the great yokai war

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THE GREAT YOKAI WAR
YOKAI DAISENSO
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Titre original : YOKAI DAISENSO
Autre titre : GUERRE DES YOKAI, LA / GREAT YOKAI WAR, THE
Année : 2005
Nationalité : Japon
Acteurs : Ryunosuke Kamiki, Bunta Sugawara, Chiaki Kuriyama, Kaho Minami, Hiroyuki Miyasako, Mai
Takahashi, Masaomi Kondo, Naoto Takenaka, Kenichi Endo, Sadao Abe, Takashi Okamura, Kiyoshiro
Imawano, Renji Ishibashi, Toshie Negishi & Asumi Miwa
Réalisateur : Takashi Miike
Scénario : Hiroshi Aramata, Takashi Miike, Mitshuiko Sawamura & Shigeru Mizuki
Musique : Kôji Endô
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Tadashi est un jeune garçon ayant déménagé à la campagne
avec sa mère et son grand-père. Mal dans sa peau suite à la
difficulté d´adaptation qu´il subit, Tadashi est choisi lors d´une
soirée folklorique comme le «Kirin Rider» (gardien des
esprits). Un rôle qu´il prend d´abord à la légère avant de
s´apercevoir que les monstres et esprits, les Yokais, existent bel
et bien. Alors qu´un humain malfaisant kidnappe ces même
Yokais pour les transformer en machines destructrices en vue
d´asservir la Terre, Tadashi va devoir unifier le monde des
esprits et mener une gigantesque bataille.
Sous leurs aspects délirants et grotesques, les Yokais sont
issus du véritable folklore japonais. Un folklore qui ne
plaisante pas avec ses monstres puisque chacun possède un
nom, une histoire, et fait partie d´un clan composé d´autres
Yokais clairement définis. Une incroyable minutie qui
répertorie ainsi plus d´une centaine de personnages. Pour tenter
de résumer ce qu´est un Yokai, on peut dire qu´il s´agit très
largement d´un être surnaturel. Parfois doté de particularités
physiques (certains étant mi-hommes mi-animaux) ou de
capacités spéciales (comme de voler dans les airs), le Yokai
n´est pour autant ni bon ni mauvais par nature. La société des
Yokais possède donc ses héros et ses méchants, ses boute-entrain et ses personnages terrifiants, un formidable vivier pour
l´imaginaire local.
C´est le mangaka Shigeru Mizuki qui met les Yokais à
l´honneur en 1959 avec la bande dessinée Ge Ge Ge No Kitaro,
l´histoire d´un enfant vivant entre le monde des humains et des
Yokais. La réussite est telle que la télévision adapte le manga
pour une série télé au succès phénoménal. C´est en 1968 que
débute la saga «officielle» des Yokais au cinéma. THE
HUNDRED MONSTERS de Kimiyoshi Yasuda est le premier
film d´une trilogie culte, comprenant SPOOK WARFARE de
Yoshiyuki Kuroda (le meilleur) et ALONG WITH GHOSTS
de Yasuda et Kuroda. Le public visé est avant tout les enfants
qui, loin de frissonner devant cette parade monstrueuse, se
régalent et s´identifient à ce monde étrange. Une séquence de
l´animé POMPOKO de Isao Takahata (qui narre les déboires
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des «tanukis», des ratons laveurs aux pouvoirs surnaturels)
résume bien le rapport entre la population japonaise et les
Yokais. Organisant un défilé de Yokais en plein Tokyo afin de
terrifier les habitants (et ainsi freiner l´expansion industrielle de
la ville), les tanukis constatent stupéfaits que parents et enfants
s´émerveillent à l´unisson de la monstrueuse parade ! Une
séquence qui résume l´incroyable goût des japonais pour le
grotesque.
Pour fêter les 60 ans de la Kadokawa, le studio décide de
lancer un remake à gros budget de SPOOK WARFARE (le
film faisant partie du catalogue de la Daiei que la Kadokawa a
rachetée). L´occasion de remettre au goût du jour les Yokais
souvent délaissés par le cinéma, tout en profitant des évolutions
technologiques en matière d´effets spéciaux. Baptisé YOKAI
DAISENSO alias THE GREAT YOKAI WAR, le film marche
sur le concept d´un GODZILLA FINAL WAR de Ryuhei
Kitamura : sur un scénario (d´apparence) prétexte, le métrage
condense l´intégralité des monstres répertoriés pour une
surenchère jouissive et régressive. En occident, THE GREAT
YOKAI WAR serait à n´en point douter passé plus inaperçu si
ce dernier n´était pas réalisé par Takashi Miike, le fou derrière
les pétages de plombs cinématographiques les plus corsés de
ces dix dernières années, et qui s´essaie depuis quelque temps à
un cinéma plus familial. Ce nouveau film s´inscrit donc dans la
lignée directe de ZEBRAMAN et de son hommage nostalgique
aux Sentaïs (le super héros nippon). Les spécialistes
remarqueront quant à eux un autre grand nom au générique du
film puisque Hiroshi Aramata est crédité au scénario (l´homme
est responsable de la nouvelle et du script de MEGALOPOLIS
de Rin Taro).
