Sans titre - Filpac CGT

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Sans titre - Filpac CGT
Correspondance de la Presse
Vendredi 9 janvier 2015
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PROBLEMES D’ACTUALITE DES MEDIAS
Réactions sans précédent en France et à
l'étranger de la presse et des caricaturistes à
la suite de l'attentat meurtrier à "Charlie
Hebdo"
L'attentat perpétré à la kalachnikov mercredi 7 janvier au sein de "Charlie Hebdo" qui a coûté la
vie à douze personnes et blessé onze autres, a suscité une forte réaction hier en France et dans le
monde.
Les douze disparus sont Frédéric BOISSEAU, agent de maintenance de Sodexo ; Franck
BRINSOLARO, brigadier au Service de la protection (SDLP) ; Cabu, né Jean CABUT,
dessinateur ; Elsa CAYAT, psychanalyste, chroniqueuse ; Charb, né Stéphane CHARBONNIER,
dessinateur ; Honoré, né Philippe HONORE, dessinateur ; Bernard MARIS, économiste,
chroniqueur ; Ahmed MERABET, policier ; Mustapha OURRAD, correcteur ; Michel RENAUD,
ancien journaliste ; Tignous, né Bernard VERLHAC, dessinateur ; Wolinski, né Georges
WOLINSKI, dessinateur.
Le choc ressenti après la sanglante attaque s'est traduit à la Une des journaux qui appellent à faire
front face à la "barbarie" et à la "liberté assassinée". Des fonds noirs et des dessins rendent
hommage aux victimes, dont des dessinateurs renommés. "Nous sommes tous Charlie", titre
"Libération". La mention, brandie par de nombreux manifestants mercredi soir partout en France, se
retrouve très souvent en manchette des quotidiens. Le directeur de "Libé" commence son éditorial
par un "Ils ont tué Cabu !", "ils ont tué Wolin, Charb, Tignous, Bernard Maris et les autres !",
comme le "Ils ont tué Jaurès" de l'été 1914. "Nous ne sommes pas des soldats. Mais nous
défendrons notre savoir-faire et notre vocation : aider le lecteur à se sentir citoyen. Ce n'est pas
grand-chose mais c'est quelque chose. Avec une certitude mieux ancrée : maintenant, nous savons
pourquoi nous faisons ce métier", martèle M. Laurent JOFFRIN.
"Liberté assassinée", "une vraie guerre", "barbarie", clament les éditorialistes
"La liberté assassinée", clame "Le Figaro" qui publie les photos de six des victimes : les dessinateurs
Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski et le chroniqueur Bernard MARIS. Dans un éditorial
intitulé "La guerre", le directeur Alexis BREZET annonce "une vraie guerre, menée non par des
soldats mais par des assassins de l'ombre, des tueurs méthodiques et organisés, dont la tranquille
sauvagerie glace le sang". "C'est la liberté qu'on assassine", renchérit "L'Humanité". Pour
M. Patrick Le HYARIC, "dans ces heures tragiques, dans un contexte où les tensions ne cessent de
monter, la République une et indivisible, tolérante, laïque et sociale, doit plus que jamais
s'affirmer. Elle doit résister et faire front contre ces lâches et ces barbares". Le quotidien
économique "Les Echos" appelle lui aussi à faire "Face à la barbarie" et publie le dernier dessin de
Charb ainsi qu'un communiqué des éditeurs de presse "sous le choc après l'attentat d'une lâcheté
et d'une gravité extrêmes". L'éditorialiste Nicolas BARRE s'en prend à "des salauds cagoulés (qui)
ont déclaré la guerre à la France, à notre démocratie, à nos valeurs".
"Barbarie" sur fond noir est le titre également choisi par "20 Minutes". Pour sa part, "La Croix"
évoque "La France meurtrie" avec un dessin de Deligne représentant un encrier renversé sur la
liberté d'expression représentée sous forme d'une bulle de BD. La directrice du journal catholique,
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Mme Dominique QUINIO, affirme que "les journalistes n'ont pas un statut d'exception devant la
mort, mais s'attaquer aux médias, à la liberté d'informer (fût-ce de caricaturer), c'est refuser une
société de débat, d'insolence et de pluralisme, c'est s'attaquer aux fondements de la démocratie".
