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Transcription

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TEXTES & IMAGES
POUR ENTRER
DANS LA SÉQUENCE
쑺
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Quels sont les récits que vous avez étudiés en sixième et qui :
– font intervenir le merveilleux ?
– racontent des histoires d’animaux ?
– racontent les exploits d’un héros ?
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Avant de lire le texte
Le roi d’Angleterre Richard Ier (1157-1199),
surnommé Cœur de Lion, est un chevalier connu
pour ses expéditions guerrières et son courage.
Il passe la plus grande partie de son règne à
l’étranger, surtout en croisades, et en France.
1. Qui était surnommé Cœur de Lion ?
Quelle qualité ce surnom désigne-t-il ?
2. À quoi voit-on sur l’image que Cœur de Lion
est un chevalier ?
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6. matois : rusé.
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Cœur de Lion, enhardi par ces succès, décida de quitter son pays.
– Il faut, dit-il, que le monde entier admire mon courage,
applaudisse à mes exploits !
On essaya de le retenir. Rien n’y fit. Ni les pleurs de sa mère, ni
les mises en garde de son père. Il partit un beau matin, droit devant
lui et sans se retourner.
Il n’alla pas loin.
Au premier détour de la haie, il rencontra une patte. Une grosse
patte de chat. C’était Finaud, le matou des fermiers, un matou
matois6 qui guettait depuis quelque temps la sortie du nid des mulots.
Cœur de Lion finit son voyage dans l’estomac d’un chat. On a
beau s’appeler Cœur de Lion, quand on n’est qu’un mulot, il vaut
mieux prendre ses précautions.
Robert Boudet, La Petite Bête, © École des Loisirs, 1991.
q Mobiliser
Samuel Rush Meyrick,
Richard Ier roi d’Angleterre,
1824, collection privée.
Cœur de Lion
© Bridgeman Art Library
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1. en rafales : le vent
souffle par à-coups, de
façon soudaine et brutale.
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2. tapie : cachée.
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3. le batracien :
la grenouille.
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4. fourvoyée : égarée.
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5. l’épeire : l’araignée.
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texte
intégral
Il était si courageux qu’on l’avait appelé Cœur de Lion. Ni le
tonnerre, ni la pluie, ni le vent en rafales1 ne lui faisaient peur. Pas
même la nuit et ses ombres inquiétantes et ses bêtes cachées et ses
bruits bizarres. Rien ne l’effrayait. Jamais.
Aussi était-il devenu le héros de sa communauté. Quand on lui
avait donné son surnom, il en avait été très fier, et il se promenait,
la tête haute, la moustache arrogante, en répétant sans arrêt et très
fort pour qu’on l’entende :
– Je m’appelle Cœur de Lion et je n’ai peur de rien ni de personne!
Un jour qu’il passait près d’une mare, il entendit un appel au
secours. C’était une grenouille qui s’était coincé la patte dans une
racine. La pauvre tirait vainement sur sa patte, rien à faire ! Peu à
peu, elle perdait ses forces et allait s’évanouir. Or, tapie2 sous une
roche, la redoutable couleuvre d’eau n’attendait que ce moment
pour se précipiter sur le batracien3 et l’avaler tout cru.
Cœur de Lion ne fit ni une ni deux.
Lui qui détestait l’eau, il n’hésita pas à se mouiller : il trancha la
racine et délivra la malheureuse.
Il était temps, la couleuvre, déjà déroulait ses anneaux.
Une autre fois, ce fut une fourmi qu’il tira d’embarras.
L’inconsciente s’était fourvoyée4 dans la toile sucrée de l’épouvantable épeire5. Il arriva juste à temps pour retirer la fourmi des pattes
de la tisseuse.
les connaissances sur le récit
Les personnages : des animaux
ou des hommes ?
1. a. Comment est nommé le personnage principal
au début du récit ?
b. Relevez les mots qui le désignent (l. 1 à 30).
