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DOSSIER THÉMATIQUE Oncodermatologie Le diagnostic précoce du mélanome cutané Early diagnosis of cutaneous melanoma L. Thomas*, N. Poulalhon*, S. Debarbieux*, A. Phan*, S. Dalle* L * Université Lyon 1 ; service de dermatologie, centre hospitalier Lyon-Sud, Pierre-Bénite. ors de la conférence inaugurale du congrès Euro mélanome à Milan en 2009, le Pr M.C. Mihm Jr. soulignait que la présentation clinique du mélanome avait beaucoup changé en 40 ans et que, aujourd’hui, les lésions qui étaient retirées de la peau des patients avec ce diagnostic n’avaient rien à voir avec les tumeurs très développées qui étaient diagnostiquées au début de sa carrière. On estime qu’une bonne partie de l’amélioration des chiffres de survie globale en cas de mélanome cutané (1) est liée au dépistage précoce (2, 3). Ce dépistage plus précoce du mélanome a été certainement facilité par son augmentation d’incidence, et donc son augmentation de notoriété, et également par une prise de conscience, dans la population médicale, de la nécessité d’un examen cutané à la recherche de ce cancer (4). Malheureusement, un certain nombre de patients échappent encore à ce dépistage précoce, et trop de mélanomes cutanés sont encore diagnostiqués trop tardivement, soit parce que la maladie a été longtemps négligée ou ignorée (figure 1), Figure 1. Mélanome de type SSM (Superficial Spreading Melanoma) en phase de croissance verticale. À noter que la partie en relief, d’apparition récente, s’accompagne d’une large macule pigmentée asymétrique à bords irréguliers et hétérochrome dont le diagnostic plus précoce aurait été possible. À côté de cas probablement plus rares de mélanomes primitifs à croissance rapide, c’est ce retard diagnostique qui reste, dans notre expérience, responsable de la mortalité de nos patients. 552 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 soit parce que les patients sont atteints d’une forme à croissance plus rapide du mélanome (5). Malgré tout, l’immense majorité des mélanomes sont des tumeurs à croissance relativement lente (6), et il est donc possible, grâce à un certain nombre de règles cliniques et parfois d’investigations simples, d’en faire le diagnostic le plus précoce possible, en garantissant ainsi les meilleures chances de guérison après un traitement chirurgical relativement simple (2). Examen clinique cutané “corps entier” C’est une évidence, mais, pour dépister un mélanome, il est indispensable que la peau fasse l’objet d’un examen clinique au moins aussi attentif que l’examen d’autres organes ou d’autres fonctions (4). Le mélanome est le plus souvent une tumeur de couleur brune ou noire, et son diagnostic confronte le clinicien à un problème crucial de diagnostic différentiel. En effet, on estime qu’une tache pigmentée sur 200 000 serait un mélanome. Les cliniciens doivent donc développer des qualités de diagnostic différentiel tout à fait performantes pour retirer un maximum de lésions susceptibles d’être malignes et, naturellement, ne pas intervenir sans raison sur des lésions bénignes. S’il est exact que le mélanome survient le plus souvent sur un terrain prédisposant (patients aux cheveux clairs, aux yeux clairs, à la peau claire et prenant facilement des coups de soleil, patients aux antécédents personnels ou familiaux de mélanome, patients porteurs d’un grand nombre de nævus pigmentaires, patients présentant une mutation prédisposante d’un des gènes favorisant le mélanome, etc.), il est aussi exact que l’on observe des mélanomes chez des sujets qui ne présentent aucun facteur de risque vis-à-vis de cette pathologie. Résumé Dans l’état actuel de nos connaissances, seul le diagnostic précoce permet une approche curative du mélanome cutané. À côté de l’examen clinique, qui se doit de couvrir toute l’étendue de la peau, des méthodes de diagnostic précoce ont permis des progrès significatifs et démontrés : c’est en particulier le cas de la dermoscopie. La surveillance dermoscopique numérique des malades à haut risque apporte aussi des informations précieuses. Enfin, la place de la microscopie confocale in vivo, des études génomiques in situ ou d’autres méthodes reste à évaluer. L’examen de l’intégralité du système tégumentaire (7) est absolument indispensable, même si certaines topographies sont plus souvent atteintes. C’est le cas du tronc et des membres inférieurs, mais, chez les personnes âgées, le mélanome