"Le Parisien/Aujourd'hui en France" assure pour sa part qu'"Ils ne tueront pas la liberté" avec en
photo de Une des manifestants brandissant les affichettes "Je suis Charlie".
"Nos seules armes face à la sauvagerie, c'est de redire, ensemble et clairement, que nous ne
laisserons jamais assassiner notre liberté et nos valeurs", écrit le directeur du journal, M. Thierry
BORSA. Dans la presse économique, "L'Opinion" évoque "Charlie Hebdo : l'état de choc".
Même le quotidien sportif "L'Equipe" fait part de son effroi : "Liberté-barbarie 0-12", titre-t-il dans
un dessin qui occupe toute sa Une. En région, "Ouest-France" dénonce "Un crime contre notre
liberté". Un dessin de Chaunu dans le quotidien breton rend hommage à ses confrères
représentés en suppliciés ligotés à des crayons. Pour M. François-Régis HUTIN, son directeur de
la publication, "l'abominable attentat qui nous meurtrit tous atteint, à travers les journalistes
visés, tous ceux qui se veulent libres". "Assassinés", écrit "Le Télégramme". Pour "Le Maine
libre", "On a voulu tuer la liberté". Un bandeau noir recouvre le titre de "La Dépêche du midi",
comme celui de la "République des Pyrénées". "Le Havre libre" s'est rebaptisé "Charlie libre".
"Paris Normandie" est devenu "Charlie Normandie". Autre dessin à la Une des "Dernières
Nouvelles d'Alsace" : un buste de Marianne et un crayon criblés de balles baignent dans une
mare de sang. "Le Courrier picard" et "Presse Océan", enfin, se risquent à l'humour noir dans le
plus pur style du journal satirique : "Balles tragiques à Charlie Hebdo : 12 morts". Référence
ultime à la fameuse Une de Hara Kiri sur la mort du général De Gaulle en novembre 1970 : "Bal
tragique à Colombey : un mort", qui avait valu son interdiction au journal et sa renaissance sous
le nom de "Charlie Hebdo".
A noter que les principaux hebdomadaires et mensuels membres du Syndicat des éditeurs
de presse magazine (SEPM) publieront en couverture de leur prochaine édition le tag "Je
suis Charlie", créé par Joachim RONCIN. Tous les éditeurs membres du GESTE
(Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne) feront de même sur leurs sites,
l'organisation appelant à faire face à cette barbarie en faisant "front ensemble pour défendre
la liberté d'expression, la liberté d'entreprendre et la démocratie".
"Le Canard Enchaîné" pour sa part, où travaillait également Cabu, a indiqué hier être "en état de
choc" par communiqué et précisé qu'il n'est pas en mesure de répondre aux sollicitations des
médias. "Sur cet état de choc qui est aussi un choc d'Etat, le 'Canard' s'exprimera dans son
prochain numéro. Pour l'heure, c'est à la mémoire de nos confrères assassinés, à leurs familles dans
la douleur de cette atrocité que vont toutes nos pensées. Quant aux rescapés de cette tuerie, ils
savent qu'ils peuvent compter sur notre solidarité et sur toute notre équipe pour les aider à faire
vivre 'Charlie' n'en déplaise aux tenants de la barbarie", a poursuivi le journal.
Du côté des hebdomadaires, "M. Le Magazine du Monde" en kiosque aujourd'hui a une
couverture intégralement noire tandis que "Courrier International" publie aujourd'hui, une édition
exceptionnelle en hommage aux victimes de la tragédie de "Charlie Hebdo". L'hebdomadaire
indique que ce supplément de 12 pages présente les réactions et les points de vue de la presse
étrangère, de Copenhague à Abidjan, en passant par Londres, Istanbul, Kuala Lumpur ou Los
Angeles ; les dessins réalisés par des cartoonistes du monde entier ainsi que les Unes de la presse
étrangère consacrées à l'événement et les interviews de correspondants étrangers et de
dessinateurs. Ce numéro est vendu au prix de 1,50 euros et par solidarité, une partie des recettes
des ventes sera reversée à "Charlie Hebdo", indique "Courrier International".