Pour qui le prend-on ? Pourquoi ?
c. Citez un mot du texte qui révèle qui il est vraiment.
2. Quels personnages sont présentés comme des
animaux ?
3. Quels personnages sont présentés comme des
êtres humains ? Justifiez votre réponse.
➜ Les reprises nominales et pronominales - p. 340
La construction du récit
(le schéma narratif)
7. a. À quelle étape du schéma narratif chacun des
passages suivants correspond-il :
– l. 1 à 9 ?
– l. 15 à 19 ?
– l. 30 à 34 ?
– l. 10 à 15 ?
– l. 20 à 29 ?
b. Par quel groupe nominal complément circonstanciel de temps le récit de chaque péripétie
commence-t-il ?
8. a. Dans la situation initiale, à quel temps les verbes
sont-ils conjugués ?
b. Quel est le temps employé pour raconter les
actions du héros ?
➜ La construction d’un récit - p. 344
Cœur de Lion
4. E X P R E S S I O N Le personnage principal méritet-il son surnom de « Cœur de Lion » ? Justifiez votre
réponse.
5. a. Donnez un synonyme de l’adjectif « arrogante »
(l. 7).
b. Cet adjectif exprime-t-il une qualité ou un défaut?
c. Citez un passage du texte où Cœur de Lion est
arrogant.
6. Que décide de faire Cœur de Lion (l. 24 à 26) ?
La morale
9. À quel temps la dernière phrase du texte
(l. 34 - 36) est-elle rédigée ? Pourquoi ?
10. Qui s’exprime dans cette phrase : un personnage ?
le narrateur ?
Faisons le point
• À quels genres littéraires étudiés en sixième ce
texte pourrait-il se rattacher ? Justifiez votre réponse.
• Quelles sont les principales étapes d’un récit ?
• Quels temps emploie-t-on pour écrire un récit au passé?
• Comment l’auteur crée-t-il, dans cette nouvelle, le
plaisir du lecteur ?
La clé des mots
Formez cinq verbes à partir des préfixes et radicaux suivants.
• Préfixes : dé- ; en- ; a- ; ren-. • Radicaux : hardi ; courage ; peur ; force.
Séquence 1
u Récits brefs
15
ŒUVRES INTÉGRALES
Illustration Béatrice Alemagna, Folio Junior, © Gallimard Jeunesse, 2002.
Étudier des nouvelles dans un recueil
Taxidermie : étapes pour conserver un animal mort, vidé de ses organes, en l’empaillant.
Nouvelle 3
Coup de gigot
et autres nouvelles
à faire peur Roald Dahl
A. Aborder les trois premières nouvelles une à une
Nouvelle 1
Nouvelle 2
Étudier la construction d’une nouvelle
1. Lisez la nouvelle Coup de gigot.
2. Replacez dans l’ordre les principales étapes du
récit :
– Les policiers mènent l’enquête et recherchent
l’arme du crime, en vain.
– Mme Maloney met le gigot au four.
– Quand le mari de Mme Maloney rentre du
travail, celle-ci l’accueille avec empressement.
– Mme Maloney part faire des courses à l’épicerie.
– Mme Maloney invite les policiers à dîner et ils
mangent ainsi la pièce à conviction.
– Mary Maloney, enceinte, attend à la maison
son mari adoré, détective.
– Mme Maloney tue son mari en l’assommant
d’un coup de gigot.
– De retour chez elle, Mme Maloney appelle la
police.
– M. Maloney annonce alors à son épouse qu’il
la quitte.
3. Parmi les étapes précédentes, quelle est celle
qui constitue :
– la situation initiale ;
– la chute.
4. Résumez la nouvelle en une douzaine de lignes
(voir Fiche-Méthode).
Repérer les indices annonçant la chute
1. Lisez la nouvelle Tous les chemins mènent au
ciel.
2. Relisez le dernier paragraphe.
a. Pourquoi Madame Foster appelle-t-elle le
réparateur pour l’ascenseur ?
b. En quoi ce paragraphe constitue-t-il la chute
de la nouvelle ?
