L`Angelus, un trésor d`espérance et d`équilibre

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L`Angelus, un trésor d`espérance et d`équilibre
Dossier
L’Angelus, un trésor d’espérance et d’équilibre
Fra Angelico, L’Annonciation, 14 ,©DR
L’Angelus est une prière de tradition populaire de
l’Église latine en l’honneur de l’Incarnation du Christ et
de la participation de la Vierge Marie à son œuvre de
salut.
Tombée un peu dans l’oubli, cette prière, dont l’histoire sera présentée dans ce dossier, se dit trois fois
par jour, au son de la cloche : le matin - entre 6 et 8
heures selon les lieux, à midi et le soir, entre 18 et 20
heures.
Elle se compose de trois antiennes, citations des
Évangiles de saint Luc et de saint Jean, suivies chacune d’un Ave Maria -”Je vous salue, Marie ”, et elle se
termine par une oraison adressée à Dieu le Père.
Chaque antienne est accompagnée d’un triple tin-
tement de cloche et l’oraison finale d’une sonnerie à
la volée.
Le texte de l’Angelus tire son nom du premier mot
de la première antienne en latin.
Le nom de l’Angelus a été rendu célèbre par le
tableau de Jean-François Millet “ L’Angelus ”, peint à
Barbizon entre 1857 et 1859. Millet explique lui-même
dans une lettre comment il eut l’idée de cette peinture : ” L’Angelus est un tableau que j’ai fait en pensant
comment, en travaillant autrefois dans les champs,
ma grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour
dire l’Angelus pour ces pauvres morts, bien pieusement et le chapeau à la main”.
La rédaction de Chemins d’Espérance remercie le Père Joseph Gilloots,
responsable de la Commission diocésaine d’Art sacré, pour la réalisation de ce dossier.
Chemins d’Espérance n° 282 - Juilet - Août 2010
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Dossier
EpaLes origines et le développement du culte marial
Villeparisis, église Notre-Dame
de la Paix, Vierge à l’enfant
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La prière de l’Angelus remonte au Moyen-Âge, mais elle tire son origine du culte
de Marie, mère de Jésus, qui, lui, date du début même du christianisme.
Marie apparaît, de manière discrète mais bien réelle, dans les Évangiles de
Matthieu, Luc et Jean et dans les Actes des Apôtres. “ Seule entre tous les saints,
remarque l’abbé Laurentin, un des spécialistes contemporains de mariologie, elle est
présente à tous les moments fondamentaux de l’histoire du salut : non seulement au
principe et au terme de la vie du Christ, mais à l’inauguration de son ministère et à
la naissance de l’Église ” (René Laurentin “Cours traité sur le Vierge Marie”, Paris, 2009).
La place cependant réduite qu’elle occupe dans les textes évangéliques s’explique,
selon les termes du pape Jean-Paul II, “par le fait que la perspective des évangélistes
est entièrement christologique et ne s’intéresse à la Mère que par rapport à l’annonce joyeuse du Fils.”
Pendant les trois premiers siècles de l’histoire du christianisme, la maturation de
la théologie et du culte marial est lente, quasiment silencieuse.
Elle s’épanouit fortement et durablement à partir des conciles d’Éphèse (431) et
de Chalcédoine (451) qui, en définissant les dogmes qui concernent la personne du
Christ et sa double nature, divine et humaine, déclarent en même temps que Marie,
mère humaine du Christ-Dieu, peut légitimement être proclamée Mère de Dieu,
”Théotokos ”.
C’est surtout en Orient que, du 5e au 11e siècle, se développent la réflexion théologique et le culte marial, qui s’expriment par des fêtes, des prières, des poésies, des
icônes diverses. Éclairé par les définitions des grands conciles christologiques, l’Orient
associera toujours étroitement, dans sa spiritualité, sa liturgie et son iconographie,
Marie, Théotokos, à son Fils, centre de la Foi.
