Aspect radiologique des arthropathies destructrices de l`adulte

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Aspect radiologique des arthropathies destructrices de l`adulte
Aspect radiologique des arthropathies
destructrices de l’adulte
A ROCHE, D DA INES, S LEMAIRE, S NASSER, S SIADOUX, A LHOSTE, JL MICHEL
SERVICE DE RADIOLOGIE A
CHU GABRIEL MONTPIED
CLERMONT-FERRAND - FRANCE
Les arthropathies destructrices
•
Introduction
– Arthropathies destructrices : ensemble des pathologies dont l’évolution est
caractérisée par une détérioration cartilagineuse d’une articulation associée à une
ostéolyse sous-chondrale.
– Étiologies multiples : affections intéressant initialement le cartilage ou la synoviale
articulaire (rhumatismes inflammatoires, arthropathies métaboliques, arthrites
infectieuses, arthropathies destructrices idiopathiques…) ou affectant d’abord l’os
sous-chondral (ostéo-arthropathies neurogènes, ostéonécroses aseptiques,
radiothérapie…) ou encore arthropathies diverses ( hémophilie, dialysés, synovite
villo-nodulaire…)
Les arthropathies destructrices
•
2 possibilités :
– Soit arthropathies destructrice survenant dans un contexte connu pour lesquelles le
diagnostic ne pose habituellement pas de problème.
– Soit arthropathies destructrices révélatrices, pouvant être à l’origine de problème
diagnostic. L’anamnèse, les antécédents, le contexte clinique, biologique, les signes
radiologiques doivent permettre d’approcher le diagnostic. C’est parfois le cas de
certaines :
• Arthropathies infectieuses, notamment tuberculeuse.
• Arthropathies métaboliques : surtout la chondrocalcinose.
• Arthropathies inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde surtout, rhumatisme
psoriasique)
• Ostéo-arthropathies nerveuses
• Arthrose destructrice rapide.
• Ostéonécroses aseptiques.
• Synovite villo-nodulaire…
• Arthropathies destructrices idiopathiques .
Les Arthrites septiques à germes banals
– Elles sont souvent évidentes cliniquement réalisant un tableau d’arthrite aigüe et
sont rarement diagnostiquées au stade d’arthropathies destructrices. Le diagnostic
repose sur la clinique, l’examen radiologique standard (fig 1 et 2) et la ponction
articulaire. Leurs caractéristiques radiographiques sont :
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Atteinte mono articulaire, rarement oligoarticulaire.
Localisation: Genou>hanche>épaule>cheville>poignet.
Pincement interligne : Diffus
Raréfaction osseuse : Importante, juxta articulaire
Érosions osseuses : marginales et centrales, à limites floues.
Ostéocondensation osseuse : peu importante
Possibilité de corps étrangers intra articulaire par fragmentation osseuse
Évolution rapide en l’absence de traitement.
Important épaississement des parties molles.
Signes négatifs : Pas de construction osseuse au début, ni de calcification péri articulaire.
– Il est à noter que les arthrites septiques survenant sur une articulation préalablement
irradiée sont plus destructrices (fig 3).
Arthrite septique à germe banal
Radiographie standard de l’épaule gauche :
Arthrite septique avec disparition de l’interligne et érosions osseuses
Figure 1 : phase aigue
Figure 2 : phase évolutive
Arthrite septique chez un patient ayant des
antécédents de radiothérapie sur l’épaule droite
Figure 3 : radiographie de l’épaule gauche :
arthropathie destructrice majeure :
arthrite septique à germe banal avec ostéolyse majeure favorisée par les
antécédents de radiothérapie
L’arthrite tuberculeuse (figure 4)
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Par contre, l’arthrite tuberculeuse peut se présenter à un stade d’arthropathie destructrice.
Atteinte initiale synoviale mono-articulaire, oligo-articulaire parfois ( 5 à 10% des cas)
Signes cliniques moins francs que dans l’arthrite septique, pouvant aboutir à un retard
diagnostique
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Localisation : nette prédominance aux membres inférieurs
– Genou 30%, hanche 25%, cheville 10%, pied, coude, poignet et épaule:
respectivement 7% des cas.
