La Gazette de l`OMP
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La Gazette de l’OMP Bulletin d’information pour l’ensemble des collaborateurs de l’Office médico-pédagogique parution : 5 fois par an N° 9 / Novembre 2014 SOMMAIRE Mot du directeur général.................................................................................................. 1-2 Nouveauté à l’OMP : Une nouvelle structure pour élèves dans le spectre de l’autisme.................................. 2 Nouveauté au DIP : Etablissement Lullin............................................................................ 3 Dossiers : Les classes intégrées du Bosson.................................................................................. 4 La mentalisation et le travail en CMP ados.................................................................... 5 La vie des institutions : Semaine du goût et activité « cuisine » au CMP de la Pralée....................................... 6 L’atelier des saveurs du CMP de l’Arve......................................................................... 7 CMP intégré de Bois Caran. Un projet multimédia : l’histoire de Roméo et Juliette... 8-9 Annonce de conférences.................................................................................................... 9 Mot du directeur général N otre rentrée scolaire s’est bien déroulée, grâce à vos efforts à tous, dans nos institutions, nos classes et au sein de nos consultations. De nouveaux dispositifs ont pu être ouverts, pour lesquels vous trouverez des informations dans ce numéro. Pour ceux d’entre vous qui n’ont pu être présents lors de l’échange du 23 septembre dernier, vous avez accès à la présentation de cette rencontre de la rentrée 2014-2015 sur le site intra- Comme notre conseillère d’Etat vous l’avait indiqué dans son courrier du 24 juin dernier, l’étude de la situation organisationnelle de l’OMP a amené à un remodelage de la direction pédagogique. Celleci entrera en fonction, en principe, au 1er décembre prochain. Les postes de directeur pédagogique, de directeur opérationnel pédagogique (DOP), et de directeur de l’enseignement spécialisé et de l’intégration (DSSI) disparaissent. De nouvelles fonctions sont créées : http://icp.ge.ch/dip/intranet/IMG/pdf/2014-9-23_ dgomp_presentation-2.pdf un directeur de l’enseignement, l’évaluation et le suivi des élèves (DEESE), qui garantit la cohérence du parcours de scolarité de l’élève, définit une stratégie et accompagne la mise en œuvre de la politique de l’enseignement spé- net de l’OMP : identifiant : dip-omp mot de passe : 2012-omp • RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique - Direction - pour toute communication : [email protected] Page 1 cialisé, enfin assure le recrutement et l’affectation des collaborateurs de l’enseignement spécialisé • un directeur de l’organisation et de la planification de l’enseignement spécialisé (DOPES), qui assure le pilotage des flux d’élèves, coordonne la gestion des structures, et organise les prestations et la planification des projets de l’enseignement spécialisé • huit directeurs d’établissements spécialisés et de l’intégration (DESI) pour assurer un encadrement de proximité. • Par ailleurs, un directeur administration, communication, qualité viendra appuyer la direction générale de l’office, et soutenir les directions métier engagées sur une large palette de prestations. Cette nouvelle organisation, et tout particulièrement la réintégration par les DESI de la responsabilité sur le parcours scolaire des élèves, ainsi que la respon- sabilité RH sur les institutions qu’ils chapeautent, vise à renforcer une relation de proximité. Ceci devrait permettre de répondre aux constatations de l’étude conduite par la DRH et le contrôle interne du DIP au cours du printemps. Celle-ci a permis de relever le fort engagement des collaborateurs, mais aussi l’insatisfaction liée à l’impossibilité pour deux DOP d’assurer la direction des institutions relevant de l’OMP – 550 collaborateurs sur 70 sites –, ainsi que l’insuffisance de structuration de l’information et des processus internes de travail. Cependant, la mission au quotidien auprès des jeunes dont nous avons la charge, ou pour lesquels nous aidons à la prise en charge, reste inchangée. Je suis convaincu que vous continuerez de l’accomplir au mieux de nos possibilités, et vous en remercie Stephan Eliez Nouveauté à l’OMP : Une nouvelle structure pour élèves dans le spectre de l’autisme Une nouvelle structure a été ouverte à la rentrée 2014 pour accueillir des élèves dans le spectre de