L’épanouissement du culte marial est plus tardif dans l’Occident latin. Il s’esquisse
à partir du 11e siècle et connaît son apogée au 13e. Marie y est célébrée comme Mère
du Christ, mais aussi comme associée au mystère du Calvaire et active dans le cheminement de l’Église. Les miracles et les pèlerinages se multiplient alors, le courant
marial inspire des dévotions diverses : c’est alors que l’Ave Maria et l’Angelus commencent à se former. La Vierge trône en majesté sur les portails des cathédrales qui,
souvent, portent son nom.
Cette période brillante et féconde sur tous les plans sera suivie d’une lente décadence au 15e et au 16e siècles.
Paradoxalement, la Réforme protestante, qui élimine de son univers spirituel le
culte de la Vierge, provoque, en réaction, un nouvel essor marial chez les catholiques,
en Italie et en Espagne d’abord, à la fin du 16e siècle, en France ensuite, du 17e jusqu’au milieu du 18e : cette époque est marquée par la floraison de congrégations religieuses mariales, par des actes de dévotion comme le Vœu de Louis XIII (la consécration de la France à la Vierge), par la consécration de nombreuses églises à NotreDame de l’Assomption.
La sonnerie de l’Angelus s’insère de plus en plus en terroir rural, comme dévotion
simple, accessible aux plus humbles.
Après un demi-siècle de silence, de 1780 à 1830, le mouvement marial reprend,
durant tout le 19e siècle et la première moitié du 20e. Cette période est marquée par
toute une série d’apparitions de la Vierge en France, en Belgique, au Portugal. En
1854,le pape Pie IX déclare l’Immaculée Conception de la Vierge comme dogme de foi
et Pie XII fera de même pour l’Assomption de Marie en 1950.
L’Angelus est alors sonné dans toutes les paroisses qui disposent d’un sacristain c’était le cas à Chailly-en-Bière. La pratique de la sonnerie s’étiolera avec la disparition
des sacristains avant de reprendre, dans la deuxième moitié du 20e siècle, avec l’électrification des cloches.
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L’Ave Maria
“ Les origines de l’Angelus sont liées à la diffusion de
l’Ave Maria comme prière privée”(Jean Fournier “Histoire de
l’Angélus, Paris, 1991). La prière de l’Ave Maria, c’est
d’abord la récitation, la mise en valeur des paroles
bibliques de la salutation de l’Ange Gabriel à Marie, lors
de l’Annonciation : “ Réjouis-toi, Marie, pleine de grâce,
le Seigneur est avec toi ” et de l’exclamation de joie
d’Élisabeth envers Marie au jour de sa Visitation : “ Tu es
bénie entre les femmes et béni est le fruit de ton sein.”
(Luc 1,28 et 1,42).
Cette prière n’est apparue, semble-t-il, car l’histoire
en est complexe, que vers le 12e siècle, le siècle de l’essor du culte marial dans l’Occident latin. En 1196,
l’évêque de Paris, Odon, recommande à ses prêtres d’engager les fidèles à réciter les trois prières du Pater, du
Credo et de l’Ave Maria. Le Petit Office de la Sainte
Vierge qui se répand alors cite les paroles de l’Ave dans
les antiennes, les répons et les versets des petites heures
du jour.
L’addition de la supplication à la Vierge Marie :
” Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres
pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort ” est
plus tardive. Elle répond au besoin des fidèles de faire
suivre la louange de Marie d’un appel à son secours.
Progressivement, la prière s’enrichit. Avant le 15e siècle,
la supplication est simple : ” Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour nous, pauvres pécheurs ”. Le “maintenant et à
l'heure notre mort ” est ajouté au 16e siècle. C’est le
pape Pie V (1566-1572) - le pape qui a promulgué les
décrets du Concile de Trente (1545-1563) - qui a introduit
l’Ave Maria définitif dans la liturgie romaine, en 1568.