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Intérêt de la ponction articulaire et de la biopsie synoviale
Particularité radiographique :
– Évolution lente
– Formation d’abcès froids à distance de l’articulation, avec présence de
« calcifications en gouttes » au sein de l’abcès évocatrices de l’origine tuberculeuse :
intérêt de l’échographie, TDM et IRM
– Possibilité d’évolution vers une ankylose osseuse
Arthrite tuberculeuse du genou
Figure 4 : IRM : coupe sagittale du genou : séquence SE T1 avec Gadolinium :
Hypertrophie synoviale, érosions osseuses et abcès froids
Les Arthropathies Métaboliques
•
La Chondrocalcinose : maladie à cristaux de pyrophosphate de calcium dihydraté
–
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–
–
Sujets âgés, de plus de 60 ans, prédominance féminine
Atteinte polyarticulaire, bilatérale et habituellement symétrique
Antécédents de crises pseudo-goutteuses
Localisation : Genou (90%), poignet, main, hanche, symphyse pubienne, plus
rarement épaule et cheville.
– Calcifications spécifiques des cartilages, fibrocartilage, de la membrane synoviale,
de la capsule ou des tendons.
– évolution très lente pouvant conduire à une découverte au stade d’arthropathie
destructrice où le liseré calcique n’est plus visible ( mais doit être recherché au
niveau des autres articulations).
Les Arthropathies Métaboliques
•
La Chondrocalcinose : maladie à cristaux de pyrophosphate de calcium dihydraté
– Caractéristiques radiographiques (figure 5) :
• Ostéolyse parfois importante touchant les deux versants articulaires avec
érosions, géodes volumineuses et parfois encoche.
• L’atteinte peut être très sévère avec un engrènement des surfaces articulaires,
une fragmentation possible de l’os sous-chondral, contrastant avec une
ostéophytose modérée
• On visualise souvent des calcifications intra et péri articulaire.
• Le liseré calcique n’est souvent plus visible au niveau de l’articulation
concernée par l’arthropathie destructrice, mais doit être recherché sur les
radiographies des autres articulations (poignets, genoux et symphyse pubienne).
• Pas de déminéralisation osseuse.
– Intérêt de la ponction articulaire : recherche de cristaux de pyrophosphate de
calcium, élimine les arthrites septiques.
Chondrocalcinose chez une
femme agée
Figure 5 : Radiograpie de la hanche gauche :
Pincement de l’interligne, érosions des berges articulaires, surtout notable au
pole supérieur de l’articulation
Les Arthropathies Métaboliques
•
L’hémochromatose
– Surcharge en fer primitive ou secondaire.
– Diagnostic : élévation du coefficient de saturation de la transferrine.
– Parfois révélée par une arthropathie destructrice.
– Atteinte poly-articulaire et symétrique.
– Localisation : surtout MCP des 2è et 3ème rayons mais aussi main, poignet, genou,
hanche et épaule.
– Caractéristiques radiographiques ( figure 6-7 ) :
• Pincement articulaire précoce et diffus, mais lentement évolutif.
• Ostéosclérose micro géodique sous-chondrale
• Ostéoporose
• Ostéophytose modéré, évocatrice au niveau du bord radial des MCP, en
« crochet »
Hémochromatose
Figure 6 et 7 : Radiographies du genou gauche d’un même patient à un stade
différent: pincement diffus, ostéosclérose sous-chondrale, géodes et raréfaction
osseuse
Les Arthropathies Métaboliques
•
La goutte (dépôt d’urate de sodium)
– L’arthropathie destructrice uratique survient 5 à 10 ans après la 1ère crise de goutte
– Nette prédominance masculine (20:1)
– Poly-articulaire, asymétrique
– Localisation typique:
• Pied : articulation métatarso-phalangienne du gros orteil, souvent associée à
l’interphalangienne du 1er rayon, 5ème métatarso-phalangienne parfois.
Articulations médio-tarsienne et tarso-métatarsienne touchées tardivement avec
ostéophytose marginale supérieure donnant l’aspect « hérissé » du dos du pied .
Enthésophytes sous et rétro calcanéens.
• Mains : atteinte des interphalangiennes proximales et distales.
