Dossier de presse

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Dossier de presse
TUCHENN
La robe bleue
Théâtre récit
d'après Michèle Desbordes
avec l’aimable autorisation des éditions Verdier
Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente
Camille Claudel
Comme j'étais forte et joyeuse à ce moment ! Comme je riais bien !
Et puis la vie est venue… et maintenant vous voyez comme me voilà réduite et obéissante.
Paul Claudel
La robe bleue est inspiré du très beau texte de Michèle Desbordes, paru en 2004 aux éditons Verdier. Un portrait de Camille Claudel, à la fois documenté et intuitif.
Soeur ainée du poète Paul Claudel, élève puis maîtresse et assistante de Rodin, Camille Claudel, après une carrière de sculpteur, fut internée à 49 ans à l’asile de Montdevergues où elle séjourna jusqu’à sa mort, 30 ans plus
tard.
Le récit retrace cette existence faite de passion, de génie prodigieux, d’autorité surprenante... puis d’enfermement, d’abandon, d’attente éperdue... de paix peut-être, de renoncement jamais.
Note d’intention
Tout d’abord, faire entendre la langue de Michèle Desbordes, sa limpidité, son dépouillement, son infinie délicatesse, son souffle.
Partager avec le public, les émotions que nous avons ressenties à sa lecture.
Une écriture qui se laisse envahir par Camille Claudel, qui l'entrevoit, l'accueille. Tout le reste vient avec. Les lieux, les visages, les instants vécus, tout est là, dans cette
même présence ambiguë, à la fois trouble et certaine, faite d'empathie profonde. L’art du portrait, dans ce qu’il a de plus pénétrant.
Traduire les ressassements, les visions subites, les assauts de mélancolie, les éclats de joie, les vertiges, les silences, les élans
suspendus. Et la question du temps, vécu comme un désert.
La question du féminin aussi, d'un féminin qui parviendrait à se dire à travers le baillon. Démuni, désarmé, au-delà de
toute véhémence, de toute polémique, au-delà de toute sornette sur la féminité.
Et en ombre portée, le portrait d’une société. L’avènement d’une culture victorieuse, sûre de son fait, coloniale, à la virilité inquiète, une société qui prèfère le bannissement au désordre, passe du corset à la coercition, préfère deux guerres
mondiales à la marche des peuples. La société qui a tué Rimbaud et Artaud.
Niobide
La vidéoprojection qui accompagne le récit, vient se glisser entre les mots, entre les souvenirs, portraits de Claudel, de
Rodin, de Camille, de sa famille, mémoire des lieux, des oeuvres, déformés, comme le diaporama d’une vie, entraperçu
dans un rêve fièvreux, une obsession.
Dans l’espace public, nous recherchons particulièrement les architectures qui révèlent cette société coercitive et puissante,
un ancien couvent, un lycée du 19ème siècle, un vieil hôpital psychiatrique, une maison de maitre, certains musées...
Photo Jean-Claude Gautrand
Deux comédiennes
Violaine Vérité, Michèle Kerhoas
Deux voix, proches dans leur grain, dans leur présence physique.
Peut-être deux plasticiennes, partageant la même empathie pour cette femme dont elles font
apparaître par touches successives, le portrait sensible. Fuyant l’anecdote, cherchant le sens
d’une vie dans les lettres, les photos, les souvenirs... Reconnaissant, à l’écart de tout pathos, son
énergie, son martyre, son corps... Attirées par toute cette sérénité presque inacceptable.
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L’équipe
Bernard Colin - metteur en scène
Fondateur de Tuchenn. A travers la mise en scène d'une
trentaine de spectacles, son travail de création s’oriente
de plus en plus nettement vers un théâtre appuyé sur l'acteur et les textes forts de la littérature et de la poésie
contemporaines.
Olivier Borne - scénographe
Collabore depuis plus de 10 ans avec Bernard Colin. Il a
travaillé avec Matthias Langhoff, Benno Besson, Alain
Françon, Philippe Adrien, Hervé Lelardoux, Jérôme
Deschamps, François Bechu…
Violaine Vérité - comédienne
A Tuchenn depuis 2006, elle a collaboré avec Eduardo
Manet, Moni Grego, Micha Cotte, Jean-Louis Estany. Assistante à la mise en scène de Bartabas, Michèle
Heydorff, Béla Czuppon…
Ludmilla Volf Arpad - peintre, décoratrice
Elle a travaillé avec Bob Wilson, Elie Chouraqui, Maurice
Benichou, Colline Serrault, la Volière Dromesko, Matthias
Langhoff, Bernard Loti, Henry Massadeau.
Avec Bernard Colin et Olivier Borne depuis 1999.
Michèle Kerhoas - comédienne
Cofondatrice de Tuchenn. A part quelques excursions en
télévision et dans la plupart des compagnies de l'Ouest,
elle s'inscrira dans tous les spectacles de Tuchenn, soit une
trentaine de rôles. Egalement chanteuse du groupe Escale
Dédale.
