Avec ou sans sucre

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Avec ou sans sucre
Avec ou sans sucre !
« DES SŒURS BRONTË À ANNE PERRY :
LES ROMANCIÈRES "VICTORIENNES" »
ALCOTT, Louisa May. Secrets de famille (1866). Gallimard, 2007.
Au XIXe siècle, dans la haute bourgeoisie américaine, une infirmière, chargée de
s'occuper d'une jeune fille considérée comme folle, découvre que l'état de sa malade
est dû à de sombres secrets de famille.
Pris dans un imbroglio de tromperies en cascade dont ils sont à la fois les instigateurs
et les victimes, la narratrice et le héros louvoient entre haine, désir de vengeance, folie
et suicide. Mais jouer avec la confiance d'autrui mène plus loin qu'on ne le croit. Et,
contrairement aux idées reçues, l'amour n'est pas toujours salvateur : il peut parfois se
transformer en piège fatal...
BAINBRIDGE, Beryl. Georgie (1998). Payot, 2000.
La vie d'un homme, Georgie Hardy, raconté par son entourage : Myrtle la jeune
orpheline prête à tous les sacrifices pour « Master Georgie », Pompey Jones le
jeune enfant des rues, devenu photographe, lui aussi sous l'emprise de Georgie.
Tous trois sont liés à jamais par le secret de la mort du père de Georgie.
Passant de l'incipit des poubelles de Liverpool à la maison bourgeoise, Beryl
Bainbridge, raconte les faux-semblants de la société victorienne. La guerre de
Crimée, ses monceaux de cadavres et de corps mutilés, sera la dernière toile de
fond à l'existence absurde de Georgie.
BRADDON, MARY ELIZABETH. Aurora Floyd (1863). J. Losfeld, 2006.
Aurora Floyd est l'enfant unique et choyée d'un richissime banquier, veuf dès la
naissance de sa fille. Une violente dispute éclate entre le père et la jeune fille alors que
celle-ci revient d'une longue promenade à cheval avec son palefrenier. Aurora est
envoyée dans un pensionnat à Paris.
De retour au domicile paternel un an plus tard, réconciliée mais distante, courtisée et
en âge de se marier, le mystère plane toujours sur la jeune femme. Quel secret
doit-elle assumer pour reprendre le cours paisible de son existence ?
BRONTË, Anne. Agnes Grey (1847). Gallimard, 2001.
Agnes Grey, cadette d'un pasteur, vit avec sa sœur Mary dans une petite ville au
cœur des landes anglaises. Sans ressource, Agnes devient gouvernante chez une
famille qui mettra à rude épreuve sa confiance et ses croyances. Agnes fera vite
l'apprentissage des rouages de la vie, auprès de la jeune Rosalie Murray, une
jeune et ravissante intrigante, qui cherche à se parfaire dans le mariage.
L'existence très ordinaire de cette gouvernante, qui se décrit sans charme et sans
attrait, sera toutefois illuminée par le suffragant du pasteur.
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BRONTË, Anne. La recluse de Wildfell Hall (1848). Phébus, 2008.
Qui est la mystérieuse jeune femme locataire du manoir de Wildfell ? Les rumeurs
les plus folles circulent sur son compte : femme adultère, ou pis, épouse ayant quitté
le domicile conjugal ?
Anne Brontë, benjamine des filles du vicaire de Haworth, douce et délicate, brise
dans ce roman toutes les apparences de la gentry victorienne. Plongée dans un
monde aussi pervers que policé, son héroïne ne devra son salut qu'à son courage et
à sa foi.
BRONTË, Charlotte. Jane Eyre (1847). Livre de poche, 1999.
Préceptrice de la jeune Adèle, l’orpheline Jane tombe amoureuse de son
employeur, Mr. Rochester, mais apprend au moment de son mariage un terrible
secret : celui-ci est déjà marié à une femme aliénée et tenue recluse dans les
étages supérieurs de son manoir.