• Poignet : érosions et géodes des os du carpe et des épiphyses radiocubitales
inférieures.
• Genou : aspect de gonarthrose banale. Rechercher des érosions et des géodes
sous-chondrales sur les faces latérales des condyles fémoraux et des plateaux
tibiaux.
• Coude : rechercher un tophus dans la bourse rétro-olécrânienne avec érosions
osseuses de l’olécrane.
Les Arthropathies Métaboliques
•
La goutte
– Signes radiographiques :
• Pincement articulaire tardif par rapport aux érosions osseuses.
• Géodes arrondies ou ovalaires , « pseudo kystiques », parallèle au grand axe de
la diaphyse, évocatrice si > 5mm, parfois polycycliques, soufflant l’os, donnant
un aspect en « hallebarde ».
• Tophi : opacités denses des parties molles, parfois calcifiés localisés au niveau
de la bourse rétro olécranienne, de la base du gros orteil, du tendon d’Achille,de
la styloïde cubitale et des doigts.
• Érosions para-articulaires excentrées, bien limitées, en regard des tophi, parfois
accompagnées d’apposition périostée
• Ostéophytose tardive et peu importante
• Signes négatifs: pas de déminéralisation osseuse
– TDM : visualise les géodes et les érosions osseuses en regard des tophi qui
présentent une densité d’environ 160 UH
– IRM : examen de choix : visualise les tophi :
• Hypo ou isoT1, souvent hypo et parfois hyper T2 hétérogène
• Se rehaussant de manière homogène après Gadolinium
Goutte
Radiographie du poignet gauche :
Géodes de grande taille de la base
du 4ème et 5ème métacarpien, de l’os
crochu et du capitatum.
Pas de déminéralisation
Radiographie de l’avant-pied gauche :
Érosions para-articulaires de la tête du
1er métatarsien en regard d’un
volumineux tophus, avec hallux valgus.
Atteinte associée de la 5ème articulation
métatarso-phalangienne.
Les Arthropathies Métaboliques
•
•
L’ochronose
– Maladie métabolique très rare entraînant l’accumulation d’acide homogentisique se
déposant dans le cartilage.
– Atteinte poly-articulaire, bilatérale et symétrique
– Localisation : surtout rachis lombaire, épaule, genou et hanche.
• Rachis : Important pincement discal multi étagé, condensation des plateaux
vertébraux, ostéophytose modérée, ponts osseux intersomatiques ressemblant
aux syndesmophytes.
• En périphérie : pincement marqué de l’interligne, ostéocondensation souschondrale, fragmentation osseuse et corps étrangers intra-articulaire,
déminéralisation osseuse
La maladie de Wilson
– Accumulation de cuivre dans les tissus.
– Maladie rare, de transmission autosomique récessive.
– Localisation : articulations périphériques
– Radiographie :
• Importante déminéralisation osseuse, ressemble à la chondrocalcinose par
ailleurs.
Les rhumatismes inflammatoires chroniques
•
La polyarthrite rhumatoïde (PR)
– Souvent, diagnostic de PR déjà posé au stade d’arthropathie destructrice.
– Dans de rare cas, l’arthropathie destructrice est révélatrice. Le diagnostic repose
alors sur la clinique, la biologie et le reste du bilan radiographique.
– Atteinte poly articulaire, bilatérale et +/- symétrique
– Signes radiographiques :
• Épaississement des parties molles avec tuméfaction synoviale majeure
• Pincement de l’interligne précoce, important et diffus
• Déminéralisation épiphysaire
• Érosions marginales ++, centrales, parfois volumineuses.
