Atelier d`histoire d`Hochelaga-Maisonneuve

Transcription

Atelier d`histoire d`Hochelaga-Maisonneuve
Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve
École Hochelaga
3349 rue Adam
Montréal (Qué.), H1W 1Y2
Téléphone : (514) 596-5060
Télécopieur : (514) 596-3433
PRODUCTION
Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve
2929, avenue Jeanne-d’Arc
Montréal (Qué.)
H1W 3W2
Téléphone : (514) 899-9979
Commission scolaire de Montréal
3737, rue Sherbrooke est
Montréal (Qué.), H1X 3B3
Téléphone : (514) 596-6000
Dépôt légal : 2e trimestre 2006. Bibliothèque nationale du Québec.
ISBN : 2-89191-040-0
Graphisme et impression : Valna
Cartes : R. Cadotte et Valna
© Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve
Cet ouvrage, qui retrace les grandes étapes qui ont jalonné l’histoire de l’école
Hochelaga, est le fruit de recherches rigoureuses et patientes.
Ce livre témoigne de la richesse de la vie de notre quartier et de l’importance de la
mission éducative qu’assument depuis la fondation en 1923 les membres du personnel
et de la direction.
C’est un bel hommage à tous ceux et celles, ici et ailleurs au Québec qui, au cours de
l’histoire de notre peuple ont consacré leur vie à l’éducation et qui ont transmis les
valeurs auxquelles nous sommes si attachées.
Bonne lecture,
LOUISE HAREL
Députée de Hochelaga-Maisonneuve
Chef de l’opposition officielle
L’équipe du projet
Cet historique de l’école Hochelaga fait partie du projet “Histoire des écoles d’HochelagaMaisonneuve”. Ce projet initié par Robert Cadotte et Colette Noël a permis la publication en 2001
du premier tome de la série, celui de l’école Notre-Dame-de- l’Assomption et l’avancée de la recherche
sur l’histoire de six autres écoles primaires du quartier.
Le projet a également permis de recueillir et de digitaliser des centaines de documents historiques. Une
importante banque de photos de diverses époques a été sauvegardée et rendue disponible sur le site
Internet de la Commission scolaire de Montréal.
À l’automne 2005, un nouveau comité de coordination a pris la relève pour mener à bien la parution
de quatre nouvelles monographies, celles des écoles Baril, Hochelaga, St-Émile et Ste-Jeanne-d’Arc.
Comité de coordination de l’édition
Lise Bastien, directrice du Regroupement 5 de la CSDM
Julie Belhumeur, directrice de l’école Hochelaga
Réjean Charbonneau, président de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve
MariFrance Charette, responsable du projet
Luc Corbeil, directeur de l’école Ste-Jeanne-d’Arc
Daniel Duranleau, commissaire scolaire d’Hochelaga-Maisonneuve, quartier 13
Guy Giguère, Communications CSDM
Paul Labonne, directeur de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve
L’auteur
Directeur de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, Paul Labonne est détenteur de deux
maîtrises, en histoire et en muséologie. Il a organisé de nombreuses expositions, notamment sur les
bains publics de Montréal, sur l’œuvre de l’artiste Guido Nincheri et sur l’ancien Premier ministre du
Québec Paul Sauvé. Il a été directeur du Musée de Saint-Eustache et de ses Patriotes de 2001 à 2004
et co-gestionnaire de La Prison des Patriotes à Montréal.
Recherche (ordre alphabétique)
Annie Beauchemin
Bruno Boisvert
Joanne Burgess
Robert Cadotte
MariFrance Charrette
Paul Labonne
Colette Noël
Collaboration
Alain Beauchamp, responsable des archives de la CSDM
Julie Belhumeur, directrice de l’école Hochelaga
Monique Desmarais, enseignante à la retraite
René Paul, représentant, achats directs, approvisionnement gazier, Gaz Métro
Louise Piquette-Brodeur, ex-présidente du comité-d’école
Lucille Potvin, archiviste des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie
La publication de ce quatrième tome a été rendue possible grâce au soutien financier de la députée
d’Hochelaga-Maisonneuve, Mme Louise Harel, et du Regroupement 5 de la CSDM.
TABLE
DES
MATIÈRES
Les écoles du quartier Hochelaga-Maisonneuve et leur siècle
L’École, le quartier et le siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2
Chapitre 1
Le quartier Hochelaga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
- Hochelaga, une ville industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
- L’environnement immédiat de l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
- Le logement ouvrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
Chapitre 2
L’école Stadacona (1928-1957) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
- Des terrains peu propices à la construction d’une école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
- Le choix de l’architecte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
- Les entrepreneurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
- L’analyse architecturale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
- Origine du nom de l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
Chapitre 3
Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, une longue présence dans Hochelaga . . . . . . .17
- Les années 1920. De l’ouverture des classes à l’école supérieure des jeunes filles . . . . . .19
- Le drame du Laurier-Palace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
- Les années 1930. L’école Stadacona s’agrandit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
- La guerre aux trous d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
- Les années 1940, l’école et l’avenir des femmes Enseignement ménager, vocations
religieuses et préparation au marché du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
- L’enseignement ménager . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
- La vocation religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
- La préparation des jeunes filles au marché du travail, la classe commerciale bilingue . . .24
- L’enseignement comme planche de salut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
- Chroniques du temps qui passe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
- Les années 1950. Projet d’aménagement d’une salle de récréation et
installation d’un laboratoire de physique et de chimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
Chapitre 4
L’école Stadacona devient l’école Marie, Reine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29
- La construction d’une résidence pour les Sœurs SNJM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
- L’ajout de nouvelles classes et la construction du gymnase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
- Entretien avec Monique Desmarais, enseignante à la retraite. Première partie . . . . . . . .31
Chapitre 5
Les années 1960-2000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
- L’ébullition de la Révolution tranquille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
- Les Sœurs SNJM, toujours de fidèles collaboratrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
- Les années 1970. Les menaces de fermeture et le départ des Sœurs SNJM . . . . . . . . . .37
- Les années 1980. L’école Adélard-Langevin déménage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39
- Le grand dérangement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
- Entretiens avec Monique Desmarais. Deuxième partie
Le déménagement à l’école Hochelaga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
- Un directeur bien aimé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .43
- Les enseignants originaires du quartier, un rôle important à jouer . . . . . . . . . . . . . . . . .44
- L’Opération Renouveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
- Les années 1990 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47
- Le parrainage avec Gaz-Métro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53
- Les années 2000. Vive le sport ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
Chapitre 6
Entretien avec Mme Julie Belhumeur, directrice de l’école Hochelaga . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57
Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE.
Échelle historique depuis la création de la ville d’Hochelaga et de la Cité de Maisonneuve
Date
Le Québec
1883-99
Hochelaga-Maisonneuve
Éducation : Le Québec et Montréal
1883 Création de la Ville d’Hochelaga
et annexion à Montréal
1883 Création de la Cité de Maisonneuve
1884 Fondation de La Presse
1885 Loi des manufactures : 60 heures
de travail par semaine maximum
pour les enfants.
1885 50 000 personnes manifestent
contre la pendaison de Louis-Riel
1887 La St-Lawrence Sugar est la
première usine à s’installer à
Maisonneuve
1889 Disparition du péage entre
Maisonneuve et Montréal
1894 Naissance de La Bolduc à
Newport
1888 Le Comité catholique établit le
premier véritable programme
scolaire
1889 Samuel Labry (10 ans) gagne
1,50$ pour 74 heures dans une
manufacture de tabac
1897 Les députés créent un Ministère
de l’instruction publique, bloqué
immédiatement par le Conseil
législatif. J.E. Robidoux fut
ministre de l’instruction publique
pendant 36 heures.
1899 Première coupe Stanley
1900-14
1901 Première Caisse populaire
Desjardins
1906 Premier cinéma de Montréal, le
Ouimetoscope
1907 Mgr Bruchési excommunie le
créateur du Ouimetoscope
1910 Fondation du Devoir
1914-18
La
grande
guerre
1914 Naufrage de l’Empress of Ireland
près de Rimouski
1903 Début des usines Angus
1904 Une 7e année suffit pour obtenir
1904 Élection du 1er député canadien
un brevet d’enseignement
du Parti Ouvrier
1906 Ouverture de l’Église St-Nom-deJésus
1908 Grève des usines Angus
1910 Abolition des frais de scolarité à la
1910 Le maire Michaud et les frères
CECM, sous la pression des laïcs
Dufresne décident d’entreprendre
des travaux prestigieux dans
Maisonneuve, 5e ville indutrielle
du Canada
1912 Construction de l’hôtel de ville de
Maisonneuve
1914 Ouverture du Marché
Maisonneuve
1917 Le Québec se révolte contre la
conscription
1918 Annexion de Maisonneuve à
Montréal. Construction de la
résidence Dufresne
2
1914 La première école maternelle
publique au Québec, l’École
Gédéon-Ouimet (CÉCM), ouvre
ses portes.
1917 Loi fusionnant 23 commissions
scolaires avec la CÉCM
(160 écoles et 75 000 élèves)
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE
Les écoles de quartier
Sciences et environnement
Les écoles en italique sont disparues. Celles en gris sont actuellement 1883 L’ornithologue Charles-Eusèbe Dionne publie « Les oiseaux
utilisées comme écoles. Les autres ont été recyclées et ne sont plus
du Canada »
utilisés comme écoles.
1860 Couvent Hochelage
1868 École Maisonneuve (protestante)
1886 Début de l’éclairage des rues à l’électricité à Montréal
1876 École St-Joseph
1885 Collège commercial St-Joseph
1887 Mont-de-la-Salle (noviciat et juvenat des Frères des écoles
chrétiennes)
1892 Les tramways à chevaux sont remplacés par des tramways
1890 Hochelaga Protestant School
électriques
1893 Le Collège commercial prend le nom d’Académie St-Joseph
(voir note 1, page 7)
1895 Découverte des rayons X
1894 École de la Providence. Hospice de la providence
1896 Découverte de la radioactivité
(Jardin d’enfance) (voir note 2, page 7)
1898 École Maisonneuve (garçons catholiques)
1898 Première automobile construite à Montréal, début de la
pollution automobile!
1900 École de Viauville. Fermeture de l’École de la Providence
1900 Premier incinérateur urbain, à Berlin
(voir Note 3, page 7)
1902 Hospice Bourget (Jardin d’enfance) (Voir Note 4, page 7),
Couvent St-Émile. Fermeture de l’École de Viauville.
1905 Einstein énonce la théorie de la relativité restreinte
1906 Écoles St-Paul-de-Viauville et St-Nom-de-Jésus (filles)
(voir Note 5, page 7)
1907 École de la Nativité. 17 morts dans l’incendie de la
Hochelage Protestant School.
1908 Reconstruction de la Hochelaga Protestant School rebaptisée
1908 Baekeland invente la première sorte de plastique
Sarah Maxwell Memorial School
1909 École La-Salle. Agrandissement de l’Académie St-Joseph
(voir Note 6, page 7)
1910 Premier vol d’avion au-dessus de Montréal
1911 École Baril
1911 Académie La-Salle
1913 École Ste-Jeanne-d’Arc. Construction et incendie de
l’École St-Clément.
1914 Incendie de l’Académie La-Salle
1914 École St-Clément. Reconstruction
1915 Académie Laurier
1915 Utilisation pour la première fois de gaz asphyxiants lors d’une
guerre
1917 Académie de St-Nom-de-Marie
1918 École St-Jean-Baptiste-de-La-Salle
3
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE
Date
Le Québec
Hochelaga-Maisonneuve
Éducation : Le Québec et Montréal
1927 Incendie du Laurier Palace : 78
enfants périssent
1928 Construction du théâtre Granada
1919 Fondation de l’Alliance catholique
des professeurs de Montréal
1923 Nouveau programme québécois.
L’école éléme1
1925 La Région-Ouest de la CÉCM
adopte un règlement qui autorise
le congédiement de toute
institutrice qui se marie.
1918-29
1921 Fondation de la CTCC (ancêtre
de la CSN)
1929-39 1929 Krach de la Bourse de New York
1936 L’Union nationale de Maurice
La crise
Duplessis prend le pouvoir pour la
économique
1ère fois
1937 Loi du Cadenas
1938 Le Dr Bethume part travailler en
Chine
1939-45
1942 Crise de la conscription
La 2e
1944 Maurice Duplessis reprend le
guerre
pouvoir
mondiale
1945-60
1948 Adoption du drapeau québécois
La grande 1949 Grève d’Asbestos et Manifeste du
Refus global
noirceur :
Maurice
Duplessis 1954 Québec établit l’impôt provincial
1936 Aménagement du Jardin
botanique
1930-35 Les salaires des enseignants
sont réduits, certains de 30 %
1935 Laure Gaudreault fonde un
syndicat pour les enseignantes
rurales catholiques.
1943 Loi du gouvernement Godbout
obligeant les enfants à fréquenter
l’école de 6 ans à 14 ans.
1946 La loi « pour assurer le progrès en
éducation » interdit la négociation
collective des enseignants.
1949 Grève de l’Alliance des professeurs
de Montréal
1953 Fermeture de la Dominion Textile
1952
Première émission québécoise de
(ex-usine Victor-Hudon; en 1883,
télévision pour enfants (Pépinot et
cette dernière était la plus
Capucine)
importante filature de coton du
1955
Création de l’Ecole Noël, première
Canada)
école active et alternative (Freinet)
au Québec
La population du quartier atteint un
sommet, plus de 80 000 habitants.
1960-76
1960 Élection du Parti libéral du Québec
1967 Expo 67
La
révolution 1968 Contestation étudiante à travers le
monde et au Québec. Pierre-Elliot
tranquille
Trudeau devient Premier ministre 1970 Démolition de 1200 logements
du Canada
pour faire place à une autoroute
1970 Crise d’Octobre
1971 Conflit de 7 mois à La Presse
1972 Emprisonnement des trois chefs
1972 Fondation des CLSC
syndicaux
1976 Jeux olympiques de Montréal
1976 Inauguration du Stade Olympique
4
1964 Création du Ministère de l’éducation
1965 Obtention du droit de grève des
enseignants.
1967 Loi 25 forçant le retour au travail
des enseignants
1970 Première femme présidente de la
CÉCM, Thérèse Lavoie-Roux.
Début de l’Opération Renouveau
1972 Création du Conseil scolaire de
l’Île de Montréal. La loi reconnait
les comités d’école et de parents.
1973 Première élection scolaire à
Montréal
1974 Fondation de la CEQ
1975 Parution du Manuel du 1er Mai
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE
Les écoles de quartier
Sciences et environnement
1920 Fermeture de l’École Maisonneuve construite en 1868
1919 XWA-Montréal est la première station de radio au monde à
1920 École Maisonneuve (protestante)
diffuser selon un horaire quotidien
1921 Utilisation de l’Hôtel de ville de Maisonneuve comme annexe
de St-Nom-de-Jésus
1922 École St-Aloysius
1923 Fondation de l’Association canadienne-française pour
1923 École Stadacona
l’avancement des sciences (ACFAS)
1925 Démolition du Mont-de-La-Salle
1928 Début de l’utilisation des aéroplanes pour répandre des
1927 L’École St-Joseph devient l’École Hudon
insecticides dans les forêts.
1929 École Chomedey-de-Maisonneuve
1931 Fondation des Cercles des jeunes naturalistes
1931 L’Académie St-Joseph devient l’École Adélard-Langevin. (Voir
Note 7, page 7)
L’École Ste-Jeanne-d’Arc devient l’École de la Dauversière.
1934 Zworykin invente l’iconoscope (télévision)
L’Académie Laurier devient l’École Ste-Jeanne-d’Arc.
L’École Hudon devient l’École Hyacinthe-Hudon.
1932 École Louis-Jolliet
1935 Marie-Victorin publie « La flore laurentienne »
1941 Vannevar Bush crée le premier calculateur analogique
complet (ordinateur)
1944 Création d’Hydro-Québec
1945 Les États-Unis font sauter 2 bombes atomiques sur le Japon
1949 École des Métiers de l’est
1951 L’École Sarah Maxwell devient l’École Melvina-Marchand
1955 L’École Théodore-viau (École St-Clément No.2)
1955 L’École Louis-Jolliet devient l’École Notre-Dame-deL’Assomption
1956 École St-Barnabé-Apôtre
1957 L’École Stadacona devient l’École Marie-Reine
1958 École primaire St-Émile
1959 L’École de-la-Dauversière devient l’École St-Mathias-Apôtre
1952 Début de la télévision à Montréal
1952 Un smog fait 4 000 morts à Londres
1956 L’Angleterre adopte une loi anti-pollution
1961 L’École Eulalie-Durocher. L’École St-Théodore
(Annexe Ste-Jeanne-d’Arc)
1962 École St-Émile Secondaire
1968 École Rouen-Desjardins (location à l’entreprise privée)
1963 Nationalisation de la plupart des barrages hydro-électriques
privés du Québec
1967 Première marée noire due au naufrage du Torrey Canyon
1968 Inauguration du barrage Manic 5
1970 L’École St-Aloysius devient l’école St-Nom-de-Jésus (garçons)
1970 Démolition des écoles Hyacinthe-Hudon et de la Nativité.
L’Hospice de la Providence devient l’École St-Aloysius.
1971 Démolition du Couvent Hochelaga
1973 Projet de construction de la Polyvalente Hochelaga,
abandonné suite aux pressions populaires
1972 Création du programme des Nations Unies pour
l’environnement
1974 L’Académie du St-Nom-de-Marie devient le Centre Baril
1974 Fermeture de l’École (Couvent) Ste-Émilie
5
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE
Date
Le Québec
19761976 Élection du parti québécois
2000 1978 Loi du zonage agricole visant à
protéger les terres fertiles du
Le débat
Québec
sur
1979 Loi de la santé et de la sécurité au
l’indépen
travail
dance
1980 Référendum sur l’indépendance
déclenché par René Lévesque
1982 Rapatriement de la Constitution
canadienne par P.E. Trudeau
1986 Première ville nord-américaine
déclarée patrimoine mondial de
l’UNESCO
1988 Mort de Félix Leclerc
1990 Fondation du Bloc Québécois
suite à l’échec de l’Accord du lac
Meech
1995 Deuxième référendum déclenché
par Jacques Parizeau
1998 Le grand verglas
2000 La Fédération des femmes du
Québec organise la Marche
mondiale des femmes. Le « bug »
de l’an 2000 n’a pas lieu!
Hochelaga-Maisonneuve
1978 Fondation de l’Atelier d’histoire
Hochelaga-Maisonneuve
Éducation : Le Québec et
Montréal
1977 La loi 101. Les immigrants
doivent dorénavant fréquenter
l’école française
1979 Loi sur la protection de la jeunesse
1980 Début de l’émission Passe-Partout
1982 Le gouvernement réduit de 20% le
salaire des enseignants
1992 Inauguration du Biodôme
1993 Audiences publiques pour
relocaliser le CLSC. Campagne
de financement de l’Atelier
d’histoire pour les orgues de
St-Nom-de-Jésus.
1999 Fin de la restauration des orgues
de St-Nom-de-Jésus. L’Atelier
d’histoire aménage au Château
Dufresne.
6
1988 La scolarité obligatoire est
prolongée jusqu’à 16 ans.
1989 Tragédie de l’école Polytechnique.
1998 Début des commissions scolaires
linguistiques.
2000 Réforme de l’éducation
L’ÉCOLE, LE QUARTIER ET LE SIÈCLE
Les écoles de quartier
Sciences et environnement
1978 Fermeture des écoles Rouen-Desjardins, Melvina-Marchand, StPaul de Viauville et St-Aloysius.
1979 Annexe de l’école des Métiers de l’automobile (voir note 8,
page 7). L’École Théodore-Viau est louée à la garderie La
Ruche. Le pavillon d’éducation communautaire et la
Garderie Le jardin charmant aménagent dans l’ancienne école
St-Aloysius
1980 Fermeture de l’École St-Mathias.
1981 Démolition de l’ancienne école Maisonneuve/St-Jean-de-Jésus.
Fermeture de l’École Adélard-Langevin.
1981 L’École Marie-Reine devient l’École Hochelaga. Le centre
Baril devient l’École Irénée-Lussier.