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Solidarité, inquiétude et détermination des caricaturistes
"Tout le monde a peur. Mais nous devons être courageux" : inquiets mais résolument solidaires, les
caricaturistes du monde entier rendaient également hommage hier à leurs confrères de "Charlie
Hebdo", déterminés à poursuivre leur combat par le dessin, avec pour munitions rire et
provocation. Beaucoup d'entre eux connaissaient au moins une des victimes.
Bouleversés, ils ont confié, avec des mots et des croquis, leur douleur, leur peur aussi, et leur
promesse de la vaincre, d'éviter l'autocensure pour qu'en fin de compte, le crayon l'emporte sur
la kalachnikov. "Putain, ils l'ont fait ! Ils ont tué mes amis de 'Charlie Hebdo'. Vos amis de
'Charlie Hebdo'. Parce que même si vous ne les connaissiez pas personnellement comme moi,
ou même pas du tout, c'était vos amis. Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré vous aimaient",
a écrit sur sa page Facebook le dessinateur belge Pierre KROLL, dont un croquis "Morts de rire"
orne la Une du "Soir".
De nombreux autres journaux, de Bruxelles à Kinshasa, de Genève à Hong Kong et de Jérusalem à
Sydney, ont publié des croquis de leurs dessinateurs maison, souvent aux côtés des caricatures
anciennes de "Charlie Hebdo". Au Maroc, le quotidien "Libération" a reproduit le dernier dessin –
tragiquement prémonitoire – de Charb, sur la fatalité d'un attentat en France. En Turquie, le
gouvernement islamo-conservateur avait sévèrement critiqué "Charlie Hebdo" pendant toute
l'affaire des caricatures de Mahomet. Quelques caricatures du journal satirique figuraient
cependant à la une de la presse, mais en très petit format. Parmi les dessins les plus partagées sur
les réseaux sociaux, on retrouve celui du Néerlandais Ruben L. OPPENHEIMER, montrant deux
crayons alignés à la verticale, à l'image de deux tours sur le point d'être heurtées par un avion de
ligne, en référence aux attentats du 11 septembre 2001.
Ou encore celui de l'Australien David POPE, montrant un tueur se justifier devant un corps qu'il
vient d'abattre : "He drew first", un jeu de mots signifiant à la fois que sa victime avait "dégainé"
et "dessiné" en premier. "Notre devoir est de continuer à faire ce qu'on fait", a commenté
M. David POPE. Mais certains n'hésitent pas à confier leur angoisse après la tuerie de Paris. Tel
le dessinateur du quotidien israélien "Haaretz" Amos BIDERMAN, qui titre sa chronique en Une
par "J'ai peur".
"Les méchants ont gagné, ils nous ont battus haut la main dans la bataille pour la liberté
d'expression. Toute l'Europe tremble, et aussi les Etats-Unis. Désormais plus aucun caricaturiste et
éditeur n'osera se mesurer à eux. (...) Des journalistes comme ceux de 'Charlie Hebdo', il y en a
très peu. Ils sont vraiment courageux. Je savais que ça allait mal finir." Rédacteur en chef au
quotidien britannique "The Independent", M. Amol RAJAN, a estimé que publier des caricatures de
"Charlie Hebdo" dans l'édition du jour était "trop risqué".
