Congrès 2006 - Association médicale du Québec

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Congrès 2006 - Association médicale du Québec
Vol. 12 • no 3 • Juin 2006
Le IXe congrès annuel de l’AMQ
Une bonne préparation à l’action
De passage au congrès de l’AMQ, le ministre Philippe
Couillard a présenté sa vision des changements nécessaires
dans le système de santé, rappelant aux participants leur rôle
crucial dans l’atteinte des objectifs de son ministère.
E
nsemble : vers la nouvelle équipe de santé.
Le thème retenu pour le congrès 2006 de
l’AMQ illustrait bien les nouveaux défis auxquels
nous sommes confrontés. Pendant deux jours, les
28 et 29 avril dernier, les membres de la profession
médicale, auxquels se sont joints d’autres professionnels de la santé, ont discuté des solutions novatrices
à plusieurs problèmes que vit notre système de santé. Pour une deuxième année consécutive, l’AMQ a
invité ses partenaires en santé, professionnels et
gestionnaires, dans un esprit de collaboration et
de respect mutuel, et avec le souci de travailler
ensemble, le plus efficacement possible, à
l’amélioration du système de santé et, par
conséquent, au mieux-être des patients.
Les solutions présentées ont en commun d’émerger
des différents milieux de pratique et de mettre à contribution plusieurs catégories de professionnels de la
santé. Elles illustrent une nouvelle réalité dans notre
système de santé : le renforcement du travail interdisciplinaire et le relâchement des frontières jadis
presque étanches entre les différentes catégories de
professionnels. Je suis fier de constater l’ouverture
de la profession médicale à l’égard du partage de
certains actes, autrefois exclusifs, qui pourront
dorénavant être posés par d’autres professionnels.
Lors de son allocution, le ministre Philippe
Couillard a souligné la pertinence de la thématique
de notre congrès au regard des principaux enjeux
de l’actuelle période de transition. Nos discussions
axées sur le partage des expériences et sur les pratiques novatrices s’inscrivent bien dans les objectifs
ministériels de continuité des services, de hiérarchisation des soins et d’intégration de tous les médecins
de première ligne au réseau.
Le congrès 2006 a donné lieu à des conférences de
très haut niveau. Outre les expériences au Québec
présentées en ateliers, qui ont suscité des échanges
soutenus, nous avons pu profiter de l’expertise
développée chez nos voisins. Alors que les systèmes
de santé aux États-Unis (car il y en a plus d’un!) sont
souvent cités comme des exemples à ne pas suivre,
compte tenu du coût global exorbitant des soins de
santé et de leur manque d’équité, des innovations
remarquable ont aussi été réalisées sur le territoire
américain que nous aurions tort d’ignorer. Après
avoir été inspirés, en 2005, par l’expérience du
Kaiser Permanente Institute, les congressistes ont pu
découvrir cette année les réalisations étonnantes du
Veterans Health Administration et du Group Health
Cooperative (Voir page 2).
Nous avons aussi eu droit à un débat des plus
relevés. Compte tenu de l’actualité politique, il
aurait été impensable de tenir un congrès sans aborder la question de l’interface public/privé. L’AMQ
s’est donnée comme ligne de conduite de permettre et d’encourager l’expression de points de vue
diversifiés. Le débat du 29 avril en était un exemple
éloquent ! (Voir page 4)
Le président,
Dr Robert Ouellet
Congrès 2006
Les soins de santé aux États-Unis
Il y a aussi de bons exemples
A
Dr Robert Petzel
M. Michael Hindmarsh
vec l’expérience du Veterans Health
Administration (VHA), nous avons pu
voir comment un réseau de santé intégré a pu
passer du pire au meilleur en misant d’abord
sur les personnes, en investissant dans les bons
outils et, surtout, en encourageant l’innovation. Le
Dr Robert Petzel a rappelé comment le VHA, confronté à des problèmes de qualité et d’accessibilité,
avait très mauvaise presse jusqu’au milieu des
années 1990.
L’implantation d’une culture de changement, une réorganisation de structures selon un
modèle décentralisé, la mise en place d’une
gestion de la performance incluant des indicateurs, l’informatisation des dossiers-patients et
l’adoption d’une pratique médicale basée sur des
résultats probants : ces décisions s’inscrivent dans
une nouvelle vision de l’organisation caractérisée
par la recherche de l’excellence, l’imputabilité,
l’interdisciplinarité et des soins centrés sur
le patient. Sur l’impulsion de cette nouvelle
vision, l’organisation s’est transformée. Entre
2000 et 2005, tous les indicateurs favorables ont
été en croissance continue.
Nous avons également pu bénéficier
de l’expérience américaine en matière de
prise en charge des malades chroniques.