1983 Démolition de l’école Melvina-Marchand
1984 Fermeture de l’École St-Théodore (Annexe Ste-Jeanne-d’Arc)
1988 Fermeture de l’École secondaire St-Émile et déménagement
dans ses locaux de l’École Ste-Jeanne-d’Arc
1989 Fermeture de l’École des Métiers de l’est.
1990 L’École St-Barnabé devient l’École Charles-Bruneau
1991 Accès-Est aménage dans l’édifice du Carrefour Jeunesse
1992 Fermeture de l’École Charles-Bruneau
1993 Opération « Des parcs pour la paix »
1996 Publication d’un bilan de quartier en éducation (Quartier en
santé H.-M.). Opération « Un quartier, une fierté ».
1997 Accès-Est déménage à l’extérieur du quartier
1998 Opération « Je découvre mon quartier »
2000 L’École St-Théodore devient un centre d’éducation des
adultes (Centre Hochelaga-Maisonneuve)
1977 Rapport de Tbilissi sur l’éducation à l’environnement
1979 Catastrophe nucléaire de Three Miles Island (USA).
Création du Ministère de l’environnement du Québec
1980 René Pomerleau publie la « Flore des champignons
du Québec »
1984 Catastrophe écologique du Bhopal (Inde)
1986 Explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl
1987 Inauguration de l’usine d’épuration de la CUM
1988 Rapport Brundtland
1990 Incendie de pneux à St-Amable. La CEQ publie le cahier
pédagogique « Ensemble récupérons notre planète ».
1992 Sommet de la terre à Rio.
1995 Publication de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec
1999 Richard Desjardins lance le film, « L’erreur boréale ».
Notes explicatives
1. La date du changement de nom est incertaine. Elle a été déduite par le Père Marcel Laflamme à partir d’une analyse des chroniques des
religieux de Ste-Croix.
2. La date d’ouverture de l’Hospice de la Providence qui abritait un jardin d’enfance est incertaine. Cette date correspond peut-être à
l’ouverture de l’École de la Providence qui était juste à côté de l’actuel pavillon d’éducation communautaire.
3. La date de fermeture de l’École de la Providence est incertaine. Nous savons que l’école existait toujours en 1900. Peut-être cependant
n’a-t-elle été fermée qu’en 1906, lors de l’inauguration de l’École St-Nom-de-Jésus (filles).
4. L’Hospice Bourget n’a abrité un jardin d’enfance qu’à partir de 1916.
5. L’École St-Nom-de-Jésus (filles) a été construite à côté de l’École Maisonneuve (catholique).
6. L’École La-Salle a été construite à l’arrière de l’École Maisonneuve (catholique), sur la rue De-la-Salle. Nous ne connaissons pas les
dates d’ouverture et de fermeture de cette école mais nous savons qu’elle existait en 1909.
7. Au moment où l’école Adélard-Langevin a reçu son nom, en 1931, l’école comptait deux bâtiments. Le premier a été construit en
1885. Il portait alors le nom de Collège commercial St-Joseph ou Collège commercial des religieux de Ste-Croix. En 1893, le collège
change de nom pour celui d’Académie St-Joseph. En 1909, on procède à un agrandissement. En 1942, on refait en briques la façade
du vieux bâtiment, ce qui lui fait perdre son aspect original pour ressembler au nouveau bâtiment.
8. Nous ne connaissons pas les dates d’ouverture et de fermeture de l’annexe de l’École des métiers de l’automobile.
7
CHAPITRE 1
LE QUARTIER HOCHELAGA
La filature de coton Victor-Hudon aux abords du quai Dézéry en 1874.
Bibliothèque et archives nationales du Québec, collection Massicotte.
La filature de coton Sainte-Anne en 1905.
Bibliothèque et archives nationales du Québec.
Employés de la Dominion Textile, section Hochelaga, en novembre 1932.
Collection Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, don de Mme G. Meloche et M. Antonio Bériault.
8
CHAPITRE 1
LE QUARTIER HOCHELAGA
CHAPITRE 1
LE QUARTIER HOCHELAGA
bois)2. La municipalité bénéficie aussi d’une
nouvelle ligne de chemin de fer dont la gare
Hochelaga est inaugurée en octobre 1880 en
présence du Premier ministre du Canada, John
A. MacDonald (la gare Moreau, située à l’angle
des rues Sainte-Catherine et Marlborough,
aujourd’hui la rue Alphonse D.-Roy, la remplacera). Cette ligne de chemin de fer est le point
de départ de la ligne du « petit train du Nord »,
érigée à l’initiative du curé Labelle qui souhaite
ouvrir les Laurentides à la colonisation. Elle est
la propriété de la compagnie Quebec, Montreal,
Ottawa & Occidental et sera intégrée plus tard au
réseau du Canadien Pacifique.
Hochelaga, une ville industrielle
La ville de Montréal a connu deux vagues
d’industrialisation au XIXe siècle, soit dans les
années 1820 autour du canal Lachine et dans les
années 1870 dans le Sud-ouest, le Vieux-Montréal
(notamment dans le faubourg des Récollets), le
Centre-Sud et dans Hochelaga. Dans les années
1820, l’eau du canal sert de pouvoir hydraulique
aux usines qui s’y établissent. Plusieurs d’entre
elles fonctionnent également au charbon qui
fournit la vapeur nécessaire au fonctionnement
des turbines. Dans le dernier quart du siècle, les
entreprises s’installent surtout le long du port de
Montréal alors que le fleuve est creusé afin
d’accommoder des navires de gros tonnage.
Outre la poussée industrielle des décennies
1870-1880, Montréal est marquée par un autre
phénomène, celui du mouvement d’annexion
des petites municipalités de banlieue entre 1883
et 1918. Hochelaga ouvre le bal en s’annexant le
22 décembre 1883, neuf mois seulement après
être devenue ville. Le maire d’Hochelaga,
Raymond Préfontaine, convoque une assemblée
des propriétaires fonciers à l’été 1883 et
recommande l’annexion afin de répartir les coûts
des travaux d’infrastructure (égout, aqueduc,
pavage des rues, etc.) nécessaires à l’instauration
d’une ville. Les propriétaires fonciers situés à
l’est de la municipalité refusent l’annexion
d’Hochelaga à Montréal et créent leur propre
ville, Maisonneuve. Écrasée par une lourde
dette, Maisonneuve finira elle aussi par être
annexée à la métropole du Canada, en 1918.
C’est dans ce contexte de forte industrialisation
que d’importantes entreprises s’établissent dans
la petite municipalité d’Hochelaga (incorporée en
1870), qui ne compte qu’un millier d’habitants en
1871 (1 061 selon le recensement). La venue des
filatures de coton Victor Hudon (1874) et SainteAnne (1882) ainsi que la présence des ateliers de
tramways Montreal City Passenger Railway font
quadrupler la population en l’espace de dix ans
qui passe de 4 111 habitants en 1881 à 8 540 en
18911. D’autres grandes entreprises s’ajoutent
bientôt à la liste: la fabrique de tabac W.C.
McDonald, la Compagnie des Abattoirs de l’Est,
la Montreal Gas Co, l’Alpha Iron Works (matériel
roulant), la Canadian Bridge and Iron Co,
l’Alexander McArthur & Co. (papier de goudron)
et la McLaren Manufacturing Co. (articles de
9
CHAPITRE 1
LE QUARTIER HOCHELAGA
L’environnement immédiat de l’école
Les fabriques paroissiales, la commission scolaire
d’Hochelaga et la Commission scolaire des écoles
catholiques de Montréal concentreront églises et
écoles sur la rue Adam durant la première moitié
du XXe siècle. Ainsi, dans Hochelaga seront
érigées les églises Saint-Rédempteur et SaintMathias ainsi que les écoles Stadacona, Baril et
Sarah-Maxwell (une école protestante nommée
en l’honneur d’une ancienne directrice qui tenta
de secourir des élèves lors d’un incendie survenu
dans son école en 19073). Dans Maisonneuve, on
bâtit les églises Très-Saint-Nom-de-Jésus, SaintBarnabé et Saint-Clément de Viauville de même
que l’école Saint-Aloysius (une école pour les
élèves irlandais à l’origine, devenue aujourd’hui
Saint-Nom-de-Jésus) sur la rue Adam.
L’école Stadacona est construite dans la partie la
plus industrialisée d’Hochelaga, soit entre les
usines textiles de la rue Notre-Dame à l’angle des
rues Dézéry et Davidson, et la voie ferrée située à
la hauteur de la rue Lafontaine (appelée Duquette
ou de Beaujeu à l’époque). La gare de triage du
Canadien Pacifique et sa rotonde (1881) se
trouvent cinq rues à l’ouest ainsi que le bureau du
fret où jadis les affréteurs percevaient les coûts
d’expédition des marchandises envoyés par
navire4 (édifice de briques rouge encore existant
sur la rue Moreau, à l’angle de la rue Adam).
Un observateur note en 1922 que les terrains de
l’école sur la rue Lafontaine « sont très près de la
ligne du C.N.R. (Canadian National Railway),
sont très mal entourés et non recommandables
pour des fins de logis ouvriers5 ». Cette compagnie « ne se gène pas de se servir de son chemin de
passage, de la rue Moreau à la rue Valois comme
d’une cour de fret où on fait la manœuvre des
10
(wagons) en barrant les rues transversales
pendant des vingtaines de minutes. » Les
Commissaires d’écoles d’Hochelaga demandent
d’ailleurs en 1917 que des barrières soient installées aux passages à niveau sur les rues Darling,
Davidson et de Chambly, « qui sont des passages
très obscurs et dangereux pour notre population
et principalement pour nos petits enfants qui
fréquentent nos différentes écoles6».
Le logement ouvrier
À l’époque où l’école Stadacona est construite,
les logements ouvriers en sont déjà à la deuxième
génération. Les premiers logements (vers 1870)
sont souvent bâtis à proximité de l’usine et sont
en bois recouverts de briques. Ils sont construits
sur le long plutôt qu’en profondeur et comptent
deux étages, avec des escaliers intérieurs pour la
plupart ; ils sont dépourvus de galerie et de
balcon. On les érige à même le sol, sans cave ni
fondation. Leur construction sur le long permet
de dégager l’arrière du terrain où l’on érige des
logements de fonds de cour. Des portes cochères
sont souvent percées à même les logements en
bordure de la rue pour donner accès à la cour.
Ces logements sont souvent dépourvus de
commodités aussi élémentaires que la toilette et
l’eau chaude. La présence de bécosse (mot dérivé
de « back house »), cabane en bois érigée à l’arrière
du logis, compense en pareil cas. L’abbé Gouin
qui se penchera sur la question du logement
posera ce diagnostic en 1912 : « Trop étroits, mal
ventilés, mal éclairés, c’est bien le triple défaut de
nos habitations ouvrières, telles que les font
l’ignorance ou la cupidité de ceux qui les construisent, l’ignorance ou l’incurie de ceux qui les
occupent7. »
CHAPITRE 1
LE QUARTIER HOCHELAGA
Afin d’accommoder les familles ouvrières qui
n’ont pas d’eau chaude ni de salle de bain, un
bain public d’été en bois est construit en 1890
au parc Dézéry où se trouvaient déjà l’ancien
hôtel de ville d’Hochelaga, un poste de pompiers
et de police et un marché public. Ce bain sera
démoli en 1906 pour être reconstruit sur la rue
Sainte-Catherine à l’angle de la rue Marlborough8. On le détruira en 1957.
Dès 1910, les constructeurs érigent, en plus des
triplex, les fameux quintuplex à trois étages avec
escaliers extérieurs préfabriqués en forme de
colimaçon. Les façades sont en briques, plus
rarement en pierre sauf dans le secteur Viauville9,
et sont parées d’éléments ornementaux et architecturaux plus élaborés que les logements de la
11
première génération. Corniche terminée en
pointe de diamant, présence de vitraux, galeries
ajourées parent les logements ouvriers de cette
époque. La crise économique de 1929 marquera
la fin de la construction de ce type d’habitat.
Notons qu’en 1881, la compagnie de moulins à
coton Victor Hudon fait construire, à l’intention
de ses ouvriers, 46 logements d’assez bonne
qualité sur les rues Saint-Germain et Rouville
(voir photo ci-bas). Ces maisons seront restaurées dans les années 1980 et 1990. Par ailleurs,
avant la construction de ces logis, plusieurs
ouvriers prennent d’assaut les anciennes casernes
militaires situées à l’ouest de la rue Marlborough
(rue Alphonse. D Roy, ), en en faisant de
véritables cités ouvrières improvisées10.
CHAPITRE 2
L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957)
L’école Stadacona. Sans date.
Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
Un laitier de la laiterie Perfection, en face de l’école Stadacona. Vers 1920.
Collection de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, don de la
famille Rocheleau.
12
CHAPITRE 2
L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957)
CHAPITRE 2
L’ÉCOLE STADACONA
(1928-1957)
Des terrains peu propices à la
construction d’une école
Au début des années 1920, les Commissaires
d’école du district est de Montréal envisagent
d’ériger une école sur la rue Stadacona, nom que
portait autrefois la rue Adam dans le quartier
Hochelaga. Les terrains que convoitent les commissaires sont compris dans le quadrilatère
formé des rues Stadacona (Adam), Lafontaine
(appelée aussi Beaujeu), Darling et Davidson ; ils
appartiennent principalement à la succession
Nolan Delisle qui les vend à la CECM au
printemps 192211. Les deux évaluateurs chargés
d’évaluer le prix des terrains mettent toutefois en
garde les commissaires contre les problèmes
d’abaissement et de salubrité des terrains. Le
premier évaluateur, U. H. Dandurand, qui se
vante d’avoir vendu plus de 3 000 terrains dans
le quartier Hochelaga, écrit :
Je tiens à attirer votre attention sur le fait
que tous les lots de la propriété en question
sont très bas, étant de 10 à 12 pieds audessous du niveau des dites quatre rues ;
c’est probablement pour cette raison que
cette propriété est restée vague jusqu’ici,
étant presque inutilisable pour fins de
constructions de logements ouvriers nécessitant des fondations très profondes et en
conséquence très coûteuses, cependant
pour fins industrielles elle serait plutôt
avantageuse donnant des sous-sols tous
creusés, mais naturellement pour la construction d’une école il serait nécessaire de
remplir une certaine partie du terrain
destinée au (sic) cours de récréations12…
Quant au deuxième évaluateur, il confirme que
les terrains ont une profondeur d’environ douze
à trente-cinq pieds au-dessous du niveau de la rue
et « font partie d’une ancienne fondrière (trou
plein d’eau ou de boue dans un chemin défoncé13)
remplie avec les détritus que le public y dépose,
(et) constituent, par ce fait même, un fonds de
terrain non recommandable et des plus dangereux
aux fondations d’une construction, et la partie qui
ne serait pas construite nécessiterait un remplissage très coûteux dépassant plusieurs fois la valeur
même du terrain. (…) Les terrains enclavés entre
les rues Darling et Davidson sont ceux qui ont la
plus grande profondeur en dessous du niveau de
la rue, et c’est là qu’actuellement le public dépose
des déchets de toutes sortes14 ».
Les Commissaires scolaires passent outre à ces recommandations et vont de l’avant avec la construction de l’école qui débute à l’été 1922, même
si le site retenu est peu propice à l’établissement
d’une école. L’affaissement du terrain, notamment
dans son centre où sera aménagée la cour d’école,
posera constamment problème dans le futur.
Le choix de l’architecte
La CECM choisit l’architecte Irénée Vautrin
(1888-1974) pour concevoir les plans de l’école
qui sont approuvés par le surintendant de l’Instruction publique le 16 mai 192215. Cet architecte
montréalais réalise une douzaine d’écoles dans la
métropole, seul ou en association avec l’architecte
Bernier16, dont les écoles Saint-Marc (1918),
Sainte-Philomène, Saint-Georges17 (1919-1920),
Stadacona (1922), Saint-Gérard (1924), Jean13
CHAPITRE 2
L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957)
Baptiste Meilleur (1925) et Chomedey-deMaisonneuve (1929, une école primaire du
quartier, devenue depuis une école secondaire).
Reçu architecte en 1914, il exerce sa profession
surtout à Montréal. En 1932, il devient président
de l’ordre des architectes de la Province de Québec18.
Vautrin aura une deuxième carrière, celle de
politicien. Élu député libéral du comté Montréal
Saint-Jacques en 1919, défait en 1923, réélu en
1927 et en 1931, il est nommé ministre de la
Colonisation dans le cabinet du gouvernement
Taschereau le 25 juillet 1934 ; il est défait à
l’élection de 193519. Lors de l’étude des comptes
publics en 1936, le chef de l’opposition, Maurice
Duplessis, découvre une dépense inusitée :
l’ancien ministre Vautrin se serait fait payer, à
même les deniers publics, une paire de pantalon.
Ironisant sur cette affaire « des culottes à Vautrin »,
Duplessis parvient à faire tomber le gouvernement et à s’emparer du pouvoir sous la bannière
de l’Union nationale, parti fondé en novembre
1935 par les conservateurs et les membres de
l’Action libérale nationale.
Les entrepreneurs
Les travaux de construction de l’école sont confiés
aux entrepreneurs Gratton & Girard et Alphonse
Gratton. Dans leur contrat, il est spécifié que
l’école doit être complétée en entier et prête pour
le 1er juillet 192320. Les entrepreneurs disposent
d’un montant de 126 527 $. Il en coûtera finalement un peu moins cher, soit 125 655,75 $, une
différence de 871,25 $21.
L’analyse architecturale
L’élément le plus intéressant du bâtiment, au
point de vue architectural, est sans conteste son
14
plan en forme de H, composé d’un corps central
longitudinal avec deux corps latéraux perpendiculaires. La forme du H est d’ailleurs reprise au
niveau du parement de pierre des trois portails.
La partie centrale des corps latéraux est en
saillie ; les murs extérieurs de leurs deux extrémités sont aveugles (sans fenêtre). L’entrée principale au centre de la façade « donne accès à un
vestibule et à un corridor central qui traverse le
bâtiment vers deux accès secondaires latéraux,
situés à la base des cages d’escaliers. Anciennement, il y aurait eu une grande salle au rez-dechaussée, mais étant donné l’ajout d’un gymnase,
l’ancien lieu qui faisait office de gymnase aurait
été cloisonné et converti en salles de classe22. »
Le bâtiment comptait à l’origine deux étages en
plus du rez-de-chaussée; un étage supplémentaire est ajouté en 1930.
Au plan des éléments décoratifs, on notera
l’emploi de pierres blanches intégrées au parement de la maçonnerie sous la forme de carrés, de
losanges, de rectangles, d’hexagones ou de lignes
horizontales soulignant les angles en coin du
bâtiment.
En ce qui a trait à la fenestration, certaines
fenêtres ont des linteaux en briques formés d’un
arc de maçonnerie similaire aux quintuplex avoisinants et aux anciennes usines de briques du
quartier. La plupart des fenêtres ont toutefois
des linteaux en pierre.
Origine du nom de l’école
Dans une courte monographie de l’école parue
vers 1941, on peut lire que « l’école prit le nom
de Stadacona, nom que, dans le quartier
Hochelaga, on donnait alors à cette partie de la
rue Adam23 ».
CHAPITRE 2
L’ÉCOLE STADACONA (1928-1957)
Le nom de Stadacona nous ramène aux voyages
de Jacques Cartier en terres d’Amérique. C’est
lors de son deuxième voyage au Canada, en
1535, au moment où il pénètre à l’intérieur du
continent par la voie du Saint-Laurent, que le
célèbre explorateur découvre une bourgade
iroquoïenne nommée Stadaconé, à la hauteur de
la ville de Québec actuelle. Cartier, cherchant de
l’or et des îles fabuleuses, aimerait bien trouver la
route des Indes. L’explorateur poursuit son
voyage jusqu’à Hochelaga (Montréal) -nom que
porte d’ailleurs l’école aujourd’hui-, une autre
bourgade également peuplée d’Iroquoïens. Ces
derniers lui font part qu’au-delà des rapides se
trouve une mer d’eau salée. Cartier conclut
donc qu’il a trouvé la route conduisant aux
Indes. Après avoir passé une seule journée à
Hochelaga, il retourne à Stadaconé pour y
établir son campement d’hiver. Le premier hiver
des Français au Canada s’avère terrible ; les
marins souffrent du froid, de la faim et du
scorbut, maladie de carence de vitamine C. Fort
heureusement, les Amérindiens leur montrent à
se soigner, mais 25 hommes perdent la vie. « Au
moment de repartir pour la France, il (Cartier)
s’empara par traîtrise du grand chef Donnacona
et d’une dizaine de personnes24. »
Quant aux deux bourgades, on perd leurs traces
par la suite. Lorsque Samuel de Champlain
viendra fonder la ville de Québec en 1608, les
villages de Stadaconé et d’Hochelaga auront
disparu.
