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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9 MAROC MONTÉE DES RISQUES A LA BANQUE POPULAIRE N° 203 - 24 au 30 mai 2012 Hebdomadaire international AREVA CONDAMNÉE AFFAIRE RADIOACTIVE Suite à la condamnation en première instance du groupe français, des questions se posent au Niger, au Gabon, en RCA et en Namibie. lesafriques.com 2 Les Afriques . 24 mai 2012 SOMMAIRE Forte montée des risques à la BCP-affaire Comarit Le portefeuille de la Banque Populaire devra souffrir de l’affaire Comarit. Au-delà d’un effort de provisionnement exceptionnel. Comment la BCP s’est retrouvée aussi loin de ses normes ? 16-19 «Pas de crise pour les vraies Caisses d’Epargne» Chris de Noose, directeur général de l'Institut Mondial des Caisses d’Epargne met l’accent sur le rôle accélérateur de développement des CE et banques de détail. Entretien en marge du 23e Congrès mondial des Caisses d’Epargne à Marrakech. 20-21 05 EDITORIAL La fausse et la vraie polémique 06 BAROMÈTRE Koffi Annan rappelle l’urgence aux chefs d’Etats africains 08 BRUITS DE MARCHÉ Côte d’Ivoire : le budget très souverain des Ouattara 12 ARRÊT SUR IMAGE L’homme le plus court du monde, Chandra Bahadur Dangi 14 VERBATIM 15 WEB Paul Kagamé : champion du Tweet 16 BANQUES & ASSURANCES Forte montée des risques à la BCP suite à l’affaire Comarit 20 Chris de Noose «Les vraies Caisses d’Epargne n’ont pas eu de crise» 22 Marrakech, capitale mondiale de l’épargne 25 BOURSES & FONDS Bourse : la BRVM trouve le bonheur dans le pré 26 Renaissance Capital prospecte l’Afrique 28 MATIÈRES PREMIÈRES Les marchés paient toujours le manque d’investissement des années 90 32 PÉTROLE & GAZ Les printemps arabes ne laisseraient encore de traces qu’en Egypte 34 ENTREPRISES ET MARCHÉS Henri Jullien : «Le souci premier des banques centrales c’est d’assurer des liquidités aux banques commerciales» 36 Cameroun : bon cru de la Sodecoton Marrakech Capitale mondiale de l’épargne 38 Guinée : les Moulins d’Afrique en ordre de marche La Mecque touristique marocaine a été pendant deux jours la capitale des Caisses d’Epargne du monde, le temps d’un congrès riche en débats. Les Afriques était au cœur de 22-24 l’événement. 40 ARRÊT SUR IMAGE Un sunnite libanais avec son fils dans la cité de Tripoli 42 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Algérie : les leçons des législatives du 10 mai 2012 Bourse La BRVM trouve le bonheur dans le pré L’agriculture a largement contribué à la hausse de l’indice BRVM 10 pour le compte du premier trimestre 2012. Preuve que depuis Verlaine le bonheur est toujours dans le pré. 25 Renaissance Capital prospecte l’Afrique La Banque d’investissement Renaissance Capital, dont le siège du département Afrique est situé à Londres, a organisé sa troisième Conférence panafricaine sur l’investissement, à Lagos du 16 au 18 mai Au Nigéria. 26-27 Les marchés paient toujours le manque d’investissement des années 90 Nous payons actuellement le manque d’investissements dans le secteur des matières premières de façon générale de la fin des années 90 lorsqu’on n’avait d’yeux que pour les marchés 28-31 financiers et les start-ups. 24 mai 2012 Les Afriques .3 SOMMAIRE 48 DOSSIER Areva, affaire radioactive 52 FOCUS France : les vrais drapeaux Les printemps arabes ne laisseraient encore de traces qu’en Egypte 54 DÉCOUVERTE Le périple d’Ibn Battuta, à travers le caftan marocain «Aujourd’hui, le printemps arabe n’a plus d’incidence sur les marchés pétroliers», souligne Francis Perrin, directeur de Pétrole et Gaz arabes et auteur du chapitre Energie du Rapport Cyclope 2012. 32-33 56 VU DE NEW YORK Crise de l’Euro : tout est mélangé 60 POINT DE VUE AFRICAIN Une malédiction plane sur le nouveau président français 64 MEDIAS 66 ARRÊT SUR IMAGE Jamie Dimon (au centre) président de JP Morgan 68 EMPLOI Monde arabe : de l’emploi pour les jeunes Algérie : les leçons des législatives du 10 mai 2012 72 ARCHIVES D’AFRIQUE De la Rodhésie au Zimbabwé, 32 ans après… 74 PIED DE LETTRE L’intégration au cœur du développement Aux élections législatives, quelque 64,76% de la population algérienne, soit environ les deux tiersabstention et bulletins nuls- n’ont fait aucun choix. Un taux qui reflète une démobilisation importante. Cameroun : bon cru de la Sodecoton Grosse performance réalisée par la Société de Développement du Coton du Cameroun (Sodecon). Elle a amassé pour l’exercice 2011 quelque 10,5 millions de dollars contre 2,350 millions de dollars en 2010. 36 Secrétaire de Rédaction : Daouda Mbaye. Président administrateur délégué Abderrazzak Sitaïl Filiale Maroc Les Afriques Communication & Edition SARL 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 Editeur Edition Financière du Sud (Paris), filiale à 100% de Les Afriques Edition et Communication SA. Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Directeur de la Rédaction Adama Wade [email protected] Rédacteur en chef délégué Ismaïla Aidara, Paris, Dakar. Rédacteur en chef Louis Amédée, UEMOA. Rédacteur en chef Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Rédacteur en chef Walid Kefi, Maghreb. 4 Les Afriques . 24 mai 2012 Dans ses premières déclarations suite à son élection à la tête de la confédération patronale marocaine, Meriem Bensalah a mis l’accent sur la réhabilitation de la PME marocaine. 37 42-47 Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. Siège Social Groupe Les Afriques Edition & Communication S.A. Société anonyme au capital de 2’200’000.- CHF Place Cornavin 14 - 16 - 1201 Genève - Suisse Meriem Bensalah Présidente de la CGEM Directeur Développement et Marketing Libasse Ka [email protected] Rédaction : Walid Kefi, Tunis, Ismaïla Aidara, Paris, Dakar, Louis Amédée, UEMOA, Achille Mbog Pibasso, CEMAC, François Bambou, Yaoundé, Bénédicte Chatel, Paris, Anne Guillaume-Gentil, Paris, Adama Wade, Casablanca, Mohamed Baba Fall, Casablanca, Khalid Berrada, Casablanca, Nadia Rabbaâ, Casablanca, Daouda Mbaye, Casablanca, Olivier Tovor, Lomé, Willy Kamdem, Yaoundé, Amadou Seck, Nouakchott, Mohamedou Ndiaye, Dakar. Conseiller en charge des relations internationales Comité Scientifique : Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. Thierry Téné, Lille. Environnement et RSE. François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Commercial, [email protected] [email protected] Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Edition Internet – en français Adama Wade, Casablanca. Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Balla Moussa Keita Responsable e-Marketing : Khalid Essajidi Responsable Abonnement et Distribution Mouna Elbar [email protected] Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Dépôt légal : novembre 2010 © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur Edition internationale Commission paritaire : 1012 C 89135 Crédit photos AFP, DR ÉDITORIAL Adama Wade Directeur de la Rédaction Jules Ferry La fausse et la vraie polémique I l y avait un invité encombrant lors de la cérémonie de prestation de serment de François Hollande. Cet homme qui a traversé des siècles c’est Jules Ferry, père de l’école laïque et obligatoire à la française. Pour les anciens colonisés que nous sommes, nous retiendrons plutôt que Jules Ferry est l’inspirateur du discours colonial. C’est lui qui prononça ces propos datés de 1885 devant les députés français : «messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures». Et de fustiger, dans son élan moral, les comportements des chercheurs d’or espagnols, par opposition aux douces méthodes françaises. Déjà, les prémices du débat futur sur les bienfaits de la colonisation. Ce discours a vécu mais les postures ont demeuré, à Gauche comme à Droite. La Gauche des «races supérieures» s’est muée le long des évolutions en une gauche «Bauliste» et Droit de l’Hommiste tandis que la Droite résume toujours sa vision dans les intérêts stratégiques de la France. Il est assez étonnant que les africains se montrent aussi surpris de l’hommage rendu à Jules Ferry, personnage centrale de l’histoire politique française. N’est-ce pas sa déclaration revisitée que nous entendons encore dans les forums de la charity business ou les sommets du G8: «il y a un devoir pour l’Europe et les USA à aider l’Afrique» ? Nous devrions surtout nous indigner que, 127 ans après le discours de Jules Ferry, et 50 ans après l’indépendance, l’Afrique soit incapable de se prendre en charge. La colonisation a pris fin, mais sa structure symbolique est toujours de mise dans des frontières mentales et physiques qu’elle a léguée aux africains et dans une chaîne de dépendances étroites vis-à-vis des anciennes métropoles entretenues par des rapports asymétriques. S’il y a polémique, elle devrait venir de cette situation qui fait que nos diplômés Bac +15 préfèrent affronter les requins de Gibraltar pour franchir la forteresse Europe où les attendent de petits boulots, la déconsidération et, à la longue, la «sous humanisation», plutôt qu’une carrière en Afrique. Que ces milliers de candidats à l’exil et à la mort préfèrent ce triste sort à une vie citoyenne en Afrique, en dit long sur les conditions de vie dans notre cher continent et sur la capacité de notre élite à conduire le changement à l’instar de son homologue de l’Asie. L’Afrique est riche dites-vous ? Certes, mais nos Etats emploient beaucoup d’argent et de temps d’abord pour se neutraliser dans des guerres de leadership sans lendemain. L’absence totale de concertation entre les producteurs africains de pétrole, de fer, de phosphates et de cuivre, accentue le faible poids du continent face aux négociateurs mondiaux. Au lieu de faire le marché, nous subissons le marché. N’attendons pas que de sa tombe Jules Ferry vienne nous présenter des excuses pour des phrases sorties de leur contexte. Bornons –nous à travailler et à transformer le quotidien de nos populations. Alors l’histoire sera différente. 24 mai 2012 Les Afriques .5 BAROMÈTRE Chiffres 710 000 FACEBOOKER SÉNÉGALAIS Koffi Annan rappelle l’urgence aux chefs d’Etats africains Dans un rapport détaillé, l’ex-Sg de l’ONU, Koffi Annan, a appelé au forum d’Addis Abeba, les gouvernements africains à donner du travail à la jeunesse : «les gouvernements devraient s’inquiéter du bien être de leur population et imaginer des politiques qui améliorent leur vie». A méditer. Qui passent en moyenne 30 minutes par jour. La lutte fait partie de leur principal centre d’intérêt. 67 MILLIARDS DE F CFA Mali : Amadou Haya Sanogo persiste Les médiations Mali-Cédéao se heurtaient à l’heure où nous mettions sous presse à l’obstination du capitaine Amadou Haya Sanogo déterminé selon ses dires à imposer «une solution à la malienne». Une expression qui a pris de court les émissaires dépêchés à Bamako, qui ont constaté tout juste le quasirégime de résidence surveillée du président par intérim, Dioncounda Traoré. Débloqués par le gouvernement ivoirien pour la réhabilitation des universités publiques. Côte d’Ivoire : Marcel Zadi Kessy se met au travail Connu pour avoir négocié le virage serré de la privatisation des compagnies d’électricité de Côte d’Ivoire et pour avoir, socialement, transformé son village d’origine grâce à l’application de simples méthodes de collectivisme utile, Marcel Zadi Kessy est entrain de dépoussiérer le Conseil économique et social (CES). Nommé à la tête de cette institution, il y a quelques mois, ce cadre dynamique travaille à un plan d’action novateur. Nous y reviendrons. 3 386 MILLIARDS DE F CFA Capitalisation du compartiment actions de la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan le 15 mai dernier. Afrique du Sud : Mais qu’arrive-t-il à Frédéric de Klerk ? Le dernier président sud-africain, sous le régime de l’apartheid est actuellement sur la sellette pour avoir justifié le principe des bantoustans du régime d’apartheid qui privait des millions de noirs sud-africains du droit de vote. Du coup, le syndicat national des travailleurs de la Santé et ses alliés (Nehawu) a demandé que le Prix de la Paix de l’ancien président sud-africain lui soit retiré. La polémique fait rage. 86% TAUX RECORD Jonathan Goodluck, le leader Le président nigérian Jonathan Goodluck est le seul chef d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à se prononcer clairement pour l’envoi des troupes en Guinée Bissau et au Mali. Interrogés sur la question, de nombreux chefs d’Etat se plaignent de la conjoncture. Le rétablissement de la démocratie a, forcément, un prix que Goodluck ne veut pas marchander. 6 Les Afriques . 24 mai 2012 De la dette publique française le jour même de l’investiture de François Hollande. 45 MILLIARDS DE F CFA Engagés par l’UE au Bénin en 2011. Jean Ping s’accroche mordicus Alors qu’il a échoué à se faire élire les 29 et 30 janvier lors du Sommet de l’UA tenu à Addis Abeba, le gabonais Jean Ping s’accroche toujours au fauteuil de président de la Commission de l’UA. Confronté au barrage de l’Afrique du Sud, des pays de la SADC et à quelques défections de quelques uns de ses plus grands soutiens, le gabonais retrouvera sa rivale, la sud-africaine Dlamini Zuma, lors du prochain sommet de l’UA, prévu à Malawi en juillet prochain. T N E M E N ABON Tarif de base Tarif abonné fondateur 160 € 135 € 210 € 130 € 115 € 185 € 50 € (papier et web) Afrique Europe Autres pays WEB uniquement √ OUI, je souscris dès aujourd’hui un abonnement (papier et web) au tarif suivant : Afrique 130 € Autres pays 185 € Europe 115 € WEB uniquement 50 € J’INDIQUE MES CORDONNÉES JE JOINS MON RÈGLEMENT PAR Nom ......................................................................................................... Prénom ..................................................................................................... Société ou institution .................................................................................. Fonction .................................................................................................... Adresse .................................................................................................... Boite postale ............................................................................................. Code postal .............................................................................................. Ville .......................................................................................................... Pays .......................................................................................................... Tél. ........................................................................................................... E-mail ........................................................................................................ Je règle la somme de ........................ € Abonnement par virement bancaire, renvoyer le coupon par mail Groupe Les Afriques Edition & Communication S.A. Place Cornavin 14 - 16 - 1201 Genève - Suisse à l’adresse suivante : [email protected] Abonnement par carte bancaire «Paiement paypal» (voir sur notre site web : http://www.lesafriques.com) Pour les abonnements multiples, contacter [email protected] Je souhaite recevoir une facture acquittée Date et signature Tél : +212 522 233 477 Fax : +212 522 233 501 [email protected] BRUITS DE MARCHÉ Côte d’Ivoire : le budget très souverain des Ouattara Maroc : Lloyd’s Register Quality Assurance (LRQA) prospecte Si l’on en croit la Lettre du Continent, le président Alassane Ouattara dispose d’un budget de souveraineté de 300 milliards de f CFA (457 millions d’euros) contre seulement 100 milliards pour son prédécesseur. Le pactole serait géré par Téné Birhaima Ouattara, alias «Iibo», frére cadet du président ivoirien, qui est ministre chargé des Affaires présidentielles. Le cabinet de madame Dominique Ouattara fonctionne à partir du même fonds de souveraineté, selon le quinzomadaire parisien, généralement très informé des us et coutumes de la françafrique. Casablanca accueille le leader mondial de l’audit et de la certification de systèmes de management à valeur ajoutée, Lloyd’s Register Quality Assurance Mike James, directeur général de (LRQA). «Nous déLRQA (à gauche) lors d’une précédente remise d’un certificat sirons nous rapISO 50001. procher des opérateurs économiques marocains en les soutenant dans l’amélioration de leur performance», souligne à ce propos Jean-Maurice Crozet, Directeur Général Délégué, LRQA France. Pour rappel, Lloyd’s Register Quality Assurance (LRQA) dispose d’un réseau mondial de plus de 1700 auditeurs, assurant la certification de plus de 45000 clients, dont une large proportion de grands comptes internationaux (50% de 200 premiers groupes mondiaux utilisent les services de LRQA). Ex-Im Bank renouvelle son assurance export sur l’Afrique Sénégal : Cheikh Amar en ligne de mire La Banque Export-Import des États-Unis (Ex-Im Bank) renouvelle son programme «Short-Term Africa Initiative» pour une période de trois ans. Il s’agit d’offrir une couverture d’assurance-crédit à l’exportation aux entreprises américaines effectuant des ventes en direction de 18 pays d’Afrique subsaharienne pour un montant maximal de 100 millions de dollars (50 milliards de f CFA). Le Cameroun, l’Ethiopie et la Tanzanie devront bientôt être intégrés à la liste suite à une évaluation de risques. Depuis 2002, Ex-Im Bank, présidée par Fred Hochberg, a autorisé 4 milliards de dollars pour soutenir des exportations américaines vers l'Afrique subsaharienne. 8 Les Afriques . 24 mai 2012 Le patron de la société TSE n’a pas été retenu dans le marché de 6,5 milliards de f CFA relatif à la commercialisation de l’urée au Sénégal. L’Etat sénégalais a adjugé l’affaire à six sociétés que sont Agrofitex, Sedap , Agrophitx, Matix, ICS, Senchim et SEMAC. Pour les observateurs, Cheikh Amar paie avec la perte de ce monopole sa proximité avec le clan Wade. Faux rétorque une voix non autorisée, qui rappelle que Cheikh Amar était le moins disant pour la fourniture d’un marché des engrais estimé à 84 000 tonnes. Après avoir rénové la grande mosquée de Touba à coup de milliards, le vent serait-il entrain de tourner pour Cheikh Amar ? Cheikh Amar, patron de TSE Sénégal : alternance houleuse au Port de Dakar Bénin : le coûteux pari de Boni Yayi sur le coton En six ans, le président Boni Yayi a injecté 75 milliards de FCFA dans la filière coton pour l’apurement des dettes et la subvention des intrants agricoles. Aujourd’hui, le problème reste entier puisque la filière de l’or blanc cumule 75 milliards sans pour autant parvenir à portée de son objectif de production de 600 000 tonnes annuelles. Le dernier conseil d’administration du Port Autonome de Dakar (PAD) a remercié le DG, Bara Sady, un homme du sérail de Wade qui sera resté dix ans à la tête de cette institution stratégique. Le nouveau directeur général du PAD est docteur Cheikh Kanté, qui est entre autres ambassadeur de l’Université Dauphine et PDG du groupe SEMAC/GLAC. Pour la petite histoire, rappelons que la SEMAC est l’un des heureux adjudicataires du marché des engrais. Se défendant de toute collision d’intérêts, le nouveau DG du port rappelle que l’appel d’offres a été lancé bien avant sa nomination. Bon à savoir. France : nouvelle riposte à la concurrence chinoise en Afrique L’Agence pour le Développement des Entreprises en Afrique (ADEA) a joué un grand rôle dans la mise en place par la Coface (compagnie française d’assurance du commerce extérieur) de garanties au profit des entreprises françaises pour des marchés supérieurs à 1 millions d’euros ; Ce dispositif orienté sur l’Afrique permet aux entreprises de l’Hexagone de tenir la dragée haute à des chinois qui disposent de moyens de soutiens plus importants. Prochaine étape, faire bénéficier aux clients africains de conditions financières intéressantes. Entre l’offre chinoise et l’offre française, le client africain devrait trouver sa voie. Togo : bientôt une usine d’acide phosphorique RDC : plan de vol compliqué pour Jean Marc Pajot Bien loin le temps où la production du phosphate au Togo atteignait les 3 millions de tonnes. Avec à peine 800 000 tonnes, le pays perd de son importance dans la carte géopolitique de ce minerai. Plongé dans un long coma depuis quelques années, la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNTP) commence à bouger de nouveau. Dans le menu, un programme d’investissements d’une valeur de 28 milliards de f CFA pour l’acquisition des équipements performants. La phase d’exploitation nécessitera 48 milliards de f CFA. Le grand saut qualitatif reste cependant la production d’une usine d’acide phosphorique. Seul hic, où trouver les investissements nécessaires (260 millions de dollars) ? Le directeur général de la compagnie aérienne flyCongo, Jean Marc Pajot, a déclaré récemment vouloir apporter «une correction des erreurs du passé». FLyCongo envisage de s’adapter aux critères modernes. Premier chantier important, le renouvellement de la flotte. A sa prise de fonction le 16 janvier, Jean Marc Pajot a trouvé 12 avions dont 7 d’ancienne génération, quatre MT 82 provenant d’Afrique du Sud et un Boeing 767 venant des USA. A noter que FlyCongo est en fait le nouveau de nom de Hewa Bora, une compagnie qui avait connue le crash meurtrier (80 morts) d’un Boeing vieux de trente ans en juillet 2011. Pour le collectif des victimes de Hewa Bora qui réclame indemnisation, ce changement de nom consécutif à la perte de sa licence de vol ne doit pas dédouaner l’ex Hewa Bora de ses responsabilités. 