l’autisme, ceci au sein d’un établissement primaire, celui de Geisendorf. Cette structure est constituée d’une classe qui accueille 6 élèves de 8 à 12 ans et dont les compétences cognitives et/ou relationnelles leur permettent de rejoindre régulièrement une classe ordinaire dans différentes disciplines scolaires. Cette nouvelle structure est la première de ce type pour des élèves dans le spectre de l’autisme à Genève. Elle correspond à l’attente de nombreux professionnels qui ont œuvré pour sa création au sein de l’OMP – ils sont ici vivement remerciés de leur engagement – ainsi qu’à celle des parents concernés. Deux enseignantes à 50% et une éducatrice à 100% assurent l’encadrement pédagogique des élèves, chacun selon les conditions de son projet éducatif individualisé, soit dans cette classe dite de transition, leur classe de référence, soit en classe ordinaire. Cette nouvelle structure est rattachée administrativement au CMP de Budé, dont elle dépend. Pour mémoire, ce CMP est spécialisé pour élèves avec handicap mental et/ RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique ou dans le spectre de l’autisme. Ses responsables pédagogique et thérapeutique portent ainsi la responsabilité du suivi des projets des élèves de cette classe, avec toutes les implications que cela suppose. L’organisation choisie offre donc toute la sécurité et la capacité d’ajustement qui pourraient s’avérer nécessaires, comme dans le cas de tous les nouveaux projets. Finalement c’est une organisation du même ordre que celle adoptée pour le CMP des Voirets, ou au Centre pour enfants sourds, qui a été retenue, organisation qui a fait ses preuves. Ici aussi, les deux équipes spécifiques, du CMP et de la classe, ne constitueront pas des équipes isolées. Elles partagent en effet de nombreuses réflexions et problématiques. Elles se rencontreront donc pour avancer et réfléchir ensemble sur des thématiques communes. Maurice Dandelot page 2 Nouveauté au DIP : Etablissement Lullin L’établissement Lullin a accueilli les premiers élèves en cette rentrée 2014 (https://edu.ge.ch/site/lullin). Dans le cadre de l’article 194 de la nouvelle constitution, qui institue dans notre canton « la formation obligatoire jusqu’à la majorité au moins », le projet « Lullin », un dispositif innovant, a vu le jour. Cet établissement apparait dans un contexte institutionnel dont tous les éléments évoluent et convergent vers un meilleur accompagnement des populations les plus fragiles. Cette volonté s’oriente vers l’abandon progressif de réponses globales pour des catégories d’élèves identifiées a priori. Elle encourage plutôt des parcours, des réponses, et des accompagnements personnalisés correspondant aux besoins individuels de chacun. Les grands principes de Lullin se fondent sur : 1. La mobilisation des cinq directions générales du DIP : les deux degrés d’enseignement (DGEO et DGES II), ainsi que l’OEJ, L’OOFPC et l’OMP. C’est la première fois à Genève que l’ensemble des ressources nécessaires à la continuité d’un parcours scolaire et de formation sont réunies dans un même projet et travaillent ensemble dans le même espace-temps. 2. La conception d’école inclusive, soit une école qui propose à chacun une réponse adaptée à ses besoins et qui s’adapte à l’élève. 3. Une grande réactivité et souplesse du cadre de référence, partant de l’idée que trop de latence dans les propositions d’accompagnement d’un jeune à risque de « rupture scolaire », augmente le risque de le voir disparaitre dans la nature Le dispositif est basé à la villa Lullin, avenue du Bouchet, dans un lieu chargé d’histoire. L’équipe est composée d’un directeur, de cinq enseignants, d’une psychologue d’orientation, d’une assistante sociale, d’une infirmière, RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique d’une adjointe de direction et d’une psychologue de l’OMP détachée sur la Villa, Mme Marie Gay. C’est le croisement de regards, de compétences, de cultures et d’horizons différents, qui permettra de garantir la pertinence, l’objectivité et l’efficacité des réponses envisagées. Pour faire face à la diversité des situations rencontrées, le dispositif doit présenter une grande variété de modalités d’accompagnement possible. En conséquence, l’équipe peut intervenir de diverses manières : sur site (dans l’établissement source s’il y en a un), accueillir le jeune à la villa (à temps partagé ou à temps complet), intervenir avant même la rupture auprès de l’école ou du jeune, mobiliser des ressources pédagogiques, thérapeutiques, médicales, en orientation ou