THE GREAT YOKAI WAR débute de manière assez
classique en mettant en scène un jeune garçon totalement mis à
l´écart de son environnement : on se moque de lui en classe, il
n´arrive pas à communiquer avec sa famille (il n´ose même pas
tenir la main de son grand-père en se promenant). Un type de
personnage que l´on retrouve beaucoup dans le cinéma
japonais de ces dernières années (ce qui en dit
malheureusement long sur la jeunesse japonaise).
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Heureusement, le récit initiatique qui s´ensuivra n´a pas pour
ambition de nous jouer du violon mais de délivrer un message
pertinent à la jeune génération. Citadin, le jeune Tadashi a
développé une timidité maladive suite à la pression du Japon
industrialisé. Lorsqu´il s´exile à la campagne et découvre la
société des Yokais, Tadashi est confronté pour la première fois
aux véritables racines de sa culture. D´abord effrayé, le garçon
va apprivoiser sa peur en apprenant le fonctionnement de cette
étrange société pour ensuite devenir une pièce indispensable au
bon déroulement de cette dernière.
Cette dualité entre le Japon naturel et traditionnel (le monde
des Yokais) en opposition avec le Japon urbain et moderne (le
monde des humains) est de plus appuyé par les odieuses
actions du méchant de service, Kato (un homonyme du démon
de MEGALOPOLIS, qui plus est vêtu d´un costume très
similaire), un humain désirant asservir le monde. Aidé dans sa
tache pour un(e) Yokai amoureuse de lui (la très «hype» Chiaki
Kuriyama, la lanceuse de «boule» de KILL BILL), ce dernier a
inventé une machine qui transforme les Yokais en robots
destructeurs. En d´autres termes, le méchant est un odieux
promoteur qui sacrifie sa propre culture et la richesse de son
folklore à une industrialisation massive et sans âme. Pour que
le message soit bien compris, Kato envahit Tokyo dès la moitié
du film, laissant derrière lui un paysage désolé de décombres
pollués. A l´instar de beaucoup de films fantastiques ou de
science-fiction japonais, THE GREAT YOKAI WAR mise de
nouveau sur le thème de l´écologie et du rappel aux racines. Un
point de vue qui commence à devenir un peu cliché, mais qui a
pourtant entièrement sa place ici.
Mais venons en au fait. Si THE GREAT YOKAI WAR est
une réussite trépidante, c´est avant tout parce qu´il laisse
grandement la place à sa parade de monstres. Le spectateur
coutumier des films de 68 retrouvera avec un plaisir intact
Kappa (l´espèce d´homme-tortue-canard), la femme au cou
s´allongeant démesurément, et surtout Karakasa, l´ombrelle à
un œil qui se déplace en sautillant sur une jambe. Bien entendu,
ce bestiaire est considérablement grossi grâce à l´ajout de
Yokais inédits à l´écran (mais pour autant répertoriés dans la
culture nippone). Pour nous pauvres occidentaux, ce bestiaire
est d´une richesse grotesque hors norme, et l´on se frotte à plus
d´une reprise les yeux devant certains designs totalement
improbables (comme cette masse verte composée d´yeux, ou
encore ce furieux général à tête de porcelaine). En guise de clin
d´œil, Miike se permettra même de rajouter quelques monstres
issus de son propre cinéma dans quelques coins discrets de
l´écran. Aussi apercevons-nous l´homme à tête de vache de
GOZU ou encore l´extra-terrestre à crâne de crabe de
ZEBRAMAN.
Doté d´un rythme et d´une imagination folle, d´une
interprétation de haut niveau où se mélange vétérans (dont
l´éternel complice Naoto Takenaka) et nouveaux venus
(mention spéciale au très jeune Ryunosuke Kamiki), il est
difficile de ne pas se montrer conquis devant THE GREAT
YOKAI WAR. Miike a beau faire un blockbuster familial
japonais, son film ne ressemble à nulle autre. L´homme met à
profit son sens du délire pour nous concocter des moments
franchement hilarants et barrés, d´un voyage accroché aux ailes
d´un avion à une petite créature vulnérable se défendant grâce à
ses jets d´urine. Bien que destiné à un public enfantin, Miike
ose l´érotisme dès qu´il s´agit de peindre ses deux principaux
personnages féminins. Un érotisme antagoniste pour
caractériser les deux rivales : cru et agressif avec Chiaki
Kuriyama (qui n´a de cesse de nous dévoiler sa petite culotte),
doux et pudique avec Kawahime / la princesse des eaux (dont
certains plans de «jambe humide» ne sont pas sans rappeler
ONIBABA de Kaneto Shindo). Les effets spéciaux, très
nombreux, sont utilisés avec une décontraction désarmante. On
est ici très loin de l´école photo réaliste. Certains monstres sont
d´un joyeux caoutchouteux, voir revendiquent fièrement leur
statut de marionnettes animées «en chaussette», et les effets
numériques n´hésitent pas à jouer l´expérimentation (comme
les robots se mouvant de manière saccadée, pour mimer de la
rudimentaire stop motion). Ce festival pour les yeux et les
oreilles n´empêchera pourtant pas le film de se conclure dans la
douceur d´un dialogue au milieu d´une rue déserte. Il ne suffit
pas de mener une guerre pour passer à l´âge adulte, mais juste
de savoir qui l´on est.
