La gestion intégrée des agents territoriaux au sein
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La gestion intégrée des agents territoriaux au sein
initiatiVe atlas de l’emPloi le bilan professionnel Gestion des ressources humaines outils de reclassement et bilan de carrière la gestion intégrée des agents territoriaux au sein des dRH Suite à la promulgation de la loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », le conseil en organisation a été sollicité à plusieurs reprises sur des problématiques d’outils d’aide au reclassement et notamment sur la prise en charge de bilan de compétences. Quel mode d’organisation et de gestion des ressources humaines choisir ? A cette question, certaines collectivités locales ont répondu par défaut depuis longtemps, d’autres l’ont fait par choix, tandis que d’autres se la posent encore. La gestion intégrée, principe de gestion des ressources humaines qui confie a minima aux gestionnaires la carrière et la paie du personnel, semble de plus en plus un mode d’organisation privilégié par les collectivités. Qu’en est-il vraiment ? En quoi consiste le bilan professionnel ? Une convention avec le FIPHFP pour aider au reclassement La gestion intégrée : qu’est-ce que c’est ? E bilan professionnel est un outil d’accompagnement ayant pour objectif premier de permettre à des agents en situation de reclassement et/ou d’inaptitude à l’emploi de trouver une issue professionnelle durable tenant compte, notamment, des aspects restrictifs face à l’exercice d’une nouvelle activité, des capacités d’adaptation et d’apprentissage de l’agent, de ses intérêts professionnels et des limites existantes. ArAllèlEMEnT, une convention entre les deux centres de gestion d’Île-deFrance et le FIPHFP (Fonds pour l'Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique) était signée. Cette convention, reconduite en décembre, a pour objet d’accompagner les collectivités devant assumer le reclassement de certains de leurs agents. Pour aider les collectivités dans ces situations, le CIG met à leur disposition des experts en mesure de les suivre et de les aider dans cette démarche de reclassement, tout en assurant un financement partiel ou total, du FIPHFP, des aides apportées selon leur nature. © olly l le bilan professionnel consiste en 6 à 8 rendez-vous en face à face. Il est également constitué de travaux de réflexion et de rédaction confiés à l’agent, ainsi que du passage d’un test d’intérêts professionnels. Un travail d’accompagnement à la rédaction d’un CV, d’une lettre de motivation et une simulation d’entretien sont également prévus dans le déroulement du bilan professionnel. Un bilan professionnel adapté à la fonction publique territoriale outil d’accompagnement était auparavant proposé aux collectivités seulement par des organismes privés. Or, ces derniers travaillent majoritairement avec des salariés du secteur privé et connaissent peu et mal le monde de la fonction publique territoriale et les spécificités de ses métiers. C ET P Le rôle du consultant E consultant a la charge d’un important travail d’analyse et d’exploitation des données résultant des entretiens et des travaux réalisés afin de proposer à l’agent 3 pistes professionnelles réalistes et pertinentes vis-à-vis de ses attentes et du marché du travail. l les solutions proposées ne sont pas toutes pérennes. En effet, il arrive qu’une collectivité ne soit pas en mesure de reclasser l’agent en interne. Une mobilité doit donc être envisagée. C’est pourquoi le rôle du consultant consiste aussi à assurer un lien avec la collectivité demandeuse pour envisager les pistes d’emplois qui peuvent se dégager en interne, tout cela sans trahir la confidentialité des entretiens. Il est à noter que l’investissement de la direction des ressources humaines est essentiel. le bilan n’est efficace que si la direction s’engage et s’implique. Un premier entretien comme prise de contact ... déclencher la réalisation d’un bilan, la collectivité doit en faire la demande par écrit (courrier ou mail). la plupart du temps, l’origine de la demande vient soit du médecin de prévention qui suggère le bilan, soit de la direction des ressources humaines. P OUr Une première rencontre est organisée entre l’interlocuteur de la collectivité, l’agent en situation de reclassement et le consultant du CIG. Ce premier entretien vise à mesurer la pertinence de la réalisation d’un bilan professionnel dans une situation donnée et de s’assurer de la motivation et des aptitudes de l’agent à s’investir dans cet exercice. Elle a aussi pour rôle de déterminer si la situation de l’agent est suffisamment stable pour être en capacité de suivre le bilan. le service conseil en organi sation et ressources humaines a donc décidé de construire un outil pertinent et adapté à la population territoriale en situation d’inaptitude et/ou reclassement afin