• Géodes sous-chondrales, peu spécifiques
• Puis subluxation et luxation, parfois ankylose (surtout au carpe et au tarse)
• Signes négatifs:
– Pas de prolifération osseuse
– Atteinte rare et peu sévère des IPD, à la différence des
spondylarthropathies
Les rhumatismes inflammatoires chroniques
•
La polyarthrite rhumatoïde
– Localisation
• Main: versant radial de la tête des métacarpiens et des phalanges. IPD respecté
longtemps
• Poignet: styloïde cubitale++
• Pied: versant médial de la tête des métatarsiens, versant latéral de la tête du
5ème métatarsien, IPP du gros orteil
• Genou: atteinte fréquente avec tuméfaction synoviale et chondrolyse homogène
bicompartimentale fémoro-tibiale symétrique. Erosions marginales rares
• Épaule: atteinte fréquente (environ 80% des PR) avec chondrolyse, érosions
marginales le long du col anatomique de l’humérus, surtout au versant
supérieur, rupture de la coiffe des rotateurs. Articulation acromio-claviculaire
touchée dans 40% des cas
• Coudes: atteinte assez fréquente avec chondrolyse importante et peu d’érosion
• Hanche: rare, atteinte tardive avec « coxite » et protrusion acétabulaire.
Polyarthrite rhumatoïde
Radio de l’avant pied gauche, érosions
marginales de la tête des métatarsiens 1
et 2, pincement et subluxation de la 1ère
et 2ème métatarso-phalangiennes
Radio de main droite
PR: Arthrite bilatérale
Radio de l’épaule droite :
Pincement diffus de l’interligne omo
huméral, érosions osseuses bien limitées
le long du col huméral
Radio de l’épaule gauche, même patient :
Déminéralisation osseuse,
Érosions osseuses sous chondrales
PR découverte au stade de coxite
Radiographie du bassin :
Coxite bilatérale avec protrusion acétabulaire gauche marquée
Les rhumatismes inflammatoires chroniques
•
Spondylarthropathies :
– La spondylarthrite ankylosante
• Arthropathies destructrices périphériques plus rares et moins sévères que la PR
• Atteinte poly articulaire, asymétrique, d’évolution lente.
• Signes radiographiques :
– Pincement de l’interligne diffus mais modéré, reconstruction osseuse
associée , souvent dominante. Érosions marginales parfois, « érosions
hyperostosantes », appositions périostées. Pas de raréfaction osseuse.
• Localisation :
– Squelette axial essentiellement. Sacro-iliaques : sacro-iliites, symphyse
pubienne. Rachis: spondylite antérieure puis syndesmophytes, parfois
discopathies érosives et ankylose d’articulations interapophysaires
– Localisations périphériques rares : hanche et épaule surtout, puis genou
poignet et tarse et enfin mains et pieds
Les rhumatismes inflammatoires chroniques
•
Spondylarthropathies:
– Rhumatisme psoriasique et le syndrome de Reiter :
• Les arthropathies destructrices des ces deux pathologies sont tardives.
• Atteinte souvent oligo-articulaire, asymétrique.
• Atteinte fréquente des articulations interphalangiennes distales, et tendance aux
atteintes radiaires. Érosions marginales et centrales avec élargissement des
interlignes. Parfois, amincissement circonférentiel des diaphyses des phalanges,
des métacarpiens et des métatarsiens donnant un aspect d’élargissement des
bases phalangiennes en cupule.
• Atteinte fréquente du squelette axial, plutôt asymétrique.
• Enthésopathies, surtout calcanéennes.
• Réactions hyperostosantes.
Radiographie de la main gauche :
Rhumatisme psoriasique :
Érosions marginales, pincement articulaire des 3ème et
4ème IPP, de la 3ème IPD.
Noter l’aspect d’élargissement de la base de P2 du 4ème
rayon
Les ostéo-arthropathies nerveuses (OAN)
•
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Définition:
– Ostéo-arthropathies secondaires à différentes affections atteignant le système
nerveux : syringomyélie, séquelle de traumatisme médullaire ou nerveux,
malformation congénitale, infection neurotrope (syphilis, lèpre), diabète, alcool,
corticoïdes prolongés, traumatismes, tumeur, insensibilité congénitale à la douleur.
