors qu’il est plus
important que l’image. Je m’explique :
imaginez un film aux images tremblotantes et mal éclairées mais dont
le son est excellent : voix parfaites,
musique et bruitages agréables. Vous
pouvez suivre ce film avec plaisir.
Imaginez maintenant un film aux
images somptueuses, mais au son
déplorable : on ne comprend pas bien
ce qui est dit et on décrochera de ce
film au bout de deux minutes. On est
plongé dans le son, alors qu’on est
libre de se détourner de l’image, voilà
pourquoi le son est primordial. Il semble
impossible, avec un simple téléphone,
de produire un bon son. Détrompezvous, le micro des téléphones est
plutôt de bonne qualité.
• Alors comment faire ? Comme pour
l’image, il s’agit d’employer les bonnes
techniques. Pour le son, il y a trois
paramètres :
1. Il faut être le plus proche possible
de la source sonore.
2. Il faut prendre garde aux bruits
d’ambiance (voitures, brouhaha, etc.),
et faire en sorte d’être dans l’endroit
le plus calme possible.
3. Il faut déclencher et arrêter de filmer
par rapport au son (ne pas couper une
phrase en plein milieu, par exemple).
• Le zoom est en partie responsable
du très mauvais son : si vous filmez
quelqu’un en gros plan, grâce au
zoom, mais que vous êtes loin de lui,
sa voix sera complètement inaudible
au-delà de 2 ou 3 mètres. Par ailleurs,
le micro du téléphone est omnidirectionnel, c’est-à-dire qu’il enregistre
dans toutes les directions. Si derrière
vous quelqu’un parle plus fort que
celui que vous filmez devant vous,
vous ne vous en rendez pas compte
au moment du tournage, car vous êtes
concentré sur votre sujet, mais sur le
film, on entendra davantage celui qui
est derrière !
• Le bruit de l’ambiance est aussi très
important : souvent, en se déplaçant
de 2 ou 3 mètres, en passant une
porte, on peut se retrouver dans un
endroit calme, ou alors très bruyant.
Bref, il faut ouvrir ses oreilles, tout
le temps penser au son lorsqu’on
filme. Ce faisant, on peut, avec un
simple téléphone, obtenir un son de
grande qualité.
Une belle lumière
• Quelle que soit la qualité technique
de la caméra utilisée, une belle lumière
rend une image immédiatement séduisante.
© BL
la durée de prise de vue n’est limitée
que par la capacité de la mémoire du
téléphone. Ensuite, le réglage de taille
d’image sera accessible.
Le soin apporté à la lumière
est essentiel.
La bonne résolution
Sachez qu’il n’y a aucune relation de cause à effet entre la qualité
de l’appareil photo d’un téléphone et la qualité de l’enregistrement
vidéo. La qualité d’enregistrement vidéo dépend du nombre de pixels
qui composent l’image. Comme référence, sachez que les images
de la télévision font 720 x 576 pixels. Les vidéos des téléphones
peuvent faire 176 x 144, 320 x 240, 640 x 480, et même 1280 x 720
pixels (soit plus nettes que la télévision). Le problème est que, le plus
souvent, l’information sur ces résolutions d’images n’est pas donnée,
même sur les documentations des sites Internet des constructeurs.
Chacune de ces résolutions a un nom, qui, lui, est plus souvent
mentionné :
Télévision (720 x 576 pixels)
• 176 x 144 : QCIF
Téléphone qualité vidéo VGA (640 x 480 pixels)
• 320 x 240 : QVGA
• 640 x 480 : VGA
• 1280 x 720 : HD 720p
QVGA (320 x 240 pixels)
Donc, s’il indiqué par exemple
QCIF
« VIDEO QCIF », alors ne prenez pas
(176 x 144
pixels)
ce téléphone pour filmer !
• Qu’est-ce qu’une belle lumière ?
