Atelier d`histoire d`Hochelaga-Maisonneuve
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Atelier d`histoire d`Hochelaga-Maisonneuve
Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve École Hochelaga 3349 rue Adam Montréal (Qué.), H1W 1Y2 Téléphone : (514) 596-5060 Télécopieur : (514) 596-3433 PRODUCTION Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve 2929, avenue Jeanne-d’Arc Montréal (Qué.) H1W 3W2 Téléphone : (514) 899-9979 Commission scolaire de Montréal 3737, rue Sherbrooke est Montréal (Qué.), H1X 3B3 Téléphone : (514) 596-6000 Dépôt légal : 2e trimestre 2006. Bibliothèque nationale du Québec. ISBN : 2-89191-040-0 Graphisme et impression : Valna Cartes : R. Cadotte et Valna © Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve Cet ouvrage, qui retrace les grandes étapes qui ont jalonné l’histoire de l’école Hochelaga, est le fruit de recherches rigoureuses et patientes. Ce livre témoigne de la richesse de la vie de notre quartier et de l’importance de la mission éducative qu’assument depuis la fondation en 1923 les membres du personnel et de la direction. C’est un bel hommage à tous ceux et celles, ici et ailleurs au Québec qui, au cours de l’histoire de notre peuple ont consacré leur vie à l’éducation et qui ont transmis les valeurs auxquelles nous sommes si attachées. Bonne lecture, LOUISE HAREL Députée de Hochelaga-Maisonneuve Chef de l’opposition officielle L’équipe du projet Cet historique de l’école Hochelaga fait partie du projet “Histoire des écoles d’HochelagaMaisonneuve”. Ce projet initié par Robert Cadotte et Colette Noël a permis la publication en 2001 du premier tome de la série, celui de l’école Notre-Dame-de- l’Assomption et l’avancée de la recherche sur l’histoire de six autres écoles primaires du quartier. Le projet a également permis de recueillir et de digitaliser des centaines de documents historiques. Une importante banque de photos de diverses époques a été sauvegardée et rendue disponible sur le site Internet de la Commission scolaire de Montréal. À l’automne 2005, un nouveau comité de coordination a pris la relève pour mener à bien la parution de quatre nouvelles monographies, celles des écoles Baril, Hochelaga, St-Émile et Ste-Jeanne-d’Arc. Comité de coordination de l’édition Lise Bastien, directrice du Regroupement 5 de la CSDM Julie Belhumeur, directrice de l’école Hochelaga Réjean Charbonneau, président de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve MariFrance Charette, responsable du projet Luc Corbeil, directeur de l’école Ste-Jeanne-d’Arc Daniel Duranleau, commissaire scolaire d’Hochelaga-Maisonneuve, quartier 13 Guy Giguère, Communications CSDM Paul Labonne, directeur de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve L’auteur Directeur de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, Paul Labonne est détenteur de deux maîtrises, en histoire et en muséologie. Il a organisé de nombreuses expositions, notamment sur les bains publics de Montréal, sur l’œuvre de l’artiste Guido Nincheri et sur l’ancien Premier ministre du Québec Paul Sauvé. Il a été directeur du Musée de Saint-Eustache et de ses Patriotes de 2001 à 2004 et co-gestionnaire de La Prison des Patriotes à Montréal. Recherche (ordre alphabétique) Annie Beauchemin Bruno Boisvert Joanne Burgess Robert Cadotte MariFrance Charrette Paul Labonne Colette Noël Collaboration Alain Beauchamp, responsable des archives de la CSDM Julie Belhumeur, directrice de l’école Hochelaga Monique Desmarais, enseignante à la retraite René Paul, représentant, achats directs, approvisionnement gazier, Gaz Métro Louise Piquette-Brodeur, ex-présidente du comité-d’école Lucille Potvin, archiviste des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie La publication de ce quatrième tome a été rendue possible grâce au soutien financier de la députée d’Hochelaga-Maisonneuve, Mme Louise Harel, et du Regroupement 5 de la CSDM. TABLE DES MATIÈRES Les écoles du quartier Hochelaga-Maisonneuve et leur siècle L’École, le quartier et le siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Chapitre 1 Le quartier Hochelaga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 - Hochelaga, une ville industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 - L’environnement immédiat de l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 - Le logement ouvrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 Chapitre 2 L’école Stadacona (1928-1957) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 - Des terrains peu propices à la construction d’une école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 - Le choix de l’architecte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 - Les entrepreneurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 - L’analyse architecturale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 - Origine du nom de l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 Chapitre 3 Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, une longue présence dans Hochelaga . . . . . . .17 - Les années 1920. De l’ouverture des classes à l’école supérieure des jeunes filles . . . . . .19 - Le drame du Laurier-Palace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19 - Les années 1930. L’école Stadacona s’agrandit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20 - La guerre aux trous d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 - Les années 1940, l’école et l’avenir des femmes Enseignement ménager, vocations religieuses et préparation au marché du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 - L’enseignement ménager . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 - La vocation religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 - La préparation des jeunes filles au marché du travail, la classe commerciale bilingue . . .24 - L’enseignement comme planche de salut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24 - Chroniques du temps qui passe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24 - Les années 1950. Projet d’aménagement d’une salle de récréation et installation d’un laboratoire de physique et de chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26 Chapitre 4 L’école Stadacona devient l’école Marie, Reine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 - La construction d’une résidence pour les Sœurs SNJM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 - L’ajout de nouvelles classes et la construction du gymnase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 - Entretien avec Monique Desmarais, enseignante à la retraite. Première partie . . . . . . . .31 Chapitre 5 Les années 1960-2000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35 - L’ébullition de la Révolution tranquille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35 - Les Sœurs SNJM, toujours de fidèles collaboratrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35 - Les années 1970. Les menaces de fermeture et le départ des Sœurs SNJM . . . . . . . . . .37 - Les années 1980. L’école Adélard-Langevin déménage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39 - Le grand dérangement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41 - Entretiens avec Monique Desmarais. Deuxième partie Le déménagement à l’école Hochelaga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41 - Un directeur bien aimé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43 - Les enseignants originaires du quartier, un rôle important à jouer . . . . . . . . . . . . . . . . .44 - L’Opération Renouveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 - Les années 1990 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47 - Le parrainage avec Gaz-Métro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53 - Les années 2000. Vive le sport ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56 Chapitre 6 Entretien avec Mme Julie Belhumeur, directrice de l’école Hochelaga . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57 Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60 L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE. Échelle historique depuis la création de la ville d’Hochelaga et de la Cité de Maisonneuve Date Le Québec 1883-99 Hochelaga-Maisonneuve Éducation : Le Québec et Montréal 1883 Création de la Ville d’Hochelaga et annexion à Montréal 1883 Création de la Cité de Maisonneuve 1884 Fondation de La Presse 1885 Loi des manufactures : 60 heures de travail par semaine maximum pour les enfants. 1885 50 000 personnes manifestent contre la pendaison de Louis-Riel 1887 La St-Lawrence Sugar est la première usine à s’installer à Maisonneuve 1889 Disparition du péage entre Maisonneuve et Montréal 1894 Naissance de La Bolduc à Newport 1888 Le Comité catholique établit le premier véritable programme scolaire 1889 Samuel Labry (10 ans) gagne 1,50$ pour 74 heures dans une manufacture de tabac 1897 Les députés créent un Ministère de l’instruction publique, bloqué immédiatement par le Conseil législatif. J.E. Robidoux fut ministre de l’instruction publique pendant 36 heures. 1899 Première coupe Stanley 1900-14 1901 Première Caisse populaire Desjardins 1906 Premier cinéma de Montréal, le Ouimetoscope 1907 Mgr Bruchési excommunie le créateur du Ouimetoscope 1910 Fondation du Devoir 1914-18 La grande guerre 1914 Naufrage de l’Empress of Ireland près de Rimouski 1903 Début des usines Angus 1904 Une 7e année suffit pour obtenir 1904 Élection du 1er député canadien un brevet d’enseignement du Parti Ouvrier 1906 Ouverture de l’Église St-Nom-deJésus 1908 Grève des usines Angus 1910 Abolition des frais de scolarité à la 1910 Le maire Michaud et les frères CECM, sous la pression des laïcs Dufresne décident d’entreprendre des travaux prestigieux dans Maisonneuve, 5e ville indutrielle du Canada 1912 Construction de l’hôtel de ville de Maisonneuve 1914 Ouverture du Marché Maisonneuve 1917 Le Québec se révolte contre la conscription 1918 Annexion de Maisonneuve à Montréal. Construction de la résidence Dufresne 2 1914 La première école maternelle publique au Québec, l’École Gédéon-Ouimet (CÉCM), ouvre ses portes. 1917 Loi fusionnant 23 commissions scolaires avec la CÉCM (160 écoles et 75 000 élèves) L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE Les écoles de quartier Sciences et environnement Les écoles en italique sont disparues. Celles en gris sont actuellement 1883 L’ornithologue Charles-Eusèbe Dionne publie « Les oiseaux utilisées comme écoles. Les autres ont été recyclées et ne sont plus du Canada » utilisés comme écoles. 1860 Couvent Hochelage 1868 École Maisonneuve (protestante) 1886 Début de l’éclairage des rues à l’électricité à Montréal 1876 École St-Joseph 1885 Collège commercial St-Joseph 1887 Mont-de-la-Salle (noviciat et juvenat des Frères des écoles chrétiennes) 1892 Les tramways à chevaux sont remplacés par des tramways 1890 Hochelaga Protestant School électriques 1893 Le Collège commercial prend le nom d’Académie St-Joseph (voir note 1, page 7) 1895 Découverte des rayons X 1894 École de la Providence. Hospice de la providence 1896 Découverte de la radioactivité (Jardin d’enfance) (voir note 2, page 7) 1898 École Maisonneuve (garçons catholiques) 1898 Première automobile construite à Montréal, début de la pollution automobile! 1900 École de Viauville. Fermeture de l’École de la Providence 1900 Premier incinérateur urbain, à Berlin (voir Note 3, page 7) 1902 Hospice Bourget (Jardin d’enfance) (Voir Note 4, page 7), Couvent St-Émile. Fermeture de l’École de Viauville. 1905 Einstein énonce la théorie de la relativité restreinte 1906 Écoles St-Paul-de-Viauville et St-Nom-de-Jésus (filles) (voir Note 5, page 7) 1907 École de la Nativité. 17 morts dans l’incendie de la Hochelage Protestant School. 1908 Reconstruction de la Hochelaga Protestant School rebaptisée 1908 Baekeland invente la première sorte de plastique Sarah Maxwell Memorial School 1909 École La-Salle. Agrandissement de l’Académie St-Joseph (voir Note 6, page 7) 1910 Premier vol d’avion au-dessus de Montréal 1911 École Baril 1911 Académie La-Salle 1913 École Ste-Jeanne-d’Arc. Construction et incendie de l’École St-Clément. 1914 Incendie de l’Académie La-Salle 1914 École St-Clément. Reconstruction 1915 Académie Laurier 1915 Utilisation pour la première fois de gaz asphyxiants lors d’une guerre 1917 Académie de St-Nom-de-Marie 1918 École St-Jean-Baptiste-de-La-Salle 3 L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE Date Le Québec Hochelaga-Maisonneuve Éducation : Le Québec et Montréal 1927 Incendie du Laurier Palace : 78 enfants périssent 1928 Construction du théâtre Granada 1919 Fondation de l’Alliance catholique des professeurs de Montréal 1923 Nouveau programme québécois. L’école éléme1 1925 La Région-Ouest de la CÉCM adopte un règlement qui autorise le congédiement de toute institutrice qui se marie. 1918-29 1921 Fondation de la CTCC (ancêtre de la CSN) 1929-39 1929 Krach de la Bourse de New York 1936 L’Union nationale de Maurice La crise Duplessis prend le pouvoir pour la économique 1ère fois 1937 Loi du Cadenas 1938 Le Dr Bethume part travailler en Chine 1939-45 1942 Crise de la conscription La 2e 1944 Maurice Duplessis reprend le guerre pouvoir mondiale 1945-60 1948 Adoption du drapeau québécois La grande 1949 Grève d’Asbestos et Manifeste du Refus global noirceur : Maurice Duplessis 1954 Québec établit l’impôt provincial 1936 Aménagement du Jardin botanique 1930-35 Les salaires des enseignants sont réduits, certains de 30 % 1935 Laure Gaudreault fonde un syndicat pour les enseignantes rurales catholiques. 1943 Loi du gouvernement Godbout obligeant les enfants à fréquenter l’école de 6 ans à 14 ans. 1946 La loi « pour assurer le progrès en éducation » interdit la négociation collective des enseignants. 1949 Grève de l’Alliance des professeurs de Montréal 1953 Fermeture de la Dominion Textile 1952 Première émission québécoise de (ex-usine Victor-Hudon; en 1883, télévision pour enfants (Pépinot et cette dernière était la plus Capucine) importante filature de coton du 1955 Création de l’Ecole Noël, première Canada) école active et alternative (Freinet) au Québec La population du quartier atteint un sommet, plus de 80 000 habitants. 1960-76 1960 Élection du Parti libéral du Québec 1967 Expo 67 La révolution 1968 Contestation étudiante à travers le monde et au Québec. Pierre-Elliot tranquille Trudeau devient Premier ministre 1970 Démolition de 1200 logements du Canada pour faire place à une autoroute 1970 Crise d’Octobre 1971 Conflit de 7 mois à La Presse 1972 Emprisonnement des trois chefs 1972 Fondation des CLSC syndicaux 1976 Jeux olympiques de Montréal 1976 Inauguration du Stade Olympique 4 1964 Création du Ministère de l’éducation 1965 Obtention du droit de grève des enseignants. 1967 Loi 25 forçant le retour au travail des enseignants 1970 Première femme présidente de la CÉCM, Thérèse Lavoie-Roux. Début de l’Opération Renouveau 1972 Création du Conseil scolaire de l’Île de Montréal. La loi reconnait les comités d’école et de parents. 1973 Première élection scolaire à Montréal 1974 Fondation de la CEQ 1975 Parution du Manuel du 1er Mai L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE Les écoles de quartier Sciences et environnement 1920 Fermeture de l’École Maisonneuve construite en 1868 1919 XWA-Montréal est la première station de radio au monde à 1920 École Maisonneuve (protestante) diffuser selon un horaire quotidien 1921 Utilisation de l’Hôtel de ville de Maisonneuve comme annexe de St-Nom-de-Jésus 1922 École St-Aloysius 1923 Fondation de l’Association canadienne-française pour 1923 École Stadacona l’avancement des sciences (ACFAS) 1925 Démolition du Mont-de-La-Salle 1928 Début de l’utilisation des aéroplanes pour répandre des 1927 L’École St-Joseph devient l’École Hudon insecticides dans les forêts. 1929 École Chomedey-de-Maisonneuve 1931 Fondation des Cercles des jeunes naturalistes 1931 L’Académie St-Joseph devient l’École Adélard-Langevin. (Voir Note 7, page 7) L’École Ste-Jeanne-d’Arc devient l’École de la Dauversière. 1934 Zworykin invente l’iconoscope (télévision) L’Académie Laurier devient l’École Ste-Jeanne-d’Arc. L’École Hudon devient l’École Hyacinthe-Hudon. 1932 École Louis-Jolliet 1935 Marie-Victorin publie « La flore laurentienne » 1941 Vannevar Bush crée le premier calculateur analogique complet (ordinateur) 1944 Création d’Hydro-Québec 1945 Les États-Unis font sauter 2 bombes atomiques sur le Japon 1949 École des Métiers de l’est 1951 L’École Sarah Maxwell devient l’École Melvina-Marchand 1955 L’École Théodore-viau (École St-Clément No.2) 1955 L’École Louis-Jolliet devient l’École Notre-Dame-deL’Assomption 1956 École St-Barnabé-Apôtre 1957 L’École Stadacona devient l’École Marie-Reine 1958 École primaire St-Émile 1959 L’École de-la-Dauversière devient l’École St-Mathias-Apôtre 1952 Début de la télévision à Montréal 1952 Un smog fait 4 000 morts à Londres 1956 L’Angleterre adopte une loi anti-pollution 1961 L’École Eulalie-Durocher. L’École St-Théodore (Annexe Ste-Jeanne-d’Arc) 1962 École St-Émile Secondaire 1968 École Rouen-Desjardins (location à l’entreprise privée) 1963 Nationalisation de la plupart des barrages hydro-électriques privés du Québec 1967 Première marée noire due au naufrage du Torrey Canyon 1968 Inauguration du barrage Manic 5 1970 L’École St-Aloysius devient l’école St-Nom-de-Jésus (garçons) 1970 Démolition des écoles Hyacinthe-Hudon et de la Nativité. L’Hospice de la Providence devient l’École St-Aloysius. 1971 Démolition du Couvent Hochelaga 1973 Projet de construction de la Polyvalente Hochelaga, abandonné suite aux pressions populaires 1972 Création du programme des Nations Unies pour l’environnement 1974 L’Académie du St-Nom-de-Marie devient le Centre Baril 1974 Fermeture de l’École (Couvent) Ste-Émilie 5 L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE Date Le Québec 19761976 Élection du parti québécois 2000 1978 Loi du zonage agricole visant à protéger les terres fertiles du Le débat Québec sur 1979 Loi de la santé et de la sécurité au l’indépen travail dance 1980 Référendum sur l’indépendance déclenché par René Lévesque 1982 Rapatriement de la Constitution canadienne par P.E. Trudeau 1986 Première ville nord-américaine déclarée patrimoine mondial de l’UNESCO 1988 Mort de Félix Leclerc 1990 Fondation du Bloc Québécois suite à l’échec de l’Accord du lac Meech 1995 Deuxième référendum déclenché par Jacques Parizeau 1998 Le grand verglas 2000 La Fédération des femmes du Québec organise la Marche mondiale des femmes. Le « bug » de l’an 2000 n’a pas lieu! Hochelaga-Maisonneuve 1978 Fondation de l’Atelier d’histoire Hochelaga-Maisonneuve Éducation : Le Québec et Montréal 1977 La loi 101. Les immigrants doivent dorénavant fréquenter l’école française 1979 Loi sur la protection de la jeunesse 1980 Début de l’émission Passe-Partout 1982 Le gouvernement réduit de 20% le salaire des enseignants 1992 Inauguration du Biodôme 1993 Audiences publiques pour relocaliser le CLSC. Campagne de financement de l’Atelier d’histoire pour les orgues de St-Nom-de-Jésus. 1999 Fin de la restauration des orgues de St-Nom-de-Jésus. L’Atelier d’histoire aménage au Château Dufresne. 6 1988 La scolarité obligatoire est prolongée jusqu’à 16 ans. 1989 Tragédie de l’école Polytechnique. 1998 Début des commissions scolaires linguistiques. 2000 Réforme de l’éducation L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE Les écoles de quartier Sciences et environnement 1978 Fermeture des écoles Rouen-Desjardins, Melvina-Marchand, StPaul de Viauville et St-Aloysius. 