Le Danois Kurt WESTERGAARD : "J'ai peur aussi mais un sentiment m'aide beaucoup et
c'est la colère"
En Grande-Bretagne, seuls "The Guardian" et "The Sun" ont osé, le tabloïd faisant remarquer que
"Charlie Hebdo" s'attaque "même aux Anglais". "J'ai peur aussi mais un sentiment m'aide
beaucoup et c'est la colère", a réagi le Danois Kurt WESTERGAARD au micro de la BBC. Il avait
été menacé en 2005 après la publication de douze de ses caricatures de Mahomet par le quotidien
"Jyllands-Posten", reprises ensuite par "Charlie Hebdo". "La peur née hier ne va pas disparaître
avant un long moment, a-t-il ajouté. Il y aura évidemment de l'autocensure, qui est la pire, car elle
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est invisible. Tout le monde a peur. Mais nous devons êtes courageux. Un bon caricaturiste doit
être une sorte d'anarchiste." Le "Jyllands-Posten" était pourtant le seul journal du Danemark à ne
pas reproduire hier de dessin de "Charlie Hebdo". "Ce serait pour nous complètement
irresponsable de publier de vieux ou de nouveaux dessins du prophète maintenant", a expliqué le
rédacteur en chef.
"On va continuer", a répondu, depuis Kinshasa, le dessinateur Kash. Son dessin publié à la Une du
"Potentiel" montre un colosse ayant pour seules armes des bras musculeux en forme de crayons, et
une gomme. "Nous sommes tous des Charlie Hebdo et nous ne désarmerons jamais !", promet le
quotidien. "Le meilleur moyen de leur rendre hommage est de continuer leur œuvre, de ne pas
céder à la peur parce que le fanatisme se nourrit de la peur", a déclaré Kash. "Nous n'allons pas
nous laisser intimider", a insisté l'Autrichien Gerhard HADERER. "Continuer, c'est certain", a
confirmé le dessinateur algérien Dilem à Radio France Internationale, même s'il connaît le danger :
"Je sais qu'il ne faut pas plaisanter avec ces gens-là. On est dans la pathologie la plus absolue, dans
la barbarie extrême."
Bilan publicitaire 2014 : hausse des recettes
publicitaires pour la radio, la télévision et la
publicité extérieure, mais recul pour la presse
et le cinéma
Sur l'ensemble de l'année 2014, on enregistre une hausse des recettes publicitaires pour la radio,
la télévision et la publicité extérieure, mais un recul pour la presse et le cinéma. En décembre,
l'activité publicitaire en volume reste en repli pour une majorité de segments de médias. Seule la
télévision est en progression sur l'ensemble de ses indicateurs tandis que la presse reste dans le
rouge et que la radio présente à nouveau quelques résultats négatifs ce mois-ci.
Sur l'ensemble de l'année 2014, les volumes publicitaires de la télévision sont positifs avec une
durée publicitaire qui s'élargit de 12,6 % et un portefeuille d'annonceurs plus élevé (+11,4 %). En
décembre, la télévision étend sa durée publicitaire de 6,3 %, les chaînes de la TNT (+6,8 %)
contribuant encore majoritairement à cette hausse. Celle des chaînes historiques évolue plus
modestement (+3,9 %) mais le segment recrute davantage d'annonceurs : 32 intervenants
supplémentaires contre 26 pour la TNT.
De janvier à décembre derniers, les annonceurs sont plus nombreux en radio (+228 intervenants)
mais la durée publicitaire sur le média augmente plus faiblement (+1,8 %). En décembre, la radio
poursuit son activité à deux vitesses. La durée publicitaire des stations généralistes s'écourte
sensiblement (-1,8 %), comme celle des programmes locaux (-3,7 %), tandis que les stations
musicales affichent une croissance de 11,8 % de cet indicateur. En revanche, on notera que les
annonceurs sont moins nombreux ce mois-ci sur ces principaux segments, ce qui engendre un
portefeuille en baisse pour le média (-3,2 %).
Au cumul, la presse clôt l'année 2014 avec une pagination réduite de 6,4 % et un portefeuille
amoindri de 3,2 %. Le mois de décembre annonce une baisse sévère de la pagination (-7,1 %)
qui touche simultanément les magazines (-7,7 %) et les quotidiens nationaux (-8,0 %). De
même, le média référence moins d'annonceurs ce mois-ci (-3,3 %) et, là encore, les magazines
semblent plus impactés avec 89 intervenants manquants pour le segment contre 23 pour les
quotidiens nationaux.

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