24 mai 2012 Les Afriques .9 BRUITS DE MARCHÉ Gabon : guichet unique pour les titres fonciers L’ouverture prochaine d’un guichet unique pour les titres financiers permettrait de réduire les délais d’attente, estimés actuellement à 10 ans... Le directeur général de l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTIC), Yannick Mokanda, veut réduire les étapes d’obtention de 134 à 7 et de 10 ans à 6 mois. Reste à mettre en musique toutes les administrations concernées. Maroc : Sogatour devient Hotels & Resorts of Morocco (HRM) Sogatour, la filiale de CDG Développement en charge de la gestion du parc hôtelier, opère une refonte stratégique en devenant HRM. La nouvelle entité vise à se positionner comme l’acteur incontournable du secteur hôtelier au Maroc. Portée par les nouvelles ambitions du Groupe CDG dans le cadre de la nécessaire structuration du secteur, la filiale entend moderniser son portefeuille, qui comporte actuellement 15 hôtels, et l’étendre à d’autres établissements. Côte d’Ivoire : l’initiative PPTE avant le 30 juin USA : une tête tombe à JP Morgan En six semaines, JP Morgan qui a gagné 5 milliards de dollars a perdu 2 milliards dans des positions hasardeuses. C’est Ina Drew, Directrice des le dénouement de l’affaire de la baleine dont la investissements JP Morgan presse financière s’était faite l’écho en avril dernier. En réaction, la banque a limogé sa directrice des investissements, Ina Drew, l’une des femmes les plus puissantes de Wall Street, qui met fin à une carrière de trente ans. La purge devait aussi se poursuivre à Londres où plusieurs responsables de la salle de marché devaient tomber. Macky Sall plus riche que François Hollande François Hollande, le nouveau président français, dispose d’un patrimoine de 1,19 millions d’euros contre 2 millions d’euros pour son homologue sénégalais, Macky Sall. Faut-il déduire qu’une carrière politique est plus rentable financièrement à la tête d’un PMA et PPTE qu’à la tête de la cinquième puissance économique mondiale ? Nouvel emprunt de la Côte d’Ivoire La Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP) de Côte d’Ivoire a entrepris le lancement d’un emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé TPCI 6,00 % 2012-2015. Il s’agit de récolter 60 milliards f CFA par émission de 6 millions d’obligations d’une valeur nominale de 10.000 f CFA chacune. Cette levée permettra de faire face aux travaux de la reconstruction post-crise. Madani Tall, Directeur des Opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire «Si tout se passe bien, la Côte d’Ivoire devrait atteindre le point d’achèvement avant le 30 juin», déclare Madani Tall, directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire. L’institution mondiale qui doit tenir son conseil d’administration le 26 juin, soit un jour après celle du FMI, se garde pour le moment d’avancer des promesses fermes. 10 Les Afriques . 24 mai 2012 Alassane Ouattara, Président de la Côte d'Ivoire Hollande ne viendra pas à Kinshasa ? Erratum Dans le n°201 du magazine Les Afriques, paru du 10 au 16 mai 2012, nous regrettons une malencontreuse erreur, à la page 14. Sur le titre, il fallait lire, «Yann Caillère remplace Gérard Pélisson à la présidence de Risma», au lieu de «Amine Echerki remplace Gérard Pélisson». toutes nos excuses auprès de nos lecteurs et du groupe Accor. L’Espagne créé une «Bad Bank» François Hollande, président de la République française François Hollande pourrait ne pas venir au prochain sommet de la Francophonie à Kinshasa. «Pour autant le ciel ne nous tombera pas sur la tête», déclare un haut responsable du camp présidentiel, qui espère avec l’arrivée des socialistes, des rapports Paris-Kinshasa moins condescendants. Pour leur part, les partisans de l’opposant Etienne Tisekeddi ont écrit au nouveau président français, l’invitant à soutenir la volonté populaire. Richard Attias tient forum à Libreville Le franco-marocain Richard Attias veut faire du New York Forum prévu à Libreville du 8 au 10 juin «le plus grand rassemblement de décideurs économiques». Les personnalités se bousculent au portillon. Cas de Muriel Robini, le chairman de la City Bank ou encore du président Ali Bongo, qui viendra défendre son engagement et sa foi en une Afrique Verte. Le Forum se déroulera en trois langues (Français, Anglais et chinois). Notons que durant le même mois de juin, Attijariwafa Bank tiendra son grand forum des hommes d’affaires africains au Maroc. Richard Attias, homme d'affaires L’Espagne créé une «Bad Bank» sur le modèle irlandais. Ce véhicule réunira tous les actifs toxiques des banques espagnoles estimés à 184 milliards d’euros. La débâcle des institutions bancaires de ce pays membre de l’Union Européenne a entraîné la nationalisation de la quatriéme banque. L’Etat espagnol dirigé par la droite a déjà injecté 19 milliards d’euros pour soutenir son secteur bancaire. Les prochains jours seront décisifs. Mauritanie : le cadavre de Mauritania Airways En pleine Commission mixte mauritano-tunisienne, la mise en liquidation de la compagnie aérienne Mauritania Airways a été suspendue. Motif avancé, la partie mauritanienne, en l’occurrence l’homme d’affaires Bouamatou, actionnaire important de la compagnie, ne voulait pas de la liquidation. Pour le personnel, il s’agit là d’une manœuvre visant à retarder le paiement de ses droits. En attendant, les sit-in se multiplient au siège d’une compagnie qui a vu du jour où au lendemain son staff tunisien prendre la clé des champs. Ce dignitaire camerounais qui disait que mieux vaut une «coopération sûr-sûr qu’une coopération sudsud n’a pas tort. 24 mai 2012 Les Afriques . 11 ARRÊT SUR IMAGE Népal L’homme le plus court du monde, Chandra Bahadur Dangi, âgé de 72 ans, sourit au monde du haut de ses 54,6 centimétres. 12 Les Afriques . 24 mai 2012 24 mai 2012 Les Afriques . 13 VERBATIM Fours Feu «Il n'y avait pas de fours, c'est un mensonge (...) Il n'y avait pas de chambres à gaz non plus», Nikolaos Mihaloliakos, dirigeant du parti grec d'extrême-droite «Aube dorée», «Un feu de prairie de dette est en train de ravager l'Iowa et notre pays, et les jours s'écoulent sans que nous agissions, alors que ce feu se rapproche des maisons et de nos enfants bien-aimés» Le présidentiable républicain Mitt Romney à propos de la Shoah. Diversion Pour le président Macky Sall c’est très facile de justifier ses revenus : il a été directeur général, ministre d’Etat, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale. Donc c’est un faux débat et une diversion…» El Hadj Kassé, Conseiller spécial du chef de l'Etat sénégalais Problèmes «Je ne peux régler en 5 mois des problèmes de 50 ans» L’islamiste Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain Sacré «Le vendredi est un jour sacré pour les musulmans. Mais qui sont les musulmans et qui ne sont pas les musulmans ?» L’activiste mauritanien Biram Ould Dah Abeid arrêté pour avoir incinéré des livres légitimant l’esclavage. Génération «Ma génération a fait son temps» Abdelaziz Bouteflika, président d’Algérie Transaction «Ma détention prolongée serait à l'instigation du président français et aurait pour but de l'empêcher de révéler les détails de cette transaction...». L'ex-Premier ministre libyen Al Baghdadi Al Mahmoudi à propos du financement de la campagne de Sarkozy en 2007. Temps «Peu importe le temps que cela prendra, je vais diriger l’ANC. Je ne suis pas inquiet avec ce qui se passe en ce moment, c’est un test» Julius Malema, l’ex-leader des jeunes du Congrès national africain (ANC) 14 Les Afriques . 24 mai 2012 Liés « Cela a été dit avant moi, que pauvreté et emploi apparaissent organiquement liés. Car quand on parle d’emploi, on pense à tous les jeunes diplômés, disons, qu’ils sont sous employés ou au chômage. Sacrifier cette jeunesse, c’est accabler nos pays dans la pauvreté » Idriss Deby Itno, président du Tchad Avoir «David Beckham est l'un des rares gars qui peut être un dur sur le terrain, et avoir en même temps sa propre ligne de sous-vêtements» Barack Obama à propos de l’ancienne gloire de Manchester SUR LE WEB … Paul Kagamé Champion du Tweet Si le président rwandais excelle dans Tweeter, d’autres tardent encore à succomber aux vertus de ce média social ? Quid d’Ali Bongo, de Jacob Zuma, de Macky Sall ... ? L e dernier tweet posté par le président sud-africain Jacob Zuma date du mois de mars 2012, et c’était pour annoncer son arrivée à Kimberely (Nord-Ouest du Cap). En tout et tout, le président de la nation arc en ciel n’a posté que 87 tweet depuis qu’il a rejoint ce média social. A ce rythme, ces 118 579 abonnés devraient bientôt s’en lasser. C’est sans conteste Paul Kagamé (61 061 abonnés) qui est le chef d’Etat africain le plus habitué à Tweeter. Dans la seule journée du 10 mai, le président rwandais a posté cinq messages, commentant les résultats du forum d’Addis Abeba sur l’économie africaine. Le premier mai, l’ancien rebelle livre un mini discours sur le Net exaltant la valeur travail, chemin qui mène vers la dignité. Entre une petite pique sur la Banque mondiale (16 avril), des félicitations à l’équipe zambienne de football, victorieuse de la CAN, le président partage sa vision de l’Afrique et de son pays sans passer par les canaux déformants des communicants. Les spins doctors se laisseront-ils courtcircuiter ainsi encore longtemps ? Pas tout à fait, puisque, à parcourir rapidement la page des supporters d’Ali Bongo, l’on remarque un encadrement serré du verbe. La communication sur le président est faite à la troisième personne dans le dernier tweet posté… le 14 août 2009, ce qui correspond dans l’échelle temporelle du web, à l’ère glaciale. Autre chef de l’Etat abonné à tweeter, Macky Sall. La dernière fois que le président sénégalais a tweeté, c’était le 24 avril, bien avant son sacre. «Je félicite les lionceaux pour cette qualification aux jeux olympiques de Londres. Au nom de la Nation…». Nul doute, Macky ne tweete pas comme Kagamé ou Zuma, mais bien entouré de ses conseillers. Or, tout l’intérêt des retombées d’un tweet est de faire sentir à ses «followers» (2952 dans le cas du président sénégalais) la spontanéité du message, échappé comme un cadeau du ciel du protocole et de la bureaucratie. Dans un message publié le 18 avril, Macky sert à ses abonnés une lourdeur qui rappelle les discours sous Louis XVI : «la conférence de presse avec mon homologue français Nicolas Sarkozy»… Inutile dans ce florilège de présidents abonnés à Tweet de chercher le capitaine Amadou Sanogo, sans doute occupé à se faire reconduire vers le pouvoir qu’il avait fait mine de céder, ou encore Mohamed Abdel Aziz de Mauritanie, pourtant bon orateur. Par contre, la page du président Paul Biya (673 abonnés et 57 tweet) est bien là, figée depuis le 18 octobre avec ce message solennel en français et en anglais : «ensemble, nous allons encore faire de grandes choses», adressé au peuple camerounais. Même solennité guindée de la part du président Faure Gnassingbé, suivis par 1354 internautes, et qui a utilisé le «Je» pour la dernière fois le 22 septembre 2009, pour dire : «mon avion a atterri à 18 heures (22 heures GMT) à l’aéroport de Teteboro dans le New Jersey. Et si tous nos présidents allaient fraternellement effectuer des stages d’utilisation des médias sociaux sur les hauteurs de Kigali ? Adama Wade Paul Kagamé, président de la République du Rwanda Les Smartphones et les joues tombantes Les adeptes des nouveaux bijoux de technologie seraient victimes du «visage Smartphone» («Smartphone face», en anglais), peut-on lire sur le magazine en ligne I 7 sur 7. Les experts de l'American Society of Plastic Surgeons pensent que l'utilisation prolongée de GSM pourrait être à l'origine des bajoues. En cause, de longues heures passées sur les tablettes, GSM et autres ordinateurs, le visage penché en avant. La tablette i Pad fait des ravages Lors présentation des résultats enregistrés par Apple au dernier trimestre. Tim Cook, le PDG de la firme, en a profité pour dire que pas moins de 11,8 millions d’i Pad ont trouvé preneurs, soit plus du double par rapport au même trimestre de l’année précédente. Cook a d’ailleurs fait un petit commentaire amusant sur la situation : «Deux ans après avoir lancé le premier iPad, nous avons vendu 67 millions d’exemplaires du produit. Il nous aura fallu 24 ans pour vendre autant de Mac, 5 ans pour vendre autant d’i Pad et plus de 3 ans pour écouler autant d’i Phone. Et si vous êtes tentés de prendre des parts dans Facebook C’est sans conteste Paul Kagamé (61 061 abonnés) qui est le chef d’Etat africain le plus habitué à Tweeter. L’entrée prochaine de Facebook en Bourse pour une capitalisation estimée à 100 milliards de dollars risque de faire des déçus. Les 900 millions d’utilisateurs ne bénéficient d’aucun traitement de faveur. Les 337 millions d’actions mises à prix entre 28 et 35 dollars iront d’abord, comme c’est le cas lors des introductions, aux investisseurs institutionnels et aux particuliers les plus aisés. Le plus célèbre réseau social au monde est tout sauf socialiste. 24 mai 2012 Les Afriques . 15 BANQUES ASSURANCES Forte montée des risques à la BCP suite à l’affaire Comarit Le portefeuille de la Banque Populaire devra particulièrement souffrir de l’affaire Comarit. Au-delà d’un effort de provisionnement exceptionnel, c’est de l’usage pratique des règles prudentielles édictées par Bank Al Maghrib dont il s’agit. Comment la BCP s’est retrouvée aussi loin de ses normes ? L Racheter la Comanav Ferry n’était-il pas le meilleur moyen d’asseoir sa domination sur le trafic juteux entre TangerNador et les différents ports méditerranéens (Marseille, Sète, Algésiras) ? 16 Les Afriques . 24 mai 2012 es déboires de la Comarit ont commencé le jour où l’homme d’affaires Abdelmoula, figure omnipotente du capitalisme tangérois et armateur à succès, décide de racheter Comanav Ferry auprès de la CMA-CGM. Nous sommes en 2009. L’opération est largement commentée par les banquiers mais aussi par des professionnels étonnés qu’un des leurs, déjà très endetté, puisse faire de nouvelles acquisitions par le biais d’un prêt de la Banque populaire et, de surcroît, s’offrir une position dominante sans faire réagir le ministère de l’équipement et du transport. A la tête d’un pool bancaire local, la BCP avait-elle fait la due diligence nécessaire au moment d’accorder ce prêt financé à guichet ouvert ? Ce financement at-il été effectué dans le respect de la réglementation bancaire et l’obligation de conseil ? Y-a-t-il eu soutien passif voire abusif ? Cela d’autant qu’une année avant ce rachat, le patron de la Comarit venait de conclure un divorce onéreux avec ses partenaires norvégiens. Ces derniers ne souhaitaient pas que le fils d’Abdelmoula, le très médiatisé Samir Abdelmoula, éphémère maire de Tanger, accède à la tête de la Compagnie. En bon homme d’affaires, le patriarche Abdelmoula fait mine de vouloir se désengager, valorisant la Comarit au prix fort. Les norvégiens, véritables loups de mer, sautent sur l’occasion et, bien accrochés à la valorisation proposée par leur partenaire marocain, proposent d’en sortir. Piqué sur le vif par ce coup de Trafalgar, Abdelmoula cède et lâche un chèque douloureux : 70 millions d’euros, accordés grâce à la BCP. C’est le prix déboursé par le patron de la Comarit pour se retrouver seul maître à bord et imposer son fils aux commandes. Alors qu’un tel rachat préconisait une navigation prudente, voilà qu’intervient l’affaire du rachat de la Comanav Ferry. En fait un piège tendu par l’armateur franco-libanais Jacques Saadé, acquéreur du groupe Comanav par le biais de la privatisation et qui, au lendemain même de son acquisition, a voulu se débarrasser du pôle passagers. La plupart des compagnies méditerranéennes déclinent poliment l’offre. Les navires de la Comanav étaient vieux, ayant largement dépassé leur délais d’amortissement. Alors que Balearia et Transmediterranea déclinent poliment, l’homme d’affaires Abdelmoula se jette dans le bain. Racheter la Comanav Ferry n’étaitil pas le meilleur moyen d’asseoir sa domination sur le trafic juteux entre Tanger-Nador et les différents ports méditerranéens (Marseille, Sète, Algésiras) ? Montant de cette acquisition : 800 millions de dirhams déboursé à Jacques Saadé et payables en plusieurs traites grâce encore une fois à la BCP. Abdelmoula s’impose sur le Détroit. Comarit et Comanav Ferry, l’absence de synergie. C’est ce jour là, témoigne un opérateur privé, que les déboires ont vraiment commencé. «Rien n’est fait pour assurer la synergie entre la Comarit et la Comanav Ferry. Dommage que les banquiers considèrent naïvement leur mission finie dés qu’ils ont accordé un financement à un entrepreneur», soupire notre opérateur qui rappelle qu’à cause du cas Comarit, les fournisseurs exigent désormais aux BCP Siège à Casablanca 24 mai 2012 Les Afriques . 17 BANQUES ASSURANCES Mohamed Benchaâboun, président directeur général de la Banque centrale populaire (BCP) Dans un ultime rebond de cette affaire qui sent la manœuvre de Boutakoff, les banques se voient proposées un plan inédit qui porte la signature de Toufiq Ibrahimi, ex président de la Comanav, à la tête d’une nouvelle entité, Morocco Ferries, doté d’un capital d’un million de dirhams. 18 Les Afriques . 24 mai 2012 armateurs de payer d’avance. A la tête des deux entités, la famille Abdelmoula a plutôt privilégié le mode de l’évolution séparée. Son côté sentimental lui fera privilégier la Comarit, son bébé, au détriment de la nouvelle acquisition. La concurrence est vive entre les deux compagnies sensées travailler en harmonie. Les luttes de pouvoir sont implacables. Le chef d’armement de la Comarit s’impose de facto sur celui de la Comanav. Le chiffre d’affaires des deux compagnies, qui avoisinait en ce moment 2,5 milliards de dirhams, évolue mais moins vite que la montée des charges sociales et les coûts d’une gestion qu’il reste à évaluer. Affaire embarassante pour Aziz Rebah N’importe quel acquéreur aurait préconisé au moment de la reprise un plan social. Abdelmoula se contente de traquer les charges, allant jusqu’à tailler sur les repas et traitements de marins et à chercher des économies de bout de chandelles. Les 1 700 salariés sont démotivés. La crise guette, approche et finit par éclater avec la série de saisies qui frappent le groupe depuis janvier dernier. Début mai, 10 des 11 bateaux étaient sous le coup d’une saisie conservatoire dans des ports européens . Le dernier ferry encore en activité navigue avec une épée de Damoclés pendante. L’un des créanciers qui ont exercé la saisie n’est autre que le franco-libanais Jacques Saadé qui réclame les impayés relatifs à la vente de la compagnie. Le dossier finit par tomber dans les mains d’Aziz Rebah, nouveau ministre de l’équipement et du transport, qui passera tout le mois d’avril à essayer à trouver un arrangement. Dans un premier temps, le ministre a voulu solliciter des établissements publics comme la Caisse de Dépôt et de Gestion. Il reviendra bredouille. La forte dimension sociale du dossier oblige le ministre à prendre les devants, lançant un appel d’offres pour la desserte des lignes de la Comarit afin de ne pas perturber l’opération de retour des MRE (marocains résidents à l’étranger) qui affluent par milliers vers leurs pays d’origine entre juillet et septembre. Dans un ultime rebond de cette affaire qui sent la manœuvre de Boutakoff, les banques se voient proposées un plan inédit qui porte la signature de Toufiq Ibrahimi, ex président de la Comanav, à la tête d’une nouvelle entité, Morocco Ferries, doté d’un capital d’un million de dirhams. En gros, ce plan propose aux créanciers de mettre en place une nouvelle société qui va affréter les navires durant la haute saison. Le sursis accordé à la Comarit permettra à la compagne de poursuivre son activité, en attendant la recapitalisation et l’entrée d’un industriel dans le capital. Morocco Ferries devait poser 100 millions de dirhams et lever le double sur le marché. Préalable posé pour la réussite de ce plan, un accord entre toutes les parties concernées et le paiement des 7 mois d’arriérés de salaires du personnel. Les Abdelaziz Rabbah, ministre marocain de l'équipement et du transport Tout porte à banques, la BCP en tête, hésitent de donner leur garantie dans un plan qu’elles jugent risqué et la condicroire que la tionnent à celle de l’Etat. Comarit est La bataille du Détroit est elle perdue ? lâchée par ses Finalement, c’est la compagnie italienne Grandi Navi qui assurera les lignes reliant Sète à Tanger et créanciers qui Veloci Nador pendant une année. Les 200 marocains abansur le port de Sète, qui ne pouvaient pas quitpréfèrent faire donnés ter leur poste (l’abandon de navire pourrait leur face aux coûter leur carrière), ont été bénéficiaires d’une décision inédite du Conseil d’administration de ce port conséquences français : celui –ci a accepté de renverser la règle des financières de ce créances privilégiées et passer sa redevance impayée naufrage plutôt que d’accorder Le casse-tête de la BCP Une éventuelle disparition de la Comarit provoune rallonge de gros dégâts auprès des banques créansupplémentaire querait cières dont la BCP, chef de file. L’encours dû par est évalué entre 2 milliards. En cas qui aurait permis ladeCompagnie liquidation, les banques auront à faire face à des coûts avoisinant les 3 milliards de dirhams. de sauver la L’enjeu porte aussi sur environ 1700 emplois. Les saison et, peut banques ont pourtant une solution : débourser besoins financiers de la compagnie évalués à être, la Comarit. les 450 millions de dirhams. Reste à leur assurer que par la Comarit (130 000 euros) en deuxième position après le salaire des marins. Tout porte à croire que la Comarit est lâchée par ses créanciers qui préfèrent faire face aux conséquences financières de ce naufrage plutôt que d’accorder une rallonge supplémentaire qui aurait permis de sauver la saison et, peut être, la Comarit. En conséquence, le Maroc qui assurait une quote part de 48% dans le trafic du Détroit voit celle-ci retomber à moins de 10% suite à la disparition de la Comarit. La réduction de l’offre entraînera sûrement une élévation de tarifs qui constituerait une mauvaise nouvelle pour les travailleurs marocains résidents à l’étranger. Adama Wade la rallonge ne sera pas un jour comptabilisée dans les pertes additionnelles. C’est ce qui explique le refus de la BCP qui sait qu’en ne volant pas au secours de son client elle se retrouvera face à une perte sèche. Dans tous les cas, la continuation des activités de la Comarit, par le biais d’une société de gestion ou d’une société locataire, ou par une reprise industrielle, ne pourra pas se faire dans sa configuration actuelle, mais à travers la rupture avec le passé et le passif. 