S’inspirant de sa propre expérience, C. Brontë dépeint la société de son temps
avec lucidité : pauvreté, spoliations, femmes tenues sous tutelle…
Nombreuses adaptations au cinéma, dont celle de Franco Zeffirelli en 1996 avec
Charlotte Gainsbourg dans le rôle-titre.
BYATT, A. S. Des anges et des insectes (1992). Flammarion, 1995.
William Adamson, brillant entomologiste est de retour au pays après dix ans sous les
tropiques. A quoi convient-il de comparer la dame de son cœur ? A une Aphrodite
d'ivoire et d'or pâle ou au Morpho Eugenia à la délicate livrée, papillon d'une extrême
rareté ? Anthropologue au fumoir, naturaliste sous les taillis d'ormeaux, il découvrira
avec effroi que l'analogie vaut aussi pour la gentry. Même goût désavoué pour le
gothique et les esprits maléfiques autour du guéridon de Mme Papagay où Emily,
veuve dès ses fiançailles, tente désespérément de vivre son deuil dans les séances
de spiritisme et d'écriture automatique.
Un roman dont l’atmosphère puritaine entoure les amours maritales et révèle les
tensions morales et sociales de toute une société, qui se cache sous les manières
fleuries et les excès de dévotion.
BYATT, A. S. Possession (1990). Flammarion, 2002.
La découverte d’un fragment de correspondance entre un poète victorien
au-dessus de tout soupçon et une poétesse tombée dans l’oubli déclenche une
savoureuse « guerre » entre les différents chercheurs contemporains spécialistes
de ces écrivains.
Décrivant avec humour les mœurs des universitaires, et écrivain dans le pur style
victorien - correspondances et poèmes - A. S. Byatt plonge son lecteur dans
l’atmosphère des Wordsworth, Coleridge et autres sœurs Brontë.
Ce roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 2002 par Neil
LaBute avec Gwyneth Paltrow et Aaron Eckhart.
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COMPTON-BURNETT, Ivy. Des hommes et des femmes (1931).
Gallimard, 2008.
Névrosée, à la fois tyran familial et victime, candidate au suicide et finalement
assassinée, Lady Harriet est une femme étonnante.
A travers cette figure de femme, Ivy Compton-Burnett dissèque, avec un humour
carnassier, les menus drames et les tragédies insondables du huis clos familial où la
haine et la volonté de puissance sont les principaux ressorts des intrigues.
Un roman entièrement dialogué, une ondoyante conversation ininterrompue - so english
- tout en sous-entendus et en non-dits.
ELIOT, GEORGE. Le moulin sur la Floss (1860). Gallimard, 2003.
Maggie Tulliver, une jeune fille passionnée, intelligente et rebelle supporte mal le
rôle dévolu aux femmes à l’époque victorienne. Son enfance paisible s'achève
brutalement lorsqu'elle se brouille avec Tom, son frère aîné qu'elle admire et aime
plus que tout. Elle doit alors lutter contre les conventions que la société lui impose.
GOUDGE, Elizabeth. Le pays du dauphin vert (1936). Phébus, 2004.
Au temps de la reine Victoria, sur une île anglo-normande, deux sœurs et un jeune
garçon se rencontrent et s’aiment. À l’âge adulte, émigré en Nouvelle-Zélande, le jeune
homme écrit pour demander la main de sa préférée… étonnement à l’arrivée : c’est
l’autre sœur qui débarque.
E. Goudge raconte dans cet ouvrage cinquante ans de vie anglaise au dix-neuvième
siècle, où se mêlent tradition, pionniers, quête spirituelle et poésie de la nature.
MARTIN, Valerie. Mary Reilly (1990). Plon, 1991.
Angleterre, fin du XIXe siècle. Rescapée d’une enfance terrible durant laquelle elle
fut martyrisée par son père, Mary Reilly est aujourd’hui servante dans une
respectable demeure victorienne. Le maître de maison est médecin, c’est le
docteur Jekyll.