Arrivée de Jacques Cartier à
Hochelaga. Archives
nationales du Canada.
Plan de la bourgade d’Hochelaga.
Tiré de l’ouvrage Navigazioni e
Viaggi, G. B. Ramusio, Venise, 1556.
15
CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Écolières à l’intérieur du couvent
Hochelaga vers 1875. Archives
des Sœurs des Saints Noms de
Jésus et de Marie.
Élèves du cours primaire dans
leur classe, au couvent
Hochelaga. Sans date. Archives
des Sœurs des Saints Noms de
Jésus et de Marie.
Magnifique édifice de style
beaux-arts, le couvent Hochelaga
sera démoli pour faire place à une
autoroute qui ne sera jamais
construite. Sans date. Archives
des Sœurs des Saints Noms de
Jésus et de Marie.
16
CHAPITRE 3 LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE,
UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
La Commission scolaire d’Hochelaga signe un
contrat d’engagement pour une période de dix
ans à compter du 1er juillet 1910 avec les Sœurs
des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM)25,
en vue d’assurer l’éducation des jeunes filles
résidant dans la paroisse Nativité-de-la-SainteVierge d’Hochelaga. À cette époque, le territoire
de la paroisse englobe les rues comprises entre la
rue Moreau, à l’ouest, et la rue Bourbonnière, à
l’est, où commence la paroisse Maisonneuve
fondée en 188826. « Conformément à une clause
de ce contrat, la Commission d’Hochelaga
s’engage à « mettre des maisons d’écoles
convenables à leur disposition, c’est-à-dire celles
qui existent déjà ou qui pourraient être
construites à l’avenir dans la municipalité. » Il
est probable que ce soit en vertu de ce contrat
que la Commission scolaire du District Est
(division administrative de la CECM qui
replacera la Commission scolaire d’Hochelaga)
confie l’école Stadacona aux Sœurs SNJM27.
La présence des Sœurs SNJM ne date pas d’hier
dans Hochelaga. En effet, avant même l’érection
de la paroisse Nativité-de-la-Sainte-Vierge (1867)
et la création de la municipalité du village
d’Hochelaga (1870), les Sœurs déménagent en
1860 leur maison-mère de Longueuil dans le
modeste village d’Hochelaga constitué le long de
la rue Notre-Dame, l’ancien chemin du Roy.
Leur couvent accueille, en plus des pensionnaires, l’école du village. Dans le sous-sol de leur
chapelle, elles enseignent aussi aux jeunes
garçons et aux fillettes28.
Les Sœurs SNJM ouvrent en 1863 une première
école primaire, l’école Hyacinthe-Hudon (qui
17
fut aussi appelée pendant un certain temps StJoseph), sur la rue Sainte-Catherine, près de la
rue Dézéry29. Jusqu’à l’ouverture de l’école de la
Nativité en 1907, ce sera la seule école de filles
dans la paroisse30. Elle sera démolie en 1970.
L’école Stadacona est donc la troisième école de
filles de la paroisse Nativité, la quatrième si on
tient compte de l’école Sainte-Jeanne-d’Arc,
l’ancienne Académie Laurier, ouverte en 1915 et
qui changera de nom en 1932 lorsqu’elle sera
rattachée à la nouvelle paroisse Sainte-Jeanned’Arc. Ces quatre écoles, en plus de l’école Baril
(1911), sont dirigées par les religieuses SNJM
qui s’occupent également de leur couvent
Hochelaga, sur la rue Notre-Dame, à l’angle de
la rue Joliette, un magnifique édifice de style
beaux-arts qui sera malheureusement détruit en
1971 pour faire place au projet d’autoroute.
Elles seront également très actives dans
Maisonneuve où elles dirigeront, seules ou en
partie, les écoles Maisonneuve (démolie en
1981), Saint-Nom-de-Marie (qui deviendra le
Centre Baril en 1974 puis l’école Irénée-Lusssier
en 1981), Saint Aloysius Girls’ School (l’école de
la communauté irlandaise du quartier devenue
l’école Saint-Nom-de-Jésus en 1970), SaintClément (1914) et leur couvent Sainte-Émélie à
Viauville (fermée en 1974)31.
La Congrégation a été fondée par Eulalie
Durocher (Mère Marie Rose), en 1843, à la
demande de Mgr Bourget, archevêque du diocèse
de Montréal, dans le but d’assurer l’éducation des
jeunes filles. Entrée en religion à l’âge de 32 ans,
la fondatrice sera béatifiée en 1982.
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Classe de 3e année, section filles, en 1931.
Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et
de Marie.
Intérieur du cinéma Laurier-Palace après l’incendie.
Bibliothèque et archives nationales du Québec.
Funérailles des jeunes victimes de l’incendie du
Laurier-Palace à l’église Nativité-de-la-SainteVierge en 1927. Collection de l’Atelier d’histoire
d’Hochelaga-Maisonneuve.
18
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Les années 1920
De l’ouverture des classes de l’école
Stadacona à l’école supérieure des
jeunes filles
Les chiffres concernant le nombre d’élèves
inscrits à l’ouverture des classes en 1923 varient
selon les sources consultées. Ainsi, une lettre du
Surintendant de l’Instruction publique aux
commissaires d’écoles de la CECM fait état de
19 classes pouvant « accepter 790 élèves et celle
de l’enseignement ménager 41, formant un total
de 831 élèves32. » Dans la monographie sur la
paroisse Nativité publiée en 1942, il est mentionné que l’école comptait à l’ouverture trente
professeurs dont vingt-deux religieuses et huit
laïques, enseignant à 750 élèves, soit 706 filles et
44 garçons33. Cette source ne fait aucunement
référence à la classe d’enseignement ménager.
Une soumission des plombiers Chouinard et
Otis nous laisse pourtant croire qu’il y aurait eu
pareille classe. Les deux plombiers s’engagent en
avril 1923 « à fournir et à installer un évier de 18
pouces X 30 pouces ainsi qu’une sortie de gaz,
l’eau chaude et l’eau froide, avec tuyau de
renvoie connecter (sic) dans la cave jusqu’à la
couverture, le tout requis pour une classe
ménagère à l’école Stadacona, pour la somme de
deux cent cinquante (250 $) piastres34. »
Pour l’année scolaire 1924-1925, on dénombre
689 élèves, soit 532 filles (âgées de 5 à 18 ans) et
157 garçons (âgés de 5 à 14 ans)35. L’année
suivante, le nombre d’élèves augmente chez les
filles (540) mais baisse quelque peu chez les
garçons (128)36.
En 1928, la CECM centralise les classes de 7e, 8e
et 9e années ; l’école Stadacona devient l’école
supérieure des filles, dans le district Est37. L’école
19
accueille encore des garçons (189 en 1928 et 136
en 1929) mais surtout des filles, âgées de 5 à
17 ans (542 en 1928 contre 561 l’année suivante).
Le plus grand nombre de jeunes filles se situe
toutefois dans le groupe des 7 à 13 ans, soit près
de 400 élèves38.
Le drame du Laurier-Palace
À peine revenues de leur congé de Noël, les religieuses SNJM enseignant à Stadacona apprennent une bien triste nouvelle : l’incendie du
cinéma Laurier-Palace, survenu dans l’après-midi
du dimanche 9 janvier 1927, a fait de nombreuses victimes, surtout des enfants. Les Sœurs
écrivent au sujet du sinistre :
Après Vêpres, Sœur supérieure mandée à la
sacristie, apprit de la bouche même de Mgr,
quelques détails de l’horrible hécatombe.
C’était affreux, disait-il, MM les vicaires
qui tous s’étaient joints à lui pour aller
absoudre ces pauvres enfants, en avaient le
cœur navré. « Jamais, ajoutaient-ils, nous
ne pourrons oublier les cris navrants
entendus là. » Ces petites victimes en
voulant se sauver tombaient les uns sur les
autres dans un escalier sans issue et dans des
râles d’agonie appelaient leur mère à leur
secours. On en entendait prier, quelquesuns réclamant le pardon de leurs fautes. Et
la masse de chair humaine grandissait
toujours. Le très grand nombre de ces
enfants furent écrasés, très peu étaient
brûlés gravement39. Ce soir-là, nous nous
couchions bien inquiètes, il y en avait
certainement des nôtres. La prière était le
seul secours à notre disposition ; nous leur
donnions de grand cœur40.
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Un enfant, Fernand Cormier, est gravement
ébouillanté à la suite de l’explosion d’un
calorifère, mais survit au drame. Il en est quitte
pour un séjour de sept mois à l’hôpital41.
Des 78 jeunes qui ont péri, 55 sont de la paroisse
de la Nativité où est célébré, deux jours plus tard,
le service funèbre. L’âge des victimes se situe entre
4 et 18 ans. Quelques enfants fréquentaient les
écoles d’Hochelaga ; 3, l’école Stadacona, dont
deux jeunes filles âgées de 14 et 15 ans ; 6
garçons, l’école Saint-Joseph et 3 enfants, l’école
de la Nativité42. Les Sœurs SNJM en sont bien
chagrinées.
Une foule de 50 000 personnes, selon les
estimations des journaux de l’époque, assistent
aux funérailles. 12 000 d’entre elles s’entassent à
l’intérieur de l’église de la Nativité où sont
alignés, dans l’allée centrale, 39 cercueils de
différentes dimensions et de diverses couleurs43.
Une commission d’enquête, présidée par le juge
Louis Boyer, est mise sur pied afin de déterminer
les causes du sinistre, les responsabilités encourues et les moyens à prendre pour éviter la
répétition d’un tel drame. Dans son rapport sur
les causes de l’incendie, le juge conclut que le feu
a été allumé par une cigarette ou une allumette
puisqu’il n’y avait aucun fil électrique à proximité
du foyer d’incendie ; la cause du désastre peut être
attribuée à la panique qui a suivi l’incendie,
allumé par un inconnu ; la cause incidente est le
tournant dans l’escalier44. Le juge recommande
l’interdiction des cinémas aux jeunes de moins de
16 ans même s’ils sont accompagnés par des
adultes et oblige les salles de théâtres et de
cinémas à se munir de portes s’ouvrant par
pression vers l’extérieur, ces portes ne devant
jamais être verrouillées ou obstruées du dehors.
20
L’enquête du juge Boyer démontra finalement
que le drame du Laurier-Palace aurait pu être
évité s’il n’y avait pas eu de mouvement de
panique et si les portes s’étaient ouvertes vers
l’extérieur.
Les années 1930
L’école Stadacona s’agrandit
En 1930, on ajoute à l’école un quatrième étage
contenant sept nouvelles classes « spacieuses et
éclairées45 », une salle pour les professeurs et une
salle de toilette46. Pour ces travaux d’agrandissement, la Commission scolaire fait appel à
l’architecte Alcide Chaussé et à l’entrepreneur
Frénette et Frères Ltée. Les plans et contrats sont
signés le 26 juin 1930. L’entrepreneur s’engage
à compléter les travaux pour le 1er octobre 1930,
au coût de 48 700 $47. La construction de ce
nouvel étage qui permet de faire passer le
nombre de classes de 19 à 26, coïncide avec la
réorganisation du cours primaire supérieur, en
1930, qui permet aux élèves de poursuivre leurs
études jusqu’à la 12e année à même leur école48.
S’ajoute le cours commercial bilingue (la date
d’implantation de ce cours reste incertaine, soit
en 1930 ou en 193949). Sœur Marie-Agilberte
est alors directrice de l’école (de 1930 à 1938).
En ce qui a trait au salaire des enseignantes, les
sœurs ne gagnent que 500 $ par année contre
700 $ à 1 200 $ pour les laïques, en 1933-193450.
Les salaires restent les mêmes cinq ans plus tard,
en 1938-1939, alors que sévit une grave crise
économique.
De 1928 à 1937, plus de 250 élèves reçoivent, en
plus du certificat de la Commission scolaire, le
brevet supérieur d’enseignement décerné par le
Bureau central des Examinateurs catholiques de
la Province de Québec21.
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
L’école Stadacona dispense à ses élèves à la fois
une éducation générale et religieuse. « Des cours
d’art culinaire, de culture physique et de solfège
complètent le programme et sont régulièrement
distribués52 ». L’enseignement de la catéchèse
figure bien sûr au programme. Trois associations
visent aussi à assurer la formation chrétienne des
élèves : la congrégation des Enfants de Marie qui
s’adresse aux aînées; celles des Saints Anges et de
l’Enfant-Jésus, aux plus jeunes53.
L’école Stadacona tisse des liens très étroits avec
la paroisse. Ainsi, l’école sert au service religieux
à compter de 1931, à la demande de Mgr G.-M.
Le Pailleur, curé de la paroisse Nativité. Deux
messes s’y disent, chaque dimanche ; cela évite
que les fidèles se rendent à la paroisse voisine du
Très-Saint-Rédempteur, et surtout cessent de
payer pour la reconstruction de leur église,
incendiée en 1921. Mgr Le Pailleur collabore
également à titre de curé de la paroisse et de
chevalier du Bon Parler Français au mois du Bon
parler français qui est inauguré à l’école par les
Sœurs SNJM le 6 mai 1933. Il préside les
séances d’ouverture et de clôture, à laquelle
participe l’inspecteur d’école A. B. Charbonneau
et des membres de la Commission scolaire54.
Outre le mois du Bon Parler Français, les
religieuses mettent en branle plusieurs moyens
pour faire apprendre correctement le français à
leurs élèves : vocabulaire, famille de mots, récitations de mémoire, lectures expliquées55. La directrice de l’époque, Sœur M.-Marthe de Jésus, juge
par ailleurs que les deux compositions hebdomadaires qui ont été ajoutées aux travaux quotidiens réguliers pour l’année scolaire 1938-1939
paraissent excessives, alourdissant inutilement la
charge des professeurs56.
Enfin, les élèves de l’école peuvent bénéficier de
la Bibliothèque des Enfants d’Hochelaga qui
21
possèdent 3 000 volumes. « Des causeries sur la
botanique, des récits de voyages, des concours de
timbres suggèrent aux enfants de nouveaux
sujets de lecture57 ».
La guerre aux trous d’eau
Depuis qu’elle est en poste en 1930, Sœur
Marie-Agilberte livre une guerre sans merci aux
trous d’eau qui s’accumulent dans la cour
d’école. Encore en 1937, elle écrit au président
de la CECM, Victor Doré, pour se plaindre de
l’état lamentable dans lequel se trouve la cour
d’école. Constamment inondée, la cour
ressemble à un véritable lac ou plutôt, « à un
marais, dans lequel les élèves laissent leurs
caoutchoucs. (…) À plusieurs reprises, depuis
sept ans, j’ai moi-même averti certains membres
de la Commission Scolaire et mes démarches
sont restées infructueuses. Il y a quelques mois,
on a bien étendu un peu de gravelle près du
trottoir autour de la maison du concierge
seulement. La semaine dernière, il y avait tellement
d’eau dans toute la cour que les élèves étaient
obligés de passer près de la clôture pour atteindre
le trottoir et entrer dans l’école58 ». Comme les
élèves n’ont pas accès à leur cour d’école durant
une bonne partie de l’année, ils s’entassent à 700
dans une salle qui peut contenir 300 places.
Les années 1940,
l’école et l’avenir des femmes.
Enseignement ménager,
vocations religieuses et préparation au
marché du travail
Durant la Deuxième Guerre mondiale (19391945), le Québec et le Canada manquent de
main-d’œuvre, ce qui permet aux femmes d’accéder au marché du travail, du moins pour un
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
temps. Celles-ci oeuvrent dans les entreprises liées
à l’effort de guerre (équipement militaire, munitions, denrées alimentaires, etc.). Avec le retour des
hommes qui reviennent du front, on invite les femmes à retourner dans leur foyer et à faire des bébés.
L’école québécoise des années 1940 et 1950
renforce les stéréotypes de la femme au foyer et
valorise le rôle de la mère de famille qui prend
soin de ses enfants et de son mari. L’école transmet à la jeune génération des valeurs fortement
traditionnelles –rurales, nationalistes et religieuses- qui sont véhiculées par le clergé
québécois et l’élite politique de l’époque. Ainsi,
en plein quartier ouvrier, les religieuses SNJM
présentent à leurs élèves, en 1944, des films sur
la vie traditionnelle des Canadiens français aux
Éboulements (Charlevoix) et en Abitibi59.
L’enseignement ménager
Le cours d’entretien ménager, dispensé à une
seule classe à l’école Stadacona, vise justement à
former de futures ménagères qui sauront entretenir convenablement leur logis. « L’objet de
l’enseignement ménager est de préparer la jeune
fille à son beau rôle de mère de famille », peut-on
lire dans un ouvrage publié en 1958 et destiné
aux parents60. Confinant les femmes dans un rôle
social limité, l’enseignement ménager « assure
pour les générations futures une division des
fonctions et des rôles sociaux fondée sur le sexe et
maintien de l’ordre social66 » écrit l’historienne
Micheline Dumont.
La vocation religieuse
Peu de choix s’offrent aux jeunes filles qui ne
souhaitent pas le mariage. Le célibat est toujours
possible, mais cela signifie qu’elles devront
22
demeurer chez leurs parents ou gagner leur vie
par elles-mêmes, ce qui apparaît très compliqué
à l’époque compte tenu du conformisme social
ambiant, qui établit que la place de la femme est
à la maison. Dans ce contexte, certaines jeunes
filles préfèrent entrer en religion. Près d’une
cinquantaine d’élèves de Stadacona deviennent
religieuses dans différentes communautés entre
1923 et 194062.
Cela ne surprend guère quand on connaît
l’encadrement religieux à l’école. En plus de la
participation des prêtres de la paroisse aux
grandes fêtes et cérémonies religieuses (Messe de
Noël, Pâques, confirmation et première communion, etc.), l’école Stadacona peut compter sur la
présence de l’abbé Gérard Goupal comme
aumônier. C’est l’aumônier qui a la responsabilité de la vie religieuse à l’école63. Présent à
temps partiel depuis le début des années 1940, il
occupe le poste à temps plein en 195264.
L’aumônier passe au moins une fois par deux
semaines dans toutes les classes, pour une
période d’une demi-heure. Ce temps est pris sur
la période de trois heures accordées à l’enseignement religieux. Les rencontres individuelles des
élèves avec l’abbé sont privilégiées durant les
heures de classe ou à tout autre moment.
Par ailleurs, l’abbé Arthur Delorme, directeur de
l’œuvre des vocations sacerdotales pour le diocèse de Montréal, visite l’école en 1947 dans le
but de susciter des vocations religieuses chez les
élèves. Les Sœurs soulignent dans leur chronique
le zèle « ardent et rayonnant » de ce prêtre65.
Dès 1936, l’œuvre de la Sainte-Enfance, la
Jeunesse étudiante catholique (J.E.C.) et la
Croisade eucharistique font leur entrée à l’école
Stadacona. Les Sœurs mettent aussi à la disposition de leurs étudiantes la Congrégation de
la Sainte Vierge et des services de liturgie66.
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Classe de 10e année, en 1940. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
Finissantes lors de leur graduation en 1946.
Archives des Sœurs des Saints Noms de
Jésus et de Marie.
