Méthodes qualitatives en recherche sociale sur les maladies

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Méthodes qualitatives en recherche sociale sur les maladies
Méthodes qualitatives en recherche sociale sur les maladies tropicales
R A P P O RT D U M AT É R I E L D I DA C T I Q U E
Méthodes qualitatives
en recherche sociale sur
les maladies tropicales
WHO (OMS)/TDR
Avenue Appia 20
1211 Genève 27
Suisse
Tél.: (+41) 22-791-3725
Fax: (+41) 22-791-4854
E-mail: [email protected]
Web: www.who.int/tdr
TDR/RCS/MQRS/02.1
PNUD/Banque Mondiale/OMS Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR)
TDR/RCS/MQRS/02.1
Méthodes qualitatives
en recherche sociale
sur les maladies tropicales
RAPPORT DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Darda et N’Djamena, 6-24 octobre 1997
Atelier conjointement organisé par
le Programme spécial de recherche et de formation
concernant les maladies tropicales - TDR
(PNUD/Banque mondiale/OMS)
et l’Institut Tropical Suisse (Bâle et N’Djamena)
TDR/RCS/MQRS/02.1
© Organisation mondiale de la Santé pour le compte du Programme spécial
de recherche et de développement concernant les maladies tropicales
2002
Conception et mise en page : Andy Crump, Lisa Schwarb
RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
TABLE DES MATIÈRES
1
INTRODUCTION
2
MÉTHODES QUALITATIVES EN RECHERCHE SOCIALE
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
2.7
...................................................................
Pourquoi des méthodes qualitatives ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Fiabilité et validité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le rôle du chercheur dans la recherche qualitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les différentes techniques qualitatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Triangulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Eléments à considérer pour la réalisation d’une étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ethique de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
3
4
5
5
6
8
8
3
ÉTUDE DE DOCUMENTS
4
OBSERVATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5
ENTRETIEN
5.1
5.2
5.3
6
11
Introduction à l’entretien individuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
L’entretien approfondi (entretien non structuré, non directif) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Entretien semi-structuré (entretien semi-directif) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
DISCUSSION EN GROUPE FOCAL (ENTRETIEN EN GROUPE)
6.1
6.2
6.3
6.4
6.5
6.6
7
.......................................................
.......
21
Avantages et inconvénients des groupes focaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Quelques règles de base pour une discussion en groupe focal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Choix des participants et participantes du groupe focal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le rôle du modérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le rôle de l'observateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le déroulement et les différents stades d’une discussion en groupe focal . . . . . . . . . . . . . .
21
22
22
22
23
23
MÉTHODES INTERACTIVES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
iii
RAPPORT
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8
ENREGISTREMENT, ANALYSE DU CONTENU, RÉDACTION
8.1
8.2
8.3
8.4
9
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
...........
29
Enregistrement et transcription . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Analyse du contenu et interprétation des informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Rédaction d’un rapport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Analyse des données à l’aide de Textbase Alpha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
29
30
31
31
ANNEXES
9.1
9.2
9.3
9.4
9.5
9.6
9.7
9.8
9.9
9.10
9.11
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Agenda de l’atelier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’une grille d’observation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’une liste de pointage des observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’une note descriptive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’une quantification des idées mentionnées en groupe focal . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’un guide de questions pour les discussions de groupes focaux . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’une carte en diagnostic participatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’un calendrier saisonnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Exemple d’un transect historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Extrait d’une transcription d’un entretien semi-structuré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
iv
37
39
43
44
45
47
48
49
50
50
51
RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
1
INTRODUCTION
L’objet du présent document consiste à aborder les méthodes de recherche sociale
employées dans l’étude des maladies tropicales. L’approche choisie permet d’introduire et
d’exposer brièvement des méthodes de recherche qualitative adaptées aux besoins des
chercheurs dans le domaine de la santé et tient compte également d’un engagement dans
la lutte contre les maladies tropicales et l’amélioration de la santé des populations dans les
pays du Sud.
Alors que depuis longtemps déjà, une attention particulière est réservée aux enquêtes et
études quantitatives dans la description et l'analyse des faits liés à la santé humaine, ce n’est
que depuis quelques années que les méthodes qualitatives sont jugées utiles pour l’amélioration des systèmes de santé dans les pays tropicaux. L’importance attribuée aux méthodes de recherche qualitative traduit la reconnaissance de leur rôle essentiel dans le
développement de stratégies.
Ce programme de lutte contre les maladies tropicales de l’OMS (TDR) prévoit un effort
particulier destiné au développement et l’application des méthodes de recherche qualitative. Un premier atelier de formation d’une durée de trois semaines a eu lieu en 1994 à
Ifakara,Tanzanie, pour les pays anglophones (voir SER Project Report N°3 pour les méthodes et N°14 pour le travail de terrain). Suite au succès de cet atelier, un atelier comparable
pour les pays francophones a été organisé au Tchad, en octobre 1997. Ainsi, c’est dans le
cadre d'un atelier financé par l’OMS/TDR et avec le concours de l’Institut Tropical Suisse
(Bâle et N’Djamena) que des cours d’introduction aux méthodes qualitatives accompagnés d’une expérience pratique sur le terrain ont été organisés. C’est dans ce cadre et
après une semaine d’introduction didactique, qu’une recherche sommaire sur «eau et
hygiène du milieu» a été entreprise dans les quartiers de N’Djamena (voir rapport de
recherche pour les résultats du travail sur le terrain), alors que la dernière semaine était
réservée à l’analyse des résultats et à une première rédaction du rapport (voir agenda de
l’atelier, annexe 9.2).
Ce rapport contient les documents didactiques utilisés à l’occasion de l’atelier sur les méthodes qualitatives en recherche sociale et qui ont été repris ultérieurement, après que les
discussions et remarques faites au cours des rencontres aient été prises en considération.
Nous remercions Madame Béatrice Coffen pour la révision linguistique et finale de ce
rapport.
Ruth Schumacher
Brigit Obrist van Eeuwijk
Kaspar Wyss
Marcel Tanner
Bâle, 12 novembre 1998
1
RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
2
MÉTHODES QUALITATIVES
EN RECHERCHE SOCIALE
(Ruth Schumacher)
La recherche qualitative peut être définie comme une activité qui permet à un individu ou à
un groupe d’acquérir des connaissances précises sur la réalité culturelle et sociale vécue quotidiennement (modifié après Beaudry 1975:50). Ces connaissances peuvent être acquises par
l’application d'une ou plusieurs des méthodes suivantes: analyse de documents, observations,
entretiens et rencontres avec des individus ou des groupes, ainsi que l’analyse et la compilation des données recueillies qui seront traitées dans les chapitres suivants. Il est clair que ces
méthodes sont aussi utilisées dans la recherche quantitative. La distinction entre les méthodes quantitatives de qualitatives n’implique aucunement une opposition entre ces deux
approches, voire la valorisation de l’une au détriment de l’autre. Au contraire, nous pensons
qu’il s’agit de deux méthodes complémentaires. Ainsi, de nombreux éléments traités dans le
contexte de l’application des différentes méthodes peuvent tout aussi bien figurer dans le
cadre d’une recherche quantitative (par exemple, l’éthique de la recherche).
2.1 Pourquoi des méthodes qualitatives ?
La collecte et l’analyse d'informations concernant la population et la réalité sociale ont longtemps été synonymes d'enquêtes quantitatives. Le terrain était alors en général dominé par
les statisticiens et, en particulier dans le domaine de la santé, par les épidémiologistes. Les
données traduites en chiffres sont habituellement plus crédibles, rendant ainsi la recherche
quantitative plus «scientifique». Ce n’est qu’au cours des dernières décennies que les sociologues, psychologues et anthropologues ont de plus en plus eu recours aux méthodes qualitatives dans l'étude de thèmes sociaux.
«Les méthodes qualitatives se caractérisent par une procédure ouverte, visant à déterminer
«qu’est-ce qui existe» et «pourquoi il en est ainsi» plutôt que «combien en existe-t-il». En
permettant aux gens d’exprimer librement leurs opinions, points de vue et expériences, les
méthodes qualitatives visent à cerner la réalité telle que la définit le groupe à étudier, sans
imposer à la population un questionnaire ou un cadre préstructuré (toujours élaboré par les
chercheurs)». (Maier et Goergen 1994:3; voir aussi Walker 1985:5)
Etant moins structurées, les méthodes qualitatives offrent plus de possibilités à répondre aux
besoins des informateurs et ce en fonction de la nature du sujet à traiter.
Le choix d’une approche «quantitative» ou «qualitative» dépend essentiellement du sujet de
recherche et de la stratégie choisie (voir tableau 1). Il convient de comparer les avantages et
les limites de chacune de ces méthodes, autrement dit, de déterminer la méthode la plus
appropriée à l’étude envisagée.
3
RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Tableau 1: Repères pour le choix d’une méthodologie adéquate
Approche plutôt quantitative
Approche plutôt qualitative
• On cherche à savoir «combien»
• On cherche à savoir «quoi»
• Production de chiffres
• Processus hautement structuré
• Analyse de faits d’une réalité dite
• Production de mots
• Processus peu structuré/ouvert
• Description d’attitudes, d’émotions,
«pourquoi» et «comment»
•
•
objective
Etude de faits «généralisables» dans
la population
Vastes échantillons
•
•
•
•
•
• Cadre d’étude prédéfini
• Fiabilité supérieure
• Mise à l’épreuve d’hypothèses
de valeurs, d’une réalité dite subjective
Etude du «typique», des individus en
tant que sujets uniques et complexes
Petit nombre d’informateurs et/ou
d’études de cas
Processus souple, dynamique
Validité supérieure
Description de la réalité sous son
aspect quotidien et dynamique, telle
qu’elle est vue par les individus
Il serait donc faux de considérer les méthodes quantitatives et qualitatives comme opposées
et s’excluant mutuellement. Les termes «quantitative» et «qualitative» désignent plutôt des
tendances, étant donné que chacune de ces deux méthodes repose sur les mêmes techniques
de base, soit l’entretien et l’observation. C’est le degré de structuration d’une méthode qui
prédétermine les résultats à escompter : données analytiques plutôt quantifiables ou données
à caractère plutôt descriptif, exhaustif, pour ainsi dire «en prose». Il est donc évident, que l’une
et l’autre présentent des avantages et des limites qui leur sont propres et qui demandent à
être examinés avant l’élaboration d’une stratégie de recherche.
2.2 Fiabilité et validité
Fiabilité: Si quelqu’un d’autre fait les mêmes recherches ou si le même investigateur les
répète à un autre moment, il obtiendra les mêmes résultats (cohérence).
Moins une méthode est structurée, ce qui est le cas en particulier des méthodes qualitatives,
plus le risque de non-fiabilité augmente. C’est pour cette raison que dans le cas d’une
recherche qualitative, la rigueur du chercheur est décisive: il est indispensable de fournir une
description détaillée des méthodes utilisées pour la procédure d’investigation et d’analyse,
indiquant également les problèmes rencontrés sur le terrain. Le chercheur est tenu d’indiquer
avec rigueur les sources grâce auxquelles chaque information a été recueillie (par exemple,
en indiquant après chaque citation un code qui indique au lecteur la méthode, l’informateur
et le contexte). Une réflexion critique sur le rôle de l’investigateur durant la recherche permet de développer un certain degré de fiabilité dans le cadre d’une recherche qualitative
comme quantitative.
Validité: Les données recueillies donnent une image vraie du sujet étudié.
• «Il se peut que le questionnaire livre les mêmes statistiques chaque fois qu’on s’en sert: cela peut
parfois s’expliquer simplement par la répétition des mêmes distorsions.» (Mc Neill 1990)
4
RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Dans le cas des méthodes quantitatives, la validité dépend d’instruments bien élaborés et
d’une formulation soignée du questionnaire, alors que dans le cas des méthodes qualitatives,
l’instrument n’est autre que le chercheur. La validité en recherche qualitative dépend de la
compétence, en premier lieu du «nez» du chercheur.
Validité et fiabilité sont des concepts compétitifs du point de vue de l’analyse du comportement humain. Plus vous vous mettez à la place des autres pour comprendre leur manière de
percevoir la réalité, leurs émotions, leurs relations sociales, plus la reproduction sera difficile
(approches qualitatives). Plus vous enquêtez avec des grilles d’observation prédéterminées,
moins vous adoptez la définition du réel des personnes interviewées, et plus la reproduction
est facile (approches quantitatives). Mais, comme il a été dit précédemment, les méthodes
quantitatives et qualitatives ne s’excluent pas: en associant les méthodes, en utilisant une large
gamme de techniques de recherche, il est possible d’augmenter la validité et la fiabilité (voir
aussi «triangulation», p. 8; pour approfondir le sujet voir : Mays et Pope 1995:109-112).
2.3 Le rôle du chercheur dans la recherche qualitative
Le but de toute recherche qualitative consiste donc à comprendre la réalité telle qu’elle est
perçue par les individus ou groupes étudiés. C’est pourquoi le chercheur doit tenter de se
mettre le plus possible à la place de son interlocuteur pour comprendre ses émotions ou sa
perception du monde. Cet idéal est appelé en sciences humaines l’approche «émique1», ce qui
pourrait être traduit par le «regard intérieur». L’approche «étique», au contraire, se base sur
les catégories et le cadre de référence du chercheur, ce qui est appelé aussi le «regard extérieur».
L’anthropologie a pendant longtemps affirmé que le but principal d’une recherche anthropologique était d’adopter les perceptions et catégories des personnes étudiées, ce qui implique
non seulement l’apprentissage de la langue ou du langage du groupe étudié, mais également
un processus de socialisation quasi complète. Il est évident, que personne n’est en mesure de
se mettre «dans la peau» de quelqu’un d’autre, ni même un chercheur. Chacun de nous est un
être humain unique et riche en expériences particulières.
C’est la raison pour laquelle l’anthropologie admet aujourd’hui une approche du chercheur
qui soit à la fois «émique» et «étique». Bien qu’une meilleure compréhension «de l’intérieur»
soit visée, le «regard extérieur» est perçu comme une source supplémentaire d’informations
importantes, qui pourrait échapper à un chercheur déjà trop socialisé. Ainsi, la réflexion du
chercheur sur son propre rôle dans le groupe étudié et sur son influence sur les événements
observés est d’autant plus importante pour la validité et la fiabilité des données (voir aussi
ci-dessous «l’objectivation du subjectif», p. 8).
2.4 Les différentes techniques qualitatives
En somme, les diverses techniques s’échelonnent sur une ligne continue, selon leur taux de
structuration. Les techniques entièrement structurées et les techniques ouvertes et non
structurées marquent les limites de ce continuum représenté dans le tableau 2. La localisation
de certaines méthodes peut susciter des controverses (comme cela a été le cas au cours de
l’atelier à Darda), compte tenu du caractère subjectif inhérent à la définition du degré de
structuration d’une méthode dans son application.