3. Reprenez l’ensemble de la nouvelle à la recherche des indices qui annoncent cette chute :
– avant le départ de Madame Foster pour Paris ;
– à son retour.
Savoir lire entre les lignes
1. Lisez la nouvelle La Logeuse.
2. Étudiez les points suivants.
a. La logeuse
Relevez dans les pages 56 à 58 et 65 ce qui,
dans le portrait de la dame, constitue :
– des éléments rassurants ;
– des éléments inquiétants.
b. Les locataires
Combien sont-ils ?
Quels sont leurs points communs ?
c. Les indices
En quoi le perroquet et le chien d’une part, et le
thé d’autre part (pp. 66-67), sont-ils des indices
qui permettent de deviner les intentions de la
logeuse ?
Imaginez et rédigez une phrase qui constituerait
la chute de cette nouvelle.
B. Tisser des liens entre les trois
nouvelles à l’oral
1. À quelle époque les histoires racontées dans ces
nouvelles se situent-elles ? Justifiez par un ou deux
éléments pris dans chaque nouvelle.
2. Quel est le personnage principal de chacune des
trois nouvelles ? Quels sont les points communs
(caractère, intentions, actes) de ces trois personnages?
3. Comparez les trois titres. Quel est celui que vous
préférez ? Pourquoi ?
FICHE-MÉTHODE
Rédiger le résumé d’un récit
1. Préparer le résumé
• Noter au brouillon :
– les personnages qui ont un rôle important ;
– les étapes du schéma narratif.
• Relire les éléments notés et rayer ceux qui ne
paraissent pas essentiels.
2. Rédiger le résumé
• Respecter le nombre de lignes demandé.
• Désigner les personnages de façon claire. Utiliser
des reprises nominales pour les différencier et
éviter les répétitions.
• Respecter les étapes du schéma narratif.
• Souligner la progression du récit en utilisant des
compléments circonstanciels de temps.
• Rédiger des phrases simples et courtes.
Pistes de lecture
Marcel Aymé,
Le Passe-muraille
et autres nouvelles,
Folio Junior,
© Gallimard Jeunesse.
28
© BIOS
Anton Tchekhov,
Histoires pour rire
et sourire,
© École des Loisirs.
Marcel Aymé,
Les Bottes de sept
lieues, Folio Junior,
© Gallimard Jeunesse.
Jean-François Chabas,
La Toile d’argent,
© École des Loisirs.
Gianni Rodari,
Nouvelles à la machine,
traduction R. Salomon,
© La Joie de lire.
Séquence 1
Yak Rivais,
Pas de panique,
© École des Loisirs.
u Récits brefs
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FLORILÈGE
Le nommé Fabrice
DOC. 1
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1. indicible : si grande
qu’on ne peut pas la
décrire.
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2. faut avei : il faut avoir
(en patois).
3. on eût bâti : on avait
bâti.
4. esquissa : commença.
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5. allait croissant :
grandissait.
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6. balbutiait : bégayait.
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texte
intégral
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H
–
é ! là-bas, le vieux rigolo ! qu’est-ce que vous demandez ?
Le vieux rigolo ainsi interpellé ne répondit pas, mais comme en
proie à une indicible1 stupeur, il regardait les bâtiments neufs à peine
terminés, une petite maisonnette en brique, les hangars, les écuries,
une immense bascule destinée à peser les voitures de betteraves.
– Tout de même, fit-il, faut être bougrement effronté !
– De quoi donc, mon brave ?
– Faut avei2 un rude toupet !
Fatigué sans doute de cette conversation, le contremaître demanda
brusquement au paysan :
– Enfin, qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?
– Qui que je sis ? Vous me demandez qui que je sis ? Je sis le
nommé Fabrice, et je sis cheu mei, et vous n’êtes pas cheu vous !
– Comment, vous êtes chez vous ?
