Déclassement du marché-gare de Lyon comme
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Déclassement du marché-gare de Lyon comme
2003/3286 - Déclassement du marché-gare de Lyon comme Marché d'Intérêt National (Lyon 2e (Direction de l'Aménagement Urbain) (BMO du 07/12/2003, p. 2191) Rapporteur : M. MUET Pierre-Alain M. MUET Pierre-Alain, rapporteur : Monsieur le Maire, chers Collègues, cette délibération concerne le déclassement du marché gare comme Marché d’Intérêt National. Ce déclassement, comme vous le savez, nécessite un décret en Conseil d’Etat après consultation des collectivités locales concernées et des Chambres Consulaires. Le site de Perrache qui présentait de nombreux atouts dans les années 1960 est aujourd’hui inadapté, c’est pourquoi la Communauté Urbaine devenue propriétaire du site s’est prononcée depuis plus de dix ans, c’était je crois en 1991, pour la création d’un pôle agro-alimentaire à Corbas destiné à remplacer le marché gare. En février 1994, le Conseil de Communauté confirmait cette volonté avec trois préalables : l’évolution réglementaire du statut des MIN, l’implication des professionnels du marché gare et la recherche de partenariat pour le financement des équipements. En mars 2003, la Communauté Urbaine a décidé que la mise en œuvre de la plate-forme de Corbas se réaliserait dans le cadre d’une ZAC, la Communauté cédant l’ensemble du site à un aménageur-développeur ayant pour obligation d’accueillir, en priorité, les opérateurs du marché de Perrache en leur proposant des locaux à louer, à acheter ou à construire. En confirmant cette orientation, le Conseil de Communauté a autorisé son Président à solliciter l’abrogation du décret de 1966 et compte tenu du partenariat public-privé retenu pour la plate-forme agro-alimentaire de Corbas, le Conseil de Communauté n’a pas demandé le classement de cette plate forme en marché d’intérêt national. En outre, un jury que vous avez présidé, Monsieur le Maire et auquel participait au titre de la Chambre de Commerce un représentant des grossistes, a choisi en août, l’opérateur de Corbas, en étant particulièrement attentif à l’accueil des grossistes. Indépendamment du choix retenu pour Corbas, le déclassement du MIN était nécessaire, il était en quelque sorte inscrit dans la décision de la Communauté Urbaine de 1991. Je crois que le choix retenu à la Communauté Urbaine permettra de développer un marché de gros efficace et moderne sur une base qui correspond aujourd’hui à la réalité économique de notre pays. Il suffit d’ailleurs de regarder ce qui se passe ailleurs en Europe, je pense à Barcelone, pour s’en convaincre. La Commission a donné un avis favorable à ce dossier. M. de LAVERNEE Albéric : Monsieur le Maire, nous savons tous que le marché de gros de Perrache est totalement inadapté et je suis bien placé pour l’apprécier, puisque j’ai présidé au Conseil d’administration de la SOGELY pendant deux mandats. Nous adhérons aux objectifs rappelés par M. Muet. Nous sommes favorables à ce transfert à Corbas qui était préparé de longue date. Nous savons très bien que cela reste un dossier extrêmement lourd, non seulement parce que l’équipement est compliqué, mais parce que son statut est lui-même lourd et nous souhaitons le voir évoluer. Nous sommes aussi favorables à la libéralisation progressive des conditions de mise en marché et d’exercice du commerce sur ce site, de même qu’à l’implication du secteur privé. Nous connaissons les difficultés rencontrées lorsque l’on souhaite convaincre les opérateurs sur la qualité des conditions proposées et nous savons combien il est nécessaire de les aider à sauvegarder un outil de travail. En effet, beaucoup de gens ignorent que les commerçants, en particulier ceux du marché de gros, ont un statut particulier par rapport à leurs commerces : ils n’ont pas les actifs commerciaux qu’ont tous les autres commerçants. Ce que nous regrettons, en revanche, ce n’est pas sur le fond et sur l’intention, mais sur le tempo. Le calendrier de cette délibération voit sa source dans la délibération de la Communauté Urbaine du 3 mars