Angleterre : vers plus d`autonomie
Transcription
Angleterre : vers plus d`autonomie
Angleterre : vers plus d’autonomie ? Angleterre : l’évolution du système éducatif, vers plus d’autonomie ? © Fazon / Fotolia.com Introduction Géré par trois « ministères » indépendants1, le système d'enseignement au Royaume-Uni n'en forme pas moins un paysage éducatif cohérent d'une nation à une autre. Les quatre nations2 qui composent le Royaume-Uni ont opté pour un système d'éducation comparable en de nombreux points : durée de la scolarisation obligatoire (de 5 à 16 ans), gratuité de l'enseignement jusqu'à l'âge de 18 ans, découpage de la scolarité en key stages3, liberté pédagogique, décentralisation de la gestion du budget de l'enseignement public, autonomie des universités, etc4. Nous aborderons uniquement ici le système anglais. « Les étapes clefs » : les key stages Primary school (5 à 11 ans) L'école primaire (Primary school) est obligatoire à partir de 5 ans. Les deuxième et sixième années comportent chacune un examen, respectivement après le Key Stage 1 (5-7 ans) et le Key Stage 2 (7-11 ans). Pendant ces deux étapes, les élèves étudient l'anglais, les mathématiques, les sciences, l'informatique, l'histoire, la géographie, le dessin, la musique, l'éducation physique, l'éducation civique. Secondary school (11 à 16 ans) Après l'école primaire, deux types d'établissement publics coexistent : la grammar school (lycée) et la comprehensive school (lycée général). Pour entrer dans une grammar school, il faut passer un examen nommé « 11+ ». Key stage 3 (11 à 14 ans) : à partir de 11 ans, les jeunes anglais étudient pour obtenir le General certificate of secondary education (GCSE). Après leur neuvième année, ils doivent choisir les matières à passer lors de l'examen : de 10 à 14 disciplines sont proposées dont quatre obligatoires (les maths, l'anglais, la littérature anglaise et les sciences). 1 Departement for Children, Schools and Families pour l'Angleterre et le Pays de Galles, Scottish Government, Education and Training pour l'Écosse et Department of Education in Northern Ireland pour l'Irlande du Nord. 2 Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord. 3 Étapes clefs, équivalentes de nos cycles. 4 L'école en Angleterre, cahiers pédagogiques n° 434 Création 2010 – Mise à jour 2012 © rue des écoles Page 1 Angleterre : vers plus d’autonomie ? Key stage 4 (14 à 16 ans) : sont étudiés l'anglais, les mathématiques, les sciences, l'éducation physique, l'informatique et une langue étrangère moderne. D'autres matières peuvent être rajoutées de manière optionnelle. À partir de 16 ans l'école n'est plus obligatoire Après l'obtention du GCSE L'élève a la possibilité de suivre un cursus de deux ans dans un « collège » ou un Sixth Form Centre5 pour passer les A-Levels, équivalent du baccalauréat. L'obtention à la fin du cycle secondaire du A-Level, permet d'entrer à l'université. En Angleterre, le terme Public School désigne une école privée dont le recrutement n'est pas limité par des restrictions géographiques ni religieuses, mais par des frais souvent très élevés. Ce terme qui renvoie à des écoles très anciennes et prestigieuses a peu à peu évolué pour désigner plus généralement les écoles privées réservées aux élèves âgés de 13 à 18 ans. Exemple : « Eton College » est une école pour garçons fondée en 1440 par le roi Henri VId'Angleterre, située dans le Berkshire près du château de Windsor. École élitiste et très coûteuse, Eton bénéficie d'un système de bourses développé pour en faciliter l'accès aux élèves moins fortunés. L'ancienneté de l'école est reflétée par de nombreuses traditions, dont l'uniforme porté par les élèves. Par ailleurs, des liens étroits unissent Eton à l'Université de Cambridge que rejoignent la majorité ses anciens étudiants. Être « teacher » en Angleterre Statut Les enseignants du premier, mais aussi du second degré, se distinguent fondamentalement de leurs collègues français. Ils ne sont pas des fonctionnaires et ont un statut qui les rapproche des employés et des cadres traditionnels du secteur privé. Qualification Tous les maîtres, qu'ils enseignent dans le primaire ou le secondaire, sont