.../... Entretien de Pierre Duquesne, Ambassadeur chargé des

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.../... Entretien de Pierre Duquesne, Ambassadeur chargé des
Consulat Général de France à Jérusalem
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Service de Presse
Entretien de Pierre Duquesne,
Ambassadeur chargé des questions économiques de reconstruction et de développement,
au quotidien Al-Ayyam (31 mai 2009)
Al Ayyam
(Les jours – proche de l’AP)
- Une -
Le conseiller de Nicolas Sarkozy à Al-Ayyam : nous voulons tous le
développement économique de la Cisjordanie
Les mesures économiques ne peuvent se substituer aux progrès du
processus de paix
Abdel Raouf Arnaout - Pierre Duquesne, Ambassadeur français chargé du suivi des questions
économiques de reconstruction et de développement et de la Conférence de Paris des donateurs pour
l’Etat palestinien, a affirmé que les mesures proposées par le gouvernement israélien pour améliorer
la situation économique dans les Territoires palestiniens ne pouvaient pas remplacer le processus de
paix.
Pierre Duquesne comprend cependant que « l’argument de la paix économique soit encore
utilisé par Israël » et pense que « tout le monde souhaite un développement économique, dans tous
les domaines ». Premièrement, il ne s’agit pas de développer l’économie seulement en Cisjordanie,
mais aussi à Gaza, car, comme il le rappelle, « Gaza et la Cisjordanie sont destinés à ne former q’un
seul Etat ». Deuxièmement, « rien ne peut ni ne doit remplacer le processus politique ».
Troisièmement, « des avancées politiques significatives sur la liberté de circulation à l’intérieur et à
l’extérieur des Territoires palestiniens » doivent être réalisées. Quatrièmement, un partenariat doit
être établi entre Israël, les Territoires palestiniens et la communauté internationale.
Pierre Duquesne a confirmé que l’Autorité palestinienne traversait une crise financière
difficile et souligné que l’aide financière des pays arabes décroissait significativement depuis le
début de l’année 2009. Les pays européens ont de leur côté rempli leurs engagements vis-à-vis de
l’Autorité palestinienne. « Il faut absolument que les Etats de la région se mobilisent et fournissent
de l’aide ; ils ne doivent pas croire qu’à la fin, l’Europe comblera le déficit. L’Europe a déjà
beaucoup donné et tenu ses promesses de dons, mais elle n’entend pas payer à la place des autres.
C’est pourquoi nous disons à nos amis dans la région, d’abord que ces aides sont destinées au peuple
palestinien en Cisjordanie et à Gaza, ensuite que nous faisons confiance à l’Autorité palestinienne
pour les allouer. Nous espérons que cette crise n’est que temporaire ».
Le blocus imposé par Israël à Gaza a conduit à une baisse considérable des transferts d’argent
qu’Israël collecte à la place de l’Autorité palestinienne. En maintenant des restrictions draconiennes,
Israël ne contribue pas à l’amélioration de la situation financière de l’Autorité palestinienne, alors
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que toute mesure d’ouverture des points de passage à Gaza, outre ses aspects humains et politiques,
améliorerait considérablement cette situation.
Pierre Duquesne a souligné l’importance de la réouverture des points de passage à Gaza :
« naturellement, la seule solution est de rouvrir les points de passage, car l’interdiction de laisser
entrer des biens et des liquidités à Gaza encourage la contrebande. En fin de compte, laisser entrer
normalement les liquidités permettait de limiter la contrebande et le blanchiment d’argent. Nous
sommes convaincus qu’il n’est pas seulement dans l’intérêt des habitants de Gaza de rouvrir les
points de passage, mais qu’il en va de l’intérêt de tous, y compris d’Israël ».
La réunion du comité de coordination des aides des pays donateurs, prévue le 8 juin prochain
à Oslo, traitera de la situation financière de l’Autorité palestinienne, du travail accompli par les
donateurs, de la reconstruction à Gaza, des mesures israéliennes pour faciliter le développement
économique dans les Territoires palestiniens, ainsi que de la mise en œuvre par l’Autorité
palestinienne du plan de réforme et de développement.
« Une réunion importante pour les donateurs »
Ci-dessous le texte de notre interview avec Pierre Duquesne, à la suite des entretiens qu’il a
eus avec des responsables palestiniens et israéliens :
Al-Ayyam : le 8 juin aura lieu à Oslo la réunion du Comité de coordination des aides des pays
donateurs. Quels sujets seront abordés au cours de cette réunion ?