et en découle logiquement puisque le Préfet saisit toutes les collectivités concernées. Nous, nous sommes opposés à le voter aujourd’hui pour des raisons très simples. D’après des informations que nous estimons sûres, le Gouvernement s’apprête, dans les semaines qui viennent, à produire une ordonnance qui changerait l’actuelle et surtout permettrait d’associer l’objectif de la Communauté Urbaine, c’est-à-dire l’introduction du privé dans le montage de ce projet avec, pendant un certain temps, une protection des opérateurs, grossistes ou producteurs. Tout cela se tient puisque l’on sait que les producteurs vivent aussi largement des achats opérés par les commerçants chez eux. Les textes en préparation pour le très court terme permettraient d’associer ces deux exigences. Nous avons le souci, non pas de nous opposer au principe mais de repousser cette délibération qui nous paraît à « contre-pied ». Une nouvelle ordonnance nous donnerait une vision complète des conditions de déclassement nécessaire et du statut de ce que serait le marché dès le début 2004. C’est ce qui a été relevé d’ailleurs par les Chambres de Commerce et d’Agriculture concernées, sont très favorables à l’opération dans sa finalité, même dans ses modalités urbaines et d’organisations statutaires sur le site, mais qui demandent aussi que l’on prenne le temps nécessaire pour avoir cette vision globale que l’ordonnance gouvernementale nous permettrait d’avoir. Ces quelques semaines, c’est peu de chose par rapport à la douzaine d’années de procédures diverses auxquelles j’ai été étroitement associé. Nous souhaitons que ce dossier soit retiré, sinon nous voterons contre simplement pour qu’il soit représenté dans de meilleures conditions de visibilité. Je vous remercie. M. BROLIQUIER Denis, Maire du 2e arrondissement : Oui, Monsieur le Maire, je partage l’essentiel de ce qui vient d’être dit, et je m’associe à ces arguments. C’est un point de vue que nous exprimons depuis longtemps dans mon groupe et notamment au sein des élus du 2e arrondissement, lieu de localisation du Marché d’Intérêt National. Nous sommes tout à fait pour le déplacement du marché mais nous souhaitons que ce déménagement se fasse dans des conditions claires pour les entreprises. Or, en proposant ce déclassement, vous leur mettez le couteau sous la gorge. N’oublions pas qu’il y a des centaines d’emplois en jeu. Une nouvelle ordonnance, instituant la notion de périmètre de référence est en cours d’élaboration. Pourquoi se précipiter aujourd’hui ? D’autant plus que dans ce domaine précis, nous ne sommes pas à quelques mois près. Mon groupe s’associera à ce vote contre. M. CHEVAILLER René, Adjoint : Le dossier du MIN a déjà été traité longuement à la Communauté Urbaine. Le groupe communiste est intervenu à ce propos plusieurs fois, nos positions sont donc connues. D’autant plus que le Président de la SOGELY, Willy Plazzi est membre de notre groupe. Tenant compte de nos connaissances, il est peut-être en effet utile de préciser notre démarche. Personnellement élu en 1959, j’ai donc connu les raisons de la naissance du marché gare. Aujourd’hui, le rapport donne les raisons qui justifient son départ et son déclassement. Je voudrais ajouter quelques éléments de notre analyse qui ne figurent pas dans ce rapport. Tout d’abord, pendant de nombreuses années, les grossistes ont largement bénéficié de cet équipement. Nous estimons honnête de dire que ce sont toutes les précédentes mandatures qui ont eu la responsabilité de ce site. De la création du marché gare qui avait son utilité comme tous les MIN existants sur le territoire national, le marché a été monopolisé par les diverses formes de grandes surfaces commerciales privées qui ont créé leurs propres circuits de distribution, vidant pour une grande part l’efficacité des MIN au profit du monde agricole qui lui-même a connu de profondes mutations. Nous avons assisté à une privatisation de fait. Aujourd’hui, alors que le déplacement du marché gare du centre ville est justifié par les nouvelles conditions d’environnement et de qualité de vie, il est pour