24 mai 2012 Les Afriques . 19 BANQUES & ASSURANCES Chris de Noose, Dg de l’Institut mondial des Caisses d’Epargne 20 Les Afriques . 24 mai 2012 Chris de Noose «Les vraies Caisses d’Epargne n’ont pas eu de crise» Dans les pays en voie de développement, les Caisses d’Epargne et les banques de détails peuvent jouer un rôle accélérateur de développement. C’est l’avis de Chris de Noose, directeur général de l'Institut Mondial des Caisses d’Epargne. Entretien réalisé en marge du 23e congrès mondial des Caisses d’Epargne tenu à Marrakech les 10 et 11 mai 2012. L es Afriques : La crise financière a eu raison de plusieurs Caisses d’Epargne en Europe, que seraient vos actions pour donner un coup de main à ces pays ? Chris de Noose : Laissez-moi vous dire que les vraies Caisses d’Epargne n’ont pas eu de crise. Ceux qui ont su garder de vraies Caisses d’Epargne n’ont pas eu de problèmes. Leurs pays n’ont pas subi de crise financière. De fait, la crise financière qui a été suivie par une crise économique dans plusieurs pays, a eu raison effectivement de plusieurs pays, l’état des lieux est plus frappant en Espagne. LA : Sur ce point, quelle lecture faites-vous de ce qui se passe en Espagne ? Est ce qu’il y a la possibilité d’une propagation dans d’autres pays d’Europe ? Chris de Noose : Espérons que non. Nous allons dans tous les cas, travailler pour stopper le mal. Mais tout dépend aussi de notre capacité à réussir une nouvelle relance économique. Pour l’Espagne, personnellement, je n’ai pas trop d’espoir quant à une reprise économique rapide. Et c’est là que réside le problème. Si on avait moins de chômage, peut être. Or, vous savez, qu’aujourd’hui, en Espagne, le taux de chômage a atteint les 24,5%, et les gens qui sont en chômage ne peuvent pas rembourser leurs prêts. S’il y avait une reprise économique cela aurait été possible. LA : Quel regard portez-vous sur les réalisations des Caisses d’Epargne de part le monde ? Chris de Noose : Les Caisses d’Epargne demeurent des exemples réussis qui ont fait preuve d’une puissante capacité à se développer avec un minimum de dégâts. Dans les pays sous développés et en voie de développement, le modèle des Caisses d’Epargne et des banques de détails est pertinent. Il permet de trouver des compromis sociaux. Pour moi c’est le meilleur modèle. LA : Quelles sont vous pronostics économiques pour la fin 2012 début 2013 ? Pour l’Espagne, personnellement, je n’ai pas trop d’espoir quant à une reprise économique rapide. Et c’est là que réside le problème. Si on avait moins de chômage, peut être. Or, vous savez, qu’aujourd’hui, en Espagne, le taux de chômage a atteint les 24,5%. Chris de Noose : J’espère que ça ira un peu mieux, il faut dire que les dirigeants européens ont senti qu’il ne faut pas penser, uniquement, argent. Mais préparer au fur et à mesure une éventuelle reprise économique. En mi-mai, on organisera un Sommet à Bruxelles, pour prendre des décisions sur le sujet. LA : Quel bilan faites-vous du 23éme congrès des Caisses d’Epargne tenu à Marrakech les 10 et 11 mai ? Chris de Noose : L’idée de Bill Gates d’équiper tous les bureaux, dans les quatre coins du globe, d’un ordinateur m’a beaucoup inspiré. En se promenant dans le quartier général de Bill Gates, j’ai tout de suite su quelle serait l’idée de la déclaration de Marrakech. Finalement, Bill Gates a atteint en quelque sorte son objectif. L’accès au finance est notre défi à nous. La proximité est le mot d’ordre de ce défi. La déclaration de Marrakech, en toute liberté, cherche à éliminer les distances entre les deux rives du financement. C'est-àdire, les banques, les Caisses d’Epargne et les clients, le citoyen lambda. On vous donne rendezvous dans trois ans à Washington pour voir à quel point on va s’approcher de cet objectif. Propos recueillis par Sanae Taleb, Casablanca 24 mai 2012 Les Afriques . 21 BANQUES & ASSURANCES Marrakech Capitale mondiale de l’épargne La Mecque touristique marocaine a été pendant deux jours la capitale des Caisses d’Epargne du monde, le temps d’un congrès riche en débats. Les Afriques était au cœur de l’événement. «E n ces temps de turbulence, plus que jamais, l’épargne doit retrouver sa plus simple expression». Cette phrase de Chris De Noose, directeur général de l’Institut Mondial des Caisses d’Epargne (IMCE), reflète l’une des résolutions prises lors de ce 23ème Congrès des Caisses d’Epargne tenu à Marrakech les 10 et 11 mai dernier. En effet, après plusieurs séances de discussions, les 500 professionnels participants à ces débats ont tranché. Il est impératif de favoriser la diversité des prestataires financiers pour les aider à réaliser une viabilité et une inclusion financière plus facile. Les membres d’IMCE réaffirment leur attachement à l’inclusion financière. Dans ce cadre, l’inclusion financière est synonyme d’«exclusion bancaire» qui est directement liée à 22 Les Afriques . 24 mai 2012 l’exclusion sociale. Aujourd’hui, les mesures d’inclusion financière sont devenues des priorités pour les banques de détails. Ces derniers doivent nouer une forte relation avec leur environnement. Sur ce point, Chris De Noose parle de «globalisation» des banques et des Caisses d’Epargne. Pour lui, une banque d’épargne est d’abord une articulation financière entre le local et l’international. Les deux dimensions se développent, simultanément, pour garantir un environnement innovant et riche en alternatives. En d’autres termes, les intervenants à ces séances plénières ont appelé à une démocratisation des capitaux. Ainsi, les congressistes se sont donné le mot. Désormais, en finance internationale, le malheur des uns ne fera jamais le bonheur des autres. Sous l’ère de la mondialisation, il faut chercher Nexim Bank en phase avec l’investissement indien Roberts U. Orya, directeur général de Nigeria Export Import Bank (Nexim Bank), souligne que l’année 2012 est plus que jamais celle de la diversification des sources de revenus pour le Nigéria. Il trouve que c’est la seule option à une époque où les revenus du pétrole sont devenus vulnérables, parce que subissant à la fois des déficits de production et la volatilité dans les marchés internationaux. Cet avis est partagé par un certain nombre d’experts qui saluent du reste les efforts de diversification de la banque. Cette institution bénéficiera certainement des quelque 250 projets, d'une valeur 30 milliards de $, dans divers secteurs, notamment ceux des infrastructures, de l'exploitation minière, de l'agriculture, des télécommunications et de la santé, discutés à la dernière Convention d’Exim Bank en Inde. Il est ressorti ce cette conclave que 8 grands entreprises indiennes ont décidé de mettre le cap sur le Nigeria, une destination de choix sur le continent, vu la taille de son marché. Anas Alaoui, directeur général de la CDG Maroc Quatre institutions de microfinance sur la sellette au Ghana Les congressistes se sont donné le mot. Désormais, en finance internationale, le malheur des uns ne fera jamais le bonheur des autres. La banque centrale du Ghana (Bank of Ghana, BoG) entend remettre de l’ordre dans la branche de la microfinance. Ainsi, l’institut d’émission va très probablement procéder à la fermeture de 4 institutions de microfinance non agréées. Ces établissements qui ont entamé des opérations pourraient être contraints à cesser leurs activités. Il s’agit de la Microfinance Medlorm Ltd, d’African Guarantee Trust Ltd, d’Abbey Cash Microfinance Ltd et de Swift Financial Services. Franklyn Belnye, chef de la supervision bancaire à BoG, qui laisse entrevoir une porte de sortie. Pour un regain de la bancarisation au Nigéria à amener tout le navire à bon port. De la sorte, «l’ancrage territorial des institutions bancaires prend une autre connotation. Pour garantir des marchés bancaires stables, il s’est avéré, nécessaire, de protéger la coexistence des différentes structures d’épargne. Les Caisses d’Epargne financent l’économie, et de part ce rôle, elles doivent obéir, aussi, à un détachement dans leurs rapports avec les Etats. La neutralité est la règle d’or à respecter», explique Yves Hubert, président du Conseil d’Orientation et de Surveillance de la Caisse d’Epargne de Picardie, une banque française de proximité avec 116 agences. De fait, depuis toujours, le secteur bancaire a su contribuer au développement financier. Si aujourd’hui la machine tombe en panne, c’est que l’un des maillons de la chaîne est afonctionnel. Pour José Maria Mendéz, directeur général de la Confédération Espagnole de Cajas de Ahorros (CECA), «quand la confiance des épargnants et l’engagement des emprunteurs rejoignent la rationalisation du profit par la banque, on est à l’abri. Le déséquilibre entre les trois mène à la crise. Quand les épargnants paniquent et retirent leur argent, ils privent les banques de leurs sources de liquidité, les emprunteurs se retrouvent, par la Alain Lemerre, nouveau directeur général de la banque française Caisse d'Epargne, Yves Hubert, président du Conseil de surveillance et Bernard Comolet, nouveau président du groupe La Word Savings Banks Institute en question La WSBI (World Savings Banks Institute) réunit 111 membres qui représentent 6000 Caisses d’Epargne et banques de détail socialement engagées. Les membres de WSBI offrent leurs services principalement aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises et aux autorités locales. Ils opèrent à travers des réseaux étendus de distribution qui leur permettent d’offrir des services de proximité, de portée régionale et de développer une approche socialement responsable dans leurs activités et en faveur de la société. Le réseau de WSBI couvre 89 pays à travers le monde, aussi bien dans les régions en développement que dans les régions développées. Le Congrès de WSBI, organisé tous les 3 ans, est un forum offrant aux représentants des banques d’épargne et de détail de tous les continents, l’opportunité de rencontrer leurs homologues et leurs partenaires d’autres pays, d’échanger leurs expériences et de renforcer leur réseau afin de développer des actions de coopération. Ainsi, après l’édition de 2009 à Santiago au Chili et celle de 2012 à Marrakech, les participants se sont donnés rendez-vous en 2015 à Washington pour la 24ème édition du Congrès Mondial des Caisses d’Epargne. La Central Bank of Nigeria (CBN) ambitionne de pousser les nigérians à ouvrir 63 millions de comptes d'épargne en 2020. Cet objectif rentre dans le cadre de sa stratégie d’inclusion financière de l’institut d’émission. Pour mémoire, cette démarche doit se réaliser en collaboration avec les banques commerciales et de la microfinance. Le taux de progression de la bancarisation des populations attendu tourne autour de 12% par an, entre 2011 et 2020. D’ailleurs, à mi-chemin de cette date, le régulateur fixait un objectif initial de 39 millions de comptes en 2015. HFC Bank (Ghana) s’inscrit dans la croissance Asare Akoffu Profitant de l’Assemblée générale annuelle de la banque, Asare Akoffu, directeur général de HFC Bank, s’est félicité d’un bon comportement en 2011. «Dans un environnement difficile des taux d'intérêt et des marges, nous avons pu réaliser une croissance importante de nos actifs et des bénéfices», a-t-il indiqué. Cette croissance a surtout été portée par une réduction du coût des fonds et l’amélioration de la qualité du portefeuille de prêts. Aujourd’hui, il reste à réussir la satisfaction des exigences de capital au cours du premier semestre 2012, pour porter les fonds propres à environ 100 millions de cedi ghanéen (1 GHS = 0,5337 $). 24 mai 2012 Les Afriques . 23 BANQUES & ASSURANCES Soutien de la Banque mondiale aux utilités au Burundi suite, forcés à se désengager. La crise en Espagne peut nous servir de leçon làdessus». Non loin de l’Espagne, l’Italie souffre d’un autre type de déséquilibre. Pour Antonio Miglio, vice-président de la fondation de la Casse di Risparmio Spa, «la crise en Italie est surtout une crise de la dette publique». Et d’ajouter, «pendant très longtemps, l’Etat a pensé à s’occuper de tout. Il a été au four et au moulin. En Italie, la crise n’a pas touché comme c’est le cas en Angleterre, en Allemagne en Espagne et en France, les banques de détails, mais elle a endetté l’Etat. Notre malheur est ailleurs. Dans le passé, l’Etat a fait des endettements pour que les italiens deviennent riches. Aujourd’hui plus de 10% des riches de l’Italie ont une fortune qui dépasse deux fois la dette publique. On est face à un paradoxe, alors que les riches de l’Italie accumulent des fortunes, la dette publique explose. L’Italie est une nation hyper-endettée. Il faut, tout simplement trouver un équilibre. Notre dette dépasse les 70 milliards d’euros. Pour relancer la croissance, les riches doivent injecter des fonds dans l’économie». Antonio Miglio insiste sur le courage que doit avoir les hommes politiques pour prendre des décisions concernant ce point. Ceci dit, pour cet expert italien, la pression de la rue aura son mot à dire dans cette combinaison. Dans ce contexte, et techniquement parlant, Antonio Miglio déclare que l’option de la nationalisation des banques est toujours d’actualité. «Si certains experts s’attachent à rejeter une telle solution d’autres avouent sa vertu. Les récentes nationalisations de certaines banques américaines, espagnoles et même anglaises nous servent de leçon». Rappelons, qu’en fuyant le loup, les Etats peuvent rencontrer la louve. Le risque, dans ce cas, est que les agents de l’économie c'est-à-dire le banques n’aient plus un accès libre aux financements et aux marchés. Une agence Poste du Maroc On est face à un paradoxe, alors que les riches de l’Italie accumulent des fortunes, la dette publique explose. Sanae Taleb, ES à Marrakech Réunion du Groupe Régional Afrique de WSBI En marge du 23ème Congrès de WSBI, le Groupe Régional Afrique de WSBI a tenu le 8 mai 2012 à Marrakech sa 18ème réunion à laquelle la CDG et Poste Maroc, à travers sa filiale Al Barid Bank, ont pris part en tant que membres. Cette réunion 24 Les Afriques . 24 mai 2012 régionale dont le thème est «Faire face à la compétition» était l’occasion de discuter des meilleures stratégies de distribution multi canal et de mise en œuvre de systèmes d’informations bancaires adaptés. Afin de poursuivre la réalisation des infrastructures publiques et des projets de gestion urbaine au Burundi, le Conseil d'administration de la Banque mondiale a approuvé une subvention de 15 millions de $. Il s’agit d’une rallonge devant permettre à ce pays de consolider les progrès réalisés au cours de la phase initiale du projet qui vise à accroître l'accès aux services socioéconomiques de base et les possibilités d'emploi à court terme dans les zones cibles. En outre, le projet s'est concentré sur les villes sélectionnées, à savoir Bujumbura, Gitega et Ngozi. A terme, il devra répondre au besoin de développement institutionnel dans la gestion municipale et asseoir une décentralisation effective. China Investment Corporation cible davantage l’Afrique En marge de la session du Forum économique mondial sur l’Afrique, organisée du 9 au 11 mai à AddisAbeba, capitale éthiopienne, Gao Xiqing, directeur général du fonds souverain chinois China Investment Corporation (CIC), a affiché une réelle disposition de l’institution qu’il dirige, pour accroître ses investissements en Afrique. Le patron de CIC n’a pas exclu des domaines d’activités, mais ce sont surtout les infrastructures qui seront visées, dans un premier temps. Toujours est-il que sur des projets à petite échelle, le fonds CIC collabore avec le Fonds Chine-Afrique de développement pour investir en Afrique. Il n’a pas conclu sans soutenir qu’en raison de sa croissance économique continue, l’Afrique est un continent prometteur pour les investisseurs. BOURSES & FONDS Bourse La BRVM trouve le bonheur dans le pré L’agriculture a largement contribué à la hausse de l’indice BRVM 10 pour le compte du premier trimestre 2012. Preuve que depuis Verlaine le bonheur est toujours dans le pré. A près une année 2011 en berne où ses principaux indices ont subi une contraction de 10%, la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM) renoue avec la hausse. Sur le premier trimestre 2012, l’indice BRVM 10 a affiché un rebond de 10,8%, passant de 160 points au 2 janvier à 177 points au 30 mars. Pour les analystes de Phoenix Capital Management, «ce rebond s’explique par la progression de la quasi-totalité des titres qui compose cet indicateur et particulièrement les titres du secteur agriculture avec SOGB (+4O%), SAPH (25%) et PALMCI (16%)». Dans sa présentation mensuelle de l’activité boursière, le bulletin rappelle qu’à l’instar du BRVM 10, l’indice composite progresse également de 9,2% pour s’afficher à 152 points au 30 mars 2012. Au-delà du secteur agricole, les entreprises qui ont le plus contribué à cette croissance sont Shell (+53%), Sodeci (+34%) et Sitab (+18%). Preuve de la solidité de la tendance, la hausse est accompagnée par une augmentation des volumes échangés. Ainsi, le nombre de titres échangés est passé de 5 915 307 au cours du quatrième trimestre 2011 à 6 970 463 sur le premier trimestre de l’année en cours ; Avec une hausse de 53%, le titre Shell affiche la plus forte croissance de ce trimestre. Cette flambée du cours sur la période est liée à la finalisation de la transaction de rachat des actions de Shell Petroleum par Vivo Energy Côte d’Ivoire, une filiale de Vivo Energy BV. Pour rappel, cette transaction a porté sur 840 000 actions, soit 66,6% du capital de la société. Le titre SOGB continue aussi son embellie sur le premier trimestre avec une progression de 40% en raison des bonnes perspectives de la société liées à l’augmentation de la demande de caoutchouc naturel en 2012 ; A l’inverse, après avoir terminé l’année 2011 par une hausse de 14%, le titre Uniwax enregistre la plus forte baisse du trimestre avec un repli du cours de 18,9%. Consécutivement à cette hausse, la capitalisation boursière du marché a progressé sur le premier trimestre, passant à 789 219 millions f CFA contre 698 020 millions le 2 janvier. Source : Phoenix Capital Management BRVM Abidjan Mamadou Sanogo, PCA de la BRVM La présidence du Conseil d’administration de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a changé de main. Le banquier Amadou Kane, ex Directeur Afrique de Bnp-Paribas, qui occupait jusque-là les fonctions de Directeur général de la BICIS (filiale sénégalaise de Bnp) et nommé récemment ministre de l’économie et des finances au Sénégal dans le gouvernement d’Abdoul Mbaye a cédé son fauteuil au Malien, Mamadou Sanogo. Ce dernier, Pdg du groupe Sabu Nyuma et PCA de Sonavie-Mali a été coopté pour assurer la présidence du Conseil d’administration de la BRVM, jusqu’à la prochaine assemblée générale des actionnaires. Pour rappel, l’ex PCA de la BRVM avait été nommé en mai 2011 en remplacement de l’Ivoirien Tiémoko Yadé Coulibaly, après une dizaine d’années effectuées à la tête du Conseil d’administration de la BRVM et la Banque de Règlement. Avec une Le secteur des assuhausse de 53%, le titre rances très rentable Angola Shell affiche la en Manuel Gonçalves, président du plus forte Conseil d’administration de la comcroissance de pagnie nationale d’assurances (Ensa a défendu la semaine derce trimestre. Angola), nière à Luanda, que le marché d'asCette flambée surance angolaise est rentable et en croissance. S’expliquant sur une est liée à la sur le secteur dans son pays au finalisation de étude mois d’avril, il a souligné que les rapla transaction ports entre les primes et le taux de side rachat des nistralité permettent d'obtenir des résultats positifs. Aussi, il a établi la actions de corrélation existante entre l'éconoShell mie angolaise qui croît et tous les auPetroleum par tres secteurs de cette économie, liés à leur tour aux assurances. Toutefois, Vivo Energy PCA d’Ensa Angola, a déploré des Côte d’Ivoire. letaux de pénétration des assurances encore très bas. 24 mai 2012 Les Afriques . 25 BOURSES & FONDS Clifford Sacks, Directeur Afrique de Renaissance Capital 26 Les Afriques . 