“ Cette histoire des accroissements de l’Ave Maria est
émouvante, note Dom Capelle, dans l’un des six volumes
de “ Maria, études sur la Sainte Vierge ” : incoerciblement, vers la toute puissance suppliante, le peuple chrétien pousse son cri lorsqu’il s’adresse à Marie. Il ne saurait se contenter de la louer. C’est lui qui a fait de l’Ave
Maria l’appel des pécheurs.”
L’Angelus, prière du soir
Si les origines de l’Ave Maria sont obscures, celles de l’Angelus le sont plus encore. Il faut distinguer, dans la pratique de l’Angelus, la prière, les tintements de cloche qui l’accompagnent et la volée qui la suit.
L’Angelus est d’abord une prière du soir. Il semble qu’elle ait son origine dans la pratique de
communautés religieuses, principalement chez les Anglo-Saxons, de faire suivre l’office des
Complies (la dernière prière chantée de la journée) de la récitation de trois Ave signalée par
le tintement à trois reprises d’une cloche. Cette pratique des 10e-11e
siècles aurait ensuite été étendue pour que les fidèles chrétiens en bénéficient.
En 1061 déjà, le synode de Caen avait ordonné que “dans toutes les localités du duché (de
Guillaume Le Conquérant), on sonnerait chaque soir la cloche pour inviter les gens à
la prière, après quoi ils devraient rentrer chez eux et fermer leur porte.” Le texte ne précise pas
le contenu de la prière, mais les historiens pensent que la prière d’après Complies déjà
ancienne dans les monastères, accompagnée d’un tintement de cloche, a pu alors se
voir associer une sonnerie de couvre-feu. Tous les historiens consultés insistent
bien sur la distinction entre l’Angelus du soir et la sonnerie du couvre-feu et sur
l’indépendance et l’antériorité du premier par rapport au second.
La pratique de l’Angelus du soir se diffuse dans la chrétienté occidentale
aux 13e et 14e. En 1314, le pape Clément V (premier pape d’Avignon), séjournant à Carpentras où était sa curie, demande que l’on y sonne la cloche des
Ave Maria après le chant des complies. Son successeur, Jean XXII, originaire
de Cahors, approuve, par acte du 13 octobre 1318, la pratique de l’Angelus
du soir, observée dans le diocèse de Saintes, il l’introduit en Avignon et
indulgencie les fidèles qui, entendant la cloche, réciteront à genoux trois
Ave Maria.” Par la suite, le même pape introduira cette pratique, avec indulgence, à Rome. Dans divers lieux où la dévotion s’est mise en place, des
cloches spécialement destinées à l’Angelus, sont fondues.
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Villeparisis, église Notre-Dame
de la Paix, Vierge à l’enfant
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L’Angelus du matin
Comme l’Angelus du soir, l’Angelus du matin
naît dans les monastères, sans doute au 14e siècle.
La triple prière qui suit l’office des complies se récite
aussi le matin à l’heure de prime (au lever du soleil).
De nombreuses localités adoptent très vite cette
dévotion populaire en l’accompagnant du tintement
de la cloche. Selon l’époque, le contenu de la prière
prend une coloration différente. Ainsi, dans la
seconde moitié du 14e siècle, période où la piété
contemple davantage le Christ souffrant et la compassion de sa mère, le concile de Lavaur (Tarn) prescrit de réciter chaque matin cinq Pater en mémoire
des cinq plaies du Christ et sept Ave pour commémorer les sept douleurs de Marie.
Philippo Lippi, L’Annonciation, 1460
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L’Angelus de midi
L’officialisation de l’Angelus
Les origines de l’Angelus de midi sont encore plus
obscures que celles du soir et du matin, bien qu’elles
soient plus récentes. On a pensé les trouver dans
une pratique de piété en usage le vendredi de chaque
semaine pour honorer, à midi, non pas l’Incarnation
mais la Passion du Christ. En 1456, le pape Callixte III
ordonne une croisade de prières de toute la chrétienté
pour conjurer le danger turc. Il demande de faite tinter
les cloches par trois fois tous les jours entre None et
Vêpres, c’est-à-dire dans l’après-midi, et de réciter au
signal trois Pater et trois Ave. De l’après-midi, la sonnerie passera aisément à midi, horaire plus pratique. En
1472, le fait est accompli et le roi Louis XI peut ordonner
que dans tout son Royaume l’Angelus soit sonné à midi
et que la prière des Ave Maria soit offerte pour obtenir
la paix. Trois ans plus tard, le pape Sixte IV indulgenciera
cette pratique de l’Angelus de midi, qui se généralise
alors en Occident.