Pierre Duquesne : il s’agit d’une réunion technique et non ministérielle, qui aura lieu trois mois
après la conférence de Charm al-Cheikh et trois mois avant celle du Comité de coordination
ministériel prévue en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. C’est une
réunion préliminaire à celle de New York.
La prochaine réunion traitera de plusieurs sujets. D’abord, la reconstruction et la situation
économique à Gaza, ainsi que le bilan de ce qui a été, ou n’a pas été, accompli. Naturellement, tout
n’a pas été fait. Le deuxième point abordé sera la situation financière de l’Autorité palestinienne :
celle-ci emprunte à plusieurs banques commerciales, ce qui ne peut pas durer. Troisièmement, cette
réunion sera la première entre l’Autorité palestinienne, Israël et la communauté internationale depuis
la formation des nouveaux gouvernements israélien et palestinien. Ce sera donc l’occasion pour
Israël de présenter sa politique. Concernant le développement économique des Territoires
palestiniens, cette réunion offrira une opportunité au gouvernement palestinien de présenter un bilan
de la mise en œuvre du plan de réforme et de développement adopté à Paris.
En tant que Présidents de la conférence de Paris, la France, le Quartette représenté par Tony
Blair, la Norvège, la Commission européenne et l’Autorité palestinienne, avons toujours insisté sur
le fait que la conférence de Paris ne s’est pas close le jour où elle s’est tenue, mais qu’elle a des
prolongements jusqu’à aujourd’hui. Par exemple, la conférence de Charm al-Cheikh s’est tenue dans
le cadre de la Conférence de Paris. Ce qui a été réalisé depuis la conférence de Paris est le résultat du
mécanisme de suivi instauré à Paris. Ainsi, cette réunion est particulièrement importante et nous
espérons que les discussions ne seront pas de simples déclarations politiques, mais des discussions
sérieuses et utiles.
« La situation financière de l’Autorité palestinienne »
Al-Ayyam : ainsi les Palestiniens ne doivent pas s’attendre à des engagements de financements
supplémentaires lors de cette réunion ?
Pierre Duquesne : je ne pense pas, mais qui sait ? peut-être cela arrivera-t-il ?
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Al-Ayyam : la réunion intervient à un moment où l’Autorité palestinienne souffre d’une
situation financière difficile…
Pierre Duquesne : c’est exact, la situation financière de l’Autorité palestinienne est délicate, mais il
y a plusieurs choses à dire à ce propos : d’abord les dépenses sont maîtrisées, notamment en ce qui
concerne les salaires. Certes, certaines mesures supplémentaires auraient pu être prises s’agissant des
factures d’eau ou d’électricité, mais cela aussi est sous contrôle et géré comme cela avait été
convenu à Paris. En revanche, ce qui n’avait pas été prévu à Paris, c’est l’offensive à Gaza. Par
ailleurs, s’agissant des revenus fiscaux et douaniers, Israël collecte, comme on le sait, les taxes des
produits importés à travers les points de passage qu’elle contrôle et les reverse à l’Autorité
palestinienne. Or, on peut observer sur ce point un autre impact de l’offensive à Gaza, à savoir que
les revenus de l’Autorité palestinienne sont aussi liés à la situation économique à Gaza, et pas
seulement en Cisjordanie. Naturellement, le sérieux recul de l’activité économique à Gaza, outre la
fermeture des points de passage, a conduit à un important déficit des revenus de l’Autorité
palestinienne.
« La fermeture de Gaza conduit à une recrudescence de la contrebande »
A ce propos, il convient d’indiquer que la fermeture de Gaza ne génère pas seulement de la
contrebande à travers les tunnels, mais qu’elle engendre aussi une baisse des revenus de l’Autorité
palestinienne, car les produits qui pourraient entrer par les points de passage représenteraient une
manne financière importante. Nous avions d’ailleurs constaté une augmentation des revenus lors de
l’allègement des points de passage en avril dernier.
Par conséquent, la guerre a eu des répercussions directes sur la situation financière de
l’Autorité palestinienne, à cause notamment des financements qui ont été versés à Gaza pour les
réparations et les aides sociales, mais aussi des répercussions indirectes. Naturellement, tout
allègement des points de passage, outre ses aspects humains et politiques, améliorerait la situation
financière de l’Autorité palestinienne, alors qu’en maintenant des restrictions draconiennes, Israël ne
contribue pas à son relèvement.