de le proposer aux collectivités qui le souhaitaient. assistante sociale, médecin de prévention, ergonome, ... accompagnent le consultant dans la réalisation du bilan professionnel © Africa 12 l’essentiel n° 91 ODE d’organisation des ressources humaines qui repose sur la gestion simultanée a minima de la carrière et de la paie des agents, la gestion intégrée se différencie d’une gestion traditionnelle de la carrière d’un côté et de la paie de l’autre. M le gestionnaire carrière / paie, compétent tant au niveau de la carrière que de la paie, dispose d’un portefeuille d’agents aux profils variés (agents des trois catégories hiérarchiques, fonctionnaires, non titulaires, assistantes maternelles, personnel des services techniques, …) qui est généralement compris entre 100 et 200 agents. Chaque mois, les gestionnaires travaillent à un rythme bien précis : construction de la paie en fonction des éléments de carrière, relecture systématique et comparaison avec les paies précédentes, opération de mandatement, envoi au Trésor Public et transfert des charges. Quels sont les avantages de la gestion intégrée ? Du côté des agents la répartition du personnel en portefeuille permet aux agents d’avoir un référent unique au sein de la DrH. Ce dernier est souvent indiqué sur le bulletin de paie que reçoit chaque mois l’agent. le gestionnaire carrière / paie connaît ainsi la situation de l’agent, suit son évolution de carrière et sa rémunération. la gestion intégrée peut parfois s’étendre à la formation ou à la maladie des agents. Du côté des gestionnaires Interrogés sur les différences entre gestion intégrée et séparation stricte entre la carrière et la paie, les gestionnaires carrière / paie Décembre 2012 ont témoigné des nombreux avantages de la gestion intégrée : • la construction de la paie tout en suivant la carrière de l’agent, et inversement, permet plus facilement d’éviter des erreurs de paie ; • l’échange entre gestionnaires à propos de certaines difficultés rencontrées est possible ; • la gestion simultanée de la carrière et de la paie des agents permet d’échapper au côté répétitif du poste. Du côté des collectivités • la gestion intégrée contribue à donner une image plus professionnelle de la DrH auprès des agents ; • la répartition de la compétence paie évite les situations de crise où l’unique détenteur de la compétence ne serait plus en mesure d’effectuer sa tâche ; • l’absence éventuelle d’un collègue est compensée par la polyvalence des gestionnaires. Quels sont les freins à la mise en place de la gestion intégrée ? M êME si la tendance des collectivités © Sergej Khackimullin cette transition, la formation d’agents présents dans le but d’acquérir de nouvelles compétences, voire le recrutement de gestionnaires carrière / paie. Qui plus est, les gestionnaires carrière / paie se font rares et sont souvent convoités par les collectivités. Identifié comme l’un des cinq métiers les plus en tension sur le marché de l’emploi en Grande couronne en 2011, la polyvalence de ces agents et leur opérationnalité sont très recherchées. Enfin, l’absence de formation initiale de gestionnaire de la paie et de la carrière spécialisé « public » rend quasi-inexistant un vivier d’agents. les solutions restent souvent le « débauchage » ou la formation d’un gestionnaire carrière ou d’un gestionnaire paie qui lui permettra d’être polyvalent. Florian Pocquet analyse et prospective sociales Secrétariat : 01 39 49 63 22 [email protected] témoiGnaGes se traduit par le passage d’une gestion qui sépare la carrière et la paie à une gestion intégrée, cela ne signifie pas pour autant que ce changement d’organisation soit forcément pertinent ou évident dans sa mise en place. « Aujourd’hui, en tant que gestionnaire carrière / paie, il ne m’est plus possible de choisir entre la paie et la carrière. Les deux vont ensemble. Quand on traite la situation d’un agent, on pense à l’arrêté et donc à la paie, et inversement ». Propos d’un gestionnaire carrière / paie. Pas forcément pertinent tout d’abord car ce choix d’organisation dépend de nombreux facteurs : taille de la collectivité, organisation historique et fonctionnement de la direction des ressources humaines, présence d’agents experts dans un des domaines, … « Il est souvent plus facile pour un gestionnaire paie de devenir polyvalent et de toucher à la carrière. Dans ma précédente collectivité, un gestionnaire carrière n’a pas réussi à faire la paie. Il considérait cela comme trop technique ». Propos d’un responsable de service carrière / paie. Pas forcément évident ensuite car ce changement implique le plus souvent une réorganisation du service des ressources humaines : la gestion dans le temps de Le service Analyse et prospective sociales remercie des villes de Montesson et de Poissy qui nous ont reçus et qui ont répondu à l’ensemble de nos questions sur le sujet. 5