23
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Encouragées par le gouvernement pro-clérical de
l’Union nationale qui est de retour au pouvoir
en août 1944, les activités à caractère religieux
sont courantes dans les écoles catholiques du
Québec durant les années 1940 et 1950. Pour la
seule année scolaire 1945-1946, notons pour
l’école Stadacona la retraite des élèves du primaire
élémentaire à l’église Nativité, la messe chantée
dans la chapelle de la maison-mère à Outremont
à l’occasion du centième anniversaire de la communauté SNJM (comme moment de détente, les
jeunes filles ont tout de même droit à des jeux et
à un cornet de crème glacée, gracieuseté des
Soeurs), la célébration des premières communions, la semaine d’Action catholique, etc. En novembre 1945, 65 élèves sont reçus dans la Congrégation de la Sainte-Vierge, 44 dans celle des
Saints Anges et 57 dans la Congrégation de
l’Enfant Jésus.
L’enseignement comme planche de salut
Durant la Campagne de la jeunesse étudiante qui a
lieu en mai 1948, les Soeurs expliquent en classe la
doctrine du corps mystique (du Christ) ; la messe
blanche est expliquée aux élèves par un prêtre67…
En 1942, l’école compte vingt-deux classes
régulières, deux classes auxiliaires et une classe
d’enseignement ménager. 693 jeunes la fréquentent sur 753 élèves inscrits69.
La préparation des jeunes filles au
marché du travail, la classe commerciale
bilingue
En 1941, 46 % des jeunes Montréalaises âgées de
15 à 24 sont sur le marché du travail, 16 % sont
encore à l’école et 16 % sont déjà mariées. On
perd la trace de 22 % d’entre elles qui demeurent
probablement à la maison assistant leurs mères
dans les travaux ménagers68. Tenant compte du
fait qu’un bon nombre de jeunes filles accède au
marché du travail, les Sœurs SNJM mettent à la
disposition de leurs élèves une classe commerciale
bilingue où les étudiantes apprennent la sténodactylo en vue d’exercer la profession de
secrétaire. Il s’agit d’un début modeste, mais réel.
24
Plusieurs des jeunes diplômées des écoles
supérieures envisagent de faire carrière dans
l’enseignement et poursuivent leurs études à
l’école normale en vue d’obtenir leurs brevets
(voir plus loin la première partie de l’entrevue
avec Monique Desmarais). Les portes de
l’université leur restent encore fermées pour la
majorité d’entre elles.
Les débouchés pour les femmes paraissent donc
très limités, de l’après-guerre à la Révolution
tranquille. Il faut attendre les années 1960 pour
qu’éclatent les cadres traditionnels de la société
québécoise.
Chroniques du temps qui passe
À l’ouverture des classes le 1er septembre 1943, le
cours primaire supérieur compte 74 élèves dont
22 en 11e année alors que 673 élèves sont inscrits
aux cours complémentaires et élémentaires, dont
114 garçons. Le nombre total d’élèves est de 74770.
Parmi les activités réalisées en cours d’année,
notons celle-ci. Le samedi 25 septembre 1943,
les filles du cours supérieur vont en excursion au
Mont-Royal et en profitent pour suivre une
leçon de « biologie végétale » et visiter le musée
du pensionnat des Sœurs SNJM à Outremont,
chemin de la Côte Sainte-Catherine. Le même
groupe visite en octobre le musée des Clercs de
Saint-Viateur, rue Saint-Laurent71.
Le 28 octobre, les élèves de 4e année commémorent le centième anniversaire de la fondation
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
de la congrégation « par un joli sketch inspiré de
la vie de la fondatrice ».
Le 10 janvier 1944, pour la première fois, les
parents sont invités à la remise des notes.
Quatorze mères sont présentes. La même activité
est reprise deux mois plus tard pour les classes
des 7e, 8e et 9e années ; cette fois, 30 mères
participent à l’événement.
Pour l’année scolaire 1945-1946, soulignons la
participation en grand nombre des élèves au
concours de sciences naturelles organisé par le
Jardin botanique et aux cours de botanique
donnés à la radio. Les élèves reçoivent aussi la
visite de médecins de la Ligue d’hygiène dentaire
qui leur donneront des conseils sur la saine
alimentation (rôle des vitamines) et sur l’hygiène
à apporter aux dents73.
Au plan culturel, on notera la visite de
l’exposition « Cinq siècles d’art hollandais », présentée probablement au musée des Beaux-Arts
de Montréal; quatre jeunes filles de l’école
remportent des prix pour leurs compositions
rédigées dans le cadre de cette exposition sur les
peintres hollandais.
L’année 1946 marque le centenaire de la CECM.
Pour l’occasion, on célèbre une messe, entonne
des chants particulièrement nationalistes (les
Braves de 60, la Feuille d’érable et le O Canada*
de l’écrivain Basile Routhier), récite des textes en
hommage à Dollard Des Ormeaux et présente
des saynètes de culture physique74.
Le 24 mai 1944, a lieu le pèlerinage des Croisés
(ils sont 147 à l’école) à la chapelle Notre-Damede-Bon-Secours, dans le Vieux-Montréal ; le 30
mai, on assiste à la proclamation de la reine du
catéchisme ! L’année scolaire se termine le 23
juin.
En octobre 1947, les trois écoles de filles dirigées
par les Sœurs dans la paroisse Nativité (écoles
Stadacona, Nativité et Hyacinthe-Hudon) reçoivent la visite de l’inspecteur René Côté75. En
juin 1948, la nouvelle directrice de l’école, Sœur
M.-Louis-Zéphirin, et Sœur M.-Ovide-Florian
participent à des cours de biologie à l’Université
Laval et tentent des expériences en botanique à
l’île d’Orléans76.
Les faits marquants de l’année scolaire suivante
sont l’aménagement en mars 1945 d’une salle
pour l’enseignement ménager avec poêle et
ameublement de salle à dîner72, une conférence
de Gérard Pelletier sur le mouvement coopératif
et la mise sur pied à l’école, en avril, d’une
coopérative de consommation. Le coopératisme
est très à la mode à cette époque et est prôné
entre autres par la J.E.C. (Jeunesse étudiante
catholique) dont il existe une cellule à l’école ;
enfin, en juin, une Amicale des anciennes élèves
de Stadacona a lieu en vue d’un conventum.
L’année scolaire 1948-1949 sera la dernière
année où les garçons seront admis à l’école
supérieure de Stadacona77. L’Église resserre son
encadrement sur l’école (fin de la mixité des
élèves dans l’école, incitation des jeunes filles à
devenir religieuses, embauche d’un aumônier à
temps plein, etc.).
* À l’époque, le « O Canada » était considéré comme un chant nationaliste de ralliement pour les Canadiens français.
25
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Les années 1950
Projet d’aménagement d’une salle de
récréation et installation d’un
laboratoire de physique et de chimie
En novembre 1950, deux membres du Bureau
des projets scolaires soulignent le problème du
manque d’espace durant la récréation : 659 élèves
doivent s’entasser dans une salle pouvant en
contenir 264. Ce problème, avec celui de la
mauvaise évacuation de l’eau dans la cour, avait
déjà été soulevé en 1937 par la directrice de
l’école, Sœur Marie-Agilberte. Les deux fonctionnaires de la CECM proposent donc
d’aménager une salle de récréation dans la cave
de l’école, qui a une hauteur d’environ 15 pieds.
Il n’y manquerait selon eux qu’une ventilation et
un éclairage adéquats78.
En juin 1952, la CECM destine l’école
Stadacona aux élèves des classes avancées alors
que les jeunes filles du primaire élémentaire des
écoles Stadacona et Hyacinthe-Hudon sont
acheminées vers l’ancienne école Sarah Maxwell,
nouvellement acquise par la CECM et
renommée Malvina-Marchand. La directrice de
Stadacona, Sœur M.- Véronique-de-Jésus, en
profite pour formuler quelques demandes à la
CECM dont: l’aménagement d’une salle
d’enseignement culinaire (avec dix petits poêles),
une salle de couture (comprenant une salle
d’essayage) et une cafétéria pour les élèves79 (voir
le menu page 28), au rez-de-chaussée, ainsi que
l’installation d’un laboratoire de physique et de
chimie au dernier étage de l’école, dans la classe
utilisée pour le cours de dactylographie. Elle
propose par ailleurs l’installation d’un système
d’intercom et l’aménagement d’un réfectoire
(salle à manger) pour les Sœurs, dans lequel
seraient installés un poêle et un réfrigérateur80.
La directrice encourage la mise sur pied
d’activités para-scolaires pour ses étudiantes :
26
Santé-Loisirs, cinéma, journal étudiant, service
de préparation à la vie81… Sa successeure, Sœur
M.-Louis-Zéphirin, préconise des travaux en
équipe sur le thème des « partys » mixtes tenus
par les élèves ; celles-ci sont invitées à en discuter
devant leurs parents lors de rencontres à l’école82.
Le sujet est délicat à l’époque, car les rencontres
entre garçons et jeunes filles sont très mal vues, à
moins qu’elles ne conduisent au mariage. Selon
les dires de la directrice, les partys mixtes
cesseront à la suite des réunions des jeunes avec
leurs parents.
À une autre rencontre de parents, Sœur M.Louis-Zéphirin aborde l’avenir professionnel des
jeunes filles. Elle mentionne dans son rapport
que plusieurs élèves désirent entrer dans la
section commerciale pour accéder le plus
rapidement possible au marché du travail et
« travailler moins fort à l’école »83.
L’école compte 424 élèves en 1954-1955, de la
8e à la 12e années ; les jeunes filles ont entre 11 et
19 ans84.
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Reposoir lors de la Fête-Dieu à l’école La Nativité, en 1949, rue Saint-Germain.
Photo : Monique Desmarais.
Classe de 6e année à l’époque où Mme Desmarais fréquentait l’école la Nativité.
1954. Photo : Monique Desmarais.
27
CHAPITRE 3
LES SŒURS DES SAINTS NOMS DE JÉSUS ET DE MARIE, UNE LONGUE PRÉSENCE DANS HOCHELAGA
Classe de 11e année commerciale en 1954-1955. Archives des Sœurs des Saints
Noms de Jésus et de Marie.
Ce groupe d’étudiantes dont certaines sont costumées arborent fièrement
leur trophée. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
Menu disponible à la cafétéria de l’école
en 1952-1953. Archives de la CSDM.
28
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA
DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
C’est à la directrice Sœur M.-Louis-Zéphirin
que revient l’honneur d’avoir trouvé le nouveau
nom de l’école. Elle s’en explique dans une lettre
adressée au curé de la paroisse Nativité, le
chanoine A. Parrot : « Avec ses compagnes, les
écoles secondaires de jeunes filles à Montréal :
celles de Marie-Immaculée, de Marie Médiatrice
et de l’Assomption, « Marie Reine » arriverait à
son heure. Nous trouvons dans ce choix beaucoup d’avantages : ce magnifique nom de la
Vierge est nouveau et la statue de « Marie Reine »
est un bijou de grâce majestueuse. Placée au
dernier jour de mai dans la liturgie, la fête de la
Royauté de Marie, pourrait être chaque année,
avec nos cinq cents grandes filles, l’occasion
d’une belle préparation aux vacances85». La
directrice émet le souhait de consacrer l’école à
Marie, Reine le 31 mai 1956. Ce n’est toutefois
qu’à la rentrée scolaire de 1957 que l’école
supérieure Stadacona devient officiellement
l’école secondaire Marie, Reine. On y offre alors
le cours classique86.
Mosaïque des finissantes en 1957-1958.
Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
29
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
La construction d’une résidence pour les
Sœurs SNJM
L’ajout de nouvelles classes et la
construction du gymnase
En 1958, l’assistante générale, Sœur Jeanne-dela-Visitation, demande à la CECM d’aménager
une résidence à proximité de l’école afin de loger
les Sœurs enseignantes, car celles-ci doivent
effectuer à leur frais le trajet entre leur résidence
de l’école Nativité et l’école Marie, Reine, soir et
matin et la plupart du temps en taxi87. Cette
résidence, qui compte vingt chambres, loge
trente-huit sœurs dont dix-huit enseignent à
l’école Marie, Reine, neuf à la Nativité et cinq à
Hyacinthe-Hudon.
Dans un rapport du directeur du Bureau des
projets scolaires, J. H. Longtin, celui-ci mentionne que l’école Marie, Reine ne suffit plus à la
demande. Le Québec vit à l’heure du babyboom et la clientèle scolaire explose. De plus, la
nouvelle loi sur l’instruction obligatoire oblige
les jeunes à poursuivre leurs études jusqu’à l’âge
de 14 ans, augmentant du coup le nombre
d’élèves dans les écoles primaires et secondaires.
Le fait que Marie, Reine soit devenue une école
secondaire en 1957-1958 explique aussi en
grande partie le nombre surélevé d’élèves.
La CECM reconnaît que les Sœurs ont le droit
d’être logées convenablement, surtout avec les
services qu’elles rendent à la communauté au
plan de l’éducation. Le directeur général adjoint
du Service des immeubles, J. H. Longtin, recommande donc la construction d’une bâtisse
neuve de 24 chambres sur le terrain de la cour
d’école, du côté de la rue Darling88. Les commissaires de la CECM donnent leur aval au
projet ainsi que le Surintendant de l’instruction
publique, le 31 mai89 , la journée même de la fête
de Marie Reine.
Roger A. Vandal est choisi comme architecte le 14
août 195890 alors que les travaux de construction
sont confiés un an plus tard, soit le 11 août 1959,
à la firme J. R. Bourdages Construction ltée pour
le prix de 147 000 $91. Les Sœurs déménageront
dans leur nouvelle résidence le 26 avril 196092 ; les
travaux auront finalement coûté 159 251,69 $93.
30
Pour l’année scolaire 1958-1959, l’école compte
plus de 800 étudiantes dont 609 peuvent être
accueillies dans les murs de l’école. Plus de
200 élèves de 8e et 9e années doivent être transférées dans des écoles primaires du quartier.
Ainsi, 88 élèves de 8e année (soit trois classes)
étudieront à l’école Malvina-Marchand, 33 élèves
de 8e année (1 classe) et 30 de 9e année (1 classe)
à l’école Baril filles, et 65 élèves de 8e année à
l’école Sainte-Jeanne-d’Arc filles (2 classes)94.
Afin de pallier la pénurie de locaux, le
fonctionnaire de la CECM propose de convertir
la salle de couture et le réfectoire des religieuses
du rez-de-chaussée ainsi que la bibliothèque du
3e étage en salles régulières de classe. La bibliothèque est aménagée dans la cafétéria des élèves
et la cuisine des professeurs, ces deux pièces étant
elles-mêmes déplacées au sous-sol. La salle de
récréation loge dorénavant deux salles de couture,
le secrétariat et les bureaux pour les polycopies et
le matériel scolaire. Grâce à ces réaménagements,
le nombre de classes passe de 19 à 22.
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
La construction d’un gymnase devient impératif
puisque, avec la réorganisation des locaux, les
étudiantes ont perdu leur salle de récréation. Les
travaux de construction débutent le 9 décembre
195995. Le gymnase est érigé du côté de la rue
Davidson et comprend un balcon (des gradins)
et un théâtre96. L’architecte en est Gérard
Charbonneau, l’entrepreneur, Jean Marois
Compagnie limitée, et l’ingénieur en structure et
en mécanique, Paul Pelletier97. Les Sœurs l’utiliseront le jour durant la semaine et le loueront en
soirée98.
Le directeur du Bureau des projets scolaires, J.
H. Longtin, suggère également de démolir le
logement du concierge pour le reconstruire dans
le sous-sol du gymnase. Le nouveau logement
comptera cinq pièces et une entrée principale
donnant sur la rue Davidson99. Quant à l’ancien
logement, il sera démoli en octobre 1960100.
Entretien avec Monique Desmarais,
professeur à la retraite, première partie
Pour les récréations, les élèves ont aussi à leur
disposition le terrain de jeu aménagé par la Ville,
attenant à leur cour d’école (le parc est déjà
existant en 1958).
Lors de son passage à l’école secondaire Marie,
Reine à la fin des années 1950, les élèves ont le
choix entre quatre options : le cours général, le
cours spécial, le cours classique et le cours commercial. Le cours spécial intègre à l’enseignement régulier des leçons de latin tandis que le
grec est enseigné dans le cours classique. « Les
classes de ces cours, qui avaient moins de leçons
d’art ménager, se donnaient aux extrémités du
corridor et étaient à part des élèves du cours
général. Quant au cours général, il était très complet et touchait à tout », selon Mme Desmarais.
« Les filles qui voulaient devenir secrétaireréceptionniste se dirigeaient vers le cours commercial qui incluait notamment des cours de
sténo-dactylo et des leçons d’anglais. »
Au niveau des faits marquants de l’année scolaire
1958-1959, soulignons la grève des enseignants101 et la participation de deux groupes
d’élèves à la télévision de Radio-Canada. Le
premier groupe, des étudiantes de 11e année,
s’illustre lors d’une représentation des Précieuses
ridicules de Molière (enregistrée à l’automne 1958
et diffusée le 16 avril 1959) alors que l’autre, des
finissantes, montre leurs talents culinaires à
l’occasion d’une émission en direct sur la
préparation complète d’un repas de Noël102.
Enfin, dans un autre ordre d’idée, six jeunes filles
de Marie, Reine embrassent la religion cette
année-là. L’année suivante, une épidémie de
poliomyélite retarde la rentrée de septembre.
31
Ancien professeur à la retraite ayant enseigné
vingt ans à l’école Hochelaga, Mme Monique
Desmarais a étudié à l’école Stadacona de 1956
à 1960. Les Sœurs SNJM dirigent alors l’établissement de filles qui change de nom pour
Marie, Reine en 1957.
Originaire du quartier, Mme Desmarais naît en
février 1943. Elle est l’aînée d’une famille de
quatre enfants et la seule fille. Son père travaille
60 à 65 heures par semaine à la gare de triage du
Canadien Pacifique (rue Ontario, angle Moreau).
Elle réside sur la rue Préfontaine dans un logement qu’elle habitera jusqu’en 1980. De 1946 à
1956, elle fréquente l’école primaire de la Nativité, également tenue par les religieuses SNJM.
« L’école comptait à ce moment quatre niveaux,
soit la 8e, la 9e, la 10e et la 11e année. La 12e année
n’était disponible que pour les étudiantes du cours
classique et du cours commercial. Les filles du
cours commercial faisaient alors des stages, très
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
peu rémunérés, dans les entreprises ; elles étaient
adjointes des secrétaires de l’époque. »
Sœur M.-Louis Zéphirin est alors la directrice.
« C’est une femme qui était ouverte et qui ne
condamnait pas au premier comportement. Si
on faisait quelque chose de travers, elle nous
regardait en penchant la tête et en nous regardant par-dessus ses lunettes. On savait que dans
un court laps de temps, nous aurions un rendezvous. Mais quand ? Nous ne le savions pas. Le
cœur nous débattait un petit peu. Il ne fallait
pas se faire mettre à porte de l’école. Le rendezvous venait ordinairement dans les 48 heures.
La religieuse qui nous enseignait arrivait avec un
petit billet rose, ça voulait dire qu’on avait un
rendez-vous avec la directrice. On arrivait dans
son bureau, et elle nous disait : « Expliquez-moi
ce qui s’est produit, tel jour, telle date, telle
heure. » Nous savions ce que nous avions fait.
Elle écrivait tout le temps (quand nous étions
dans son bureau), ce que j’ai toujours détesté.
Elle nous disait : « Voici ce que je pense. » Il y
avait alors un dialogue. Elle nous demandait :
« Qu’est-ce que vous allez faire pour vous
améliorer ? » Jamais elle ne nous donnait la
directive à suivre, elle nous disait plutôt : « Voici
ce que je vous suggère. » Je l’ai souvent amenée
sur mon terrain. J’ai beaucoup appris de ces
méthodes. Elle n’imposait pas, elle négociait.
Elle était capable de s’adapter aux différentes
situations. Elle évitait toujours de confronter ou
d’humilier. »
La directrice joue également le rôle d’orienteur
professionnel. « Viens le temps de choisir notre
mission (carrière professionnelle), c’était le petit
papier bleu. Le billet bleu arrivait deux fois par
année, au mois de janvier et au mois de mai. Au
mois de janvier, c’était le premier interview, sur
nos goûts. Chaque élève avait son dossier. Sœur
M.-Louis-Zéphirin m’a dit, lors de la dernière
entrevue, je vous vois dans l’enseignement. Je
l’ai regardée pendant cinq minutes et j’avais
envie de lui dire « Tu ne me diras pas où aller ».