1
Les termes «émique» (anglais: emic) et «étique» (angl.: etic) étaient à l’origine employés dans le domaine de la linguistique et
ont été repris pour la recherche des sciences humaines par K.Pike, en 1967.
5
RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Tableau 2: Continuum délimité par les méthodes structurées (quantitatives) et les méthodes ouvertes (qualitatives) (élaboré et complété sur la base de Maier, Görgen 1994, 4)
structuré
ENTENDRE
VOIR
Etude des
documents
Semi-structuré
Analyse statistique
non structuré/ouvert
Analyse du contenu
(«content analysis»)
Observation Observation avec
Observation avec guide
grille d’observation
structurée
Observation
participante
Entretien
individuel
Questionnaire
(questions femées)
Entretien avec guide
(questions ouvertes
préformulées, peu de
questions fermées)
Entretien ouvert
sans guide
(questions ouvertes)
en groupe
Questionnaire de
groupe
Discussion en groupe
focal (GF)
Entretien «narratif»
en groupe;
2e partie de la
discussion en GF
Méthodes
interactives
Par ex. graphique
de saisonnalité
Par ex. jeux de rôle avec Par ex. théâtre avec
interprétation libre
rôles esquissés
Le tableau démontre aussi que finalement, toutes les méthodes relèvent de nos sens, de ce
que nous voyons et entendons; pour les transformer en techniques de recherche, le chercheur doit apprendre à «observer» et à «écouter» de manière systématique. Les méthodes
interactives, dites «innovatrices», ne fournissent que de nouvelles variations à ce schéma traditionnel, en introduisant simplement une dimension dynamique et en encourageant la participation du groupe ou de l’individu.
2.5 Triangulation
«Parce que chaque méthode révèle des aspects différents de la réalité empirique, plusieurs
méthodes d’observation doivent être employées. Cela est nommé triangulation. Or, je propose comme ordre méthodologique final le principe que des méthodes multiples doivent être
utilisées dans toute recherche». (Denzin 1978, 28)
Le terme «triangulation» a son origine dans la géodésie: La distance d’un objet se mesure à
partir de deux points différents. Dans la méthodologie de la recherche, le concept de triangulation est utilisé pour vérifier et compléter les données de recherche et pour étudier une
réalité sociale donnée sous des angles divers. Ainsi, la triangulation peut consister en une
combinaison de diverses techniques de recherche, comme par exemple en des entretiens
avec des informateurs-clé, des discussions en groupe focal et des observations (triangulation
méthodologique, comme celle adoptée dans l’étude sur «Eau et hygiène du milieu» à
N’Djamena). Ou alors, on associe pour une même recherche différents chercheurs (triangulation des chercheurs), venant de préférence de plusieurs disciplines. On peut également utiliser diverses sources d’information, par exemple en interviewant différents groupes sociaux
et des personnes des deux sexes, ou en analysant les documents de différentes sources (triangulation des données).
6
RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Figure 1 : La triangulation des méthodes
Entretiens
(individuels et/en groupe)
Observations
Etude des documents
Ainsi, la triangulation méthodologique permet d’exploiter les avantages des diverses méthodes. Elle assure un contrôle réciproque des résultats et contrebalance les limites de chaque
méthode. L’observation, les diverses formes des entretiens et l’étude des documents forment,
par exemple, un triangle adopté par beaucoup de chercheurs. Cela signifie que les données
recueillies par l’observation peuvent confirmer, éclairer et compléter mais aussi contredire les
données obtenues par des entretiens et/ou par l’étude des documents (Figure 1).
Exemple d’une triangulation des méthodes :
Imaginez que les employés d’un dispensaire évoquent l’apparition de nombreux cas de
diarrhée dans les villages, même après l’installation de robinets publics. Cela est confirmé par les statistiques existantes au sujet des cas de diarrhée. Nous décidons de nous
rendre aux villages pour y avoir des entretiens avec les chefs de village. Ceux-ci confirment que chaque matin les femmes viennent aux robinets pour recueillir de l’eau. Un
matin, nous retournons à la maison du chef du village, d’où nous pouvons voir un robinet d’eau. Nous sommes invités à nous asseoir, on nous offre du thé et nous parlons
avec les membres de la famille. En même temps, nous observons le robinet. Et effectivement, pendant ce temps, beaucoup de femmes viennent chercher de l’eau au robinet.
Mais tout à coup, nous voyons aussi des femmes qui portent des seaux et partent dans
une autre direction. En interrogeant la femme du chef du village nous apprenons qu’il y
a une source naturelle d’eau tout près du village et que beaucoup de gens préfèrent le
goût de cette eau à celui de l’eau du robinet.
Cet exemple montre l’importance de la triangulation des méthodes: l’analyse de documents
nous donne une indication sur un fait que nous ne pouvons pas expliquer. Les entretiens fournissent des données sur le comportement rapporté, les observations sur le comportement
actuel, et les deux peuvent – mais ne doivent pas – correspondre. En effet, les observations
du comportement actuel confirment partiellement ce que l’on nous avait dit, mais elles apportent aussi des informations complémentaires qui expliquent les données des statistiques
de santé.
Ainsi, il est possible de trianguler au sein de l’approche qualitative, en combinant différentes
méthodes qualitatives et en exploitant des perspectives différentes. Mais il est tout aussi possible de croiser les approches et de combiner les méthodes qualitatives et quantitatives. Une
triangulation est souhaitable; mais malheureusement, les limites de temps et/ou de budget de
la recherche réduisent souvent les opportunités d’une triangulation. Néanmoins, l’utilisation
de seulement deux méthodes augmente les chances de produire des données d’une bonne
validité et fiabilité, contrairement à une recherche basée uniquement sur une méthode.
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RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
2.6 Eléments à considérer pour la réalisation d’une étude
Il existe quelques points à retenir avant de s’engager dans un processus de recherche, notamment une recherche basée sur des méthodes qualitatives:
• Ouverture et respect à l’égard des personnes étudiées.
• Ouverture à l’égard de l’inconnu, en d’autres termes, choisir une attitude d’apprentissage.
• Souplesse vis-à-vis du plan de recherche: Poursuivez votre étude «pas à pas».
Contrairement aux impératifs d’un questionnaire, vous pouvez adapter au fur et à mesure
vos guides d’entretien, le choix des informateurs, etc. aux besoins du terrain, à condition
que vous preniez grand soin de noter les changements entrepris et vos motivations!
• Sensibilité aux différences de «gender» (rôles/perceptions des hommes et des femmes) :
Les perceptions et comportements des femmes et des hommes diffèrent habituellement,
n’oubliez pas d’en tenir compte. Généralement, les femmes ne se laissent interviewer que
par des femmes et il est préférable de faire interviewer des hommes par des hommes.
• L’«objectivation du subjectif» : Notez toutes les étapes de votre étude, les facteurs qui
l’influencent, les problèmes rencontrés, vos sentiments, etc. Seules des notes détaillées permettront au lecteur d’apprécier votre étude dans son contexte. Outils: comptes rendus,
notes d’observations, journal de l’étude rédigé quotidiennement, etc.
2.7 Ethique de la recherche
Les interviewés, soit nos informateurs, sont des êtres humains attachés à des sentiments, des
problèmes, une histoire et des valeurs, le groupe étudié connaît des coutumes et des lois qui
lui sont propres. Comme les valeurs du chercheur ne correspondent pas forcément à ceux
de l’informateur, le chercheur se retrouve sur le terrain face à une confrontation de valeurs
parfois contradictoires.
«Les anthropologues travaillent dans beaucoup de régions du monde dans une association
proche et personnelle avec les populations et situations qu’ils étudient. [...] Dans un contexte de participation (involvement) si complexe, des malentendus, conflits et la nécessité de faire
des choix entre des valeurs opposées vont forcément apparaître et produire des dilemmes
éthiques. Une responsabilité principale du chercheur est de les anticiper et de planifier leur
résolution d’une telle manière qu’ils ne nuisent ni à ceux qu’il étudie, ni – dans les limites du
possible – à la communauté académique. Là où ces conditions ne peuvent pas être remplies,
l’anthropologue serait bien conseillé de ne pas poursuivre cette partie de la recherche.» (préface des principes de responsabilité professionnelle de l’Association Anthropologique
Américaine, 1971)
Les méthodes qualitatives impliquent un contact étroit et la recherche d’une relation de
confiance qui augmentent la responsabilité du chercheur vis-à-vis des informateurs. En cas de
conflit d’intérêts, ce sont les intérêts de l’informateur qui doivent guider le chercheur. En l’occurrence, il est important de chercher à connaître les intérêts portant sur la recherche à
entreprendre. Un exemple typique du domaine de la santé: le chercheur en sciences sociales
rencontre souvent une personne malade ou un problème de santé grave. Il est alors confronté à la question de savoir s’il doit agir et ainsi influencer le cours de l’action (changement de
la position d’observateur en position d’acteur) ou s’il est préférable de ne rien entreprendre
pour pouvoir enregistrer les réactions des individus et de leur réseau social face à la maladie.
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RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
L’éthique exige une action, dans la mesure du possible. Cependant, cela ne signifie pas forcément devoir occuper la place du médecin. Une solution souvent acceptable consiste à faire la
navette, au profit du malade, entre le village et le dispensaire ou l’hôpital le plus proche.
Dans le même ordre d’idées, le chercheur doit respecter les droits, la sensibilité ainsi que la
pudeur de ses informateurs. Les implications de la recherche du point de vue des informateurs doivent être examinées, afin d’éviter des conséquences indésirables et parfois imprévisibles pour la personne concernée.
Cela implique évidemment aussi la discrétion dans le traitement des informations données et
le respect de l’anonymat de l’informateur. L’anonymat de l’informateur va au delà du changement de noms, de lieux et de tout autre facteur qui pourrait permettre d’identifier l’informateur dans le rapport final ou les publications; il est non moins important de le respecter dans
les notes de recherche. Si l’anonymat ne peut être assuré, il est préférable de changer de sujet.
Le chercheur ne doit effectivement non seulement faire preuve de respect vis-à-vis de l’individu mais aussi vis-à-vis du groupe ou de la communauté, tout en ayant égard aux coutumes
et aux lois.
Afin que l’informateur puisse être en mesure de donner un consentement dont il connaît les
conséquences, l’enquêteur est tenu de communiquer le plus clairement et honnêtement possible les objectifs de la recherche et le sort réservé aux informations données. Dans la majorité des cas, cela implique des entretiens approfondis, étant donné que le simple but de «chercher plus d’informations sur...» peut paraître incompréhensible à des informateurs étrangers
au monde académique.
En général, les informateurs développent rapidement leurs propres intérêts vis-à-vis de la
recherche. L’approche éthique exige un comportement honnête dans les cas où l’on ne peut
répondre à ces intérêts, en dépit du risque de voir diminuer la motivation des personnes en
question à participer à la recherche.
En outre, il est essentiel d’évaluer la manière dont les personnes interrogées seront récompensées pour leurs contributions en termes de temps et de déplacement. Existe-t-il pour le
groupe étudié des résultats visibles ou un bénéfice direct? Un informateur peut parfois profiter directement des résultats d’une recherche. Aussi, n’est-il pas suffisant de supposer que
l’administration se chargera de prendre en charge les mesures bénéfiques pour la population
à la suite de la publication des résultats de la recherche. De toute manière, cela concerne un
futur souvent bien trop lointain, puis, le chercheur n’aura probablement aucune influence sur
la réalisation des mesures proposées. Dans beaucoup de cultures, il est de bon ton d’apporter des petits «cadeaux de respect» à l’occasion d’une invitation, comme par exemple des
fleurs en Allemagne ou des noix de cola en Afrique de l’Ouest. Le projet de recherche terminé, il convient de réfléchir à une récompense destinée au groupe: un cadeau pour la communauté ou un projet à lancer qui correspondrait aux besoins de la population. Il est évident,
que l’argent destiné à ces fins doit être réservé dans le budget, dès le début de la recherche.
Pour conclure, une rétro-information des résultats obtenus lors de la recherche doit impérativement être organisée. Ce point est souvent négligé faute de temps dans la phase finale d’un
projet de recherche; c’est pourquoi il est important de réserver, dès le début de la recherche,
le temps nécessaire pour une séance de rétro-information.Tout produit écrit, tel que rapport
ou article, doit de surcroît être mis à la disposition non seulement du public scientifique mais
aussi et surtout de la population étudiée.
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RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
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ETUDE DE DOCUMENTS
(Brigit Obrist van Eeuwijk)
Selon Patton (1990:10), les méthodes qualitatives proposent trois possibilités de recueil de
données: les entretiens, les observations et l’étude de documents.
La recherche bibliographique est une manière répandue d’étudier des document. Comme le
soulignent Mayer et Ouellet (1991:35-36), une fois les questions posées, celles-ci doivent
être placées dans le cadre des recherches antérieures qui portent sur le même sujet. Cette
recherche bibliographique symbolise une étape clé dans le processus de recherche, étant donné
que de nombreuses idées de recherche ont été précédemment pensées ou théorisées par
d’autres personnes. Il en va de même pour les projets d’intervention similaires à ceux que l’on
propose et qui parfois ont déjà été expérimentés ailleurs. Généralement, la recherche bibliographique est très utile et nécessaire pour l’exploitation de connaissances existantes et pour
mesurer la pertinence de la démarche proposée par rapport aux principaux résultats des
recherches antérieures ou des autres expériences d’intervention. Un travail de recherche exige
par conséquent l’élaboration d’une bibliographie minimale sur le sujet en question qui consiste à trouver et à consulter les documents repérés et surtout, à synthétiser l’information pertinente pour le sujet de la recherche ou le projet d’intervention.
L’étude de documents est en réalité un processus continu et circulaire indispensable à une
recherche qualitative. C’est pourquoi, il est essentiel que le chercheur garde un esprit d’ouverture face à toutes les informations rencontrées au cours de la recherche. L’intérêt d’un chercheur peut, par exemple, être stimulé par un rapport inofficiel. Partant de cette base, le
chercheur suit son idée dans la littérature publiée, il consulte des livres, des journaux, des
bibliographies ou il fait une recherche électronique dans internet. Après le lancement du processus de recherche de terrain, l’enquêteur peut sélectionner des informations complémentaires et importantes. Celles-ci se rencontrent dans des rapports, des comptes-rendus, des
statistiques ou des bulletins, etc. La consultation des procès-verbaux ou des communiqués peut
parfois s’avérer utile, par exemple dans le cas d’une recherche sur une activité de promotion
de la santé. Aussi les archives des ministères et des organisations, les journaux ou les quotidiens sont généralement riches en informations. Les informations que le chercheur trouve dans
ces documents peuvent le conduire à de nouvelles questions qu’il peut intégrer dans ses entretiens ou ses observations.