1979 Annexe de l’école des Métiers de l’automobile (voir note 8, page 7). L’École Théodore-Viau est louée à la garderie La Ruche. Le pavillon d’éducation communautaire et la Garderie Le jardin charmant aménagent dans l’ancienne école St-Aloysius 1980 Fermeture de l’École St-Mathias. 1981 Démolition de l’ancienne école Maisonneuve/St-Jean-de-Jésus. Fermeture de l’École Adélard-Langevin. 1981 L’École Marie-Reine devient l’École Hochelaga. Le centre Baril devient l’École Irénée-Lussier. 1983 Démolition de l’école Melvina-Marchand 1984 Fermeture de l’École St-Théodore (Annexe Ste-Jeanne-d’Arc) 1988 Fermeture de l’École secondaire St-Émile et déménagement dans ses locaux de l’École Ste-Jeanne-d’Arc 1989 Fermeture de l’École des Métiers de l’est. 1990 L’École St-Barnabé devient l’École Charles-Bruneau 1991 Accès-Est aménage dans l’édifice du Carrefour Jeunesse 1992 Fermeture de l’École Charles-Bruneau 1993 Opération « Des parcs pour la paix » 1996 Publication d’un bilan de quartier en éducation (Quartier en santé H.-M.). Opération « Un quartier, une fierté ». 1997 Accès-Est déménage à l’extérieur du quartier 1998 Opération « Je découvre mon quartier » 2000 L’École St-Théodore devient un centre d’éducation des adultes (Centre Hochelaga-Maisonneuve) 1977 Rapport de Tbilissi sur l’éducation à l’environnement 1979 Catastrophe nucléaire de Three Miles Island (USA). Création du Ministère de l’environnement du Québec 1980 René Pomerleau publie la « Flore des champignons du Québec » 1984 Catastrophe écologique du Bhopal (Inde) 1986 Explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl 1987 Inauguration de l’usine d’épuration de la CUM 1988 Rapport Brundtland 1990 Incendie de pneux à St-Amable. La CEQ publie le cahier pédagogique « Ensemble récupérons notre planète ». 1992 Sommet de la terre à Rio. 1995 Publication de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec 1999 Richard Desjardins lance le film, « L’erreur boréale ». Notes explicatives 1. La date du changement de nom est incertaine. Elle a été déduite par le Père Marcel Laflamme à partir d’une analyse des chroniques des religieux de Ste-Croix. 2. La date d’ouverture de l’Hospice de la Providence qui abritait un jardin d’enfance est incertaine. Cette date correspond peut-être à l’ouverture de l’École de la Providence qui était juste à côté de l’actuel pavillon d’éducation communautaire. 3. La date de fermeture de l’École de la Providence est incertaine. Nous savons que l’école existait toujours en 1900. Peut-être cependant n’a-t-elle été fermée qu’en 1906, lors de l’inauguration de l’École St-Nom-de-Jésus (filles). 4. L’Hospice Bourget n’a abrité un jardin d’enfance qu’à partir de 1916. 5. L’École St-Nom-de-Jésus (filles) a été construite à côté de l’École Maisonneuve (catholique). 6. L’École La-Salle a été construite à l’arrière de l’École Maisonneuve (catholique), sur la rue De-la-Salle. Nous ne connaissons pas les dates d’ouverture et de fermeture de cette école mais nous savons qu’elle existait en 1909. 7. Au moment où l’école Adélard-Langevin a reçu son nom, en 1931, l’école comptait deux bâtiments. Le premier a été construit en 1885. Il portait alors le nom de Collège commercial St-Joseph ou Collège commercial des religieux de Ste-Croix. En 1893, le collège change de nom pour celui d’Académie St-Joseph. En 1909, on procède à un agrandissement. En 1942, on refait en briques la façade du vieux bâtiment, ce qui lui fait perdre son aspect original pour ressembler au nouveau bâtiment. 8. Nous ne connaissons pas les dates d’ouverture et de fermeture de l’annexe de l’École des métiers de l’automobile. 7 CHAPITRE 1 LE QUARTIER HOCHELAGA La filature de coton Victor-Hudon aux abords du quai Dézéry en 1874. Bibliothèque et archives nationales du Québec, collection Massicotte. La filature de coton Sainte-Anne en 1905. Bibliothèque et archives nationales du Québec. Employés de la Dominion Textile, section Hochelaga, en novembre 1932. Collection Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, don de Mme G. Meloche et M. Antonio Bériault. 8 CHAPITRE 1 LE QUARTIER HOCHELAGA CHAPITRE 1 LE QUARTIER HOCHELAGA bois)2. La municipalité bénéficie aussi d’une nouvelle ligne de chemin de fer dont la gare Hochelaga est inaugurée en octobre 1880 en présence du Premier ministre du Canada, John A. MacDonald (la gare Moreau, située à l’angle des rues Sainte-Catherine et Marlborough, aujourd’hui la rue Alphonse D.-Roy, la remplacera). Cette ligne de chemin de fer est le point de départ de la ligne du « petit train du Nord », érigée à l’initiative du curé Labelle qui souhaite ouvrir les Laurentides à la colonisation. Elle est la propriété de la compagnie Quebec, Montreal, Ottawa & Occidental et sera intégrée plus tard au réseau du Canadien Pacifique. Hochelaga, une ville industrielle La ville de Montréal a connu deux vagues d’industrialisation au XIXe siècle, soit dans les années 1820 autour du canal Lachine et dans les années 1870 dans le Sud-ouest, le Vieux-Montréal (notamment dans le faubourg des Récollets), le Centre-Sud et dans Hochelaga. Dans les années 1820, l’eau du canal sert de pouvoir hydraulique aux usines qui s’y établissent. Plusieurs d’entre elles fonctionnent également au charbon qui fournit la vapeur nécessaire au fonctionnement des turbines. Dans le dernier quart du siècle, les entreprises s’installent surtout le long du port de Montréal alors que le fleuve est creusé afin d’accommoder des navires de gros tonnage. Outre la poussée industrielle des décennies 1870-1880, Montréal est marquée par un autre phénomène, celui du mouvement d’annexion des petites municipalités de banlieue entre 1883 et 1918. Hochelaga ouvre le bal en s’annexant le 22 décembre 1883, neuf mois seulement après être devenue ville. Le maire d’Hochelaga, Raymond Préfontaine, convoque une assemblée des propriétaires fonciers à l’été 1883 et recommande l’annexion afin de répartir les coûts des travaux d’infrastructure (égout, aqueduc, pavage des rues, etc.) nécessaires à l’instauration d’une ville. Les propriétaires fonciers situés à l’est de la municipalité refusent l’annexion d’Hochelaga à Montréal et créent leur propre ville, Maisonneuve. Écrasée par une lourde dette, Maisonneuve finira elle aussi par être annexée à la métropole du Canada, en 1918. C’est dans ce contexte de forte industrialisation que d’importantes entreprises s’établissent dans la petite municipalité d’Hochelaga (incorporée en 1870), qui ne compte qu’un millier d’habitants en 1871 (1 061 selon le recensement). La venue des filatures de coton Victor Hudon (1874) et SainteAnne (1882) ainsi que la présence des ateliers de tramways Montreal City Passenger Railway font quadrupler la population en l’espace de dix ans qui passe de 4 111 habitants en 1881 à 8 540 en 18911. D’autres grandes entreprises s’ajoutent bientôt à la liste: la fabrique de tabac W.C. McDonald, la Compagnie des Abattoirs de l’Est, la Montreal Gas Co, l’Alpha Iron Works (matériel roulant), la Canadian Bridge and Iron Co, l’Alexander McArthur & Co. (papier de goudron) et la McLaren Manufacturing Co. (articles de 9 CHAPITRE 1 LE QUARTIER HOCHELAGA L’environnement immédiat de l’école Les fabriques paroissiales, la commission scolaire d’Hochelaga et la Commission scolaire des écoles catholiques de Montréal concentreront églises et écoles sur la rue Adam durant la première moitié du XXe siècle. Ainsi, dans Hochelaga seront érigées les églises Saint-Rédempteur et SaintMathias ainsi que les écoles Stadacona, Baril et Sarah-Maxwell (une école protestante nommée en l’honneur d’une ancienne directrice qui tenta de secourir des élèves lors d’un incendie survenu dans son école en 19073). Dans Maisonneuve, on bâtit les églises Très-Saint-Nom-de-Jésus, SaintBarnabé et Saint-Clément de Viauville de même que l’école Saint-Aloysius (une école pour les élèves irlandais à l’origine, devenue aujourd’hui Saint-Nom-de-Jésus) sur la rue Adam. L’école Stadacona est construite dans la partie la plus industrialisée d’Hochelaga, soit entre les usines textiles de la rue Notre-Dame à l’angle des rues Dézéry et Davidson, et la voie ferrée située à la hauteur de la rue Lafontaine (appelée Duquette ou de Beaujeu à l’époque). La gare de triage du Canadien Pacifique et sa rotonde (1881) se trouvent cinq rues à l’ouest ainsi que le bureau du fret où jadis les affréteurs percevaient les coûts d’expédition des marchandises envoyés par navire4 (édifice de briques rouge encore existant sur la rue Moreau, à l’angle de la rue Adam). Un observateur note en 1922 que les terrains de l’école sur la rue Lafontaine « sont très près de la ligne du C.N.R. (Canadian National Railway), sont très mal entourés et non recommandables pour des fins de logis ouvriers5 ». Cette compagnie « ne se gène pas de se servir de son chemin de passage, de la rue Moreau à la rue Valois comme d’une cour de fret où on fait la manœuvre des 10 (wagons) en barrant les rues transversales pendant des vingtaines de minutes. » Les Commissaires d’écoles d’Hochelaga demandent d’ailleurs en 1917 que des barrières soient installées aux passages à niveau sur les rues Darling, Davidson et de Chambly, « qui sont des passages très obscurs et dangereux pour notre population et principalement pour nos petits enfants qui fréquentent nos différentes écoles6». Le logement ouvrier À l’époque où l’école Stadacona est construite, les logements ouvriers en sont déjà à la deuxième génération. Les premiers logements (vers 1870) sont souvent bâtis à proximité de l’usine et sont en bois recouverts de briques. Ils sont construits sur le long plutôt qu’en profondeur et comptent deux étages, avec des escaliers intérieurs pour la plupart ; ils sont dépourvus de galerie et de balcon. On les érige à même le sol, sans cave ni fondation. Leur construction sur le long permet de dégager l’arrière du terrain où l’on érige des logements de fonds de cour. Des portes cochères sont souvent percées à même les logements en bordure de la rue pour donner accès à la cour. Ces logements sont souvent dépourvus de commodités aussi élémentaires que la toilette et l’eau chaude. La présence de bécosse (mot dérivé de « back house »), cabane en bois érigée à l’arrière du logis, compense en pareil cas. L’abbé Gouin qui se penchera sur la question du logement posera ce diagnostic en 1912 : « Trop étroits, mal ventilés, mal éclairés, c’est bien le triple défaut de nos habitations ouvrières, telles que les font l’ignorance ou la cupidité de ceux qui les construisent, l’ignorance ou l’incurie de ceux qui les occupent7. » CHAPITRE 1 LE QUARTIER HOCHELAGA Afin d’accommoder les familles ouvrières qui n’ont pas d’eau chaude ni de salle de bain, un bain public d’été en bois est construit en 1890 au parc Dézéry où se trouvaient déjà l’ancien hôtel de ville d’Hochelaga, un poste de pompiers et de police et un marché public. Ce bain sera démoli en 1906 pour être reconstruit sur la rue Sainte-Catherine à l’angle de la rue Marlborough8. On le détruira en 1957. Dès 1910, les constructeurs érigent, en plus des triplex, les fameux quintuplex à trois étages avec escaliers extérieurs préfabriqués en forme de colimaçon. Les façades sont en briques, plus rarement en pierre sauf dans le secteur Viauville9, et sont parées d’éléments ornementaux et architecturaux plus élaborés que les logements de la 11 première génération. Corniche terminée en pointe de diamant, présence de vitraux, galeries ajourées parent les logements ouvriers de cette époque. La crise économique de 1929 marquera la fin de la construction de ce type d’habitat. Notons qu’en 1881, la compagnie de moulins à coton Victor Hudon fait construire, à l’intention de ses ouvriers, 46 logements d’assez bonne qualité sur les rues Saint-Germain et Rouville (voir photo ci-bas). Ces maisons seront restaurées dans les années 1980 et 1990. Par ailleurs, avant la construction de ces logis, plusieurs ouvriers prennent d’assaut les anciennes casernes militaires situées à l’ouest de la rue Marlborough (rue Alphonse. D Roy, ), en en faisant de véritables cités ouvrières improvisées10. CHAPITRE 2 L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957) L’école Stadacona. Sans date. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Un laitier de la laiterie Perfection, en face de l’école Stadacona. Vers 1920. Collection de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, don de la famille Rocheleau. 12 CHAPITRE 2 L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957) CHAPITRE 2 L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957) Des terrains peu propices à la construction d’une école Au début des années 1920, les Commissaires d’école du district est de Montréal envisagent d’ériger une école sur la rue Stadacona, nom que portait autrefois la rue Adam dans le quartier Hochelaga. Les terrains que convoitent les commissaires sont compris dans le quadrilatère formé des rues Stadacona (Adam), Lafontaine (appelée aussi Beaujeu), Darling et Davidson ; ils appartiennent principalement à la succession Nolan Delisle qui les vend à la CECM au printemps 192211. Les deux évaluateurs chargés d’évaluer le prix des terrains mettent toutefois en garde les commissaires contre les problèmes d’abaissement et de salubrité des terrains. Le premier évaluateur, U. H. Dandurand, qui se vante d’avoir vendu plus de 3 000 terrains dans le quartier Hochelaga, écrit : Je tiens à attirer votre attention sur le fait que tous les lots de la propriété en question sont très bas, étant de 10 à 12 pieds audessous du niveau des dites quatre rues ; c’est probablement pour cette raison que cette propriété est restée vague jusqu’ici, étant presque inutilisable pour fins de constructions de logements ouvriers nécessitant des fondations très profondes et en conséquence très coûteuses, cependant pour fins industrielles elle serait plutôt avantageuse donnant des sous-sols tous creusés, mais naturellement pour la construction d’une école il serait nécessaire de remplir une certaine partie du terrain destinée au (sic) cours de récréations12… Quant au deuxième évaluateur, il confirme que les terrains ont une profondeur d’environ douze à trente-cinq pieds au-dessous du niveau de la rue et « font partie d’une ancienne fondrière (trou plein d’eau ou de boue dans un chemin défoncé13) remplie avec les détritus que le public y dépose, (et) constituent, par ce fait même, un fonds de terrain non recommandable et des plus dangereux aux fondations d’une construction, et la partie qui ne serait pas construite nécessiterait un remplissage très coûteux dépassant plusieurs fois la valeur même du terrain. (…) Les terrains enclavés entre les rues Darling et Davidson sont ceux qui ont la plus grande profondeur en dessous du niveau de la rue, et c’est là qu’actuellement le public dépose des déchets de toutes sortes14 ». Les Commissaires scolaires passent outre à ces recommandations et vont de l’avant avec la construction de l’école qui débute à l’été 1922, même si le site retenu est peu propice à l’établissement d’une école. L’affaissement du terrain, notamment dans son centre où sera aménagée la cour d’école, posera constamment problème dans le futur. Le choix de l’architecte La CECM choisit l’architecte Irénée Vautrin (1888-1974) pour concevoir les plans de l’école qui sont approuvés par le surintendant de l’Instruction publique le 16 mai 192215. Cet architecte montréalais réalise une douzaine d’écoles dans la métropole, seul ou en association avec l’architecte Bernier16, dont les écoles Saint-Marc (1918), Sainte-Philomène, Saint-Georges17 (1919-1920), Stadacona (1922), Saint-Gérard (1924), Jean13 CHAPITRE 2 L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957) Baptiste Meilleur (1925) et Chomedey-deMaisonneuve (1929, une école primaire du quartier, devenue depuis une école secondaire). Reçu architecte en 1914, il exerce sa profession surtout à Montréal. En 1932, il devient président de l’ordre des architectes de la Province de Québec18. Vautrin aura une deuxième carrière, celle de politicien. Élu député libéral du comté Montréal Saint-Jacques en 1919, défait en 1923, réélu en 1927 et en 1931, il est nommé ministre de la Colonisation dans le cabinet du gouvernement Taschereau le 25 juillet 1934 ; il est défait à l’élection de 193519. Lors de l’étude des comptes publics en 1936, le chef de l’opposition, Maurice Duplessis, découvre une dépense inusitée : l’ancien ministre Vautrin se serait fait payer, à même les deniers publics, une paire de pantalon. Ironisant sur cette affaire « des culottes à Vautrin », Duplessis parvient à faire tomber le gouvernement et à s’emparer du pouvoir sous la bannière de l’Union nationale, parti fondé en novembre 1935 par les conservateurs et les membres de l’Action libérale nationale. Les entrepreneurs Les travaux de construction de l’école sont confiés aux entrepreneurs Gratton & Girard et Alphonse Gratton. Dans leur contrat, il est spécifié que l’école doit être complétée en entier et prête pour le 1er juillet 192320. Les entrepreneurs disposent d’un montant de 126 527 $. Il en coûtera finalement un peu moins cher, soit 125 655,75 $, une différence de 871,25 $21. L’analyse architecturale L’élément le plus intéressant du bâtiment, au point de vue architectural, est sans conteste son 14 plan en forme de H, composé d’un corps central longitudinal avec deux corps latéraux perpendiculaires. La forme du H est d’ailleurs reprise au niveau du parement de pierre des trois portails. La partie centrale des corps latéraux est en saillie ; les murs extérieurs de leurs deux extrémités sont aveugles (sans fenêtre). L’entrée principale au centre de la façade « donne accès à un vestibule et à un corridor central qui traverse le bâtiment vers deux accès secondaires latéraux, situés à la base des cages d’escaliers. Anciennement, il y aurait eu une grande salle au rez-dechaussée, mais étant donné l’ajout d’un gymnase, l’ancien lieu qui faisait office de gymnase aurait été cloisonné et converti en salles de classe22. » Le bâtiment comptait à l’origine deux étages en plus du rez-de-chaussée; un étage supplémentaire est ajouté en 1930. Au plan des éléments décoratifs, on notera l’emploi de pierres blanches intégrées au parement de la maçonnerie sous la forme de carrés, de losanges, de rectangles, d’hexagones ou de lignes horizontales soulignant les angles en coin du bâtiment. En ce qui a trait à la fenestration, certaines fenêtres ont des linteaux en briques formés d’un arc de maçonnerie similaire aux quintuplex avoisinants et aux anciennes usines de briques du quartier. La plupart des fenêtres ont toutefois des linteaux en pierre. Origine du nom de l’école Dans une courte monographie de l’école parue vers 1941, on peut lire que « l’école prit le nom de Stadacona, nom que, dans le quartier Hochelaga, on donnait alors à cette partie de la rue Adam23 ». CHAPITRE 2 L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957) Le nom de Stadacona nous ramène aux voyages de Jacques Cartier en terres d’Amérique. C’est lors de son deuxième voyage au Canada, en 1535, au moment où il pénètre à l’intérieur du continent par la voie du Saint-Laurent, que le célèbre explorateur découvre une bourgade iroquoïenne nommée Stadaconé, à la hauteur de la ville de Québec actuelle. Cartier, cherchant de l’or et des îles fabuleuses, aimerait bien trouver la route des Indes. L’explorateur poursuit son voyage jusqu’à Hochelaga (Montréal) -nom que porte d’ailleurs l’école aujourd’hui-, une autre bourgade également peuplée d’Iroquoïens. Ces derniers lui font part qu’au-delà des rapides se trouve une mer d’eau salée. Cartier conclut donc qu’il a trouvé la route conduisant aux Indes. Après avoir passé une seule journée à Hochelaga, il retourne à Stadaconé pour y établir son campement d’hiver. Le premier hiver des Français au Canada s’avère terrible ; les marins souffrent du froid, de la faim et du scorbut, maladie de carence de vitamine C. Fort heureusement, les Amérindiens leur montrent à se soigner, mais 25 hommes perdent la vie. « Au moment de repartir pour la France, il (Cartier) s’empara par traîtrise du grand chef Donnacona et d’une dizaine de personnes24. » Quant aux deux bourgades, on perd leurs traces par la suite. Lorsque Samuel de Champlain viendra fonder la ville de Québec en 1608, les villages de Stadaconé et d’Hochelaga auront disparu. Arrivée de Jacques Cartier à Hochelaga. Archives nationales du Canada. Plan de la bourgade d’Hochelaga. Tiré de l’ouvrage Navigazioni e Viaggi, G. B. Ramusio, Venise, 1556. 