Les qualités humaines de la jeune femme, ses attentions et son ouverture d’esprit
la font remarquer. Touché par sa loyauté, Jekyll lui accorde peu à peu sa
confiance. Le comportement parfois étrange du maître de maison n’échappe pas à
Mary. L’arrivée d’un mystérieux assistant, Mr Hyde, ne fait que perturber la relation
privilégiée entre Mary et son maître.
A lire après le classique de R. L. Stevenson : L’étrange cas de Dr Jekyll et de Mr
Hyde.
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PERKINS GILMAN, Charlotte. La séquestrée (1892). Phébus, 2002.
La Séquestrée est le récit hallucinatoire d'une femme victime, au nom de nerfs fragiles,
de l'enfermement conjugal : un mari aimant, mais infantilisant, une gouvernante
prévenante, mais geôlière, un cadre de vie calme et reposant, mais synonyme
d'isolement.
Ce court roman dénonce la chape de plomb que peut être le mariage et la vie familiale
sur le libre-arbitre des femmes.
PERRY, Anne. Half Moon Street (1998). 10/18, 2006.
Londres, 1891. Le cadavre d'un homme enchaîné et menotté, vêtu d'une longue
robe verte, est retrouvé dans une barque flottant sur la Tamise. La victime, un
photographe nommé Delbert Cathcart, ressemble étrangement à un fonctionnaire
de l'ambassade de France. Existe-t-il un lien entre les deux hommes ? L'enquête
entraîne le commissaire Thomas Pitt jusqu'au cœur du monde du théâtre.
Outre les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt, Anne Perry est l’auteur d’une
autre série policière qui se déroule à l’époque victorienne et dont l’inspecteur
William Monk est le protagoniste.
RHYS, Jean. La prisonnière des Sargasses (1966). Gallimard, 2004.
Après l’abolition de l’esclavage aux Antilles, la belle Antoinette vit seule dans la pauvreté
avec sa mère à la tête fragile. Mariée par son beau-père à un jeune Anglais, elle sombre
à son tour peu à peu dans l’alcool et la folie, jusqu’au départ pour l’Angleterre et
l’incendie qui la délivrera de ses fantômes.
Ce roman narre l’histoire tragique de la condition féminine à l’époque victorienne ; celle
qui conduit à l’autodestruction la « femme dans le grenier » de Jane Eyre.
TOBIN, Betsy. Nathan et les lions (2002). Belfond, 2004.
Nathan, un jeune Américain, arrive à Londres dans les années 1870. Sur les traces
de sa mère, une écuyère qui l'a abandonné quand il était enfant, Nathan se fait
embaucher comme dompteur dans le cirque qu'elle dirige. Pour lui, les retrouvailles
sont une amère désillusion. Quel tragique accident a rendu sa mère infirme ?
Quels secrets, quelles blessures cache-t-elle derrière sa dureté et sa terrible
obstination à ne pas vouloir le reconnaître ?
Heureusement pour Nathan, il y a Lulu, le danseur de corde travesti à la beauté
troublante, et sa protégée, Nan, la petite vendeuse d'oranges. Entre les trois
jeunes gens se tissent des liens complexes, pleins de passion et d'innocence.
Témoin de ce qui se joue entre les humains, un couple de lions amoureux vit lui
aussi son drame...
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WATERS, Sarah. Caresser le velours (1998). Denoël, 2002.
En 1888, à Whitstable dans le Kent, une jeune écaillère d'huîtres de dix-huit ans, Nancy,
va régulièrement avec sa sœur Alice au Palace, un établissement de music-hall. Elle y
découvre un jour une nouvelle artiste, Kitty Butler, qui fait un numéro de travesti. Nancy
s'éprend de l'artiste et part avec elle à Londres.
Une découverte, toute en sensualité, de l’univers lesbien britannique du XIXe siècle.
WHARTON, Edith. Le temps de l'innocence (1920). Flammarion,
1987.