2 types: forme hypertrophique ou atrophique:
– Forme Hypertrophique :
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Localisation : Genou, cheville et rachis
Début, ressemble à arthrose mais gonflement articulaire
Destruction sous-chondrale bien limitée, avec ostéosclérose sous-chondrale
Ostéophytose proliférative exubérante marginale
Fragmentation osseuse et fractures épiphysaires, avec fragments osseux intra articulaire et désaxation
voire subluxation
• Signes négatifs : Pincement articulaire tardif, pas de déminéralisation et surtout absence de douleur
– Forme Atrophique :
• Localisation : hanche, épaule, main et avant-pied
• Pincement articulaire précoce
• Ostéolyse progressive à bords nets des extrémités articulaire réalisant au niveau des mains et des pieds
l’aspect classique en « sucre d’orge sucé » (MCP, phalanges, MTP)
• Fragmentation osseuse
• Désaxation fréquente et luxation
• Pas de construction osseuse
Les ostéo-arthropathies nerveuses (OAN)
•
Formes étiologiques
– Le diabète
• La plus fréquente des OAN en Europe, survenant tardivement chez 2 à 5% des
diabétiques, souvent sur un diabète mal équilibré.
• Forme atrophique prédomine
• Localisation: pied et avant-pied surtout, cheville parfois, rarement genou ou hanche et
jamais isolément.
• Atteinte mono ou oligo-articulaire, souvent bilatéral et asymétrique
• Caractéristiques radiologiques :
– Gonflement articulaire et périarticulaire des pieds, calcifications artérielles.
– Médio-tarse:
» Subluxation, en particulier de l’interligne de Lisfranc.
» Fracture par micro-traumatismes avec fragmentation osseuse, surtout du
scaphoïde aboutissant à un affaissement de la voûte plantaire entraînant un
élargissement du coup de pied.
» Déminéralisation et ostéosclérose sous-chondrale associées
» Enfin, fusion tardive des os du tarse: « pied cubique de Charcot »
– Ostéolyse des métatarsiens et des phalanges fréquente
– Respect du tarse postérieur
• L’IRM peut aider à différencier des lésions infectieuses et des lésions d’ostéo-arthropathie
nerveuse
Pied diabétique
destruction des métatarsiens
(image en sucre d’orge)
dislocation de l’articulation de LISFRANC et
destruction des métatarsophalangiennes
des 2ème et 3ème rayons
Les ostéo-arthropathies nerveuses (OAN)
– La syringomyélie
• Rare, l’arthropathie complique environ 20% des syringomyélies
• Arthropathie d’installation progressive et d’évolution plus lente que
l’arthropathie tabétique
• Localisation : membre supérieur : épaule dans 80% des cas, coude dans 60%,
carpe dans 50% des cas et inter phalangiennes dans 30%. L’atteinte rachidienne
est possible : syringobulbie
• Atteinte bilatérale et souvent asymétrique
• Forme atrophique le plus souvent, sauf pour le coude (forme hypertrophique)
• Caractéristique radiographique :
– Importante ostéolyse bien limitée des berges articulaires aboutissant à une
résorption épiphysaire, associée à une importante condensation souschondrale.
– Fragmentation osseuse avec libération de fragments osseux intra et
périarticulaire, aboutissant à une ossification des parties molles
• Le diagnostic est fait par la clinique montrant une dissociation syringomyélie
suspendue, avec perte de la sensibilité thermo-algésique et conservation de la
sensibilité épicritique et profonde. L’IRM cervicale confirme le diagnostic.
Radiographie de l’épaule gauche
Ostéolyse de la tête humérale et
Résorption de la tête humérale avec
Fragmentation osseuse avec fragments
Osseux intra-articulaire
Syringomyélie
Les ostéo-arthropathies nerveuses (OAN)
•
Formes étiologiques
– Le tabès
• Rare, OAN tabétique complique 5 à 10% des tabès, plus fréquent chez l’homme
• Survient 10 à 40 ans après le chancre syphilitique
• Localisation : prédomine aux membres inférieurs (>60% des cas)
• Genou> cheville> tarse> hanche> épaule> coude. Rachis=20%
• Mono ou oligo-articulaire, parfois bilatérale et symétrique
• Arthropathie très constructrice, sauf pour hanche et épaule ou la lyse des têtes
humérale et fémorale est fréquente
• Genou :
– Hypertrophie épiphysaire, surtout fémorale inférieure avec aspect carré des
condyles, ostéophytose marquée et exubérante, l’interligne est conservé au
début. Les corps étrangers intra-articulaires sont nombreux.