Faites avant tout confiance à votre
regard, observez (et faites observer)
ce qui change lorsqu’on se place d’un
côté ou de l’autre d’un personnage,
par rapport au soleil. Et faites regarder
des films de fiction : il y a quasiment
toujours un liseré lumineux autour des
personnages, qui les détache du fond,
et donne du relief à l’image. C’est ce
qu’on appelle le contre-jour. Il est plus
facile à obtenir le matin ou en fin de
journée, lorsque la lumière du soleil
est rasante. Dans un même lieu, avec
les mêmes éléments, en fonction de
l’endroit où l’on se place, on peut faire
une image plate ou une image avec du
relief. C’est une question d’attention,
>>>
pas de taille de caméra.
Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110 47
PRATIQUE
Un bon cadrage
les formes, plastiques, audiovisuelles).
Le fait de raconter une histoire n’est
pas spécifique au cinéma de fiction.
Qu’est-ce que raconter une histoire ?
C’est inscrire le spectateur dans une
situation, qui a un début, un milieu et
une fin. C’est-à-dire un point de départ,
une situation qui évolue, et un point
d’arrivée. Cette évolution peut être
strictement visuelle. Par exemple, si
l’on propose de faire un documentaire
sur un bâtiment, sans paroles, on va
réfléchir à ce qu’on montre au début,
ce qu’on fait découvrir peu à peu, et
ce qu’on comprend à la fin. C’est
bien une histoire qu’on va faire vivre
au spectateur.
• Le cadrage, bien sûr, est un élément
essentiel. Le principal défaut de cadrage
que l’on constate est le centrage
du visage dans l’image. C’est une
sorte de réflexe, on met le visage au
centre (fig. ). Mais, si l’on est en plan
rapproché, cela a pour effet de couper
le buste du personnage, alors qu’il y
a un énorme espace vide au-dessus
de sa tête. Et si l’on est dans un plan
large, cela a pour effet de couper les
pieds du personnage, alors qu’il y a,
aussi, de l’espace libre en haut. Il faut
donc se corriger en permanence, en
baissant le cadrage par rapport à ce
qui nous vient naturellement (fig. ).
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Le scénario
Raconter
une histoire
Faire un film, c’est raconter une
histoire. Mais comment faire ?
Quelles sont les techniques
spécifiques à l’audiovisuel ?
Et pourquoi est-ce si important ?
Les genres de films
• Il y a trois grands genres de films :
la fiction (histoires inventées), le
documentaire (point de vue sur la
réalité) et l’expérimental (travail sur
• Le travail d’équipe avec des adolescents est toujours très productif dans
la conception d’un scénario. En effet, il
est plus facile de réfléchir à plusieurs,
car en confrontant les idées, on se rend
compte plus vite de ce qui fonctionne
ou pas. Il s’agit aussi de travailler le
point de vue : de quel côté on se place,
qu’est-ce qu’on veut transmettre à
travers l’histoire que l’on raconte ?
• Il ne faut pas hésiter à faire travailler
les adolescents avec la voix-off. D’abord
cela donne une certaine facilité à
raconter une histoire, même sur des
images qui a priori n’en racontent
pas une. Et l’on a une latitude, au
moment du montage, pour améliorer
le film. La parole, la transmission de
la parole, est tout de même au point
de départ de l’usage du téléphone. Et
enfin, construire une parole, écrire un
texte, puis le dire, distinctement, est
un travail très riche pour les jeunes,
qui est loin d’être simple pour eux, et
leur fait parcourir un chemin personnel.
Le montage, une difficulté
• Le montage est le point difficile des
films tournés avec téléphone portable.
En effet, les formats des vidéos tournées
48 Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110
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dossieraction
Quelle histoire va-t-on raconter
et comment ?
avec téléphone portable sont tous
différents en fonction des marques
et des modèles et ne sont, pour la
plupart, pas reconnus par les logiciels
de montage habituels. Il faut donc
faire préalablement une conversion
de format vidéo.
• Par ailleurs, cette étape est complexe
à gérer, car le montage n’est pas un
acte collectif. Il est difficile d’être plus
de 2 ou 3 sur un poste de montage. Et
enfin ce travail prend énormément de
temps. Mais c’est aussi un moment
essentiel : on peut tout manipuler,
tout construire ou reconstruire, et
comprendre, apprendre, beaucoup.