24 mai 2012 Renaissance Capital prospecte l’Afrique La Banque d’investissement Renaissance Capital, dont le siège du département Afrique est situé à Londres, a organisé sa troisième Conférence panafricaine sur l’investissement, à Lagos du 16 au 18 mai Au Nigéria. L es dirigeants de Renaissance Capitale évoquent souvent cette Afrique qui gagne la croissance économique rapide de l’Afrique, et les opportunités d’investissement ont été les thèmes majeurs de la troisième Conférence des investisseurs panafricains à Lagos, tenu du 16 au 18 mai. Quelques centaines d’investisseurs et de compagnies invités à titre privé ont pris part à la rencontre. Déjà présente au Nigéria à travers certaines prises de participation aux capitaux de banques locales et sous-régionales, Renaissance Capital présentera les perspectives à moyen et court terme du Nigéria et de l’Afrique sub-saharienne. Pour Clifford Sacks, le directeur Afrique de Renaissance Capital, «Les marchés émergents et l’Afrique en particulier attirent de plus en plus l’attention. On rencontre sur le continent africain la plus forte concentration d’économies à forte croissance, et pour la prochaine décennie, l’Afrique devrait être la success story dans le domaine de l’investissement». Le forum a rassemblé ceux qui offrent des opportunités d’investissement et les compagnies se positionnant sur ce créneau du Nigéria et d’autres marchés africains avec des centaines de groupes d’investisseurs du monde entier. Les domaines des métaux, des mines, du pétrole, du gaz, des banques, de l’agriculture et des biens de consommation étaient particulièrement concernés. L’Afrique qui gagne Ces propos du directeur Afrique de Renaissance Capital, reposent sur des faits et des chiffres concrets. On estime que l’an dernier le continent a attiré jusqu'à 82 milliards de dollars d’investissement directs étrangers. Cela n’inclut pas les opérations de fusion et acquisitions qui ont été réalisées en 2011. On estime qu’en 2015 ces investissements directs étrangers atteindront sur le continent 150 milliards de dollars. Déjà, comparés à 2010, ces investissements avaient augmenté de 27% en 2011. Ce qui signifie une croissance très soutenue de ce domaine. Les do- Malgré la présence croissante des chinois, ce sont les américains qui l’année dernière étaient en tête du peloton des investisseurs sur le continent. Et on remarque que les sudafricains sont de plus en plus présents aussi sur ce marché. maines attirant le plus les investissements sont entre autres les métaux, le secteur minier, les communications, l’alimentation et le tabac. Malgré la présence croissante des chinois, ce sont les américains qui l’année dernière étaient en tête du peloton des investisseurs sur le continent. Et on remarque que les sud-africains sont de plus en plus présents aussi sur ce marché, comme pour ne pas laisser le champ libre uniquement aux non africains. Cela a fait dire à Charles Robertson, l’économiste en chef à Renaissance Capital que : «L’Afrique reste une référence en matière de croissance et de réformes, avec des opportunités immenses, un faible endettement du secteur privé, et public, quelque chose qui contraste avec la léthargie des économies occidentales. Le PIB par habitant a doublé au cours de la décennie écoulée, et pourrait encore doubler plus vite dans les années à venir. Alors que beaucoup bénéficie de la hausse des prix des matières premières minières, il y a aussi des histoires de croissance au niveau national qui retiennent l’attention des investisseurs. Et ce forum a offert une chance idéale d’entendre des réformateurs présenter leurs agendas pour les années à venir, et aussi rencontrer les banques et les compagnies pourraient bénéficier de cet élan.» Mais des problèmes existent Cependant tout n’est pas aussi rose. Il y a aussi de plus en plus de questions sur la qualité de cette croissance en termes de création d’emplois et de réduction de la pauvreté, selon le dernier rapport du groupe Ernst & Young. Ce rapport souligne aussi que les investisseurs ne manquent pas de louer les performances africaines. Après l’Asie, c’est la 2ème destination attirant les capitaux. Il y a par exemple les problèmes d’insécurité avec les troubles en cours toujours au Mali, en Guinée-Bissau, et entre les deux Soudan. Et il y a aussi la corruption qui fait estimer Ernst & Young que l’Afrique ne tire pas bénéfice de tout le potentiel réel du continent. Mais Ajen Sita du département Afrique de ce groupe de Consulting et d’Audit a affirmé récemment dans la presse britannique qu’au cours des vingt dernières années il y a eu des progrès significatifs en matière de démocratie, de lutte contre la corruption. Dave Barraud, City Londres 24 mai 2012 Les Afriques . 27 MATIÈRES PREMIÈRES Les marchés paient toujours le manque d’investissement des années 90 Nous payons actuellement le manque d’investissements dans le secteur des matières premières de façon générale de la fin des années 90 lorsqu’on n’avait d’yeux que pour les marchés financiers et les start-ups. demeurant très dynamique, l’offre de fret maritime est trop abondante. Le gaz monte en puissance L es ondes du choc de la crise de 2007-2008 se font ressentir encore aujourd’hui sur les marchés des matières premières. Pour quelque 90 marchés analysés dans le Rapport Cyclope, dont l’édition 2012 a été présentée le 9 mai à Paris Philippe Chalmin, professeur de ParisDauphine et président du Cercle Cyclope, avance que «Nous sommes à des niveaux de prix un peu inférieurs au printemps 2011 mais encore supérieurs aux records du printemps 2008». Et on ne sait pas quand ce «grand choc» se terminera car «nous vivons le temps long de l’investissement face à une demande mondiale qui reste très soutenue alors que la réaction des appareils de production est plus lente, perturbée par les accidents géopoli- tiques et financiers de la planète. Le temps agricole, minier est un temps de 15 à 20 ans.» Nous payons actuellement le manque d’investissement dans le secteur des matières premières de façon générale de la fin des années 90 lorsqu’on n’avait d’yeux que pour les marchés financiers et les start-ups ! Or, aujourd’hui, la planète compte 7 milliards d’hommes qui consomment de plus en plus. Seul marché à connaître une baisse sensible de ces cours ces 12 derniers mois : le fret maritime. L’essor chinois au fil de la dernière décennie a conduit à fabriquer à tour de bras des navires et aujourd’hui, alors que l’Europe est en crise, que la croissance américaine est hésitante et que la Chine perd un peu de terrain tout en Oui aux investissements ..., mais écologiques ! Le spécialiste de Pétrole et Gaz arabes, Francis Perrin, auteur de l’article pétrole dans Cyclope, voit le baril à $ 126-127 sur 2012. Mais sur la scène énergétique, c’est le gaz de schiste qui devient peu à peu l’incontournable. 28 Les Afriques . 24 mai 2012 Dans le secteur énergétique, l’affrontement en 2011 de facteurs haussiers (les «printemps arabes» et l’Iran) et baissiers (les difficultés de la zone euro, la perspective d’un réajustement économique chinois) a, en définitive, eu pour conséquence un marché pétrolier relativement calme durant les trois-quarts de l’année, à $ 100-110 le baril. Mais il a repris en fin d’année dernière et début 2012 avec des incertitudes géopolitiques qui ont repris le dessus et des baisses de production en Syrie, au Yémen sans oublier l’arrêt de production au Sud-Soudan. Le spécialiste de Pétrole et gaz arabes, Francis Perrin, auteur de l’article pétrole dans Cyclope, voit le baril à $ 126-127 sur 2012. Mais sur la scène énergétique, c’est le gaz de schiste qui devient peu à peu l’incontournable. Le consultant Ralph Ichter, président d’Euroconsultants à Washington, souligne «l’explosion» de la production américaine de gaz. «Exxon produit aujourd’hui plus de gaz que de pétrole» note-t-il. L’ère du charbon est révolu outre-Atlantique, cédant la place au gaz, meilleur marché et dont les Etats-Unis disposeraient de 100 ans de réserve. Un gaz naturel qui concurrence gravement les énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien. «Aujourd’hui, aux Etats-Unis, la grande question porte sur l’avenir des énergies renouvelables alors que le président Obama a misé la dessus», note-t-il, Francis Perrin soulignant pour sa part que d’ici 2013 les Américains seraient exportateurs nets de GNL. En Les prix des matières premières en 2011 (moyenne annuelle 2011 par rapport à la moyenne annuelle 2010 en pourcentage) 75% 68% 63% 57% 56% 51% 46% 43% 39% 38% 38% 35% 35% 34% 32% 30% 29% 28% 28% 26% 25% 24% 22% 22% 20% 20% 20% 18% 17% 16% 16% 16% 12% 12% 10% 10% 7% 7% 5% 3% 1% Argent Maïs Poivre Laine Huile de coprah Charbon à coke Coton Café Huile de soja Pétrole Brent Palladium Blé Europe (euros) CyclOpe Caoutchouc Charbon vapeur Europe Viande bovine export Am. Lat. Colza (en euros) Etain Or Soja CyclOpe hors pétrole er précieux Ferrailes Sucre Blé Acier Huile de palme Pétrole WTI Charbon vapeur Asie Cuivre Minerai de fer Jus d’orange congelé Thé Plomb Viande porcine Riz Aluminium Platine Tourteau de soja Nickel Pâte à papier Zinc Cacao Poudre de lait écrémé Beurre Fret -44% Carbone-C02 (euros) -49% (Source : rapport CyclOpe) -60% -20% 0% 20% 40% 60% 80% Amara Konneh, ministre libérien des finances, vient de dévoiler que le gouvernement de son pays a prévu une enveloppe de 40 millions de $, dans le prochain budget, afin de stimuler le secteur agricole. Pour ce faire, son pays a obtenu du Fonds international de développement agricole (FIDA) des prêts hautement concessionnels, jusqu’à 30 millions de $, a-t-il ajouté. A en croire les responsables libériens, grâce à un tel programme, les petits exploitants agricoles initiés à l’agriculture intensive pourront diversifier leurs activités et développer des cultures à haute valeur ajoutée aussi bien pour les marchés locaux que mondiaux, tels que le café, le cacao, le caoutchouc, les palmiers à huile, … L’Etat angolais investit dans la recherche agricole -5% -10% -15% -40% Vaste programme de relance de l’agriculture libérienne 100% Afonso Pedro Canga, ministre angolais de l’agriculture, du développement rural et des pêches, a profité de la récente inauguration du premier zoo dans le district de Gambos, pour annoncer que le gouvernement de son pays compte investir 100 millions de $ dans un programme de recherche scientifique agricole. Justement à Chibia, dans le district de la province de Huila, le ministre de tutelle a précisé que le projet portera sur la réhabilitation et la construction des infrastructures de recherche de l'agronomie, la pêche, vétérinaires et la formation des cadres. Approuvé en Conseil de ministres le projet englobe aussi la réhabilitation d’infrastructures dans les provinces de Huambo, Huila, Cabinda, outre la construction de nouvelles structures scientifiques dans les provinces de Benguela, Uige et Kwanza Sul. 24 mai 2012 Les Afriques . 29 MATIÈRES PREMIÈRES Forte contribution Prévisions de CyclOpe pour 2012 secteur minier (moyenne annuelle 2012 par rapport à la moyenne du au Nigéria A l’issue des travaux sur l’Atelier de annuelle 2011 en pourcentage) la banque mondiale relatif à 7 ans de Carbone-C02 (euros) Palladium Pétrole WTI Or Pétrole Brent Fret maritime Blé Gaz Naturel Europe Café Charbon vapeur Europe Gaz Naturel Asie Charbon vapeur Asie Riz Plomb Acier Nickel Maïs Platine Cuivre Blé Europe Soja Cacao Pâte à papier Huile de palme Minerai de fer Laine Caoutchouc Etain Sucre Gaz Naturel Etats-Unis Charbon à coke Argent Coton (Source : rapport CyclOpe) 30 Les Afriques . 24 mai 2012 -60% 54% 9% 8% 8% -1% -1% -3% -5% -8% -10% -10% -10% -12% -12% -13% -12% -13% -15% -15% -15% -16% -16% -17% -18% -19% -22% -22% -23% -25% -27% -28% -37% -40% -20% gestion durable des ressources minérales du projet (SMMR) pour le développement du secteur minier au Nigeria, Arch. Musa Muhammad Sada, ministre nigérian des mines, a salué la contribution du secteur minier dans le budget du gouvernement fédéral qui a atteint 1,4 milliards de naira en 2011. Sada a été représenté par le secrétaire permanent du ministère, Alhaji Idris Kuta Ahamad. Découvertes de platine en Afrique du Sud Dans une partie, jusque-là inexplorée du complexe de Bushveld dans la région du Waterberg, qui se situe dans la province du Limpopo en Afrique du Sud, Platinium Group Metals vient d’annoncer la découverte de gisements de platine potentiellement riches. Cette information est venue confirmée, les premières données au mois de novembre dernier. Le cours du brut au plus bas 0% 20% 40% 60% La semaine dernière, les cours de l’Or noir ont fléchi. Le «Light Sweet Crude» pour livraison juin cède actuellement 1% à 97,5 $ dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange. Pour Michael McCarthy, stratège en chef de CMC Markets Asia Pacific à Sydney, c’est une confluence de facteurs qui poussent les marchés du pétrole à la baisse. Hussein Allidina, directeur de la recherche des produits de base à Morgan Stanley, assure aussi que les cours pourraient dégringoler davantage avec le manque de conditions macroéconomiques et des fondamentaux baissiers. Philippe Chalmin, Pr à Paris-Dauphine et président du Cercle Cyclope Europe, aucune politique claire ne se dégagerait à l’égard du gaz de schiste. de 2001 et la Chine de 2012 n’ont plus rien à voir», rappelle-t-il. L’omniprésence chinoise L’Afrique, absente bien que dynamique Autre révolution qui suit son cours est l’omniprésence chinoise. Selon que la croissance du géant est de 9%, thèse soutenue par Philippe Chalmin, ou de 7%, cela aura un impact sur les marchés des matières premières. La Chine devient ainsi, cette année, premier fournisseur et client du Brésil, note Jean-Yves Carfantan, consultant à Sao Paulo et auteur du chapitre de Cyclope sur l’Amérique latine. Une Chine qui est à la fois «une énorme menace et une opportunité» pour le géant latino-américain. A Bahia, la Chine a investi dans 12 millions d’hectares, souhaitant entre autres «court-circuiter le grand négoce». Aux Etats-Unis, c’est la Farm Bill qui est à l’ordre du jour pour 2012, sinon 2013, avec pour axes majeurs la suppression des paiements directs aux agriculteurs et une tendance nette vers le «tout assurance» souligne Ralph Ichter. Une politique dont le coût serait de $ 7 à 8 milliards par an, soit «relativement peu», précise-t-il, notant par ailleurs que le Cycle de Doha est bel et bien mort. «Les Etats-Unis n’en veulent plus car la donne a changé depuis le début des négociations. La Chine Et l’Afrique dans tout cela ? Si un article porte sur le continent dans le Rapport Cyclope, soulignant sa montée en puissance économique (+4,9% en 2011) et démographique, sa présence renforcée sur la scène mondiale des matières premières ou encore du foncier, sa demande intérieure qui se développe grâce à un pouvoir d’achat en hausse, force est de constater que la route sera encore longue pour faire figurer le continent à part entière sur les marchés mondiaux. Et les débats entre spécialistes des marchés qui ont animé cette journée dédiée à la parution du rapport Cyclope, ouvrage unique en son genre et traduit en anglais et en chinois, illustrent bien cela : l’Afrique était quasiment absente des débats et analyses, sauf à évoquer la crise alimentaire et sécuritaire au Sahel. Quid de 2012 ? Hormis le carbone, le Forer toujours de plus en plus profond palladium, le pétrole léger américain WTI et l’or, le prix de toutes les autres matières premières sont attendues en baisse par les analystes de Cyclope. Certes les perspectives de production demeurent insuffisantes face à la dynamique de la demande mondiale et face aux «aléas géopolitiques» qui ne vont sans doute pas manquer en 2012, lit-on dans le rapport, que ce soit sur la scène pétrolière, avec le dossier nucléaire iranien, les conséquences du retrait des troupes américaines d’Irak, l’évolution de la situation en Syrie, en Libye, au Soudan, sans oublier les élections au Venezuela et en Russie. Mais face à cela, l’économie américaine devrait rebondir ce qui «devrait se traduire par un affaiblissement de l’euro […], par un renchérissement du dollar et donc une corrélation négative pour les marchés de commodités. En outre, l’année 2001/2012 aura permis une certaine reconstitution des stocks de clôture chez les grands exportateurs, pesant ainsi sur les prix. Bénédicte Châtel, Paris La Chine de 2001 et la Chine de 2012 n’ont plus rien à voir. La montée en puissance de l’Afrique, sa présence renforcée sur la scène mondiale des matières premières et sa demande intérieure qui se développe grâce à un pouvoir d’achat en hausse, sont à prendre en compte. 24 mai 2012 Les Afriques . 31 PÉTROLE & GAZ Les printemps arabes ne laisseraient encore de traces qu’en Egypte «Aujourd’hui, en termes de production, le printemps arabe n’a plus d’incidence sur les marchés pétroliers», souligne Francis Perrin, directeur de Pétrole et gaz arabes et auteur du chapitre Energie du Rapport Cyclope 2012. S ur la scène pétrolière, deux des grands acteurs nord-africains sont revenus quasiment à leur niveau de production d’avant le printemps arabe. La Libye a quasiment retrouvé son niveau de production d’avant-crise, soit 1,4 Mbj contre 1,6 Mbj au début de l’année 2011 ... C’est le retour à la normale dans les pays qui ont vécu le printemps arabe. L’Algérie, n’a pas été touchée par les révolutions arabes du début de l’année 2011. Son niveau de production pétrolière est demeuré intacte. C’est plutôt sur l’investissement que les autorités jettent leur dévolu, souhaitent modifier certain éléments de la politique énergétique algérienne, notamment la loi sur les hydrocarbures de 2005 révisée en 2006, afin de l’assouplir pour la rendre plus incitative, plus attrayante à l’égard d’investisseurs potentiels. Deux objectifs seraient poursuivis par l’Algérie, précise encore Francis Perrin. D’une part se lancer dans de très importants travaux d’exploration, d’autre part, attirer des investisseurs étrangers dans le développement La reprise toujours latente en Egypte Deux objectifs seraient poursuivis par l’Algérie, précise encore Francis Perrin. D’une part se lancer dans de très importants travaux d’explora-tion, d’autre part, attirer des investisseurs étrangers dans le développement d’hydrocarbures non conventionnelles. 32 Les Afriques . 24 mai 2012 d’hydrocarbures non conventionnelles, notamment le gaz de schiste dont l’importance sur la scène mondiale ne fait que croître. «L’Algérie sent bien qu’il y a des enjeux énormes sur la scène mondiale en matière de gaz de schiste et veut augmenter sa production pour satisfaire sa demande nationale et ses exportations.» Les Etats-Unis misent sur ce segment énergétique, l’Asie est en plein boom gazier mais la production européenne, quant à elle, n’augmente pas. Ce continent devra donc importer et l’Algérie veut être prête, souligne-t-il encore. D’où l’importance d’attirer des investisseurs. L’Egypte remise en cause L’Egypte, quant à elle, «pays plus ga- Forum de la RSE et de l’économie verte en Afrique à Tunis zier que pétrolier», connaît d’importants revers. Depuis la chute du régime Moubarak, il y a eu à 15 reprises des actes de sabotage perturbant les exportations. En outre, l’Egypte a annulé son contrat avec Israël, estimant les prix stipulés trop bas. On entrerait dans la phase judiciaire du dossier. L’ensemble de ces éléments fait que «l’Egypte n’est plus considérée comme un fournisseur stable de gaz», explique le spécialiste, les contrats gaziers étant à long terme, stratégique. «Quand des acheteurs estiment qu’un pays n’est plus un fournisseur fiable, ils cessent de traiter avec lui». Quant au Nigéria, il est devenu un exportateur important de gaz naturel liquéfié à l’international, sans oublier le gazoduc ouest africain qu’il alimente. «Le Nigéria a diminué le torchage et dispose d’un potentiel important en gaz», note le spécialiste. Total, pour sa part, travaille sur le nouveau projet GNL, Brass LNG et le Nigeria voudrait ajouter un ou deux autres projets et trouver des marchés, précise-t-il. Quid du projet de gazoduc entre le Nigeria et l’Algérie avec pour fina- lité le marché européen ? «Le projet est très ambitieux et comprend de grands problèmes de sécurité mais aussi de financements», note encore Francis Perrin. Les autorités tant nigérianes qu’algériennes feraient pression sur Bruxelles pour dégager des financements, mais la crise européenne poserait problème pour développer des marchés aussi importants. Il en est de même du projet de gazoduc sous-marin entre l’Algérie et l’Italie, qui ne devrait pas se faire avant quelques années, estime-t-il. «Il n’y a pas en Italie, compte tenu de la crise, la demande nécessaire de gaz pour justifier la construction de Galsi», conclut-il. Quant aux relations intercontinentales africaines entre pays exportateurs et importateurs de produits énergétiques, il existe de «grandes insuffisances de complémentarité», rappelle Francis Perrin. «Les pays exportateurs sont plus en phase avec les marchés mondiaux qu’avec les marchés africains. Il n’y a pas de marché gazier africain suffisant mais des produits spécifiques pourraient se développer.» Bénédicte Châtel, Paris Du développement des marchés gaziers La seconde édition du forum international de la Responsabilité sociale des Entreprises et de l’économie verte, organisée par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie et l’Institut Afrique RSE, est prévue les 21 et 22 novembre 2012 à Tunis. Après la première édition, l’année dernière à Douala, les principaux acteurs de l’économie responsable poursuivent la co-construction par l’Afrique et l’Afrique d’une RSE adaptée au contexte africain, souligne les initiateurs. Ces derniers, qui viennent d’annoncer la manifestation, se félicitent déjà du choix de ce pays d’où sont parties les révolutions arabes. Ils ont ainsi réitéré le fait que la question de la justice sociale et du partage des richesses soit plus que jamais au cœur des politiques de développement et du business model des entreprises. ISMD à Casablanca Le Nigéria a diminué le torchage et dispose d’un potentiel important en gaz. Le patronat marocain, sous la houlette de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), en partenariat avec l’Université Internationale de Casablanca, compte accueillir la 12ème Conférence internationale de l’International Society for Markets and Development (ISMD), placée sous le thème «Le développement à l’ère des marchés», du 22 au 25 mai à Casablanca. Le choix du Maroc a été dicté par son modèle robuste de développement économique et social, érigé en exemple dans sa région. Plus d'une soixantaine de chercheurs internationaux de renom, devant présenter des travaux centrés sur la place de l’individu et de l’entreprise dans un monde en mutation, y sont attendus, autour de conférences en séances plénières et ateliers. 24 mai 2012 Les Afriques . 33 ENTREPRISES ET MARCHÉS Henri Jullien, Directeur général des activités fiduciaires à la Banque de France 34 Les Afriques . 