Selon Hodder (1994:393-394), l’étude de documents, comme d’ailleurs l’étude de tous les
textes, est toujours une interprétation. Le sens n’habite pas le texte, le sens est dans l’écriture
et dans la lecture. Il n’y a pas de vérité unique dans un texte ou un document: le sens est attribué par la personne qui écrit ou lit le texte. L’étude de documents, par conséquent, n’est autre
qu’une analyse critique. La tâche de l’analyste consiste à dégager les points de vue de l’auteur
et à découvrir le contexte dans lequel le document a été produit. Il convient de se demander :
Qui a écrit ce document? Quand? Pour qui? Pour quelle raison? Avec quel objectif?
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RAPPORT
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OBSERVATION
(Brigit Obrist van Eeuwijk)
L’observation est une méthode qualitative utilisée depuis des centaines d’années. Par ailleurs,
l’observation est une capacité humaine qui, dès l’enfance, nous permet d’apprendre une multitude de choses. Le mot «observer» implique que l’on observe une action ou un acteur avec
une attention particulière.
On ne peut transmettre une observation à une autre personne autrement que par des paroles
(cf. Schumacher 1991). Ce processus de transformation des observations en mots est, effectivement, une interprétation. On ne peut pas décrire sans interpréter ce que l’on observe. Au
cours de cette interprétation, l’observation traverse des «filtres» : un filtre personnel, un filtre
linguistique et un culturel (figure 2). Il y a d’abord ce que l’on pourrait appeler le filtre personnel, qui dépend du caractère de l’observateur (sa sensibilité, son ouverture, etc.), de ses
expériences antérieures (par exemple, s’il a déjà habité ou non en Afrique), de son éducation
et de sa formation, de son statut social, etc. Ce que l’on pourrait appeler le filtre linguistique
se traduit par des pensées formulées au moyen des mots et des concepts de la langue et de
la culture de l’enquêteur. La langue et la culture sont interdépendantes. L’Esquimo, par
exemple, dispose de nombreux mots pour décrire la neige et la glace, étant donné que ces
éléments de son environnement sont très importants pour lui. Si l’on traduit une de ces
expressions par le mot français «neige», l’on obtiendra un concept dépourvu de sa spécificité originale.
Figure 2: Les «filtres» d’interprétation
personne
observer
langue
interpréter
culture
décrire
Les entretiens produisent des données sur le comportement rapporté, les observations sur
le comportement actuel, et les deux peuvent – mais ne doivent pas – correspondre. Il existe
trois techniques principales fondées sur l’observation:
• l’observation directe libre (ou non structurée);
• l’observation directe méthodique (ou structurée);
• l’observation participante.
L’observation directe libre est utile dans l’exploration et la découverte d’une nouvelle trace
de recherche. L’observation est plus «méthodique» dès qu’une grille d’observation formalisée
est établie, dans laquelle sont enregistrés systématiquement les éléments prévus dans la grille.
L’observation participante, dans le sens strict du terme, exige l’immersion du chercheur dans
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RAPPORT
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une culture donnée, afin qu’il puisse penser et agir de la même manière que les membres de
ce groupe.
Chaque technique connaît des avantages et des inconvénients: L’observation directe libre
(non structurée) est très utile à l’exploration et la découverte d’une nouvelle trace de
recherche ou d’un nouveau terrain d’intervention, mais elle n’est pas systématique.
L’observation directe méthodique (structurée) sert à obtenir des résultats précis sur un
sujet bien défini avant la recherche, mais elle ne fournit que peu d’informations nouvelles.
L’observation participante est utile dans une situation pas encore maîtrisée, par exemple au
début d’une recherche, ou pour une recherche assez complexe et qui demande une vue interne. Par contre, elle produit des données très contextualisées.
Il existe d’autres distinctions: celle entre l’observation ouverte et l’observation clandestine
se rapporte aux informations données aux acteurs observés, et celle entre l’observation
directe et l’observation indirecte se rapporte à la position du chercheur vis-à-vis des acteurs.
Quelle que soit la démarche choisie, l’attitude du chercheur demeure l’élément central. Le
chercheur doit avant tout reconnaître qu’il est «un invité» dans un milieu choisi et qu’il doit,
par conséquent, être patient, poli, tolérant et compatissant. Il s’étonne au lieu de juger, il
montre du respect envers les gens et leurs coutumes, il veut apprendre au lieu d’instruire.
L’objet d’observation peut être une communauté, un groupe ou un individu. Cela dépend évidemment des conditions théoriques et sociales. La durée peut être très brève ou très longue,
selon les questions que l’on veut clarifier.
La collecte de données dépend de la technique choisie. L’observation directe méthodique
exige l’emploi d’une grille (un exemple se trouve en annexe 9.3), d’un questionnaire ou d’une
liste (annexe 9.4). Des notes descriptives sont prises dans le cas d’une observation directe
libre ou d’une observation participante (annexe 9.5). Ces notes seront rédigées le plus tôt
possible après l’observation et devront permettre de répondre aux questions capitales: Qui?
Quand? Quoi ? Comment? Pourquoi? Pour une analyse profitable, il est indispensable de
noter les conditions de l’observation: Où? A quelle heure? Dans quelles circonstances?
Quant à l’analyse liée à l’observation, deux étapes se distinguent:
• La pré-analyse retrace l’organisation de l’ensemble des informations à interpréter. Un système de codification est élaboré et les codes à utiliser sont établis.
• L’analyse proprement dite commence après une lecture approfondie, quand le matériel se
met pour ainsi dire progressivement à parler, révélant ainsi peu à peu une classification, des
types d’actions, des structures d’événements, des démarches répétitives. L’analyse doit, en
outre, prendre en considération les conditions dans lesquelles les données ont été
recueillies. Finalement, les données récoltées par l’observation doivent être triangulées
avec les résultats obtenus au moyen d’autres méthodes.
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RAPPORT
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ENTRETIEN
(Ruth Schumacher)
5.1 Introduction à l’entretien individuel
«Le mieux est de considérer l’entretien ethnographique comme une série de conversations
amicales, dans lesquelles le chercheur introduit petit à petit de nouveaux éléments pour aider
les informateurs à répondre en tant qu’informateurs. L’utilisation exclusive de ces nouveaux
éléments ethnographiques ou leur introduction trop rapide, transforme l’entretien en une
interrogation formelle.» (Spradley 1979:58)
Dans un premier temps, l’entretien est une simple conversation ou communication entre
deux personnes. L’entretien peut être caractérisé soit par l’absence de structure, tel un entretien narratif ou approfondi (entretien non structuré ou ouvert) et dans lequel la personne
interrogée décide du cours et du sujet de l’entretien, soit par une structure hautement élaborée, tel un entretien où les questions sont fixées d’avance sous forme de questionnaire
(voir tableau 2). Selon le type d’entretien, le chercheur peut poser plus ou moins de questions.
Très peu de questions seront, par exemple, posées dans l’entretien narratif. Deux types d’entretiens sont qualifiés de «méthodes qualitatives» :
• l’entretien approfondi (non structuré, non directif) et
• l’entretien semi-structuré.
Conditions générales de l’entretien
Pour assurer le bon déroulement d’un entretien, quelques éléments essentiels sont à considérer :
Respecter l’emploi du temps de l’informateur : Généralement, le rendez-vous avec
votre informateur est pris à l’avance (un ou plusieurs jours avant l’entretien). Quant à la date
et l’heure, les préférences de l’informateur les détermineront. Il peut alors arriver qu’en saison de pluie le chercheur doive se rendre au village, tard le soir, vu que les villageois sont
occupés dans les champs toute la journée. Ou si, par exemple, l’informateur préfère coudre
ou effectuer d’autres travaux ménagers pendant l’entretien, laissez-le faire et continuez à un
rythme adapté.
Il est clair que la durée de l’entretien doit également s’orienter aux intérêts de l’informateur.
Il convient, en l’occurrence, d’être sensible aux premiers signes de fatigue de l’informateur (la
durée d’un entretien ne devrait généralement pas dépasser 1h30). N’oubliez pas que dans
le contexte d’une recherche qualitative, l’enquêteur retourne habituellement interviewer le
même informateur.
Créer une atmosphère d’aise et de détente : choisissez, pour l’entretien, un lieu tranquille et neutre et qui mette votre informateur à l’aise. La rencontre aura souvent lieu dans
sa maison ou, en Afrique, dans la cour intérieure ou sur une véranda. Des petits «cadeaux de
respect», comme les noix de cola déjà évoquées ci-dessus (voir ch. 2.7), contribuent à rendre
l’atmosphère agréable.
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RAPPORT
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Etablir une relation positive entre enquêteur et enquêté: après les salutations d’usage, il est
opportun de poursuivre par une courte conversation informelle qui crée une base de confiance.
Laisser l’entretien être guidé par les intérêts et conceptions de l’informateur : adoptez le rôle de l’élève et montrez à votre informateur qu’il est pour vous votre professeur en
ce qui concerne le sujet de recherche. Plus vous serez crédible à ce niveau, plus les informations recueillies seront enrichissantes. Il va de soi, qu’en aucun cas l’informateur ne doit être
influencé. Il faut accepter son opinion, même si elle paraît fort étrange ou erronée.
Comment poser vos questions et mener l’entretien ?
Nous venons de constater que l’entretien partage beaucoup de points commun avec une
conversation amicale. Comme dans cette dernière, la relation entre l’informateur et le chercheur constitue la clé de la qualité. Quelques «réflexes» de communication sont indispensables: Ainsi, il est important d’accomplir les salutations au début de l’entretien, tout comme
de remercier et saluer à la fin. Les règles suivantes peuvent servir d’aide-mémoire:
• Expliquez bien le pourquoi de l’entretien et ce que vous allez faire avec les données.
• Demandez l’assentiment avant de prendre des notes ou d’enregistrer sur bande magnétique. Faites éventuellement une démonstration du fonctionnement du magnétoscope,
pour que l’informateur puisse prendre sa décision plus facilement.
• Identifiez votre informateur (nom, âge, sexe, situation de famille, profession). Dans certains
cas, il peut s’avérer astucieux de ne le faire qu’à la fin de l’entretien pour ne pas éveiller de
soupçons. («N’êtes-vous vraiment pas des impôts?»)
• Commencez par des questions simples et ouvertes et par des sujets non controversés.
• Essayez de vous concentrer sur la façon dont l’informateur perçoit et vit sa réalité.
• Essayez d’éviter les jugements de valeur et les interprétations, restez à l’arrière-plan et
n’imposez pas votre opinion. En effet, plus un entretien est structuré de manière ouverte
ou approfondie, plus l’informateur sera invité à s’exprimer.
• Utilisez votre bon sens et soyez systématique dans la poursuite de vos questions:
Par exemple, ne formulez pas plusieurs idées dans une même question. Ou ne changez pas
subitement de sujet sans que l’informateur puisse en comprendre la raison. La répétition
d’une question dans le même entretien risque de décourager l’informateur qui pourrait alors
supposer que vous n’avez pas écouté.
• Essayez d’aller autant en profondeur que possible: approfondissez des réponses courtes
ou superficielles. L’écoute active est primordiale pour obtenir des renseignements plus
détaillés:
- Montrez par des gestes (réactions non verbales) que vous êtes en train d’écouter,
par exemple en hochant la tête.
- Paraphrasez: Répétez en vos termes ce qui a été dit. Exemple :
Informateur : «Eh bien, le stérilet et aussi la pilule, mon mari, il est contre tout ça.»
Chercheur : «Vous dites que votre mari est contre le planning familial... ?»
- Demandez davantage de détails.
Exemple : «Vous dites que vous avez fait de mauvaises expériences avec le service de santé.
Pourriez-vous m’expliquer en quoi elles étaient mauvaises ?»
- Laissez le temps à votre informateur : un bon chercheur doit savoir accepter les pauses dans un
entretien. L’informateur utilise souvent ces pauses pour réfléchir avant de poursuivre.
- Créez éventuellement une situation hypothétique afin d’éclaircir les attitudes de l’informateur :
Exemple : Imaginez-vous être à sa place, qu’est-ce que vous auriez fait... ?
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L’habileté avec laquelle les questions sont posées décide, dans une large mesure, de la clarté,
de l’honnêteté et de la précision des réponses. Ainsi, il faut savoir communiquer et écouter.
On distingue principalement deux types de questions:
• Les questions ouvertes : Elles ne suggèrent pas la structure de la réponse et offrent la
possibilité d’une réponse complète et détaillée.
Exemple: Qu’avez-vous fait à cette occasion? Qu’est-ce que vous en pensez ?
• Les questions fermées: Elles pré-structurent la réponse qui doit être brève et se référer
à un fait.
Exemple:Avez-vous été vacciné ? (le seul choix consiste à répondre par «oui» ou par «non»).
Il en est de même pour les questions à choix multiples:
Exemple:Vendiez-vous du poisson ou des fruits et légumes?
Ou bien: Etes-vous allé voir le médecin ou le guérisseur traditionnel?
(Question ne laissant que deux réponses possibles).
Les questions fermées sont typiques pour les entretiens standardisés ou les enquêtes par
questionnaires.
Les questions ouvertes, d’autre part, donnent à l’informateur la possibilité de répondre librement, ce qui est plus approprié pour les entretiens qualitatifs. Les questions fermées sont à
éviter dans les entretiens ouverts (voir entretien approfondi, ch. 5.2).
Qui choisir pour informateur ?
«Les ethnographes travaillent ensemble avec des informateurs pour produire une description
culturelle. [...] Des «sujets» ne définissent pas ce qui est important pour le chercheur, par
contre un «informateur» oui. (Spradley 1979:25-29)
Le choix d’un informateur dépend de divers facteurs:
• Thème choisi.
Exemple: Pour des questions relatives à l’acceptablilité d’un programme de vaccination, il
est préférable de choisir des mères.
• Type d’information requise.
Exemple: Pour un programme sanitaire planifié, cherche-t-on à connaître le point de vue
des agents de santé, de la population concernée, des tradipraticiens ou des trois groupes?
(voir triangulation, p. 7)
• Identité du chercheur.
Exemple : Si l’enquêteur est un homme, il n’aura pas la même facilité à obtenir des informations auprès des femmes qu’une enquêtrice.
• Contexte et ses contraintes: Disponibilité des informateurs, problèmes linguistiques, problèmes logistiques.
Dans tous les cas, soyez convaincus des raisons pour lesquelles vous avez choisi un informateur et pas un autre, et notez-les.