« Voici pourquoi je vous vois-là, dit-elle. » Dans
mon for intérieur, j’avais effectivement pensé à
enseigner. Tout le temps de mes cours, autant
primaire que secondaire, je me disais, petite fille,
quand je serai enseignante, je ferais cela à la
place. Les élèves n’auront jamais de devoirs le
vendredi. »
En 1960, Mme Desmarais étudie à l’école
normale Sainte-Marie-des-Anges, à l’angle de la
rue Adam et Théodore (l’ancien pensionnat
Sainte-Émélie). Cette école normale est fondée un
an ou deux avant son arrivée. À l’époque, chacune
des communautés religieuses qui œuvrent dans
l’enseignement dispose de son propre réseau
d’écoles, du primaire à l’enseignement supérieur.
L’élève demeure au sein de la même communauté
tout au long de ses études. « On était qualifiée
d’immigrante si on arrivait d’ailleurs, d’une autre
formation. Les formations étaient très différentes
entre les communautés religieuses. »
L’école normale Sainte-Marie-des-Anges* est
créée afin de permettre aux jeunes filles des
quartiers ouvriers d’accéder aux études supérieures. « L’école normale de Saint-Lambert, nous
dit Monique Desmarais, il ne fallait pas y penser,
nous venions de l’Est. C’était une école très
huppée pour les riches. J’ai emprunté un prêtbourse de 100 $ aux Sœurs avec promesse de leur
remettre. Quand j’ai terminé mon école normale,
on était 5 ou 6 filles de l’Est. »
* Il s’agit du couvent Sainte-Émélie, construit en 1902. L’édifice est situé au 4837, rue Adam, à proximité de l’église
Saint-Clément-de-Viauville.
32
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
La première année permet d’obtenir le Brevet C ;
les jeunes filles peuvent alors enseigner comme
suppléante, mais uniquement dans les écoles
tenues par des communautés religieuses. « Le
brevet B, quant à lui, avait une durée de deux
ans. On faisait de la ‘métho’ et de la pédagogie.
Savoir préparer une classe, la gestion des cas
d’élèves difficiles. Ces cours étaient donnés par
les religieuses et dans certains cas par des professionnels. Monsieur Farley enseignait l’économie
familiale. Quand il entrait en classe, il fallait
mettre nos blazers pour qu’il ne voit pas nos
bras. Ce que les Sœurs ne savaient pas, c’est que
lorsque les portes étaient fermées, M. Farley
nous demandait de les ôter (rires). Un autre
professeur enseignait l’hygiène mentale, en fait
c’était un cours de psychologie ; comment se
détendre, etc. Ensuite, il y avait le Brevet A. On
nous envoyait dans une autre école normale. J’ai
refusé d’aller à l’école Saint-Lambert, qui nous
avait refusé une première fois. De toute façon, il
fallait que je travaille, j’étais le soutien de la
famille. J’ai fait le Brevet A en travaillant en
même temps. J’enseignais avec un Brevet B
entre les mains, j’allais étudier à l’Université
quatre soirs semaine. »
Après un court passage de six mois à l’école
Sainte-Jeanne-d’Arc, en 1962, elle enseigne à
l’école Hyacinthe-Hudon, derrière le parc Dézéry.
« Quand il faisait chaud, on allait enseigner dans
le parc. » L’école, une ancienne usine convertie en
école, ferme ses portes, étant trop vétuste. Elle sera
démolie en 1970. Toutes les classes sont transférées à l’école Malvina-Marchand (l’ancienne
école Sarah-Maxwell). « Les Sœurs arrivaient avec
nous dans une école où la direction était laïque. Il
y avait trois religieuses en costume parmi un
paquet de laïques. Ce qui m’a toujours épatée,
c’est le respect qu’elles inspiraient. Elles se sont
facilement intégrées à nous. Lors de la fusion,
nous avons eu du plaisir, il n’y a pas eu de clan. »
L’activité était intense dans cette partie du
quartier en 1960. « Les journées de travail, ça
bourdonnait à partir de sept heure moins quart,
sept heure. Les filles avec leur sac d’école, on
croisait les ouvriers avec leur boîte à lunch, les gars
de l’école (secondaire) Maisonneuve. Certains
travailleurs partaient à pied jusqu’aux usines
Angus ou à la biscuiterie Viau. Tout ce monde-là
se croisait. Quand on entendait les sirènes des
compagnies, c’était le temps d’aller souper103. »
Classe de 11e année B en 1959
à laquelle appartenait Mme
Desmarais (4ère rangée,
dernière à droite). Au fond de
la classe, on aperçoit, de gauche
à droite, la directrice, Sœur M.Louis-Zéphirin, la titulaire de
la classe Sœur Marguerite-Lucie
et le professeur d’anglais Mme
Desjardins, une des rares
laïques à enseigner à l’école
Marie, Reine à cette époque.
Photo : Monique Desmarais.
33
CHAPITRE 4
L’ÉCOLE STADACONA DEVIENT L’ÉCOLE MARIE, REINE
Groupe de Mme Desmarais au moment
de sa formation comme institutrice à
l’école Normale Sainte-Marie des Anges,
dans Viauville. Vers 1962.
Photo : Monique Desmarais.
Vue de l’école normale Sainte-Marie des Anges (couvent Sainte-Émélie).
Sans date. Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.
34
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
L’ébullition de la Révolution tranquille
Les Sœurs SNJM, toujours de fidèles
collaboratrices
Les années 1960 sont des années de grands
bouleversements au Québec tant au plan de
l’éducation qu’au plan de l’évolution sociale,
économique, politique et culturelle. La société
québécoise est en ébullition : début des boîtes à
chanson ainsi que des créations de l’Ostidshow
avec Robert Charlebois et Yvon Dechamps, et
des Belles-Sœurs de Michel Tremblay,
reconnaissant le joual dans la littérature
québécoise ; nationalisation de l’hydroélectricité ; venue du Général de Gaulle en 1967
qui lancera son célèbre « Vive le Québec libre » du
balcon de l’hôtel de ville de Montréal, au grand
déplaisir du Premier ministre Trudeau ;
construction du métro de Montréal en 1966 et
tenue de l’Exposition universelle de Terre des
Hommes en 1967 ; premières bombes du FLQ ;
revendications du mouvement féministe, syndicalisation de la fonction publique, etc.
Les Québécois délaissent largement la pratique
de la religion et se scolarisent massivement.
L’État prend en main l’éducation et la santé, rôle
jadis dévolu aux communautés religieuses. Le
premier tome du célèbre rapport Parent, de la
Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la Province de Québec, est publié en
avril 1963. Le Ministère de l’Éducation est créé
l’année suivante par l’équipe du Tonnerre de
Jean Lesage ; Paul-Gérin Lajoie en est le premier
titulaire. Dans la foulée du rapport Parent, les
réseaux des cégeps et des Universités du Québec
sont créés, en 1967, par le Premier ministre
Daniel Johnson, contribuant à démocratiser
grandement l’enseignement supérieur.
35
Malgré le processus de laïcisation qui a cours au
Québec dans le domaine de l’enseignement
durant la décennie 1960, les Sœurs SNJM
continuent d’être présentes à l’école Marie, Reine.
Signe des temps, en 1960-1961, des classes axées
sur les sciences s’ouvrent en 8e et en 12e années
et la CECM prend la décision d’embaucher des
sténodactylos dans les écoles secondaires, postes
que peuvent occuper les religieuses SNJM104.
Les activités para-scolaires sont nombreuses.
Plusieurs d’entre elles ont encore un caractère
religieux: groupes de la J.E.C. (pour les élèves de
la 8e à la 11e années inclusivement), congréganistes mariales, Unions des enfants de Marie,
Cercle missionnaire, Comité de liturgie, le
Cercle des Jeunes naturalistes (pour les élèves de
la 8e à la 11e année), cadettes, Ciné-club, conversation anglaise, arts ménagers, arts plastiques,
chant, folklore, culture physique, jeux divers et
caisse scolaire105.
Le 16 mars 1962, la télévision fait son entrée à
Marie, Reine106.
En 1961-1962, l’école accueille officiellement
554 élèves, réparties de la façon suivante : les
élèves de 8e année sont inscrites au cours scientifique, celles de 9e année au cours général et au
cours scientifique, celles de 10e et 11e années au
cours général avec option mathématique, au
cours scientifique avec option sciences-lettres, au
cours commercial et au cours spécial, et les
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
étudiantes de 12e année au cours commercial
spécial. Toutefois, devant le nombre élevé d’inscriptions, on envisage, à l’été 1961, de tenir des
classes dans les écoles primaires d’HochelagaMaisonneuve. Ainsi, les écoles Sainte-Jeanned’Arc et Malvina-Marchand recevraient des élèves
de 8e année et l’école Baril, située à proximité, de
8e et de 9e années. Pour accommoder l’ensemble
de la clientèle féminine de la zone, il faudrait 61
classes, les deux écoles secondaires n’en contenant que 47107. La Section pédagogique de la
CECM communique, à l’hiver 1964, avec la
dépositaire générale des Sœurs SNJM, Sœur
Marie de l’Annonciation, afin d’étudier la possibilité de transférer les classes excédentaires au
couvent Hochelaga, situé sur la rue Notre-Dame108.
Heureuse nouvelle pour l’école en 1962 ; une
bibliothèque centrale avec une bibliothécaire à
plein temps est dorénavant disponible pour les
élèves de Marie, Reine109. La cave à charbon
inutilisée est convertie en atelier de peinture et
en chambre noire110. En avril, deux pièces du
répertoire classique, Les Femmes Savantes de
Molière et Esther de Racine, sont respectivement
jouées par les élèves de la section secondaire et de
la section classique à l’école Marie, Reine et dans
la salle du Mont Jésus-Marie, chez les Sœurs
SNJM à Outremont111.
Le 17 mai 1962, d’autres jeunes présentent des
numéros de culture physique et de danses folkloriques et participent à des concours d’art
oratoire et d’art plastiques112. Suzanne Turcotte,
du cours science-lettres de 11e année, reçoit un
magnifique prix, une bourse de voyage à
Stratford, en Ontario, où elle pourra aller voir
une pièce de Shakespeare. Stratford présente
encore aujourd’hui un festival dédié à ce grand
auteur dramatique anglais du 16e siècle. « L’éducation, pour être complète, se doit de former
l’homme tout entier : corps, cœur, esprit »,
écrivent les Sœurs dans leurs chroniques.
En 1969, d’autres travaux de réaménagement ont
cours dans l’école. Des ateliers d’arts plastiques
sont installés dans la cuisine et dans une partie de
la salle de récréation au sous-sol ; la bibliothèque
et le laboratoire d’alimentation sont agrandis au
rez-de-chaussée, la cuisine des professeurs est
déménagée au 1er étage et un laboratoire de biologie est installé au 3e étage avec une animalerie113.
Des cours en esthétique et en visagisme (sic) sont
aussi donnés à titre expérimental114.
Classe de secondaire IV
en 1963-1964.
Archives des Sœurs des
Saints Noms de Jésus et de
Marie.
36
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
En 1980, un an avant sa fermeture, elle n’en
accueille plus que 500119.
Les années 1970
Les menaces de fermeture et le départ
des Sœurs SNJM
Les années 1970 sont marquées par les menaces
de fermeture de l’école secondaire Marie, Reine
et par la fin de la présence des Sœurs SNJM. Le
départ à la retraire de Sœur M.-Louis-Zéphirin
(de son vrai nom Alice Morin), qui assura la
fonction de directrice de 1953 à 1971*, met fin
à toute une époque. En 1974, c’est au tour des
Sœurs SNJM de quitter leur résidence de la rue
Darling115. Celle-ci est alors convertie en
bureaux pour les professeurs.
Dès 1974, la menace de fermeture plane sur
l’école. La CECM envisage alors trois scénarios
pour cet établissement scolaire : a) l’école
accueillerait à partir de 1978 des étudiants du
premier cycle secondaire avec l’école Chomedeyde-Maisonneuve alors que les élèves du
deuxième cycle seraient transférés dans les écoles
Eulalie-Durocher et Saint-Émile, b) l’école serait
convertie en école primaire afin d’accommoder
l’école Adélard-Langevin. Le troisième scénario
est sa fermeture complète116. Dans l’immédiat,
l’école n’est pas appelée à fermer puisque les
quatre écoles secondaires du quartier n’ont
qu’une capacité totale de 3 250 places alors que
le besoin réel pour l’année scolaire 1974-1975
est estimé à 5 915 places117. La CECM accorde
un sursis à Marie, Reine en entreprenant d’importants travaux de réaménagement en 1976
afin d’accueillir les garçons à la rentrée scolaire
1977. L’entrepreneur Alphonse Gratton obtient
un contrat de 101 495 $118. Du reste, Marie,
Reine devient une école mixte pour 700 élèves
du premier cycle secondaire (niveaux I, II et III).
Au plan pédagogique, deux projets spéciaux mis
sur pied en 1977-78 dans le cadre de l’Opération
renouveau viennent en aide aux élèves en
difficulté d’apprentissage. L’un concerne la
récupération en français, plus particulièrement
la compréhension en lecture, l’autre vise la création d’un centre de dépannage pour les élèves
qui présentent des troubles de comportement.
Le centre est animé par l’éducatrice Louise
Henrichon120. D’autres projets d’assistance
pédagogique voient le jour en 1979, cette fois
pour l’ensemble de la clientèle, et portent sur
l’enseignement de l’anglais et du français121.
Devant la diminution constante du nombre de
ses élèves et ses problèmes budgétaires chroniques, la CECM est forcée de fermer 66 de ses
écoles primaires sur les 210 existantes et 26 de
ses écoles secondaires sur 68, de 1978 à 1982122.
Ainsi, près de 40 % des écoles secondaires sont
appelées à disparaître en moins de cinq ans dans
le réseau catholique francophone de Montréal.
L’abolition de 400 postes de personnel non
enseignant et les réformes administratives
permettent à la CECM d’économiser 9 millions
de dollars en 1977103, mais cela s’avère insuffisant. L’école Marie, Reine est dans la mire des
Commissaires. Dès 1978, la CECM songe à lui
donner une nouvelle vocation ; elle deviendra
une école primaire en septembre 1981104. Cette
décision est votée officiellement par le Conseil
des commissaires à la séance du 10 décembre
1980. Le répit pour Marie, Reine aura donc été
de courte durée.
* Sœur M.-Louis-Zéphirin fut d’abord enseignante à l’école primaire supérieure Stadacona, de 1941 à 1951, avant de
devenir directrice de la nouvelle école secondaire Marie, Reine. Elle décèdera dans le quartier à la résidence SainteÉmélie à Viauville, le 27 octobre 1978. Voir Nouvelles de l’Est, 7 novembre 1978.
37
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
École Adélard Langevin. Vers 1980.
Collection Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve.
38
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Les années 1980
L’école Adélard-Langevin déménage
L’école Adélard-Langevin, qui prit d’abord le nom
de Collège commercial des religieux de Sainte-Croix
puis celui d’Académie Saint-Joseph, est l’une des
plus anciennes d’Hochelaga-Maisonneuve avec
l’école Hyacinthe-Hudon (école Saint-Joseph des
Sœurs SNJM). Elle a été construite en 1885 sur le
site d’une autre école, érigée en 1875 et démolie
dix ans plus tard. Située sur la rue Dézéry, à
l’angle de la rue Hudon (anciennement la rue
Saint-Jean-Baptiste), cette école pour garçons fut
dirigée par les Frères de Sainte-Croix dès son
ouverture en 1885105. La venue des frères dans
Hochelaga date de 1883 ; dans le contrat
d’engagement qui les lie avec la Commission
scolaire, il est dit que les Frères enseigneront les
diverses « branches ou matières en usage dans nos
meilleurs écoles et académies, (et) feront lorsqu’ils
le jugeront à propos surtout de l’Anglais & du
cours commercial une spécialité106. »
En 1896, la Commission scolaire d’Hochelaga
fait construire aux religieux une résidence de
trois étages, contiguë à l’école127 dont l’architecte
est Jos. Venne (1858-1925), un architecte francophone de Montréal en vue au tournant du
XXe siècle**.
En 1909, la résidence est démolie par la
Commission scolaire afin de procéder à
l’agrandissement de l’école. La Commission leur
fait toutefois construire une nouvelle résidence,
en 1907, de l’autre côté de la rue Dézéry. Venne
est également choisi comme architecte pour ces
travaux d’agrandissement de l’école et de
construction de la résidence128.
En 1900, 550 à 600 élèves en moyenne
fréquentent l’école129 ; avec l’agrandissement de
1909, ils sont plus de 900 à le faire et plus d’un
millier en 1942130.
C’est en 1931 que l’Académie Saint-Joseph
change de nom pour celui d’école AdélardLangevin, en l’honneur de Mgr Langevin (18551915), qui mena de dures batailles contre le
gouvernement provincial du Manitoba pour
conserver les écoles françaises dans cette
province. En raison de l’abolition des écoles
françaises au Manitoba, la population francophone allait passer d’environ 50 % en 1900 à
5 %, quelques décennies plus tard. Cela dit,
Mgr Langevin est aussi le frère d’un ancien curé
de la paroisse de La Nativité.
En 1935, des finissants de 8e année demandent à
la CECM d’ajouter une 9e année car « le jeune
âge et la pauvreté de plusieurs*** empêchent
certains d’entre nous à vaincre la distance pour
fréquenter la plus prochaine des écoles supérieures131. » Les finissants seront acceptés à l’école
Chomedey132. Manquant d’espace dans leur
école de la rue Dézéry, les frères tiendront quatre
classes dans la salle paroissiale de la Nativité à
partir de 1937133.
De malheureux travaux effectués dans les années
1940 modifient considérablement l’allure de la
façade qui perd ses éléments décoratifs tels que
ses sept lucarnes et ses deux pilastres qui
entourent le portail.
Les Frères de Sainte-Croix assureront la
direction de l’école jusqu’à la fin de l’année
scolaire 1967-1968. Devant la diminution des
** Joseph Venne signera notamment les plans des églises Saint-Enfant-Jésus-du-Mile-End, Sacré-Cœur et SaintClément-de-Viauville et ceux du Monument national à Montréal. Il réalisera quelques églises pour les FrancoAméricains de la Nouvelle-Angleterre.
*** La population subit alors les effets de la crise économique des années 1930.
39
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Mme Desmarais devant l’entrée de son ancienne école où
elle a enseigné pendant vingt ans. Photo : Paul Labonne.
40
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
vocations religieuses, les Frères de Saint-Croix
commencent à manquer de relève. Dans une
lettre adressée au supérieur général de la congrégation à Rome, le supérieur provincial évoque
cet argument ainsi que la dégradation des conditions des frères enseignants dans Hochelaga pour
se retirer de l’école134, ce qui leur est accordé en
avril 1968.
En 1978, l’école, devenue mixte, accueille les
élèves de l’école Malvina-Marchand qui ferme
ses portes. Selon Monique Desmarais, l’intégration entre les deux écoles a été difficile les six
premiers mois, notamment en ce qui concerne
les relations entre le personnel; on doit aussi
mentionner le déplacement d’enseignants qui
ont dû céder leur place à d’autres qui avaient
plus d’ancienneté.
Devenue vétuste, l’école pose des problèmes de
sécurité publique. Les pompiers recommandent
la fermeture de l’école. Des clous sont installés
au plafond pour indiquer les endroits dangereux
où les élèves doivent éviter de s’asseoir135.
L’école sera finalement démolie en mai 1984
pour faire place à une soixantaine d’unités de
HLM destinées aux personnes âgées136. Entre
temps, professeurs et élèves déménagent en 1981
à l’école Hochelaga.
Le grand dérangement
Avec la fermeture des écoles Hyacinthe-Hudon,
Malvina-Marchand et Adélard-Langevin, l’école
Hochelaga demeure, au début des années 1980,
la seule école primaire de la paroisse de la
Nativité alors que l’école Baril dessert les enfants
de la paroisse Très-Saint-Rédempteur.