éducatives, accompagner des équipes demandeuses, évaluer la pertinence et l’efficacité des pratiques. L’établissement Lullin peut accueillir les jeunes ayant réglementairement le droit d’intégrer une filière de l’enseignement secondaire II (appelé auparavant scolarité post-obligatoire). Cet accueil peut être effectif à tout moment de l’année, dès lors qu’il y a un risque de décrochage scolaire ou une rupture scolaire avérée. La durée de l’accompagnement est variable de quelques semaines à plusieurs mois (3 mois maximum, renouvelable une fois). La demande d’admission (https://edu.ge.ch/site/lullin/ les-modalites-dadmission/) se fait en deux étapes : l’élève doit s’adresser au service de la scolarité de la direction générale de l’enseignement secondaire II qui réalise une première orientation. Si la situation semble être du ressort de l’établissement Lullin, la demande est transmise à la commission d’admission de Lullin, constituée d’un représentant de chacune des directions et offices faisant partie du projet. M. Pablo Cascone, psychologue, étant le représentant de l’OMP dans cette commission. Celle-ci se réunit une fois par semaine et réalise un travail important d’approfondissement et de documentation de la demande, afin non seulement de délibérer sur les situations pouvant intégrer ou non l’établissement Lullin, mais aussi de préconiser les modalités d’accompagnement. L’objectif principal est de maintenir les jeunes dans le système scolaire et d’éviter ainsi leur décrochage. Pablo Cascone, psychologue, représentant de l’OMP dans la commission d’admission à Lullin et Marie Gay, psychologue OMP détachée à Lullin page 3 Dossiers : Les classes intégrées du Bosson Rentrée 2014 Cette rentrée est la quatrième cuvée pour les classes intégrées du Bosson. Comme aide pour les vendanges du mercredi matin, nous accueillons une nouvelle collaboratrice éducatrice. Nous changeons aussi de responsable thérapeutique. Ce renouveau dans l’équipe nous prépare, j’en suis certain, un cru de qualité. Nous accueillons 16 élèves de tout le canton qui ont entre 6 et 12 ans. La population est définie par des limites de capacité intellectuelle et/ou un léger retard mental (Q.I. : 60 à 70), de bonnes compétences sociales et sans impulsivités. Il est essentiel que nos élèves soient autonomes dans leurs déplacements au sein du bâtiment scolaire, et qu’ils soient capables de supporter la cohue dans les couloirs aux heures de pointe. Notre équipe est composée de Mmes Gaëlle Pincott Samitier et Emmanuelle Abbou Genecand, éducatrices, respectivement à 75% et à 50%, Mme Careen Croset, psychomotricienne à 25%, Mme Sonia Jimenez, responsable thérapeutique à 20%, Mme Letizia Cuda, enseignante à 100%, et moi-même, enseignant à 100% et responsable pédagogique. Déjà trois ans ! Démarrer cette aventure a été une phase très intense et riche en expériences pour toute l’équipe. Une grande motivation de chacun a donné l’énergie nécessaire pour la mise en place du projet. L’étroite collaboration avec les familles, et la confiance réciproque qui en a découlé, ont été des éléments essentiels dans des débuts parfois hésitants. Mme Mélanie Clavijo Beguelin a accompagné nos premiers pas en tant que responsable thérapeutique. Je me souviens de l’accueil et du soutien précieux de Mme Amina El Difrawi, directrice de l’école, ainsi que de l’ouverture et de l’intérêt des enseignants des classes ordinaires. Les échanges plus ou moins formels entre les membres des équipes ont bonifié un terrain déjà bien préparé. Ils ont aussi permis d’envisager les projets réalisables. Nous avons commencé par collaborer surtout avec les maîtres spécialistes pour organiser des intégrations en groupe ou individuelles. Une heure d’éducation physique par-ci, deux heures d’arts visuels par-là, la piscine, la rythmique... …les plus grands avec la chorale des 6-7-8 P, les plus jeunes avec les 3-4-5 P, puis assez rapidement, des intégrations individuelles pour les sciences, les maths, le français et l’anglais cette année. D’autres moments forts ont été et sont toujours les intégrations de nos élèves dans des groupes décloisonnés. Une journée sportive, une semaine à thème avec l’équipe des UCE, un rallye avec celle du Bosson… ...les grands « coachent » les plus petits, et ceux qui arrivent RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique mieux aident les autres indépendamment des degrés et appartenances de chacun. Pour certains, le projet passe aussi par vivre un camp avec un groupe de l’ordinaire. A l’école, si dans les moments de récréation nos élèves restent principalement