Tournages cinéma et innovations technologiques redonnent

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Tournages cinéma et innovations technologiques redonnent
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Tournages cinéma et
innovations technologiques
redonnent vie à la mine
d’Arenberg
ENTREPRISE / EDUCATION, UNIVERS, SERVICES // mercredi, 23 décembre 2015
// Rédigé par Pierre-Antoine Taufour
Après plus de 80 ans d’activités centrées sur l’extraction du charbon, le site de la
mine d’Arenberg connaît une nouvelle jeunesse avec l’ouverture d’arenberg
Creative Mine. Inauguré le 25 septembre dernier, ce nouvel espace de production
audiovisuelle a été aménagé et équipé pour accueillir des tournages et mener des
travaux de recherche en association avec l’Université de Valenciennes et du HautCambrésis.
La mine de Wallers-Arenberg a été ouverte en 1903 et a compté sur place jusqu’à
4 000 mineurs, répartis sur trois puits. Avec le déclin du charbon, elle a été
fermée en 1989. Toutes les installations, dont les trois gigantesques chevalets, ont
failli être détruites. Mais les associations de mineurs, avec l’appui des collectivités
locales, se sont battues pour préserver ce patrimoine de l’histoire industrielle du
Nord. En 2009, le site est classé au patrimoine des Monuments Historiques. Mais
à part préserver les bâtiments, comment redonner vie à ces immenses ateliers ?...
Quand, soudain, Claude Berri est arrivé en 1992 pour y tourner Germinal. Cet
événement a constitué le déclic de la renaissance du site d’Arenberg. Depuis, plus
de quarante tournages s’y sont déroulés.
Ces nouvelles activités ont orienté les réflexions autour la reconversion des vastes
espaces de la mine d’Arenberg. La communauté d’agglomérations des Portes du
Hainaut y avait déjà installé ses bureaux et a mené une série d’études autour de ce
projet. En 2006, elle a rencontré les responsables de l’Université de Valenciennes
et du Haut-Cambrésis, ce qui l’a conduit à repenser Arenberg comme lieu de
rencontre et de développement entre les milieux scientifiques, économiques et
culturels. Le projet de reconversion s’appuie sur trois axes : développer la
recherche et la culture scientifiques, avec l’installation sur place du laboratoire
universitaire DeVisu, favoriser l’accueil de tournages, avec notamment la présence
d’une halle d’essais avec cyclorama et des équipements permettant la réalisation
intégrale d’un film et enfin valoriser les atouts patrimoniaux, culturels et
touristiques du site et de la Région.
Sous la direction de Sylvie Leleu-Merviel, le laboratoire DeVisu (Design Visuel et
Urbain) développe des activités de recherche autour des technologies innovantes
de l’audiovisuel et des médias numériques. Il favorise leur transfert vers
l’économie, la formation et les services dans l’habitat et l’urbanisme.
Le projet global de reconversion a été élaboré avec un budget global de 49
millions d’euros HT. Une première phase de 20,5 millions d’euros concerne
l’installation sur place du laboratoire De Visu, la construction d’un nouveau
bâtiment avec une salle de projection multifonctions et enfin la réhabilitation du
vaste atelier des compresseurs, réaménagé en halles d’essais associées à des
studios vidéo et son. Le financement de cet ensemble a été assuré par l’Europe
(FEDER) à hauteur de 6,15 millions d’euros, la région Nord-Pas-de-Calais, 8 millions
d’euros, le département du Nord, 1,50 million d’euros et le solde par la
Communauté d’Agglomérations des Portes du Hainaut. Son président Alain
Bocquet résume l’ambition du projet : « En passant du graphite au graphique, il
s’agit de faire d’Arenberg un pôle incontournable en matière de recherches et
d’industrie audiovisuelles. Lorsque Claude Berri est venu poser ses caméras en
1992 pour Germinal, il ne pouvait imaginer marquer l’avenir du site à tout jamais. »
Ce projet s’inscrit dans la politique d’aide régionale en faveur du cinéma et de
l’audiovisuel concrétisée par les actions de Pictanovo.
Pour la réalisation des travaux, la communau- té des Portes du Hainaut a choisi la
formule du PPP (partenariat public privé) en signant un contrat avec le
groupement Pimawa associant des investisseurs, la Caisse des Dépôts et
Consignations, Be Invest et des industriels menés par le groupe Bouygues. La
conception architecturale a été confiée à Nathalie T’kint, architecte à Lille et à
l’agence Skope de Bruxelles. Pour la définition des équipements audiovisuels,
Hervé Pavard, directeur technique de TF1 et formé à l’Université de Valenciennes a
apporté ses compétences pour la mise au point du dossier. Ensuite, les études et
le suivi du chantier ont été assurés par Emmanuel Joubard, de la société 42
Mediatvcom. Dès le début de son intervention, il a tenu à associer les futurs
utilisateurs à la définition des installations, gage de la parfaite adéquation des
moyens aux objectifs initiaux. Les travaux de construction et de rénovation ont
été menés en 17 mois par Bouygues Bâti- ment Nord-Est.