Florence Moreau - vidéaste, infographiste
Collabore avec Tuchenn depuis 2008, elle assure la création du site et les vidéos-projections. Elle réalise aussi les
films extraits de nos spectacles.
Nos partenaires
Le Lieu Noir à Sète (34)
Pascale Larderet et Josy Corriéri offrent des résidences d’écriture
dans un espace hors normes qu’ils ont installé sur le bord du canal.
Là, nous avons établi la version scénique définitive, durant le mois
de juin 2009.
Les Lapidiales de Port d’Envaux (17)
D’anciennes carrières transformées en lieu permanent de création,
dédié avant tout à la sculpture et ouvert au public toute l’année.
Dans cet espace unique, Alain Tenenbaum, a creusé un petit théâtre de pierre, au pied des fronts de taille.
Région Poitou-Charentes
Après Oedipe sur la route, un deuxième partenariat en lien avec
un territoire, le Pays de Saintonge Romane.
Le théâtre de l’Aire Libre (35)
Jean Beaucé nous accueille en mars 2011, pour la création des
lumières du spectacle.
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Extraits de La robe bleue
Adaptation de Michèle Kerhoas et Violaine Vérité
I
l la trouvait là quand il arrivait,
assise sur cette chaise devant le
pavillon, immobile et les mains croisées dans le pli des jupes, ces robes
grises ou brunes toujours les mêmes,
avec ce chapeau qu’on lui voyait sur les photos de la même indéfinissable couleur. Elle était là immobile et silencieuse, et guettant l’instant qu’il paraîtrait
dans le haut du sentier.
E
lle était là, fière et remuante
comme une abeille, et quand on
venait la voir travailler on observait le
rire et le visage d'enfant qu'elle gardait, et ces bavardages.
Oui vive et enjouée, et l’on ne se serait
douté de rien, on rendait hommage à
sa beauté et à son succés, cette année-là les petites causeuses, qu’elle réalisait
pour le salon, les quatre petites femmes qu’elle disait avoir observées dans un
compartiment de chemin de fer.
Il y avait celle qui parlait et les autres qui écoutaient. On parlait d'éphémère,
de fugace, de ce qui dans l'instant même apparaissait et disparaissait.
On la voyait dessiner dans les cours, les jardins où elle ne faisait qu'aller les
yeux grands ouverts, on avait jamais vu, disait-on, quelqu'un aller les yeux si
grands ouverts.
U
n jour ils venaient à Paris pour elle, la mère, le frère et la sœur, la suivant
comme on suit un maître, un chef de famille, afin qu'elle étudiât la sculpture ainsi qu'elle l'avait obtenu du père, cependant que redisant l'imprudence
et même le danger, impétueuse et violente comme elle était, de la laisser faire
ça, la mère réprouvait, ne faisait que réprouver, et bientôt tout se monnaierait
et se négocierait de ce qu'il y avait à monnayer et négocier de l'amour et de
l'argent, et de ce pouvoir que chacune entendait exercer.
E
t la sulpture elle l’apprenait, personne n’aurait pu dire quelle ne l’apprenait
pas, même ceux qui observaient qu’elle n’avait sans doute pas besoin de ça,
que déjà elle savait. Elle apprenait comme
on apprend quand déjà l’on sait, comme elle
apprenait ce qui venait, ne pouvait que venir
et qu’un temps encore elle ignorait, avec sur
le visage cette beauté dont tous parlaient,
ces yeux, ces cheveux qui faisaient sa splendeur, et bientôt le maître en était amoureux
comme jamais il ne l’avait été, lui Rodin dans
cet atelier de la rue de l’Université où il la
prenait comme élève.
O
n la voyait un de ces soirs traverser la
cour et cogner au carreau du concierge,
demandant si elle pouvait entrer et s'asseoir
un moment, si bien qu'elle restait là à causer
et demander des nouvelles des gens du quartier. Elle demandait si il n'y avait pas une lettre de Paul, elle parlait de Paul qui était viceconsul en Chine, de Paul qui n'était jamais là,
il y avait entre elle et lui, d'innombrables
trains et d'innombrables bateaux, des mers
incalculables.
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Michèle Desbordes
Originaire d'un village de Sologne, Michèle Desbordes grandit à Orléans. À l'issue d'études littéraires en Sorbonne, elle devient conservateur de bibliothèques. Elle exerce d'abord dans des universités parisiennes, puis en Guadeloupe en lecture publique. En 1994, elle est nommée directrice de la Bibliothèque de l’université d’Orléans. Elle décède en janvier 2006 à Beaugency en Sologne.
Bibliographie
Aux éditions Verdier
L'Habituée, son premier roman paru en 1997, La Demande, 1999 a reçu le Prix du roman France-Télévision, le prix du jury Jean Giono ainsi que le Prix des auditeurs
de la RTBF - La robe bleue, 2004 - Un été de glycine, 2005 - L'Emprise, 2006 - Les Petites Terres, 2008 - Sombres dans la ville où elles se taisent, poèmes, paru sous
le pseudonyme de Michèle Marie Denor, Arcane 1, 1986
Chez d'autres éditeurs
Le Commandement, roman, Gallimard, 2000 - Le Lit de la mer, proses, Gallimard, 2001 - Dans le temps qu'il marchait, éditions Laurence Teper, 2004 - Artemisia et
autres proses, éditions Laurence Teper, 2006.