• Cheville et tarse :
– Atteinte initiale de la talo-calcanéenne avec ostéolyse. Atteinte simultanée
de la tibio-tarsienne, du médio-tarse et des tarso-métatarsiennes aboutissant
au pied cubique de Charcot
Les ostéo-arthropathies nerveuses (OAN)
– La lèpre
• Très rare en Europe, surtout en Afrique et aux Antilles
• Localisation : métatarso-phalangiennes et inter-phalangiennes
• Forme atrophiante, très ostéolytique, en sucre d’orge sucé
– Les acropathies ulcéro-mutilantes, l’alcoolisme chronique, l’amylose nerveuse et
l’insensibilité congénitale à la douleur, les corticoïdes et les AINS à hautes doses
donnent parfois des OAN
L’arthrose destructrice rapide
•
L’arthrose destructrice rapide :
– Définit par un pincement de l’interligne articulaire > 2mm/an (=1mm/6 mois).
– Diagnostic d’élimination : il faut éliminer une origine infectieuse, inflammatoire,
nerveuse, post traumatique, métabolique et une nécrose aseptique.
– Surtout localisée à la hanche, elle peut également toucher le genou et les autres
articulations.
– L’atteinte est généralement mono-articulaire
– Touche le plus souvent la personne âgée, surtout la femme
– Signes radiologiques :
• Pincement de l’interligne localisé aux zones de contrainte maximum
• Abrasion sous-chondrale
• Ostéosclérose sous-chondrale d’importance variable
• Signes négatifs:
– Pas d’ostéophytes et géodes modérées ou absentes
– Déminéralisation osseuse
CDR: évolution en 1 an:
pincement complet et focalisé de l’interligne
pas de déminéralisation
pas d’ostéophytes
TDM de hanche gauche, coupe axiale :
Coxarthrose destructrice évoluée
chez un autre patient
L’ostéonécrose aseptique
– Classiquement, l’ostéonécrose aseptique respecte le cartilage et entraîne un
effondrement de la surface articulaire aboutissant à une arthropathie destructrice.
Ces arthropathies sont rarement révélatrices, le diagnostic étant souvent posé à la
phase aigue, notamment grâce à l’IRM.
– Atteinte mono articulaire, parfois bilatérale, avec une nette prédominance masculine
– Le contexte retrouve souvent un alcoolisme, une corticothérapie au long cours, une
drépanocytose ou un barotraumatisme
– Localisation:
• Hanche surtout, bilatérale dans 40% des cas.
• Genou prédominant au niveau du condyle fémoral interne (80% des cas du
genou).
• Mais aussi épaule, talus, lunatum
– Signes radiographiques
• Déminéralisation segmentaire et hétérogène, délimitée par un halo d’ostéocondensation
• Clarté linéaire sous chondrale, image en « coquille d’œuf », avec condensation
périphérique
• Affaissement de la zone nécrotique avec méplat ou décroché de la surface articulaire
– au début, interligne conservé, pas de construction osseuse, parties molles normales
• Fragmentation osseuse possible
• Puis, évolution vers une arthrose, avec ostéophytose minime
L’ostéonécrose aseptique
Radiographie de la hanche gauche : ostéonécrose avec conservation de l’interligne
Articulaire.
L’ostéonécrose aseptique
Radiographie de la hanche gauche et de l ’épaule droite
Ostéonécrose aseptique de la hanche et de l’épaule, avec chondrolyse et ostéolyse
Chez le même patient
L’ostéonécrose aseptique
•
En IRM, l’aspect est spécifique et permet un diagnostic précoce:
– Liseré: bande fine en hypo T1 et T2, allant d’une corticale à l’autre, au niveau épiphysaire
– Os nécrotique limité par le liseré, présentant un signal variable: plus la forme est évolué, plus
ce segment osseux est en hyposignal
– Œdème médullaire: plage mal limitée en hypo T1 et franc hyper T2, se réhaussant après
gadolinium
– Fracture sous-chondrale: ligne sous-chondrale, visible en hyper T2, peu visible en T1
– Épanchement articulaire liquidien (hyper T2)
IRM : ostéonécrose aseptique des têtes fémorales
T1 se cor1
T2 tse fs cor
Les arthropathies destructrices diverses
•
La synovite villonodulaire pigmentée :
– Pathologie articulaire bénigne, caractérisée par une hyperplasie des villosités
synoviales, se manifestant par une douleur mécanique et une hémarthrose chronique
chez un adulte jeune
– Signes cliniques discrets, en dehors du gonflement articulaire
– Il existe des formes localisées et des formes diffuses
– Atteinte mono-articulaire , rarement poly-articulaire
– Les lésions osseuses existent surtout dans les formes diffuses, au sein des
articulations à capsule serrée comme la hanche, le coude et le poignet. Le genou ne
présente des lésions osseuses que dans 25% des cas.