UN ESPACE DE PROJECTION MULTIFONCTIONS
Les installations d’Arenberg Creative Mine sont réparties sur deux espaces : un
nouveau bâtiment construit sur mesure et dénommé le Leaud, Laboratoire
Expérimental pour les Audiences et les Usages de Demain, et plus loin l’un des
anciens bâtiments de la mine, la salle des compresseurs.
La partie centrale du Leaud est constituée par une salle de projection de 300
places – agréée par la CST – et équipée avec deux vidéoprojecteurs Nec, dont un
modèle 4K, diffusant sur un écran de 12 x 5 m. Les gradins sont motorisés pour
transformer la salle en espace polyvalent avec un gril afin d’y réaliser des
tournages, d’y tester des configurations expé- rimentales ou d’organiser des
manifestations culturelles. Une seconde salle de projection de six places a été
configurée comme laboratoire d’analyse des émotions pour des travaux de
recherche comportementale. Elle est équipée d’un système de suivi de regard
(eye tracking) et de différents capteurs physiologiques (rythme cardiaque...).
DEUX PLATEAUX DE CAPTATION
Le second espace dédié aux activités d’Arenberg Creative Mine est la salle des
compresseurs, réhabilitée pour accueillir des plateaux de tournage et des salles de
travail sur plusieurs niveaux. Un premier plateau, d’une surface de 500 m2, a été
aménagé en halle d’essais pouvant accueillir tout type de tournage ou de
captation expérimentale. Il est équipé d’un gril motorisé et d’un cyclo de 16 x 9 m.
Il est également doté d’un système de motion control Mark Roberts. Un système
de motion capture à douze caméras est destiné à des prises de vues avec analyse
du mouvement en vue de réalisations avec effets spéciaux.
Un second plateau de 135 m2 a été installé pour des tournages vidéos
multicaméras. Avec son gril placé à cinq mètres, et un éclai- rage constitué de
projecteurs à LED, les prises de vues sont assurées grâce à cinq caméras plateau
Sony HD, dont deux montées sur têtes motorisées. La régie attenante est
organisée autour d’un mélangeur Panasonic AV-HS6000 auquel sont raccordés un
lecteur/enregistreur Sony XDCam, un Panasonic P2 et un HDCam multiformat
pour exploiter tous les formats de cassettes d’archives. Tout l’habillage graphique
est créé grâce aux outils d’Orad et les plateaux sont enregistrés sur un serveur
vidéo de la même marque. Le mixage son est assuré grâce à une console Yamaha
CL-5 câblée en Dante. Une régie mobile installée en flight-cases complète cet
ensemble avec des caméras Sony BRC700 associées à un mélan- geur Sony
Anycast Touch.
UNE POSTPRODUCTION EN 4K
L’une des volontés des initiateurs du projet est de proposer sur place une chaîne
complète de production en 4K, depuis la captation jusqu’à la diffusion en passant
par toutes les étapes de la production. Dans ce but, quatre salles de
postproduction et de création graphique ont été aménagées avec des postes de
montage équipés avec la suite d’Adobe (Premiere, After Effects, Photoshop...),
d’un poste d’étalonnage 4K, et d’outils de création graphique et d’animation avec
Nuke et Maya.
Le son n’est pas oublié, avec un studio son indépendant équipé d’une console de
mixage SSL AWS 924 et d’un système Protools. La régie son est aménagée avec
une écoute multicanaux et un système de traitement Trinov. Pour faciliter les
échanges audiovisuels entre toutes les entités du site, un maillage complet réalisé
en fibres optiques monomodes et multimodes (douze FO de chaque type pour
chaque lieu, y compris les plateaux) a été déployé depuis un centre nodal. Celui-ci
accueille également un stockage central de type NAS qui sert à l’échange des
fichiers et à l’archivage. Compte tenu de la diversité des projets accueillis et de
leurs aspects expéri- mentaux, chaque lieu de production (régie vidéo, régie son,
salles de montage, laboratoires de tests, espaces de projection...) conserve son
propre système de gestion de contenus et le NAS a une vocation limitée au
stockage, sans devenir un système unifié transversal de postproduction et de
diffusion.
L’ensemble des équipements de production vidéo a été fourni et installé par BCE,
tandis CSE Technology prenait en charge la partie audio, l’éclairage des plateaux
et les équipements scénographiques. Les câbles réseaux et les fibres optiques ont
été déployés par Bouygues Energie et Services.