24 mai 2012 Henri Jullien «Le souci premier des banques centrales c’est d’assurer des liquidités aux banques commerciales» Directeur général des activités fiduciaires à la Banque de France, Henri Jullien a participé à l’Africa Banking Forum qui s’est tenu à Marrakech les 17 et 18 mai derniers. Entretien. L es Afriques : Comment les banques centrales européennes vivent-elles cette crise obligataire sans précédent ? Henri Jullien : Il y a plusieurs types de problèmes qui surgissent avec cette situation exceptionnelle. En tout premier lieu, il y a la question des liquidités à assurer aux banques commerciales afin qu’elles puissent continuer à accorder du crédit à leurs clients. Les Banques centrales essaient de fournir cette solution tout en ne couvrant pas des opérations anormales. Le temps est à la rigueur. Depuis 2008, la réglementation est en train de se mettre à niveau. Il y a Bâle III qui impose de nouvelles contraintes. Le souci des banques centrales demeure plus que jamais de veiller à ce que les banques commerciales puissent accorder du crédit. LA : Finalement, qui de l’Amérique et de l’Europe a raison quant au rôle de la Banque Centrale : assurer la croissance ou garantir la maîtrise de l’inflation à des taux bas ? H.J : Les deux choses sont liées. La croissance et la maîtrise de l’inflation sont liées même si l’approche varie entre la BCE et la FED. Aujourd’hui, l’inflation n’est pas un problème majeur pour l’Europe. On a eu à enregistrer d’importants flux entrants venant de la Chine, ce qui a poussé à la baisse des prix. LA : Pensez-vous que les banques centrales africaines vivent les mêmes défis que leurs consœurs européennes ? H.J : L’Afrique est le théâtre d’une croissance rapide. Un rattrapage économique est en cours. Les bouleversements viennent surtout des innovations technologiques comme le M Banking qui permet de réaliser des transferts d’argent rapides et à moindre coûts. Il y a de nouveaux services combinant la technologie et les produits financiers. Il y a la problématique du contrôle du change, toujours en vigueur, et qui concerne (puisqu’il s’agit des réserves de change), la sécurité du pays. Jusqu’en 1986, la France avait un contrôle de change. Nous avons du savoir-faire dans ce domaine. LA : S’agissant du M-Banking, comment les banques centrales gèrent-elles la situation sachant L’Afrique est le théâtre d’une croissance rapide. Un rattrapage économique est en cours. L’Europe, qui est en panne de croissance, a tout intérêt à regarder vers le Sud. Nous avons beaucoup à gagner dans la vitalité des économies africaines. que les opérateurs sont souvent du secteur des télécoms ? H.J : C’est un débat mondial. Dés lors qu’il y a du crédit en cause et des mouvements d’argent, le régulateur devrait avoir son mot à dire. Les opérateurs téléphoniques disposent des moyens colossaux pour peser dans ces nouveaux services. Je ne serai pas étonné qu’un jour qu’il y ait des accords entre opérateurs et banquiers. Je pense par exemple à Paypall qui dispose d’une base de données fabuleuse. L’élément fondamental de ces nouveaux services reste la confiance dans le paiement par mobile et par internet. La réglementation suivra certainement. Mais en définitive, les banques sont au cœur du système. Elles assurent la tenue des comptes et la compensation ne peut se faire sans leurs concours. LA : Quel est votre sentiment par rapport à l’African Banking Forum ? H.J : Je découvre pour la première fois. C’est un cadre d’échanges et de rencontre entre partenaires européens, maghrébins et subsahariens. Le forum permet à travers cette mise en contact la possibilité d’un échange d’expériences et de transferts de savoir et de technologie. L’Europe, qui est en panne de croissance, a tout intérêt à regarder vers le Sud. Nous avons beaucoup à gagner dans la vitalité des économies africaines. Propos recueillis par Adama Wade 24 mai 2012 Les Afriques . 35 ENTREPRISES ET MARCHÉS Cameroun Bon cru de la Sodecoton Grosse performance réalisée par la Société de Développement du Coton du Cameroun (Sodecon). Elle a amassé pour l’exercice 2011 quelque 10,5 millions de dollars contre 2,350 millions de dollars en 2010. Derrière ces bons chiffres, une politique commerciale et managériale agressive. Abrogation de la surtaxe sur les appels entrants au Sénégal Amadou Kane, ministre sénégalais de l’économie et des finances, a dévoilé récemment à Dakar, que le gouvernement a décidé de l’abrogation du décret relatif à la surtaxe sur les appels internationaux entrants au Sénégal. Il a ajouté que cette décision, qui va rendre caduc, à partir du 15 mai, un décret datant du mois d’août 2011 du président sortant Me Abdoulaye Wade, et qui avait fait couler beaucoup d’encre, a été prise en accord avec les acteurs du secteur. En présence de son homologue Abou Lô du département des TIC, mais aussi de Seydou Guèye, secrétaire général du gouvernement, d’Abdoul Aziz Mbaye, conseiller spécial du président de la République en charge des TIC, et de différents responsables des opérateurs, il a salué l’accord. Inauguration d’ACE Terminal Station par Ellen Johnson Sirleaf S odecoton passe à la vitesse supérieure. Les résultats de la campagne cotonnière 2011 confirment la bonne santé financière du géant camerounais du coton. Dopée par la montée vertigineuse des cours du coton sur les marchés mondiaux, Sodecoton signe son retour dans la cour des grands. Après une timidité de sa production en 2008 et 2009, la Société de Développement du coton du Cameroun a produit plus de 161 000 tonnes pour la campagne 2011. Une performance qui a poussé les autorités de la compagnie cotonnière à bien aborder la présente campagne 2012 et qu’elles estiment prometteuse. «La production cotonnière de cette année est bien lancée avec des estimations qui pour- 36 Les Afriques . 24 mai 2012 ront atteindre plus de 180 000 tonnes» a avoué le Directeur général de Sodecoton. Une bouffée d’oxygène supplémentaire pour le Trésor public qui tire à travers cette filière des ressources substantielles pour booster l’économie du pays. Cependant, ce cru engrangé risque d’être plombé par la fraude opérée au niveau de la filière et entretenue par de puissants circuits vicieux qui en font un business florissant. Le gouvernement a pris toutes les dispositions aux alentours des corridors frontaliers pour freiner les trafics illicites de coton. Chaque année, l’Etat subit un lourd préjudice de ce trafic que certaines organisations estiment à 2 et 3 milliards f CFA. Ismael Aidara, Douala Belle cote du coton camerounais Dopée par la montée vertigineuse des cours du coton sur les marchés mondiaux, Sodecoton signe son retour dans la cour des grands. Désormais, la Société des télécommunications du Libéria (Libtelco) à Monrovia étrenne sa station terminale ACE. Sise au sein des bureaux techniques de Libtelco, la station, qui sera «centre névralgique» de la puissance optique du câble sous-marin du Libéria, a été inaugurée par Ellen Johnson Sirleaf, chef de l’Etat libérien. Pour rappel, le projet a été financé, à hauteur de 500 000 $ par la Banque mondiale dans le cadre du projet de la connectivité de l’Afrique de l’ouest (WACP) et qu’il repose sur un système de câbles optiques, essentiel aux secteurs de l'éducation et de la santé. Frédéric Norkeh, ministre libérien des postes et télécommunications, a justement salué le partenariat avec CCA (Consultant câble du Libéria) qui comprenait entre autres LTA et Libtelco. Meriem Bensalah Présidente de la CGEM Dans ses premières déclarations suite à son élection à la tête de la confédération patronale marocaine, Meriem Bensalah a mis l’accent sur la réhabilitation de la PME marocaine. C’ est la première fois qu’une femme accède aux commandes de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). A 49 ans, Meriem Bensalah Chaqroun a été élue à la tête de la confédération mercredi 16 mai avec 96% des voix, succédant ainsi à Mohamed Horani, président de HPS, qui n’avait pas souhaité se représenter. Dans sa première déclaration, la présidente des Eaux Minérales d’Oulmés s’est dit «très touchée par la marque de confiance placée en elle pour être à la tête de cette confédération». Le grand axe de son mandat de trois ans (20122015) se reflète dans ses premières déclarations : «Je vais œuvrer au cours de mon mandat de trois ans pour résoudre les problèmes qui entravent le développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME), les locomotives de l’économie». Haute figure de l’entreprenariat familial, Meriem Bensalah avait été distinguée en 2007 dans le cercle restreint des femmes les plus influentes du monde arabe, selon le Magazine Forbes. Son influence au Maroc se mesure surtout par ses capacités managériales, ayant réussi à adapter les Eaux Minérales d’Oulmés dans l’environnement changeant de la mondialisation, de l’ouverture des frontières et de la montée de la concurrence. Mère de 3 enfants, impliquée dans l’associatif et notamment dans les activités culturelles de Casablanca, Meriem Bensalah, devra remobiliser la CGEM dans son rôle de porte-parole des employeurs et de source de proposition face à ses différents partenaires. MBF Meriem Bensalah, présidente fraîchement élue de la CGEM «Je vais œuvrer au cours de mon mandat de 3 ans pour résoudre les problèmes qui entravent le développement des PME». Indaba 2012, salon international du tourisme à Durban Du 12 au 15 mai, la ville sud-africaine de Durban a accueilli le salon Indaba. En dépit d’une conjoncture internationale marquée par une tendance baissière, l'industrie du tourisme en Afrique du Sud se porte bien. Quelque 13 000 délégués venus du monde entier, 1 800 exposants, 200 tours operators internationaux ont tenu à être présents. La réussite d’un tel évènement serait aussi à mettre à l’actif d’une certaine concertation et d’un travail en synergie au sein du secteur. C’est en effet, l’avis de Thulani Nzima, PDG de la South African Tourism, qui réaffirmait à la veille d’Indaba que pour réussir dans l'industrie du tourisme, la cohésion de tous les partenaires, ainsi qu’un effort commun, restent indispensables. Mémorandum d'entente pour le financement de l’autoroute Caire-Banha Le financement de l’autoroute Caire-Banha, devant nécessiter 2,6 milliards de livre égyptienne, est désormais ficelé. La National Bank of Egypt (NBE) et le ministère égyptien des transports viennent de signer un Protocole d’accord dans ce sens. Galal Moustafa Saïd, ministre des transports et Adel Zayed gouverneur de Qalyubia, qui ont assisté à la cérémonie de signature, ont tour à tour salué l’accomplissement d’une voie longue de 40 km et devant soulager la congestion du trafic Caire-Alexandrie qui culmine actuellement à 120 000 véhicules par jour. 24 mai 2012 Les Afriques . 37 ENTREPRISES ET MARCHÉS Guinée Les Moulins d’Afrique en ordre de marche C’est le fruit d’une joint-venture entre les Moulins Lahlal (Maroc) et la Compagnie Sonoco SA (Guinée). Montant de l’investissement 28,5 millions de dollars. La firme suisse Bühler se charge des installations clé à main de la minoterie. P artenaires depuis une dizaine d’années dans le secteur du blé, le marocain Omar Yacoubi, PDG des Moulins Lahlal et l’opérateur guinéen Mamadou Saliou Diallo, PDG de Sonoco SA, sont passés à la vitesse supérieure. Leur vœu, d’installer une usine de fabrication de blé de farine fortifiée, devient réalité pour résorber l’épineux problème du déficit de la farine en Guinée. La cérémonie d’inauguration du nouveau complexe industriel de production de farine, dénommé «Les Moulins d’Afrique», et situé dans la zone industrielle de Sonfonia (commune de Matoto), a eu lieu lundi 7 mai 2012 sous la présidence du Premier ministre de Guinée, Mohamed Said 38 Les Afriques . 24 mai 2012 Fofana, qui avait à ses côtés le ministre de l’Industrie, la conseillère du président en charge du secteur privé et de l’ambassadeur du Royaume Chérifien en Guinée. Confiance des bailleurs et des banques locales : D’un coût global d’investissement de 28,5 millions de $, cette nouvelle minoterie de dernière génération a bénéficié de la confiance des partenaires financiers institutionnels et d’un pool de banques locales. Lesquels ont accompagné le projet de minoterie dans la phase du montage financier et la soumission aux partenaires financiers. Après plusieurs rounds de discussions au tour de table, les deux associés ont Pose de la pierre de l'extension de la minoterie Les Moulins d'Afrique: de gauche à droite: El Hadj Mamadou Saliou Diallo, PDG Sonoco SA, Omar Yacoubi, PDG Moulins Lahlal, l'ambassadeur du Maroc et le Premier ministre de Guinée Tourisme mondial, plus de 1000 milliards de $ de recettes en 2011 Après les pertes enregistrées en 2009, une année de crise, les recettes du tourisme international qui se sont redressées en 2010, poursuivent leur croissance. Il ressort de la dernière édition du baromètre de l’OMT (Organisation mondiale du tourisme), qu’elles se sont à 1 030 milliards de $, soit 740 milliards d’euros, contre 928 milliards de $ en 2010. En termes réels, les recettes du tourisme international ont donc progressé de 3,8%, tandis que les arrivées de touristes internationaux ont augmenté de 4,6% en 2011, atteignant les 982 millions d’arrivées. Pour les analystes de l’OMT, la corrélation étroite qui existe entre ces deux indicateurs se confirme, sachant que la croissance des recettes a tendance à être légèrement plus faible que celle des arrivées dans les périodes de difficultés économiques. Entame de l’extension de l'aéroport Victoria Falls au Zimbabwe Afin de relever le défi de l’organisation de l'Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme, un organe des Nations Unies, en 2013, le gouvernement zimbabwéen a décidé d’injecter plusieurs millions de $ dans les travaux d'agrandissement de l’aéroport Victoria Falls. Si pour la station balnéaire et l’hôpital un consortium d’entreprises de Bulawayo participe aux travaux, il n’en est pas de même pour les réaménagements à l’aéroport. Les entreprises locales ont alors exprimé leur déception, vu leur exclusion dans ce chantier. Train de mesures en Afrique du Sud contre le jeu illégal trouvé un terrain d’entente avec les bailleurs inscrits sur la short-list devant participer au financement du projet. «Le financement est presque bouclé. Les banques et les partenaires institutionnels croient en ce projet. C’est un modèle industriel nouveau en Guinée que nous mettons en place et qui constitue un signe de vitalité du secteur privé. Notre partenariat est un co-développement industriel à forte valeur ajoutée», a reconnu le Marocain Omar Yacoubi. «En tant opérateur du secteur, ma première commande passée auprès des Moulins Lahlal pour faire venir la farine en Guinée pesait 45 tonnes payée à l’avance. Durant tout ce partenariat j’ai respecté mes engagements. Aujourd’hui, avec ce projet Les Moulins d’Afrique, je passe du statut d’importateur de farine au statut d’industriel» a estimé Mamadou Saliou Diallo, PDG de Sonoco SA. La capacité de production des Moulins d’Afrique est de 172000 tonnes de blé fortifié par an et devra atteindre un pic de 216000 tonnes l’année après l’extension de l’usine prévue en principe en mars 2013. La firme suisse Bühler, géant mondial dans la fabrication et l’installation des chaînes logistiques agro-alimentaires, se charge de la réalisation de la minoterie «Moulins d’Afrique». Une bouffée d’oxygène à la fois pour le secteur privé guinéen et le gouvernement qui considèrent ce projet industriel privé comme une réponse à la récurrente tyrannie liée à la facture du blé à l’import soumise aux fluctuations des cours du marché de la farine. Grâce à cette minoterie, le marché guinéen sera ravitaillé correctement et en grande quantité en farine de blé fortifiée de très bonne qualité. Alpha Condé, président de la Guinée Vers la hausse des transactions entre le Sénégal et la Grande Bretagne Quitus du président Selon les associés, le chef de l’Etat, Alpha Condé a délivré son quitus pour la réalisation de la minoterie. Car, cette importante industrie traduit concrètement la vision de son programme quinquennal qui place l’autosuffisance alimentaire au cœur de ses priorités. Cet investissement de 28,5 millions de $ est un bol d’air frais envoyé à l’économie guinéenne qui profitera beaucoup du transfert technologique. Mais, le secteur agro-industriel reste toujours vulnérable : déficit d’énergie, d’eau, absence de financement et d’incitations avantageuses fiscales. Ce modèle de financement des Moulins d’Afrique, réalisé en Guinée fruit d’une joint venture maroco-guinéenne devra inciter d’autres opérateurs nationaux à prendre cette voie afin de booster le tissu économique. Ismael Aidara, Envoyé spécial à Conakry Rob Davies, ministre sud africain du commerce et de l’industrie, a récemment annoncé que le gouvernement de son pays, en partenariat avec la National Gambling Board (NGB) est en train de mettre en place une politique forte pour combattre et éliminer le jeu illégal. Les professionnels de la NGB ont d’ailleurs été mandatés pour préparer un plan d'actions dans ce sens. Il aussi précisé que le Conseil national de politique sur le jeu illégal et des alcools que l'Afrique du Sud a besoin d'une stratégie nationale claire pour combattre et éliminer le jeu illégal d'une manière cohérente avec des mesures répressives. Avec ce projet Les Moulins d’Afrique, je passe du statut d’importateur de farine au statut d’industriel. Avec un volume d’échanges global estimé en moyenne à 60 milliards de f CFA sur la période de 2006 à 2010, dont des importations sénégalaises de Grande- Bretagne autour de 55 milliards de f CFA et des exportations stagnant à 4 milliards de f CFA par an, la Grande Bretagne et le Sénégal comptent booster leurs transactions. Ainsi, la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar a abrité la cérémonie de signature d’un Protocole d’Accord destiné à renforcer les investissements et à élargir les échanges commerciaux. Paraphé par Mata Sy Diallo, la ministre sénégalaise du commerce, de l’industrie et de l’artisanat, et Henry Bellingham, ministre britannique chargé des relations avec l’Afrique, ce document permettra de hisser les échanges à la hauteur des potentialités des deux bords. 24 mai 2012 Les Afriques . 39 ARRÊT SUR IMAGE Liban Un sunnite libanais avec son fils dans la cité de Tripoli, le 14 mai. La guerre entre factions fait rage. 40 Les Afriques . 24 mai 2012 24 mai 2012 Les Afriques . 41 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Algérie Les leçons des législatives du 10 mai 2012 Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne 42 Les Afriques . 24 mai 2012 Aux élections législatives du 10 mai 2012, quelque 64,76% de la population algérienne, soit environ les deux tiers- abstention et bulletins nuls (2/3), n’ont fait aucun choix. C’est un taux qui reflète une démobilisation importante de la population, plus accentuée auprès de la jeunesse. 24 mai 2012 Les Afriques . 43 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Dépouillement dans un bureau de vote Il y a eu donc 2 903 945 nouveaux électeurs par rapport à 2007 représentant un accroissement de 11,54 %, soit 581 000/an. Or, les pouvoirs publics annoncent officiellement une demande additionnelle d’emplois de 300 000/an. 44 Les Afriques . 24 mai 2012 Q uelque 44 partis politiques ont participé aux élections législatives du 10 mai, dont 21 nouvellement agréés par le biais de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi organique relative aux partis politiques en février dernier. En tout, 462 sièges étaient en lice. Comment ne pas rappeler que le porte-parole semi officiel, directeur du centre de recherche sécuritaire et stratégique – CRSS-, dans un entretien au quotidien gouvernemental El Moudjahid en date du 22 avril 2012, affirmait qu’un taux de participation inférieur à 45% serait un échec relatif pour les élections. Espérons qu’il ne se contredira pas avec ces résultats. Dans ce cadre, il y a trois observations à notre niveau. Premièrement, le Front de libération nationale (FLN) remporte les élections législatives en obtenant 220 sièges( 46,90%), le rassemblement national démocratique (RND) 68 sièges.(14,49%), l’Alliance verte qui regroupe trois partis islamistes (MSP, ENNAHDA, ISLAH) obtient 48 sièges (10,23%), le Front des forces socialistes (FFS) (4,47%) 21 sièges et le Parti des travailleurs (PT) 20 sièges 4,26%). Pour avoir la majorité absolue, il manque au parti historique (FLN) environ 15 sièges. Ce parti peut légiférer presque seul puisque nous trouvons au niveau de la périphérie plus de 60 y compris les indépendants des anciens du FLN, sans compter que plus de 50% des élus du RND sont également des anciens du FLN. Dans l’arithmétique politique Par rapport à l’ancienne alliance présidentielle, le RND et beaucoup plus le MSP, deviennent des accessoires. Deuxièmement, rappelons qu’en 2007, selon les données du Ministère de l’intérieur, les inscrits ont été de 18 760 400. Le corps électoral pour le 10 mai 2012 était de 21 664 345 électeurs et électrices. Il y a eu donc 2 903 945 nouveaux électeurs par rapport à 2007 représentant un accroissement de 11,54%, soit 581 000/an. Or, les pouvoirs publics annoncent officiellement une demande additionnelle d’emplois de 300 000 par an (plus de 18 ans entrant dans la vie active) ce qui donne une différence de 281 000/an soit un total de 1 405 000 électeurs que le gouvernement doit justifier. Les données apparaissent encore plus importantes si l’on comptabilise les décès durant cette période, posant la problématique de la nécessaire vérification du fichier électoral afin de tester de la cohérence des données. Troisièmement, lors des élections du 17 mai 2007 et selon les données du ministère de l’intérieur, le nombre de votants, soit 6 662 383, donnait un taux de participation de 35,6% avec un nombre de bulletins nuls de 961 751 (3,8%). Aux élections locales, le taux de participation a été de 43,96% pour les Assemblées populaires communales (APC) et Une proportion de 64,76% de la population, soit environ les deux tiers (2/3), n’a fait aucun choix et ne croit pas en la politique. 