Extraits de presse
Le Monde, vendredi 30 janvier 2004 - L'épaisseur du temps arrêté - par Patrick Kéchichian
...“Avec La Robe bleue, elle approfondit sa méditation. D'une manière encore plus dépouillée, elle aborde la question de la compréhension du temps, non pour la résoudre - quelle
outrecuidance ce serait ! - mais pour l'inverser : il s'agissait moins de comprendre que d'être compris.”
L'Humanité, jeudi 12 février 2004 - Portrait d'un désert - par Jean-Claude Lebrun
...“Michèle Desbordes compose ici un portrait bouleversant, mais sans pathos, de Camille Claudel. Suivant un véritable mouvement d'empathie pour la petite femme qui
avait osé, dans son art et dans sa vie - mais pour elle, cela faisait tout un -, s'aventurer jusqu'aux plus extrêmes limites de soi.
Le texte frappe en même temps par sa limpidité d'écriture et par ce qu'il suggère de trouble là derrière.”
Libération, jeudi 1er avril 2004 - Folle Claudel - par Jean-Batiste Harang
...“Elle écrit le silence et le temps, on entend sa respiration.”
Magazine littéraire, mai 2004 - par Valérie Marin La Meslée
…"Michèle Desbordes est parvenue à éclairer, au singulier de son écriture, les zones les plus ombreuses d'un destin arrêté en signant ce livre infiniment sensible sur l'«
inordinaire solitude » de Camille Claudel."
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TUCHENN
T
uchenn est installée en Bretagne, depuis plus de vingt ans. Elle s’est spécialisée dans la littérature contemporaine, adaptée à la scène. Avec la création de dispositifs
ingénieux et poétiques, ses propositions sont toujours caractérisées par un rapport de très grande proximité avec le public.
Dans l’espace public, elle fait mentir le vieil adage selon lequel le texte et la rue sont incompatibles. Obsédés textuels, débagouleurs, passeurs de mots, ils savent d’expérience que cette confrontation n’a rien d’évident. D’abord construire une situation, établir la liaison, créer le type d’écoute dont on a besoin, puis jouer de cette rencontre incongrue entre l’intimité des émotions suscitées et le plein vent de la vie en public.
La compagnie anime la Coopérative des Crieurs de l’Ouest, réinventant un vieux métier plus imaginaire que réel.
En parallèle, elle intervient auprès de médiathèques, bibliothèques et salons du livre, avec de petites formes, faisant découvrir les auteurs qu’elle affectionne particulièrement.
Pour mémoire, nous pouvons rappeler nos principales réalisations dans le domaine de l’adaptation scénique d’oeuvres littéraires
2008
2008
2006
2005
2001
1999
1998
1997
1996
1996
1995
1994
1992
1991
1990
1989
1988
ŒDIPE SUR LA ROUTE / H. Bauchau
SI LA MUSIQUE DOIT MOURIR / M. Duras, N. Hikmet, A. Cossery, E. Darley, M. Jessenska, H. Broch, T. Bekri, F. Pessoa
L’HOMME ASSIS DANS LE COULOIR / M. Duras
CONAKRY ET CHUCHOTEMENTS / J.G. Tartar(e)
SEMELLES DE VENT / G.M. Le Clézio, A. Mutis, M. Polo, V. Segalen, B. Cendrars, A. Rimbaud, A. Conti
LA RUE LICENCIEUSE / G. Bataille, Sade, B. Cendrars, P. Guyotat, C. Louis-Combet, L. Calaferte, D. Sampiero, P. Louÿs
LE MARCHÉ AUX PAROLES / Cinquante auteurs du monde entier pour cinq comédiens
L’INSTANT TARDIEU / J. Tardieu
L’HEURE IRLANDAISE / S. Heaney, P. Meehan, T. Dorgan, S. Deane, R. Ann Higgins, N. Ni Domnhail...
LE CHEMIN DU SERPENT / T. Lindgren
LE TRAINEUR DE GREVES / E. Souvestre
COMEDIE ET FRAGMENTS / S. Beckett
UNE SAISON EN ENFER / A. Rimbaud
LA PASSION SELON ANTIGONE / Sophocle
POUSSIERES / W. Shakespeare
MOBY DICK / H. Melville
PIERRES LUES / E. Guillevic, R. Caillois, V. Segalen, N. Laurent-Catrice
Contact : Violaine Vérité : 06 15 74 68 43 - [email protected] - TUCHENN - 3 rue Alexandre Lefas 35000 RENNES - tél : 02 99 38 34 95 - fax : 02 99 38 35 81 - www.tuchenn.com - [email protected]