Les personnes qui ont plus de connaissances que la moyenne de la population sur le sujet qui
vous intéresse, sont aussi appelées «informateurs-clé» : Elles peuvent fournir les «clés» de la
compréhension d’un sujet. Il peut s’agir de personnes ayant une certaine expérience (ainsi, un
épileptique est un spécialiste ou «informateur-clé» dans le domaine de cette maladie), il peut
aussi s’agir de quelqu’un occupant une position spéciale dans la communauté. Une manière
d’identifier un informateur-clé consiste à demander autour de soi qui «en sait le plus» sur le
sujet.Toutefois, il est souvent difficile d’identifier un informateur-clé d’un groupe «vulnérable»,
étant donné que les membres de ce groupe se garderont bien souvent de vous l’indiquer.
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5.2 L’entretien approfondi
(entretien non structuré, non directif)
(Brigit Obrist van Eeuwijk)
L’entretien approfondi est basé sur le principe que la personne interrogée est la plus apte à
expliquer ses pensées et ses sentiments. Par conséquent, le rôle du chercheur consiste uniquement à écouter attentivement son interlocuteur, à le motiver pour qu’il s’exprime et à
veiller à accorder aux éléments du discours la même importance que le sujet leur accorde.
Le chercheur est donc intéressé et disposé à écouter tout ce que son interlocuteur veut lui
dire sur le sujet; il est aussi attentif à toutes les réactions affectives de la personne interrogée, à son mode d’approche, à sa définition personnelle des concepts clés, à la hiérarchie des
ses propos, à ses réticences, etc. (Mayer et Ouellet,1991: 314-315)
En pratique, un entretien approfondi n’est jamais entièrement non directif: le chercheur se
laisse d’abord guider par la spontanéité de son interlocuteur. Néanmoins, l’enquêteur a
recours à un fil conducteur afin que les éléments importants du sujet de recherche soient
abordés durant l’entretien.
Quand utilise-t-on l’entretien approfondi? Voici quelques idées:
• Pour obtenir des informations sur la vie de gens difficiles à approcher ou de marginalisés.
Par exemple, des enfants de la rue ou des prostituées.
• Pour obtenir des informations approfondies sur la vie, les coutumes, les pensées, etc. des
gens. Par exemple, l’étude de cas d’une personne.
• Pour approfondir les informations sur un sujet déjà «connu». Par exemple, les femmes et
leur modes d’utilisation de l’eau.
• Pour recueillir des informations sur un événement récent ou ancien. Par exemple, l’histoire
d’un village au temps des grands-parents.
Le choix des personnes interrogées peut porter aussi bien sur des personnes ressources
(grands-parents, chef de village, etc.) que sur des groupes cibles (femmes ayant comme tâche
de chercher de l’eau potable et de l’eau pour la lessive, etc.)
Plusieurs critères peuvent intervenir dans le choix d’un interlocuteur pour un entretien
approfondi.Voici quelques idées:
• Disponibilité de la personne interrogée pour un entretien approfondi;
• Disposition d’esprit de la personne interrogée;
• Intérêt de l’informateur pour le sujet de la recherche;
• Ouverture de l’informateur pour le sujet de la recherche;
• Connaissance de l’informateur du sujet de la recherche.
Quoi qu’il en soit, l’attitude du chercheur face à l’interlocuteur doit être marquée par le respect envers la culture (langue, valeurs, etc.) et par l’attention, la patience, la tolérance, la politesse, etc. vis-à-vis de l’informateur. En choisissant le lieu et le moment de l’entretien, le chercheur doit veiller à ce que la discussion se déroule dans un lieu calme et approprié et durant
un moment favorable.
Le chercheur doit être conscient de la concurrence des questions. Il peut varier le genre de
questions qu’il pose à son interlocuteur. Par exemple, il peut passer d’une question de faits à
une question d’opinion. Il peut répéter et reformuler les questions pour introduire des points
de vue différents.
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RAPPORT
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Il convient d’être prudent dans l’utilisation des questions qui commencent par pourquoi. De
même faut-il essayer d’éviter les mots à double sens, les questions longues et éviter de donner une direction à la réponse.
5.3 Entretien semi-structuré (entretien semi-directif)
(Ruth Schumacher)
«Les entretiens semi-structurés sont basés sur l’utilisation d’un guide d’entretien. C’est une
liste écrite de questions ou de sujets qui doivent être couverts pendant l’entretien. L’ordre
exact et le choix des mots peuvent eux varier d’une personne interrogée à l’autre.»
(Hudelson 1994:12)
L’entretien semi-structuré se caractérise, par rapport à l’entretien approfondi, par une structuration supérieure suscitée par l’emploi du guide des questions préformulées. Tandis que
chaque réponse demeure libre, le degré de liberté du cours de l’entretien est réduit.
Néanmoins, il est tout à fait possible d’ajouter l’une ou l’autre question supplémentaire à la
liste établie auparavant.
L’emploi d’un entretien semi-structuré est approprié dans un contexte où les informateurs
éprouvent des réticences à s’embarquer dans des entretiens approfondis de plus longue
durée. L’entretien semi-structuré combine quelques-uns des avantages de l’entretien structuré, tels que la systématisation plus facile et la possibilité d’une semi-quantification, avec
d’autres de l’entretien ouvert, tels qu’une certaine flexibilité. Ainsi, il sont utilisés comme
«compromis» entre les deux et font souvent partie des évaluations rapides (PRA et RRA; voir
chapitre 7).
Comment établir le guide d’entretien ?
Pour établir le guide d’entretien il est judicieux de considérer quelques éléments fondamentaux:
• Variation du genre de questions: par exemple, le passage d’une question de fait à une question d’opinion pour revenir à une autre question de fait. Cela peut écarter la monotonie et
l’anxiété chez l’interlocuteur.
• Répétition et reformulation des questions à partir de différents points de vue pour épuiser le sujet et pour découvrir tout le sens que l’informateur lui donne.
• Les questions doivent être formulées en prenant en considération le point de vue des personnes interrogées et les concepts de leur culture. Généralement, la formulation du guide
nécessite une connaissance préalable du milieu à étudier.
• Eviter le plus possible le «pourquoi». Le «pourquoi», loin d’amener l’interlocuteur à développer sa réponse, le pousse plutôt à se justifier.
Evitez de vous limiter trop rigoureusement au guide d’entretien et soyez attentif à chaque
indice qui permet de recueillir des informations non prévues mais pertinentes pour le sujet
de recherche. N’hésitez pas à poser des questions complémentaires et des demandes de précision pour vérifier les informations reçues.
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DISCUSSION EN GROUPE FOCAL
(ENTRETIEN EN GROUPE)
(Kaspar Wyss)
La technique des «discussions en groupe focal», un type d’entretiens ouverts, se distingue de
celles des entretiens individuels. Un groupe focal est un groupe de discussion qui réunit des
personnes du même milieu ou ayant des expériences semblables pour discuter d’un thème
précis qui présente un intérêt pour le chercheur (Basch 1987; Dawson et al. 1993). La discussion en groupe focal ne correspond pas à un entretien semi-structuré dans lequel le modérateur (animateur, «facilitateur») pose des questions précises auxquelles doit répondre le
groupe. Les participants d’un groupe focal discutent, au contraire, librement d’un sujet déterminé. La particularité du groupe focal est qu’il est orienté sur un thème d’intérêt spécifique
(«focus») que le modérateur garde à l’esprit. Il tente d’inciter les participants à approfondir
le sujet durant la discussion, afin d’obtenir davantage de renseignements sur leur mode de
penser.
6.1 Avantages et inconvénients des groupes focaux
L’application de la méthode de groupes focaux présente différents avantages et inconvénients
par rapport à d’autres méthodes. En bref (Dawson et al. 1993, Khan et al. 1991):
Avantages:
• Les groupes focaux peuvent produire un important volume d’information, plus rapidement
et à moindre coût que des entretiens individuels.
• En général, une discussion en groupe focal est bien acceptée par les communautés, étant
donné qu’elle fait appel à une forme de discussion tout à fait naturelle et bien connue dans
la plupart des communautés.
• Les groupes focaux peuvent s’avérer être de bons instruments de recherche dans la production de connaissances dans un milieu peu connu. Ainsi, ils peuvent parfaitement servir
d’outil pendant la phase exploratoire d’une recherche et être suivis par des entretiens
approfondis ou des observations.
• Lorsqu’ils sont utilisés pour l’étude de questions simples, les groupes focaux peuvent facilement être dirigés par des personnes peu formées dans le domaine de la recherche
qualitative. Néanmoins, le rôle du modérateur est essentiel pour la bonne conduite d’un
groupe focal.
Inconvénients:
• Les groupes focaux sont d’une utilité limitée dans l’exploration en profondeur d’un sujet
délicat. En l’occurrence, les entretiens approfondis traduisent une méthode mieux adaptée.
• Les résultats provenant de groupes focaux ne peuvent être étendus à la communauté au
sens large du terme: ils peuvent fournir un éventail de points de vue et d’opinions, mais
non la fréquence avec laquelle ils sont répandus dans la société.
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RAPPORT
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•
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Les participants s’accordent souvent au fur et à mesure dans les réponses à donner, d’où
la nécessité d’être vigilant dans l’interprétation des résultats. Ceci est notamment le cas
pour des discussions en groupe focal dominées par un personnage fort.
6.2 Quelques règles de base pour une discussion
en groupe focal
Voici quelques règles de base pour une bonne conduite d’une discussion en groupe focal.
Pendant la phase préparatoire d’une discussion en groupe focal, il convient de prendre en
considération certains points:
• Bonne préparation d’une discussion en groupe focal: Le choix de la localité doit être fixé
prudemment et garantir à priori un bon déroulement de la discussion.
• Choix des participants ou participantes: réflexions sur l’homogénéité et l’hétérogénéité du
groupe. Est-ce que les participants et participantes doivent avoir le même âge? Est-ce
qu’elles ou ils doivent avoir le même sexe, la même occupation, etc.?
• Prudence sur l’existence de structures hiérarchiques au sein de groupe: elles peuvent
contrarier le libre échange des opinions.
• Nombre limité de participants et participantes: de 6 à 10 personnes.
• Participation volontaire à la discussion.
• Le groupe focal est guidé par un seul modérateur qui tente d’encourager les participants
à une libre discussion.
• L’observateur observe le groupe focal et prend des notes.
• Durée de la discussion: limitée à 1 ou 2 heures (maximum).
6.3 Choix des participants et participantes au groupe focal
Points à respecter dans la sélection des participantes ou participants:
• La sélection doit correspondre au sujet de recherche et aux thèmes à explorer. Les personnes doivent être concernées par le sujet ou avoir une opinion sur le sujet.
• Au moment de la planification des discussions et du choix des participants, formulez des
critères de sélection réalisables. Le cas contraire, il sera difficile d’en contrôler l’application.
• Identifiez tous les éléments susceptibles d’influer sur la sélection et tentez de les minimiser. Exemple: les membres d’une communauté qui aiment s’écouter eux-mêmes seront
plus enclins à se joindre au groupe.
• Parfois, un choix fait «sur le terrain» peut être intéressant: par exemple, des mères qui sortent d’une séance de vaccination.
6.4 Le rôle du modérateur
Le modérateur guide la discussion, il ou elle la contrôle et la dirige. Guider ne veut pas dire
«être le chef». Le modérateur essaie de mettre à l’aise les participants et encourage une discussion naturelle et animée. Si les participants ou les participantes ne peuvent pas répondre à
une question, le modérateur doit être capable de la reformuler en d’autres termes.
L’exemple d’un guide de questions est donné en annexe 9.7.
Le modérateur suit le guide de questions qui fournit l’ordre des questions à poser aux participants. Il connaît bien les objectifs de l’étude: c’est essentiel pour l’exploration des réponses
données au cours de la discussion qui peuvent être inattendues ou accidentelles.
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RAPPORT
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Le modérateur a comme tâche de:
• Souhaiter la bienvenue à tous les membres du groupe;
• Introduire le sujet et suivre le guide de question ;
• Orienter la discussion vers le sujet choisi tout en restant souple et ouvert à l’inattendu;
• Entreprendre le nécessaire pour que tous les participants prennent part à la discussion (en
encourageant les timides à parler et en freinant les bavards);
• Écouter attentivement chaque contribution à la discussion;
• Approfondir le sujet en faisant office de «miroir»: résumer ou paraphraser ce qui a été dit,
comparer les points de vue, demander des explications supplémentaires, etc.
Le modérateur doit veiller à:
• Ne pas suggérer de réponses (éviter des questions qui commence par «pourquoi»), ne pas
dévoiler sa propre opinion (qu’elle soit négative ou positive !), et ne pas porter un jugement
sur les points de vue exprimés ou faire des commentaires moralisants;
• Si le modérateur est confronté à un «expert» dans le groupe, il veille à ce que cette personne ne soit pas la seule à parler. S’il y a des personnes très dominantes dans le groupe,
le modérateur essaiera de les écarter. Des personnes timides doivent être encouragées à
parler (par exemple, en les regardant dans les yeux);
• Ne pas juger les réponses des participants: La discussion en groupe focal ne connaît pas de
réponses «fausses» ou «correctes». Elle valorise chaque réponse;
• Ne pas consoler ou réconforter un participant qui parle de son problème.
6.5 Le rôle de l’observateur
L’observateur ne participe pas à la discussion. Il ou elle est assis à l’arrière-plan et note les
principaux sujets de discussion et les communications non-verbales et attitudes des participants. Quelques exemples de messages non-verbaux (Schumacher, 1995): les expressions du
visage, la mimiques (rire, hocher ou secouer la tête, ...) et les attitudes. Ces messages fournissent des informations sur les sentiments des participants: intérêt, excitation, peur, impatience, etc.
L’observateur a comme tâche:
• La supervision de l’enregistrement par cassette.
• L’élaboration d’un compte rendu de la discussion qui inclut les principaux sujets discutés
et les communications non-verbales et attitudes.
• Il ou elle peut transmettre des questions supplémentaires au modérateur.
• Il incombe souvent à l’observateur de faire la transcription après une discussion.
6.6 Le déroulement et les différents stades
d’une discussion en groupe focal
Au cours de la période de préparation d’une discussion en groupe focal il faut retenir:
• Le choix des participants doit être fait suffisamment tôt pour qu’ils puissent être invités à
temps. Les participants n’ont pas à connaître le sujet de la discussion à l’avance; on ne leur
communique que le sujet général.
• Parfois, il est préférable de prendre des participants qui ne se connaissent pas l’un l’autre,
afin d’éviter les hiérarchies.
• Préparation d’un guide de questions (pour un exemple, voir annexe 9.7).
• Choix du site: choisissez un emplacement tranquille et neutre (du point de vue du sujet
abordé).
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•
•
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Préparation du matériel d’enregistrement qui doit être testé avant le début de la discussion.
Préparation de boissons et d’une petite collation (cacahuètes...) pour mettre à l’aise les
participants.