désignés comme des teachers (professeurs). Ils sont recrutés après l'obtention d'une qualification professionnelle : le Qualified Teacher Status. Ce diplôme s'acquiert par une formation théorique et pratique de 3 à 4 ans après l'équivalent du A-Level dans ce que l'on appelle des Institute of Education6. Une autre filière réside dans l'obtention d'une licence universitaire, puis dans une spécialisation d'un an dans un Post Graduate Certificate of Education. Pour autant, quelle que soit la filière choisie, les futurs enseignants ne passent pas de concours. Recrutement Pour trouver un emploi, ils doivent répondre à des annonces publiées par les établissements et passer un entretien d'embauche. 5 Institut d'études qui offre une éducation jusqu'au niveau du bac : CGE advanced level, surtout pour les élèves dont l'établissement n'avait pas de sixth form. 6 L'Institut est le plus grand fournisseur de formation des enseignants à Londres et offre une gamme d'itinéraires de formation des enseignants en liaison avec plus de 100 écoles partenaires et les collèges. Création 2010 – Mise à jour 2012 © rue des écoles Page 2 Angleterre : vers plus d’autonomie ? « Les enseignants demeurent présents dans la vie de leurs élèves bien après la fin de la classe grâce au système de tutorat qui leur confère un rôle de conseiller et de médiateur auprès des enfants et de leur famille au-delà des portes de l'école.7 » Les « Free schools » : vers une nouvelle organisation ? En 2010, le parti conservateur au pouvoir a libéralisé la création d'écoles publiques gérées par le privé : les Free Schools. Face au constat qu'il était devenu de plus en plus compliqué et onéreux de trouver une école pour ses enfants, le gouvernement a proposé aux parents de créer leur propre établissement. Directement financées par l'État, les Free Schools sont dotées d'une direction indépendante revenant à la société civile. En pratique, une association, des parents d'élèves, des enseignants font une demande auprès de l'État en précisant les objectifs de l'école, les programmes, les méthodes d'enseignement, les locaux, ainsi qu'un plan financier. Ces écoles n'ont pas à suivre le programme national, mais doivent fournir une éducation « vaste et équilibrée ». Elles sont soumises à des inspections par le Ministère de l'éducation et sont indépendantes par rapport aux collectivités locales. Enfin, elles organisent leurs propres conditions d'admission. À la fin du secondaire, les élèves passent les examens comme les autres élèves. Le département du Ministère de l'éducation a revu à la hausse en mars 2011 les règles d'autorisation d'ouvrir une Free School, ce qui a compliqué pour des parents inexpérimentés l'ouverture d'un tel établissement. De plus, un grand nombre de réserves apparaissent et de nombreuses interrogations sont pointées par les observateurs du système éducatif. « Des parents et des enseignants engagés formulent une réponse en mettant en place des écoles accessibles à tous, gratuitement, avec de petites classes et un programme scolaire adapté. Révolutionnaire, certes, mais révolution douteuse selon certains : ces écoles seraient des enclaves de la classe moyenne éduquée et non un nouveau système scolaire accessible à tous comme le revendiquent ses défenseurs. Elles aggraveraient la situation des écoles publiques en diminuant la mixité sociale et diminuant leurs moyens, qui seront en partie réaffectés aux Free Schools. Enfin, est-ce que des amateurs en matière d'éducation peuvent vraiment savoir ce qui est le mieux pour les enfants, quel programme scolaire mettre en place et quels enseignants choisir ?8 » Il faudra plusieurs années avant de savoir si ce système, déjà testé en Suède, améliorera les résultats des élèves. Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II. 7 Sarah Bagshaw, chargée de projet au British Council : Agence britannique internationale, chargée des échanges éducatifs et des relations culturelles. 8 Miriam Gouverneur, « Des écoles gérées par les parents au Royaume-Uni : petite révolution ou initiatives condamnées à l'échec ? », Le blog de la Solidarité Création 2010 – Mise à jour 2012 © rue des écoles Page 3