15 CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Écolières à l’intérieur du couvent Hochelaga vers 1875. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Élèves du cours primaire dans leur classe, au couvent Hochelaga. Sans date. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Magnifique édifice de style beaux-arts, le couvent Hochelaga sera démoli pour faire place à une autoroute qui ne sera jamais construite. Sans date. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. 16 CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA La Commission scolaire d’Hochelaga signe un contrat d’engagement pour une période de dix ans à compter du 1er juillet 1910 avec les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM)25, en vue d’assurer l’éducation des jeunes filles résidant dans la paroisse Nativité-de-la-SainteVierge d’Hochelaga. À cette époque, le territoire de la paroisse englobe les rues comprises entre la rue Moreau, à l’ouest, et la rue Bourbonnière, à l’est, où commence la paroisse Maisonneuve fondée en 188826. « Conformément à une clause de ce contrat, la Commission d’Hochelaga s’engage à « mettre des maisons d’écoles convenables à leur disposition, c’est-à-dire celles qui existent déjà ou qui pourraient être construites à l’avenir dans la municipalité. » Il est probable que ce soit en vertu de ce contrat que la Commission scolaire du District Est (division administrative de la CECM qui replacera la Commission scolaire d’Hochelaga) confie l’école Stadacona aux Sœurs SNJM27. La présence des Sœurs SNJM ne date pas d’hier dans Hochelaga. En effet, avant même l’érection de la paroisse Nativité-de-la-Sainte-Vierge (1867) et la création de la municipalité du village d’Hochelaga (1870), les Sœurs déménagent en 1860 leur maison-mère de Longueuil dans le modeste village d’Hochelaga constitué le long de la rue Notre-Dame, l’ancien chemin du Roy. Leur couvent accueille, en plus des pensionnaires, l’école du village. Dans le sous-sol de leur chapelle, elles enseignent aussi aux jeunes garçons et aux fillettes28. Les Sœurs SNJM ouvrent en 1863 une première école primaire, l’école Hyacinthe-Hudon (qui 17 fut aussi appelée pendant un certain temps StJoseph), sur la rue Sainte-Catherine, près de la rue Dézéry29. Jusqu’à l’ouverture de l’école de la Nativité en 1907, ce sera la seule école de filles dans la paroisse30. Elle sera démolie en 1970. L’école Stadacona est donc la troisième école de filles de la paroisse Nativité, la quatrième si on tient compte de l’école Sainte-Jeanne-d’Arc, l’ancienne Académie Laurier, ouverte en 1915 et qui changera de nom en 1932 lorsqu’elle sera rattachée à la nouvelle paroisse Sainte-Jeanned’Arc. Ces quatre écoles, en plus de l’école Baril (1911), sont dirigées par les religieuses SNJM qui s’occupent également de leur couvent Hochelaga, sur la rue Notre-Dame, à l’angle de la rue Joliette, un magnifique édifice de style beaux-arts qui sera malheureusement détruit en 1971 pour faire place au projet d’autoroute. Elles seront également très actives dans Maisonneuve où elles dirigeront, seules ou en partie, les écoles Maisonneuve (démolie en 1981), Saint-Nom-de-Marie (qui deviendra le Centre Baril en 1974 puis l’école Irénée-Lusssier en 1981), Saint Aloysius Girls’ School (l’école de la communauté irlandaise du quartier devenue l’école Saint-Nom-de-Jésus en 1970), SaintClément (1914) et leur couvent Sainte-Émélie à Viauville (fermée en 1974)31. La Congrégation a été fondée par Eulalie Durocher (Mère Marie Rose), en 1843, à la demande de Mgr Bourget, archevêque du diocèse de Montréal, dans le but d’assurer l’éducation des jeunes filles. Entrée en religion à l’âge de 32 ans, la fondatrice sera béatifiée en 1982. CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Classe de 3e année, section filles, en 1931. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Intérieur du cinéma Laurier-Palace après l’incendie. Bibliothèque et archives nationales du Québec. Funérailles des jeunes victimes de l’incendie du Laurier-Palace à l’église Nativité-de-la-SainteVierge en 1927. Collection de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. 18 CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Les années 1920 De l’ouverture des classes de l’école Stadacona à l’école supérieure des jeunes filles Les chiffres concernant le nombre d’élèves inscrits à l’ouverture des classes en 1923 varient selon les sources consultées. Ainsi, une lettre du Surintendant de l’Instruction publique aux commissaires d’écoles de la CECM fait état de 19 classes pouvant « accepter 790 élèves et celle de l’enseignement ménager 41, formant un total de 831 élèves32. » Dans la monographie sur la paroisse Nativité publiée en 1942, il est mentionné que l’école comptait à l’ouverture trente professeurs dont vingt-deux religieuses et huit laïques, enseignant à 750 élèves, soit 706 filles et 44 garçons33. Cette source ne fait aucunement référence à la classe d’enseignement ménager. Une soumission des plombiers Chouinard et Otis nous laisse pourtant croire qu’il y aurait eu pareille classe. Les deux plombiers s’engagent en avril 1923 « à fournir et à installer un évier de 18 pouces X 30 pouces ainsi qu’une sortie de gaz, l’eau chaude et l’eau froide, avec tuyau de renvoie connecter (sic) dans la cave jusqu’à la couverture, le tout requis pour une classe ménagère à l’école Stadacona, pour la somme de deux cent cinquante (250 $) piastres34. » Pour l’année scolaire 1924-1925, on dénombre 689 élèves, soit 532 filles (âgées de 5 à 18 ans) et 157 garçons (âgés de 5 à 14 ans)35. L’année suivante, le nombre d’élèves augmente chez les filles (540) mais baisse quelque peu chez les garçons (128)36. En 1928, la CECM centralise les classes de 7e, 8e et 9e années ; l’école Stadacona devient l’école supérieure des filles, dans le district Est37. L’école 19 accueille encore des garçons (189 en 1928 et 136 en 1929) mais surtout des filles, âgées de 5 à 17 ans (542 en 1928 contre 561 l’année suivante). Le plus grand nombre de jeunes filles se situe toutefois dans le groupe des 7 à 13 ans, soit près de 400 élèves38. Le drame du Laurier-Palace À peine revenues de leur congé de Noël, les religieuses SNJM enseignant à Stadacona apprennent une bien triste nouvelle : l’incendie du cinéma Laurier-Palace, survenu dans l’après-midi du dimanche 9 janvier 1927, a fait de nombreuses victimes, surtout des enfants. Les Sœurs écrivent au sujet du sinistre : Après Vêpres, Sœur supérieure mandée à la sacristie, apprit de la bouche même de Mgr, quelques détails de l’horrible hécatombe. C’était affreux, disait-il, MM les vicaires qui tous s’étaient joints à lui pour aller absoudre ces pauvres enfants, en avaient le cœur navré. « Jamais, ajoutaient-ils, nous ne pourrons oublier les cris navrants entendus là. » Ces petites victimes en voulant se sauver tombaient les uns sur les autres dans un escalier sans issue et dans des râles d’agonie appelaient leur mère à leur secours. On en entendait prier, quelquesuns réclamant le pardon de leurs fautes. Et la masse de chair humaine grandissait toujours. Le très grand nombre de ces enfants furent écrasés, très peu étaient brûlés gravement39. Ce soir-là, nous nous couchions bien inquiètes, il y en avait certainement des nôtres. La prière était le seul secours à notre disposition ; nous leur donnions de grand cœur40. CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Un enfant, Fernand Cormier, est gravement ébouillanté à la suite de l’explosion d’un calorifère, mais survit au drame. Il en est quitte pour un séjour de sept mois à l’hôpital41. Des 78 jeunes qui ont péri, 55 sont de la paroisse de la Nativité où est célébré, deux jours plus tard, le service funèbre. L’âge des victimes se situe entre 4 et 18 ans. Quelques enfants fréquentaient les écoles d’Hochelaga ; 3, l’école Stadacona, dont deux jeunes filles âgées de 14 et 15 ans ; 6 garçons, l’école Saint-Joseph et 3 enfants, l’école de la Nativité42. Les Sœurs SNJM en sont bien chagrinées. Une foule de 50 000 personnes, selon les estimations des journaux de l’époque, assistent aux funérailles. 12 000 d’entre elles s’entassent à l’intérieur de l’église de la Nativité où sont alignés, dans l’allée centrale, 39 cercueils de différentes dimensions et de diverses couleurs43. Une commission d’enquête, présidée par le juge Louis Boyer, est mise sur pied afin de déterminer les causes du sinistre, les responsabilités encourues et les moyens à prendre pour éviter la répétition d’un tel drame. Dans son rapport sur les causes de l’incendie, le juge conclut que le feu a été allumé par une cigarette ou une allumette puisqu’il n’y avait aucun fil électrique à proximité du foyer d’incendie ; la cause du désastre peut être attribuée à la panique qui a suivi l’incendie, allumé par un inconnu ; la cause incidente est le tournant dans l’escalier44. Le juge recommande l’interdiction des cinémas aux jeunes de moins de 16 ans même s’ils sont accompagnés par des adultes et oblige les salles de théâtres et de cinémas à se munir de portes s’ouvrant par pression vers l’extérieur, ces portes ne devant jamais être verrouillées ou obstruées du dehors. 20 L’enquête du juge Boyer démontra finalement que le drame du Laurier-Palace aurait pu être évité s’il n’y avait pas eu de mouvement de panique et si les portes s’étaient ouvertes vers l’extérieur. Les années 1930 L’école Stadacona s’agrandit En 1930, on ajoute à l’école un quatrième étage contenant sept nouvelles classes « spacieuses et éclairées45 », une salle pour les professeurs et une salle de toilette46. Pour ces travaux d’agrandissement, la Commission scolaire fait appel à l’architecte Alcide Chaussé et à l’entrepreneur Frénette et Frères Ltée. Les plans et contrats sont signés le 26 juin 1930. L’entrepreneur s’engage à compléter les travaux pour le 1er octobre 1930, au coût de 48 700 $47. La construction de ce nouvel étage qui permet de faire passer le nombre de classes de 19 à 26, coïncide avec la réorganisation du cours primaire supérieur, en 1930, qui permet aux élèves de poursuivre leurs études jusqu’à la 12e année à même leur école48. S’ajoute le cours commercial bilingue (la date d’implantation de ce cours reste incertaine, soit en 1930 ou en 193949). Sœur Marie-Agilberte est alors directrice de l’école (de 1930 à 1938). En ce qui a trait au salaire des enseignantes, les sœurs ne gagnent que 500 $ par année contre 700 $ à 1 200 $ pour les laïques, en 1933-193450. Les salaires restent les mêmes cinq ans plus tard, en 1938-1939, alors que sévit une grave crise économique. De 1928 à 1937, plus de 250 élèves reçoivent, en plus du certificat de la Commission scolaire, le brevet supérieur d’enseignement décerné par le Bureau central des Examinateurs catholiques de la Province de Québec21. CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA L’école Stadacona dispense à ses élèves à la fois une éducation générale et religieuse. « Des cours d’art culinaire, de culture physique et de solfège complètent le programme et sont régulièrement distribués52 ». L’enseignement de la catéchèse figure bien sûr au programme. Trois associations visent aussi à assurer la formation chrétienne des élèves : la congrégation des Enfants de Marie qui s’adresse aux aînées; celles des Saints Anges et de l’Enfant-Jésus, aux plus jeunes53. L’école Stadacona tisse des liens très étroits avec la paroisse. Ainsi, l’école sert au service religieux à compter de 1931, à la demande de Mgr G.-M. Le Pailleur, curé de la paroisse Nativité. Deux messes s’y disent, chaque dimanche ; cela évite que les fidèles se rendent à la paroisse voisine du Très-Saint-Rédempteur, et surtout cessent de payer pour la reconstruction de leur église, incendiée en 1921. Mgr Le Pailleur collabore également à titre de curé de la paroisse et de chevalier du Bon Parler Français au mois du Bon parler français qui est inauguré à l’école par les Sœurs SNJM le 6 mai 1933. Il préside les séances d’ouverture et de clôture, à laquelle participe l’inspecteur d’école A. B. Charbonneau et des membres de la Commission scolaire54. Outre le mois du Bon Parler Français, les religieuses mettent en branle plusieurs moyens pour faire apprendre correctement le français à leurs élèves : vocabulaire, famille de mots, récitations de mémoire, lectures expliquées55. La directrice de l’époque, Sœur M.-Marthe de Jésus, juge par ailleurs que les deux compositions hebdomadaires qui ont été ajoutées aux travaux quotidiens réguliers pour l’année scolaire 1938-1939 paraissent excessives, alourdissant inutilement la charge des professeurs56. Enfin, les élèves de l’école peuvent bénéficier de la Bibliothèque des Enfants d’Hochelaga qui 21 possèdent 3 000 volumes. « Des causeries sur la botanique, des récits de voyages, des concours de timbres suggèrent aux enfants de nouveaux sujets de lecture57 ». La guerre aux trous d’eau Depuis qu’elle est en poste en 1930, Sœur Marie-Agilberte livre une guerre sans merci aux trous d’eau qui s’accumulent dans la cour d’école. Encore en 1937, elle écrit au président de la CECM, Victor Doré, pour se plaindre de l’état lamentable dans lequel se trouve la cour d’école. Constamment inondée, la cour ressemble à un véritable lac ou plutôt, « à un marais, dans lequel les élèves laissent leurs caoutchoucs. (…) À plusieurs reprises, depuis sept ans, j’ai moi-même averti certains membres de la Commission Scolaire et mes démarches sont restées infructueuses. Il y a quelques mois, on a bien étendu un peu de gravelle près du trottoir autour de la maison du concierge seulement. La semaine dernière, il y avait tellement d’eau dans toute la cour que les élèves étaient obligés de passer près de la clôture pour atteindre le trottoir et entrer dans l’école58 ». Comme les élèves n’ont pas accès à leur cour d’école durant une bonne partie de l’année, ils s’entassent à 700 dans une salle qui peut contenir 300 places. Les années 1940, l’école et l’avenir des femmes. Enseignement ménager, vocations religieuses et préparation au marché du travail Durant la Deuxième Guerre mondiale (19391945), le Québec et le Canada manquent de main-d’œuvre, ce qui permet aux femmes d’accéder au marché du travail, du moins pour un CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA temps. Celles-ci oeuvrent dans les entreprises liées à l’effort de guerre (équipement militaire, munitions, denrées alimentaires, etc.). Avec le retour des hommes qui reviennent du front, on invite les femmes à retourner dans leur foyer et à faire des bébés. L’école québécoise des années 1940 et 1950 renforce les stéréotypes de la femme au foyer et valorise le rôle de la mère de famille qui prend soin de ses enfants et de son mari. L’école transmet à la jeune génération des valeurs fortement traditionnelles –rurales, nationalistes et religieuses- qui sont véhiculées par le clergé québécois et l’élite politique de l’époque. Ainsi, en plein quartier ouvrier, les religieuses SNJM présentent à leurs élèves, en 1944, des films sur la vie traditionnelle des Canadiens français aux Éboulements (Charlevoix) et en Abitibi59. L’enseignement ménager Le cours d’entretien ménager, dispensé à une seule classe à l’école Stadacona, vise justement à former de futures ménagères qui sauront entretenir convenablement leur logis. « L’objet de l’enseignement ménager est de préparer la jeune fille à son beau rôle de mère de famille », peut-on lire dans un ouvrage publié en 1958 et destiné aux parents60. Confinant les femmes dans un rôle social limité, l’enseignement ménager « assure pour les générations futures une division des fonctions et des rôles sociaux fondée sur le sexe et maintien de l’ordre social66 » écrit l’historienne Micheline Dumont. La vocation religieuse Peu de choix s’offrent aux jeunes filles qui ne souhaitent pas le mariage. Le célibat est toujours possible, mais cela signifie qu’elles devront 22 demeurer chez leurs parents ou gagner leur vie par elles-mêmes, ce qui apparaît très compliqué à l’époque compte tenu du conformisme social ambiant, qui établit que la place de la femme est à la maison. Dans ce contexte, certaines jeunes filles préfèrent entrer en religion. Près d’une cinquantaine d’élèves de Stadacona deviennent religieuses dans différentes communautés entre 1923 et 194062. Cela ne surprend guère quand on connaît l’encadrement religieux à l’école. En plus de la participation des prêtres de la paroisse aux grandes fêtes et cérémonies religieuses (Messe de Noël, Pâques, confirmation et première communion, etc.), l’école Stadacona peut compter sur la présence de l’abbé Gérard Goupal comme aumônier. C’est l’aumônier qui a la responsabilité de la vie religieuse à l’école63. Présent à temps partiel depuis le début des années 1940, il occupe le poste à temps plein en 195264. L’aumônier passe au moins une fois par deux semaines dans toutes les classes, pour une période d’une demi-heure. Ce temps est pris sur la période de trois heures accordées à l’enseignement religieux. Les rencontres individuelles des élèves avec l’abbé sont privilégiées durant les heures de classe ou à tout autre moment. Par ailleurs, l’abbé Arthur Delorme, directeur de l’œuvre des vocations sacerdotales pour le diocèse de Montréal, visite l’école en 1947 dans le but de susciter des vocations religieuses chez les élèves. Les Sœurs soulignent dans leur chronique le zèle « ardent et rayonnant » de ce prêtre65. Dès 1936, l’œuvre de la Sainte-Enfance, la Jeunesse étudiante catholique (J.E.C.) et la Croisade eucharistique font leur entrée à l’école Stadacona. Les Sœurs mettent aussi à la disposition de leurs étudiantes la Congrégation de la Sainte Vierge et des services de liturgie66. CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Classe de 10e année, en 1940. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Finissantes lors de leur graduation en 1946. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. 23 CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Encouragées par le gouvernement pro-clérical de l’Union nationale qui est de retour au pouvoir en août 1944, les activités à caractère religieux sont courantes dans les écoles catholiques du Québec durant les années 1940 et 1950. Pour la seule année scolaire 1945-1946, notons pour l’école Stadacona la retraite des élèves du primaire élémentaire à l’église Nativité, la messe chantée dans la chapelle de la maison-mère à Outremont à l’occasion du centième anniversaire de la communauté SNJM (comme moment de détente, les jeunes filles ont tout de même droit à des jeux et à un cornet de crème glacée, gracieuseté des Soeurs), la célébration des premières communions, la semaine d’Action catholique, etc. En novembre 1945, 65 élèves sont reçus dans la Congrégation de la Sainte-Vierge, 44 dans celle des Saints Anges et 57 dans la Congrégation de l’Enfant Jésus. L’enseignement comme planche de salut Durant la Campagne de la jeunesse étudiante qui a lieu en mai 1948, les Soeurs expliquent en classe la doctrine du corps mystique (du Christ) ; la messe blanche est expliquée aux élèves par un prêtre67… En 1942, l’école compte vingt-deux classes régulières, deux classes auxiliaires et une classe d’enseignement ménager. 