Après que le site de la discussion ait été choisi et les participants rassemblés, une discussion
en groupe focal peut se dérouler de la manière suivante (Figure 3), (Schumacher, 1995):
Figure 3 : Focalisation du sujet de discussion dans un groupe focal
Questions générales
déroulement
(temps)
Questions spécifiques
Focus
Ouverture à la discusson
I.
Démarrage d’une discussion en groupe focal. Au début il est important que les participants se sentent à l’aise. Ainsi, il est conseillé de bien expliquer les raisons de la formation d’un groupe focal (sans en révéler le focus!) ainsi que les «règles du jeu».
II.
Si vous souhaitez utiliser un magnétophone, expliquez-en le fonctionnement et les raisons pour lesquelles vous l’utilisez. Demandez toujours au groupe l’autorisation d’enregistrer la discussion.
III. Faites le tour du groupe pour la présentation de chacun afin que tous se sentent à l’aise,
en état de sécurité affective. Le modérateur lance une première ronde de présentations
pour mettre les participants à l’aise, pour qu’ils fassent connaissance mais aussi pour les
habituer à s’exprimer dans le groupe.
IV. Faites une déclaration qui concerne le sujet de la discussion. Le modérateur peut
débuter lui-même.
Exemple: le sujet de recherche est l’hygiène du milieu.
Le modérateur : mon nom est Fatimé et je guide cette discussion. J’ai 29 ans et trois enfants
dont deux filles.J’habite dans le quartier Amriguébe à N’Djaména.Ma profession est assistante
sociale.Lorsque je me promène dans les rues de la ville je m’aperçois de beaucoup de déchets...
Veuillez vous aussi vous présenter en nous disant votre âge, votre situation de famille et d’où
vous venez.
V.
A ce stade, le modérateur tente de diriger la discussion vers le thème de focalisation par
une série de questions orientées. Cela débute par des questions générales qui par la suite
deviennent de plus en plus spécifiques. Il n’est pas obligatoire de poser toutes les ques
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RAPPORT
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tions préparées: il convient souvent de rester souple et de laisser la discussion se développer spontanément, sans perdre de vue le sujet de la recherche.
VI. Ensuite, approfondissez le thème. Dès que le groupe est arrivé au thème d’intérêt principal, le modérateur a la tâche d’inviter les participants à exprimer leurs réactions, leurs
opinions. Il ne doit pas se satisfaire de déclarations trop superficielles ou de descriptions
fragmentaires. Il essaie d’inciter les participants à donner des explications détaillées sur
les circonstances, les raisons, les influences en jeu, à parler de leurs sentiments. A ce
stade, l’élément-clé est de nouveau l’écoute active. Le modérateur vise à développer une
sorte de jeu de billard où les participants ne s’orientent non pas au modérateur même,
mais aux commentaires des autres (Figure 4).
VII. Pour encourager la discussion, vous pouvez également comparer les affirmations qui s’opposent:
Exemple: «L’une d’entre vous a dit que les abandons des centres de réhabilitation nutritionnelle sont dus à la longue période d’attente; selon un autre point de vue, les mères
des enfants malnutris sont plutôt préoccupées par la qualité de la bouillie offerte...
Qu’en pensent les autres?»
Cette étape se termine dès que plus personne n’apporte de nouvelles idées ou que les
participants commencent à se fatiguer.
VIII. Avant la fin d’une discussion, procédez à un résumé, des rectifications et exprimez des
remerciements. Pour être sûr d’avoir bien compris les idées principales des participants,
le modérateur les résume à la fin de la réunion. Le résumé donne aux participants du
groupe focal la possibilité de rectifier, s’ils pensent avoir été mal compris. Ce résumé et
les informations données rétroactivement permettent de contrôler la validité des résultats.
Exemple (Schumacher, 1995): Si je vous ai bien compris, vous avez dit que... et quelquesuns d’entre vous étaient de l’opinion que... d’autre part d’autres ont souligné que...Vous
vous êtes alors tous mis d’accord que... Ai-je bien résumé vos idées? Ou ai-je oublié
quelque chose? Aimeriez-vous faire quelques rectifications ou ajouter quelque chose?
IX. A la fin de la réunion (après 1 à 2 heures), le modérateur exprime ses remerciements à
tous et souligne l’importance des idées formulées pour l’étude en cours et pour le programme.
Figure 4: Flux de la discussion lors d’un groupe focal (principe d’un «jeu de billard»)
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RAPPORT
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7
MÉTHODES INTERACTIVES
(Ruth Schumacher)
Les techniques dites «innovatrices» ne le sont que dans la mesure où elles apportent de nouvelles variations au traditionnel schéma du continuum de structuration (voir tableau 2). Ainsi,
les méthodes interactives ne font pas forcément partie des méthodes qualitatives, elles peuvent aussi bien être hautement structurées que non structurées ou ouvertes. La particularité
des méthodes participatives consiste dans l’introduction de la dimension dynamique en
encourageant la participation du groupe ou de l’individu.
Un concept de méthodes interactives très connu est le «diagnostic rural participatif»
(Participatory Rural Appraisal, PRA; voir Chambers 1992; SDC 1993; Schönhuth/Kievelitz
1994)2. PRA est un cadre méthodologique qui permet de comprendre et d’analyser des situations rurales (mais aussi en ville) en un temps minimum, afin de pouvoir mieux planifier dans
le domaine du développement. Ces méthodes sont basées sur le phénomène de l’échange et
sur des méthodes interactives adaptées au contexte local. Le but de ce concept vise moins
les objectifs d’une recherche que l’identification des actions concrètes au bénéfice de la population et basées sur une compréhension mutuelle de la situation.
Les caractéristiques des méthodes interactives par rapport à une recherche classique sont:
• Le principe de «l’ignorance optimale», c’est-à-dire que «l’étude et l’analyse ne sont poursuivies que jusqu’au point où les besoins ou les activités envisagées peuvent être identifiés»
(Schönhuth, Kievelitz 1994:9). Ainsi, l’équipe accepte un certain degré d’imprécision.
• La participation de la population, non seulement comme informateurs mais aussi comme
acteurs.
• L’orientation vers l’action et le développement.
• La population reste «propriétaire» de l’information, toute étape étant accompagnée d’une
séance de rétro-information («feed-back»).
• La triangulation : L’utilisation de plusieurs méthodes, de plusieurs perspectives et plusieurs
sources d’information.
• La flexibilité et créativité des méthodes.
La visualisation des méthodes («visual sharing») et la discussion sur ce que l’on a vu ou entendu.
• L’équipe pluridisciplinaire.
Avantages des méthodes interactives :
• Rapides et peu chères;
• Adaptées au milieu rural et analphabète;
• Plus de contrôle du côté du partenaire local;
• L’apprentissage en commun (mutual learning);
• La pertinence des actions prévues est réenvisagée par la population concernée.
2
Le «diagnostic participatif» ou PRA a été développé dans les années 90 sur la base des expériences avec le «diagnostic
rural» (ou RRA, développé dans les années 80; voir par ex. Kidima 1990, Mondain-Monval 1993), en y soulignant le caractère dynamique et participatif des méthodes.
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Limites des méthodes interactives :
• Nécessite un apprentissage de l’équipe sur le terrain (difficile à apprendre par une formation théorique);
• Chaque méthode a sa propre dynamique de groupe et donne ainsi des résultats différents;
• Risque de créer de faux espoirs;
• Nécessite beaucoup de sensibilité par rapport au choix des méthodes et à la gestion des
émotions et du dynamisme du groupe.
La boîte à outils
Ainsi est appelée la collection des méthodes les plus utilisées, dont le nombre est pour ainsi
dire illimité. Le choix des méthodes varie selon le thème choisi et selon la culture dans laquelle elles doivent être appliquées. Voici quelques exemples de cette «boîte à outils»
(cp. aussi Schönhuth/Kievelitz 1994: 55-82):
• Diagrammes ou cartes. Par exemple: calendriers saisonniers, tendances et profils historiques, diagrammes des processus de décision (voir annexes 9.8 et 9.9).
• Transects. Des promenades exploratoires à travers un village: on traverse le village et ses
environs en coupe horizontale de l’espace, en partant du centre. Avec un ou deux accompagnateurs locaux on discute de tout ce que l’on perçoit (observation et entretien/discussion ouverte) (voir le transect historique en annexe 9.10).
• Jeux de rôle/théâtre. On laisse un groupe de la communauté jouer une scène en relation
avec le thème choisi. Par exemple, une épidémie de choléra dans le village (approche
ouverte). De manière plus structurée: on leur donne un guide avant de jouer. Après le jeux
de rôle, on discute avec les villageois sur ce que l’on aura perçu.
• Contes. On raconte, par exemple, un conte sur lequel on laisse ensuite discuter le groupe.
Les contes «ouverts» sont un autre exemple: on demande aux membres de la communauté
d’en raconter la fin.
• Classement par matrice directe («ranking matrix»): voir exemple ci-dessous (tableau 3).
Les méthodes «classiques» telles que l’entretien semi-structuré, l’observation et la discussion
en groupe focal en font également partie, c’est-à-dire des méthodes qualitatives et semistructurées.
Il convient de retenir que les méthodes interactives ne constituent pas à proprement parler
une méthode de recherche classique. Elles peuvent, néanmoins, fort bien compléter les méthodes de recherche classiques au cours d’une étude.
Tableau 3 : Exemple d’un classement par matrice directe, établi à Darda en
octobre 1997 : identification d’un sujet de recherche par les participants de l’atelier
Paludisme
Eau
Accès
aux
soins
••••
•
•••••
•••••
•••••
•••••
•
•••
•• ••
••••
•••
••• •
•
•
Sensible au
changement
•••••
•••
•••
••••
•
Peu d’information disponible
•
••
••
•••
•••• •
•••
•••••
•••••
•
•
•••
•
Sujets
Critère :
Importance
professionnelle
Importance du côté
de la population
Total
16
26
28
9
Santé
Médecine
des
tradionfemmes nelle
2
25
Finance- Hygiène
ment /
coûts
12
3
Rougole
2
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8
ENREGISTREMENT,
ANALYSE DU CONTENU, RÉDACTION
(Kaspar Wyss)
Ce chapitre n’est pas comparable à une introduction approfondie à l’analyse des données qualitatives et à la rédaction d’un document de recherche. Il se réduit à quelques points importants à considérer dans les différentes étapes d’une recherche. Pour des descriptions plus
précises, voir par exemple: Mayer et Ouellet 1991, Huberman et Miles 1991, Strauss 1987 ou
Denzin 1978.
8.1 Enregistrement et transcription
Voici quelques points à considérer lors de l’enregistrement et de la transcription d’un entretien ou d’une observation :
• Il existe différentes techniques d’enregistrement: compte-rendu, notes, enregistrement par
cassette, rédaction d’un journal, élaboration de cartes, etc.
• Si vous décidez d’enregistrer vos entretiens par cassette, sachez que seuls des enregistrements de bonne qualité peuvent facilement être transcrits. Toute sorte de bruits ou des
personnes parlant à voix faible ou basse peuvent fortement affecter la qualité de l’enregistrement.
• Si vous décidez d’enregistrer vos entretiens par cassette, préparez à l’avance une étiquette pour la cassette où vous indiquerez au moins le code de l’entretien et de la date;
• Si vous décidez d’enregistrer vos entretiens par cassette, n’oubliez pas de vous munir de
piles de réserve et d’une cassette supplémentaire.
• Immédiatement après l’entretien ou après les observations, asseyez-vous, rappelez-vous les
éléments clés de la discussion ou des observations et notez-les sur une feuille. Faites un
résumé de l’entretien ou de l’observation.
• Si vous souhaitez faire une transcription, faites-la le plus tôt possible, juste après la fin de
l’entretien. Ne sous-estimez pas l’ampleur de ce travail. En général, il faut compter deux (2)
jours de travail de transcription pour un entretien d’une heure et demi. A titre d’exemple,
vous trouverez un extrait d’une transcription d’un entretien semi-structuré dans l’annexe 9.11.
• Pour la transcription, utilisez les mots réellement employés par l’interlocuteur, même si
ceux-ci sont répétitifs, grammaticalement faux ou ne donnent pas de sens.
• Des passages non compréhensibles doivent être marqués par des parenthèses. Exemple:
[passage non compréhensible].
• Pour la transcription d’un entretien en français avec une personne native, choisissez une
personne qui maîtrise les deux langues. Si vous rencontrez des mots qui n’existent pas en
français, utilisez pour la transcription le terme en langue locale.
Exemple: «amboula», autre terme pour le lait amer chez des femmes qui allaite, il n’existe
pas de terme médical pour «amboula».
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RAPPORT
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•
•
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Des informations additionnelles et non-verbales comme des bruits et des moments de
silence ou des pauses doivent être ajoutés à la transcription. Par exemple, si les participantes et participants rient, il faut l’ajouter soit entre parenthèses, soit en italique.
Exemple: [rire];
Sur les feuilles de transcription, laissez suffisamment de place pour y ajouter ultérieurement des remarques et des codes (si vous n’utilisez pas de logiciel).
8.2 Analyse du contenu et interprétation des informations
L’analyse du contenu représente une des possibilités d’exploitation de données et peut être
définie comme l’analyse systématique des idées exprimées lors d’une recherche. Elle peut
s’appliquer à des documents écrits comme à des communications verbales et non verbales,
telles que la transcription des observations et des entretiens. Dès l’instant que les documents
à soumettre à l’analyse sont déterminés, il est important de prendre en considération tous
les éléments. Autrement dit, il n’y a pas lieu de négliger un élément pour une raison quelconque.
Les étapes à suivre sont:
• Lire les documents. Il s’agit de lire attentivement et à plusieurs reprises les documents à
étudier. Cette lecture permet de se familiariser avec leur contenu et avec divers thèmes
possibles. Chaque transcription est analysée en soi, puis vérifiée et comparée avec les notes
d’observation ainsi que le résumé que vous avez écrit directement après l’entretien.
• Définir des catégories et les préciser (leur nature, leur nombre, les subdivisions, etc.).
Après la lecture des documents, il est essentiel de développer les points communs ainsi
que les différences entre les documents relatifs aux observations ou entretiens, avant d’élaborer les points principaux établir les catégories. Dans ces catégories, vous regroupez les
unités d’informations extraites des documents.
• Déterminer l’unité de quantification. Cette unité de quantification peut être un thème, un
mot, un concept, une phrase, une idée fréquente.Vous retiendrez plus facilement une unité
de quantification si elle est identifiée à une catégorie.
• Déterminer l’unité de numération. Cette unité porte sur l’espace et le temps dans lesquels
vous notez la récurrence des éléments recherchés. Il peut s’agir du nombre d’apparition
par page ou par texte, par paragraphe ou par ligne, par unité de temps.