Le plan séquence,
une solution
• Après plusieurs années d’expériences d’ateliers et d’animations
avec téléphone portable, j’ai peu à peu
abandonné l’étape du montage. Il me
semble que l’enjeu essentiel, avec le
téléphone portable, est l’apprentissage
de cette nouvelle relation à l’autre, qui
désormais passe par l’image. Dans
cette relation, le moment du tournage
est essentiel. Et au quotidien, on ne
fait pas de montage, on tourne des
séquences, qu’on transmet aux autres.
• Ce que l’on peut apporter, dans le
cadre d’un atelier, d’un stage, c’est
un autre usage, plus conscient, plus
concentré, de cet outil. Car si l’on
sait qu’on fera du montage après, on
peut filmer beaucoup, sans forcément
être très attentif à ce que l’on fait.
Voilà pourquoi je propose quasiment
toujours des ateliers en plan séquence.
Un plan séquence, c’est un film qui
a été tourné en une seule fois, sans
aucun montage.
• Tout est fait au moment du tournage :
le titre, le son, l’ensemble du film, le
générique. Cela oblige les réalisateurs
à une concentration très importante.
S’ils veulent une voix-off, une musique,
il faut trouver des solutions pour les
faire en direct. Ils y arrivent toujours,
en se mettant près du téléphone, en
diffusant la musique à partir d’un autre
téléphone, etc. Le tournage du film, au
lieu d’être fait de petits instants captés
auxquels on espère donner sens ensuite
au moment du montage, devient un
moment de grande concentration, un
vrai travail d’équipe, qui s’apprend,
qui se reprend.
• L’apprentissage se passe « en direct »,
il faut produire des efforts, de la concentration sur tous les aspects en même
temps pour que cela fonctionne. Cela
permet aussi aux jeunes de sentir toute
la complexité et la variété des éléments
qui composent un film, puisqu’ils
doivent tous les gérer en même temps.
Le rôle de l’animateur, sa présence dans
ce cadre-là, consiste à accompagner
les jeunes à prendre en compte le plus
possible de paramètres. Bien sûr, tous
les films ne sont pas réalisables en plan
séquence, mais c’est une contrainte
intéressante. Lorsqu’on propose un
atelier, il y a un cadre. Et je peux
vous assurer qu’en plan séquence, il
est possible de faire des choses très
multiples et très réussies. À condition
de tenir le cadre !
Montrer des films
• Perle
2006. De Marguerite Lantz. Une
véritable peinture vivante. Le téléphone
comme outil plastique.
• Reverse love
2007. De Morgan Földi Mohand. Un
clip rafraîchissant. Juste et spontané.
• Brother
2007. De Kerim Bersaner. Un cri, un film
politique, engagé. Le téléphone comme
outil de revendication, d’expression à
la fois intime et universelle.
• The champion
2008. De Rui Avelans Cœlho. Un film qui
n’aurait absolument pas pu être tourné
avec autre chose qu’un téléphone.
Une expérience des plus inédites,
très ludique.
• Aventures urbaines
2008. De Jocelyne Rivière et Serge
Rustin. Un film à la fois spontané et
extrêmement maîtrisé visuellement.
Un travail d’orfèvre sur la poésie du
quotidien.
>>>
• Le lieu de référence, sur lequel vous
pouvez trouver des centaines de films
de qualité tournés avec téléphone
portable, est le site internet du Festival
Pocket Films : www.festivalpocketfilms.
fr. Voici une sélection de films qu’il
me semble intéressant de montrer. Ils
sont de bonne qualité, le mode plein
écran est disponible, donc ce site peut
être utilisé comme un réel outil de
diffusion. Ils sont répartis par année.
Il peut être pertinent de constituer une
petite chronologie.
• Décroche
2005. De Stéphane Galienni. 40 secondes d’humour sur le langage SMS.
• Ceci n’est pas un film
2005. De Pascal Delé. Réflexion
poétique sur l’usage du téléphonecaméra. Un film très fin.