693 jeunes la fréquentent sur 753 élèves inscrits69. La préparation des jeunes filles au marché du travail, la classe commerciale bilingue En 1941, 46 % des jeunes Montréalaises âgées de 15 à 24 sont sur le marché du travail, 16 % sont encore à l’école et 16 % sont déjà mariées. On perd la trace de 22 % d’entre elles qui demeurent probablement à la maison assistant leurs mères dans les travaux ménagers68. Tenant compte du fait qu’un bon nombre de jeunes filles accède au marché du travail, les Sœurs SNJM mettent à la disposition de leurs élèves une classe commerciale bilingue où les étudiantes apprennent la sténodactylo en vue d’exercer la profession de secrétaire. Il s’agit d’un début modeste, mais réel. 24 Plusieurs des jeunes diplômées des écoles supérieures envisagent de faire carrière dans l’enseignement et poursuivent leurs études à l’école normale en vue d’obtenir leurs brevets (voir plus loin la première partie de l’entrevue avec Monique Desmarais). Les portes de l’université leur restent encore fermées pour la majorité d’entre elles. Les débouchés pour les femmes paraissent donc très limités, de l’après-guerre à la Révolution tranquille. Il faut attendre les années 1960 pour qu’éclatent les cadres traditionnels de la société québécoise. Chroniques du temps qui passe À l’ouverture des classes le 1er septembre 1943, le cours primaire supérieur compte 74 élèves dont 22 en 11e année alors que 673 élèves sont inscrits aux cours complémentaires et élémentaires, dont 114 garçons. Le nombre total d’élèves est de 74770. Parmi les activités réalisées en cours d’année, notons celle-ci. Le samedi 25 septembre 1943, les filles du cours supérieur vont en excursion au Mont-Royal et en profitent pour suivre une leçon de « biologie végétale » et visiter le musée du pensionnat des Sœurs SNJM à Outremont, chemin de la Côte Sainte-Catherine. Le même groupe visite en octobre le musée des Clercs de Saint-Viateur, rue Saint-Laurent71. Le 28 octobre, les élèves de 4e année commémorent le centième anniversaire de la fondation CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA de la congrégation « par un joli sketch inspiré de la vie de la fondatrice ». Le 10 janvier 1944, pour la première fois, les parents sont invités à la remise des notes. Quatorze mères sont présentes. La même activité est reprise deux mois plus tard pour les classes des 7e, 8e et 9e années ; cette fois, 30 mères participent à l’événement. Pour l’année scolaire 1945-1946, soulignons la participation en grand nombre des élèves au concours de sciences naturelles organisé par le Jardin botanique et aux cours de botanique donnés à la radio. Les élèves reçoivent aussi la visite de médecins de la Ligue d’hygiène dentaire qui leur donneront des conseils sur la saine alimentation (rôle des vitamines) et sur l’hygiène à apporter aux dents73. Au plan culturel, on notera la visite de l’exposition « Cinq siècles d’art hollandais », présentée probablement au musée des Beaux-Arts de Montréal; quatre jeunes filles de l’école remportent des prix pour leurs compositions rédigées dans le cadre de cette exposition sur les peintres hollandais. L’année 1946 marque le centenaire de la CECM. Pour l’occasion, on célèbre une messe, entonne des chants particulièrement nationalistes (les Braves de 60, la Feuille d’érable et le O Canada* de l’écrivain Basile Routhier), récite des textes en hommage à Dollard Des Ormeaux et présente des saynètes de culture physique74. Le 24 mai 1944, a lieu le pèlerinage des Croisés (ils sont 147 à l’école) à la chapelle Notre-Damede-Bon-Secours, dans le Vieux-Montréal ; le 30 mai, on assiste à la proclamation de la reine du catéchisme ! L’année scolaire se termine le 23 juin. En octobre 1947, les trois écoles de filles dirigées par les Sœurs dans la paroisse Nativité (écoles Stadacona, Nativité et Hyacinthe-Hudon) reçoivent la visite de l’inspecteur René Côté75. En juin 1948, la nouvelle directrice de l’école, Sœur M.-Louis-Zéphirin, et Sœur M.-Ovide-Florian participent à des cours de biologie à l’Université Laval et tentent des expériences en botanique à l’île d’Orléans76. Les faits marquants de l’année scolaire suivante sont l’aménagement en mars 1945 d’une salle pour l’enseignement ménager avec poêle et ameublement de salle à dîner72, une conférence de Gérard Pelletier sur le mouvement coopératif et la mise sur pied à l’école, en avril, d’une coopérative de consommation. Le coopératisme est très à la mode à cette époque et est prôné entre autres par la J.E.C. (Jeunesse étudiante catholique) dont il existe une cellule à l’école ; enfin, en juin, une Amicale des anciennes élèves de Stadacona a lieu en vue d’un conventum. L’année scolaire 1948-1949 sera la dernière année où les garçons seront admis à l’école supérieure de Stadacona77. L’Église resserre son encadrement sur l’école (fin de la mixité des élèves dans l’école, incitation des jeunes filles à devenir religieuses, embauche d’un aumônier à temps plein, etc.). * À l’époque, le « O Canada » était considéré comme un chant nationaliste de ralliement pour les Canadiens français. 25 CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Les années 1950 Projet d’aménagement d’une salle de récréation et installation d’un laboratoire de physique et de chimie En novembre 1950, deux membres du Bureau des projets scolaires soulignent le problème du manque d’espace durant la récréation : 659 élèves doivent s’entasser dans une salle pouvant en contenir 264. Ce problème, avec celui de la mauvaise évacuation de l’eau dans la cour, avait déjà été soulevé en 1937 par la directrice de l’école, Sœur Marie-Agilberte. Les deux fonctionnaires de la CECM proposent donc d’aménager une salle de récréation dans la cave de l’école, qui a une hauteur d’environ 15 pieds. Il n’y manquerait selon eux qu’une ventilation et un éclairage adéquats78. En juin 1952, la CECM destine l’école Stadacona aux élèves des classes avancées alors que les jeunes filles du primaire élémentaire des écoles Stadacona et Hyacinthe-Hudon sont acheminées vers l’ancienne école Sarah Maxwell, nouvellement acquise par la CECM et renommée Malvina-Marchand. La directrice de Stadacona, Sœur M.- Véronique-de-Jésus, en profite pour formuler quelques demandes à la CECM dont: l’aménagement d’une salle d’enseignement culinaire (avec dix petits poêles), une salle de couture (comprenant une salle d’essayage) et une cafétéria pour les élèves79 (voir le menu page 28), au rez-de-chaussée, ainsi que l’installation d’un laboratoire de physique et de chimie au dernier étage de l’école, dans la classe utilisée pour le cours de dactylographie. Elle propose par ailleurs l’installation d’un système d’intercom et l’aménagement d’un réfectoire (salle à manger) pour les Sœurs, dans lequel seraient installés un poêle et un réfrigérateur80. La directrice encourage la mise sur pied d’activités para-scolaires pour ses étudiantes : 26 Santé-Loisirs, cinéma, journal étudiant, service de préparation à la vie81… Sa successeure, Sœur M.-Louis-Zéphirin, préconise des travaux en équipe sur le thème des « partys » mixtes tenus par les élèves ; celles-ci sont invitées à en discuter devant leurs parents lors de rencontres à l’école82. Le sujet est délicat à l’époque, car les rencontres entre garçons et jeunes filles sont très mal vues, à moins qu’elles ne conduisent au mariage. Selon les dires de la directrice, les partys mixtes cesseront à la suite des réunions des jeunes avec leurs parents. À une autre rencontre de parents, Sœur M.Louis-Zéphirin aborde l’avenir professionnel des jeunes filles. Elle mentionne dans son rapport que plusieurs élèves désirent entrer dans la section commerciale pour accéder le plus rapidement possible au marché du travail et « travailler moins fort à l’école »83. L’école compte 424 élèves en 1954-1955, de la 8e à la 12e années ; les jeunes filles ont entre 11 et 19 ans84. CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Reposoir lors de la Fête-Dieu à l’école La Nativité, en 1949, rue Saint-Germain. Photo : Monique Desmarais. Classe de 6e année à l’époque où Mme Desmarais fréquentait l’école la Nativité. 1954. Photo : Monique Desmarais. 27 CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA Classe de 11e année commerciale en 1954-1955. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Ce groupe d’étudiantes dont certaines sont costumées arborent fièrement leur trophée. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Menu disponible à la cafétéria de l’école en 1952-1953. Archives de la CSDM. 28 CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE C’est à la directrice Sœur M.-Louis-Zéphirin que revient l’honneur d’avoir trouvé le nouveau nom de l’école. Elle s’en explique dans une lettre adressée au curé de la paroisse Nativité, le chanoine A. Parrot : « Avec ses compagnes, les écoles secondaires de jeunes filles à Montréal : celles de Marie-Immaculée, de Marie Médiatrice et de l’Assomption, « Marie Reine » arriverait à son heure. Nous trouvons dans ce choix beaucoup d’avantages : ce magnifique nom de la Vierge est nouveau et la statue de « Marie Reine » est un bijou de grâce majestueuse. Placée au dernier jour de mai dans la liturgie, la fête de la Royauté de Marie, pourrait être chaque année, avec nos cinq cents grandes filles, l’occasion d’une belle préparation aux vacances85». La directrice émet le souhait de consacrer l’école à Marie, Reine le 31 mai 1956. Ce n’est toutefois qu’à la rentrée scolaire de 1957 que l’école supérieure Stadacona devient officiellement l’école secondaire Marie, Reine. On y offre alors le cours classique86. Mosaïque des finissantes en 1957-1958. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. 29 CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE La construction d’une résidence pour les Sœurs SNJM L’ajout de nouvelles classes et la construction du gymnase En 1958, l’assistante générale, Sœur Jeanne-dela-Visitation, demande à la CECM d’aménager une résidence à proximité de l’école afin de loger les Sœurs enseignantes, car celles-ci doivent effectuer à leur frais le trajet entre leur résidence de l’école Nativité et l’école Marie, Reine, soir et matin et la plupart du temps en taxi87. Cette résidence, qui compte vingt chambres, loge trente-huit sœurs dont dix-huit enseignent à l’école Marie, Reine, neuf à la Nativité et cinq à Hyacinthe-Hudon. Dans un rapport du directeur du Bureau des projets scolaires, J. H. Longtin, celui-ci mentionne que l’école Marie, Reine ne suffit plus à la demande. Le Québec vit à l’heure du babyboom et la clientèle scolaire explose. De plus, la nouvelle loi sur l’instruction obligatoire oblige les jeunes à poursuivre leurs études jusqu’à l’âge de 14 ans, augmentant du coup le nombre d’élèves dans les écoles primaires et secondaires. Le fait que Marie, Reine soit devenue une école secondaire en 1957-1958 explique aussi en grande partie le nombre surélevé d’élèves. La CECM reconnaît que les Sœurs ont le droit d’être logées convenablement, surtout avec les services qu’elles rendent à la communauté au plan de l’éducation. Le directeur général adjoint du Service des immeubles, J. H. Longtin, recommande donc la construction d’une bâtisse neuve de 24 chambres sur le terrain de la cour d’école, du côté de la rue Darling88. Les commissaires de la CECM donnent leur aval au projet ainsi que le Surintendant de l’instruction publique, le 31 mai89 , la journée même de la fête de Marie Reine. Roger A. Vandal est choisi comme architecte le 14 août 195890 alors que les travaux de construction sont confiés un an plus tard, soit le 11 août 1959, à la firme J. R. Bourdages Construction ltée pour le prix de 147 000 $91. Les Sœurs déménageront dans leur nouvelle résidence le 26 avril 196092 ; les travaux auront finalement coûté 159 251,69 $93. 30 Pour l’année scolaire 1958-1959, l’école compte plus de 800 étudiantes dont 609 peuvent être accueillies dans les murs de l’école. Plus de 200 élèves de 8e et 9e années doivent être transférées dans des écoles primaires du quartier. Ainsi, 88 élèves de 8e année (soit trois classes) étudieront à l’école Malvina-Marchand, 33 élèves de 8e année (1 classe) et 30 de 9e année (1 classe) à l’école Baril filles, et 65 élèves de 8e année à l’école Sainte-Jeanne-d’Arc filles (2 classes)94. Afin de pallier la pénurie de locaux, le fonctionnaire de la CECM propose de convertir la salle de couture et le réfectoire des religieuses du rez-de-chaussée ainsi que la bibliothèque du 3e étage en salles régulières de classe. La bibliothèque est aménagée dans la cafétéria des élèves et la cuisine des professeurs, ces deux pièces étant elles-mêmes déplacées au sous-sol. La salle de récréation loge dorénavant deux salles de couture, le secrétariat et les bureaux pour les polycopies et le matériel scolaire. Grâce à ces réaménagements, le nombre de classes passe de 19 à 22. CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE La construction d’un gymnase devient impératif puisque, avec la réorganisation des locaux, les étudiantes ont perdu leur salle de récréation. Les travaux de construction débutent le 9 décembre 195995. Le gymnase est érigé du côté de la rue Davidson et comprend un balcon (des gradins) et un théâtre96. L’architecte en est Gérard Charbonneau, l’entrepreneur, Jean Marois Compagnie limitée, et l’ingénieur en structure et en mécanique, Paul Pelletier97. Les Sœurs l’utiliseront le jour durant la semaine et le loueront en soirée98. Le directeur du Bureau des projets scolaires, J. H. Longtin, suggère également de démolir le logement du concierge pour le reconstruire dans le sous-sol du gymnase. Le nouveau logement comptera cinq pièces et une entrée principale donnant sur la rue Davidson99. Quant à l’ancien logement, il sera démoli en octobre 1960100. Entretien avec Monique Desmarais, professeur à la retraite, première partie Pour les récréations, les élèves ont aussi à leur disposition le terrain de jeu aménagé par la Ville, attenant à leur cour d’école (le parc est déjà existant en 1958). Lors de son passage à l’école secondaire Marie, Reine à la fin des années 1950, les élèves ont le choix entre quatre options : le cours général, le cours spécial, le cours classique et le cours commercial. Le cours spécial intègre à l’enseignement régulier des leçons de latin tandis que le grec est enseigné dans le cours classique. « Les classes de ces cours, qui avaient moins de leçons d’art ménager, se donnaient aux extrémités du corridor et étaient à part des élèves du cours général. Quant au cours général, il était très complet et touchait à tout », selon Mme Desmarais. « Les filles qui voulaient devenir secrétaireréceptionniste se dirigeaient vers le cours commercial qui incluait notamment des cours de sténo-dactylo et des leçons d’anglais. » Au niveau des faits marquants de l’année scolaire 1958-1959, soulignons la grève des enseignants101 et la participation de deux groupes d’élèves à la télévision de Radio-Canada. Le premier groupe, des étudiantes de 11e année, s’illustre lors d’une représentation des Précieuses ridicules de Molière (enregistrée à l’automne 1958 et diffusée le 16 avril 1959) alors que l’autre, des finissantes, montre leurs talents culinaires à l’occasion d’une émission en direct sur la préparation complète d’un repas de Noël102. Enfin, dans un autre ordre d’idée, six jeunes filles de Marie, Reine embrassent la religion cette année-là. L’année suivante, une épidémie de poliomyélite retarde la rentrée de septembre. 31 Ancien professeur à la retraite ayant enseigné vingt ans à l’école Hochelaga, Mme Monique Desmarais a étudié à l’école Stadacona de 1956 à 1960. Les Sœurs SNJM dirigent alors l’établissement de filles qui change de nom pour Marie, Reine en 1957. Originaire du quartier, Mme Desmarais naît en février 1943. Elle est l’aînée d’une famille de quatre enfants et la seule fille. Son père travaille 60 à 65 heures par semaine à la gare de triage du Canadien Pacifique (rue Ontario, angle Moreau). Elle réside sur la rue Préfontaine dans un logement qu’elle habitera jusqu’en 1980. De 1946 à 1956, elle fréquente l’école primaire de la Nativité, également tenue par les religieuses SNJM. « L’école comptait à ce moment quatre niveaux, soit la 8e, la 9e, la 10e et la 11e année. La 12e année n’était disponible que pour les étudiantes du cours classique et du cours commercial. Les filles du cours commercial faisaient alors des stages, très CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE peu rémunérés, dans les entreprises ; elles étaient adjointes des secrétaires de l’époque. » Sœur M.-Louis Zéphirin est alors la directrice. « C’est une femme qui était ouverte et qui ne condamnait pas au premier comportement. Si on faisait quelque chose de travers, elle nous regardait en penchant la tête et en nous regardant par-dessus ses lunettes. On savait que dans un court laps de temps, nous aurions un rendezvous. Mais quand ? Nous ne le savions pas. Le cœur nous débattait un petit peu. Il ne fallait pas se faire mettre à porte de l’école. Le rendezvous venait ordinairement dans les 48 heures. La religieuse qui nous enseignait arrivait avec un petit billet rose, ça voulait dire qu’on avait un rendez-vous avec la directrice. On arrivait dans son bureau, et elle nous disait : « Expliquez-moi ce qui s’est produit, tel jour, telle date, telle heure. » Nous savions ce que nous avions fait. Elle écrivait tout le temps (quand nous étions dans son bureau), ce que j’ai toujours détesté. Elle nous disait : « Voici ce que je pense. » Il y avait alors un dialogue. Elle nous demandait : « Qu’est-ce que vous allez faire pour vous améliorer ? » Jamais elle ne nous donnait la directive à suivre, elle nous disait plutôt : « Voici ce que je vous suggère. » Je l’ai souvent amenée sur mon terrain. J’ai beaucoup appris de ces méthodes. Elle n’imposait pas, elle négociait. Elle était capable de s’adapter aux différentes situations. Elle évitait toujours de confronter ou d’humilier. » La directrice joue également le rôle d’orienteur professionnel. « Viens le temps de choisir notre mission (carrière professionnelle), c’était le petit papier bleu. Le billet bleu arrivait deux fois par année, au mois de janvier et au mois de mai. Au mois de janvier, c’était le premier interview, sur nos goûts. Chaque élève avait son dossier. Sœur M.-Louis-Zéphirin m’a dit, lors de la dernière entrevue, je vous vois dans l’enseignement. Je l’ai regardée pendant cinq minutes et j’avais envie de lui dire « Tu ne me diras pas où aller ». « Voici pourquoi je vous vois-là, dit-elle. » Dans mon for intérieur, j’avais effectivement pensé à enseigner. Tout le temps de mes cours, autant primaire que secondaire, je me disais, petite fille, quand je serai enseignante, je ferais cela à la place. Les élèves n’auront jamais de devoirs le vendredi. » En 1960, Mme Desmarais étudie à l’école normale Sainte-Marie-des-Anges, à l’angle de la rue Adam et Théodore (l’ancien pensionnat Sainte-Émélie). Cette école normale est fondée un an ou deux avant son arrivée. À l’époque, chacune des communautés religieuses qui œuvrent dans l’enseignement dispose de son propre réseau d’écoles, du primaire à l’enseignement supérieur. L’élève demeure au sein de la même communauté tout au long de ses études. « On était qualifiée d’immigrante si on arrivait d’ailleurs, d’une autre formation. Les formations étaient très différentes entre les communautés religieuses. » L’école normale Sainte-Marie-des-Anges* est créée afin de permettre aux jeunes filles des quartiers ouvriers d’accéder aux études supérieures. « L’école normale de Saint-Lambert, nous dit Monique Desmarais, il ne fallait pas y penser, nous venions de l’Est. C’était une école très huppée pour les riches. J’ai emprunté un prêtbourse de 100 $ aux Sœurs avec promesse de leur remettre. Quand j’ai terminé mon école normale, on était 5 ou 6 filles de l’Est. » * Il s’agit du couvent Sainte-Émélie, construit en 1902. L’édifice est situé au 4837, rue Adam, à proximité de l’église Saint-Clément-de-Viauville. 