THE GREAT YOKAI WAR est disponible en édition
chinoise avec des sous-titres anglais à la fois sur le film ainsi
que sur ses nombreux bonus. Doté d´un packaging plutôt
luxueux, le film se pare de caractéristiques techniques
parfaites. L´image est au format et ne souffre d´aucun défaut.
Le film est proposé en Dolby Digital 5.1 ou DTS, mention
spéciale pour cette dernière qui risque d´ébranler votre salon
sous la fureur sonique de certaines scènes.
Un deuxième disque de bonus propose une interactivité très
copieuse (plus de trois heures), hélas répertoriée dans un fourretout qui confine à l´anarchie. Nous trouvons pèle mêle
différents sketches avec des Yokais tournés en vidéo. Si
certains sont quasi irregardables, la longue séquence où Kappa
est placé en garde-à-vue au poste de Police a le mérite d´être
amusant malgré ses forts relents de série Z. Ensuite, plusieurs
modules nous font revivre la communication autour du film,
des différentes conférences de presse à l´avant-première
japonaise où la tradition exige que l´équipe fasse état d´une
courte présentation avant la projection. Redondants et très
ciblés, ces
reportages ne risquent d´intéresser que les
journalistes spécialisés et minutieux.
Plus intéressants, de longs Making Of donnent la parole aux
auteurs du film dans des interviews fleuves mélangées à des
images de tournage ou de production. Un premier
documentaire recueille la parole des interprètes principaux.
Chacun détaille son expérience, entre séance de maquillage
interminable et tournage complexe sur fond bleu, tout en
livrant très sérieusement son opinion sur les Yokais et leur
éventuelle existence. Nous n´y apercevrons pas le jeune
Ryunosuke Kamiki car un module de près d´une demi-heure lui
est entièrement consacré. S´ouvrant dans l´enceinte du
prestigieux festival du film de Berlin où THE GREAT YOKAI
WAR fut présenté, le reportage suit les traces de ce jeune
inconnu projeté du jour au lendemain à la tête d´un film à gros
budget. Comme le dit très justement Miike au détour d´une
conférence de presse, le film est autant le récit initiatique du
jeune acteur que de son personnage.
Takashi Miike, justement, est interviewé à l´intérieur d´un
autre documentaire consacré à l´équipe derrière la caméra.
Avec une sorte d´amusement, nous assistons à l´inquiétude
d´un homme qui a passé une année entière sur un seul film
alors qu´il en enchaîne d´habitude au moins trois ou quatre par
an ! Ce qui nous permet de déduire entre les mots que la
carrière prolifique de l´homme est la conséquence d´une
touchante peur de l´échec. Dans sa deuxième moitié, le module
enchaîne les interviews des créateurs des monstres. Des
designers exposant leurs fabuleux dessins, des maquilleurs
prosthétiques aux graphistes 3D, les effets spéciaux sont
longuement et fièrement représentés pour notre plus grand
intérêt. Enfin, une fine archive répertoriant des photos de
kilotonnes de Yokais est présente.
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En abordant une filmographie plus consensuelle (ONE
MISSED CALL alias LA MORT EN LIGNE) ou familiale
(ZEBRAMAN), Takashi Miike enchaîne les succès critiques et
commerciaux. THE GREAT YOKAI WAR est une nouvelle
réussite ciblée tout public, où l´imagination folle du réalisateur
fait des étincelles face au folklore encore plus dément des
Yokais. A voir d´urgence pour les amoureux de la culture
japonaise, ou encore à ceux qui pensent encore que le cinéma
familial est synonyme de films lisses et attendus.
Eric Dinkian
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Spécifications de l’édition DVD chroniquée
Editeur : Universe Laser & Video
Zone : 3 - Hong Kong / Chine
Format Disque : 2 DVD
Durée : 124 minutes
Format d’image : 16/9 - 1.85
Format(s) sonore(s) : Japanese (DTS 5.1), Japanese
(Dolby Digital 5.1), Cantonese (Dolby Digital 5.1)
Sous-titrage(s) : English, Chinese
Liste des bonus de l’édition DVD chroniquée
• Another story of Kawataro (16mn11)
• Interview with main cast (50mn03)
• World yokai conference (12mn51)
• Visual records of promotion (17mn23)
• Short drama of yokai (13mn39)
• Documentary of Ryunosuke Kamiki (27mn05)
• Making of Yokai movie (41mn17)
• The introduction of Yokai
• Biographies
• Takashi Miike
• Ryunosuke Kamiki
• Chiaki Kuriyama
• Naoto Takenaka
• Etsushi Toyokawa
• Bande-annonce
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