entre eux, comme les autres classes d’ailleurs, les repas de midi les confrontent aux autres. Les élèves que nous avons actuellement en charge permettent qu’ils soient intégrés chacun dans leur groupe d’âge, avec le même encadrement que pour les autres, par le personnel du G.I.A.P. Ceci nécessite une bonne collaboration avec l’équipe, et des interventions ponctuelles de notre part pour gérer certaines situations, et pour passer au-delà des craintes de chacun. Et maintenant... Toutes ces expériences ainsi que le contexte particulier de l’école du Bosson ont structuré les classes intégrées. L’équipe encadrante, forte des expériences de chacun, s’efforce d’y mettre de la cohérence et d’organiser des activités et des emplois du temps ayant du sens dans le projet de chaque élève. Cet objectif passe nécessairement par des moments de réflexion d’équipe, une étroite collaboration entre chacun, mais aussi avec les partenaires du contexte scolaire au sens large. C’est d’ailleurs un élément qui ressort dans notre travail au quotidien. Il s’agit de créer du lien. Créer du lien entre tous les acteurs : professionnels, parents, élèves... mais aussi aider nos élèves à faire le lien entre les différentes activités de leur horaire hebdomadaire. L’évolution de la structure dépend, bien évidemment, aussi de la population accueillie. Si un bel assemblage entre élèves de l’ordinaire, de regroupement et de CMP a constitué un premier noyau dur, les derniers élèves arrivés proviennent principalement de CMP. Nous devons aussi nous adapter aux modifications d’organisation de la structure ordinaire, dont certains acteurs changent chaque année. Ainsi, au fil des rentrées scolaires, notre statut a changé au sein du Bosson. De « nouveaux » débarqués dans l’école, nous sommes devenus une équipe bien établie dans les étages. Et pour les derniers collègues arrivés, nous sommes un groupe parmi les autres. Il me semble que cette réalité nous ouvre encore plus d’opportunités, et la possibilité d’imaginer de nouveaux projets pour notre structure. Je profite de cet article pour remercier Mmes Nelda Puccioni et Nicole Mahler, ainsi que M. Juan Garcia pour le travail précieux effectué en amont, et pour leur étroite collaboration jusqu’à aujourd’hui. Frédéric Mino Responsable pédagogique classes intégrées du Bosson page 4 La mentalisation et le travail en CMP ados Dans le contexte de la mise en place d’un programme de soins basé sur la mentalisation à l’Office médicopédagogique (OMP), un groupe de thérapeutes formés à cette approche s’est proposé de réfléchir à son application dans certains CMP, l’objectif étant d’étayer le travail des enseignants et des éducateurs dans ces institutions. Nous résumons ici les principaux éléments de cette expérience menée lors des deux dernières années scolaires dans deux CMP pour adolescents, le CMP Dumas et le CMP des Voirons. Pourquoi s’intéresser à la mentalisation dans un CMP pour adolescents ? L’expérience nous montre que ces adolescents présentent souvent une discontinuité dans leur représentation d’eux-mêmes, fonctionnent avec des défenses précaires (notamment le recours fréquent à l’agir) et avec une défaillance partielle de l’épreuve de réalité. L’approche thérapeutique basée sur la mentalisation a été développée dans le but de donner des éléments de compréhension, ainsi que des outils d’intervention auprès de personnes présentant ce type de fonctionnement. Les éducateurs et enseignants des CMP possèdent, de par leurs expériences et formations spécifiques, un riche savoir-faire leur permettant de travailler avec cette population. Néanmoins, ils sont confrontés au quotidien à des difficultés majeures dans leurs interactions avec les adolescents. En effet, le travail en CMP met constamment en évidence les difficultés relationnelles, souvent motivées par une gestion défaillante des états émotionnels. Les mésententes, les décalages dans la communication, les malentendus, les inférences sur les états affectifs de l’autre, etc., rendent le travail parfois très périlleux, voire impossible. Ces difficultés dans la construction d’une dynamique de travail basée sur le lien peuvent être comprises comme des conséquences d’une mentalisation entravée. La littérature sur la mentalisation montre que l’échec de celle-ci est directement lié à une surcharge émotionnelle, provoquant un dysfonctionnement dans la gestion de l’interaction avec autrui. L’idée d’introduire cette réflexion, ainsi que des techniques d’intervention, a pour but de mettre à disposition des équipes de nouveaux outils de travail. Ce