• Occupé
2006. De Léonard Bourgois-Beaulieu.
Une fiction incroyable, un tour d’Europe
à la recherche d’une baby-sitter, très
drôle. Un film qui nous fait comprendre
qu’on peut raconter une vraie histoire,
embarquer le spectateur dans une
aventure, avec un simple téléphone
portable.
© Jocelyne Rivière / Serge Rustin
Montrer des films, ambitieux,
qui nous font vivre des aventures,
découvrir des univers, tout en
étant très spécifiques à l’outil
téléphone, cela ouvre le regard.
© BL
Pour surmonter la délicate étape
du montage, une solution :
le plan séquence.
© BL
RÉALISER UN FILM AVEC UN TÉLÉPHONE PORTABLE
Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110 49
dossieraction
• Incident
2009. De Michael Szpakowski. La
rencontre entre l’accident du réel et
le regard d’un artiste.
• Turbo 2088
2009. De Guillaume Ballandras, Aurélien
Durand, Collectif Pied la Biche. Une
performance visuelle amusante et
profonde.
• Les ongles
2009. De Clément Deneux. Ames
sensibles s’abstenir. Quand le téléphone
portable rencontre le film à effets
spéciaux. Impressionnant !
Gérer les films
avec l’ordinateur
Pour montrer collectivement les
films tournés avec téléphone, on
passe par un ordinateur, branché
sur un vidéoprojecteur. Il faut
donc récupérer les films des
téléphones vers l’ordinateur.
Récupérer les films
• Les téléphones portables sont tous
équipés du Bluetooth (réseau local
sans fil, gratuit), très pratique si vous
avez un Macintosh, mais plus difficile
à faire fonctionner si vous utilisez un
PC. Par ailleurs, les temps de tranfert
sont assez longs.
• Le plus pratique, et le plus sûr,
est de s’assurer que les téléphones
utilisés pour le tournage sont pourvus
d’une carte mémoire amovible. Pour
accéder à son contenu, il suffit de
la sortir du téléphone et de l’insérer
dans un lecteur de cartes connecté à
l’ordinateur par un port USB.
• Attention, toutefois, d’acheter un
lecteur multicartes dans lequel on
peut directement insérer les supports
de petit format qui se trouvent dans
les téléphones (principalement Micro
SD et M2).
PRATIQUE
• Certains téléphones comme le LG
Viewty (très répandu, et qui filme très
bien) peuvent aussi, via un câble, se
brancher sur l’ordinateur pour donner
accès à la carte mémoire qui se trouve
à l’intérieur.
• Une fois que les vidéos sont dans
l’ordinateur, demandez aux participants
de désigner laquelle ils ont choisie, et
nommez-la avec précision. Il faut en
effet faire preuve d’une organisation
draconienne, avec des dossiers datés,
car les éléments numériques sont si
nombreux qu’on peut tout mélanger
très rapidement.
Les logiciels de lecture
• Les formats des fichiers vidéo des
téléphones sont extrêmement divers.
Il y a trois logiciels de lecture qui sont
à même de les prendre en charge :
– Quicktime (Mac /PC),
– VLC (Mac/PC),
– Media Player Classic Home Cinema
(PC).
• Ces trois logiciels sont téléchargeables gratuitement. Le plus simple
d’usage est Media Player Classic.
Il suffit d’ouvrir le logiciel, de faire
glisser le fichier vidéo dessus, et de
double cliquer dans l’image pour le
mode plein écran. Avec Quicktime, le
mode plein écran n’est disponible que
dans la version Pro (30 €). Et VLC ne
lit pas absolument tous les formats
des téléphones.
50 Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110
La diffusion sur place
• Grâce à un logiciel de lecture, en
faisant une « playlist » et en se mettant
en mode plein écran, on peut réaliser
une vraie diffusion cinématographique.
Il faut absolument faire une diffusion
de qualité (en faisant le noir et avec un
bon son), d’abord dans le groupe de
réalisation, afin de parler sur les films,
de leur donner toute leur importance.
Puis, on peut envisager une diffusion
collective pour un autre public.
Internet
• Il est très bien de mettre les films
en ligne sur Internet, après qu’ils ont
été diffusés collectivement. Mais il y
a trois points préalables à mon sens :
1. Il faut avoir le droit de le faire
(autorisation des parents pour les
mineurs).