43,26% pour les assemblées de wilayas (APW). Lors du scrutin présidentiel du 09 avril 2009, le taux de participation avait atteint 74,5% soit un taux d’abstention de 25,5%. Pour le 10 mai 2012, le taux de participation total aux élections législatives a atteint 42,90 % incluant le taux d’abstention record de notre émigration qui s’est établie à 86%, posant la problématique de l’efficacité de nos ambassades. Il y a lieu de comptabiliser les bulletins nuls qui ont été de 1 668 507, soit 7,66 % (une nette progression par rapport à 2007) par rapport aux inscrits, ce qui nous donne 35,24% de personnes ayant fait un choix. Ainsi 64,76% de la population, soit environ les deux tiers (2/3), n’ont fait aucun choix et ne croient pas en la politique, taux qui reflète une démobilisation importante de la population. Pourquoi a-t-on voté majoritairement FLN ? Abdelaziz Belkhadem, Secrétaire général du FLN en train de voter La majorité de la population sait que nous sommes dans un régime présidentiel et que les députés n’ont aucun pouvoir réel tant sur la gouvernance que la politique socio-économique. Pour des raisons culturelles du manque de repères et n’ayant pas préparé depuis l’indépendance politique le personnel politique, n’ayant jamais eu d’élections transparentes et libres, et du fait de la mentalité du beylik hérité de l’époque coloniale, la majorité des Algériens est attentive aux paroles du Président. Précisons que la constitution algérienne de novembre 2008, n’oblige pas le président de la République à choisir son premier ministre au sein de la coalition majoritaire à l’assemblée nationale. Il faut donc écarter dans toute analyse objective ces résultats du programme des candidats souvent déconnecté tant des réalités locales que mondiales, discours lassants qui n’ont fait que multiplier des promesses démagogiques et des engagements farfelus loin de la réalité. Le FLN, en plus, instrumentalisant à des fins partisanes le passé historique. Nous avons assisté à plusieurs phases de distribution sans merci de la rente pour calmer le front social, menaces de certains officiels de l’Etat contre ceux qui s’abstiendraient, implication directe des ministres, du Premier ministre et de tous les médias publics y compris même le jour des élections où l’unique ENTV reproduit le discours du président à Sétif. Cela ne suffit pas à expliquer les résultats notamment du parti FLN. Il existe deux raisons essentielles. La première raison est qu’après 50 ans d’indépen- 24 mai 2012 Les Afriques . 45 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Huit des neuf «chefs historiques» du FLN : de gauche a droite, en haut : Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Larbi Ben M'hidi, en bas : Mohammed Boudiaf, Rabah Bitat, Krim Belkacem et Mostefa Ben Boulaïd. Le ministre de l’intérieur, commentant les résultats, ne s’est pas trompé en disant qu’en 1991 c’était un vote sanction et qu’en 2012 c’est un vote refuge. 46 Les Afriques . 24 mai 2012 dance politique, l’on utilise le sigle FLN symbole de tout le peuple algérien, car le Parti du FLN n’est pas le FLN qui a déclenché la guerre de libération nationale, les luttes intestines au sein de parti, animées plus par le partage de la rente, ternissant d’ailleurs son image historique. C’est assimilable à l’utilisation de la religion à des fins politiques. A la télévisons algérienne les présentateurs qui ne se lassaient pas d’éloges envers le parti du FLN ne se sont pas trompés en affirmant indirectement que les votants en majorité ont voté pour ce sigle historique alors que la majorité des partis se sont prévalus des valeurs du 01 novembre 1954 sans réels impacts. La deuxième raison, la plus importante, est l’implication directe du président de la République. Comment ne pas rappeler que le président de la République n’a cessé de relever l’importance de ces élections qui entameront la mise en application des réformes politiques qu’il a annoncées. Jamais les pouvoirs publics n’ont multiplié tant d’actions de sensibilisation à l’adresse des citoyens. Et l’Etat a déployé des moyens colossaux et appuyé par la propagande de l’ENTV. Des élections aussi importantes que le 1er novembre 1954 Comment ne pas rappeler que pour anticiper une accusation récurrente depuis l'instauration du multipartisme en 1989, les autorités ont invité 500 observateurs étrangers, dont 150 de l'UE, les au- tres observateurs étant ceux de la Ligue arabe, de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), de l'ONU et d'ONG américaines. Et c’est dans cette perspective qu’est intervenu depuis la convocation du corps électoral en février dernier, pour la sixième fois (discours lus et écrits) pour renouveler son appel au vote. «Ces élections sont aussi importantes que le 1er novembre 1954», avait souligné le Président Bouteflika à Arzew (Oran) à l’occasion du 41e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. De peur d’un taux d’abstention record à Sétif, nous avons deux annonces du président de la République. La première est qu’il ne briguerait pas un quatrième mandat, annonce laissant planer une incertitude vis-à-vis de l’avenir du pays et donc une inquiétude des citoyens qui ont vu en le FLN historique dans leur subconscient comme un vote refuge. Le ministre de l’intérieur commentant les résultats, ne s’est pas trompé en disant qu’en 1991 c’était un vote sanction et qu’en 2012 c’est un vote refuge. La seconde est que, bien qu’étant président d’honneur du FLN, le Président demandait aux algériens d’aller voter massivement pour les candidats de leurs choix, interprétation mal comprise, étant assimilée à aller voter FLN. Les algériens en majorité du fait de leur faible culture politique, après ce discours inquiets ne connaissant pas les enjeux de pouvoir disaient à la télévision ENTV «je vais aller voter Bouteflika» et, par là, le parti FLN. A noter que 70 à 75% des jeunes ont boudé les urnes. C’est l’expression de la désillusion d’une jeunesse qui insistait surtout pour le changement. On peut dire sans risque de se tromper que le discours de Sétif a permis de gagner plus de 10 points de participation par rapport aux élections législatives précédentes et, au passage, de faire gagner le parti FLN. C’est donc un vote sécurité pour les plus de 50 ans, cette tranche qui a le drame des années 1990/2000 et qui constituait la majorité des votants. A noter que 70 à 75% des jeunes ont boudé les urnes. C’est l’expression de la désillusion d’une jeunesse qui insistait surtout pour le changement. D’où l’importance de relativiser les résultats d‘éviter les discours triomphants et de se poser cette question stratégique : statut quo afin de préparer sans heurts les élections présidentielles d’avril 2014 ou changement réel ? D’où ce constat que les fondamentaux de la crise sociale ne sont pas résolus et cette question : le changement pourtant nécessaire se réalisera-t-il ? Les promesses de changement du président de la république seront-elles tenues ? Des militants écoutent le discours du Pt Boutaflika lors de la commémoration du 8 mai 1945 Les résultats laissent sceptiques tant les observateurs nationaux qu’internationaux. Comment la même composante partisane qui a été incapable pendant plus de 10 années de faire des réformes, étant mue par l’unique dépense monétaire grâce à la rente des hydrocarbures, peut-elle les mener maintenant qu’elle a une majorité encore plus importante ? Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître le décalage qui existe entre les potentialités que re- cèle l’Algérie, et elles sont énormes, et le niveau de développement proprement dérisoire que le pays a atteint après plusieurs décennies d’indépendance. Aussi, face au vieillissement des élites politiques issues de la guerre de libération nationale, à l’obsolescence du système politique, aux contraintes externes de plus en plus pesantes, il y a lieu de se demander si les promesses du président de la République dans son discours du 08 mai 2012 seront tenues ? Se dirige-t-on vers la fin de la légitimité révolutionnaire, qui suppose le pouvoir bienfaisant comme contrat politique implicite par les tenants du «socialisme de la mamelle» afin de légitimer l’échange d’une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique ? En résumé, il s ‘agira d’éviter les replâtrages inutiles en différent les réformes de structures et de prendre en compte ce désir de changement des deux tiers de la population, d’éviter de brandir la peur et donc de combattre toute forme de xénophobie et d’intolérance. selon la fameuse phrase de Voltaire «monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez le dire». Un renouveau de la gouvernance par plus de moralité dans la gestion de la Cité, un Etat de Droit ne pouvant y avoir d’Etat de droit si l’Etat n’est pad droit, c'est-à-dire immoral s’impose pour des raisons de sécurité nationale. Professeur Abderrahmane MEBTOUL [email protected] 24 mai 2012 Les Afriques . 47 DOSSIER Areva, affaire radioactive La condamnation en première instance du groupe Areva pour «faute inexcusable» après la mort par cancer d’un exsalarié pose le problème des risques sanitaires liés à l’exploitation de l’Uranium. Quid des mesures prises pour les salariés et populations riveraines ? Enquête. L e 11 mai soit moins de 24 heures après la tenue de leur conseil, les administrateurs d’Areva sont pris de court par une information qui fait le tour des agences de presse. Le groupe est condamné par le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) de Melum pour la mort par cancer du poumon d’un ex-salarié d’une mine d’uranium au Niger. Serge Venel, mort à 59 ans, a travaillé de 1978 à 1985 dans la mine en question. Le défunt n’était pas un employé direct d’Areva mais de la Cominak, société de droit nigérien qui exploite des mines d’uranium à Akokan, au nord-ouest du Niger. Un détail loin d’impressionner les juges qui ont condamné Areva en tant que co-employeur et non pas la Cominak. «Le tribunal a dépassé l’apparence pour reconnaître la réalité des relations sociales de l’entreprises», déclare Me Teissoniére, avocat de la famille de la victime. Contacté par nos soins, l’un des responsables de presse du groupe Areva, qui ne pouvait pas se prononcer officiellement en attendant de recevoir le jugement par écrit, relève toutefois une contradiction dans ce jugement. «C’est l’incompréhension qui prévaut. La Caisse primaire de l’Assurance maladie n’a jamais déclaré que la maladie professionnelle de Serge Venel est liée à Areva. D’autre part, le juge déclare que Areva est employeur et, en même temps, demande à la CNAM de verser des indemnités, reconnaissant implicitement qu’Areva n’est pas employeur. Il y a contradiction». Bref, selon ce jugement rendu en première instance, la veuve de Serge Venel touchera la totalité du salaire de la victime. La condamnation fera percevoir à la famille des dommages et intérêts à hauteur de 200 000 euros qui seront versés par la Caisse primaire d’assurance maladie et non par Areva. C’est la première fois que le groupe Areva est condamné ainsi, ouvrant un boulevard pour des cas similaires en France mais aussi en Afrique. Jusque-là, le débat sur les risques sanitaires de l’Uranium était cantonné dans les pays du Nord et rarement en Afrique où les mines sont exploitées à ciel ouvert. Puisque la cause du cancer de Serge Venel est «l’inhalation de poussières d’uranium», selon le diagnostic du pneumologue cité lors de l’audience, il est clair que le groupe Areva aura beaucoup à s’expliquer sur le thème des risques sanitaires. Selon la direction de la communication, toutes les mesures sont prises. C’est la première fois que le groupe Areva est exploite l’Uranium au Niger ? condamné ainsi, Qui Le juge, qui a condamné Areva et non la Cominak tiendrait à Areva. Il s’agit de la plus grande mine ouvrant un dans l’affaire Venel, a sans doute en tête les souterraine au monde, située à 250 km de proliens capitalistiques entre les deux entités. La avec plus de 250 km de galeries. L’autre boulevard pour COMINAK (Compagnie Minière d’Akouta), a été fondeur opérateur de l’uranium au Niger, la Somaïr (ficréée en 1974. Son capital est détenu à 34 % par liale d’Areva) exploite une mine à ciel ouvert . des cas AREVA, à 31 % par la SOPAMIN (Niger), à 25 % Contrairement aux deux premiers producteurs similaires en par OURD (Overseas Uranium Resources Devemondiaux de l’uranium (Canada et Australie), le lopment Company Ltd, Japon) et à 10 % par ENNiger (3 producteur mondial) est l’un des pays France mais les plus pauvres au monde. L’entrée en activité USA (Empresa Nacional del Uranio S.A, de la mine d’Imouraren, la deuxième plus La société emploie 1 200 personnes aussi en Afrique. Espagne). grande au monde, changera-t-il la donne ? pour l’exploitation d’une mine qui, elle, appare 48 Les Afriques . 24 mai 2012 24 mai 2012 Les Afriques . 49 DOSSIER De la sûreté et de la sécurité autour de l’uranium En attendant la causalité entre la maladie et le passage de la victime à la société Cominak, le volet sanitaire reste le dernier souci des décideurs africains. «Nous avons mis en place des observatoires de la santé, uniques au monde», rappelle-t-on. «Nous faisons le suivi des mineurs pendant et après leurs activités par des médecins et financés par Areva». Des observatoires de santé Problème, ces observatoires n’ont été mis en place qu’en 2009 soit dans le cas du Gabon bien après la fermeture des mines d’uranium, actives entre 1961 et 1999 C’est dire qu’il n’y a pas encore de profondeur dans les statistiques pour établir formellement la causalité entre le cancer et la proximité aux mines d’uranium. Cela d’autant qu’il n’y a eu à ce jour que 500 consultations au Gabon. Le Niger où travaillait Serge Venel et où démarrerait la mine d’Imouraren, la plus grande au monde, dés l’année prochaine, n’a vu l’établissement de ces centres qu’en décembre 2011. Ces centres permettent de procéder à des examens cliniques, radios et sanguins et de faire le suivi du fameux tableau numéro 6 (maladies liées à l’uranium). Notons qu’à l’heure où nous mettions sous presse, le groupe français se réservait le droit de faire appel une fois que lui sera notifié le jugement par écrit. En attendant que ne soit démontrée la causalité entre la maladie et le passage de la victime à la société Cominak force est de le dire, le volet sanitaire des risques liés à l’exploitation de l’Uranium est le dernier des soucis des gouvernements africains. Adama Wade Des investissements gelés en Afrique Notons qu’en plus du Niger, Areva cherche à reprendre pied au Gabon où ses anciennes mines en activité entre 1960 et 1999 sont à l’arrêt. Des campagnes d’exploration sont en cours depuis 2006 à travers Areva Gabon, filiale à 100% d’Areva. Mais comme au Niger où les informations persistantes font état de ralentissement dans les investissements de la mine d’Imounarem, le groupe a mis un coup de frein dans la mine de Bakouma en République centrafricaine suite à la catastrophe de Fu- 50 Les Afriques . 24 mai 2012 kushima au Japon qui a vu une chute de 30% des cours d’uranium. Or le gouvernement centrafricain, qui avait intégré les recettes dans ses prévisions, continue à camper sur ses positions, demandant au groupe de respecter le contrat qui stipulait le démarrage de l’exploitation effective depuis 2010. Tout comme Bakouma, l’ouverture de la mine d’uranium d’Imouraren (200 000 tonnes de réserves), initialement prévue en 2013 sera retardée. C’est le contenu du plan de rigueur du nouveau PDG Luc Oursel, qui préconise une réduction de 32% des investissements sur la période 20122016 par rapport à la période 20072011. Le rachat en 2007 pour 1,8 milliard d’euros du canadien Uramin, propriétaire de mines en Namibie et Centrafrique a été l’affaire de trop pour Areva, expliquant la guerre frontale qui mine le groupe entre les pro Anne Lauvergeon et les pro Luc Oursel. La victoire finale de l’un ou l’autre de ses protagonistes sera tranchée par l’Elysée et, quelque part, par Niamey. Areva Luc Oursel en opération de séduction à Niamey Le changement de locataire à L'Elysée après le départ de Nicolas Sarkozy risque de saper la feuille de route du tout nouveau patron du groupe nucléaire français. Luc Oursel cherche à tout prix à se connecter au palais de Niamey dont le président est un fidèle de la famille socialiste. L’ ère Auvergeon est révolue. A Areva, c’est la méthode Luc Oursel qui se met en place. A 52 ans, ce diplômé de l’Ecole des Mines de Paris était un des grands outsiders de la succession de l’ex-patronne et débonnaire Anne Lauvergeon. Malgré une paix des braves signée avec certaines fortes personnalités du champion nucléaire français, en embuscade pour postuler le fauteuil très convoité, Luc Oursel est décidé à mener l’offensive pour vendre les merveilles d’Areva avant fin 2012. Un long périple pour soit recadrer le timing des investissements ou passer à la vitesse supérieure qui le mènera aussi bien du côté de la Manche, au Canada, aux EtatsUnis, qu’en Afrique (Centrafrique, Afrique du Sud Luc Oursel, Pdg d’Areva reçu par le président du Niger, Mahamadou Issoufou La première grande opération de séduction de Luc Oursel s’est déroulée sur le sol nigérien. Ce n’est pas fortuit. La firme française exploite l’une des réserves mondiales les plus grandes dont les investissements ont été gelés. et le Niger). Une stratégie différente de son prédécesseur, accusée à tort et à raison d’être très iconoclaste. Sans chambouler le dispositif du modèle intégré du groupe nucléaire, clame t- on du côté du shadow-cabinet du nouveau patron. Selon des informations parvenues à Les Afriques, Luc Oursel a inscrit le Niger parmi ses priorités fin 2012 et 2013. La première grande opération de séduction de Luc Oursel s’est déroulée sur le sol nigérien. Ce n’est pas fortuit. La firme française exploite l’une des réserves mondiales les plus grandes (le site d’Imouraren) dont les investissements ont été gelés. Le site fournit un tiers de l’uranium au groupe nucléaire français. La situation d’insécurité dans la zone d’exploitation des gisements d’uranium, suite aux enlèvements d’otages français sur le site d’Arlit, avait plombé les activités du champion nucléaire. Sous l’ère de la transition militaire, l’ex patronne Anne Lauvergeon avait multiplié ses aller-retour à Niamey pour prendre langue avec les autorités. Sans suite. Une source officielle, a confirmé que le président Mahamadou Issoufou a reçu un message de Luc Oursel le 22 avril dernier, deux semaines seulement après la célébration de la prise du pouvoir de Issoufou. Cette connexion, selon nos informations, a été obtenue grâce à l’ambassadeur du Niger à Paris, Abdourahmane Mayaki. Le tout nouveau ministre des mines, Omar Tchiana, a transmis le message au chef de l’Etat. Sauf contre toute attente, Luc Oursel, très proche de l’ancien pouvoir en France, serait sur un siège éjectable, selon plusieurs sources bien informées. Ce qui explique son rapprochement subitement avec le palais de Niamey. L’actuel locataire de l’Elysée, François Hollande est un frère de parti et ami de longue date du président Mahamadou Issoufou. Influence politique et enjeux économiques vont beaucoup peser sur l’avenir de Luc Oursel, surnommé «Kung Fu Panda, l’homme éclair» au siège, qui avait déjà programmé une tournée sur les sites exploités par le groupe nucléaire français. Selon une déclaration officielle du chef de l’Etat nigérien, à l’occasion de l’an 1 de sa prise du pouvoir, Areva a pris l’engagement de dépasser ses investissements sur Imouraren de plus de 3,7 millions d’euros avec une reprise imminente des activités début 2013. Ismael Aidara, Niamey 24 mai 2012 Les Afriques . 51 FOCUS Bleu-Blanc-Rouge, le vrai «étendard» français 52 Les Afriques . 