• Si vous le souhaitez, vous pouvez alors effectuer une quantification. Cette étape consiste à
transformer en quantités traitables les éléments retenus. Un exemple d’une quantification
des idées mentionnées au cours d’une série de discussion de groupes focaux se trouve en
annexe 9.6. Il est important de souligner qu’une quantification des idées mentionnées au
cours d’une recherche qualitative sert uniquement à déterminer l’importance relative d’un
sujet par rapport au thème de la recherche et non à chiffrer les informations en pourcentage ou en nombre.
L’analyse du contenu peut se faire soit manuellement, soit à l’aide d’un logiciel (LewandoHundt et al., 1997). Dans le chapitre 8.4, vous trouverez la description de l’analyse des données à l’aide du logiciel Textbase Alpha.
Ces étapes sont suivies de la description scientifique, l’interprétation des résultats et la rédaction d’un rapport. L’interprétation du matériel est fort délicate. Il est tout aussi difficile de
spécifier les limites de l’analyse; en théorie, elle ne connaît pas de fin, vu qu’il est toujours possible d’explorer un sujet encore plus en profondeur. En pratique, les contraintes de temps ou
d’un projet imposent au chercheur les limites du cadre de son analyse.
30
RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
8.3 Rédaction d’un rapport
Vous trouverez ci-joint une proposition de structure pour le rapport final d’une recherche.
Il est certes utile de disposer de suggestions concernant l’organisation d’un rapport et de
résultats (Hudelson 1994) avant la récolte des informations obtenues au moyen de méthodes
qualitatives et d’une analyse du contenu.
• Résumé : le résumé ne doit pas dépasser les deux pages et il est censé décrire brièvement
les objectifs et le contexte, fournir des informations sur la méthodologie et le lieu de la
recherche et résumer les résultats principaux.
• Introduction et objectifs : ce chapitre doit permettre au lecteur de se situer par rapport
aux questions intégrées dans l’étude et de décrire explicitement les objectifs de la recherche.
• Description du lieu de la recherche : ce chapitre explique les raisons du choix du lieu
de recherche et fournit des informations sur la population d’étude et leurs caractéristiques
sociales, économiques, ethniques, etc.
Méthodologie
de recherche : ce chapitre décrit en détails l’approche méthodologique
•
de la recherche ainsi que la taille de l’échantillon, les stratégies d’échantillonnage et les
méthodes utilisées (l’utilisation d’un logiciel d’analyse des données inclue). Les justifications
relatives à l’approche méthodologique ainsi que la description des problèmes rencontrés
doivent être mentionnés.
• Résultats : cette section est constituée de réponses détaillées aux questions de recherche
telles qu’elles sont exposées dans l’introduction. Les résultats de toutes les activités de
récolte d’informations par rapport aux questions de recherche doivent figurer dans le rapport. Si vous avez utilisé plusieurs méthodes de recherche, les informations devront impérativement être triangulées (voir chapitre 2.4).
• Discussion, conclusions et recommandations : dans cette partie, le rapport se réfère
aux objectifs de la recherche et cerne les constats plus généraux et les conclusions à partir des résultats et de leurs limites. Quelle est l’importance des résultats de la recherche
pour des activités en faveur de la santé? Quelles sont les recommandations que le chercheur peut, sur la base de sa recherche, formuler pour des actions concrètes?
Annexes
: dans l’annexe figure le matériel pas suffisamment important pour paraître dans
•
le rapport principal, mais cependant utile aux précisions sur la démarche de la recherche,
les résultats et les conclusions: guide d’observations et d’entretiens, tableaux, etc.
8.4 Analyse des données à l’aide de Textbase Alpha
Textbase Alpha est un logiciel destiné à faciliter l’analyse qualitative d’un entretien ou des
observations. Actuellement (1997), il n’existe pas de version française du logiciel. L’objectif
principal de ce logiciel est de faciliter l’analyse des transcriptions des observations, des entretiens non structurés ou semi-structurés en se chargeant du fastidieux travail de routine.Vous
trouverez une description complète ainsi que des informations supplémentaires sur le logiciel
dans le guide le l’utilisateur ainsi que dans la traduction française du guide (Tesch 1989;Tesch
1997).
8.4.1 Les modules de Textbase Alpha
Les différents modules de Textbase Alpha sont:
F1: «Introduction»
Ce module fournit une brève introduction en anglais dans le logiciel Textbase Alpha.
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RAPPORT
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F2 : «Create/Edit selection file»
Après que vous ayez tapé vos observations et/ou entretiens au moyen d’un logiciel de traitement de texte, les noms, et seulement les noms, des fichiers que vous voulez utiliser pour
l’analyse doivent être introduits dans un fichier à part. Ce fichier, appelé fichier de sélection,
n’est autre que le fichier qui annonce au programme Textbase Alpha les fichiers qui contiennent des informations sur les observations ou entretiens que vous souhaitez utiliser pour
l’analyse. Sans ce fichier de sélection, les procédures d’analyse de Textbase Alpha sont bloquées.
F3 : «Perform pre-structured coding»
Dès que vous avez pré-structuré vos informations avec le logiciel de traitement de texte
(attention: les codes doivent être en saillie dans la marge de gauche) vous pouvez signaler à
Textbase Alpha que tout signe figurant dans la marge de gauche est un nom de code. Pour
effectuer un codage automatique des fichiers, appuyez sur la touche F3 du menu principal et
répondez aux invitations qui suivent.
F4 : «Perform unstructured coding»
Ce module vous permet de coder le texte des fichiers d’après des thèmes (ou concepts)
identifiés en relation avec les objectifs de l’étude.Toutes les parties du texte se rapportant au
même thème (ou concept) reçoivent le même nom de code. Il convient de noter que vous
pouvez «coder manuellement» tout fichier contenant des informations, et ce à n’importe quel
moment, qu’il fasse partie d’un fichier de sélection ou non, qu’il ait déjà des codes dans les
marges ou non. L’important est que les thèmes (ou concepts) soient spécifiés exactement de
la même manière, chaque fois qu’ils sont utilisés.
F5 : «Retrieve coded segments»
Ce module vous permet de travailler avec un code bien précis, correspondant à un thème
(concept) spécifique de votre étude. Avec la touche F5 vous pouvez insérer un code dans un
endroit quelconque de votre texte.
F6 : «Count words»
Pour obtenir la fréquence des mots, sélectionnez le module de comptage des mots («count
words»). Il faut d’abord indiquer le nom du fichier de sélection pour lequel vous désirez le
comptage et ensuite suivre les instructions.
F7 : «Count codes»
Pour obtenir la fréquence des codes, sélectionnez le module de comptage des codes («count
codes»). Il faut d’abord indiquer le nom du fichier de sélection pour lequel vous désirez le
comptage et ensuite suivre les instructions.
F8 : «Prepare for statistical analysis»
Ce module vous permet de transférer vos chiffres dans un logiciel d’analyse de statistiques tel
que SPSS. Ce module vous permet également d’effectuer un comptage du nombre de lignes de
chaque code pour chaque fichier, ainsi que de la fréquence des codes pour chaque fichier.
F9 : «Scrambling/descrambling of text»
Ce module est utilisé lorsque plusieurs personnes travaillent sur le même ordinateur et que
le chercheur souhaite empêcher à d’autres utilisateurs d’avoir accès à ses fichiers. En l’occurrence, le texte des fichiers de données peut être dissimulé.
F10 : «View text»
Ce dernier module est utilisé pour obtenir une liste des segments de textes codifiés par des
crochets.
ESC : «Exit program»
Pour sortir du logiciel Textbase Alpha, appuyez sur la touche «ESC» et ensuite confirmez
votre décision de quitter le logiciel en frappant une deuxième fois la touche «ESC».
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8.4.2 Les étapes principales de l’analyse des données à l’aide de Textbase Alpha1
Les étapes principales et résumées de l’analyse des données à l’aide de Textbase Alpha sont
les suivantes:
I. Préparations des données avant d’utiliser Textbase Alpha1
La première étape dans l’utilisation de Textbase Alpha consiste à préparer les observations,
entretiens approfondis ou semi-structurés ou encore les discussions en groupes focaux à l’aide d’un logiciel de traitement de texte. Dorénavant, nous utiliserons pour toutes les informations le terme de «données». Les données récoltées lors d’observations ou d’entretiens
devront être sauvegardées dans des fichiers portant un nom spécifique (les données d’un premier entretien sont sauvegardées dans un fichier, les données d’un deuxième entretien sont
sauvegarder dans un autre fichier, etc.). Il est indispensable de sauvegarder tous les fichiers
dans un seul et unique sous-répertoire portant un nom en rapport avec l’étude.
Dès le début du processus d’entrée des données, il est important de décider si vous voulez
un codage pré-structuré ou non. Le codage pré-structuré est recommandé, sauf si vous avez
une raison d’agir autrement. Pour chaque segment de données qui décrit un phénomène
(concept, idée) particulier, il est souhaitable de munir le phénomène en question d’un code
(mot). Il en va de même pour chaque question. Par exemple: Pour un segment (phrase, paragraphe ou plusieurs paragraphes) de données qui fournit des informations sur les perceptions
ou pensées des personnes interrogées au sujet des causes associés à une certaine maladie,
vous pouvez choisir le nom de code «cause». Ou si la même question revient dans des textes,
elle peut par exemple recevoir le code «question_1» pour la première question.
Les noms de codes doivent être déterminés à l’avance. Il est souhaitable de choisir des noms
de code simples, faciles à reconnaître et courts (les noms de code ne peuvent pas comporter plus de 20 caractères). Si vous souhaitez que le nom du code soit composé de plus d’un
mot, reliez les mots par un tiret (par exemple: «question_1» au lieu de «question 1»).
Les noms de code attribués à chaque segment ne doivent pas apparaître dans la marge gauche
du logiciel de traitement de texte, afin que les données suivantes puissent plus tard être associées à ce code par Textbase Alpha. Par conséquent, les noms de code doivent disparaître du
bord gauche; mais les données suivantes ne doivent pas commencer au bord gauche. Pour ce
faire, vous pouvez utiliser la fonction d’indentation de votre traitement de texte. Le nom de
code, en saillie dans la marge gauche, indique au programme l’endroit où doit débuter un segment. Le code suivant terminera le segment précédent. Pour terminer un segment sans en
commencer un nouveau, utilisez, «pour définir le segment suivant».
Une fois terminé l’enregistrement des informations, des observations et/ou des entretiens –
avec ou sans codage pré-stucturé – il est nécessaire de convertir les fichiers de traitement de
texte en document ASCII.
II. Création d’un fichier de sélection dans Textbase Alpha1
Lorsque vous avez sauvegardé toutes vos informations d’observations et/ou d’entretiens en
rapport avec le sujet de votre recherche (dans des fichiers pré-structurés ou non), vous devez
dresser un fichier de sélection dans Textbase Alpha (F2 : «Create/Edit selection file»). Ce
fichier de sélection contient les noms (uniquement les noms) en rapport avec le sujet de votre
recherche et annonce au programme les fichiers de données avec lesquels vous souhaitez travailler.Sans le fichier de sélection,les procédures d’analyse de Textbase Alpha ne sont pas déclanchées.
1
Adapté d’après Feyisetan K. (dans: Kikwawila Study Group 1994: 36-41)
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Si vous travaillez avec des fichiers pré-structurés (contenant des codes qui correspondent à
des concepts, idées ou questions), c’est dans ces fichiers que les codes seront identifiés en
tant que variables d’identification et de sélection.
Après avoir frappé la touche F2, un écran divisé en deux parties apparaît. Suivez les instructions, mais retenez que vous devez indiquer le nom du fichier de sélection et les noms des
fichiers de données. Vous pouvez ajouter jusqu’à 100 noms de fichiers contenant des informations sur des observations et/ou entretiens.
Après avoir choisi le nom du dernier fichier de données que vous aimeriez utiliser pour l’analyse, appuyez sur la touche de validation sans qu’un nom de fichier soit indiqué. Alors, une
nouvelle fenêtre apparaîtra sur l’écran qui vous demandera de taper les noms des variables
de sélection. Les variables de sélection vont vous permettre de sélectionner uniquement les
fichiers dans lesquels il convient d’identifier les informations. Ainsi, en cas de présence de différentes sources de données (par exemple groupes focaux, entretiens, observations, etc.),
vous pourrez désigner une variable capable d’identifier le type de source. Cette variable peut,
par exemple, s’appeler «méthode» et être codée par «GF» pour une discussion en groupe
focal, «EA» pour un entretien approfondi, «OB» pour une observation, etc. Outre la variable
d’identification, d’autres variables de sélection peuvent être données, comme le sexe, l’âge, le
lieu, l’état civil, l’état de santé. Les variables de sélection permettent de comparer les sousgroupes des données. Il est possible d’utiliser jusqu’à 15 variables de sélection.
Une fois établies les variables de sélection, une nouvelle fenêtre apparaît, proposant quatre
alternatives concernant l’ordre dans lequel vous souhaitez indiquer les valeurs des variables.
Vous devrez alors choisir l’ordre dans lequel vous voulez indiquer les valeurs de vos variables
de sélection en appuyant sur la touche de fonction correspondante.
III. Procéder à des corrections à l’intérieur du fichier de sélection
Lorsque vous êtes dans le menu «F2 : Create/Edit selection», vous ne pouvez pas effectuer de
correction. Il vous faut suivre la même procédure pour corriger les fautes dans les noms de
fichiers, les noms de variables et les valeurs de variables. Notez d’abord vos fautes dans l’intention de les corriger plus tard. Pour les noms de fichier, notez les erreurs que vous avez
tapées, et pour les noms de variables, notez les numéros de série des noms des variables
erronés. Ensuite, vous devrez aller dans un sous-menu aux options suivantes: «aide» (help),
«ajouter fichier» (add file), «effacer fichier» (remove file), «ajouter variable» (add variable),
«effacer variable» (remove variable), «vérifier/ corriger valeurs de variables» (verify/correct
variable values) et “sauvegarder données et quitter» (save data and exit). Si vous êtes dans le
menu «F2: Create/Edit selection», vous entrerez automatiquement dans ce sous-menu après
avoir tapé les noms des variables et leurs valeurs pour tous les fichiers. Si vous êtes dans le
menu principal, appuyez sur la touche F2 et réagissez aux invitations qui suivront en pressant
la touche de validation («Entrée») sans entrer de valeur/nom de variable. Procédez de cette
manière jusqu’à ce que vous arriviez dans le sous-menu avec les options mentionnées. Puis,
arrivé dans le sous-menu, choisissez «add file/variable» pour corriger les noms de fichiers ou
de variables et «remove file/variable» pour effacer les variables mal orthographiées. Pour effacer un fichier (ou variable), tout ce que vous devez faire, c’est taper le numéro du
fichier/variable. Dès que vous aurez ajouté une variable, vous serez invité à indiquer les
valeurs pour chacun de vos fichiers. Il est donc important de corriger les noms de fichier
avant de procéder aux corrections des noms et valeurs de variables.