le moins déplacé d’exiger que la collectivité locale supporte la totalité de cette restructuration du marché et de ses conséquences. C’est pourquoi, le Groupe Communiste de la Communauté Urbaine a constaté qu’il y avait un problème national concernant les modifications du rôle des MIN, qu’il serait nécessaire de faire évoluer leur rôle, qu’une autre politique agricole et commerciale d’intérêt public devrait être engagée. Ce qui n’est pas le cas. Le Groupe Communiste a été amené dans ces conditions à préserver l’intérêt public local en soutenant les limites des engagements financiers de la Communauté Urbaine. De même, le Groupe Communiste a contribué à ce que la Communauté Urbaine préserve les 35 emplois qu’elle avait en charge. Reste que les grossistes sont responsables d’environ 600 emplois de différentes catégories qui devront être examinés lors de la réinstallation à Corbas. Dans ce processus, l’Etat a une responsabilité puisqu’il s’agit de marché d’intérêt national. Il faut souhaiter que MM. les Ministres Gaymard et Dutreil apporteront les contributions financières nécessaires y compris pour garantir les emplois. Nous croyons d’ailleurs savoir que les grossistes tentent de se faire entendre par le Gouvernement. Dans ce contexte, le Groupe Communiste et Intervention Citoyenne ne participera pas au vote. M. LE MAIRE : Mes Chers Collègues, comme le disait Albéric de Lavernée, c’est un dossier que j’ai eu l’occasion de traiter depuis une douzaine d’années. Je ne voudrais pas que dans une douzaine d’années, nous soyons encore en train de traiter ce dossier ! Donc bien évidemment, je suis prêt à suivre toutes les dispositions positives que pourrait prendre le Gouvernement. Dans l’état actuel de mes connaissances (mais peut-être que le Maire de Lyon n’a pas toutes les connaissances qu’on peut avoir ici ou là. Il y a peut-être une communication officielle et une communication officieuse), le Ministre du Commerce et de l’Industrie, M. Dutreil, après qu’il ait reçu une délégation composée de représentants de la Communauté Urbaine, de la Chambre de Commerce et d’Industrie, de la Chambre de Métiers, de la Chambre d’Agriculture, après que nous ayons effectivement précisé que nous garderions par exemple, le carreau des producteurs de manière à préserver l’agriculture périurbaine, devait proposer un décret en Conseil d'Etat pour modifier le statut du MIN. Mais allant dans le sens que nous indiquons. Ca veut dire qu’aujourd’hui, nous ne faisons que nous inscrire dans la démarche que nous avons concertée avec le Cabinet du Ministre. Mes collaborateurs ont eu encore, au cours de ces derniers jours, le Cabinet du Ministre, j’espère qu’il en va toujours ainsi. Je vais donc mettre ce dossier aux voix, sachant je le rappelle, que si nous arrivons à faire l’opération telle que nous l’avons conçue, c’est-à-dire avec un privé, le Groupe PRD, qui a pris un certain nombre d’engagements vis-à-vis des producteurs notamment de fruits et légumes de la région, si nous arrivons à monter cet aménagement, c’est 35 millions d’euros de coût pour la Communauté Urbaine, ce qui est déjà un investissement public important. Que si nous étions obligés de nous engager nous-mêmes dans le cadre d’un statut MIN, ce serait 120 millions d’euros et donc cela signifie qu’il y aurait impossibilité à faire l’opération. Donc, je vous propose de voter le dossier et nous verrons avec le Ministre si, effectivement, il doit y avoir des modifications et nous sommes prêts à en discuter avec lui. C’est évidemment une discussion entre le Gouvernement et l’agglomération dont il s’agit. M. TETE Etienne, Adjoint : Monsieur le Maire, vous nous avez oubliés dans la liste, je ne sais pas si c’est un acte manqué mais comme c’était pour approuver et que le temps avance, je vais vous dispenser de tous nos arguments pour approuver le dossier. M. LE MAIRE : Je mets aux voix les conclusions de mon rapport. Il n’y a pas d’opposition ? Elles sont adoptées. (Les Groupes UMP et Unir pour Lyon ont voté contre, le Groupe Communiste et Intervention Citoyenne ne participe pas au vote.) (Adopté.)