– Je sis cheu mei, et vous allez me faire le plaisir de f… le camp,
avec vos gens et toutes vos saloperies de bâtisses, et pis je vous
demanderai trois mille francs de dommages et intérêts !
Sur ces entrefaites, l’architecte arrivait au chantier. La dernière
phrase du vieux campagnard le fit légèrement pâlir. Si c’était vrai,
pourtant, qu’on eût bâti3 sur son champ !
Le plus comique, c’est que la chose était parfaitement exacte. Le
pauvre architecte s’était trompé de terrain et il avait construit sur le
champ du nommé Fabrice pour cinquante mille francs de bâtiments
au compte d’une grande sucrerie voisine. On allait en faire une tête,
à l’administration, quand on apprendrait ça ! L’architecte esquissa4 le
geste habituel des architectes qui n’en mènent pas large : il se gratta
la tête et le nez alternativement. L’indignation du campagnard allait
croissant5 :
– Je sis le nommé Fabrice, et personne n’a le droit de construire sur
mon bien, personne !
– Effectivement, balbutiait6 l’architecte, il y a erreur, mais elle est
facilement réparable… Nous allons vous donner l’autre champ, le
nôtre. Il est d’égale surface, et…
– J’n’en veux point de votre champ. C’est le mien qu’il me faut.
Vous n’avez pas le droit de bâtir sur mon bien, ni vous ni personne.
J’vous donne huit jours pour démolir tout ça et remettre mon champ
en état, et pis je demande trois mille francs de dommages et intérêts !
La discussion continua sur ce ton. Le pauvre architecte, qui en
menait de moins en moins large, s’efforçait de convaincre le nommé
Fabrice. Le vieux paysan ne voulait rien savoir. Il lui fallait son champ
débarrassé des saloperies de bâtisses, et, en plus, trois mille francs
d’indemnité.
Le propriétaire de la sucrerie, informé de cet étrange malentendu,
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7. transiger : négocier.
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8. buté : têtu.
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9. nous plaiderons :
ici, nous irons devant
les tribunaux.
10. le sucrier :
le propriétaire de la
sucrerie.
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11. les considérants
du jugement blâmaient :
dans le jugement, on
critiquait.
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12. riait sous cape : se
réjouissait intérieurement.
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13. un reçu : un papier
qui prouve le versement
des quarante mille francs.
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arriva vite et voulut transiger7. Le nommé Fabrice était buté8. On marchanda : cinq mille francs d’indemnité !
– Non, ma terre !
– Dix mille !
– Non, ma terre !
– Vingt mille !
– Non, ma terre !
– Ah zut ! Nous plaiderons9, alors !
Malgré la bonne volonté des juges, on ne put découvrir dans le
Code le plus mince article de loi autorisant un sucrier10 à bâtir sur le
champ d’autrui, même en l’indemnisant après.
Le sucrier fut condamné à remettre le bien du nommé Fabrice dans
l’état où il l’avait pris.
Les considérants du jugement blâmaient11 la légèreté de l’architecte, et surtout la mauvaise foi évidente et la rapacité du nommé
Fabrice.
Le nommé Fabrice riait sous cape12. Il alla trouver le sucrier.
– Écoutez, fit-il, je ne sis pas un méchant homme. Donnez-moi
votre champ et quarante mille francs… et j’vous fous la paix.
Plus tard, le caissier raconta que le nommé Fabrice, en signant son
reçu13 de quarante mille francs, avait murmuré :
– C’est égal, faut avei un rude toupet tout de même !
On ne sut jamais si c’était de lui qu’il voulait parler ou d’un autre.
Alphonse Allais, Le Nommé Fabrice.
DOC. 2
Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet
Raymond Peynet, Le Secret de maître
Cornille, 1983. © ADAGP, Paris 2006
Raymond Peynet, La Mule du pape,
1985. © ADAGP, Paris 2006
Raymond Peynet, La Légende de l’homme
à la cervelle d’or, 1985. © ADAGP, Paris 2006
Séquence 1
u Récits brefs
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