IV. Coder des fichiers pré-structurés
N’oubliez pas que vos données sont déjà pré-structurées, étant donné que certains noms de
codes sont en saillie dans la marge de gauche. Jusqu’à présent, Textbase Alpha ne reconnaît
34
RAPPORT
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pas les mots de la marge gauche comme des noms de codes de segments. Il est nécessaire de
lui signaler que tout ce qui apparaît dans la marge de gauche est un nom de code. Comment
procéder : Pour effectuer un codage automatique des fichiers, appuyez sur la touche F3 du
menu principal et répondez aux invitations qui suivent. Si vous voulez voir les codes dissimulés dans le texte, utilisez la touche F10 du menu principal.
V. Segmenter et coder des fichiers non structurés
Ce procédé vous permet de coder le texte dans un fichier selon les thèmes (ou concepts) en
rapport avec votre étude. Toutes les parties du texte se rapportant au même thème (ou
concept) reçoivent le même nom de code. Contrairement au codage pré-structuré, il convient
de noter que vous pouvez «coder manuellement» tout fichier de données à n’importe quel
moment, qu’il fasse partie d’un fichier de sélection ou non, qu’il ait déjà des codes dans les
marges ou non. Il est indispensable que les thèmes (ou concepts) soient spécifiés exactement
de la même manière à chaque fois qu’ils sont utilisés (par exemple, en comprenant une case
supérieure et inférieure). En appuyant sur la touche F4 du menu principal, vous pouvez coder
manuellement votre fichier de données. Quand vous avez désigné le nom du fichier à coder,
un écran divisé en deux parties apparaît. La partie supérieure montre le texte du fichier. La
partie inférieure est subdivisée en deux parties: le côté droit donne des informations sur la
position du curseur (dans le texte) et le côté gauche donne le nom du fichier (qui reste à
l’écran jusqu’à ce que vous ayez fini de travailler avec le fichier) et signale un espace pour insérer le nom de code d’un segment codé. Utilisez la touche d’insertion («inser») pour marquer
le début et la fin d’un segment à coder. Dès que vous aurez appuyé la touche «inser» pour
marquer la fin d’un segment à coder, l’ordinateur vous invite (du côté gauche de la partie inférieure de l’écran) à taper le nom de code. Si vous voulez donner un autre nom de code au
segment que vous venez juste de coder (parce qu’il se rapporte à un autre thème ou
concept), pressez simplement la touche F4 et vous serez invité à indiquer le nouveau nom de
code.Vous pourrez faire cela autant de fois que vous avez de noms de codes à attribuer à ce
segment. Répétez ce procédé jusqu’à ce que tous les segments importants du fichier soient
codés.Vous ne pouvez pas introduire plus de 500 codes dans un fichier, et un code ne peut
pas comporter plus de 20 caractères. Soyez rigoureux dans l’emploi des majuscules: le mot
religion n’évoque pas la même connotation sous Religion ou religion.
Vous pouvez travailler avec un code à la fois (code précis) ou coder selon l’apparition de mots
particuliers dans le texte. Si vous voulez travailler avec un code précis, appuyez sur la touche
F5 lorsque votre curseur est à un endroit quelconque du texte et vous serez invité à indiquer
le nom de code avec lequel vous voulez travailler. Vous pouvez, à présent, parcourir votre
texte pour marquer, au moyen de la touche «inser», le début et la fin de chaque segment en
rapport avec ce code. Le code reste fixé jusqu’à ce que vous utilisiez la touche «suppr» pour
l’effacer. Répétez l’opération pour un autre code.
Si vous souhaitez chercher un (ou des) mot(s) particuliers pendant que vous codez, placez le
curseur au début du texte et appuyez la touche F3. La barre inférieure vous invitera à taper
le «texte recherché». Pressez la touche de validation («entrée») dès que vous avez fini de
taper le «texte recherché». Le curseur sautera à l’endroit où le mot a été trouvé. A présent,
vous pouvez coder le segment. Si vous désirez continuer à chercher d’autres passages contenant ce même mot, appuyez de nouveau sur la touche F3 et sur la touche de validation.
Toutes les informations concernant les segments codés sont sauvegardées automatiquement
dans un fichier spécial, le fichier catalogue. Il garde le nom du fichier dans lequel vous travaillez,
mais avec l’extension «.KAT».
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RAPPORT
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VI. Passer en revue, corriger et changer la segmentation et le codage des données
Vous pouvez passer les codes en revue en pressant soit la touche F10 (du menu principal)
soit F2 si vous êtes encore dans le processus de codage. Les affichages des deux méthodes
diffèrent. En pressant la touche F10 du menu principal, l’écran affiche une liste de tous les
fichiers avec une extension «.KAT». Si vous tapez le nom du fichier souhaité, Textbase
Alpha vous demande d’indiquer la manière dont vous voulez que le fichier codé soit géré:
envoyer un ordre à l’imprimante, en appuyant la touche de validation; créer un fichier ASCII,
en indiquant le nom du fichier sous lequel les données de sortie devront être sauvegardées.
L’avantage du fichier ASCII est que vous pourrez le transférer dans votre traitement de texte
et le réimprimer à n’importe quel moment; vous pourrez même éditer le fichier à ajouter
dans votre rapport de recherche.
Afin de rechercher des segments pour tous les codes et à partir de tous les fichiers (s’il y a
de nombreux codes), il est préférable de préparer une liste de tous les codes avec le traitement de texte.Tapez un nom de code par ligne et convertissez-le en un fichier ASCII.Au lieu
d’indiquer les noms de codes à rechercher, pressez seulement la touche de validation et vous
serez invité à taper le nom du fichier avec les noms de code. Indiquez le nom du fichier et
tous les codes seront recherchés automatiquement.
Choisissez si vous préférez rechercher des segments codés à partir de l’ensemble de données ou seulement d’une partie. Utilisez les variables de sélection si vous désirez rechercher
des segments codés à partir d’un fichier sélectionné ou d’un groupe de fichiers. Quelle que
soit votre décision, vous devrez appuyer sur la touche F5 à partir du menu principal pour
démarrer la recherche de segments codés.
Lorsque vous pressez la touche de validation après avoir indiqué les noms de codes à rechercher, vous êtes invité à spécifier les critères pour la sélection de fichiers. Signalez les critères
de sélection uniquement si vous souhaitez rechercher des codes à partir de fichiers avec des
valeurs spécifiées des variables de sélection. Les critères de sélection sont désignés par la
détermination des conditions logiques pour les valeurs des variables. F1 fournit un écran d’aide pour la syntaxe.
VII. Obtenir des listes et des comptages de fréquence de mots et de codes
La fréquence de l’apparition de certains concepts dans vos données peut servir d’indicateur.
Textbase Alpha vous révèle la fréquence de l’apparition de certains codes ou mots dans votre
texte. Vous pouvez examiner les comptages de fréquence pour l’ensemble des données ou
pour des sous-groupes. Pour obtenir la fréquence des codes, sélectionnez le module de
comptage des codes («count codes») à partir du menu principal: F7. Désignez le nom du
fichier de sélection pour lequel vous désirez le comptage. Suivez les instructions. Pour obtenir la fréquence des mots, sélectionnez le module de comptage des mots («count words») à
partir du menu principal : F6. Indiquez le nom du fichier de sélection pour lequel vous souhaitez le comptage. Suivez les instructions. N’oubliez pas que d’éventuelles fautes de frappe
peuvent modifier la fréquence de certains mots.
36
RAPPORT
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9
ANNEXES
9.1 Bibliographie
Basch CE (1987). Focus group interviews:
An underutilised research technique for
theory and practice in health education.
Health Education Quarterly 14, 4:411-448
Hudelson PM (1994). Qualitative research for
health programmes. Geneva:World Health
Organization, Division of Mental Health,
WHO/MNH/PSF/94.3.
Beaudry L (1975). Guide de recherche
à l’intention des militants. Montréal:
Centre coopératif de recherche en politique sociale.
Khan ME,Anker M, Patel BC et al. (1991).The
use of focus groups in social and behavioural
research: some methodological issues. World
Health Statistics Quarterly 44, 3:145-148
Chambers, R (1992). Rural Appraisal: Rapid,
Relaxed and Participatory. IDS Discussion Paper
311. Brighton: Institute of Development
Studies, Univ. of Sussex.
Kidima L, Scrimshaw S. et Hurtado E (1990).
Méthode d’évaluation rapide pour la nutrition
et les soins de santé primaires. Approche
anthropologique pour une plus grande efficacité
des programmes. Los Angeles: Centre
d’Etudes Latino-américaines de UCLA.
Dawson S, Manderson L et Tallo V (1993).
Le manuel des groupes focaux. Boston:
PNUD/Banque Mondiale/OMS Programme
spécial de Recherche et de Formation
concernant les Maladies tropicales.
Denzin NK (1978). The research Act.
A theoretical Introduction to Sociological
Methods. New York: McGraw Hill.
Hodder I (1994). The interpretation of documents and material culture. Dans: Nezin NK,
Lincoln YS, (eds.). Handbook of Qualitative
Research.Thousand Oaks CA: Sage, pp.
393-402
Huberman MA, Miles MB (1991). Analyse
des données qualitatives. Recueil de nouvelles
méthodes. Bruxelles: De Boeck-Wesmael
Kikwawila Study Group (1994). Qualitative
research Methods:Teaching Materials from a
TDR Workshop. Geneva: UNDP/World Bank/
WHO Special Programme for Research
and Training in Tropical Disease (TDR),
Resource Paper No. 3.
Kikwawila Study Group (1995). WHO/TDR
Workshop on Qualitative Research Methods:
Report on the Field Work. Geneva: UNDP/
World Bank/WHO Special Programme for
Research and Training in Tropical Disease
(TDR), Resource Paper No. 14.
Lewando-Hundt G, Beckerleg S, El Alem A,
et Abed Y (1997). Comparing manual with
software analysis in qualitative research:
understanding Nud.ist. Health Policy and
Planning 12 , 4:372-380
37
RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
Mays N et Pope C (1995). Rigour and qualitative research. BMJ, 311:109-112.
Maier B, Görgen R et al. (1994). Assessment of
the District Health System: Using qualitative
methods. Institute of Tropical Hygiene/GTZ
(Eds). London: MacMillan
Mayer R et Ouellet F (1991). Méthodologie de
recherche pour les intervenants sociaux.
Montréal: Gaëtan Morin.
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
Schumacher R (1995). Basic Document.
Workshop on Applied Field Research
Methods. Kathmandu: University of
Heidelberg STD/HIV Project.
SDC (1993). Participatory Rural Appraisal,
PRA. PEMT Series. Berne: Swiss Directorate for
Development Cooperation and Humanitarian
Aid (SDC).
Spradley, JP (1979). The Ethnographic
Interview. New York: Holt, Rinehart &
Winston.
Mc Neill P (1990). Research Methods.
London: Routledge
Miles MB, Huberman AM (1994). Qualitative
Data Analysis. London: Sage.
Mondain-Monval JF (1993). Diagnostic rapide
pour le développement agricole. Paris: GRET.
Patton MQ. (1990). Qualitative evaluation and
research methods. Newbury Park, CA: Sage.
Schönhuth M, Kievelitz U (1994). Les
méthodes participatives de recherche et de
planification dans la coopération au développement: Diagnostic rapide en milieu
rural, Diagnostic participatif. Eschborn:
GTZ.
Schumacher R (1991). Introduction à l’observation: voir et décrire. Resource paper pour
l’atelier «Femmes et Maladies Tropicales»
(SER/TDR). Ouagadougou, OMS.
38
Strauss AL (1987). Qualitative Analysis for
Social Scientists. Cambridge, MA: Cambridge
University Press.
Tesch R (1989). Textbase Alpha User’s
Manual. Risskov Denmark: Center for
Qualitative Research, University of Aarhus.
Tesch R (1997). Textbase Alpha: Guide de
l’utilisateur. Traduit en français par
Madjiangue Golngar. N’Djamena: Centre de
Support en Santé Internationale, Institut
Tropical Suisse.
Walker R: (1985). Applied qualitative
Research. Gower: Aldershot.
RAPPORT
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
9.2 Agenda de l’atelier
ATELIER MÉTHODES QUALITATIVES EN RECHERCHE SOCIALE SUR LES
MALADIES TROPICALES
du lundi 6 octobre au vendredi 24 octobre 1997
Samedi et dimanche, 4 et 5 octobre 1997
Accueil des participants
Arrangements administratifs
Dimanche, 5 octobre 1997
Transfert vers Darda
Lundi, 6 octobre: Ouverture et introduction aux méthodes qualitatives
Matin
Transfert des derniers participants vers Darda
Matin (10h00 à 11h00)
Séance d’ouverture officielle de l’atelier
Ministre de la Santé;
Représentant du CSSI/ITS
11h30 à 12h30
Introduction à l’atelier
Equipe
Introduction des participants et de l’équipe d’organisation
Après-midi (15h00 à 18h00) et soir (19h00 à 21h00)
Proposition d’agenda et de la méthode d’évaluation de l’atelier Ruth/Dobingar
Introduction aux méthodes de recherche qualitative
Ruth
Ethique de la recherche
Introduction au Tchad et aux problèmes de santé du pays
Ministère de la Santé
Publique et Dobingar
Mardi, 7 octobre : Observation
Matin (7h30 à 9h00)
Revue de la journée précédente
Identification du sujet de recherche avec matrice: Introduction Ruth
9h00 à 9h30
Ethique de la recherche
Ruth
Etude de documents
Brigit
39
RAPPORT
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10h00 à 13h00
Introduction aux techniques d’observation
Brigit et Sainta
Après-midi (15h00 à 16h30)
Exercice d’observation
Abdias, Sainta et Othingué
16h45 à 18h00
Présentation des problèmes locaux de santé par
des interlocuteurs locaux
Chef de village de Darda
Soir
Film documentaire sur le Tchad
Mercredi, 8 octobre : Entretien
Matin
Revue de la journée précédente
Introduction aux entretiens
Ruth
Introduction aux entretiens approfondis
Brigit
12h00 à 13h00 et 15h00 à 16h4
Introduction aux entretiens semi-structurés
Saïnta
Comment préparer un guide d’entretien?