« Incompréhension du retard des pays arabes dans le paiement de l’aide à l’AP»
Le troisième facteur est lié à la participation des pays donateurs. Les pays européens ont
réalisé leurs engagements envers l’Autorité palestinienne, que ce soit directement ou à travers la
Commission européenne. C’est le cas de la France, qui a versé, deux jours après la conférence de
Charm al-Cheikh, une aide de 25 millions d’euros en soutien au budget de l’Autorité palestinienne.
C’est aussi le cas des autres pays européens et de la Commission européenne. L’aide totale bilatérale
versée par la France à l’Autorité palestinienne cette année s’élèvera à 100 millions de dollars,
comme l’année dernière. L’année dernière, la Commission européenne avait versé 640 millions de
dollars (dont 100 millions financés par la France). Ainsi, les aides européennes sont versées comme
prévu.
S’agissant des autres donateurs, le Congrès américain délibère pour que les aides soient
versées comme cela avait été décidé. Nous espérons que la décision du Congrès sera positive. Mais
pour ne pas cacher la vérité, le véritable problème vient des pays arabes, qui n’ont pas tenu leurs
engagements faits à Paris. Les pays arabes peuvent ne pas être satisfaits de l’avancée du processus
de paix et souhaiter qu’il avance plus vite - c’est aussi le point de vue des Européens -, mais cela ne
nous a pas conduits à réduire nos aides car in fine, c’est le peuple palestinien qui est le principal
bénéficiaire de ces aides.
Cette attitude est peut être due aux doutes des pays arabes quant à la bonne gestion financière
de l’Autorité palestinienne. Pour notre part, nous lui faisons entièrement confiance et on peut
s’attendre à ce que le FMI en dise autant à Oslo. C’est pour cela que nous faisons partie des
donateurs qui ne craignent pas de financer l’Autorité palestinienne, et effectivement nous avons
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constaté que les sommes n’avaient pas été gaspillées. Nous sommes donc très surpris de cette
politique des pays arabes.
Vous vous souvenez d’ailleurs que les pays arabes avaient déclaré à la Conférence de Charm
al-Cheikh qu’ils constitueraient un fonds spécial d’un montant de 1,65 milliards de dollars pour la
reconstruction de Gaza. Or, à ma connaissance, cela n’a pas eu lieu. J’espère cependant que ces
impayés ne sont que provisoires.
La situation ne se règlera pas du jour au lendemain, mais il y a des solutions. L’important
c’est que les pays de cette région se mobilisent et remplissent leurs engagements. Il ne faut pas qu’ils
croient qu’à la fin, les Etats européens combleront le déficit. L’Europe a beaucoup payé et s’est
acquittée de ses engagements, mais elle ne compte pas pallier l’insuffisance des autres. C’est
pourquoi nous disons à nos amis de la région, d’une part que ces aides sont au bénéfice du peuple
palestinien en Cisjordanie et à Gaza, d’autre part que nous faisons confiance à la gestion de ces aides
par l’Autorité palestinienne.
« La seule solution est de rouvrir les points de passage »
Al-Ayyam : nous avons entendu dire que des propositions de procéder à la reconstruction de
Gaza à travers les Nations Unies seront faites à Oslo. Est-ce que ces informations sont exactes ?
Pierre Duquesne : bien évidemment, nous parlerons à Oslo de Gaza et de la politique israélienne
pour Gaza en matière économique, financière et de reconstruction. Naturellement, la seule solution
est la réouverture des points de passage. Cela a été dit très clairement à la Conférence de Charm alCheikh par tous les participants, dont le Président de la République française.
Dans ce contexte, nous devrions passer du système actuel, dans lequel nous disposons d’une
liste, très restreinte, des marchandises autorisées à entrer à Gaza, à un système où il y aurait une liste,
limitée, des marchandises non-autorisées à entrer à Gaza. Nous croyons que les aides ou des produits
tels que le papier n’ont aucune raison d’être interdits. L’entrée des matières premières pour la
reconstruction doit également être autorisée. Sans cela, les matières premières rentreront par les
tunnels, ce qui nuit à l’Autorité palestinienne, qui n’en tire aucun profit. Ces restrictions affectent
aussi les populations de Gaza, car les produits de contrebande coûtent très cher.