41
Professeur à la retraite, Madame Monique
Desmarais a enseigné pendant vingt ans à l’école
Hochelaga (1981-2001). Elle y avait elle-même
étudié en 1957-1959, à l’époque de l’école
secondaire pour filles Marie, Reine, dirigée par
les Sœurs SNJM. Elle nous a aidé à retracer les
événements qui se sont déroulés à l’école durant
les années 1980.
Entretien avec Monique Desmarais.
Deuxième partie
Le déménagement à l’école Hochelaga
« Pour le grand déménagement (de 1981), c’était
quasiment la déportation des Acadiens de
l’époque. Ç’a été un déménagement très ardu.
On est arrivé dans une école secondaire qui
n’était pas adaptée aux petits. Un mois avant le
déménagement, on avait fait une visite à l’école
pour choisir les locaux. La CECM devait transporter le matériel. On avait un temps limité
pour faire les boîtes alors qu’on avait besoin de
notre matériel jusqu’à la fin de l’année scolaire.
On a commencé à empaqueter le 1er juin. La
CECM n’a rien fourni, pas même le papier pour
étiqueter les boîtes. Il fallait tout identifier. On
avait un certain nombre de boîtes accordées à
chaque enseignant, il nous en manquait évidemment. Il fallait courir chez les marchands du
quartier pour en trouver.
Entre parenthèses, quand on faisait les autres
déménagements, de l’école Hudon à l’école
Marchand, de l’école Marchand à l’école
Langevin, on prenait des voiturettes d’enfants.
Ç’avait l’air d’une parade de la Saint-JeanBaptiste avant le temps. Les parents transportaient le plus gros, soit les chaises, les étagères et
nos effets personnels. La Commission scolaire
déménageait les grosses armoires et les pupitres.
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Tout le restant a été déménagé par les enseignants et les parents avec des voiturettes. (…)
Quand on est déménagé de l’école Langevin à
l’école Hochelaga, la CECM devait déménager
les pupitres, les armoires, le gros matériel et les
boîtes. Ce qu’on ne nous avait pas dit, c’est que
toutes les boîtes de toutes les classes avaient été
« garrochées » dans le gymnase. Les boîtes étaient
fendues. On avait des livres de 6e année mêlés
avec des livres de 2e et de 3e années. Tout était
entassé pêle-mêle dans le grand gymnase.
En ouvrant les portes du gymnase, on a tous dit :
« Ça ne se peut pas ». Je revoie la scène, on avait
les yeux plein d’eau. Nous, on s’attendait à ce
que les boîtes qui étaient identifiées au numéro
du local se rendent dans le local. Il ne nous
aurait resté qu’à défaire nos boîtes. Ce qui est
arrivé, c’est que le déménagement a eu lieu avant
les vacances de la construction en juillet alors
qu’il n’y avait personne sur place.
Comme les pré-maternelles (les quatre ans)
entraient, on a commencé par le 3e étage ; les
enseignants faisaient la chaîne pour monter les
boîtes au 3e étage, le matin, parce qu’on avait plus
de force, on finissait par le premier étage parce
qu’on était rendu presqu’à genoux en dernier.
Tout ce que l’on avait dans nos classes, c’était nos
tribunes qui avaient été conservées de l’ancien
style. Les enfants entraient trois ou quatre jours
après. On avait rien comme mobilier. On était
assis par terre sur la tribune. Je regarde mon local
numéro 212, je ne l’oublierai jamais, il y avait
des graffiti à connotation sexuelle sur les bords
des fenêtres et sur les stores, vestiges de l’école
secondaire. Il y avait des graffiti incrustés dans
les ardoises des tableaux. Ç’a été la descente aux
enfers, pas pour longtemps parce qu’il fallait vite
revenir à la réalité. On a réussi à monter les
42
boîtes dans les classes, mais beaucoup de matériel
personnel a été perdu, à savoir des estampes, des
règles, des brocheuses.
La direction de l’époque nous avait regardé en
voulant dire, qu’est-ce qu’on fait ? Il (M. Jean
Perrier) ne nous a jamais donné d’ordre. Il a été
d’une délicatesse. Ç’a été le directeur qui nous
fallait pour commencer. Il nous apportait de
l’eau, on suait à grosses gouttes, ç’a été le sauna
pendant quasiment trois jours, assez qu’on tordait
les chandails dans le dos tellement pendant que
les gens montaient les boîtes du 2e au 3e étage.
La veille de la rentrée des enfants, on n’avait pas
encore de pupitres. On se demandait où on allait
asseoir les enfants. On avait peur de la réaction
des parents. Les pupitres sont finalement arrivés
à 16h. On s’est mis à laver les pupitres et les
chaises avec l’aide des parents. Pour aller
chercher l’eau, il fallait monter un étage, au 3e,
parce que l’eau avait été coupée en bas. On a
quitté l’école vers 21 heures, après avoir posé des
affiches dans nos classes pour rendre cela agréable
à nos élèves. Les enseignants étaient terriblement
fatigués, on riait pour des riens. Je ne sais pas
combien de club-sandwichs nous avons mangé
du restaurant Fiset qui était situé au coin de
Darling. On nous envoyait du Sprite parce qu’on
l’eau n’était pas buvable, les tuyaux étaient
rouillés ; quand on faisait partir l’eau, elle était de
couleur orange. Tout cela a soudé l’équipe, ç’a
été une équipe formidable. On ne pouvait pas
passer à travers sans le sens d’équipe, sans une
solidarité.
Le directeur nous a réuni dans la salle des
enseignants, qui n’avait pas de chaises. Nous nous
sommes réunis debout, appuyés sur les murs
tellement nous étions fatigués. Il nous a félicités
pour la façon dont nous avions agi. Il était déjà
directeur dans notre ancienne école. C’était un
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
homme de petite taille mais qui avait du nerf. Il
ne se choquait pas souvent, mais quand cela
arrivait, ce n’était pas beau à voir. Il nous a laissés
faire la rentrée des enfants en ajoutant qu’on ne
pouvait pas continuer comme cela.
En rentrant par l’entrée principale, on arrivait
dans les toilettes. Aucun aménagement n’avait
été fait pour le primaire. Vingt minutes après
être entré à l’école, un enfant doit aller à la
toilette. Il fallait alors monter au 3e étage (le seul
qui avait de l’eau courante), le jeune de première
année, souvent, n’avait pas le temps de se rendre.
Les abreuvoirs aussi avaient été débranchés. On
utilisait la toilette des enseignants pour les
enfants, qu’on faisait entrer un par un. Au
dixième élève, on faisait partir l’eau, pour que ça
aille plus vite. Jean Perrier a demandé un délai
d’une semaine à la CECM ; deux toilettes ont pu
être raccordées en bas. M. Perrier, qui était très
habile de ses mains, a raccordé lui-même les autres
toilettes. Il était rendu menuisier et plombier. »
sur ses genoux. Il est très très compréhensif,
mais quand venait le temps d’être autoritaire, il
l’était. Quand on disait, « O.K. Boss ! », on ne
discutait plus, on exécutait (rires). Dans le
temps de ce directeur-là, il y avait une
intégration des parents ; l’école leur était ouverte
et ceux-ci respectaient les enseignants et la
direction d’école. Le directeur acceptait les
parents tels qu’ils étaient et les a amenés plus loin
dans la façon de comprendre les enfants et
comment réagir avec eux. Il sortait tous les
matins et les midis pour jaser avec eux, de sorte
qu’il avait changé cette façon de dire les choses
aux enfants. Il leur apprenait à leur parler.
Quand il y a avait des parents très agressifs, il les
faisait venir à son bureau, il leur parlait calmement. Les parents en avaient confiance. Il ne les
blâmait jamais. Il prenait les parents le matin en
jaquette ou en robe de chambre, avec leur café
dans la main, et les recevait dans son bureau. Il
leur portait un très grand respect. En sortant du
bureau, certaines mères disaient : « c’est la
première fois qu’un homme m’écoute. Je vais
revenir… »
Un directeur bien aimé
« En plus d’être un bon directeur d’école, Jean
Perrier était comme un grand-père pour les enfants et un père pour nous. Il comprenait notre
situation. Il ne nous a jamais exploités. C’était
le directeur qu’il nous fallait pour une situation
comme celle-là (le déménagement). Ç’a été
vraiment le pilier. Il savait quand réprimander
les enfants, il savait aussi comment les aimer. Si
un enfant avait besoin d’affection, il n’hésitait à
le faire venir dans son bureau et discuter avec lui ;
des fois, c’était avec les cas les plus difficiles.
Pendant les petites fêtes que nous faisions, il
arrivait fréquemment qu’un enfant aille s’asseoir
43
Avec le personnel enseignant, il a aussi établi une
grande complicité et un grand respect. Il n’imposait pas directement, il avait plutôt une autre
façon pour atteindre ses buts. Quand il nous
voyait fatiguées et même parfois agressives, jamais
il n’en parlait. On avait développé des trucs.
Ainsi, quand il avait la cravate bien serré, c’est
qu’il avait quelque chose à nous demander.
Quand elle était desserrée, on se disait « la réunion
va bien se passer (rires). » Il a occupé la fonction
de directeur jusqu’en 1984. Il a quitté l’école
pour sa retraite le cœur bien gros. Nous l’avons
alors fêté. Il est décédé l’année dernière (2004). »
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Les enseignants originaires du quartier,
un rôle important à jouer
« Quand les enseignants sont originaires du quartier, ils n’ont pas besoin de poser des questions, on
sait ce que vivent les parents et comment ils
vivent. Les parents savent qu’ils ne seront pas
jugés par nous. On fait partie des leurs, de sorte
que lorsqu’il arrivait des nouveaux enseignants, les
parents nous demandaient : « C’est-tu potable ?
On peux-tu leur parler ? » Si on disait oui, ils les
approchaient. Si on hésitait, on ne disait jamais
non, si on hésitait seulement, ça prenait quatre à
cinq mois avant qu’ils réussissent à les approcher.
Les nouveaux professeurs provenant de l’extérieur
du quartier devaient faire leurs preuves avant
d’être acceptés par eux. Les enseignants du quartier servaient aussi d’intermédiaires entre les
nouveaux professeurs et les parents.
J’habitais dans le quartier, les parents m’invitaient à aller prendre un café. J’allais toujours au
Restaurant Fiset ; je calmais la tempête des fois.
S’il y avait une mortalité dans le quartier, les
parents me laissaient des messages dans ma boîte à
malle. Je n’ai jamais eu de téléphones « niaiseux »,
je n’ai pas été dérangée à ma porte, jamais. Quand
il y avait un décès, parce qu’il y a eu des choses
difficiles à traverser dans le quartier, des enfants
qui se faisaient frapper, je me souviendrai toujours
que j’avais été appelée à la rescousse des parents et
des enfants qui venaient de perdre leur compagnon. Quand j’arrivais dans le salon mortuaire, les
enfants se lançaient sur moi ; j’avais à expliquer la
mort à des enfants, ce n’était pas facile. »
L’Opération Renouveau
« Quand nous sommes rentrés à l’école
Hochelaga, il y avait déjà des projets dans le
cadre de l’Opération Renouveau, il y avait une
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éducatrice extraordinaire, Danielle Bouchard,
une fille du quartier. Elle s’est très impliquée, au
point d’y laisser sa santé. Elle avait une approche très simple avec les parents. Elle savait comment les approcher avec leurs talents. On avait
des « ateliers parents ». Le mercredi avant-midi,
tous les locaux étaient occupés, même le sous-sol
du gymnase. Les parents enseignaient le macramé,
la cuisine aux enfants… Les papas enseignaient
comment scier le bois, peinturer et poser un
tuyau. On avait gardé cette formule de l’école
Adélard-Langevin. Les parents étaient très utiles,
ils partageaient notre enseignement, de sorte que
ce que nous voulions atteindre en français ou en
mathématique, la mesure par exemple, les deux
papas qui faisaient l’atelier de bois incorporaient
cette notion dans leur atelier. Je les vois encore
très bien, le crayon sur l’oreille. Ils apportaient
leurs outils pour montrer aux enfants quoi faire
et comment utiliser les outils de façon
sécuritaire. Ce n’était pas des outils pour jouer
mais pour construire. Il y avait aussi des ateliers
de cuisine. Les parents apprenaient aux toutpetits de première année comment faire du jello.
Quand ils étaient rendus à mettre l’eau
bouillante, il demandait l’aide d’un adulte. Les
enfants mettaient l’eau froide, brassaient le jello
et le mettaient dans un plat.
On avait un questionnaire fait par Danielle qui
permettait d’identifier les intérêts des enfants.
L’enfant pouvait s’inscrire dans l’atelier de macramé, de bois, de cuisine, de musique, de
maquillage, surtout les filles de 6e année. On
avait des ateliers sportifs aussi. L’enfant avait
trois choix. Au bout d’un mois, tous les enfants
avaient fait l’ensemble des ateliers qui duraient
52 minutes. Il y avait environ un maximum de
dix enfants par atelier qui avait lieu le mercredi
matin. Une cloche sonnait et les enfants savaient
où aller, parce que les ateliers étaient identifiés
par des chiffres. Ils avaient lieu dans le gymnase
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
et au sous-sol ainsi que dans la cuisine des
professeurs, pour le poêle. Les enseignants
suivaient le déroulement, mais n’intervenaient
pas sauf dans le cas d’un problème de
comportement grave. Ce sont les parents qui
géraient leur discipline et le fonctionnement de
l’atelier. Une soixantaine de parents participaient à 10-15 ateliers selon la session. À la fin
de l’année, on exposait les travaux des enfants.
Danielle a été la chef d’orchestre et l’âme
dirigeante de ce projet pendant sept ou huit ans.
On l’a surnommée amicalement la « gérante
d’estrade » Elle s’est aperçue que les enfants de
l’école Hochelaga avait besoin de plus d’activités
physiques, de sport. On se demandait comment
gérer la violence. Danielle s’occupait des sports
collectifs dans le grand gymnase pendant qu’elle
gérait tous les ateliers. Des enfants ont appris à
jouer au basket-ball et à plusieurs sports
collectifs. Elle fut professeure d’éducation
physique pendant un bon bout de temps. En
plus, elle soutenait les enseignants, le directeur
comptait beaucoup sur elle. Si l’Opération
Renouveau a bien fonctionné à l’école, c’est
grâce à elle. »
***
Nous avons pu retracer quelques coupures de
presse qui nous ont permis de documenter cette
décennie. Nous y apprenons, entre autres, que
l’état de la peinture des murs de l’école laisse à
désirer en 1982. Dans un autre ordre d’idée, des
négociations sont en cours entre la CECM et la
Ville de Montréal concernant l’utilisation conjointe de la nouvelle piscine qui serait mise à la
disposition des élèves du réseau durant les heures
de classe137. Toujours en 1982, les élèves procèdent à la plantation d’arbres sur le terrain de leur
école, dans le cadre d’une campagne d’embel-
45
lissement de la CECM qui vise également à
contrer le vandalisme138.
En 1984, Jean Maheu devient le nouveau directeur. À la rentrée scolaire qui s’effectue le 28
août, l’école compte 374 élèves. La rentrée est
devancée de quelques jours afin de prolonger
d’une semaine le congé de Noël139. À l’exposition de la fin de l’année scolaire 1984-1985, plus
de 800 personnes défilent pour admirer les travaux des élèves dont plusieurs ont porté sur le
thème de l’Année internationale de la Jeunesse.
On signale la participation de 80 parents à la
préparation de cette fête. Leur participation s’est
étendue tout au long de l’année140.
Les élèves mènent une autre campagne de
propreté dans le quartier en 1988, invitant la
population à planter des fleurs sur leur balcon et
sur leur terrain. Les élèves prêchent eux-mêmes
par l’exemple en plantant autour de leur école
quinze conifères fournis par le ministère des
Mines et des ressources141. Le 3 juin, les élèves
participent au spectacle « Le procès de la chenille », monté par Manon Pelletier, aidée
d’Henriette Bellerose, Danièle Dion et Odile
Renaud. Mme Pelletier s’inspire d’un conte de
Félix Leclerc et des chansons de Gilles Vigneault
pour la rédaction de ce procès particulier.
En 1989, plus de 200 jeunes réalisent le projet
« Eau-là Cétacés ! », qui vise à sensibiliser la population à la pollution qui affecte la faune marine.
Le projet se termine le 1er juin par la présentation
d’un grand spectacle alliant musique, théâtre,
danse, et arts plastiques. 55 élèves montent alors
sur la scène. Le spectacle est présenté à trois
reprises ; un extrait est même joué au gala du
« Prix Excellence de la région Est » le 13 juin142.
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Classe de maternelle A de l’enseignante Louise Hudon. Photo : Famille Brodeur.
Classe de 2e année A, de Lise Guilbault. Photo : Famille Brodeur.
Nouvelles de l’Est, le 22 décembre 1992.
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CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Les années 1990
Comme le suggère le mot d’ordre de la CECM
en 1990-1991, l’enseignement du français est
privilégié. Une « Fête du français » est d’ailleurs
organisée à l’école le 19 juin. Pour l’occasion, on
expose les travaux scolaires réalisés par les
enfants de la maternelle 4 ans jusqu’aux grands
de 6e année.
Soixante-quinze élèves et quatre enseignantes de
l’école, Lise Brown, Monique Desmarais,
Christiane Magnan et Jocelyne Séguin, expérimentent, en 1991, sous la supervision de la
conseillère pédagogique Michèle Drolet, aidée
de Lucie Bégin, orthopédagogue à l’école
Hochelaga, un projet pilote visant à adapter
l’enseignement des professeurs aux connaissances et aux expériences antérieures des élèves.
Monique Desmarais, une des professeurs qui a
participé au projet, raconte :
« J’étais d’abord très réticence pour plusieurs
raisons. J’ai dit à Michèle Drolet, « Je vais tenter
l’expérience avec toi mais si au bout de trois
semaines, cela ne fonctionne pas, on arrête. »
Elle m’explique son projet. Je me souviens de la
première situation. Elle voulait prouver que les
enfants mis dans une situation concrète étaient
capables de lire et d’écrire. Or, la première situation, consistait à fabriquer du pain dans une
classe. J’ai dit à Michèle, as-tu vu de quoi a l’air
mon pupitre ? As-tu pensé à mes livres chaque
bord ? Elle me répond, « on va mettre un grand
drap ». Moi de lui répondre : « as-tu pensé que la
farine passe à travers le drap ? » Je voyais d’avance le ménage qu’il y aurait à faire. Je vois les
enfants, la farine, l’eau, le sel, heureux. Enfin,
on va jouer dans quelque chose. Moi, je n’avais
comme fonction que d’écrire. Je laissais Michèle
aller. Je voyais la farine monter comme un petit
nuage blanc. Les enfants arrivaient à lire la recette.
47
Faire cuire le pain. Quand cette situation-là a été
terminée, j’étais au bout de la corde, pourtant je
n’avais qu’à écrire. Il y a eu différentes situations,
des tartes aux pommes, construire une histoire. Je
me suis demandée « Qu’est-ce que je fais ici ?
Pourquoi ai-je dit oui » tout au long du projet
mais j’ai laissé la chance au coureur. Michèle me
dit, « je vais produire un livre (sur ce projet) ». Je
lui ai dit, « fais une annexe sur mes appréhensions
et mes réactions » (rires). Moi, j’étais dans le fond
de la classe, je voyais tout ça passer, je n’interviens pas et je lui laisse la classe au complet. On
a des cas de comportements d’élèves. Je vois un
enfant qui donne des petits coups de poing sur
le sac de farine, il la voyait sortir. Michèle va le
voir et lui dit : « Viens, je vais t’expliquer ce que
c’est la farine ». Dans mon for intérieur, je me
disais, « explique-s’y pas, ôte-le de là ». Ç’a été
une expérience extraordinaire qui m’a fait découvrir comment approcher les enfants, de sorte
que cela a modifié mon approche. Je m’en suis
servie avec mes stagiaires. Les enfants sont
capables de s’adapter à différentes situations, de
sorte que le lendemain, je les faisais réagir sur ce
qu’ils avaient vécu. Ils m’ont vraiment sécurisé
en me disant, on a bien aimé l’activité, mais on
aime aussi la manière que tu nous enseignes. »
L’année 1992 est une année chargée pour l’école.