24 mai 2012 France Les vrais drapeaux D’abord il y eut quelques lézardes : «la France, tu l’aimes ou tu la quittes» emprunté à l’extrême droite nord-américaine («Canada love it or leave it»). Et puis un jour la digue a cédé, emportant toute décence sur son passage, inondant même les mieux intentionnés. Désormais la remarque fatale était à portée de mots et de maux. P lus que le racisme, s’étala alors au grand jour le mépris longtemps contenu. Désormais on pouvait tout s’autoriser, et peut importe ce que pourraient ressentir ceux sur qui on crachait, tant leur opinion compte si peu. Et si, au passage, on pouvait consolider le bouc émissaire espéré, c’était tout bénéfice. Ancien étudiant de la Sorbonne, la culture française m’a formé. Balzac, Flaubert ou Stendhal, m’ont aidé à devenir adulte. Je tiens «Aurélien» d’Argon ou «les chemins de la liberté» de Sartre pour des romans majeurs. Et si je suis un passionné de la littérature d’Amérique latine, c’est en français que j’ai lu Garcia Marquez ou Asturias. Le cinéma de Claude Sautet et les chansons de Brassens et de Ferré m’ont nourris. J’entends d’ici l’objection : «vous êtes différent». Faux : nous sommes des millions. Nous avons toujours été de millions. Nous, c'est-à-dire une grande partie des arabes, des africains noirs et des musulmans, tous ces francophones (et souvent francophiles, cela allait ensemble) plus de deux cent millions je crois, qui avons avec la France la langue, la culture et une part importante de l’histoire en partage. Au nom de ce patrimoine commun, j’ai décidé d’adresser cette brève missive à madame Morano. (mais Sarozy ou Le Pen auarient tout aussi bien fait l'affaire). Une remarque de madame Morano (reprise depuis en boucle par une partie des dirigeants français) a soudain éclairé ma modeste lanterne culturelle francophone, que je tente, envers et contre moi-même, de ne pas la laisser s’éteindre. Vous avez déclaré, madame, que vous aviez été choquée de voir autant de drapeaux étrangers le soir de la célébration de la victoire de monsieur Hollande. Et vous avez ajouté ceci : «nos amis algériens n’accepteraient pas de drapeaux français dans de telles manifestations chez eux». Passons sur le fait que ces drapeaux, à cette place, à ce moment, sont une ma- Nous avons beau refuser de larguer les amarres, certains d'entre vous, et non des moindres, sont en train, en polluant les quais, de nous obliger à lever l’ancre. nifestation éloquente du rayonnement de la France dans le monde. Plus fondamentalement, je voudrais vous dire, madame, que cela fait très longtemps que ces gens là brandissent le drapeau français. Comme «tabors marocains» ou «tirailleurs» sénégalais, ils ont répondu présents, aux heures dramatiques de votre pays. Comme romanciers, ils ont écrit certaines des plus belles pages de la littérature française. Quelques noms, juste pour votre information : hier Kateb Yacine, Driss Chraïbi, Mouloud fearroune, Sembène Ousmane, Ferdinand Oyono ou Camara Laye (et la liste est loin d'être exhaustive) ; aujourd’hui Cheikh Hamidou Kane, Tahar Benjelloun, Yasmina Khadra ou Boualem Sansal. Quel est le point commun, madame, entre le sénégalais Senghor, l’algérienne Assia Djebar et le libanais Amin Maalouf ? Ils sont entrés à l’Académie française et en ont conçu une très grande fierté. Amis français réveillez-vous. Ne commettez pas l’irréparable. Nous avons beau refuser de larguer les amarres, certains d'entre vous, et non des moindres, sont en train, en polluant les quais, de nous obliger à lever l’ancre. Ne venez pas ensuite nous reprocher d’aller voir du coté de la Chine ou d’inscrire nos enfant dans les universités québécoises «La France, tu l’aimes ou tu la quittes» a dit le président Sarkozy. Nous l’aimons et pourtant, au train ou vont les choses, nous risquons (nous ou demain nos enfants) de la quitter, tant nous avons le sentiment violent que, elle, elle nous a déjà quitté. Majid Kamil (Ancien ambassadeur de Mauritanie) Directeur de banque PS : Il est plus que temps que nous, ceux qu'on pourrait appeler élite africaino-arabo-francophone, de réfléchir sur notre part de responsabilité dans l'image contrastée qui est aujourd'hui la notre dans le monde. 24 mai 2012 Les Afriques . 53 DÉCOUVERTE Le périple d’Ibn Battuta, à travers le caftan marocain Les trésors découverts par Ibn Battuta, chroniqueur, grand voyageur devant l’éternel, ont inspiré les stylistes marocains. C’est ce que proposait de faire revivre la 16e édition de Caftan à Marrakech. 54 Les Afriques . 24 mai 2012 L e coup d’envoi de la 16ème édition de CAFTAN, événement incontournable de la haute couture marocaine et arabe, a été donné lors d’une conférence de presse le 11 mai dernier à la Mamounia. Les noms des artistes et des invités d’honneur qui seront au rendez-vous y ont été révélés. Présentée par l’animatrice franco-marocaine Ness, CAFTAN 2012 a été marquée par la participation d’artistes marocains tels que Abdelfattah Grini mais aussi par des artistes internationaux ; parmi eux la troupe Rustavi de Géorgie, la danseuse chinoise Sharon Joyce Kung, ou encore la troupe indienne Threebee qui ont rendu un vibrant hommage à la découverte du monde et de l’autre. Les trésors découverts par Ibn Battuta ont inspiré les stylistes marocains. Leurs créations présentées lors de cette édition ont été sublimées par des mannequins de différentes nationalités avec en L’invitée d’honneur de cette année était la styliste chinoise, Guo Pei, célèbre pour son talent et son audacieuse créativité ! tête d’affiche Monika Krol, mannequin de renom ayant déjà collaboré avec Christian Dior, Louis Vuitton, Givenchy, ou encore Elie Saab. L’invitée d’honneur de cette année était la styliste chinoise, Guo Pei, célèbre pour son talent et son audacieuse créativité ! Pour le plus grand bonheur du public, elle a présenté l’une de ses collections sur le podium de Caftan 2012. Emblème de la haute couture en Chine, Guo Pei a fait ses preuves dans l’univers de la mode. Perfectionniste, elle a toujours su donner le meilleur d’elle-même à travers son travail. Ses créations sont portées par une clientèle prestigieuse et hétéroclite, venue aussi bien de l’univers de la politique et du cinéma, que du monde des affaires. Guo Pei s’est aussi distinguée pour avoir dessiné les tenues lors de la remise des prix aux jeux olympiques de Pékin en 2008. Mouna Fatimi Rachid, Marrakech 24 mai 2012 Les Afriques . 55 VU DE NEW YORK Crise de l’Euro Tout est mélangé L’Union résiste à la crise 56 Les Afriques . 24 mai 2012 Une éventuelle sortie de la Grèce, du Portugal et «maybe» de celle de l’Espagne sonnerait le glas de la monnaie européenne. Si l’Italie est dans le lot, bonjour la catastrophe finale. 24 mai 2012 Les Afriques . 57 VU DE NEW YORK D epuis un certain temps je suis resté un peu silencieux sur tout ce qui se passe en Europe. Ma dernière publication date du 22 Février 2012. J’ai été gagné par «l’Euro fatigue». Après le succès du dernier «bail-out» je m’étais senti réconforté par les évènements et suis tombé dans la lassitude, oubliant qu’avec l’euro et les européens rien n’est jamais sûr d’être sûr. Depuis un certain temps cependant, la dynamique de la politique économique européenne semble être la préoccupation de tous ! Je n’ai jamais assisté à un tel scenario dans lequel la politique et l’economie sont si étroitement reliées. Je ne veux pas rater ces moments historiques. De quoi s’agit-il au juste ? Voilà depuis près de quelques semaines, les changements politiques en Europe ont fait revivre la flamme de la crise de l’Euro. En France et en Grèce les électeurs ont montré leurs mécontentements face aux pouvoirs en place. En France, Sarkozy a été gentiment remercié. En Gréce,le parti au pouvoir a été obligé de partager son autorité avec l’extrême droite, opposées à toutes les mesures draconiennes et aux plans d’austérité. Standard & Poor profite de cette situation pour se faire remarquer en dégradant 26 banques italiennes. Je n’ai jamais assisté à un tel scenario dans lequel la politique et l’economie sont si étroitement reliées. Je ne veux pas rater ces moments historiques. lement différente : la Grèce installe la division au sein de la zone monétaire et cela avec son lot de déclarations diplomatiques insensées et contradictoires. L’Autriche, mon second pays, a proposé que la Grèce quitte l’Union Européenne, pour renégocier sa réentrée dans la zone euro (indirectement cela équivaut à quitter la zone euro). Le porte-parole de la commission européenne, a quant à lui, rejeté l’idée d’une sortie de la Grèce. Le président de la même commission, José Manuel Barroso, a dit à ce sujet et je cite : «Quand le membre d’un club ou d’une association ne respecte pas les règles, il est mieux de sortir de ce club, cela est applicable à toute organisation, à toute institution, et à tout projet». Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai utilisé plus haut l’expression de «cacophonie» pour décrire ce qui se passe dans la zone euro ! Tout cela arrive parce qu’il n’y a plus de leader dans la crise européenne ! L’Allemagne semble faire son mea culpa, depuis que sa position rigide sur l’austérité économique s’est vue bombardée par l’opinion internatio- Evolution des Bonds Publics (10 ans) entre le 22 Fevrier et 14 Mai 2012 SPA(10Y) FRA(10Y) ITA(10Y) POR(10Y) GRE(10Y) Une totale cacophonie Dans les milieux européens des finances, on évoque une éventuelle sortie de la Grèce, du Portugal et «maybe» de celle de l’Espagne et dans le pire des cas de l’Italie (cela serait la catastrophe finale). Dernièrement, pour calmer les marchés, les ministres des finances européens réunis à Bruxelles ont démenti avec ferveur une potentielle sortie de la Grèce de la zone monétaire ! En réalité sur le terrain, l’histoire est tota58 Les Afriques . 24 mai 2012 34,36 37,17 21,1 27,56 12,55 13,81 11,07 5,48 10,97 4,95 5,11 2,95 5,77 2,77 4,94 2,89 4,91 2,83 5,33 6,23 22 FEV 12 Mars 12 Avril 12 14 Mai 12 La Grèce dans l’Europe Entre février et mars, il y a eu une certaine accalmie sur les marchés. Tous les bons (de 10 ans) à part ceux du Portugal, ont connu de légères baisses. Les taux d’intérêts sur les bons grecs continuent d’être les plus élevés. nale. Indirectement, sa cousine, l’Autriche, dire tout haut ce que l’Allemagne pense tout bas ! En plus, il y a une invitée surprise à la table, en l’occurrence François Hollande, le nouveau président français! En Grèce, le nouveau vainqueur des élections (Syriza) menace de ne pas signer une autre mesure d’austérité, créant ainsi un véritable imbroglio financier. En pleine rédaction de ces lignes, je prends connaissance de l’échec des pourparlers entre les deux partis ! Ce désaccord renvoie donc le pays de Platon et de Socrate à une autre élection qui déterminera le grand vainqueur ! Tout est vraiment mélangé ! La nervosité s’installe Malgré les différents appels au calme, la nervosité commence à gagner les marchés de transactions des bons publics. Le tableau ci-dessus montre l’évolution des bons publics depuis la parution de mon dernier article sur l’euro (22 Février 2012). Comme on peut le constater, la montagne grecque tout naturellement domine la contrée ! Lorsque qu’un état émet des bons de trésors, il s’endette en effet auprès des détenteurs de ces bons. Les taux d’intérêts sur ces bons sont définis par le marché financier. Si les investisseurs (spéculateurs) doutent de la capacité de remboursement de l’état, ceux-ci vont demander des garanties élevées. Cela va se traduire par des taux d’intérêts élevés. C’est la raison pour laquelle, les taux d’intérêts sur les bons publics de la Grèce sont de 29,10% quand ceux de l’Allemagne de sont de 1,47%. Entre février et mars, il y a eu une certaine accalmie sur les marchés. Tous les bons (de 10 ans) à part ceux du Portugal, ont connu de légères baisses. Les taux d’intérêts sur les bons grecs continuent d’être les plus élevés. Entre le 12 Avril et la date du 14 Mai, les bons espagnols et Grecque connaissent une hausse significative. Et si la Grèce sortait de l’euro ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres ? Là encore je crois que les européens vont commettre la plus grande erreur de leur vie s’ils laissaient la Grèce s’en aller ! Pour soutenir cette argumentation, on cite l’exemple de l’Argentine qui est sortie de l’union monétaire avec l’Amérique, a dévaluée sa monnaie locale et expérimentée une croissance économique en moyenne de 9% entre 2003 et 2007. Les conditions du défaut de paiement de l’Argentine et de celle de la Grèce ne sont pas les mêmes. L’Argentine est un pays ayant une économie sectorielle plus avancée que celle de la Grèce. Comme je l’ai mentionné déjà plus haut, la clef de sortie de la Grèce n’est plus dans les mains de la Commission européenne, mais plutôt dans les élections prochaines ! Je crains que celles-ci ne se transforment en référendum sur la participation du pays à la zone monétaire ! Dans le cas où la Grèce devrait partir, cela va enfin réveiller l’Europe qui mettra tout en œuvre pour sauver sa monnaie. Francis Konan Conseiller éditorial Les Afriques, blog : frkonan.wordpress.com 24 mai 2012 Les Afriques . 59 POINT DE VUE AFRICAIN Une malédiction plane sur le nouveau président français En Afrique, ce n’est pas la victoire de François Hollande que l’on fête, mais la défaite du lecteur (et coauteur) du discours de Dakar. «Sarkozy rentre au quartier», dit-on aujourd’hui en Afrique pour traduire sa déchéance. Q u’ils étaient beaux les drapeaux ivoiriens, sénégalais, maliens, algériens, marocains qui flottaient à la Bastille : c’était, eût-on cru, l’Afrique qui venait d’élire son président. N’en déplaise à Eric Zemmour et aux indignés de Droite, nous autres africains étions particulièrement heureux de voir nos symboles ainsi coloniser les cieux français. Le truc c’est que d’un président à l’autre, elle est toujours déçue cette Afrique, qui s’invite à la table des réjouissances, sans y apporter du vin, en manière d’indépendance, mais prête à danser, parce qu’il est toujours bon de fêter quand on souffre, en manière d’inconséquence. Il y a cinq ans, l’Afrique avait été plutôt présente dans la campagne entre Ségolène et Nicolas. Dans un discours tenu au soir de son élection, il avait promis de bien belles choses. Cette fois, de la campagne jusqu’à son élection, le président élu s’est bien gardé de multiplier les effets d’annonce, mais ceux que l’on a suivis avaient, avant lui, déjà été dits. Il est peu probable de toute manière qu’un président normal incarne la rupture. La normalité entre la France et l’Afrique étant encore la sujétion et l’aspiration sans retour des ressources et 60 Les Afriques . 24 mai 2012 Sarkozy, discours de Dakar juillet 2007 Le truc c’est que d’un président à l’autre, elle est toujours déçue cette Afrique, qui s’invite à la table des réjouissances, sans y apporter du vin, en manière d’indépendance, mais prête à danser ... des talents du continent. La politique africaine de la France est depuis le temps une dette d’Etat et non pas une dette de l’un des nombreux «régimes» à s’être succédés à Paris, qu’ils soient de Gauche ou de Droite. Dès lors, l’espoir sonne comme un éternel recommencement. Qui en effet est François Hollande, qui sinon un Français ? Un corrézien à l’Elysée Le film de son ascension, ça n’est pas tout à fait un indien dans la ville, mais ça y ressemble. Tout sera nouveau pour lui même si ce qu’il avait appris de l’Elysée auprès de son illustre homonyme avait dû être oublié, tellement cette expérience commençait à dater et eût été bien invisible dans un curriculum vitae. Côté cour, François Hollande n’a jamais assisté à un Conseil de ministres, il va en présider plusieurs, tous d’importance capitale. Espérons qu’il ne sera pas frappé par la malédiction de ceux qui avant lui ont gagné leur toute première élection présidentielle (Pompidou, D’Estaing et Sarkozy) qui ont tous fait «un petit mandat et puis s’en va». Hollande a, en tout cas, une sorte de virginité, pleine de promesses. Mais la virginité, ça n’est pas parce qu’on la perd à quarante ans que l’on fera le meilleur usage qui soit de sa sexualité. Côté cœur, une journaliste succède à une chanteuse comme première dame de France. Une femme ni pacsée ni mariée à l’Elysée et un président qui s’apprête à légaliser le mariage homosexuel : on est bluffé par cet «American Dream» version française qui rend possibles tous les rêves, réalisables les trajectoires les plus improbables… Rien n’est donné, tout se construit, pourrait-on conclure pour emprunter à une formule philosophique. «Sarkozy rentre au quartier» Abdoulaye Wade lui-même n’avait pas perdu au premier tour, Giscard d’Estaing non plus, «personne» n’a appelé à voter pour Sarkozy dans l’entre-deux tours, l’énergie du désespoir qu’il a nommé du beau nom de «combativité» n’a fait que rendre plutôt «respectable» sa défaite, qui reste historique. En Afrique, ce n’est pas la victoire de François Hollande que l’on fête, mais la défaite du lecteur (et coauteur) du discours de Dakar. «Sarkozy rentre au quartier», dit-on aujourd’hui en Afrique pour traduire sa déchéance. Evidemment ici, on n’explique jamais rien par les causes finales, les 24 mai 2012 Les Afriques . 61 POINT DE VUE AFRICAIN raisons immédiates, les principes visibles. François Hollande a gagné certes, il reste que, dans l’imagerie générale, ce n’est pas du fait de la majorité d’électeurs qu’il a acquis à sa noble cause pour la France, mais plutôt du fait d’une vengeance outretombe de Kadhafi. Mais après lui avoir rendu la monnaie de sa pièce, il se murmure que Kadhafi continuera de le hanter au travers d’affaires sinon nées éventuelles, concernant ses relations plus ou moins troubles avec l’argent et les milieux d’argent (le vice de DSK était les femmes, celui de Sarkozy serait-il l’argent ?). Mediapart, «officine» aux ordres sans doute de l’ex dictateur libyen a fait la preuve d’une promesse de financement (donc de discussions préalables : l’intention vaut le fait) et le poursuit déjà pour «dénonciation calomnieuse» ; Cecilia dont il avait célébré le mariage avec l’animateur Jacques Martin, à Neuilly-sur-Seine, avant de s’octroyer le privilège magistral de la lui piquer par la suite (officieusement puis officiellement), l’a lâché dès 2007 (l’arroseur arrosé) ; Carla elle-même survivra-t-elle à la déchéance de 62 Les Afriques . 24 mai 2012 Ségolène Royal chez Me Abdoulaye Wade cet homme qu’elle n’a jamais connu que comme président de la république… ? Une retraite tout en procès ? François Hollande a gagné certes, il reste que, dans l’imagerie générale, il a acquis à sa noble cause pour la France, plutôt du fait d’une vengeance outre-tombe de Kadhafi. Jacques Chirac, qui avait demandé à voter pour son frère du village (Hollande), et Dominique de Villepin, tous traînés dans la boue dans des procès où l’Elysée n’a pas manifesté la moindre empathie, tiendront-ils leur revanche ? Après l’échouage, les lâchages suivront et comme de juste les révélations (Karachi, Bettencourt, etc.): affaires à suivre… ! S’il est blanchi de toutes les présomptions qui tendent à s’accumuler contre lui, il comptera dans l’histoire comme un grand président français. Autrement, cette parenthèse de sang libyen qu’aura été son règne se révèlera un cauchemar dont la France prendra des années encore à s’expliquer les tenants et les aboutissants. Qu’elles furent longues et difficiles, ces dernières semaines : le Conseil National de Transition était bien loin, trop impuissant. Paul Biya n’a pas pu envoyer des «observateurs interna- tionaux», et pour cause, tous étaient occupés à courtiser le camp socialiste ( à travers notamment les réseaux de Stéphane Fouks, communicant de Paul Biya). Le président Alassane Ouattara aurait bien aimé lui renvoyer l’ascenseur, mais Nicolas Sarkozy n’a pas daigné exiger le moindre recomptage des voix, il n’a même pas attendu que soient dépouillés les suffrages des Français de l’extérieur. Comment la CEDEAO aurait-elle pu dans ces conditions organiser l’enlèvement de François Hollande et le bombardement de son QG de campagne ? «Les blancs sont décidement faits pour être des dieux» C’est-à-dire que la sorcellerie prend en France des formes magnifiques, la sorcellerie c’est un raccourci qui explique et recouvre l’image que le sens commun se fait ici du prodige et de la perfection. La science des sondages laisse bouche bée l’opinion publique africaine. Les bureaux ne sont pas encore fermés que déjà des «marabouts» annoncent, avec une marge d’erreur guère plus importante que celle des médecins diagnosticiens les plus doués, qui est le prochain président de la France. Le rêve français n’est-il pas un rêve africain ? Et notre rêve à nous autres Africains, est-ce un Français qui va avec sa baguette magique le faire devenir une réalité ? François Holland, Pt de la France Pas moyen de traficoter les chiffres, pas moyen de pratiquer le dilatoire, et tout cela sans qu’aucune commission électorale indépendante ne soit créée… La France va-t-elle revoir son code électoral après que les infractions de France 2 ont semé la division au soir du premier tour ? Au reste leur code électoral traite-t-il seulement de l’élection présidentielle ?! D’où vient-il que des fonctionnaires hiérarchiquement soumis à un ministre de Sarkozy aient toute liberté de gérer ce processus ? Sarkozy qui s’est battu comme un beau diable a été bien prompt à reconnaître la victoire de son rival socialiste. Hollande lui-même a été bien imprudent de ne rien contester de tout cela. Comme si en France les hommes intègres valaient autant que des lois bien faites, comme si l’argent, les réseaux, les puissances extérieures se mettent toujours du côté de ceux que le peuple a choisis. Pourquoi nous fait-on croire que c’est l’argent qui expliquait tout, que des réseaux émergeaient les meilleurs ? Le rêve français n’est-il pas un rêve africain ? Et notre rêve à nous autres Africains, est-ce un Français qui va avec sa baguette magique le faire devenir une réalité ? Eric Essono Tsimi 24 mai 2012 Les Afriques . 63 MEDIAS L’Afrique dans la presse britannique Aucun sujet vraiment dominant cette semaine dans les médias britanniques sur l’Afrique. Chaque quotidien a tenté d’avoir donc son scoop. Le Guardian annonce ainsi que l’avocat de Charles Blé Goudé indique que son client, l’ancien général de la rue à Abidjan, est prêt à se rendre devant tout tribunal qui lui garantie justice. N Niger, la pire nation au monde pour les mamans ick Kaufman, l’avocat de Blé Goudé a déclaré au Guardian, que celui qui a aidé Laurent Gbagbo a s’accrocher au pouvoir, serait prêt à se défendre devant tout tribunal qui lui garantirait un jugement juste. Le dirigeant charismatique des Jeunes Patriotes en Côte-d’Ivoire, a quitté son pays aux dernières heures du régime défunt. Blé Goudé prêt à se rendre Charles Blé Goudé serait à la frontière entre le Ghana et le Togo. Et sa réapparition dans les média intervient seulement trois semaines après l’énoncé du verdict dans le procès de Charles Taylor. Rapportant des propos de son client, l’avocat affirme que Blé Goudé dit «avoir servi son pays en toute loyauté et qu’il continuerait à le faire en tout lieu où il se trouverait». Taylor cherche prison Une autre information inédite révélée par le Guardian, indique que les avocats de Charles Taylor ont officiellement informé les Nations Unies qu’envoyé l’ancien président Charles Taylor dans les prisons pas très sécurisés de Grande Bretagne le laisserait culturellement isolé, et constituerait une double punition. La défense de Taylor a insisté pour dire que les 80 ans requis contre leur client est réaliste, sachant qu’à la Hayes il n’y a pas d’emprisonnement à vie ou d’exécution capitale. Me Courtenay, le chef de file des avocats de la défense de l’ancien président libérien a indiqué qu’après l’annoncé de la condamnation dans ce procès le 30 mai, il fera appel. 