32 CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE La première année permet d’obtenir le Brevet C ; les jeunes filles peuvent alors enseigner comme suppléante, mais uniquement dans les écoles tenues par des communautés religieuses. « Le brevet B, quant à lui, avait une durée de deux ans. On faisait de la ‘métho’ et de la pédagogie. Savoir préparer une classe, la gestion des cas d’élèves difficiles. Ces cours étaient donnés par les religieuses et dans certains cas par des professionnels. Monsieur Farley enseignait l’économie familiale. Quand il entrait en classe, il fallait mettre nos blazers pour qu’il ne voit pas nos bras. Ce que les Sœurs ne savaient pas, c’est que lorsque les portes étaient fermées, M. Farley nous demandait de les ôter (rires). Un autre professeur enseignait l’hygiène mentale, en fait c’était un cours de psychologie ; comment se détendre, etc. Ensuite, il y avait le Brevet A. On nous envoyait dans une autre école normale. J’ai refusé d’aller à l’école Saint-Lambert, qui nous avait refusé une première fois. De toute façon, il fallait que je travaille, j’étais le soutien de la famille. J’ai fait le Brevet A en travaillant en même temps. J’enseignais avec un Brevet B entre les mains, j’allais étudier à l’Université quatre soirs semaine. » Après un court passage de six mois à l’école Sainte-Jeanne-d’Arc, en 1962, elle enseigne à l’école Hyacinthe-Hudon, derrière le parc Dézéry. « Quand il faisait chaud, on allait enseigner dans le parc. » L’école, une ancienne usine convertie en école, ferme ses portes, étant trop vétuste. Elle sera démolie en 1970. Toutes les classes sont transférées à l’école Malvina-Marchand (l’ancienne école Sarah-Maxwell). « Les Sœurs arrivaient avec nous dans une école où la direction était laïque. Il y avait trois religieuses en costume parmi un paquet de laïques. Ce qui m’a toujours épatée, c’est le respect qu’elles inspiraient. Elles se sont facilement intégrées à nous. Lors de la fusion, nous avons eu du plaisir, il n’y a pas eu de clan. » L’activité était intense dans cette partie du quartier en 1960. « Les journées de travail, ça bourdonnait à partir de sept heure moins quart, sept heure. Les filles avec leur sac d’école, on croisait les ouvriers avec leur boîte à lunch, les gars de l’école (secondaire) Maisonneuve. Certains travailleurs partaient à pied jusqu’aux usines Angus ou à la biscuiterie Viau. Tout ce monde-là se croisait. Quand on entendait les sirènes des compagnies, c’était le temps d’aller souper103. » Classe de 11e année B en 1959 à laquelle appartenait Mme Desmarais (4ère rangée, dernière à droite). Au fond de la classe, on aperçoit, de gauche à droite, la directrice, Sœur M.Louis-Zéphirin, la titulaire de la classe Sœur Marguerite-Lucie et le professeur d’anglais Mme Desjardins, une des rares laïques à enseigner à l’école Marie, Reine à cette époque. Photo : Monique Desmarais. 33 CHAPITRE 4 L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE Groupe de Mme Desmarais au moment de sa formation comme institutrice à l’école Normale Sainte-Marie des Anges, dans Viauville. Vers 1962. Photo : Monique Desmarais. Vue de l’école normale Sainte-Marie des Anges (couvent Sainte-Émélie). Sans date. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. 34 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 L’ébullition de la Révolution tranquille Les Sœurs SNJM, toujours de fidèles collaboratrices Les années 1960 sont des années de grands bouleversements au Québec tant au plan de l’éducation qu’au plan de l’évolution sociale, économique, politique et culturelle. La société québécoise est en ébullition : début des boîtes à chanson ainsi que des créations de l’Ostidshow avec Robert Charlebois et Yvon Dechamps, et des Belles-Sœurs de Michel Tremblay, reconnaissant le joual dans la littérature québécoise ; nationalisation de l’hydroélectricité ; venue du Général de Gaulle en 1967 qui lancera son célèbre « Vive le Québec libre » du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, au grand déplaisir du Premier ministre Trudeau ; construction du métro de Montréal en 1966 et tenue de l’Exposition universelle de Terre des Hommes en 1967 ; premières bombes du FLQ ; revendications du mouvement féministe, syndicalisation de la fonction publique, etc. Les Québécois délaissent largement la pratique de la religion et se scolarisent massivement. L’État prend en main l’éducation et la santé, rôle jadis dévolu aux communautés religieuses. Le premier tome du célèbre rapport Parent, de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la Province de Québec, est publié en avril 1963. Le Ministère de l’Éducation est créé l’année suivante par l’équipe du Tonnerre de Jean Lesage ; Paul-Gérin Lajoie en est le premier titulaire. Dans la foulée du rapport Parent, les réseaux des cégeps et des Universités du Québec sont créés, en 1967, par le Premier ministre Daniel Johnson, contribuant à démocratiser grandement l’enseignement supérieur. 35 Malgré le processus de laïcisation qui a cours au Québec dans le domaine de l’enseignement durant la décennie 1960, les Sœurs SNJM continuent d’être présentes à l’école Marie, Reine. Signe des temps, en 1960-1961, des classes axées sur les sciences s’ouvrent en 8e et en 12e années et la CECM prend la décision d’embaucher des sténodactylos dans les écoles secondaires, postes que peuvent occuper les religieuses SNJM104. Les activités para-scolaires sont nombreuses. Plusieurs d’entre elles ont encore un caractère religieux: groupes de la J.E.C. (pour les élèves de la 8e à la 11e années inclusivement), congréganistes mariales, Unions des enfants de Marie, Cercle missionnaire, Comité de liturgie, le Cercle des Jeunes naturalistes (pour les élèves de la 8e à la 11e année), cadettes, Ciné-club, conversation anglaise, arts ménagers, arts plastiques, chant, folklore, culture physique, jeux divers et caisse scolaire105. Le 16 mars 1962, la télévision fait son entrée à Marie, Reine106. En 1961-1962, l’école accueille officiellement 554 élèves, réparties de la façon suivante : les élèves de 8e année sont inscrites au cours scientifique, celles de 9e année au cours général et au cours scientifique, celles de 10e et 11e années au cours général avec option mathématique, au cours scientifique avec option sciences-lettres, au cours commercial et au cours spécial, et les CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 étudiantes de 12e année au cours commercial spécial. Toutefois, devant le nombre élevé d’inscriptions, on envisage, à l’été 1961, de tenir des classes dans les écoles primaires d’HochelagaMaisonneuve. Ainsi, les écoles Sainte-Jeanned’Arc et Malvina-Marchand recevraient des élèves de 8e année et l’école Baril, située à proximité, de 8e et de 9e années. Pour accommoder l’ensemble de la clientèle féminine de la zone, il faudrait 61 classes, les deux écoles secondaires n’en contenant que 47107. La Section pédagogique de la CECM communique, à l’hiver 1964, avec la dépositaire générale des Sœurs SNJM, Sœur Marie de l’Annonciation, afin d’étudier la possibilité de transférer les classes excédentaires au couvent Hochelaga, situé sur la rue Notre-Dame108. Heureuse nouvelle pour l’école en 1962 ; une bibliothèque centrale avec une bibliothécaire à plein temps est dorénavant disponible pour les élèves de Marie, Reine109. La cave à charbon inutilisée est convertie en atelier de peinture et en chambre noire110. En avril, deux pièces du répertoire classique, Les Femmes Savantes de Molière et Esther de Racine, sont respectivement jouées par les élèves de la section secondaire et de la section classique à l’école Marie, Reine et dans la salle du Mont Jésus-Marie, chez les Sœurs SNJM à Outremont111. Le 17 mai 1962, d’autres jeunes présentent des numéros de culture physique et de danses folkloriques et participent à des concours d’art oratoire et d’art plastiques112. Suzanne Turcotte, du cours science-lettres de 11e année, reçoit un magnifique prix, une bourse de voyage à Stratford, en Ontario, où elle pourra aller voir une pièce de Shakespeare. Stratford présente encore aujourd’hui un festival dédié à ce grand auteur dramatique anglais du 16e siècle. « L’éducation, pour être complète, se doit de former l’homme tout entier : corps, cœur, esprit », écrivent les Sœurs dans leurs chroniques. En 1969, d’autres travaux de réaménagement ont cours dans l’école. Des ateliers d’arts plastiques sont installés dans la cuisine et dans une partie de la salle de récréation au sous-sol ; la bibliothèque et le laboratoire d’alimentation sont agrandis au rez-de-chaussée, la cuisine des professeurs est déménagée au 1er étage et un laboratoire de biologie est installé au 3e étage avec une animalerie113. Des cours en esthétique et en visagisme (sic) sont aussi donnés à titre expérimental114. Classe de secondaire IV en 1963-1964. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. 36 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 En 1980, un an avant sa fermeture, elle n’en accueille plus que 500119. Les années 1970 Les menaces de fermeture et le départ des Sœurs SNJM Les années 1970 sont marquées par les menaces de fermeture de l’école secondaire Marie, Reine et par la fin de la présence des Sœurs SNJM. Le départ à la retraire de Sœur M.-Louis-Zéphirin (de son vrai nom Alice Morin), qui assura la fonction de directrice de 1953 à 1971*, met fin à toute une époque. En 1974, c’est au tour des Sœurs SNJM de quitter leur résidence de la rue Darling115. Celle-ci est alors convertie en bureaux pour les professeurs. Dès 1974, la menace de fermeture plane sur l’école. La CECM envisage alors trois scénarios pour cet établissement scolaire : a) l’école accueillerait à partir de 1978 des étudiants du premier cycle secondaire avec l’école Chomedeyde-Maisonneuve alors que les élèves du deuxième cycle seraient transférés dans les écoles Eulalie-Durocher et Saint-Émile, b) l’école serait convertie en école primaire afin d’accommoder l’école Adélard-Langevin. Le troisième scénario est sa fermeture complète116. Dans l’immédiat, l’école n’est pas appelée à fermer puisque les quatre écoles secondaires du quartier n’ont qu’une capacité totale de 3 250 places alors que le besoin réel pour l’année scolaire 1974-1975 est estimé à 5 915 places117. La CECM accorde un sursis à Marie, Reine en entreprenant d’importants travaux de réaménagement en 1976 afin d’accueillir les garçons à la rentrée scolaire 1977. L’entrepreneur Alphonse Gratton obtient un contrat de 101 495 $118. Du reste, Marie, Reine devient une école mixte pour 700 élèves du premier cycle secondaire (niveaux I, II et III). Au plan pédagogique, deux projets spéciaux mis sur pied en 1977-78 dans le cadre de l’Opération renouveau viennent en aide aux élèves en difficulté d’apprentissage. L’un concerne la récupération en français, plus particulièrement la compréhension en lecture, l’autre vise la création d’un centre de dépannage pour les élèves qui présentent des troubles de comportement. Le centre est animé par l’éducatrice Louise Henrichon120. D’autres projets d’assistance pédagogique voient le jour en 1979, cette fois pour l’ensemble de la clientèle, et portent sur l’enseignement de l’anglais et du français121. Devant la diminution constante du nombre de ses élèves et ses problèmes budgétaires chroniques, la CECM est forcée de fermer 66 de ses écoles primaires sur les 210 existantes et 26 de ses écoles secondaires sur 68, de 1978 à 1982122. Ainsi, près de 40 % des écoles secondaires sont appelées à disparaître en moins de cinq ans dans le réseau catholique francophone de Montréal. L’abolition de 400 postes de personnel non enseignant et les réformes administratives permettent à la CECM d’économiser 9 millions de dollars en 1977103, mais cela s’avère insuffisant. L’école Marie, Reine est dans la mire des Commissaires. Dès 1978, la CECM songe à lui donner une nouvelle vocation ; elle deviendra une école primaire en septembre 1981104. Cette décision est votée officiellement par le Conseil des commissaires à la séance du 10 décembre 1980. Le répit pour Marie, Reine aura donc été de courte durée. * Sœur M.-Louis-Zéphirin fut d’abord enseignante à l’école primaire supérieure Stadacona, de 1941 à 1951, avant de devenir directrice de la nouvelle école secondaire Marie, Reine. Elle décèdera dans le quartier à la résidence SainteÉmélie à Viauville, le 27 octobre 1978. Voir Nouvelles de l’Est, 7 novembre 1978. 37 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 École Adélard Langevin. Vers 1980. Collection Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. 38 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Les années 1980 L’école Adélard-Langevin déménage L’école Adélard-Langevin, qui prit d’abord le nom de Collège commercial des religieux de Sainte-Croix puis celui d’Académie Saint-Joseph, est l’une des plus anciennes d’Hochelaga-Maisonneuve avec l’école Hyacinthe-Hudon (école Saint-Joseph des Sœurs SNJM). Elle a été construite en 1885 sur le site d’une autre école, érigée en 1875 et démolie dix ans plus tard. Située sur la rue Dézéry, à l’angle de la rue Hudon (anciennement la rue Saint-Jean-Baptiste), cette école pour garçons fut dirigée par les Frères de Sainte-Croix dès son ouverture en 1885105. La venue des frères dans Hochelaga date de 1883 ; dans le contrat d’engagement qui les lie avec la Commission scolaire, il est dit que les Frères enseigneront les diverses « branches ou matières en usage dans nos meilleurs écoles et académies, (et) feront lorsqu’ils le jugeront à propos surtout de l’Anglais & du cours commercial une spécialité106. » En 1896, la Commission scolaire d’Hochelaga fait construire aux religieux une résidence de trois étages, contiguë à l’école127 dont l’architecte est Jos. Venne (1858-1925), un architecte francophone de Montréal en vue au tournant du XXe siècle**. En 1909, la résidence est démolie par la Commission scolaire afin de procéder à l’agrandissement de l’école. La Commission leur fait toutefois construire une nouvelle résidence, en 1907, de l’autre côté de la rue Dézéry. Venne est également choisi comme architecte pour ces travaux d’agrandissement de l’école et de construction de la résidence128. En 1900, 550 à 600 élèves en moyenne fréquentent l’école129 ; avec l’agrandissement de 1909, ils sont plus de 900 à le faire et plus d’un millier en 1942130. C’est en 1931 que l’Académie Saint-Joseph change de nom pour celui d’école AdélardLangevin, en l’honneur de Mgr Langevin (18551915), qui mena de dures batailles contre le gouvernement provincial du Manitoba pour conserver les écoles françaises dans cette province. En raison de l’abolition des écoles françaises au Manitoba, la population francophone allait passer d’environ 50 % en 1900 à 5 %, quelques décennies plus tard. Cela dit, Mgr Langevin est aussi le frère d’un ancien curé de la paroisse de La Nativité. En 1935, des finissants de 8e année demandent à la CECM d’ajouter une 9e année car « le jeune âge et la pauvreté de plusieurs*** empêchent certains d’entre nous à vaincre la distance pour fréquenter la plus prochaine des écoles supérieures131. » Les finissants seront acceptés à l’école Chomedey132. Manquant d’espace dans leur école de la rue Dézéry, les frères tiendront quatre classes dans la salle paroissiale de la Nativité à partir de 1937133. De malheureux travaux effectués dans les années 1940 modifient considérablement l’allure de la façade qui perd ses éléments décoratifs tels que ses sept lucarnes et ses deux pilastres qui entourent le portail. Les Frères de Sainte-Croix assureront la direction de l’école jusqu’à la fin de l’année scolaire 1967-1968. Devant la diminution des ** Joseph Venne signera notamment les plans des églises Saint-Enfant-Jésus-du-Mile-End, Sacré-Cœur et SaintClément-de-Viauville et ceux du Monument national à Montréal. Il réalisera quelques églises pour les FrancoAméricains de la Nouvelle-Angleterre. *** La population subit alors les effets de la crise économique des années 1930. 39 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Mme Desmarais devant l’entrée de son ancienne école où elle a enseigné pendant vingt ans. Photo : Paul Labonne. 40 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 vocations religieuses, les Frères de Saint-Croix commencent à manquer de relève. Dans une lettre adressée au supérieur général de la congrégation à Rome, le supérieur provincial évoque cet argument ainsi que la dégradation des conditions des frères enseignants dans Hochelaga pour se retirer de l’école134, ce qui leur est accordé en avril 1968. En 1978, l’école, devenue mixte, accueille les élèves de l’école Malvina-Marchand qui ferme ses portes. Selon Monique Desmarais, l’intégration entre les deux écoles a été difficile les six premiers mois, notamment en ce qui concerne les relations entre le personnel; on doit aussi mentionner le déplacement d’enseignants qui ont dû céder leur place à d’autres qui avaient plus d’ancienneté. Devenue vétuste, l’école pose des problèmes de sécurité publique. Les pompiers recommandent la fermeture de l’école. Des clous sont installés au plafond pour indiquer les endroits dangereux où les élèves doivent éviter de s’asseoir135. L’école sera finalement démolie en mai 1984 pour faire place à une soixantaine d’unités de HLM destinées aux personnes âgées136. Entre temps, professeurs et élèves déménagent en 1981 à l’école Hochelaga. Le grand dérangement Avec la fermeture des écoles Hyacinthe-Hudon, Malvina-Marchand et Adélard-Langevin, l’école Hochelaga demeure, au début des années 1980, la seule école primaire de la paroisse de la Nativité alors que l’école Baril dessert les enfants de la paroisse Très-Saint-Rédempteur. 