Exercice avec le guide élaboré
17h00 à 18h00
Présentation des problèmes locaux de santé par
des interlocuteurs locaux
Responsable du Centre
de Santé de Mandelia
Jeudi, 9 octobre : Discussion en groupe focal (GF)
Matin (7h30 à 8h15)
Revue de la journée précédente
8h30 à 13h00
Introduction aux groupes focaux
Kaspar et Sainta
Problèmes pratiques liés aux groupes focaux
Elaboration d’un guide de questions, discussion et transcription
Après-midi (15h00 à 17h00)
Discussion sur des questions administratives de l’atelier
Représentant ITS/CSSI
Soir (17h00 à 19h00)
Groupes focaux : transcription et analyse
40
Kaspar
RAPPORT
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Vendredi, 10 octobre : Méthodes interactives et préparation du travail de terrain
Matin (7h30 à 8h30)
Revue de la journée précédente
8h30 à 11h00
Introduction aux méthodes interactives et PRA
Ruth
11h00 à 13h00
Présentation des problèmes locaux de santé par des
interlocuteurs locaux
Animateur Darda
Identification du sujet de recherche pour le travail de terrain Kaspar
Après-midi (15h00 à 17h00)
Identification du sujet de recherche pour le travail de terrain Ruth
Sélection et organisation des groupes de travail
Préparation du travail de terrain
Soir (17h00 à 19h00)
Discussion sur des questions administratives de l’atelier
Représentant ITS/CSSI
Samedi, 11 octobre
Suspension des travaux
Dimanche, 12 octobre
Congé
Lundi, 13 octobre
Suspension des travaux et déménagement à N’Djamena
Mardi, 14 octobre: Méthodes d’enregistrement et d’analyse et début de la recherche
Matin
Introduction aux méthodes d’enregistrement et d’analyse
Ruth
Sélection et organisation des groupes de travail
Introduction et démonstration du logiciel Textbase Alpha
Kaspar, Nathan, Brigit
Démonstration en petits groupes
Mercredi, 15 octobre à vendredi, 17 octobre
Chaque jour, un groupe accompagné de personnes ressources organise une session pratique, utilisant une des techniques suivantes: observation, entretien approfondi, entretien
semi-structuré et groupes focaux.
La collecte des données sera effectuée en fonction du sujet de recherche.
Le travail de terrain est suivi d’une session plénière qui permet de comparer les résultats.
Durant le reste de la journée, les données collectées sont tapées dans l’ordinateur.
Réunion le matin et le soir.
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RAPPORT
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Mercredi, 15 octobre à vendredi, 17 octobre
Textbase Alpha:Tri des données, planification des entrées et
rapport
Nathan
Samedi, 18 octobre
Matin (7h30 à 13h00)
Avantages et inconvénients des méthodes utilisées
Marcel, Kaspar, Ruth
Discussion sur les transcriptions
Transcription des entretiens, groupes focaux et observations
Dimanche, 19 octobre
Congé
Lundi, 20 octobre à mercredi, 22 octobre
Matin (7h30 à 13h00)
Conclusions des transcriptions
Identification des thèmes de recherche (codes) et discussion
Après-midi
Analyse des informations et codage des fichiers
Jeudi, 23 octobre
Matin (7h30 à 12h30)
Discussion sur le rapport final
Contribution au rapport final, groupe par groupe
Conclusion commune pour le rapport final
Après-midi (17h30 à 20h00)
Restitution aux autorités locales et représentants de la communauté
Vendredi, 24 octobre
Matin (7h30 à 12h00)
Discussion et évaluation de l’atelier
Clôture de l’atelier (vers 11h00)
Ministre de la Santé;
Représentant de l’OMS;
Représentant du CSSI/ITS
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RAPPORT
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9.3 Exemple d’une grille d’observation
(Source:WHO/TDR workshop on the Impact of the «Health Workers for Change» Manual,
27 November to 1st December 1995, Morogoro,Tanzania)
Dispensaire: Observation de l’interaction entre le patient et l’interlocuteur
A l’entrée, remettre une carte au patient, noter l’heure
Aire de réception
Interlocuteur
Sexe M
F
Age approximatif____________
Patient
Sexe M
F
Age approximatif____________
Très bien
Bien
Moyen
Médiocre
Très faible
1. Degré de politesse
_________________________________________________________
2. Réponse aux questions
_________________________________________________________
3.Ton des questions
_________________________________________________________
4. Indications
_________________________________________________________
Commentaires de l’observateur
________________________________________________________________
________________________________________________________________
________________________________________________________________
Local de la consultation
Interlocuteur
Sexe M
F
Age approximatif____________
Patient
Sexe M
F
Age approximatif____________
Très bien
Bien
Moyen
Médiocre
Très faible
1. Degré de politesse
_________________________________________________________
2. Réponse aux questions
_________________________________________________________
3.Ton des questions
_________________________________________________________
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RAPPORT
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4. Indications
_________________________________________________________
_________________________________________________________
Commentaires de l’observateur
________________________________________________________________
________________________________________________________________
________________________________________________________________
A la sortie, reprendre la carte au patient, noter l’heure
Demander : Avez-vous trouvé une réponse au problème pour lequel vous êtes venu
au dispensaire ? OUI
NON
Commentaires du patient
________________________________________________________________
________________________________________________________________
________________________________________________________________
9.4 Exemple d’une liste de pointage des observations
(Source:WHO/TDR workshop on the Impact of the «Health Workers for Change» Manual, 27
November to 1 December 1995, Morogoro,Tanzania)
44
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DISPENSAIRE
Instructions: cochez d’une croix la case correspondante
9.5 Exemple d’une note descriptive
1. Les médicaments pour soigner les maux suivants
sont-ils disponibles ?
a) Paludisme
b) Anémie
c) Hémorragie post-natale
d) Maladies sexuellement transmissibles
e) Vers
2. Les modes d’application concernant les traitements
sont-ils facilement accessibles ?
3. Le stock est-il suffisant pour un mois ?
a) Paludisme
b) Anémie
c) Hémorragie post-natale
d) Maladies sexuellement transmissibles
e) Vers
4. L’équipement pour services essentiels est-il présent ?
a) Cartes d’enregistrement
b) Thermomètres
c) Microscope
d) Masque à oxygène
e) Appareil aspirateur
f) Réfrigérateur
g) Stérilisateur
h) Aiguilles
i) Seringues
(Source: Recherche du terrain, B. Obrist van Eeuwijk)
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Oui Non
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Cohort household 78B
7/06/1996, 15.15
Maison de Rebecca
Un marchand ambulant passait avec sa petite brouette transportant uniquement quatre
conteneurs d’eau. Rebecca lui demanda: «Pour combien vendez-vous votre eau?» Le gars
répondit: «Tsh 400/-.» Rebecca: «Seulement si c’est de l’eau traitée!» Le gars répondit: «Je
veux dire Tsh 400/- pour tout le chargement.» – «Alors, vous ferez mieux de porter votre
eau aux gens riches qui peuvent se l’offrir.»
Un autre marchand ambulant passa, lorsque le premier quittait les lieux et disait à Rebecca.
«Je veux vous donner cette eau». Rebecca lui demanda: «Gratuitement ou contre de l’argent?»
Il répondit: «Je vous la donne pour un prix à emporter. Combien de conteneurs prenez-vous?»
Avant que Rebecca ne réponde, le gars prit quatre conteneurs et les porta à la véranda en
disant. «Donnez-moi juste Tsh 200/.- parce que je n’ai pas eu mon petit déjeuner. Rebecca
répondit: «Vous connaissez bien votre travail.» Elle avait de l’argent nouée dans son khanga
(pagne). Elle lui donna Tsh 500/-.
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9.6 Exemple d’une quantification des idées mentionnées
en groupe focal
Numéro de discussion de groupe focal
Idée
1. Cause malnutrition
Faim
Malade/maladie
Diarrhée
Vomissement
Déficience nutrit. /manger
Vitamines
Lait amer
Grossesse rapprochées
Maigre/marasme
Luette
abréviation
faim
mal
diarr
vomis
defic
vita
amer
gross
maras
luette
2. Prise en charge centre de réhabilitation
2.1 Matériel
Bouillie (qualité)
bouill
Soupe (qualité)
soup
Quantités reçues
recu
Médicament
medi
Sardines
sard
Lait
lait
Vitamines
vitami
Sel (ORS)
sel
Ordonnance
ordo
2.2 Personnel
Accueil
acc
Cuisinière
cuis
Assistantes de nutrition
ass
Insultes, réprimandes
insul
Détournement
detour
2.3 Déroulement de la prise en charge
Référence
ref
Hôpital
hop
Hôpital central
hocen
Pesée
pese
Durée
dure
Heure bouillie
heure/tard
Résultat
resu
3. Cause d’abandon
Bouillie
boule
Diarrhée/vomissements
diavo
Temps
temps
Trop tard
servi trop
Distance
dist
Coûts
costs
Inefficacité
ineff
Total
gr. 1 gr. 2 gr. 3 gr. 4 gr. 5 gr. 6
nombre de fois idée exprimée
2
2
3
2
1
4
8
3
2
2
1
2
9
1
1
6
1
6
1
2
2
2
6
1
2
3
3
2
4
4
2
3
4
1
2
7
8
3
3
1
1
1
3
3
2
2
4
2
2
4
3
1
2
4
2
2
2
9
1
1
1
1
2
5
5
4
5
2
2
4
6
5
1
3
6
8
17
4
6
2
4
3
8
9
5
1
5
2
2
3
3
1
2
5
2
1
13
5
3
2
2
3
7
1
7
4
3
4
1
2
1
6
2
6
3
6
3
3
2
5
2
1
5
1
5
4
3
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RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
9.7 Exemple d’un guide de questions pour
les discussions de groupes focaux
(Sujet de recherche: Etude sur les problèmes liés au contact avec des centres de réhabilitation nutritionnelle par les mères des enfants frappés de malnutrition; étude réalisée à
N’Djamena en 1993)
Perception des mères concernant la malnutrition de leurs enfants :
Le modérateur montre une photo avec un enfant qui souffre de malnutrition et une autre
avec un enfant en bonne santé
• Quelle est la différence entre les deux photos ?
• Qu’est-ce que c’est ? Quelle maladie et pourquoi cette maladie ? Comment parle-t-on de «ça» dans
votre langue ?
• Est-ce que votre enfant a été touché par des maladies semblables ? Qu’est-ce qui a provoqué l’état
de votre enfant ? Quel traitement votre enfant a-t-il reçu ?
Prise en charge des enfants mal nourris :
• Le traitement (supplément d’alimentation) suffit-il à améliorer l’état de votre enfant ?
• Etes-vous satisfaite de la prise en charge des centres de réhabilitation nutritionnelle ? Pourquoi
avez-vous accepté d’aller au centre de réhabilitation nutritionnelle ? Que pensez-vous de la durée
de la prise en charge? Combien de temps aimeriez-vous passer au centre?
• Avez-vous été satisfaite du personnel ? Avez-vous obtenu les soins que vous attendiez ?
Causes pour l’interruption de la prise en charge des enfants mal nourris:
Evitez de culpabiliser les mères!!
• Qu’est-ce qui vous a empêché de terminer le programme ? Est-ce que vous avez arrêté la prise en
charge à cause de la distance du centre ? Ou à cause d’autres occupations (famille)? Ou à cause du
personnel ?
A ce stade, vous devez entamer la discussion et approfondir le sujet de recherche. Dès l’instant que le thème d’intérêt principal est abordé, vous devez essayer d’amener les mères des
enfants mal nourris à exprimer leurs réactions, leurs opinions sur des causes de l’interruption du programme au centre de réhabilitation nutritionnelle.Vous ne devez pas vous contenter de déclarations trop superficielles ou de descriptions fragmentaires.
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RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
9.8 Exemple d’une carte en diagnostic participatif
Carte d’une communauté aux Philippines qui indique la localisation des ménages, rues, puits,
champs, etc.
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RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
9.9 Exemple d’un calendrier saisonnier
qui indique les revenus et les dépenses des habitants du village Basapura
(RRA Notes 13, 1991; extrait de Schönhuth/Kievelitz 1994: 66)
9.10 Exemple d’un transect historique
dessiné par les habitants du village Ardanarypura
(Mascarenhas 1992: 13; extrait de: Schönhuth/Kievelitz 1994: 64)
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DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
RAPPORT
TDR/RCS/MQRS/02.1
DU MATÉRIEL DIDACTIQUE
9.11 Extrait d’une transcription d’un entretien semi-structuré
Sujet de l’entretien :
Eau et hygiène du milieu
Lieu de l’entretien :
Quartier Abena à N’Djamena
Date:
15 octobre 1997
Heure du debut:
16 heures 4 minutes
Heure de la fin :
16 heures 37 minutes
Lieu de l’entretien :
la concession de l'interviewé.
Interviewers:
Pierre Nadjiganyi
Sexe de l’interviewé:
Masculin
Age de l’interviewé:
environ 50 ans
Profession:
Président de l’Association qui s’occupe des enfants en détresse
Question:
Pourriez-vous nous dire où est-ce que vous vous approvisionnez en eau?
Réponse:
C’est des puits comme ça [il montre du doigt son puits, où des enfants sont arrivés
pour puiser de l’eau] que nous utilisons comme vous voyez chez moi. Oui, nous utilisons un puits.
Question:
C’est seulement l’eau du puits que vous utilisez ?
Réponse:
Oui, c'est l’eau de puits que nous buvons là c’est l’eau de boisson. [Voiture passe dans
la rue et cause des bruits]
Question:
Par exemple, si vous voulez faire du banco, quelle est votre source
d’approvisionnement en eau, non hein ? [silence]
Réponse:
Si je veux faire du banco et s’il pleut vous voyez derrière moi il y a une nappe d'eau
là c'est ça qu'on utilise et quand ça se tarit on utilise l'eau du puits.
Question:
Est-ce que l’eau de la nappe sert aussi d’eau de boisson ?
Réponse:
Euh, en tout cas, peut-être s’il y a des gens qui l’utilise c’est du vol, oui, parce que c’est
du poison parce que quand on voit directement une nappe d’eau comme ça qu’on
prend pour faire de l’alcool, ça c’est du poison. Mais le fléau particulier c’est que ce
que l’on constate c’est l’eau des puits.
Question:
Utilisez-vous l’eau du puits uniquement pour la boisson ?
Réponse:
Pour boire aussi.
Question:
Et l’eau de la nappe quand est-ce que vous l’utilisez ?
Réponse:
L’eau de la nappe, enfin, par exemple, fin septembre quand il y en a encore comme ça
reste, des gens qui font de la boue c’est là où ils puisent pour faire de la boue.
..…l’entretien continue…………..
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Méthodes qualitatives en recherche sociale sur les maladies tropicales
R A P P O RT D U M AT É R I E L D I DA C T I Q U E
Méthodes qualitatives
en recherche sociale sur
les maladies tropicales
WHO (OMS)/TDR
Avenue Appia 20
1211 Genève 27
Suisse
Tél.: (+41) 22-791-3725
Fax: (+41) 22-791-4854
E-mail: [email protected]
Web: www.who.int/tdr
TDR/RCS/MQRS/02.1
PNUD/Banque Mondiale/OMS Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR)
TDR/RCS/MQRS/02.1

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