que nous avons mis en place Chaque CMP a développé cette approche au sein des activités quotidiennes, en s’appropriant les techniques en accord avec leurs intérêts et sensibilités respectives. Son utilisation a été perçue comme un outil complémentaire, qui ne remettait pas en question les pratiques habituelles, RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique mais au contraire, les enrichissait par un éclairage différent. D’un point de vue plus pratique, lorsque une intervention est nécessaire auprès d’un adolescent submergé par une surcharge émotionnelle très forte non contenue et s’exprimant parfois jusqu’à des passages à l’acte, cette approche amène l’enseignant ou l’éducateur à être plus conscient des différentes dimensions de l’interaction conflictuelle ainsi que des étapes amenant à la mentalisation. Il peut mettre alors en place des stratégies en phase avec celles-ci pour une meilleure gestion de la crise, tout en amenant le jeune à une progressive compréhension de l’interaction entre ses affects et les événements déclencheurs. Le rôle des responsables thérapeutiques a été principalement d’étayer cette réflexion pendant les synthèses, mais aussi dans les interactions individuelles auprès des élèves et de leurs familles, se concentrant sur les interactions problématiques, afin de décortiquer celles-ci en séquences et pouvoir mieux les analyser. Le but est d’amener une réflexion autour des processus de mentalisation, ainsi que de l’échec de celle-ci. Autrement dit, pouvoir se décentrer pour se voir de l’extérieur ou accéder à un regard différent avec une nouvelle « mise en perspective ». Pour créer des synergies entre nos CMP, nous avons mis en place des rencontres inter-équipes de manière trimestrielle, afin de partager ces expériences et d’enrichir ainsi notre pratique. Conclusions et suites L’expérience dans les deux CMP, bien qu’étant encore à ses débuts, reste dans l’ensemble fort positive. La mentalisation est sans aucun doute une approche intéressante pour améliorer les conditions dans lesquelles les jeunes se développent, en apportant des outils complémentaires dans le travail sur le terrain. Nous poursuivons donc cette expérience durant l’année scolaire 2014-2015, ayant comme objectif supplémentaire d’améliorer la formation théorique des équipes. Les responsables thérapeutiques et pédagogiques des CMP Dumas et des Voirons : Bertrand Auckenthaler Pablo Cascone Philippe Landolt Philippe Thomas page 5 La vie des institutions Semaine du goût et activité « cuisine » au CMP de la Pralée « Fines herbes pour fines bouches », tel est le titre du thème de la semaine du goût 2014 (du 18 au 28 septembre) au CMP de la Pralée. Comme chaque année depuis 10 ans le CMP de la Pralée participe et s’inscrit à cet événement national : « La Semaine du Goût », www.gout.ch. La confection des repas de midi, en tant que projet pédagogique dans notre centre, a toujours été une activité très investie, les éducateurs prenant généralement en charge cette activité avec un ou deux enfants. Chaque année, lors de la semaine du goût, toute l’institution est impliquée. Les enseignantes s’engagent elles aussi à la préparation d’un repas. Pendant les dix jours que dure cet évènement, le thème choisi pour la semaine du goût est abordé dès le matin, des dégustations sont proposées, des petits jeux ou des questionnaires sont parfois organisés. Le repas de midi est préparé avec soin, avec bien sûr la mise en avant du thème. Cette année quelques herbes aromatiques ont été plantées dans le jardin à côté de la cuisine et seront utilisées dans la confection régulière des repas. Il nous est arrivé également d’organiser des petits déjeuners. Les menus, ainsi que les recettes de certains plats sont ensuite distribués aux enfants et à leurs familles. Lors de cette semaine particulière nous essayons, dans la mesure du possible, d’ouvrir nos portes et d’inviter également différentes personnes que nous côtoyons: personnes de la direction de l’OMP, collaborateurs de la Mairie d’Onex en lien avec les écoles, groupes d’enfants d’autres CMP avec qui nous avons des liens. Voici quelques exemples de thèmes choisis ces dernières années : - Cuisines autour du monde (favorisant les origines des enfants de la Pralée) - Cuisine végétarienne - Le chocolat (également dans les plats salés) - La pomme (également dans les plats salés) - La pomme de terre et ses diverses préparations - Les menus selon les couleurs (menus entiers en orange, violet, blanc,…) - Cuisine traditionnelle suisse - Cuisine à manger avec les doigts (repas