M. Michael Hindmarsh, responsable des pro-
grammes d’amélioration clinique (Clinical
Improvement Programs) au sein de l’organisation
Group Health Cooperative de Seattle, a décrit
le modèle mis en place dans plus d’une centaine
d’organisations de soins de santé aux États-Unis
et au Canada, et les gains qu’il a permis
d’enregistrer en matière de qualité. Selon plusieurs observateurs, le système de santé québécois,
mal adapté pour répondre de façon efficace aux
besoins des malades chroniques, gagnerait à s’en
inspirer.
Le Chronic Care Model s’appuie sur des
interactions productives entre un patient
bien informé, actif dans le suivi de sa maladie, et une équipe de soins dûment préparée
à recevoir le patient au moment de sa
visite. L’équipe a en mains le dossier, des outils
d’aide à la décision, les ressources matérielles et
humaines ainsi que le temps nécessaire pour
fournir le support clinique et les conseils adéquats
au patient. Le patient comprend sa maladie et sa
responsabilité dans la gestion quotidienne de cette
dernière. Le clinicien doit lui apparaître comme
un guide qui l’accompagne dans la prise en charge
autonome de sa maladie.
Le succès de cette approche repose sur la collaboration qui s’établit entre le patient et le clinicien
dans la formulation et l’atteinte des objectifs.
Merci à nos partenaires du congrès 2006
Partenaires majeurs
Partenaires principaux
-2-
Congrès 2006
Un débat ouvert à tous les points de vue
La contribution du privé
pourrait prendre plusieurs formes
Des panélistes aux opinions partagées ont été invités à présenter leur point de vue. De gauche à droite :
Amir Khadir, médecin et cofondateur de Québec Solidaire, André-Pierre Contandriopoulos, professeur en
administration de la santé, Norma Kozhaya, économiste à l’Institut économique de Montréal, Gilles Côté,
cardiologue à la clinique L’Enjeu, et Léonard Aucoin, consultant expert en gestion des établissements de santé.
A
u deuxième jour du congrès
annuel, cinq panélistes provenant
d’horizons variés avaient été invités
par l’AMQ à répondre, à leur façon,
à la question « La contribution du
privé est-elle une solution au problème
d’accessibilité ? »
D’entrée de jeu, le D r Gilles Côté,
cardiologue à la Clinique L’Enjeu
de Montréal, a évoqué le problème
démographique du Québec et la
menace qu’il fait planer sur la pérennité de notre système de santé. « La carte
d’assurance maladie est aussi une carte
de crédit, a-t-il lancé. C’est par équité
entre les générations qu’il faut cesser
de dépenser les fonds publics de façon
exponentielle comme on le fait. »
Le D r Amir Khadir, microbiologiste et infectiologue au CH Pierre-Le
Gardeur et porte-parole du nouveau
parti politique Québec solidaire, a
pour sa part dénoncé les propos qu’il a
qualifiés d’alarmistes tenus par les
promoteurs d’un rôle accru pour
le privé en santé. « Le secteur privé doit
contribuer davantage aux dépenses
en assumant ses responsabilités
financières, a-t-il déclaré. Favorisés
par les possibilités d’évasion fiscale
et les subventions, les entreprises
reçoivent actuellement plus qu’elles ne
contribuent. »
L’Institut économique de Montréal,
représenté par l’économiste Norma
Kozhaya, est favorable au recours au
secteur privé sans croire, toutefois, que
cette mesure sera suffisante pour sortir
le système de santé de l’impasse financière vers laquelle il se dirige. D’autres
mesures seront nécessaires, comme
l’ajout d’une assurance duplicative,
une solution adoptée par de nombreux
pays du Commonwealth, et la sensibilisation de la population et des cliniciens
à un usage plus modéré des services.
Professeur titulaire au Département d’administration de la santé de
l’Université de Montréal, André-Pierre
Contandriopoulos a tenu à rappeler
que le discours sur le financement de
la santé est toujours idéologique. « Il
nous faut trouver l’équilibre entre
l’efficience, l’équité sociale et le respect de la liberté individuelle.» À son
avis, le paiement à l’acte est à cet égard
contre-productif.