Le 29 avril, les parents sont conviés à une
rencontre avec le commissaire scolaire Robert
Cadotte, la conseillère municipale Diane
Barbeau et la présidente de comité d’école. Le
thème de cette soirée porte sur la violence dans
le quartier et sur les façons de la contrer. Cette
rencontre conduira l’ensemble des écoles du
quartier à entreprendre en 1993 un projet de
prévention dans les cours d’école et les parcs143.
En juin, un nouveau directeur, M. Réal St-Jean,
est nommé en remplacement de Richard
Wagner144. Le 20 octobre, les parents qui utilisent
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Dans le cadre du projet « Des parcs pour la paix », les élèves
présentent avec enthousiasme leurs suggestions à la conseillère
municipale Diane Barbeau et au commissaire scolaire Robert
Cadotte. 1993. Photos : Robert Cadotte.
Des parents-bénévoles assistent au dévoilement des travaux de leurs enfants en
présence de la présidente du comité-d’école Mme Louise Piquette-Brodeur et
de la conseillère municipale Diane Barbeau (respectivement 4e et 6e à partir de
la gauche). Photo : Robert Cadotte.
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CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
la garderie du Faubourg votent sa fermeture en
assemblée générale. La garderie est acculée à la
faillite, ayant accumulée une dette de
140 000 $145. Enfin, l’école organise, à l’automne,
une campagne de financement originale, soit un
orthographe-o-thon où les élèves apprennent
leurs mots tout en amassant des fonds qui serviront à leurs activités de plein air. Sept-milledeux-cents dollars sont ainsi amassés, fracassant
l’objectif de cinq mille dollars. Plusieurs élèves
se voient remettre des prix d’excellence146.
enfants d’avoir accès au parc pendant les récréations, la cour étant vraiment trop petite. Des
paniers de basket-ball à l’effigie du symbole de la
paix sont également installés dans la cour d’école.
Ces installations sont le fruit des suggestions des
enfants. Le commissaire et la conseillère municipale ont pris en charge le suivi du concours
organisé auprès des élèves et ils ont « tenu leur
promesse ». De plus, une étudiante en architecture organise une activité avec les élèves afin de
fabriquer un banc artistique à l’avant de l’école.
Branle-bas de combat en octobre 1993 alors que
les parents apprennent que le sol de la cour
d’école a été contaminé par de l’huile à la suite
du bris du réservoir d’huile à chauffage de
l’école. On retire la terre contaminée à l’aide de
bulldozers du 5 au 18 octobre. Pendant ce
temps, les élèves tiennent leurs récréations dans
la salle du gymnase147.
En 2001, d’autres installations seront ajoutées
dans le parc, au coût de 205 000 $. Une fête est
organisée pour l’occasion. Élèves, professeurs et
mascottes paradent, sur la musique de Félix
Leclerc, autour des nouveaux jeux, le jour de
l’Halloween.
En 1994, un projet monté dans le cadre du 5e
plan d’action de l’Opération Renouveau associe
la Maison des enfants à l’école Hochelaga. Un
local est aménagé pour les enfants d’âge
préscolaire et leur sert de lieu d’écoute et
d’accueil. Le local est meublé de 150 toutous
créés à partir de dessins d’enfants et sont offerts
par le Musée des Beaux-Arts de Montréal. Des
rencontres sur le thème « Comment aider mon
enfant à apprendre » sont aussi proposées aux
parents. Enfin, la directrice de la Maison des
enfants, Pierrette Gélineau, offre des ateliers de
perfectionnement aux enseignants afin de les
sensibiliser à la réalité des familles et des enfants
des quartiers défavorisés148.
En juin 1994, à la suite de l’opération de prévention de la violence de 1993, on inaugure une
arche bleue arborant l’inscription « Un parc pour
la paix » entre la cour d’école et le parc municipal
adjacent149. L’objectif est de permettre aux
49
L’année scolaire 1995-1996 s’avère moins
réjouissante. La direction d’école apprend que
les 21 écoles du Regroupement 3 dont fait partie
l’école Hochelaga sont sur le point de perdre
25 enseignants spécialisés qui oeuvrent auprès
des élèves en difficulté d’apprentissage. Ces
enseignants seraient transférés dans le regroupement 4, qui accueille une clientèle scolaire
nettement plus favorisée. Le commissaire du
quartier, Robert Cadotte, s’insurge publiquement
contre cette décision. La présidente du Comité
d’école de l’école Hochelaga, Mme Louise
Piquette-Brodeur, va défendre la cause des
quartiers défavorisés à l’assemblée des Commissaires, le 20 décembre 1995, en invoquant les
risques de décrochage scolaire au secondaire
pour les enfants qui ont doublé au niveau
primaire. La décision de la majorité des commissaires, qui manifestement ne s’appuie pas sur les
besoins réels des différentes clientèles, ni sur la
reconnaissance des inégalités socio-économiques
entre les quartiers de la métropole, paraît
irrévocable150.
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Nouvelles de l’Est, le 21 juin 1994
Nouvelles de l’Est, le 28 octobre 1997
Nouvelles de l’Est, le 5 avril 1994.
50
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
À la fin des années 1990, l’état physique de
l’école Hochelaga laisse à désirer. Des morceaux
de plâtre s’effondrent, laissant des trous blancs
béants. Il n’y a qu’une seule prise de courant par
classe et on utilise des draps blancs, peinturés par
les élèves, comme rideaux. Un des directeurs de
l’école, Claude Vaillancourt, en poste depuis
l’année scolaire 1994-1995, espère une subvention de la CECM, sans trop y croire151, ce qui
n’empêche pas les élèves d’avoir de magnifiques
rentrées scolaires comme ce fut le cas en 1997.
En 1997-1998, l’école mise sur une meilleure
estime de soi des élèves, le goût de la persévérance
scolaire ainsi que sur la responsabilisation et
l’autonomie des jeunes. On privilégie également
l’enseignement des matières de base comme le
français et les mathématiques, l’appropriation des
technologies informatiques et le développement
du sens artistique des élèves152.
Rencontre des élèves de 6e année B avec Félix-Antoine Despatie, comédien dans
le film « La mystérieuse Mlle C », dans le cadre de leur projet théâtre. Archives de
l’école Hochelaga
51
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Gaz-Métro reçoit les jeunes de l’école pour la
Journée-Carrière en 2001.
Archives de l’école Hochelaga.
Grâce au personnel de Gaz-Métro, les élèves de
6e année sont initiés à divers métiers, leur
permettant d’avoir une vision plus éclairée
quant au choix d’un futur emploi. 2001.
Archives de l’école Hochelaga.
« 10-4. On vous envoie le camion ! », semble
dire ce jeune. Archives de l’école Hochelaga.
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CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Le parrainage avec Gaz-Métro
L’aventure avec Gaz-Métro débute en 1996 alors
que la compagnie, qui est sur le point de célébrer
son 40e anniversaire de fondation, cherche une
façon de s’impliquer dans son milieu. Au même
moment, le directeur de l’école Hochelaga, M.
Vaillancourt, sollicite la compagnie afin de voir si
elle ne serait pas intéressée à établir un partenariat
avec son école. La réponse est positive. GazMétro vient de trouver le projet social dont elle
rêvait pour son 40e anniversaire. Un comité de
15 à 20 personnes, formé d’employés des divers
services et de représentants du syndicat de la
compagnie est mis sur pied afin d’organiser les
activités de parrainage avec l’école. René Paul,
représentant des achats directs de la compagnie
(approvisionnement gazier) est l’homme tout
désigné pour diriger le comité. Étant originaire
du quartier, il connaît bien les conditions de vie
souvent difficiles que vit la population. Il accepte
donc la présidence du comité à la demande de ses
collègues qui apprécient grandement son
dynamisme et son intérêt pour le quartier.
Gaz-Métro remet annuellement à l’école plusieurs
milliers de dollars en plus de fournir 5 000 $ pour
le fonctionnement du comité. Avec cet argent,
l’école peut organiser des activités et des sorties
éducatives pour ses élèves, acheter des articles
scolaires, des vêtements pour les enfants, du matériel sportif, ainsi que de la nourriture pour ceux
qui n’ont pas les moyens de se payer un dîner, etc.
« On s’est aperçu que les enfants du quartier
avaient besoin d’aide, pas uniquement monétaire,
mais aussi d’une écoute, raconte René Paul. Les
employés prennent le temps de leur parler153. »
« Nous avons un contact direct avec les enfants
deux fois par année. La première journée est
53
consacrée au dépouillement de l’arbre de Noël
pour les élèves de la pré-maternelle, de la
maternelle, de 1ère et de 2e années, soit environ
150 enfants. La journée a lieu peu de temps
avant Noël ; les enfants viennent ici (chez GazMétro) en autobus. Ils sont divisés en deux
groupes. Le premier arrive de bonne heure le
matin ; ce sont les jeunes de la pré-maternelle et
de la maternelle. L’après-midi, nous recevons les
élèves de 1ère et de 2e années. Le premier groupe,
soit à près 75 jeunes, vient déjeuner. Ensuite, on
les sépare en quatre groupes pour les ateliers :
rencontre avec le Père Noël, maquillage et deux
autres ateliers qui varient à chaque année. Il y a
souvent un atelier de création où les enfants font
des marionnettes. L’autre atelier très populaire
est celui des bonhommes magnétiques que les
jeunes peinturent et qu’ils collent ensuite sur les
réfrigérateurs. Les enfants font la rotation des
quatre ateliers qui durent environ une demiheure chacun. À 11h30, ils vont à la salle
Flamme-Bleu, une grande salle de réunion. Ça,
c’est fantastique ! Sophie Brochu, une des viceprésidentes chez Gaz-Métro, qui est très impliquée dans le comité, a des amis comédiens professionnels comme Luis Oliva, celui qui jouait
dans Tag, qui vient ici bénévolement. Même
chose pour Geneviève Brouillette, Joël Legendre
et Michelle Sirois… Depuis six ans, ils donnent
de leur temps gratuitement pour une pièce de
théâtre qui est de toute beauté. Ils viennent
pratiquer trois jours avant. C’est très émouvant
de voir la réaction des enfants quand la pièce est
finie, voir les caresses. Tout le monde braille à
chaque année. Ensuite, on s’en va à la cafétéria.
Là, on a les 150 enfants pour le dîner. Des bénévoles font de la musique, chantent avec eux. Après
le dîner, ceux du matin retournent à l’école alors
que ceux de l’après-midi font les mêmes
activités. »
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
La jeune Laurie Livernoche pose fièrement avec Martine Giguère,
une employée de Gaz-Métro, et René Paul, le président du comité
de parrainage. Archives de l’école Hochelaga.
54
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
« Pour moi, l’impact de la deuxième journée, que
l’on appelle la Journée Carrière, est encore plus
grand. On sait que les jeunes dans le quartier ont
une vision assez limitée des métiers qu’ils peuvent
avoir. On s’est dit, pourquoi ne pas ouvrir nos
portes pendant une journée aux jeunes de 6e
année. On les accueille et on leur fait faire une
tournée des métiers chez Gaz-Métro. Quand ils
arrivent ici, ils sont un peu sceptiques, mais
rapidement les jeunes participent.
Munis d’un masque, ils ont mis du ruban puis
« shooté » de la vraie peinture sur une partie de
camion. Ils retournent ensuite faire de la soudure
à l’arc. Ils ont le masque et sont tout équipés ; les
employés tiennent la torche avec eux. Ils se
coupent des morceaux et se font des bonhommes
avec cela. Une année, ils ont changé des roues ;
ils ont enlevé les pneus et en ont remis d’autres.
L’atelier de mécanique est un atelier vraiment
complet.
À chaque année, on demande aux enfants de
trouver le slogan pour la Journée-Carrière. Cette
année, le thème était « Une carrière, c’est un
choix. Vas-y, lance-toi ! » trouvé par Chanelle
Denis. On imprime le slogan sur des sacs à dos
avec le slogan brodé dessus et on remet aux
gagnants un lecteur CD et des certificats
cadeaux. »
Après un avant-midi axé sur le travail manuel et
avoir dîné chez Gaz-Métro, les enfants sont
initiés au travail de bureau l’après-midi. On
avait un atelier d’informatique cette année où ils
démontaient et remontaient un ordi. Les jeunes
passaient ensuite au service à la clientèle. On les
assoit à côté des représentants pendant que des
clients appellent. Ils ont des petits récepteurs et
écoutent la conversation, ils ne peuvent pas
parler aux clients parce qu’ils n’ont qu’un
récepteur. La troisième activité s’est réalisée avec
M. Latour, notre serrurier, avec qui les jeunes
ont appris à monter des barillets. Chaque chef de
service remet des cadeaux aux jeunes. Après les
activités, les enfants retournent à l’école.
« Les ateliers peuvent varier d’une année à l’autre,
mais on essaie de garder ceux qui ont le plus
marché. On fait déjeuner les jeunes. Après on les
sépare en trois groupes. Première activité, la
menuiserie où ils ont à fabriquer une cabane à
moineau. Les morceaux de bois sont déjà coupés
par nos employés. Les jeunes font un trou dans
l’entrée de leur cabane avec une machine
manuelle. Les autres ont un fusil à pression qu’ils
utilisent sous la supervision des gens de GazMétro. Ensuite, c’est le sablage. On achemine les
cabanes à l’école où les jeunes les peintureront de
la couleur voulue.
La deuxième activité, l’atelier de mécaniquesoudure. Nos employés embarquent avec les
enfants dans une nacelle à vingt pieds de hauteur.
Ensuite, on leur apprend à couper un tuyau de
cuivre puis à souder, encore là, sous supervision.
La troisième activité porte sur la mécanique.
Cette année, les jeunes ont peinturé un camion.
55
Notre parrainage avec l’école Hochelaga nous
apporte beaucoup, nous dit M. Paul. Le contexte
avec nos propres enfants n’est plus le même après
ce que nous avons vécu avec les enfants de
l’école. Nous passons plus de temps avec nos
enfants, on prend conscience qu’il est important
de les écouter. Souvent, les employés m’appellent
pour me dire qu’ils n’ont pas passé le même Noël
quand les enfants de l’école Hochelaga viennent
nous voir. Ce n’est plus un Noël commercial,
mais un Noël de partage et de tendresse. »
CHAPITRE 5
LES ANNÉES 1960-2000
Les années 2000
Vive le sport !
Le sport occupe une place de premier choix dans
les projets éducatifs qui vont être conçus au
début des années 2000. En ce sens, un projet
pilote sport-étude est mis à l’essai le 7 janvier
2003 sous la supervision du professeur d’éducation physique Kathy Richard, qui reçoit le
plein consentement de la directrice de l’école,
Maryse Tremblay154. Le projet consiste à offrir à
70 élèves de 3e, 4e, 5e et 6e une heure et demie
d’activités sportives supplémentaire par semaine.
Les groupes d’élèves du 3e cycle sont divisés entre
garçons et filles alors que le groupe du 2e cycle Escalade au stade olympique lors d’une sortie du projet « Sport + »
est mixte. Trois blocs d’activités de six semaines en 2002. Archives de l’école Hochelaga.
chacun sont prévus : athlétisme, sports d’équipe
et sports d’opposition pour les garçons ou
gymnastique artistique pour les filles. D’autres
activités sont ajoutées au projet-pilote : accueil
d’athlètes ou d’animateurs spécialisés, utilisation
des équipements sportifs du quartier et même de
l’extérieur (ski au Mont Saint-Bruno), impression de t-shirts, etc.
Olympiades des écoles du quartier au stade olympique en 2003.
Archives de l’école Hochelaga.
56
CHAPITRE 6
ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA
CHAPITRE 6
ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR,
DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA
Succédant à Maryse Tremblay, une excellente
directrice tient-elle à souligner, madame
Belhumeur a appris à connaître son milieu,
notamment les parents et les jeunes. Avec un
salaire familial moyen d’environ 20 000 $, les
familles du quartier (qui comptent souvent trois
ou quatre enfants) vivent de grands stress. À son
arrivée, en poste, elle constata un haut niveau
d’anxiété dans l’école. « Il fallait qu’on se repositionne en tant qu’école face à notre encadrement
et notre émulation école afin d’améliorer le
climat, autant pour les enfants que pour les
adultes. Il fallait créer un climat favorable à
l’apprentissage. Il fallait prendre le temps
d’écouter les parents, aux prises avec des besoins
essentiels (manger trois fois par jour, avoir des
vêtements, un logement). Mes prédécesseurs
avaient effectivement fait les mêmes constatations. Je sentais maintenant le besoin de créer
des liens à l’extérieur. Au fond, nous sommes un
réseau dans le quartier où nous pouvons tous
nous entraider. Je pense au docteur Julien, aux
organismes communautaires du quartier, au
CLSC… »
« La communauté éducative est un système, une
société autour de l’enfant, avec ce dernier
comme priorité. Nous tentons d’être à l’écoute
de nos jeunes, de créer un climat, un lien affectif
avec eux. Les enfants ne reconnaissent pas
l’autorité de quelqu’un avec qui ils n’ont pas ce
lien. Il faut respecter le rythme de l’enfant car il
est ici pour apprendre à apprendre. »
« L’équipe-école s’est alors penchée sur son code
de vie et son projet éducatif. Nous avons
consulté les parents, les enfants, les organismes
57
communautaires, nous avons eu un taux de
réponse de 80 %. »
Madame Julie Belhumeur nous parle du
nouveau projet éducatif de l’école qui a découlé
de cette consultation. « Notre projet éducatif,
explique-t-elle, vise l’estime de soi, l’effort, la
persévérance et l’engagement ainsi que le respect
de l’environnement et des autres. En plus de
tout ce qui existait déjà au plan pédagogique,
nous voulions développer un projet qui intéresserait les jeunes du quartier.
« Le sport est le projet qui semblait les rejoindre
le plus, autant les filles que les garçons. Étant
donné que dans notre projet éducatif, on
retrouve le mot engagement, engagement du
jeune et du parent face à l’éducation de son
enfant, on voulait que le jeune s’engage dans un
processus, et non seulement pour une autre
activité. Ce dernier doit d’abord s’inscrire et
participer à une rencontre en soirée où le parent
est présent. Ensuite, il doit s’engager à faire une
petite entrevue sur ses motivations à participer à
un tel projet. Nous lui offrons alors deux heures
et demie de sport par semaine pour le deuxième
et troisième cycle, et une heure par semaine pour
le premier cycle. Un suivi avec le titulaire de la
classe est assuré par un cahier de bord où l’enfant
doit s’engager à avoir un bon comportement,
faire des efforts en classe et faire ses devoirs. Le
projet évolue depuis déjà trois ans. Les enfants
ont pu s’initier au plongeon, à un sport pour
personnes aveugles, au handball, au curling, à
l’escalade, au water-polo, à la nage synchronisée,
au judo, à l’escrime et au tennis. Katie Richard
travaille en collaboration avec les fédérations
CHAPITRE 6
ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA
sportives. Le but de ce projet est d’augmenter la
motivation, encourager l’effort et récompenser
l’engagement. Également, il développe chez
l’enfant l’intérêt de sports différents et peu
accessibles. Une jeune élève est d’ailleurs arrivée
deuxième en gymnastique aux Jeux de Montréal.
Un autre élève performe au water-polo dans deux
catégories et joue contre des équipes à travers le
Québec. Maintenant qu’ils ont découvert une
passion, il n’en tient qu’à eux de persévérer. »
Par ailleurs, depuis quelques années, des joueurs
du célèbre club de football les Alouettes
viennent rencontrer les élèves à l’école.
« L’enseignante du projet-sport connaissait
quelqu’un qui travaille avec les Alouettes. Il y a
une période où les enfants peuvent poser des
questions aux joueurs avec l’aide d’un traducteur, on met à contribution notre professeur
d’anglais qui prépare les questions avec les
enfants. Les Alouettes font une conférence sur
l’effort, sur l’engagement, la persévérance à
travers le sport. Les enfants en retirent des
modèles et des exemples. La deuxième partie
consiste en une joute de basket-ball des Alouettes
contre les membres du personnel. Cela se veut
très ludique. Inutile de vous dire que l’on perd à
chaque fois. On n’entend que « Alouettes ! » dans
le gymnase. Le personnel de l’école n’entend
guère d’encouragements de leurs élèves (rires).