africains, mexicains, du Maghreb…) La cuisine est un lieu important et souvent central dans une maison, il y fait plus doux, et des odeurs alléchantes RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique s’en échappent régulièrement. Les aliments cuisinés sur place ont la capacité de séduire et de rassurer les enfants. Les plats cuisinés perdent de leur « étrangeté » : ce qui est préparé à l’intérieur des murs est plus acceptable, moins nocif et dangereux que ce qui vient de l’extérieur, de « l’étranger ». De plus le repas est préparé par des personnes, enfants et adultes connus, en qui les enfants ont en principe confiance. Un autre pan de cette activité est le travail pédagogique qui peut être accompli : rédaction de la liste des courses, calcul des quantités, courses au magasin, recherches sur internet ou dans les livres de recettes, confection du repas, utilisation des ustensiles et appareils électroménagers, etc. Tout aussi important est le lien à la réalité. En effet, il s’agit d’un atelier où, quoi qu’il arrive, les tâches doivent être accomplies jusqu’au bout ! Le travail effectué l’est pour soi mais aussi pour la communauté. De plus, il faut respecter l’horaire, le repas de midi en dépend. L’autre jour, alors que nous étions affairés en cuisine, un enfant a fait la remarque suivante : « on dirait qu’on est des vrais cuisiniers ». Il a été impressionné de s’entendre dire que nous ne faisions pas semblant mais, qu’effectivement, ce jour-là nous étions de vrais pros ! Comme s’il s’était imaginé jusque-là être en train de jouer ou de faire semblant... Manger est non seulement une nécessité mais aussi un acte social. C’est un moment où l’on partage un espace défini, la parole et la nourriture. Par ailleurs, le mot copain évoque parfaitement ce rite : le pain que l’on partage, com-pain. Depuis toujours, les repas contiennent une valeur symbolique : les repas d’offrandes et religieux, d’affaires, de fêtes. Toutes les civilisations accordent une importance au fait de manger et de boire et célèbrent les évènements importants par des repas particuliers. Par ailleurs, la cuisine est le seuil le plus accessible d’une culture, favorisant un éventuel rapprochement des peuples ou en tout cas une meilleure connaissance. A la Pralée, nous essayons d’instaurer certaines valeurs liées au moment des repas. Pour marquer les différentes périodes de l’année et aider ainsi les enfants à avoir des repères dans le temps, nous avons créé – ou recréé – certaines traditions. Des repas importants viennent ponctuer l’année, tels les repas de fêtes de Noël, de Pâques, de fin d’année scolaire. Les menus de ces repas sont plus élaborés, les décorations de table sont soignées, des invitations sont envoyées page 6 aux convives par la poste, et une seule et unique table est dressée. Parfois, nous chantons spontanément avant le repas, moment solennel signifiant le début du repas. Nous pouvons aussi, par exemple, proposer un repas de Nouvel An Chinois en février, où le maniement des baguettes est apprécié par les enfants asiatiques et leurs camarades. Le temps passé à table doit permettre à chacun non seulement de manger un bon repas mais également de passer un moment dans l’échange et le respect. Nous tenons beaucoup aux règles de politesse liées aux savoir-vivre à table. Les enfants sont priés d’attendre que tous soient servis à leur table avant de commencer, de demander poliment et de remercier, de goûter à tous les aliments, de partager avec les autres ainsi que de participer au débarras et au nettoyage de la table. En principe, d’eux-mêmes, ils ont pris l’habitude de remercier « les cuisiniers » du jour. Un moment très fort, car cela valorise l’enfant ou les enfants ayant confectionné le repas. Cette participation à la Semaine du Goût, ainsi que la confection régulière des repas s’inscrit dans un processus à long terme, créant une histoire commune, une tradition « praléenne ». En effet, les enfants se rappellent des événements culinaires passés, des repas particuliers confectionnés pour certaines occasions et certaines recettes ou certains repas deviennent des incontournables ! Lors du repas, les critiques, en général positives, que font les enfants et les adultes ayant goûté aux plats, encouragent et complimentent les cuisiniers en herbe. Rien de mieux pour leur estime de soi ! Certains voudraient même y donner des notes ou des étoiles… Certes, cela demande un effort de la part de tous les acteurs ainsi qu’une mise en commun de nos valeurs personnelles. Mais le plaisir partagé est présent non seulement parmi