2. Ne pas utiliser Youtube et Dailymotion, qui ajoutent de la publicité.
Il y a des moyens de mettre en ligne
des vidéos, en faisant une conversion
au format flv, sans passer par un site
de partage.
3. Il faut éditorialiser la mise en ligne
des vidéos. Que ce soit l’objet d’un
atelier aussi : choix des images représentatives, écriture de textes, etc.
Deux logiciels permettant de lire
les films sur ordinateur :
à gauche, Quicktime ;
à droite, VLC.
RESSOURCES
RÉALISER UN FILM AVEC UN TÉLÉPHONE PORTABLE
LIVRE
Tournez un film
avec votre téléphone portable,
Benoît Labourdette, Dixit, 17 €
Comment choisir son téléphone portable,
comment produire de belles images et
un bon son, comment faire le montage,
comment diffuser son film, interviewsconseils par les lauréats du Festival Pocket
Films, bases techniques de la vidéo numérique en général,
glossaire extensif… Ce livre couvre l’ensemble du sujet de
la technique avec téléphone portable, c’est une « boîte à
outils » utile pour trouver des réponses concrètes au cours
de la démarche de création.
SITES INTERNET
http://lesfilmsdepoche.com
Un blog de Matthieu Chéreau,
critique de cinéma, qu’il a
tenu jusqu’en 2008, et qui
reste une riche ressource. Il
propose des regards critiques
assez passionnants sur les
enjeux des films tournés avec
des téléphones portables.
Rencontres avec des cinéastes, explorations des thématiques
propres à ce nouveau support et élaborations théoriques.
www.festivalpocketfilms.fr
Le site officiel du Festival Pocket Films est le lieu où sont
rassemblés, et visionnables, le plus de films tournés avec
téléphone portable. Tous les genres y cœxistent. Vous trouverez
aussi des conférences filmées ou audio (par exemple Serge
Tisseron ou Bernard Stiegler), mais aussi des articles de
fond (Roger Odin, Alain Fleischer…), des interviews, en texte
et vidéo, de réalisateurs
(Olivier Ducastel, Richard
Texier, Marcel Hanoun…),
l’information sur à peu près
tous les autres événements
culturels du même type, etc.
Une large partie du site est
consacrée aux expériences
d’animation et pédagogiques. Les enjeux du droit
à l’image y sont aussi discutés. Le Festival Pocket Films est le
premier et plus important événement consacré à la création
audiovisuelle avec caméras de poche. Il existe depuis 2005.
www.danslapoche.org
Le site des actions et
animations avec téléphone
portable en région PACA.
Des films à visionner et des
expériences à partager. Site
à suivre, car de nombreux
partenariats autour du sujet
en région PACA, que ce site
fédère, laissent à penser
que les ressources vont s’y enrichir.
www.quidam.fr
Le site internet de Quidam
production, société de production
de Benoît Labourdette, auteur
de ce dossier et directeur
artistique du Festival Pocket
Films. Vous y trouverez un grand
nombre de films qu’il a réalisés,
tournés avec téléphone portable.
Exploration de concepts et expérimentations techniques et
visuelles, font que ces films servent régulièrement de base
à des ateliers et propositions d’animations culturelles. Vous
découvrirez aussi des ressources techniques plus larges sur
« les caméras d’aujourd’hui », « la convergence numérique »
et des retours d’expériences concrets et opératoires d’ateliers
menés avec des téléphones portables.
DVD
J’aimerais partager
le printemps avec quelqu’un
De Joseph Morder,
Éditions La vie est belle
Le premier long métrage tourné avec
téléphone portable qui ait été distribué
en salles de cinéma en 2008. Le DVD est
sorti en 2009. Joseph Morder, pionnier du
journal filmé depuis 40 ans, explore la caméra du téléphone
portable au quotidien. Un simple journal qui devient, au fur
et à mesure, une histoire d’amour de fiction échevelée, dans
la France de la campagne électorale de 2007.
Le Journal de l’Animation • JUIN-JUILLET 2010 • N° 110 51

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