– Localisation:
• Genou 80%
• Puis hanche, cheville, mains et pieds.
• Épaule et coude rarement touchés
– Il faut évoquer le diagnostic quand la ponction articulaire ramène un liquide
hémorragique, brun rouille, sans trouble de coagulation
Les arthropathies destructrices diverses
•
La synovite villonodulaire pigmentée :
– Signes radiographiques :
• Épaississement des parties molles, spontanément dense, mais non calcifié (80
UH en TDM)
• Pincement rare et tardif, à l’exception de la hanche, du coude et du poignet
• L’atteinte osseuse, lorsqu’elle existe, est caractérisée par des érosions et des
géodes sous-chondrales régulières à bords nets, de contours polycycliques,
cerclées d’un liseré d’ostéosclérose.
• Pas de déminéralisation osseuse, ni de calcification ou d’ossification synoviale
– IRM : l’aspect est caractéristique et montre :
• Épanchement articulaire, épaississement de la synoviale se rehaussant après
injection de gadolinium, dépôts d’hémosidérine en hyposignal
T1 SE
SVN de la hanche
Radiographie et IRM de la hanche droite
Chez le même patient :
Géodes et érosions bien visibles en
Radiographie standard et en IRM avec
Réhaussement du signal après injection
De gadolinium.
T1 SE FS
Après
Injection de
gadolinium
Les arthropathies destructrices idiopathiques
•
•
•
Devant une arthropathie destructrice révélatrice, si aucune des étiologies précédentes ne
peut être démontrée, on parle d’arthropathie destructrice idiopathique.
La forme localisée à l’épaule est la plus fréquente, elle a été décrite par plusieurs auteurs,
sous plusieurs noms différents :
Tableau 1 : Différents noms de l’arthropathie destructrice idiopathique de l’épaule.
D’après Bardin et Fritz, Ann Radiology, 1992, 35, (3), 184-187
Nom de l’arthopathie destructrice
Auteur
Année
Carie hémorragique de l’épaule
De Sèze et coll.
1967
Milwaukee shoulder
McCarty et coll.
1981
Arthropathie destructrice rapide de l’épaule
Lequesne et coll.
1982
Cuff-tear arthropathy
Neer et coll.
1983
Idiopathic destructive arthritis of the shoulder
Campion et coll.
1988
Les arthropathies destructrices idiopathiques
•
L’arthropathie destructrice idiopathique de l’épaule :
– La pathogénie de cette pathologie est controversée : certains auteurs comme
McCarty évoque une origine micro-cristalline en raison des cristaux
d’hydroxyapatite dans le liquide articulaire, d’autres comme Neer insiste sur une
théorie mécanique en insistant sur la fréquence des lésions de rupture de la coiffe des
rotateurs.