les enfants, mais également auprès des adultes. Nous sommes conscients qu’il est impossible de changer les habitudes alimentaires suite à une seule expérience, mais, avec le temps, il est certain que cette démarche influence le goût des élèves, elle leur permet d’élargir leur horizon alimentaire et a également des répercussions dans leurs familles. Nous espérons aussi leur donner un esprit plus critique quant à leurs choix alimentaires présents ou futurs. Priscila Paccaud-Meyer Responsable pédagogique du CMP La Pralée L’atelier des saveurs du CMP de l’Arve Après avoir mis en place un atelier créatif, autour de la confection de bijoux, de bonnets, d’écharpes, fabriqués par les adolescents du centre de jour et présentés au public à de multiples reprises, j’ai décidé cette année de leur faire découvrir des expériences autour de la gastronomie. Ceci peut paraître prétentieux de parler en ces termes, avec des adolescents tellement attirés par la cuisine facile, dans une société où l’on peut tout acheter déjà préparé, sans trop savoir ce que l’on mange. J’avais déjà animé des ateliers « cuisine » et « pâtisserie », bien connus dans nos diverses structures, qui font le bonheur de beaucoup d’enfants et d’adolescents dont nous nous occupons. Je me suis rendu compte que ce qu’ils aimaient par-dessus tout, c’était de pouvoir déguster rapidement ce qu’ils faisaient, et ramener à la maison, pour certains, leur production. sont investies avec beaucoup d’énergie et de curiosité autour de nos premières productions et supportent étonnamment bien la frustration de ne pas pouvoir assouvir un plaisir immédiat. Notre première vente se fera lors du mercredi après-midi de formation de novembre. Vous pourrez y acheter des compotes de pommes stérilisées, des confitures à la pomme et aux coings, des brownies, des cookies, des pommes séchées, des flûtes au sel, au fromage et aux graines de sésame, tout cela confectionné avec des produits issus de l’agriculture biologique ! Nous avions l’intention de joindre également l’utile à l’agréable, en allant à la cueillette de bolets, mais malheureusement cet automne n’a pas été propice aux belles récoltes ! Partant de ces constatations et avec l’idée – un peu sadique… – de travailler la frustration, les projets à courts et moyens termes, j’ai tenté l’expérience de mettre sur pied un atelier cuisine où l’on confectionne des choses qui se conservent en vue de différentes ventes dont le bénéfice nous aidera à partir en camp. L’équipe de l’atelier des saveurs se réjouit de vous rencontrer et de vous faire découvrir ses productions diverses. J’ai été rapidement surprise par l’intérêt que cette activité a suscité auprès de deux jeunes filles du CMP. Elles se Aline Tagliabue Responsable pédagogique du CMP Arve RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique Il faudra attendre l’année prochaine pour de nouvelles surprises ! page 7 CMP intégré de Bois-Caran Un projet multimédias : L’histoire de Roméo et Juliette sinent. Cela permet aux élèves de se représenter la manière dont on prépare un tournage de film et d’imaginer leur histoire en images. Comme nous imaginons une histoire avec une trame ressemblant à un film de Charlot (noir et blanc et muet genre comique), nous prenons un moment à la fin de chaque séance pour visionner des films muets. En septembre 2013, le CMP de « Bois-Cartons » est en chantier, beaucoup de matériel se trouve encore dans les cartons de déménagement. L’équipe souhaite proposer aux quinze élèves une activité multi-facettes avec pour objectif de travailler sur l’image de soi, l’imagination, la capacité symbolique de se projeter dans un personnage, de « faire semblant », mais aussi stimuler la capacité de collaboration entre les jeunes tout en supportant que « son idée » ne soit pas forcément retenue ou soit modifiée. L’objectif de ceci est d’offrir une certaine culture cinématographique aux élèves (qui pour certains ignorent totalement l’existence du cinéma muet), mais aussi pour leur donner des exemples de jeux d’acteurs et pouvoir identifier les différentes manières de jouer les rôles du film (« l’amoureux », « le méchant », « la jalousie », « la colère » et surtout le concept d’une comédie). Parallèlement à ce travail, nous organisons un tournus entre les élèves pour intégrer un groupe d’écriture afin d’écrire l’histoire à partir de la trame et des phrases clés de départ. Cette activité d’écriture se concrétise en fin d’année par l’édition du livre illustré avec les images du « scénarimage ». Nous imaginons une activité n’ayant pas besoin de