L’autre idée, c’est que les projets en cours d’exécution, déjà financés, doivent pouvoir être
achevés. Prenons par exemple la demande de la Banque mondiale à Israël pour ses projets à Gaza,
qui ont été discutés par le Président Mahmoud Abbas et le Directeur de la Banque mondiale Robert
Zoellick lors de leur rencontre à Washington mercredi dernier (27 mai). Cette demande pourrait
aussi être faite par d’autres organismes, tels que l’ONU. Nous faisons confiance aux organismes
internationaux, qui sont prêts à travailler dans ces conditions. Nous ne croyons pas que la
reconstruction de Gaza soit un cas exceptionnel et les organismes internationaux tels que l’ONU, la
Banque mondiale ou les programmes de développement des Nations Unis, sont habitués aux
opérations de reconstruction post-conflit. Il est donc normal que la communauté internationale leur
fasse confiance.
A ce titre, l’entrée dans la deuxième étape du projet de Beit Lahya est un exemple de ce que
peuvent faire les organismes internationaux : grâce aux nombreuses pressions de Bernard Kouchner
et de Tony Blair, le ciment indispensable à la réalisation du projet a pu être acheminé à Gaza. Ce
projet est dans l’intérêt des populations de Gaza, mais aussi d’Israël, car il lutte contre la pollution.
« L’interdiction de faire entrer des liquidités à Gaza n’est pas justifiée »
Une autre question qui n’est pas réglée, c’est la question du transfert des liquidités à Gaza.
L’économie de Gaza, comme toute économie dans le monde, a besoin de liquidités. Jusqu’en
septembre 2008, l’entrée de liquidités à Gaza n’a posé aucun problème. Cependant, les transferts de
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liquidités ont été restreints à l’automne, sans raison. Or, les liquidités sont nécessaires pour la vie
courante, pour payer les salaires des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne, pour l’UNRWA ou
pour la Commission européenne. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi le transfert de
liquidités pose problème. Aujourd’hui, faire entrer des fonds à Gaza, même au compte-goutte,
nécessite des négociations infinies avec Israël.
A l’époque, le directeur général du FMI, le président de la Banque mondiale et le
représentant du Quartette avaient adressé une lettre conjointe aux autorités israéliennes pour leur
indiquer qu’ils ne comprenaient pas ces mesures.
« L’entrée des liquidités est dans l’intérêt de tous »
Par la suite, un accord partiel a été signé, mais il n’a été n’appliqué que depuis un mois. Il
permet l’entrée de 50 millions de shekels par mois à Gaza. Nous considérons que cela n’est pas
suffisant, mais que c’est préférable à la situation qui a prévalu pendant 8 mois. Cependant, je tiens à
souligner qu’entre juin 2007 et l’été 2008, les choses fonctionnaient très bien. Encore une fois, le
transfert des liquidités était sous le contrôle de l’Autorité monétaire palestinienne et aucun
détournement n’a été observé. En fin de compte, l’Autorité monétaire empêchait la contrebande et le
blanchiment d’argent. C’est pour cela que nous sommes tout à fait convaincus que l’entrée des
liquidités à Gaza, sous le contrôle de l’Autorité Monétaire palestinienne, est dans l’intérêt des
Palestiniens mais aussi de tous, et notamment d’Israël, car si les liquidités ne peuvent pas entrer à
Gaza par la voie normale et légale, elles entreront par d’autres moyens.
Toutes ces questions seront abordées à Oslo et nous parlerons plus généralement de la
situation économique à Gaza et en Cisjordanie.
Al-Ayyam : on dit qu’il y a des chances pour que le gouvernement israélien n’avance pas sur le
plan politique, mais envisage à la place des avancées sur le plan économique, en proposant ce
qu’on appelle « la paix économique ». Beaucoup pensent qu’il pourrait faciliter le commerce
en Cisjordanie et lever un certain nombre de barrages. Que pensez-vous de ces hypothèses ? Il
y a deux jours, la première conférence du comité ministériel israélien a eu lieu sous la
présidence de Benjamin Netanyahou pour étudier une centaine de projets, dont certains seront
retenus.
Pierre Duquesne : je comprends que les arguments de la paix économique soient encore utilisés en
Israël. Je crois que nous voulons tous un développement économique dans tous les domaines.