Au début du 16e siècle, l’unité des trois Angelus
quotidiens est acquise. En 1517, à la demande de
l’Évêque de Meaux, Guillaume Briçonnet, le pape Léon X
accorde des indulgences “à tous ceux qui diront dévotement Pater Noster et Ave Maria, lorsqu’ils entendront la
cloche sonner à cet effet le matin, soir et midi, ès diocèses de Meaux et de Lodève et au faubourg de SaintGermain des Prés les Paris ” (dont Briçonnet était abbé).
Le chanoine Veissière, l’historien provinois spécialiste de G.Briçonnet, assure que le but de l’évêque était
“ incontestablement, par le moyen de l’indulgence, de
favoriser un authentique renouveau spirituel centré sur
le Christ en compagnie de la Vierge Marie.” Cette prière
était “ l’une des formes populaires de dévotion (...) à
la portée des plus simples, qui avaient la faveur de Mgr
Briçonnet.”
L’addition des trois versets, de leurs réponds et de
l’oraison qui conclut l’Angelus se fera au 16e siècle.
L’Angelus ainsi établi est officiellement reconnu
dans l’Église catholique par son insertion dans le Petit
Office de la Sainte Vierge édité à Rome en 1570 (sous Pie
V). Le pape Benoit XIV, réglementera en 1724 la récitation pratique de l’Angelus, précisant qu’on le récite à
genoux, sauf le dimanche où on le dit debout, en l’honneur de la Résurrection, définissant aussi les indulgences
attachées à la récitation de la prière, qu’il remplace,
pendant le Temps pascal, par la récitation du Regina
Caeli, toujours en usage. À la fin du 19e siècle, Léon XIII
reprécisera les conditions et l’intérêt spirituel de cette
prière que, depuis Jean-Paul II, les papes ont pris l’habitude de réciter publiquement avec les Romains et les
péterions rassemblés sur la place Saint-Pierre le
dimanche et le mercredi, jour d’audience pontificale. Ils
n’omettent pas de la faire partager par les foules qu’ils
rassemblent lors de leurs voyages apostoliques.
L’Angelus et la vie
des villages et des cités
“ C’est un usage qui remonte à l’Antiquité de convoquer le peuple chrétien à l’assemblée liturgique et de
l’avertir des événements de la communauté locale par un
signal sonore .[...] Pour les croyants, la voix des cloches
est un appel que Dieu leur adresse pour se rassembler
autour de Lui et aussi un rappel de sa présence invisible
au milieu d’eux. Elle souligne l’importance du temps qui
passe, invitant chacun à vivre “ l'aujourd’hui de Dieu”
(Livre des bénédictions).
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Aussi l’Église catholique, aux différents niveaux de sa
hiérarchie, invite-t-elle les fidèles à donner à la récitation
de l’Angelus toute sa valeur. On trouve un exemple
ancien de cette invitation dans le manuel de piété chrétienne intitulé “ Conduite chrétienne pour les personnes
engagées dans le monde à l’usage du diocèse de Meaux ”
édité en 1823 : “Dire l’Angelus aux heures marquées avec
attention et révérence, dans l’esprit de l’Église, esprit de
reconnaissance pour le bienfait de l’Incarnation” ... “adorer humblement le Verbe incarné...”, et lui témoigner
“notre reconnaissance pour son immense charité, notre
fidèle attachement et dévouement à son service et à son
amour ”. N’est-ce pas dans cet esprit que priait le couple
de paysans peint par Millet (ici à droite) ?