Léonard Aucoin, ex-gestionnaire
d’établissement devenu consultant,
a invité les médecins à se responsabiliser davantage quant à l’efficience du
système. « Alors qu’ils sont en principe
des entrepreneurs privés, les médecins
ne prennent aucun risque et aucun
engagement au regard des résultats,
a-t-il souligné. L’autogestion, telle que
pratiquée au Kaiser Institute, pourrait
constituer une autre façon d’intégrer
des intérêts privés en santé. (…) Tout
repose sur les mesures incitatives qui
peuvent autant être à la source de
problèmes que de solutions. »
Le D r Marquis Fortin, modérateur
du débat, a ensuite donné la parole à
plusieurs participants. Des avis partagés
qui ont été émis, retenons que les médecins, dans l’ensemble, revendiquent
leur droit d’être partie prenante des décisions de gestion dont ils n’entendent
plus être exclus. L’acceptation d’une
plus grande responsabilité de la profession médicale quant à l’efficience du
système de santé n’est pas loin…
-3-
Un p’tit coup de
pouce pour la relève
L
Diffusion d’un trousse d’intervention
sur le jeu pathologique auprès des médecins
Les médecins ont un rôle
important à jouer
A
u début de mai, quelque
10 000 médecins ont reçu de
l’Association médicale du Québec
(AMQ) une trousse d’intervention
comprenant un répertoire des ressources sur le jeu pathologique au
Québec, destiné aux praticiens,
ainsi qu’un jeu de cartes résumant
les ressources d’aide et de référence
disponibles dans chacune des
régions du Québec, à remettre aux
patients.
Convaincue de la nécessité
de promouvoir le recours aux
ressources d’aide existantes auprès
des patients souffrant de problèmes
liés au jeu pathologique, l’AMQ
tenait à faire connaître aux médecins cet outil conçu pour les soutenir dans leur intervention auprès
de cette clientèle à risque. L’AMQ
s’est donc associée au ministère
de la Santé et des Services sociaux
(MSSS) - qui en est l’auteur - pour
sa diffusion auprès des omnipraticiens et des psychiatres.
L’AMQ est à l’affût des innovations susceptibles de concourir
à l’amélioration de la santé de la
population et des soins qu’elle
reçoit. « Nous avons jugé opportun de joindre nos efforts à ceux
du MSSS, a commenté le D r Robert Ouellet, président de l’AMQ,
-4-
pour contribuer à combattre ce qui
constitue, d’un point de vue professionnel, un véritable problème de
santé publique. Malheureusement
trop répandu, le jeu pathologique
entraîne une grande souffrance. Il
menace la santé physique et psychologique non seulement des personnes directement touchées mais
aussi de leur entourage. »
L’AMQ croit que les médecins
ont un rôle important à jouer dans
la reconnaissance des problèmes
liés au jeu et, bien sûr, dans le
traitement des personnes qui en
souffrent. Elle a pris position sur
cette question déjà dans le passé et,
dans le cadre de son congrès 2002,
elle proposait une activité de formation sur l’intervention dans des
cas de jeu pathologique. Elle s’était
engagée alors à contribuer à la formation et à la diffusion d’outils
auprès des médecins.
Omnipraticiens et psychiatres
sont donc invités à utiliser cette
trousse auprès de leurs patients
désireux de s’engager dans une
démarche de guérison en leur suggérant les ressources d’aide et de
référence qu’elle contient. Nul
doute qu’elle pourra leur être d’une
grande utilité.
e Bureau des Gouverneurs de l’AMQ a relancé
la campagne de financement destinée à soutenir
le programme de bourses d’études pour les étudiants
et les résidents.
L’AMQ bénéficie, pour cette campagne comme
pour celle de l’an dernier, de l’appui de la Fondation médicale canadienne qui, grâce à la générosité
de son donateur AMC Holding, double le montant
des contributions offertes par les médecins québécois. Les sommes amassées dans le Fonds de bourses
permettront d’effectuer des déboursés plus importants dès septembre 2006. Aux bourses au mérite
distribuées lors du congrès annuel s’ajouteront des
bourses au besoin.
Au terme des tournées qu’elle mène annuellement
à travers le Québec, l’AMQ a été sensibilisée aux besoins financiers importants des étudiants et des résidents en médecine. Si une aide gouvernementale est
à leur portée, celle-ci est principalement versée sous
forme de prêt et demeure limitée Or, on le sait, il en
coûte cher à notre relève pour poursuivre ses études.
Convaincue qu’ils sont les mieux placés pour comprendre la situation des jeunes de la relève et pour
leur donner un coup de pouce financier pour aller
jusqu’au bout de leur apprentissage, l’AMQ fait appel à la générosité et à la solidarité de ses médecins
membres.
Par le biais de son Fonds de bourses, l’Association
remettra au total 32 bourses de 2000 $ chacune,
chaque année pour les trois années à venir, à des
jeunes qui font leurs classes dans l’une ou l’autre des
quatre facultés de médecine, soit celles de l’Université
de Montréal, de l’Université McGill, de l’Université
de Sherbrooke et de l’Université Laval.
Pour information : (514) 866-0660 ou
1 800 363-3932, [email protected],
ou encore www.amq.ca.
Association médicale du Québec
380, rue St-Antoine Ouest, Bureau 3200
Montréal (Québec) H2Y 3X7
Téléphone : (514) 866-0660 ou 1 800 363-3932
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