On en a fait notre leçon d’humilité. »
« Finalement, notre projet est une réussite grâce
à l’implication de tous les titulaires qui y
collaborent étroitement et de tous ceux qui y
œuvrent. Il est un peu inspiré du sport-étude,
sans toutefois, être une école à vocation
particulière. Notre but est que tout le monde
puisse y participer. »
58
Madame Belhumeur peut compter sur un allié
de taille dans l’organisation de certaines activités
et de la vie scolaire de l’école ; le comité de
parrainage de Gaz-Métro. Elle ne tarit pas
d’éloges pour ses bienfaiteurs.
« Ce sont nos parrains, des gens qui donnent
sans attente. Ils ne recherchent aucune publicité
de notre part, ce qui ne nous empêche pas de les
remercier régulièrement. En fait, ce n’est pas
directement Gaz Métro qui nous parraine mais
plutôt le comité mis sur pied à l’intérieur de la
compagnie. Ce parrainage permet des sorties
que les enfants n’auraient jamais pu faire dans
leur vie. De plus, depuis les 6 dernières années,
les employés font une immense fête de Noël avec
des ateliers, des lutins et beaucoup d’autres
personnages. Ça leur apporte du bonheur, de la
joie, des sourires et des adultes aimants autour
d’eux. »
« Pour les plus vieux, ils organisent la JournéeCarrière. Cette journée de mini-stages dans
différents corps d’emploi leur apporte beaucoup.
Elle leur donne une vision, des modèles, ça leur
ouvre des horizons. En vieillissant, les jeunes
prennent conscience de ce parrainage et l’apprécient de plus en plus. J’ai l’impression de ne pas
rendre assez pour tout ce qu’ils nous apportent.
Le fait que le comité et les employés s’impliquent sur une longue durée, nous permet de
réaliser des activités en continu, parrainant par
exemple notre projet sport. Ils nous ouvrent des
portes et des possibilités. »
La directrice compte beaucoup sur l’implication
des organismes communautaires pour travailler
en partenariat avec l’école : le Chic Resto-Pop,
les Jeunes Sportifs Hochelaga (J.S.H.) pour les
activités parascolaires, le docteur Julien, le
C.L.S.C. pour le soutien familial et le Centre
CHAPITRE 6
ENTRETIEN AVEC JULIE BELHUMEUR, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE HOCHELAGA
communautaire Hochelaga qui s’occupe du
projet Sentinelle pour contrer la violence autour
de l’école.
« Au niveau de la violence, à l’école Hochelaga,
c’est tolérance zéro. Quand il y a des problèmes,
on y voit. Notre politique de local de retrait a
tout été revue avec l’équipe école. On conscientise beaucoup les jeunes et on leur demande
de faire des gestes de réparation. On ne fait pas
que de la punition. Toute l’école adhère au code
de vie. Si un enfant a de graves troubles de
comportement, on utilise un processus clair.
L’enseignant a des étapes à suivre avec le jeune,
puis avec le parent, ensuite avec moi. On intervient par gradation pour donner toutes les
chances possibles à l’enfant et aux parents. Nous
essayons d’être le plus près possible d’eux. Nous
travaillons également à une table multidisciplinaire avec le docteur Julien, une fois pas
mois. Les services en place sont nombreux :
deux orthopédagogues, une orthophoniste deux
jours/semaine, une travailleuse sociale deux jours
semaine, une infirmière, une psycho-éducatrice.
Nous sommes parfois sept ou huit d’expertises
variées en plus de l’enseignant, à discuter de la
problématique d’un élève. »
La directrice mise beaucoup sur la communication. Cela aide à comprendre la réalité et les
comportements des jeunes et à mieux cibler les
interventions cohérentes auprès d’eux.
L’école Hochelaga apparaît comme une école
dynamique, constamment à la recherche de
nouvelles idées. « Nous sommes une grande toile
dans le quartier », conclue madame Belhumeur.
« Une toile où tout le monde doit travailler
ensemble. » Son prochain défi : l’ouverture et
l’implication des parents face à l’école car « l’école
leur appartient. »
La directrice de l’école reçoit du
bloqueur des Alouettes Luke Fritz un
chandail aux couleurs de l’équipe.
Archives de l’école Hochelaga.
59
NOTES
1 Paul-André Linteau. Maisonneuve. Comment des promoteurs fabriquent une ville. Montréal, Boréal Express, 1981, p. 24.
2 Réjean Charbonneau et al., De fil en aiguille. Chronique ouvrière d’une filature de coton à Hochelaga en 1880.
Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, 1985, p. 8.
3 La CECM achètera en 1951 cette école et la rebaptisera du nom de Malvina-Marchand ; située à l’angle de la rue
Préfontaine et Adam, non loin de l’école Hochelaga, elle fut démolie en 1984 après que sa toiture se soit écroulée
quelques mois auparavant. Elle devait servir à la coopérative d’habitations « La Folle du logis ». Passeport HochelagaMaisonneuve, Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve, réédition 1988, p. 20. Nouvelles de l’Est,
3 mai 1983 et 27 mars 1984.
4 Passeport Hochelaga-Maisonneuve, op. cit., p. 27.
5 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Mendoza Langlois, courtier en immeubles, à Aymé LaFontaine,
secrétaire-général, CECM, 27 mars 1922.
6 Archives de la CSDM. Délibérations des Commissaires d’écoles de la Municipalité scolaire d’Hochelaga. Volume 3
(1914-1917), séance du 17 avril 1917, p. 308.
7 Cité par Paul-André Linteau in Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 1992, p. 215.
8 Prendre son bain au bain. L’histoire des bains publics de Montréal. Exposition de l’Atelier d’histoire d’HochelagaMaisonneuve réalisée au Bain Morgan en 1996.
9 Le confiseur et promoteur foncier Charles-Théodore Viau avait fait adopter par le conseil de ville de Maisonneuve
un règlement municipal qui obligeait les constructeurs à ériger des façades en pierre.
10 Histoire du logement ouvrier à Hochelaga-Maisonneuve, Montréal, Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve,
1980, p. 8.
11 Il s’agit de 7 lots sur la rue Stadacona, payés 0,80 $ le pied carré, de 4 lots sur la rue Davidson et 4 lots sur la rue
Darling, ces derniers lots de terre ayant été payés 0,30 $ le pied carré. Archive de la CSDM, dossier no. 160, Lettre
du secrétaire-général et trésorier de la CECM à M. U. Letourneau, Montreal Trust Company, au nom de la Succession
Nolan Delisle, 30 mars 1922.
12 Archives de la CSDM, dossier no. 160, Lettre de U.H. Dandurand à Aymé Lafontaine, secrétaire-général et trésorier,
CECM, 21 mars 1922.
13 Dictionnaire Petit Robert
14 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Mendoza Langlois, courtier en immeubles, à Aymé LaFontaine,
secrétaire-général, CECM, 27 mars 1922
15 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre du surintendant de l’Instruction publique aux Commissaires d’écoles de
la Cité de Montréal, 16 mai 1922.
16 Isabelle Bouchard et Gabriel Malo. Inventaire préliminaire des bâtiments patrimoniaux de la CSDM, février 2001
17 Archives de la CSDM. Délibérations des Commissaires d’écoles de la Commission scolaire des écoles catholiques de
Montréal, District Est. Vol. 36, 1917-1924, séance du 2 décembre 1919, p. 362.
18 Répertoire des parlementaires québécois 1867-1978, Québec, Bibliothèque de la législature. Service de documentation
politique, 1980, p. 578.
19 Idem.
20 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Contrat entre la CECM et les entrepreneurs MM. Gratton et Girard et Alphonse
Gratton, 13 juin 1922.
21 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Rapport financier concernant l’école Stadacona par Irénée Vautrin, architecte.
29 juin 1923.
22 Isabelle Bouchard et Gabriel Malo. Inventaire préliminaire des bâtiments patrimoniaux de la CSDM, février 2001.
23 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages.
24 Jacques Mathieu. La Nouvelle-France. Les Français en Amérique du Nord XVIe-XVIIIe siècle. Québec, Les Presses de
l’Université Laval et Belin, 1991, p. 37.
60
25 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Stadacona (école de filles) District Est, CECM, Service des archives. 1er avril
1942.
26 Réal E. Ménard, Cent ans d’histoire 1888-1988. Paroisse Très-Saint-Nom-de-Jésus, Montréal, Atelier d’histoire
d’Hochelaga-Maisonneuve, 1988, p. 1.
27 Idem.
28 Sœur Thérèse-de-Marie, « Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie », L’école canadienne. Centenaire de la
Commission scolaire des écoles catholiques de Montréal. Montréal, 1946, p. 101.
29 Abbé Henri Deslongchamps, La Nativité de la Sainte-Vierge d’Hochelaga, Montréal, L’œuvre des Tracts, No. 275,
mai 1942, p. 7.
30 Idem.
31 Réal E, Ménard, op. cit., p. 38.
32 Archives de la CSDM, dossier no. 160, 16 mai 1922.
33 Abbé Henri Deslongchamps, op. cit., p. 8.
34 Archives de la CSDM, boîte no. 160. Soumission des plombiers Chouinard et Otis, 3 avril 1923.
35 Archives de la CSDM, boîte no. 160. Rapport des commissaires 1924-1925, École Stadacona.
36 Archives de la CSDM, boîte no. 160. Rapport des commissaires 1925-1926, École Stadacona.
37 Monographie de l’école Stadacona, op. cit.
38 Archives de la CSDM, dossier no. 160, Rapport des commissaires 1928-1929 et 1929-1930.
39 Le médecin-légiste qui a examiné le corps des victimes a en effet constaté que 22 enfants étaient morts de
compression thoracique alors que 50 avait péri asphyxier. Le Devoir, 9 janvier 1927.
40 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L-60/A1.2, page 216.
41 « La ville aide toujours les victimes de la tragédie du Laurier Palace. Trois personnes reçoivent encore une indemnité
mensuelle de 10 $ ». Dimanche-Matin, 29 mai 1966.
42 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, 1927. L60/A,1.2, p. 216.
43 Ibid., p. 217.
44 Archives de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Rapport de l’honorable juge Louis Boyer sur les théâtres de
la province de Québec à la suite de l’enquête sur les causes du Cinéma Laurier Palace, 25 août 1927.
45 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages.
46 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Jean Casgrain, secrétaire, à Alcide Chaussé, architecte. 13 mai 1930.
47 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Frenette Frères Limitée à Victor Doré, Président général, CECM. 25
juin 1930.
48 Sœur Thérèse-de-Marie, « Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie », op. cit., p. 102.
49 Archives de la CSDM. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages
50 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Traitements du personnel enseignant 1933-1934, CECM
51 Idem.
52 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Monographie de l’école Stadacona, sans date (vers 1941), 3 pages.
53 Idem.
54 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, op. cit., 31 mai 1933, p. 387.
55 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de sœur M.-Marthe de Jésus, directrice, à Victor Morel, assistantdirecteur, 17 juin 1939.
56 Idem.
57 Abbé Henri Deslongchamps, op. cit., p. 13.
58 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de la directrice de l’école Stadacona à V. Doré, président général, CECM,
20 janvier 1937.
61
59 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1944-1945.
60 Geneviève de Francheville. À la recherche du bonheur. Montréal, Fides, 1958, p. 98.
61 Nicole Thivierge. « L’enseignement ménager, 1880-1970 », Maîtresses de maison, maîtresses d’école. Femmes, famille
et éducation dans l’histoire du Québec, Montréal, Boréal Express, 1983, p. 119.
62 Idem.
63 Archives de la CSDM, dossier no. 160. A Parrot, commissaire, président du comité, à Révérende Sœur Directrice, École
Stadacona, 5 septembre 1952.
64 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., p. 27.
65 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L60/A,1.3, p. 200.
66 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., p. 26.
67 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L60/A,1.3, p. 206.
68 Micheline Dumont et al., L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Quinze, Édition revue et
corrigée en 1985, pp. 389-390.
69 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Stadacona (école de filles) District Est, CECM, Service des archives. 1er avril
1942.
70 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1943-1944.
71 Idem.
72 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1944-1945.
73 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1945-1946
74 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre à Trefflé Boulanger, directeur des études, CECM, le 21 mai 1946.
75 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, L60/A,1.3, p. 201 .
76 Ibid., p. 210.
77 Annie Beauchemin et Bruno Boisvert, op. cit., annexe 1.
78 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de MM. Albert Saint-Jacques et J.-Henri Longtin, membres du Bureau des
projets scolaires, à M. J.-O. Linteau, Contrôleur et directeur du Bureau des projets scolaires, CECM, 24 novembre 1950.
79 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Contrat pour l’exploitation de la cafétéria de l’école supérieure Stadacona,
octobre 1952.
80 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de la directrice, Sœur M. Véronique-de-Jésus, à M. Longtin, directeur
des projets scolaires, 9 juin 1952.
81 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., 26.
82 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Rapport de la réunion des parents, 23 février1954.
83 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Rapport de la réunion des parents, 22 mars 1954.
84 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1954-1955.
85 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de M.Louis-Zéphirin, directrice, au Chanoine A. Parrot, curé de la
Nativité, 29 avril 1956.
86 Archives des Sœurs Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, 1957, L60/A,1.4, p. 66.
87 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Soeur Véronique(sic)-de-la-Visitation, assistante générale, à Eugène
Doucet, président de la CECM, 29 mars 1958.
88 Idem.
89 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Copie de résolution adoptée par la CECM à la session régulière du 6 mai 1958
; Lettre du Surintendant de l’instruction publique à Eugène Doucet, président de la CECM, 31 mai 1958.
90 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sylvio de Grandmont, secrétaire adjoint, à Roger A. Vandale,
architecte, le 14 août 1958.
91 Archives de la CSDM, dossier no. 160, Résolution XXV du 16 décembre 11958 et résolution XII du 6 mai 1958. CECM.
62
92 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, 1960, L60/A, 1.4, p. 116.
93 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre à Lionel Marquis, le 6 décembre 1960.
94 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de J. H. Longtin, directeur général adjoint du Service des immeubles et
directeur du Bureau des projets scolaires, à J.-O. Linteau, contrôleur et directeur du Service des immeubles, 10 décembre
1958.
95 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques, op. cit., 1959, p. 114.
96 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sœur M.-Louis-Zéphirin, directrice de l’école Marie-Reine, à Doler
Cardinal, Bureau de la construction, CECM, le 28 février 1962.
97 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Agrandissement de l’école secondaire Marie-Reine, Service des Immeubles.
Bureau des projets scolaires par J.H. Longtin, 19 décembre 1958.
98 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sœur M.-Louis-Zéphirin, directrice de l’école Marie-Reine, à Doler
Cardinal, Bureau de la construction, CECM, le 28 février 1962.
99 Idem.
100 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Sœur M. Louis-Zéphirin, directrice, au Chanoine Aurèle Parrot, curé
de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge, le 3 octobre 1960.
101 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal d’école pour l’année scolaire 1958-1959.
102 Archives des Sœurs Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école, op. cit., 1958, p. 110.
103 Entrevues réalisées par Paul Labonne avec Monique Desmarais, en juillet 2005.
104 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Paul-Émile Alin, secrétaire, à Sœur M.-Louis Zéphirin, directrice de
l’école Marie, Reine, le 26 septembre 1960.
105 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1960-1961.
106 Archives des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Chroniques de l’école Marie, Reine, 1962, L225,1.1.
107 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Prévisions du classement pour septembre 1961, École secondaire Marie-Reine,
Service des immeubles, Bureau des projets scolaires, CECM, le 24 juillet 1961.
108 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Mémo d’Arthur Tremblay, Service de la planification et de la construction,
Section pédagogique, CECM, le 25 mars 1964.
109 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Journal de l’école pour l’année scolaire 1962-1963.
110 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., 27.
111 Archives des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, Chroniques de l’école Marie, Reine, op. cit, 1962.
112 Idem.
113 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Service des projets scolaires, 21 avril 1969.
114 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Lettre de Rose Dechêne, directrice du Bureau de l’enseignement des sciences
familiales, à Albert Saint-Jean, Assistant administratif, Service de l’enseignement, CECM, le 17 avril 1968.
115 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Extrait du procès-verbal du Conseil exécutif de la CECM, séance régulière du
21 mai 1974.
116 Nouvelles de l’Est, 6 mars 1974.
117 Nouvelles de l’Est, 26 mars 1975.
118 Archives de la CSDM, dossier no. 160. Extrait du procès-verbal de la réunion d’ajournement des membres du Conseil
scolaire de l’île de Montréal, tenue le 31 mai 1976.
119 Nouvelles de l’Est, 8 avril 1980.
120 Nouvelles de l’Est, 11 janvier 1978.
121 Nouvelles de l’Est, 23 janvier 1979 et 3 avril 1979.
122 Nouvelles de l’Est, 5 décembre 1978.
123 « 1977-78 : Une année de changement pour la C.E.C.M. », Nouvelles de l’Est, 17 août 1977.
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124 Idem.
125 Centenaire de la paroisse Nativité de la Sainte-Vierge 1867-1967, op. cit., 22.
126 Archives de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Engagement pour obtenir des Frères enseignants ou
Instituteurs religieux à Hochelaga entre la Corporation des Pères et des Frères Ste-Croix et MM. Les Commissaires d’écoles
d’Hochelaga. Greffe du notaire A. Lecours, minute 3123, le 22 février 1883.
127 Idem.
128 Archives de la CSDM, dossier de l’école Adélard-Langevin. Résumé relatif à l’acquisition et à la construction de l’école,
1er mars 1932.
129 Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle, Montréal, Eusèbe Sénécal & cie, imprimeurs-éditeurs, 1900,
p. 248.
130 Abbé Henri Deslongchamps, op. cit., p. 7.
131 Archives de la CSDM. Dossier de l’école Adélard-Langevin. Lettre de Roméo Mongeau à Victor Doré, président de la
CECM, le 28 juin 1935.
132 Archives de la CSDM. Dossier de l’école Adélard-Langevin. Lettre du Frère Bernardin, directeur, à J.-M. Manning,
directeur général des études, CECM, le 11 septembre 1937.
133 Idem.
134 Archives de l’Atelier d’histoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Lettre du Frère J.-Pierre Lefebvre, supérieur provincial, à
T.R.P. Germain-Marie Lalande, Supérieur général, Rome, le 4 avril 1968.
135 Entrevue avec Monique Desmarais, juillet 2005.
136 Nouvelles de l’Est, 22 mai et 19 juin 1984.
137 Nouvelles de l’Est, 18 mai 1982.
138 Nouvelles de l’Est, 25 mai 1982.
139 Nouvelles de l’Est, 2 septembre 1984.
140 Nouvelles de l’Est, 11 juin 1985.
141 Source inconnue, « L’école Hochelaga s’implique dans l’embellissement », juin 1988.
142 Archives de la CSDM, dossier 160. Lettre de Richard Wagner, directeur, et Jocelyne Lanctot, présidente du comité
d’école, à Nicole Lalumière-Pace, commissaire du quartier 8, CECM, le 8 juin 1989.
143 Nouvelles de l’Est, 28 avril 1992.
144 Nouvelles de l’Est, 18 juin 1992.
145 Nouvelles de l’Est, 27 octobre 1992.
146 Nouvelles de l’Est, 22 décembre 1992.
147 Nouvelles de l’Est, 26 octobre 1993.
148 L’école montréalaise, 19 septembre 1994.
149 Nouvelles de l’Est, 21 juin 1994.
150 Nouvelles de l’Est, 23 janvier 1996.
151 Nouvelles de l’Est, 21 janvier 1997.
152 Nouvelles de l’Est, 28 octobre 1997.
153 Entrevue réalisée le 24 août 2005 avec M. René Paul, Représentant des achats directs, approvisionnement gazier,
chez Gaz-Métro et président du comité de parrainage avec l’école Hochelaga.
154 Archives du commissaire scolaire Robert Cadotte. Lettre de Maryse Tremblay, directrice, aux parents de l’école
Hochelaga, le 4 décembre 2002.
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