– Atteint surtout les femmes agées (60 ans et plus), l’atteinte peut être bilatérale
– L’affection peut être polyarticulaire et toucher les genoux, les hanches, mais aussi
les chevilles, les coudes, les poignets et le tarse
– Histoire clinique douloureuse ancienne avec parfois une phase hyperalgique
Les arthropathies destructrices idiopathiques
– Caractéristiques radiologiques (figure 9) :
• Ascension de la tête humérale, en faveur d’une rupture de la coiffe des rotateurs,
avec pincement de l’articulation gléno-humérale et condensation sous chondrale
modérée
• Puis érosions osseuses de la tête humérale, parfois de la cavité glénoïdale, de
l’acromion et de l’extrémité latérale de la clavicule allant jusqu’à une ostéolyse
de la tête humérale et parfois de la glène
• Calcifications transitoires intra et péri articulaires, disparaissant à la stabilisation
de la maladie
• Évolue jusqu’à l’engrènement des surfaces articulaires avec destruction
articulaire
• Ostéophyte absent ou discret
Les arthropathies destructrices diverses
•
L’hémophilie
– Affection génétique transmise sur le mode récessif lié a l’X, n’atteignant donc que
les hommes
• Hémophilie A: déficit du facteur VIII, incidence de 1/10000 en France
• Hémophilie B: déficit du facteur IX, 5X + rare
– Hémarthroses répétées aboutissant sur des arthropathies destructrices, survenant tôt
dans la vie (1ère décennie)
– Poly articulaire, bilatérale, symétrique ou non
– Localisation:
• Genou cheville et coude souvent
• Épaule et hanche moins souvent
• Poignet, main et pied rarement
– Diagnostic aisé quand les lésions surviennent chez un garçon d’une famille
d’hémophile, + difficile quand il s’agit d’une manifestation initiale d’une forme
sporadique sans antécédents familiaux
Les arthropathies destructrices diverses
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L’hémophilie : signes radiographiques :
–
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–
–
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Tuméfaction articulaire, parfois hyperdense (dépôts d’hémosidérine)
Hypertrophie synoviale (pannus synovial d’hémosidérine)
Puis, élargissement épiphysaire
Érosions marginales puis centrales bien limitées
Interligne longtemps préservé puis pincé de manière diffuse
Pseudo-tumeurs (rares) avec hématomes des tissus mous, hématomes osseux ou
sous-périosté (fémur et bassin surtout), s’associant à des érosions corticales et à des
réactions périostées spiculaires
– Remaniements arthrosiques contrastant avec le jeune age du patient
– Géodes sous-chondrale, parfois kystiques et volumineuses
– Chez l’enfant, apparition précoce des points d’ossification (coude)
Les arthropathies destructrices diverses
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L’hémophilie
– Genou:
• atteinte fémoro-patellaire fréquente, avec aspect « carré » de la rotule,
irrégularités sous-chondrales et subluxation externe
• Élargissement de l’échancrure intercondylienne
– Construction osseuse tardive
– Pas d’ankylose osseuse, a la différence de l’arthrite chronique juvénile
– IRM:
• Visualise l’épanchement intra-articulaire et le pannus synovial en hypo T1 et T2
(dépots d’hémosidérine)
• Évalue la destruction articulaire, rapide par rapport à la synovite villo-nodulaire
• Permet le diagnostic différentiel des pseudo-tumeurs hémophiliques
Hémophilie
Radiographies du genou de profil, en
Incidence fémoro-patellaire et radiographie
de cheville gauche de face :
Arthropathie hémophilique
Hémophilie
Radiographie de la hanche droite
Arthropathie hémophilique
destructrice de la hanche
Radiographie du coude
de profil
Les arthropathies destructrices diverses
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L’arthropathie des dialysés
– Elle est due à une amylose à β2-microglobuline, associée à l’hyperparathyroïdie et à
une surcharge en aluminium, entraînant des dépôts synoviaux d’amylose dans les
articulations.
– Le diagnostic est fait par l’anamnèse, survenant environ 10 ans après le début de la
dialyse.
– Elle touche surtout le rachis, mais peut également atteindre les membres: épaule
surtout, mais aussi poignet, main, hanche ou genou
– Signes radiographiques : tuméfaction péri-articulaire, puis apparition d’érosions
sous-chondrales bien limitées avec un pincement diffus de l’interligne articulaire
– IRM montre les dépôts amyloïdes, caractéristiques quand ils sont en hyposignal T1
et T2
L’arthropathie des dialysés
Sagittal T1 SE: dépôts articulaires
amyloïdes en isosignal T1 s’étendant
dans une géode sous-chondrale
Bibliographie
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Médecine-Sciences, 2002.
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MARGUERIE L, DEMONDION X, COTTEN A, FLIPO RM. Arthropathies destructrices de
l’épaule. Synoviale 1999; 84.
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LLAUGER J, PALMER J, ROSON N, BAGUE S, CAMINS A, CREMADES R. Nonseptic
monoarthritis: imaging features with clinical and histopathologic correlation. Radiographics. 2000;
20:S263-78.