Mais parce qu’elle est quotidienne et fixée à des
heures régulières, la sonnerie de l’Angelus exerce aussi
un rôle social : elle règle le début ou la fin de la journée
de travail ou la pause de la mi-journée. Elle ne gêne pas
plus qu’il ne faut le sommeil des dormeurs.
Les statuts synodaux pour le diocèse de Meaux édictés par l’Évêque Dominique de Ligny en 1675, après avoir
rappelé que les cloches des églises ne devaient “point
être employées pour aucun usage profane ” précisent
que “pour quelque occasion que ce soit (...) on ne sonnera plus après 9 heures du soir, à moins qu’il ne survienne
quelque tempête et orage.”
Sous le régime du Concordat de 1802, l’Évêque et le
Préfet s’entendent pour réglementer l’usage des cloches.
Ainsi, par une circulaire conjointe du 20 août 1850, dont
le texte sera repris dans les statuts synodaux de 1863,
Mgr Allou et le Préfet Touret arrêtent que :
“art.2 : La sonnerie de l’Angelus, qui sert dans presque
toutes les Paroisses à régler le travail des ouvriers, se fera
le matin, vers midi et le soir, selon les usages déjà établis
et l’heure ne pourra en être changée que de concert entre
les autorités ecclésiastiques et civile.
art.3 : Le Curé ou Desservant ne pourra faire sonner
les cloches avant 4 heures du matin et après 9 heures du
soir, depuis Pâques jusqu’au 30 septembre inclusivement ;
et avant 5 heures du matin et après 8 heures du soir,
depuis le 1er octobre jusqu’à la veille de Pâques. Il sera
fait exception à cette règle pour les offices de la nuit de
Noël et pour l’Angelus du matin dans le petit nombre de
Paroisses où l’usage existe de sonner dès 3 heures du
matin pendant l’été.”
Après la Séparation des Églises et de l’État et l’établissement d’un modus vivendi mettant fin aux difficultés
soulevées par la réglementation des sonneries de
cloches, les statuts synodaux de 1924 précisent, que
“sauf la nuit de Noël ou dans les cas autorisés par les
usages locaux, on ne sonne pas avant 5 heures du matin
ou après 9 heures du soir.(...) La sonnerie religieuse de
l’Angelus, trois fois par jour, demeure obligatoire.”
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L’Angelus aujourd’hui
Aujourd’hui, en ce qui concerne l’Angelus, on assiste
à un double mouvement en sens contraire : les églises
sont de plus en plus souvent dotées d’un système d’électrification des cloches avec sonnerie automatique de
l’Angelus. Lors des restaurations nombreuses d’églises
dans notre département, les autorités communales souhaitent que les cloches puissent sonner régulièrement,
notamment l’Angelus : c’est un signe de vitalité de
la commune. En 2007, dans le diocèse de Meaux,
l’Angelus était sonné dans environ 200 églises.
Mais, simultanément, l’Angelus est de moins en
moins pratiqué. Ce déclin n’est pas seulement dû à l’affadissement de la foi et à la diminution du nombre des
croyants catholiques, mais à la désaffection d’un certain
nombre de pratiquants, pour cette forme de dévotion et
à l’ignorance de certains autres sur le sens de cet appel à
la prière. Il est vrai que les rythmes de vie ne sont plus
ceux de la France rurale d’autrefois et que l’extension des
villes et des villages restreint considérablement
la portée du tintement des cloches.
Peut-être éprouve-t-on une certaine nostalgie dans
la contemplation de la scène si calme de l’Angelus de
Jean-François Millet.
Faut-il pour autant nous résigner à laisser disparaître
le trésor d’espérance et d’équilibre qui nous a été transmis ? Ne faut-il pas plutôt, au niveau des croyants, redécouvrir, sous les strates de l’Histoire, le sens profond du
message de l’Angelus qui exprime le cœur même de
la foi chrétienne, l’Incarnation de Dieu dans l’histoire de
l’Homme et la sacralisation du temps qu’il y a apportée?
Chanoine Joseph Gilloots
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