Le Temps de l'Innocence s'ouvre sur une soirée à l'opéra de la haute société
new-yorkaise à la fin du XIXe. Newland Archer, récemment fiancé à la charmante
et pure Mary Welland fait la rencontre de la cousine de sa future femme, la
Comtesse Ellen Olenska. Femme passionnée et libre, la Comtesse est de retour
d'Europe après avoir quitté son mari. L'amour entre Newland et Ellen passera-t-il
outre la pression des conventions sociales ?
Ce roman est la peinture magnifique des mœurs d'une société policée, frivole,
mais pétrie d'hypocrisie et de cruauté pour ceux qui tentent de s'en affranchir.
Ce roman a été adapté au cinéma en 1992 par Martin Scorsese, Newland Archer et
la Comtesse Olenska sont interprétés par Daniel Day-Lewis et Michelle Pfeiffer.
WHARTON, Edith. Vieux New York (1924). Flammarion, 1993.
Quatre « histoires courtes » décrivent la haute société new-yorkaise durant les décennies
centrales du XIXe siècle : sacrifice et désenchantement sont l'ordinaire des jeunes gens.
Qu’il soit de l’Ancien ou du Nouveau Monde, le milieu social aisé victorien se caractérise
par sa sclérose interne, entraînant perversions de la morale et exclusion de ses
membres qui entravent ses codes.
Pour aller plus loin…
ALCOTT, Louisa May. Derrière le masque (1866). Joëlle Losfeld, 2005.
ALCOTT, Louisa May. Les yeux de Lady Macbeth (1863). Interférences, 2004.
BRADDON, Mary Elizabeth. La femme du docteur (1864). Joëlle Losfeld, 2002.
BRADDON, Mary Elizabeth. Henry Dunbar (1864). Hachette, 2003.
BRADDON, Mary Elizabeth. L’héritage de Charlotte (1868). Hachette, 2003.
BRADDON, Mary Elizabeth. Lady Lisle (1862). Joëlle Losfeld, 2001.
BRADDON, Mary Elizabeth. Les oiseaux de proie (années 1860). Hachette, 2003.
BRADDON, Mary Elizabeth. Le secret de Lady Audley (1862). Joëlle Losfeld, 1998.
BRADDON, Mary Elizabeth. Sur les traces du serpent (1860). Gallimard, 2008.
BRADDON, Mary Elizabeth. Le triomphe d’Eleanor (1863). Hachette, 2004.
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BRONTË, Charlotte. Le professeur (1857). Gallimard, 1949.
BRONTË, Emily. Les Hauts de Hurle-Vent (1847). Librairie Générale Française, 1984.
Ce roman a été adapté au cinéma plusieurs fois, notamment en 1939 par William Wyler avec Merle Oberon dans
le rôle de Cathy et Laurence Olivier dans celui de Heathcliff.
BYATT, A. S. Le conte du biographe (2000). Denoël, 2005.
COMPTON-BURNETT, Ivy. Deux mondes et leurs usages (1949). L’Age d’Homme, 1991.
COMPTON-BURNETT, Ivy. Un héritage et son histoire (1959). L’Age d’Homme, 1993.
ELIOT, George. Middlemarch (1871-72). Flammarion, 2005.
GASKELL, Elisabeth. Charlotte Brontë. Editions du Rocher, 2004.
HEROU, Josette. Précis de littérature anglaise. Armand Colin, 2005.
JORDIS, Christine. De petits enfers variés : romancières anglaises contemporaines. Seuil, 1989.
JORDIS, Christine. Jean Rhys la prisonnière. Stock, 1996.
JORDIS, Christine. Gens de la Tamise : le roman anglais au XXe siècle. Seuil, 1999.
Magazine littéraire : les romancières anglaises – n°476, juin 2008.
MITCHELL, Margaret. Autant en emporte le vent (1936). Gallimard, 2003.
RAYMOND, Jean. La littérature anglaise. Presses universitaires de France, 1986.
REMY, Michel. Histoire de la littérature anglaise. Ellipses, 2005.
WATERS, Sarah. Affinités (1999). Denoël, 2005.
WATERS, Sarah. Du bout des doigts (2002). Denoël, 2003.
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