beaucoup de moyens pour débuter. Ce projet démarre par le mot « multimédia »… Qu’estce que ce mot bizarre ? Et nous avons «découvert» que « multi » veut dire « plusieurs » et « média » veut dire « moyen de diffusion ». Forts de notre découverte nous nous sommes mis à l’œuvre pour inventer une histoire commune. Au commencement, nous avons fait une liste de personnages possibles et de lieux. Certains élèves n’ayant pas la possibilité de s’exprimer oralement ont à disposition un tableau blanc afin de dessiner leurs idées et ainsi participer à l’élaboration de l’histoire avec l’étayage des adultes. Nous prenons soin de ne jamais décider à leur place ou imposer nos idées. Nous les accompagnons, les aidons à réfléchir, et les aiguillons dans la chronologie des événements, l’intrigue et le final. Au printemps 2014, nous commençons la phase de tournage. Nous faisons une séance d’essayage des costumes où enfin on peut imaginer concrètement les personnages de l’histoire. Puis nous effectuons « le douloureux » casting des rôles. En effet l’histoire de « Roméo et Juliette » est une histoire d’amour, et presque toutes les filles du CMP veulent incarner le rôle de la belle Juliette. Paradoxalement, les garçons ne se bousculent pas pour le rôle de Roméo. Finalement, nous trouvons la solution qui est de faire jouer plusieurs « Juliettes ». Nos « brainstormings » sont des moments d’agitation émotionnelle car on mime les scènes déjà écrites pour en trouver la suite, et parfois on dessine pour expliquer une situation. Une fois la trame de l’histoire écrite (en deux mois environ), nous plaçons les élèves dans la peau d’un caméraman. Nous faisons le « scénarimage ». En reprenant les scènes les unes après les autres, les élèves les desRÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique page 8 d’un tournage standard) afin qu’ils puissent suivre au mieux l’évolution du tournage par rapport à l’histoire. Nous n’avons pas intégré les élèves lors de la phase de montage du film, car en raison du temps et du matériel spécifique que cela demande, il n’a pas été possible de le faire au CMP durant les heures d’ouvertures. Pour conclure, et avec quelques mois de recul, nous faisons le constat que c’était une expérience très enrichissante pour les jeunes. Ils ont produit « une œuvre » qu’ils ont montrée fièrement à leurs parents, qui se sont laissé entraîner dans l’histoire et la comédie, mettant au second plan le fait que c’était leurs enfants qui jouaient. Cette activité laisse une trace particulière dans l’histoire de leur scolarité. Le tournage est un moment de grande concentration qui demande beaucoup de ressources de la part des élèves et de l’équipe. Il faut supporter l’attente, il faut supporter de refaire une prise de vue, il faut supporter le regard des autres, il faut supporter de regarder sa propre image, il faut supporter le mot « coupez » et tout arrêter sans poursuivre l’histoire. Cette aventure est tellement enrichissante que cette année nous recommençons, forts de notre expérience de l’année précédente, et nous nous relançons dans un projet de film encore plus ambitieux : une comédie musicale originale… Rendez-vous au mois de juin 2015. D’un point de vue technique, il faut être très organisé et avoir en tête le programme de tournage de l’après-midi, car les élèves ont pour la plupart des difficultés d’attention et l’on doit être « prêts » au bon moment. Le jeu scénique, la présence des acteurs priment sur la technique. Si ces quelques lignes vous ont donné envie de monter un projet similaire dans votre lieu, nous avons des livres et des DVD que nous pouvons vous prêter, et nous sommes à votre disposition pour partager notre expérience et vous aider. Nous avons fait attention à tourner le film de manière la plus chronologique possible (ce qui n’est pas le cas lors Olivier Hochstaetter, Responsable pédagogique et toute l’équipe du CMP de Bois-Caran Les collaborateurs (cette rubrique paraîtra dans l’édition de janvier avec les informations sur les arrivées, départs, nouvelles responsabilités, naissances survenues dans l’intervalle) Annonces de conférences Lundi 24 novembre CMU, Auditoire A250 dans le cadre des conférences d’actualisation, thème de cette année « La pensée psychanalytique de la crise » J René Roussillon, « La crise et la vulnérabilité traumatique » Je Information pratique Site intranet OMP : identifiant : dip-omp mot de passe : 2012-omp RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE Département de l’instruction publique, de la culture et du sport Office Médico-Pédagogique page 9