41 Professeur à la retraite, Madame Monique Desmarais a enseigné pendant vingt ans à l’école Hochelaga (1981-2001). Elle y avait elle-même étudié en 1957-1959, à l’époque de l’école secondaire pour filles Marie, Reine, dirigée par les Sœurs SNJM. Elle nous a aidé à retracer les événements qui se sont déroulés à l’école durant les années 1980. Entretien avec Monique Desmarais. Deuxième partie Le déménagement à l’école Hochelaga « Pour le grand déménagement (de 1981), c’était quasiment la déportation des Acadiens de l’époque. Ç’a été un déménagement très ardu. On est arrivé dans une école secondaire qui n’était pas adaptée aux petits. Un mois avant le déménagement, on avait fait une visite à l’école pour choisir les locaux. La CECM devait transporter le matériel. On avait un temps limité pour faire les boîtes alors qu’on avait besoin de notre matériel jusqu’à la fin de l’année scolaire. On a commencé à empaqueter le 1er juin. La CECM n’a rien fourni, pas même le papier pour étiqueter les boîtes. Il fallait tout identifier. On avait un certain nombre de boîtes accordées à chaque enseignant, il nous en manquait évidemment. Il fallait courir chez les marchands du quartier pour en trouver. Entre parenthèses, quand on faisait les autres déménagements, de l’école Hudon à l’école Marchand, de l’école Marchand à l’école Langevin, on prenait des voiturettes d’enfants. Ç’avait l’air d’une parade de la Saint-JeanBaptiste avant le temps. Les parents transportaient le plus gros, soit les chaises, les étagères et nos effets personnels. La Commission scolaire déménageait les grosses armoires et les pupitres. CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Tout le restant a été déménagé par les enseignants et les parents avec des voiturettes. (…) Quand on est déménagé de l’école Langevin à l’école Hochelaga, la CECM devait déménager les pupitres, les armoires, le gros matériel et les boîtes. Ce qu’on ne nous avait pas dit, c’est que toutes les boîtes de toutes les classes avaient été « garrochées » dans le gymnase. Les boîtes étaient fendues. On avait des livres de 6e année mêlés avec des livres de 2e et de 3e années. Tout était entassé pêle-mêle dans le grand gymnase. En ouvrant les portes du gymnase, on a tous dit : « Ça ne se peut pas ». Je revoie la scène, on avait les yeux plein d’eau. Nous, on s’attendait à ce que les boîtes qui étaient identifiées au numéro du local se rendent dans le local. Il ne nous aurait resté qu’à défaire nos boîtes. Ce qui est arrivé, c’est que le déménagement a eu lieu avant les vacances de la construction en juillet alors qu’il n’y avait personne sur place. Comme les pré-maternelles (les quatre ans) entraient, on a commencé par le 3e étage ; les enseignants faisaient la chaîne pour monter les boîtes au 3e étage, le matin, parce qu’on avait plus de force, on finissait par le premier étage parce qu’on était rendu presqu’à genoux en dernier. Tout ce que l’on avait dans nos classes, c’était nos tribunes qui avaient été conservées de l’ancien style. Les enfants entraient trois ou quatre jours après. On avait rien comme mobilier. On était assis par terre sur la tribune. Je regarde mon local numéro 212, je ne l’oublierai jamais, il y avait des graffiti à connotation sexuelle sur les bords des fenêtres et sur les stores, vestiges de l’école secondaire. Il y avait des graffiti incrustés dans les ardoises des tableaux. Ç’a été la descente aux enfers, pas pour longtemps parce qu’il fallait vite revenir à la réalité. On a réussi à monter les 42 boîtes dans les classes, mais beaucoup de matériel personnel a été perdu, à savoir des estampes, des règles, des brocheuses. La direction de l’époque nous avait regardé en voulant dire, qu’est-ce qu’on fait ? Il (M. Jean Perrier) ne nous a jamais donné d’ordre. Il a été d’une délicatesse. Ç’a été le directeur qui nous fallait pour commencer. Il nous apportait de l’eau, on suait à grosses gouttes, ç’a été le sauna pendant quasiment trois jours, assez qu’on tordait les chandails dans le dos tellement pendant que les gens montaient les boîtes du 2e au 3e étage. La veille de la rentrée des enfants, on n’avait pas encore de pupitres. On se demandait où on allait asseoir les enfants. On avait peur de la réaction des parents. Les pupitres sont finalement arrivés à 16h. On s’est mis à laver les pupitres et les chaises avec l’aide des parents. Pour aller chercher l’eau, il fallait monter un étage, au 3e, parce que l’eau avait été coupée en bas. On a quitté l’école vers 21 heures, après avoir posé des affiches dans nos classes pour rendre cela agréable à nos élèves. Les enseignants étaient terriblement fatigués, on riait pour des riens. Je ne sais pas combien de club-sandwichs nous avons mangé du restaurant Fiset qui était situé au coin de Darling. On nous envoyait du Sprite parce qu’on l’eau n’était pas buvable, les tuyaux étaient rouillés ; quand on faisait partir l’eau, elle était de couleur orange. Tout cela a soudé l’équipe, ç’a été une équipe formidable. On ne pouvait pas passer à travers sans le sens d’équipe, sans une solidarité. Le directeur nous a réuni dans la salle des enseignants, qui n’avait pas de chaises. Nous nous sommes réunis debout, appuyés sur les murs tellement nous étions fatigués. Il nous a félicités pour la façon dont nous avions agi. Il était déjà directeur dans notre ancienne école. C’était un CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 homme de petite taille mais qui avait du nerf. Il ne se choquait pas souvent, mais quand cela arrivait, ce n’était pas beau à voir. Il nous a laissés faire la rentrée des enfants en ajoutant qu’on ne pouvait pas continuer comme cela. En rentrant par l’entrée principale, on arrivait dans les toilettes. Aucun aménagement n’avait été fait pour le primaire. Vingt minutes après être entré à l’école, un enfant doit aller à la toilette. Il fallait alors monter au 3e étage (le seul qui avait de l’eau courante), le jeune de première année, souvent, n’avait pas le temps de se rendre. Les abreuvoirs aussi avaient été débranchés. On utilisait la toilette des enseignants pour les enfants, qu’on faisait entrer un par un. Au dixième élève, on faisait partir l’eau, pour que ça aille plus vite. Jean Perrier a demandé un délai d’une semaine à la CECM ; deux toilettes ont pu être raccordées en bas. M. Perrier, qui était très habile de ses mains, a raccordé lui-même les autres toilettes. Il était rendu menuisier et plombier. » sur ses genoux. Il est très très compréhensif, mais quand venait le temps d’être autoritaire, il l’était. Quand on disait, « O.K. Boss ! », on ne discutait plus, on exécutait (rires). Dans le temps de ce directeur-là, il y avait une intégration des parents ; l’école leur était ouverte et ceux-ci respectaient les enseignants et la direction d’école. Le directeur acceptait les parents tels qu’ils étaient et les a amenés plus loin dans la façon de comprendre les enfants et comment réagir avec eux. Il sortait tous les matins et les midis pour jaser avec eux, de sorte qu’il avait changé cette façon de dire les choses aux enfants. Il leur apprenait à leur parler. Quand il y a avait des parents très agressifs, il les faisait venir à son bureau, il leur parlait calmement. Les parents en avaient confiance. Il ne les blâmait jamais. Il prenait les parents le matin en jaquette ou en robe de chambre, avec leur café dans la main, et les recevait dans son bureau. Il leur portait un très grand respect. En sortant du bureau, certaines mères disaient : « c’est la première fois qu’un homme m’écoute. Je vais revenir… » Un directeur bien aimé « En plus d’être un bon directeur d’école, Jean Perrier était comme un grand-père pour les enfants et un père pour nous. Il comprenait notre situation. Il ne nous a jamais exploités. C’était le directeur qu’il nous fallait pour une situation comme celle-là (le déménagement). Ç’a été vraiment le pilier. Il savait quand réprimander les enfants, il savait aussi comment les aimer. Si un enfant avait besoin d’affection, il n’hésitait à le faire venir dans son bureau et discuter avec lui ; des fois, c’était avec les cas les plus difficiles. Pendant les petites fêtes que nous faisions, il arrivait fréquemment qu’un enfant aille s’asseoir 43 Avec le personnel enseignant, il a aussi établi une grande complicité et un grand respect. Il n’imposait pas directement, il avait plutôt une autre façon pour atteindre ses buts. Quand il nous voyait fatiguées et même parfois agressives, jamais il n’en parlait. On avait développé des trucs. Ainsi, quand il avait la cravate bien serré, c’est qu’il avait quelque chose à nous demander. Quand elle était desserrée, on se disait « la réunion va bien se passer (rires). » Il a occupé la fonction de directeur jusqu’en 1984. Il a quitté l’école pour sa retraite le cœur bien gros. Nous l’avons alors fêté. Il est décédé l’année dernière (2004). » CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Les enseignants originaires du quartier, un rôle important à jouer « Quand les enseignants sont originaires du quartier, ils n’ont pas besoin de poser des questions, on sait ce que vivent les parents et comment ils vivent. Les parents savent qu’ils ne seront pas jugés par nous. On fait partie des leurs, de sorte que lorsqu’il arrivait des nouveaux enseignants, les parents nous demandaient : « C’est-tu potable ? On peux-tu leur parler ? » Si on disait oui, ils les approchaient. Si on hésitait, on ne disait jamais non, si on hésitait seulement, ça prenait quatre à cinq mois avant qu’ils réussissent à les approcher. Les nouveaux professeurs provenant de l’extérieur du quartier devaient faire leurs preuves avant d’être acceptés par eux. Les enseignants du quartier servaient aussi d’intermédiaires entre les nouveaux professeurs et les parents. J’habitais dans le quartier, les parents m’invitaient à aller prendre un café. J’allais toujours au Restaurant Fiset ; je calmais la tempête des fois. S’il y avait une mortalité dans le quartier, les parents me laissaient des messages dans ma boîte à malle. Je n’ai jamais eu de téléphones « niaiseux », je n’ai pas été dérangée à ma porte, jamais. Quand il y avait un décès, parce qu’il y a eu des choses difficiles à traverser dans le quartier, des enfants qui se faisaient frapper, je me souviendrai toujours que j’avais été appelée à la rescousse des parents et des enfants qui venaient de perdre leur compagnon. Quand j’arrivais dans le salon mortuaire, les enfants se lançaient sur moi ; j’avais à expliquer la mort à des enfants, ce n’était pas facile. » L’Opération Renouveau « Quand nous sommes rentrés à l’école Hochelaga, il y avait déjà des projets dans le cadre de l’Opération Renouveau, il y avait une 44 éducatrice extraordinaire, Danielle Bouchard, une fille du quartier. Elle s’est très impliquée, au point d’y laisser sa santé. Elle avait une approche très simple avec les parents. Elle savait comment les approcher avec leurs talents. On avait des « ateliers parents ». Le mercredi avant-midi, tous les locaux étaient occupés, même le sous-sol du gymnase. Les parents enseignaient le macramé, la cuisine aux enfants… Les papas enseignaient comment scier le bois, peinturer et poser un tuyau. On avait gardé cette formule de l’école Adélard-Langevin. Les parents étaient très utiles, ils partageaient notre enseignement, de sorte que ce que nous voulions atteindre en français ou en mathématique, la mesure par exemple, les deux papas qui faisaient l’atelier de bois incorporaient cette notion dans leur atelier. Je les vois encore très bien, le crayon sur l’oreille. Ils apportaient leurs outils pour montrer aux enfants quoi faire et comment utiliser les outils de façon sécuritaire. Ce n’était pas des outils pour jouer mais pour construire. Il y avait aussi des ateliers de cuisine. Les parents apprenaient aux toutpetits de première année comment faire du jello. Quand ils étaient rendus à mettre l’eau bouillante, il demandait l’aide d’un adulte. Les enfants mettaient l’eau froide, brassaient le jello et le mettaient dans un plat. On avait un questionnaire fait par Danielle qui permettait d’identifier les intérêts des enfants. L’enfant pouvait s’inscrire dans l’atelier de macramé, de bois, de cuisine, de musique, de maquillage, surtout les filles de 6e année. On avait des ateliers sportifs aussi. L’enfant avait trois choix. Au bout d’un mois, tous les enfants avaient fait l’ensemble des ateliers qui duraient 52 minutes. Il y avait environ un maximum de dix enfants par atelier qui avait lieu le mercredi matin. Une cloche sonnait et les enfants savaient où aller, parce que les ateliers étaient identifiés par des chiffres. Ils avaient lieu dans le gymnase CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 et au sous-sol ainsi que dans la cuisine des professeurs, pour le poêle. Les enseignants suivaient le déroulement, mais n’intervenaient pas sauf dans le cas d’un problème de comportement grave. Ce sont les parents qui géraient leur discipline et le fonctionnement de l’atelier. Une soixantaine de parents participaient à 10-15 ateliers selon la session. À la fin de l’année, on exposait les travaux des enfants. Danielle a été la chef d’orchestre et l’âme dirigeante de ce projet pendant sept ou huit ans. On l’a surnommée amicalement la « gérante d’estrade » Elle s’est aperçue que les enfants de l’école Hochelaga avait besoin de plus d’activités physiques, de sport. On se demandait comment gérer la violence. Danielle s’occupait des sports collectifs dans le grand gymnase pendant qu’elle gérait tous les ateliers. Des enfants ont appris à jouer au basket-ball et à plusieurs sports collectifs. Elle fut professeure d’éducation physique pendant un bon bout de temps. En plus, elle soutenait les enseignants, le directeur comptait beaucoup sur elle. Si l’Opération Renouveau a bien fonctionné à l’école, c’est grâce à elle. » *** Nous avons pu retracer quelques coupures de presse qui nous ont permis de documenter cette décennie. Nous y apprenons, entre autres, que l’état de la peinture des murs de l’école laisse à désirer en 1982. Dans un autre ordre d’idée, des négociations sont en cours entre la CECM et la Ville de Montréal concernant l’utilisation conjointe de la nouvelle piscine qui serait mise à la disposition des élèves du réseau durant les heures de classe137. Toujours en 1982, les élèves procèdent à la plantation d’arbres sur le terrain de leur école, dans le cadre d’une campagne d’embel- 45 lissement de la CECM qui vise également à contrer le vandalisme138. En 1984, Jean Maheu devient le nouveau directeur. À la rentrée scolaire qui s’effectue le 28 août, l’école compte 374 élèves. La rentrée est devancée de quelques jours afin de prolonger d’une semaine le congé de Noël139. À l’exposition de la fin de l’année scolaire 1984-1985, plus de 800 personnes défilent pour admirer les travaux des élèves dont plusieurs ont porté sur le thème de l’Année internationale de la Jeunesse. On signale la participation de 80 parents à la préparation de cette fête. Leur participation s’est étendue tout au long de l’année140. Les élèves mènent une autre campagne de propreté dans le quartier en 1988, invitant la population à planter des fleurs sur leur balcon et sur leur terrain. Les élèves prêchent eux-mêmes par l’exemple en plantant autour de leur école quinze conifères fournis par le ministère des Mines et des ressources141. Le 3 juin, les élèves participent au spectacle « Le procès de la chenille », monté par Manon Pelletier, aidée d’Henriette Bellerose, Danièle Dion et Odile Renaud. Mme Pelletier s’inspire d’un conte de Félix Leclerc et des chansons de Gilles Vigneault pour la rédaction de ce procès particulier. En 1989, plus de 200 jeunes réalisent le projet « Eau-là Cétacés ! », qui vise à sensibiliser la population à la pollution qui affecte la faune marine. Le projet se termine le 1er juin par la présentation d’un grand spectacle alliant musique, théâtre, danse, et arts plastiques. 55 élèves montent alors sur la scène. Le spectacle est présenté à trois reprises ; un extrait est même joué au gala du « Prix Excellence de la région Est » le 13 juin142. CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Classe de maternelle A de l’enseignante Louise Hudon. Photo : Famille Brodeur. Classe de 2e année A, de Lise Guilbault. Photo : Famille Brodeur. Nouvelles de l’Est, le 22 décembre 1992. 46 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Les années 1990 Comme le suggère le mot d’ordre de la CECM en 1990-1991, l’enseignement du français est privilégié. Une « Fête du français » est d’ailleurs organisée à l’école le 19 juin. Pour l’occasion, on expose les travaux scolaires réalisés par les enfants de la maternelle 4 ans jusqu’aux grands de 6e année. Soixante-quinze élèves et quatre enseignantes de l’école, Lise Brown, Monique Desmarais, Christiane Magnan et Jocelyne Séguin, expérimentent, en 1991, sous la supervision de la conseillère pédagogique Michèle Drolet, aidée de Lucie Bégin, orthopédagogue à l’école Hochelaga, un projet pilote visant à adapter l’enseignement des professeurs aux connaissances et aux expériences antérieures des élèves. Monique Desmarais, une des professeurs qui a participé au projet, raconte : « J’étais d’abord très réticence pour plusieurs raisons. J’ai dit à Michèle Drolet, « Je vais tenter l’expérience avec toi mais si au bout de trois semaines, cela ne fonctionne pas, on arrête. » Elle m’explique son projet. Je me souviens de la première situation. Elle voulait prouver que les enfants mis dans une situation concrète étaient capables de lire et d’écrire. Or, la première situation, consistait à fabriquer du pain dans une classe. J’ai dit à Michèle, as-tu vu de quoi a l’air mon pupitre ? As-tu pensé à mes livres chaque bord ? Elle me répond, « on va mettre un grand drap ». Moi de lui répondre : « as-tu pensé que la farine passe à travers le drap ? » Je voyais d’avance le ménage qu’il y aurait à faire. Je vois les enfants, la farine, l’eau, le sel, heureux. Enfin, on va jouer dans quelque chose. Moi, je n’avais comme fonction que d’écrire. Je laissais Michèle aller. Je voyais la farine monter comme un petit nuage blanc. Les enfants arrivaient à lire la recette. 47 Faire cuire le pain. Quand cette situation-là a été terminée, j’étais au bout de la corde, pourtant je n’avais qu’à écrire. Il y a eu différentes situations, des tartes aux pommes, construire une histoire. Je me suis demandée « Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi ai-je dit oui » tout au long du projet mais j’ai laissé la chance au coureur. Michèle me dit, « je vais produire un livre (sur ce projet) ». Je lui ai dit, « fais une annexe sur mes appréhensions et mes réactions » (rires). Moi, j’étais dans le fond de la classe, je voyais tout ça passer, je n’interviens pas et je lui laisse la classe au complet. On a des cas de comportements d’élèves. Je vois un enfant qui donne des petits coups de poing sur le sac de farine, il la voyait sortir. Michèle va le voir et lui dit : « Viens, je vais t’expliquer ce que c’est la farine ». Dans mon for intérieur, je me disais, « explique-s’y pas, ôte-le de là ». Ç’a été une expérience extraordinaire qui m’a fait découvrir comment approcher les enfants, de sorte que cela a modifié mon approche. Je m’en suis servie avec mes stagiaires. Les enfants sont capables de s’adapter à différentes situations, de sorte que le lendemain, je les faisais réagir sur ce qu’ils avaient vécu. Ils m’ont vraiment sécurisé en me disant, on a bien aimé l’activité, mais on aime aussi la manière que tu nous enseignes. » L’année 1992 est une année chargée pour l’école. Le 29 avril, les parents sont conviés à une rencontre avec le commissaire scolaire Robert Cadotte, la conseillère municipale Diane Barbeau et la présidente de comité d’école. Le thème de cette soirée porte sur la violence dans le quartier et sur les façons de la contrer. Cette rencontre conduira l’ensemble des écoles du quartier à entreprendre en 1993 un projet de prévention dans les cours d’école et les parcs143. En juin, un nouveau directeur, M. Réal St-Jean, est nommé en remplacement de Richard Wagner144. Le 20 octobre, les parents qui utilisent CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Dans le cadre du projet « Des parcs pour la paix », les élèves présentent avec enthousiasme leurs suggestions à la conseillère municipale Diane Barbeau et au commissaire scolaire Robert Cadotte. 1993. Photos : Robert Cadotte. Des parents-bénévoles assistent au dévoilement des travaux de leurs enfants en présence de la présidente du comité-d’école Mme Louise Piquette-Brodeur et de la conseillère municipale Diane Barbeau (respectivement 4e et 6e à partir de la gauche). Photo : Robert Cadotte. 