64 Les Afriques . 24 mai 2012 Charles Blé Goudé serait à la frontière entre le Ghana et le Togo. Et sa réapparition dans les média intervient seulement trois semaines après l’énoncé du verdict dans le procès de Charles Taylor. The Independent s’intéresse au rapport de Save de Children indiquant que le Niger est la pire nation au monde pour les mères. Quotidiennement les mamans doivent lutter contre la maladie, la malnutrition et la pauvreté. Le quotidien britannique affirme citant ce rapport, que le Niger remplace à cette position l’Afghanistan. Ce rapport annuel de Save The Children s’intitule «L’Etat des mères dans le Monde». Il fait une comparaison de la situation des mères dans 165 pays du monde, en prenant en compte des facteurs comme: l’éducation, le statut économique, la santé de la mère et le bien-être et la santé de l’enfant. Parmi les dix pays au bas de ce classement, sept font actuellement face à une crise alimentaire. Ce rapport insiste sur le fait que la malnutrition est le problème le plus sérieux que les mères doivent affronter. Un cinquième des morts maternelles et un tiers des morts infantiles sont liées à ce problème. La victoire de Hollande : Une musique à nos oreilles L’artiste sénégalais Baaba Maal dans un blog au Guardian affirme que Sarkozy, c’est déjà le passé, la vieille France, et que François Hollande apprécie par contre le rôle que peuvent jouer les immigrés dans la construction du futur en France. Baaba Maal affirme qu’au plus fort de la campagne pour la présidentielle, la question de l’immigration et de la race était au centre du débat. Et certains africains de France, des artistes, de grands intellectuels, et autres écrivains primés affirmaient qu’en cas de victoire de Sarkozy, il leur faudrait quitter l’Hexagone. L’artiste sénégalais revient sur le discours de Sarkozy à Dakar dans lequel il affirmait que les Noirs n’avaient pas eu la chance de marquer l’histoire. Maintenant avec la victoire de François Hollande Baaba Maal espère que l’administration changera le traitement réservé aux français d’origine noire. Car pour lui il est important que la seconde et troisième génération d’enfants immigrés nés en France fasse partie du système français. Soudan, un cessez le feu peu respecté Le Financial Times s’intéresse encore cette semaine au conflit entre frères ennemis soudanais. Reprenant une dépêche de l’agence Reuters, le journal financier précise que le Soudan a bombardé sept localités sud soudanaises en 48 heures, violant ainsi le cessez-le-feu des Nations Unies. Cela pourrait rendre encore plus difficile les efforts internationaux pour pousser les deux parties à reprendre les négociations sur différents sujets non encore réglés. Selon le porte-parole de l’armée sud-Soudanaise, les Migs et Antonov soudanais ont bombardé les régions du Bar-El-Ghazal, de Unity et de Upper Nile. A Khartoum le porte-parole de l’armée soudanaise n’a pas souhaité répondre à ces allégations. François Hollande face à la presse Maintenant avec la victoire de François Hollande Baaba Maal espère que l’administration changera le traitement réservé aux français d’origine noire. A l’opposé le ministre soudanais des affaires étrangères dans une adresse au parlement de son pays, a affirmé que Khartoum appliquera les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies appelant les deux parties à s’engager dans la feuille de route de paix de l’Union Africaine. Le Daily Telegraph confirme d’ailleurs ces bombardements soudanais des localités sud-soudanaises. Deux élections: Egypte et Algérie The Independent s’intéresse à l’élection algérienne. Il s’agirait de l’élection la plus juste en vingt ans dans le pays malgré une abstention substantielle. Le printemps arabe n’a pas eu de véritable prise en Algérie affirme Alastair Beach de the Independent. Quelques 44 partis briguaient les 462 sièges de la nouvelle assemblée qui devra poursuivre les reformes constitutionnelles. Le Guardian évoque par contre la campagne pour la présidentielle égyptienne avec le premier débat télévisé entre candidats jamais organisé auparavant dans le pays. Des millions d’égyptiens ont suivi ce débat sur deux chaînes privées de télévision satellitaire entre Amr Moussa, l’ancien patron de la Ligue Arabe et Abdel-Monein Abul-Futoh un ancien membre du groupe des Frères Musulmans. Dave Berraud, Londres 24 mai 2012 Les Afriques . 65 ARRÊT SUR IMAGE Etats Unies d'Amérique Jamie Dimon (au centre) président de JP Morgan, la tête dans les nuages suite à la perte de 2 milliards de dollars occasionnée par un trader indélicat. 66 Les Afriques . 24 mai 2012 24 mai 2012 Les Afriques . 67 EMPLOI Monde arabe De l’emploi pour les jeunes Le sentiment de désespoir dominant chez les chômeurs, et qui a déclenché le printemps arabe, continue de hanter les jeunes diplômés de la région. A cet effet, et dans un souci de trouver des solutions, une conférence a été organisée autour de ce sujet par le British Council. Reportage par David Matthews. A près qu’il s’est vu interdire par la police de vendre les fruits et les légumes, sous prétexte qu’il ne possédait pas les permis nécessaires, Mohammed Bouazizi s’est immolé par le feu. Son décès, début 2011, constitue un anneau de grande importance dans la chaîne des événements qui se sont succédés et qui ont inspiré les révolutions dans la région, où les autocraties s’étaient installées depuis longtemps en Tunisie, Egypte, Yémen, et en Libye. Cependant, en dépit des profonds changements politiques ressentis dans toute la ré- Manifestation de diplômés chômeurs Afrique du Nord L’Institute of International Education a montré que le nombre d’étudiants est passé à +162 % entre 1998 et 2008 contre 40 % pour la population MENA. 68 Les Afriques . 24 mai 2012 gion arabe, les auto-immolations par le feu n’ont pas cessé. En fin janvier 2011, cinq diplômés chômeurs marocains se sont immolés devant le ministère de l’éducation nationale à Rabat, capitale du pays. Leur acte rentrait dans le cadre d’une manifestation exigeant leur intégration dans des postes du secteur public. Un de ces diplômés a succombé à ses blessures. Le nombre de diplômés chômeurs dans la région constitue un sujet critique et a été au centre d’une conférence organisée par le British Council à Mohammedia au Maroc sous le thème «Le futur de l’éducation supérieure dans la région MENA». Tout au long de la dernière décennie, le nombre des étudiants dans la région MENA a explosé, sans que le marché de l’emploi ne puisse suivre le rythme. Selon une étude menée par l’Institute of International Education, la population des étudiants a sensiblement accru, passant de 2,9 à 7,6 millions entre 1998-1999 et 2007-2008. Cette évolution équivaut à une hausse de 162% alors que la population globale de la région MENA a augmenté de 40%. Adriana Jaramillo, spécialiste principal de l’éducation au sein de la Banque Mondiale : «Le taux de chômage chez les diplômés [dans la région MENA]… est le plus élevé au monde». Stephen Chan, Professeur des relations internationales à l’école des études orientales et africaines (School of Oriental and African Studies) à l’Université de London, a intervenu lors de la conférence avec la question suivante : «Qu’allez-vous faire avec tous ces gens une fois qu’ils auront obtenu leurs diplômes ? Etre jeune, en colère et à l’université est une chose, être jeune, en colère et en chômage en est une autre». Le taux des inscriptions en enseignement supérieur, qui était de 25,8% en 2010, devrait atteindre 32,4% vers 2020. Selon un rapport intitulé «Breaking Even or Breaking Through», établi par la Banque mondiale et l’Agence Française de Développement au sujet du financement des universités dans la région MENA, le nombre des chômeurs diplômés en Egypte a atteint, en 2010, près du quart. En Tunisie, le pays où le printemps arabe a été déclenché, leur nombre s’est accru de 8,7% en 2000 à 21,9 % en 2010. En 2005, 46% des diplômés tunisiens étaient encore en chômage 18 mois après l’obtention de leurs diplômes. Selon Adriana Jaramillo, spécialiste principal de l’éducation au sein de la Banque Mondiale : «Le taux de chômage chez les diplômés [dans la région MENA]…est le plus élevé au monde». Au Maroc, les immolations par le feu illustrent la frustration et la colère des gens contre le manque d’emplois pour les diplômés dans le secteur public. Les commentateurs déclarent qu’une opinion très répandue dans la région veut qu’un diplôme universitaire doit obligatoirement assurer un poste dans le public. Une telle supposition fait du chômage des diplômés une problématique encore plus explosive au Maroc que dans d’autres pays du monde. Selon Breaking Even, l’attrait de ces emplois est clair : le rapport explique qu’ils offrent «des avantages médicaux et de retraite relativement généreux, des heures de travail relativement courtes, et assurent même le transport». Cependant, ces emplois demeurent insuffisants pour couvrir tous les besoins. Contrairement aux économies de la région MENA, les économies asiatiques, telles que l’Inde et la Malaisie ont su profiter des opérations d’externalisation menées par les sociétés multinationales, selon Hussein Eissa, vice-président de l’Université Ain Shams au Caire. Eissa, lors de son intervention à la conférence, a affirmé que ces sociétés sont découragées par la faiblesse des ressources humaines dans la région. Ainsi, les institutions dans la région Mena «ont besoin de former les étudiants dans le domaine des compétences générales, l’informatique, et les langues». Selon la Banque mondiale, près de 24 mai 2012 Les Afriques . 69 EMPLOI 40% des entreprises dans la région considèrent que le manque de main d’œuvre compétente constitue «une contrainte majeure», plus que dans n’importe quel pays au monde. D’autres affirment que former les diplômés selon le besoin de l’employeur pourrait être une solution. Pour Eissa, 1 500 diplômés ont bénéficié en 2008 d’une reformation à l’école des affaires au sein de l’université dans le domaine de l’informatique, les langues, et les compétences générales, et reçoivent, en contrepartie, l’opportunité de travailler dans une grande entreprise internationale en Egypte. Le taux d’emploi pour ce groupe a atteint 80%, affirme Eissa, et le programme a été étendu à 80 écoles pour intégrer 10000 étudiants. Cependant, Eissa reconnaît que le plus grand problème est que «le nombre des diplômés en affaires dépasse la demande». Les universités des pays francophones de la région -Maroc, Algérie, et Tunisie- se trouvent elles aussi, dans le dilemme de passer ou non à la langue anglaise. Selon Adel Lagha, membre tunisien du groupe des experts régionaux du British Council, le «Young Arab Analysts Network International», les entreprises «ne peuvent pas recruter des spécialistes en Technologies de l’information en Tunisie». Par conséquent, «elles se dirigent vers l’Inde où les compétences en langue anglaise sont bien présentes». En fait, les problèmes commencent bien avant l’inscription. Dans l'étude Programme for International Student Assessment (PISA), les indicateurs mesurant les compétences des jeunes de 15 ans dans le domaine de la lecture, les sciences, et les mathématiques, compilés par l’OCDE, montrent que les lauréats des écoles de la région Mena sont faibles par rapport aux compétences requises pour les études universitaires. Les scores PISA ne concernent pas tous les pays de la région MENA, mais les quatre pays qu’ils couvrent-Dubaï aux Emirats Arabes 70 Les Afriques . 24 mai 2012 Unis, Qatar, Tunisie et Jordaniesont tous classés en dessous de la moyenne établie par l’OCDE en 2009. Tous, à part Dubaï, languissent dans le dernier quantile. Remarquablement, le Qatar-qui avait enregistré le revenu par habitant le plus élevé au monde, se situe actuellement au cinquième rang à partir du bas dans un tableau de 65 au niveau des compétences de lecture et des sciences, et quatrième à compter du bas en ce qui concerne les mathématiques. Ainsi, et dans un souci d’améliorer les normes et les compétences des diplômés, des systèmes d'assurance qualité sont en cours d'élaboration dans la région. Cependant, des doutes subsistent quant aux pouvoirs des organes d'assurance qualité, et quant à l’autonomie par rapport aux gouvernements, souvent autocratiques et opaques. Selon Nadia Badrawi, présidente du Arab Network for Quality Assurance in Higher Education (Réseau arabe pour l'assurance qualité dans l'enseignement supérieur)- réseau soutenu par la Banque mondiale et l'Unescojusqu'à présent, 10 des 22 pays arabes ont créé des agences d'assurance qualité, huit sont entrain de les développer et quatre n'ont pas l'intention Les universités des pays francophones de la région Maroc, Algérie, et Tunisie- se trouvent elles aussi, dans le dilemme de passer ou non à la langue anglaise. Amphithéâtre d’une université (Zone MENA) : de l’adéquation formation-emploi de le faire. Mais seules quatre des 10 agences qui existent actuellement publient leurs résultats. La plupart de ces agences sont affiliées aux ministères nationaux qui s'occupent de l'enseignement supérieur, ce qui engendre un important conflit d'intérêts : «Les ministères de l'enseignement supérieur sont le principal fournisseur. Comment un évaluateur peut-il être le [principal] fournisseur?» demande Badrawi. En Egypte, la qualification pour l'accréditation dans l'enseignement supérieur est mise en œuvre depuis 2007, mais son sceau d'approbation a été refusé à certaines facultés de niveau inférieur, explique son directeur, Mostafa Radwan. Ce dernier estime que les taches noires peuvent nuire à l'image d'une université comme elles peuvent la pousser à améliorer sa qualité. Les établissements sont appelés à «élaborer un plan stratégique plus ambitieux et qui [sera] financé [par] le gouvernement», explique t-il. Mais le financement public des universités ne risque rien si la qualité est jugée mauvaise. Interrogé lors de la conférence si le principe des bâtons et de carottes est appliqué au secteur égyptien, Radwan a plaisanté en disant que «les carottes et les bâtons ne sont pas pour l'homme» et a souligné que son objectif n'était pas de punir les institutions errantes. «Il doit y avoir des coups de bâton. [Vous] ne pouvez jamais travailler sans bâtons», réagit Badrawi, qui estime que ces mesures devraient inclure un risque de suspension du financement public, et qu' «il devrait y avoir un risque de fermeture» pour les universités qui ne parviennent pas à assurer. Jaramillo recommande que les états investissent plus d'argent dans le secteur. Mais il serait probablement difficile pour les universités de persuader leurs gouvernements qu'ils sont sous-financés. Selon la Banque mondiale, la proportion du produit intérieur brut consacré à l'enseignement supérieur dans la région a augmenté de 1,1% en 2000 à 1,4 % en 2010, atteignant ainsi le même niveau que le groupe de l'OCDE des pays les plus riches. En effet, l'Algérie dépense 2,6% de son PIB pour l'enseignement supérieur, plus que ne dépense la Corée du Sud. 30 Au niveau du privé, on estime que les présidents des universités favorisent l’introduction des frais d’inscription pour augmenter le budget. Mais politiquement parlant, ceci constitue un anathème dans plusieurs parties de la région. S'il est difficile d'attirer les entreprises étrangères à la région, comment les diplômés peuvent-ils mettre en place leurs propres entreprises ? Les participants à la conférence étaient presque à l'unanimité dans leur appel adressé à ces diplômés de développer leur esprit entrepreneurial. Lahcen Daoudi, Ministre marocain de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et la formation des cadres, explique que l'une de ses «préoccupations majeures» est d'encourager les étudiants à «s’auto-organiser» au sein de l'université dans des communautés d'étudiants, en vue «d’inculquer ... l’autonomie et l'indépendance économique». Selon Chan, «les tigres économiques d’Asie», à savoir le Singapour, la Corée du Sud, Hong Kong et Tai- Le problème des diplômés chômeurs dans la région «va probablement s'aggraver avant de s'améliorer». wan, se sont transformés dès qu’«ils ont permis à leurs jeunes de créer leur propre emploi». Néanmoins, permettre aux jeunes diplômés de démarrer de nouvelles entreprises est bien loin des compétences de l'académie, prévient-il. Si cela prend deux ans dans un pays MENA à mettre en place une société, par exemple, «ce que les universités font n’aura plus d’importance. Vous serez en train de vous tuer» dit-il. L’année dernière, l'appel de Daoudi pour l'auto-organisation des étudiants a été repris plus vigoureusement en Egypte : Les Universités y ont été démocratisées, avec de nombreux présidents et doyens désormais élu, dans un contexte décrit par Badrawi comme une «faim pour les élections». Mais les bases économiques qui sous-tendent le chômage des diplômés sont susceptibles de persister. Le problème des diplômés chômeurs dans la région «va probablement s'aggraver avant de s'améliorer», prédit Jaramillo. David Matthews DES CONNAISSANCES GASPILLEES : LE CHOMAGE DES ADULTES DANS LA REGION MENA 25 2000 15 10 Proportion des chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur Moyenne OCDE Moyenne UE Egypte Jordanie Maroc Syrie 0 RoyaumeUni 5 Tunisie Pourcentage 2010 20 Source : Banque mondiale 24 mai 2012 Les Afriques . 71 ARCHIVES D'AFRIQUE De la Rodhésie au Zimbabwé, 32 ans après… Ici en 1976, Robert Mugabé, leader du ZANU (Zimbabwean African National Union), du temps où il était ce héros qui faisait l’unanimité en Afrique. A la Havane (Cuba), le 8 juin 1992 le temps d’un entretien avec Fidel Castro. Le 6 février 1980, à la tête de la guérilla nationaliste ZALA (Zimbabwe African Liberation Army), juste avant les élections générales. 7 avril 2000. En campagne pour les legislatives, Mugabé accuse les fermiers blancs de soutenir le MDC (Movement for Democratic Change). C’est le début de l’escalade. Avril 1980. Le prince Charles reçoit une médaille de la part de celui qui n’était encore que le premier ministre du Zimbabwé. C’était lors d’un dîner célébrant le passage de la Rodhésie au Zimbabwé. L’influence réelle de sa femme Grace reste l’une des énigmes de Mugabe. Ici, le 10 juin 2000 en pleine campagne législative. 72 Les Afriques . 24 mai 2012 Accolade avec le Venezuelien Hugo Chavez en marge du 60e anniversaire de la FAO, le 17 octobre 2005 à Rome. L’embargo qui frappe le Zimbabwé a vu l’envolée record de l’inflation qui atteignait 231 million pour cent en juillet 2009. D’où le lancement d’un billet de banque de …100 million de $ zimbabwéen. Morgan Tsvangirai, l’actuel premier ministre et leader du MDC (opposition) est le principal opposant à Robert Mugabé. Ici le 3 février 2008. Comme Jim Steele, ici quittant la prison de Chinoyi, 115 km au NordOuest de Hararé, le 22 août 2001, la plupart des fermiers blancs sont prêts à mourir pour leurs terres. Le problème reste entier. A l’image de Tabo Mbekki (ici le 12 avril 2008), la plupart des dirigeants sud-africains ne sauront pas sur quel pied danser dans l’affaire de l’expropriation des fermiers blancs Zimbabwéen. Le premier ministre, Morgan Tsvangirai, ici avec Alassane Ouattara, essaie de se forger une posture de future président incontournable. Un moindre faux pas pourrait lui coûter cette position de successeur potentiel à son rival politique, Robert Mugabé. 24 mai 2012 Les Afriques . 73 PIED DE LETTRE Daouda Mbaye, Secrétaire de Rédaction. Un porte-avion nécessite des moyens L’intégration au cœur du développement A vec des micro-Etats, l’Afrique réduit ses chances de développement. Est-il nécessaire de plancher sur «Le tout et la partie» pour appréhender les atouts de vastes ensembles économiquement intégrés ? La Grèce, qui traverse une période délicate de son histoire, n’est toujours pas lâchée par les 27 autres membres de l’Union européenne. Au contraire, ils lui restent solidaires. Pourtant, sous nos latitudes, c’est un truisme d’avancer que la plupart des Etat africains n’ont rien d’Etats –Nations. Hérités de la colonisation, les frontières des pays actuels ont été, à l’origine, tracées à la règle. Les séquelles d’entités décomposées, de familles divisées, sont jusqu’à présent le lot de frustrations, de conflits aussi absurdes que fratricides. L’ethnie Ewé est toujours répartie entre le Togo et le Ghana. L’enclave gambienne de 10 000 km² à l’intérieur du Sénégal continue de résister au bon sens. Pour traverser ce «clos», où chaque Sénégalais a au moins un cousin ou une sœur et vice-versa, les entraves ne manquent 74 Les Afriques . 24 mai 2012 pas. Les ballantes, manjacks, mankagnes, peulhs, mandingues, … du sud du Sénégal sont les mêmes en Guinée Bissau, dès le Rio Cacheu franchi. Nombre de ces peuples sont répartis dans toute la sous-région entre la Guinée Conakry, la Sierra Leone, le Libéria, la Côte d’Ivoire, la Niger, le Burkina Faso, le Mali, … Entre autres aberrations, nombre d’Etats sont enclavés et ne disposent d’aucunes ouvertures sur l’océan. Au lendemain des indépendances, la clairvoyance des panafricanistes, qu’ont étéjuste un temps- Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Modibo Keita du Mali, produisit la Fédération du Mali. Ce bel ensemble engloba les deux Etats. Malheureusement, cette fusion fut éphémère. Si les armoiries respectives sont aujourd’hui distinctes, il reste tout de même aux populations de ces 2 pays une devise commune «Un peuple, Un but, Une foi», qui trône toujours sur leurs pièces d’identités officielles (CIN et Passeport). Ironie de l’histoire le Mali est aujourd’hui coupée en deux ! De grands ensembles pourraient être des remparts contre de telles agressions !