Premièrement, le développement économique ne concerne pas seulement la Cisjordanie, mais aussi
Gaza : pour nous, Gaza et la Cisjordanie sont destinés à ne former qu’un seul Etat. Deuxièmement, il
ne peut pas et il ne doit pas y avoir d’alternative au processus de paix. Troisièmement, de réelles
avancées politiques doivent être faites concernant la liberté de circulation à l’intérieur et à l’extérieur
de Gaza et qui ne soient pas seulement liées aux projets. Quatrièmement, Israël, l’Autorité
palestinienne et la communauté internationale doivent mettre en place un véritable partenariat. Les
projets qui seront soutenus doivent être le résultat de discussions et pas seulement une décision de
l’une des parties.
Ce que vous dites est probablement exact, car on entrevoit des signes positifs dans ce
domaine. En tous cas nous l’espérons. Nous pensons que le comité ministériel dont vous avez parlé
est un instrument pour favoriser la coordination en Israël sur ces questions, en espérant que le
dernier mot ne sera pas donné aux forces de sécurité. Nous avons entendu des gens en Israël dire
qu’ils étaient prêts à tenter l’aventure.
L’une des expériences israéliennes en la matière s’est portée sur l’entreprise de téléphonie
mobile « Wataniya ». Comme vous le savez, un accord est intervenu avec le gouvernement israélien
précédent pour autoriser l’utilisation de fréquences et permettre à l’entreprise de fonctionner. J’ai
compris que certaines autorisations avaient été données au mois d’août, mais celles promises pour
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les mois de janvier et de mars ne l’ont pas été. Aujourd’hui, le projet est au point mort ; cela signifie
d’une part que l’Autorité palestinienne ne prélèvera pas les redevances qu’elle aurait pu prélever et
d’autre part que les Palestiniens ne profiteront pas du projet.
Nous ne pensons pas que ce projet représentait un quelconque problème. D’abord l’entreprise
« Jawwal » existe déjà dans les Territoires palestiniens, ensuite il y avait un accord. Pourquoi donc
ce projet n’est-il pas mis à exécution ? Nous espérons que le nouveau gouvernement israélien
réalisera ses engagements. Il faudrait aussi conclure un accord final.
« Le projet de la zone industrielle de Bethléem avance »
Al-Ayyam : qu’en est-il du projet franco-palestinien de la zone industrielle de Bethléem ?
Pierre Duquesne : ce projet évolue très bien dans différents domaines. L’entreprise de la zone
industrielle de Bethléem est détenue à parts égales par des Français et des Palestiniens. Elle a été
enregistrée officiellement. Une étude de projet a été réalisée par les partenaires et la promotion de la
zone industrielle a été excellente. Nous avons appris que plusieurs petites et moyennes entreprises de
Bethléem et d’Hébron sont intéressées à s’installer dans cette zone. L’Agence française de
développement a débloqué un capital de 10 millions d’euros pour financer les infrastructures et nous
voulons présenter ce projet à des investisseurs français.
Naturellement, la question que tout le monde se pose, c’est de savoir si Israël accordera les
permis nécessaires à la réalisation du projet. En réponse, on peut dire d’abord que ce projet diffère
des autres parce qu’il se trouve en « zone A », ce qui doit limiter le besoin de permis israéliens pour
les travailleurs palestiniens. Le choix de la « zone A » plutôt que la « zone B » est une décision à la
fois politique et technique. Ensuite, nous avons reçu des promesses du gouvernement israélien
précédent et nous avons l’assurance du gouvernement actuel qu’il soutient ce projet. Nous savons
cependant qu’il faut obtenir les permis demandés pour l’électricité, l’eau, les eaux usées et surtout la
circulation des marchandises depuis et vers Israël et depuis et vers Jérusalem. Mais nous faisons
confiance aux autorités israéliennes depuis qu’elles nous ont assuré d’obtenir les permis en temps
voulu. Les travaux techniques ont commencé entre l’Autorité palestinienne et les Israéliens et nous
sommes optimistes.
« Une réunion du mécanisme de suivi de la Conférence de Paris dans les semaines à venir »
Al-Ayyam : vous avez dit que le mécanisme de suivi de la Conférence de Paris fonctionnait
toujours. Que fait-il exactement ? Il ne s’est pas rassemblé depuis janvier dernier.
Pierre Duquesne : une prochaine réunion du mécanisme de suivi devrait avoir lieu dans les
prochaines semaines. La proposition a été faite par le ministre des Affaires étrangères Bernard
Kouchner aux autres présidents de la conférence que sont Tony Blair, le ministre norvégien des
Affaires étrangères et la Commissaire européenne.
Al-Ayyam, (31/05/2009, pages 1 et 6) :
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