48 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 la garderie du Faubourg votent sa fermeture en assemblée générale. La garderie est acculée à la faillite, ayant accumulée une dette de 140 000 $145. Enfin, l’école organise, à l’automne, une campagne de financement originale, soit un orthographe-o-thon où les élèves apprennent leurs mots tout en amassant des fonds qui serviront à leurs activités de plein air. Sept-milledeux-cents dollars sont ainsi amassés, fracassant l’objectif de cinq mille dollars. Plusieurs élèves se voient remettre des prix d’excellence146. enfants d’avoir accès au parc pendant les récréations, la cour étant vraiment trop petite. Des paniers de basket-ball à l’effigie du symbole de la paix sont également installés dans la cour d’école. Ces installations sont le fruit des suggestions des enfants. Le commissaire et la conseillère municipale ont pris en charge le suivi du concours organisé auprès des élèves et ils ont « tenu leur promesse ». De plus, une étudiante en architecture organise une activité avec les élèves afin de fabriquer un banc artistique à l’avant de l’école. Branle-bas de combat en octobre 1993 alors que les parents apprennent que le sol de la cour d’école a été contaminé par de l’huile à la suite du bris du réservoir d’huile à chauffage de l’école. On retire la terre contaminée à l’aide de bulldozers du 5 au 18 octobre. Pendant ce temps, les élèves tiennent leurs récréations dans la salle du gymnase147. En 2001, d’autres installations seront ajoutées dans le parc, au coût de 205 000 $. Une fête est organisée pour l’occasion. Élèves, professeurs et mascottes paradent, sur la musique de Félix Leclerc, autour des nouveaux jeux, le jour de l’Halloween. En 1994, un projet monté dans le cadre du 5e plan d’action de l’Opération Renouveau associe la Maison des enfants à l’école Hochelaga. Un local est aménagé pour les enfants d’âge préscolaire et leur sert de lieu d’écoute et d’accueil. Le local est meublé de 150 toutous créés à partir de dessins d’enfants et sont offerts par le Musée des Beaux-Arts de Montréal. Des rencontres sur le thème « Comment aider mon enfant à apprendre » sont aussi proposées aux parents. Enfin, la directrice de la Maison des enfants, Pierrette Gélineau, offre des ateliers de perfectionnement aux enseignants afin de les sensibiliser à la réalité des familles et des enfants des quartiers défavorisés148. En juin 1994, à la suite de l’opération de prévention de la violence de 1993, on inaugure une arche bleue arborant l’inscription « Un parc pour la paix » entre la cour d’école et le parc municipal adjacent149. L’objectif est de permettre aux 49 L’année scolaire 1995-1996 s’avère moins réjouissante. La direction d’école apprend que les 21 écoles du Regroupement 3 dont fait partie l’école Hochelaga sont sur le point de perdre 25 enseignants spécialisés qui oeuvrent auprès des élèves en difficulté d’apprentissage. Ces enseignants seraient transférés dans le regroupement 4, qui accueille une clientèle scolaire nettement plus favorisée. Le commissaire du quartier, Robert Cadotte, s’insurge publiquement contre cette décision. La présidente du Comité d’école de l’école Hochelaga, Mme Louise Piquette-Brodeur, va défendre la cause des quartiers défavorisés à l’assemblée des Commissaires, le 20 décembre 1995, en invoquant les risques de décrochage scolaire au secondaire pour les enfants qui ont doublé au niveau primaire. La décision de la majorité des commissaires, qui manifestement ne s’appuie pas sur les besoins réels des différentes clientèles, ni sur la reconnaissance des inégalités socio-économiques entre les quartiers de la métropole, paraît irrévocable150. CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Nouvelles de l’Est, le 21 juin 1994 Nouvelles de l’Est, le 28 octobre 1997 Nouvelles de l’Est, le 5 avril 1994. 50 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 À la fin des années 1990, l’état physique de l’école Hochelaga laisse à désirer. Des morceaux de plâtre s’effondrent, laissant des trous blancs béants. Il n’y a qu’une seule prise de courant par classe et on utilise des draps blancs, peinturés par les élèves, comme rideaux. Un des directeurs de l’école, Claude Vaillancourt, en poste depuis l’année scolaire 1994-1995, espère une subvention de la CECM, sans trop y croire151, ce qui n’empêche pas les élèves d’avoir de magnifiques rentrées scolaires comme ce fut le cas en 1997. En 1997-1998, l’école mise sur une meilleure estime de soi des élèves, le goût de la persévérance scolaire ainsi que sur la responsabilisation et l’autonomie des jeunes. On privilégie également l’enseignement des matières de base comme le français et les mathématiques, l’appropriation des technologies informatiques et le développement du sens artistique des élèves152. Rencontre des élèves de 6e année B avec Félix-Antoine Despatie, comédien dans le film « La mystérieuse Mlle C », dans le cadre de leur projet théâtre. Archives de l’école Hochelaga 51 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Gaz-Métro reçoit les jeunes de l’école pour la Journée-Carrière en 2001. Archives de l’école Hochelaga. Grâce au personnel de Gaz-Métro, les élèves de 6e année sont initiés à divers métiers, leur permettant d’avoir une vision plus éclairée quant au choix d’un futur emploi. 2001. Archives de l’école Hochelaga. « 10-4. On vous envoie le camion ! », semble dire ce jeune. Archives de l’école Hochelaga. 52 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Le parrainage avec Gaz-Métro L’aventure avec Gaz-Métro débute en 1996 alors que la compagnie, qui est sur le point de célébrer son 40e anniversaire de fondation, cherche une façon de s’impliquer dans son milieu. Au même moment, le directeur de l’école Hochelaga, M. Vaillancourt, sollicite la compagnie afin de voir si elle ne serait pas intéressée à établir un partenariat avec son école. La réponse est positive. GazMétro vient de trouver le projet social dont elle rêvait pour son 40e anniversaire. Un comité de 15 à 20 personnes, formé d’employés des divers services et de représentants du syndicat de la compagnie est mis sur pied afin d’organiser les activités de parrainage avec l’école. René Paul, représentant des achats directs de la compagnie (approvisionnement gazier) est l’homme tout désigné pour diriger le comité. Étant originaire du quartier, il connaît bien les conditions de vie souvent difficiles que vit la population. Il accepte donc la présidence du comité à la demande de ses collègues qui apprécient grandement son dynamisme et son intérêt pour le quartier. Gaz-Métro remet annuellement à l’école plusieurs milliers de dollars en plus de fournir 5 000 $ pour le fonctionnement du comité. Avec cet argent, l’école peut organiser des activités et des sorties éducatives pour ses élèves, acheter des articles scolaires, des vêtements pour les enfants, du matériel sportif, ainsi que de la nourriture pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un dîner, etc. « On s’est aperçu que les enfants du quartier avaient besoin d’aide, pas uniquement monétaire, mais aussi d’une écoute, raconte René Paul. Les employés prennent le temps de leur parler153. » « Nous avons un contact direct avec les enfants deux fois par année. La première journée est 53 consacrée au dépouillement de l’arbre de Noël pour les élèves de la pré-maternelle, de la maternelle, de 1ère et de 2e années, soit environ 150 enfants. La journée a lieu peu de temps avant Noël ; les enfants viennent ici (chez GazMétro) en autobus. Ils sont divisés en deux groupes. Le premier arrive de bonne heure le matin ; ce sont les jeunes de la pré-maternelle et de la maternelle. L’après-midi, nous recevons les élèves de 1ère et de 2e années. Le premier groupe, soit à près 75 jeunes, vient déjeuner. Ensuite, on les sépare en quatre groupes pour les ateliers : rencontre avec le Père Noël, maquillage et deux autres ateliers qui varient à chaque année. Il y a souvent un atelier de création où les enfants font des marionnettes. L’autre atelier très populaire est celui des bonhommes magnétiques que les jeunes peinturent et qu’ils collent ensuite sur les réfrigérateurs. Les enfants font la rotation des quatre ateliers qui durent environ une demiheure chacun. À 11h30, ils vont à la salle Flamme-Bleu, une grande salle de réunion. Ça, c’est fantastique ! Sophie Brochu, une des viceprésidentes chez Gaz-Métro, qui est très impliquée dans le comité, a des amis comédiens professionnels comme Luis Oliva, celui qui jouait dans Tag, qui vient ici bénévolement. Même chose pour Geneviève Brouillette, Joël Legendre et Michelle Sirois… Depuis six ans, ils donnent de leur temps gratuitement pour une pièce de théâtre qui est de toute beauté. Ils viennent pratiquer trois jours avant. C’est très émouvant de voir la réaction des enfants quand la pièce est finie, voir les caresses. Tout le monde braille à chaque année. Ensuite, on s’en va à la cafétéria. Là, on a les 150 enfants pour le dîner. Des bénévoles font de la musique, chantent avec eux. Après le dîner, ceux du matin retournent à l’école alors que ceux de l’après-midi font les mêmes activités. » CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 La jeune Laurie Livernoche pose fièrement avec Martine Giguère, une employée de Gaz-Métro, et René Paul, le président du comité de parrainage. Archives de l’école Hochelaga. 54 CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 « Pour moi, l’impact de la deuxième journée, que l’on appelle la Journée Carrière, est encore plus grand. On sait que les jeunes dans le quartier ont une vision assez limitée des métiers qu’ils peuvent avoir. On s’est dit, pourquoi ne pas ouvrir nos portes pendant une journée aux jeunes de 6e année. On les accueille et on leur fait faire une tournée des métiers chez Gaz-Métro. Quand ils arrivent ici, ils sont un peu sceptiques, mais rapidement les jeunes participent. Munis d’un masque, ils ont mis du ruban puis « shooté » de la vraie peinture sur une partie de camion. Ils retournent ensuite faire de la soudure à l’arc. Ils ont le masque et sont tout équipés ; les employés tiennent la torche avec eux. Ils se coupent des morceaux et se font des bonhommes avec cela. Une année, ils ont changé des roues ; ils ont enlevé les pneus et en ont remis d’autres. L’atelier de mécanique est un atelier vraiment complet. À chaque année, on demande aux enfants de trouver le slogan pour la Journée-Carrière. Cette année, le thème était « Une carrière, c’est un choix. Vas-y, lance-toi ! » trouvé par Chanelle Denis. On imprime le slogan sur des sacs à dos avec le slogan brodé dessus et on remet aux gagnants un lecteur CD et des certificats cadeaux. » Après un avant-midi axé sur le travail manuel et avoir dîné chez Gaz-Métro, les enfants sont initiés au travail de bureau l’après-midi. On avait un atelier d’informatique cette année où ils démontaient et remontaient un ordi. Les jeunes passaient ensuite au service à la clientèle. On les assoit à côté des représentants pendant que des clients appellent. Ils ont des petits récepteurs et écoutent la conversation, ils ne peuvent pas parler aux clients parce qu’ils n’ont qu’un récepteur. La troisième activité s’est réalisée avec M. Latour, notre serrurier, avec qui les jeunes ont appris à monter des barillets. Chaque chef de service remet des cadeaux aux jeunes. Après les activités, les enfants retournent à l’école. « Les ateliers peuvent varier d’une année à l’autre, mais on essaie de garder ceux qui ont le plus marché. On fait déjeuner les jeunes. Après on les sépare en trois groupes. Première activité, la menuiserie où ils ont à fabriquer une cabane à moineau. Les morceaux de bois sont déjà coupés par nos employés. Les jeunes font un trou dans l’entrée de leur cabane avec une machine manuelle. Les autres ont un fusil à pression qu’ils utilisent sous la supervision des gens de GazMétro. Ensuite, c’est le sablage. On achemine les cabanes à l’école où les jeunes les peintureront de la couleur voulue. La deuxième activité, l’atelier de mécaniquesoudure. Nos employés embarquent avec les enfants dans une nacelle à vingt pieds de hauteur. Ensuite, on leur apprend à couper un tuyau de cuivre puis à souder, encore là, sous supervision. La troisième activité porte sur la mécanique. Cette année, les jeunes ont peinturé un camion. 55 Notre parrainage avec l’école Hochelaga nous apporte beaucoup, nous dit M. Paul. Le contexte avec nos propres enfants n’est plus le même après ce que nous avons vécu avec les enfants de l’école. Nous passons plus de temps avec nos enfants, on prend conscience qu’il est important de les écouter. Souvent, les employés m’appellent pour me dire qu’ils n’ont pas passé le même Noël quand les enfants de l’école Hochelaga viennent nous voir. Ce n’est plus un Noël commercial, mais un Noël de partage et de tendresse. » CHAPITRE 5 LES ANNÉES 1960-2000 Les années 2000 Vive le sport ! Le sport occupe une place de premier choix dans les projets éducatifs qui vont être conçus au début des années 2000. En ce sens, un projet pilote sport-étude est mis à l’essai le 7 janvier 2003 sous la supervision du professeur d’éducation physique Kathy Richard, qui reçoit le plein consentement de la directrice de l’école, Maryse Tremblay154. Le projet consiste à offrir à 70 élèves de 3e, 4e, 5e et 6e une heure et demie d’activités sportives supplémentaire par semaine. Les groupes d’élèves du 3e cycle sont divisés entre garçons et filles alors que le groupe du 2e cycle Escalade au stade olympique lors d’une sortie du projet « Sport + » est mixte. Trois blocs d’activités de six semaines en 2002. Archives de l’école Hochelaga. chacun sont prévus : athlétisme, sports d’équipe et sports d’opposition pour les garçons ou gymnastique artistique pour les filles. D’autres activités sont ajoutées au projet-pilote : accueil d’athlètes ou d’animateurs spécialisés, utilisation des équipements sportifs du quartier et même de l’extérieur (ski au Mont Saint-Bruno), impression de t-shirts, etc. Olympiades des écoles du quartier au stade olympique en 2003. Archives de l’école Hochelaga. 56 CHAPITRE 6 ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA CHAPITRE 6 ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA Succédant à Maryse Tremblay, une excellente directrice tient-elle à souligner, madame Belhumeur a appris à connaître son milieu, notamment les parents et les jeunes. Avec un salaire familial moyen d’environ 20 000 $, les familles du quartier (qui comptent souvent trois ou quatre enfants) vivent de grands stress. À son arrivée, en poste, elle constata un haut niveau d’anxiété dans l’école. « Il fallait qu’on se repositionne en tant qu’école face à notre encadrement et notre émulation école afin d’améliorer le climat, autant pour les enfants que pour les adultes. Il fallait créer un climat favorable à l’apprentissage. Il fallait prendre le temps d’écouter les parents, aux prises avec des besoins essentiels (manger trois fois par jour, avoir des vêtements, un logement). Mes prédécesseurs avaient effectivement fait les mêmes constatations. Je sentais maintenant le besoin de créer des liens à l’extérieur. Au fond, nous sommes un réseau dans le quartier où nous pouvons tous nous entraider. Je pense au docteur Julien, aux organismes communautaires du quartier, au CLSC… » « La communauté éducative est un système, une société autour de l’enfant, avec ce dernier comme priorité. Nous tentons d’être à l’écoute de nos jeunes, de créer un climat, un lien affectif avec eux. Les enfants ne reconnaissent pas l’autorité de quelqu’un avec qui ils n’ont pas ce lien. Il faut respecter le rythme de l’enfant car il est ici pour apprendre à apprendre. » « L’équipe-école s’est alors penchée sur son code de vie et son projet éducatif. Nous avons consulté les parents, les enfants, les organismes 57 communautaires, nous avons eu un taux de réponse de 80 %. » Madame Julie Belhumeur nous parle du nouveau projet éducatif de l’école qui a découlé de cette consultation. « Notre projet éducatif, explique-t-elle, vise l’estime de soi, l’effort, la persévérance et l’engagement ainsi que le respect de l’environnement et des autres. En plus de tout ce qui existait déjà au plan pédagogique, nous voulions développer un projet qui intéresserait les jeunes du quartier. « Le sport est le projet qui semblait les rejoindre le plus, autant les filles que les garçons. Étant donné que dans notre projet éducatif, on retrouve le mot engagement, engagement du jeune et du parent face à l’éducation de son enfant, on voulait que le jeune s’engage dans un processus, et non seulement pour une autre activité. Ce dernier doit d’abord s’inscrire et participer à une rencontre en soirée où le parent est présent. Ensuite, il doit s’engager à faire une petite entrevue sur ses motivations à participer à un tel projet. Nous lui offrons alors deux heures et demie de sport par semaine pour le deuxième et troisième cycle, et une heure par semaine pour le premier cycle. Un suivi avec le titulaire de la classe est assuré par un cahier de bord où l’enfant doit s’engager à avoir un bon comportement, faire des efforts en classe et faire ses devoirs. Le projet évolue depuis déjà trois ans. Les enfants ont pu s’initier au plongeon, à un sport pour personnes aveugles, au handball, au curling, à l’escalade, au water-polo, à la nage synchronisée, au judo, à l’escrime et au tennis. Katie Richard travaille en collaboration avec les fédérations CHAPITRE 6 ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA sportives. Le but de ce projet est d’augmenter la motivation, encourager l’effort et récompenser l’engagement. Également, il développe chez l’enfant l’intérêt de sports différents et peu accessibles. Une jeune élève est d’ailleurs arrivée deuxième en gymnastique aux Jeux de Montréal. Un autre élève performe au water-polo dans deux catégories et joue contre des équipes à travers le Québec. Maintenant qu’ils ont découvert une passion, il n’en tient qu’à eux de persévérer. » Par ailleurs, depuis quelques années, des joueurs du célèbre club de football les Alouettes viennent rencontrer les élèves à l’école. « L’enseignante du projet-sport connaissait quelqu’un qui travaille avec les Alouettes. Il y a une période où les enfants peuvent poser des questions aux joueurs avec l’aide d’un traducteur, on met à contribution notre professeur d’anglais qui prépare les questions avec les enfants. Les Alouettes font une conférence sur l’effort, sur l’engagement, la persévérance à travers le sport. Les enfants en retirent des modèles et des exemples. La deuxième partie consiste en une joute de basket-ball des Alouettes contre les membres du personnel. Cela se veut très ludique. Inutile de vous dire que l’on perd à chaque fois. On n’entend que « Alouettes ! » dans le gymnase. Le personnel de l’école n’entend guère d’encouragements de leurs élèves (rires). On en a fait notre leçon d’humilité. » « Finalement, notre projet est une réussite grâce à l’implication de tous les titulaires qui y collaborent étroitement et de tous ceux qui y œuvrent. Il est un peu inspiré du sport-étude, sans toutefois, être une école à vocation particulière. Notre but est que tout le monde puisse y participer. » 58 Madame Belhumeur peut compter sur un allié de taille dans l’organisation de certaines activités et de la vie scolaire de l’école ; le comité de parrainage de Gaz-Métro. Elle ne tarit pas d’éloges pour ses bienfaiteurs. « Ce sont nos parrains, des gens qui donnent sans attente. Ils ne recherchent aucune publicité de notre part, ce qui ne nous empêche pas de les remercier régulièrement. En fait, ce n’est pas directement Gaz Métro qui nous parraine mais plutôt le comité mis sur pied à l’intérieur de la compagnie. Ce parrainage permet des sorties que les enfants n’auraient jamais pu faire dans leur vie. De plus, depuis les 6 dernières années, les employés font une immense fête de Noël avec des ateliers, des lutins et beaucoup d’autres personnages. Ça leur apporte du bonheur, de la joie, des sourires et des adultes aimants autour d’eux. » « Pour les plus vieux, ils organisent la JournéeCarrière. Cette journée de mini-stages dans différents corps d’emploi leur apporte beaucoup. Elle leur donne une vision, des modèles, ça leur ouvre des horizons. En vieillissant, les jeunes prennent conscience de ce parrainage et l’apprécient de plus en plus. J’ai l’impression de ne pas rendre assez pour tout ce qu’ils nous apportent. Le fait que le comité et les employés s’impliquent sur une longue durée, nous permet de réaliser des activités en continu, parrainant par exemple notre projet sport. Ils nous ouvrent des portes et des possibilités. » La directrice compte beaucoup sur l’implication des organismes communautaires pour travailler en partenariat avec l’école : le Chic Resto-Pop, les Jeunes Sportifs Hochelaga (J.S.H.) pour les activités parascolaires, le docteur Julien, le C.L.S.C. pour le soutien familial et le Centre CHAPITRE 6 ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA communautaire Hochelaga qui s’occupe du projet Sentinelle pour contrer la violence autour de l’école. « Au niveau de la violence, à l’école Hochelaga, c’est tolérance zéro. Quand il y a des problèmes, on y voit. Notre politique de local de retrait a tout été revue avec l’équipe école. On conscientise beaucoup les jeunes et on leur demande de faire des gestes de réparation. On ne fait pas que de la punition. Toute l’école adhère au code de vie. Si un enfant a de graves troubles de comportement, on utilise un processus clair. L’enseignant a des étapes à suivre avec le jeune, puis avec le parent, ensuite avec moi. On intervient par gradation pour donner toutes les chances possibles à l’enfant et aux parents. Nous essayons d’être le plus près possible d’eux. Nous travaillons également à une table multidisciplinaire avec le docteur Julien, une fois pas mois. Les services en place sont nombreux : deux orthopédagogues, une orthophoniste deux jours/semaine, une travailleuse sociale deux jours semaine, une infirmière, une psycho-éducatrice. Nous sommes parfois sept ou huit d’expertises variées en plus de l’enseignant, à discuter de la problématique d’un élève. » La directrice mise beaucoup sur la communication. Cela aide à comprendre la réalité et les comportements des jeunes et à mieux cibler les interventions cohérentes auprès d’eux. L’école Hochelaga apparaît comme une école dynamique, constamment à la recherche de nouvelles idées. « Nous sommes une grande toile dans le quartier », conclue madame Belhumeur. « Une toile où tout le monde doit travailler ensemble. » Son prochain défi : l’ouverture et l’implication des parents face à l’école car « l’école leur appartient. » La directrice de l’école reçoit du bloqueur des Alouettes Luke Fritz un chandail aux couleurs de l’équipe. Archives de l’école Hochelaga. 59 NOTES 1 Paul-André Linteau. Maisonneuve. Comment des promoteurs fabriquent une ville. Montréal, Boréal Express, 1981, p. 24. 2 Réjean Charbonneau et al., De fil en aiguille. Chronique ouvrière d’une filature de coton à Hochelaga en 1880. Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, 1985, p. 8. 3 La CECM achètera en 1951 cette école et la rebaptisera du nom de Malvina-Marchand ; située à l’angle de la rue Préfontaine et Adam, non loin de l’école Hochelaga, elle fut démolie en 1984 après que sa toiture se soit écroulée quelques mois auparavant. Elle devait servir à la coopérative d’habitations « La Folle du logis ». Passeport HochelagaMaisonneuve, Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, réédition 1988, p. 20. Nouvelles de l’Est, 3 mai 1983 et 27 mars 1984. 4 Passeport Hochelaga-Maisonneuve, op. cit., p. 27. 5 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Mendoza Langlois, courtier en immeubles, à Aymé LaFontaine, secrétaire-général, CECM, 27 mars 1922. 6 Archives de la CSDM. Délibérations des Commissaires d’écoles de la Municipalité scolaire d’Hochelaga. Volume 3 (1914-1917), séance du 17 avril 1917, p. 308. 7 Cité par Paul-André Linteau in Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 1992, p. 215. 8 Prendre son bain au bain. L’histoire des bains publics de Montréal. Exposition de l’Atelier d’histoire d’HochelagaMaisonneuve réalisée au Bain Morgan en 1996. 9 Le confiseur et promoteur foncier Charles-Théodore Viau avait fait adopter par le conseil de ville de Maisonneuve un règlement municipal qui obligeait les constructeurs à ériger des façades en pierre. 10 Histoire du logement ouvrier à Hochelaga-Maisonneuve, Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, 1980, p. 8. 11 Il s’agit de 7 lots sur la rue Stadacona, payés 0,80 $ le pied carré, de 4 lots sur la rue Davidson et 4 lots sur la rue Darling, ces derniers lots de terre ayant été payés 0,30 $ le pied carré. Archive de la CSDM, dossier no. 160, Lettre du secrétaire-général et trésorier de la CECM à M. U. Letourneau, Montreal Trust Company, au nom de la Succession Nolan Delisle, 30 mars 1922. 12 Archives de la CSDM, dossier no. 160, Lettre de U.H. Dandurand à Aymé Lafontaine, secrétaire-général et trésorier, CECM, 21 mars 1922. 13 Dictionnaire Petit Robert 14 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Mendoza Langlois, courtier en immeubles, à Aymé LaFontaine, secrétaire-général, CECM, 27 mars 1922 15 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre du surintendant de l’Instruction publique aux Commissaires d’écoles de la Cité de Montréal, 16 mai 1922. 16 Isabelle Bouchard et Gabriel Malo. Inventaire préliminaire des bâtiments patrimoniaux de la CSDM, février 2001 17 Archives de la CSDM. Délibérations des Commissaires d’écoles de la Commission scolaire des écoles catholiques de Montréal, District Est. Vol. 36, 1917-1924, séance du 2 décembre 1919, p. 362. 18 Répertoire des parlementaires québécois 1867-1978, Québec, Bibliothèque de la législature. Service de documentation politique, 1980, p. 578. 19 Idem. 20 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Contrat entre la CECM et les entrepreneurs MM. Gratton et Girard et Alphonse Gratton, 13 juin 1922. 21 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Rapport financier concernant l’école Stadacona par Irénée Vautrin, architecte. 29 juin 1923. 22 Isabelle Bouchard et Gabriel Malo. Inventaire préliminaire des bâtiments patrimoniaux de la CSDM, février 2001. 23 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages. 24 Jacques Mathieu. La Nouvelle-France. Les Français en Amérique du Nord XVIe-XVIIIe siècle. Québec, Les Presses de l’Université Laval et Belin, 1991, p. 37. 60 25 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Stadacona (école de filles) District Est, CECM, Service des archives. 1er avril 1942. 26 Réal E. Ménard, Cent ans d’histoire 1888-1988. Paroisse Très-Saint-Nom-de-Jésus, Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, 1988, p. 1. 27 Idem. 28 Sœur Thérèse-de-Marie, « Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie », L’école canadienne. Centenaire de la Commission scolaire des écoles catholiques de Montréal. Montréal, 1946, p. 101. 29 Abbé Henri Deslongchamps, La Nativité de la Sainte-Vierge d’Hochelaga, Montréal, L’œuvre des Tracts, No. 275, mai 1942, p. 7. 30 Idem. 31 Réal E, Ménard, op. cit., p. 38. 32 Archives de la CSDM, dossier no. 160, 16 mai 1922. 33 Abbé Henri Deslongchamps, op. cit., p. 8. 34 Archives de la CSDM, boîte no. 160. Soumission des plombiers Chouinard et Otis, 3 avril 1923. 35 Archives de la CSDM, boîte no. 160. Rapport des commissaires 1924-1925, École Stadacona. 36 Archives de la CSDM, boîte no. 160. Rapport des commissaires 1925-1926, École Stadacona. 37 Monographie de l’école Stadacona, op. cit. 38 Archives de la CSDM, dossier no. 160, Rapport des commissaires 1928-1929 et 1929-1930. 39 Le médecin-légiste qui a examiné le corps des victimes a en effet constaté que 22 enfants étaient morts de compression thoracique alors que 50 avait péri asphyxier. Le Devoir, 9 janvier 1927. 40 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L-60/A1.2, page 216. 41 « La ville aide toujours les victimes de la tragédie du Laurier Palace. Trois personnes reçoivent encore une indemnité mensuelle de 10 $ ». Dimanche-Matin, 29 mai 1966. 42 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, 1927. L60/A,1.2, p. 216. 43 Ibid., p. 217. 44 Archives de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Rapport de l’honorable juge Louis Boyer sur les théâtres de la province de Québec à la suite de l’enquête sur les causes du Cinéma Laurier Palace, 25 août 1927. 45 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages. 46 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Jean Casgrain, secrétaire, à Alcide Chaussé, architecte. 13 mai 1930. 47 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Frenette Frères Limitée à Victor Doré, Président général, CECM. 25 juin 1930. 48 Sœur Thérèse-de-Marie, « Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie », op. cit., p. 102. 49 Archives de la CSDM. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages 50 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Traitements du personnel enseignant 1933-1934, CECM 51 Idem. 52 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages. 53 Idem. 54 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, op. cit., 31 mai 1933, p. 387. 55 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de sœur M.-Marthe de Jésus, directrice, à Victor Morel, assistantdirecteur, 17 juin 1939. 56 Idem. 57 Abbé Henri Deslongchamps, op. cit., p. 13. 58 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de la directrice de l’école Stadacona à V. Doré, président général, CECM, 20 janvier 1937. 61 59 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1944-1945. 60 Geneviève de Francheville. À la recherche du bonheur. Montréal, Fides, 1958, p. 98. 61 Nicole Thivierge. « L’enseignement ménager, 1880-1970 », Maîtresses de maison, maîtresses d’école. Femmes, famille et éducation dans l’histoire du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983, p. 119. 62 Idem. 63 Archives de la CSDM, dossier no. 160. A Parrot, commissaire, président du comité, à Révérende Sœur Directrice, École Stadacona, 5 septembre 1952. 64 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., p. 27. 65 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L60/A,1.3, p. 200. 66 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., p. 26. 67 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L60/A,1.3, p. 206. 68 Micheline Dumont et al., L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Quinze, Édition revue et corrigée en 1985, pp. 389-390. 69 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Stadacona (école de filles) District Est, CECM, Service des archives. 1er avril 1942. 70 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1943-1944. 71 Idem. 72 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1944-1945. 73 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1945-1946 74 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre à Trefflé Boulanger, directeur des études, CECM, le 21 mai 1946. 75 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L60/A,1.3, p. 201 . 76 Ibid., p. 210. 77 Annie Beauchemin et Bruno Boisvert, op. cit., annexe 1. 78 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de MM. Albert Saint-Jacques et J.-Henri Longtin, membres du Bureau des projets scolaires, à M. J.-O. Linteau, Contrôleur et directeur du Bureau des projets scolaires, CECM, 24 novembre 1950. 79 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Contrat pour l’exploitation de la cafétéria de l’école supérieure Stadacona, octobre 1952. 80 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de la directrice, Sœur M. Véronique-de-Jésus, à M. Longtin, directeur des projets scolaires, 9 juin 1952. 81 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., 26. 82 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Rapport de la réunion des parents, 23 février1954. 83 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Rapport de la réunion des parents, 22 mars 1954. 84 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1954-1955. 85 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de M.Louis-Zéphirin, directrice, au Chanoine A. Parrot, curé de la Nativité, 29 avril 1956. 86 Archives des Sœurs Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, 1957, L60/A,1.4, p. 66. 87 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Soeur Véronique(sic)-de-la-Visitation, assistante générale, à Eugène Doucet, président de la CECM, 29 mars 1958. 88 Idem. 89 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Copie de résolution adoptée par la CECM à la session régulière du 6 mai 1958 ; Lettre du Surintendant de l’instruction publique à Eugène Doucet, président de la CECM, 31 mai 1958. 90 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sylvio de Grandmont, secrétaire adjoint, à Roger A. Vandale, architecte, le 14 août 1958. 91 Archives de la CSDM, dossier no. 160, Résolution XXV du 16 décembre 11958 et résolution XII du 6 mai 1958. CECM. 62 92 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, 1960, L60/A, 1.4, p. 116. 93 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre à Lionel Marquis, le 6 décembre 1960. 94 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de J. H. Longtin, directeur général adjoint du Service des immeubles et directeur du Bureau des projets scolaires, à J.-O. Linteau, contrôleur et directeur du Service des immeubles, 10 décembre 1958. 95 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques, op. cit., 1959, p. 114. 96 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sœur M.-Louis-Zéphirin, directrice de l’école Marie-Reine, à Doler Cardinal, Bureau de la construction, CECM, le 28 février 1962. 97 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Agrandissement de l’école secondaire Marie-Reine, Service des Immeubles. Bureau des projets scolaires par J.H. Longtin, 19 décembre 1958. 98 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sœur M.-Louis-Zéphirin, directrice de l’école Marie-Reine, à Doler Cardinal, Bureau de la construction, CECM, le 28 février 1962. 99 Idem. 100 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sœur M. Louis-Zéphirin, directrice, au Chanoine Aurèle Parrot, curé de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge, le 3 octobre 1960. 101 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal d’école pour l’année scolaire 1958-1959. 102 Archives des Sœurs Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, op. cit., 1958, p. 110. 103 Entrevues réalisées par Paul Labonne avec Monique Desmarais, en juillet 2005. 104 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Paul-Émile Alin, secrétaire, à Sœur M.-Louis Zéphirin, directrice de l’école Marie, Reine, le 26 septembre 1960. 105 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1960-1961. 106 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Chroniques de l’école Marie, Reine, 1962, L225,1.1. 107 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Prévisions du classement pour septembre 1961, École secondaire Marie-Reine, Service des immeubles, Bureau des projets scolaires, CECM, le 24 juillet 1961. 108 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Mémo d’Arthur Tremblay, Service de la planification et de la construction, Section pédagogique, CECM, le 25 mars 1964. 109 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1962-1963. 110 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., 27. 111 Archives des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école Marie, Reine, op. cit, 1962. 112 Idem. 113 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Service des projets scolaires, 21 avril 1969. 114 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Rose Dechêne, directrice du Bureau de l’enseignement des sciences familiales, à Albert Saint-Jean, Assistant administratif, Service de l’enseignement, CECM, le 17 avril 1968. 115 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Extrait du procès-verbal du Conseil exécutif de la CECM, séance régulière du 21 mai 1974. 116 Nouvelles de l’Est, 6 mars 1974. 117 Nouvelles de l’Est, 26 mars 1975. 118 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Extrait du procès-verbal de la réunion d’ajournement des membres du Conseil scolaire de l’île de Montréal, tenue le 31 mai 1976. 119 Nouvelles de l’Est, 8 avril 1980. 120 Nouvelles de l’Est, 11 janvier 1978. 121 Nouvelles de l’Est, 23 janvier 1979 et 3 avril 1979. 122 Nouvelles de l’Est, 5 décembre 1978. 123 « 1977-78 : Une année de changement pour la C.E.C.M. », Nouvelles de l’Est, 17 août 1977. 63 124 Idem. 125 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., 22. 126 Archives de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Engagement pour obtenir des Frères enseignants ou Instituteurs religieux à Hochelaga entre la Corporation des Pères et des Frères Ste-Croix et MM. Les Commissaires d’écoles d’Hochelaga. Greffe du notaire A. Lecours, minute 3123, le 22 février 1883. 127 Idem. 128 Archives de la CSDM, dossier de l’école Adélard-Langevin. Résumé relatif à l’acquisition et à la construction de l’école, 1er mars 1932. 129 Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle, Montréal, Eusèbe Sénécal & cie, imprimeurs-éditeurs, 1900, p. 248. 130 Abbé Henri Deslongchamps, op. cit., p. 7. 131 Archives de la CSDM. Dossier de l’école Adélard-Langevin. Lettre de Roméo Mongeau à Victor Doré, président de la CECM, le 28 juin 1935. 132 Archives de la CSDM. Dossier de l’école Adélard-Langevin. Lettre du Frère Bernardin, directeur, à J.-M. Manning, directeur général des études, CECM, le 11 septembre 1937. 133 Idem. 134 Archives de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Lettre du Frère J.-Pierre Lefebvre, supérieur provincial, à T.R.P. Germain-Marie Lalande, Supérieur général, Rome, le 4 avril 1968. 135 Entrevue avec Monique Desmarais, juillet 2005. 136 Nouvelles de l’Est, 22 mai et 19 juin 1984. 137 Nouvelles de l’Est, 18 mai 1982. 138 Nouvelles de l’Est, 25 mai 1982. 139 Nouvelles de l’Est, 2 septembre 1984. 140 Nouvelles de l’Est, 11 juin 1985. 141 Source inconnue, « L’école Hochelaga s’implique dans l’embellissement », juin 1988. 142 Archives de la CSDM, dossier 160. Lettre de Richard Wagner, directeur, et Jocelyne Lanctot, présidente du comité d’école, à Nicole Lalumière-Pace, commissaire du quartier 8, CECM, le 8 juin 1989. 143 Nouvelles de l’Est, 28 avril 1992. 144 Nouvelles de l’Est, 18 juin 1992. 145 Nouvelles de l’Est, 27 octobre 1992. 146 Nouvelles de l’Est, 22 décembre 1992. 147 Nouvelles de l’Est, 26 octobre 1993. 148 L’école montréalaise, 19 septembre 1994. 149 Nouvelles de l’Est, 21 juin 1994. 150 Nouvelles de l’Est, 23 janvier 1996. 151 Nouvelles de l’Est, 21 janvier 1997. 152 Nouvelles de l’Est, 28 octobre 1997. 153 Entrevue réalisée le 24 août 2005 avec M. René Paul, Représentant des achats directs, approvisionnement gazier, chez Gaz-Métro et président du comité de parrainage avec l’école Hochelaga. 154 Archives du commissaire scolaire Robert Cadotte. Lettre de Maryse Tremblay, directrice, aux parents de l’école Hochelaga, le 4 décembre 2002. 64