siégera également volontiers sur le visage. Enfin, le cuir chevelu, les paumes, les plantes de pied et les ongles peuvent tout à fait être le siège d’un mélanome de présentation – on le verra plus loin – un peu inhabituelle, et ne doivent donc pas être négligés lors de l’examen systématique de la peau. Si les zones exposées au soleil sont volontiers le siège des carcinomes cutanés, c’est plutôt le tronc et la racine des membres qui sont menacés chez l’homme, et les membres inférieurs chez la femme, sans qu’il s’agisse d’une règle absolue. On veillera donc à examiner le patient totalement dénudé, après lui avoir bien expliqué la nécessité d’un tel examen “corps entier” (figure 2). L’auto-examen, parfois aidé – comme on le verra plus loin – de documents photographiques, est également encouragé chez les patients à fort risque. Toutefois, les patients peu ou mal informés échappent à cette méthode (8). Mots-clés Mélanome Dermoscopie Microscopie confocale in vivo Diagnostic précoce Keywords Melanoma Early diagnosis Dermoscopy Digital dermoscopy In vivo confocal skin microscopy Diagnostic clinique du mélanome dans sa forme habituelle Figure 2. L’examen systématique “corps entier” permet de dépister les formes “cachées” de mélanome. Figure 3. Critères ABCD dans un mélanome typique. Toutefois, ces symptômes sont souvent pris en défaut dans les formes très précoces. Dans sa forme habituelle le mélanome est une tumeur cutanée le plus souvent plane au début, puis acquérant un certain relief, voire parfois un aspect bourgeonnant et ulcérant. Dès que la lésion devient palpable, et a fortiori ulcéreuse ou bourgeonnante, on a en règle générale affaire à une forme plus avancée et de pronostic plus réservé. La lésion est la plupart du temps asymétrique, elle présente des bords irréguliers, a une couleur inhomogène et, le plus souvent, son diamètre est supérieur ou égal à 6 mm. Ces 4 critères sémiologiques reconnus par l’acronyme ABCD (Asymétrie, Bords irréguliers et/ou flous, Couleur inhomogène et Diamètre de plus de 5 mm) [figure 3] (9) sont très caractéristiques. Toutefois, ils sont largement pris en défaut, et bon nombre de lésions bénignes peuvent également présenter l’une ou l’autre de ces anomalies (10, 11). Il est également habituel de considérer avec une attention particulière tout patient consultant pour une lésion spécifique, soit parce qu’il a noté une modification (critère E, pour évolutivité ou élargissement), soit parce qu’il a constaté un changement dans ses sensations (léger prurit, voire parfois légère douleur). Il est également fréquemment recommandé d’accorder une attention toute particulière, chez un patient porteur de nombreuses lésions pigmentées, à celles dont l’aspect clinique diffère des autres (figure 4, p. 554). Cette lésion est La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 | 553 DOSSIER THÉMATIQUE Oncodermatologie Le diagnostic précoce du mélanome cutané synonyme d’un pronostic réservé. Dans les 2 cas, la dermoscopie permet de proposer le diagnostic plus aisément (13). Mélanome des paumes et des plantes Il est difficilement différencié des lésions pigmentaires bénignes sur la foi des critères ABCDE. Il faudra donc porter une attention toute particulière à toute pigmentation palmoplantaire récente chez un adulte, surtout si ces lésions s’étendent. La dermoscopie sera particulièrement utile dans le diagnostic de ces lésions (14, 15). Figure 4. Vilain petit canard : le clinicien doit porter une attention particulière à la (ou aux) lésion(s) pigmentée(s) qui diffère(nt) des autres. volontiers appelée “vilain petit canard” (12) et elle doit faire l’objet d’un examen prioritaire lors de la recherche ou du dépistage du mélanome. Bien entendu, des symptômes plus tardifs peuvent être observés, en particulier l’apparition d’un saignement après un traumatisme mineur, d’un halo inflammatoire ou d’une nodulation, voire de signes de dissémination, comme des masses ganglionnaires ou des tumeurs cutanées pigmentées, situées en général entre la lésion principale et primitive et l’aire ganglionnaire de drainage. Ces manifestations sont en règle générale tardives, et habituellement associées à un pronostic défavorable. Diagnostic du mélanome dans ses formes inhabituelles Mélanome achromique C’est une tumeur non pigmentée. Il en existe sémiologiquement 2 types différents. Le premier type consiste en une lésion initialement plane, érythémateuse, parfois asymétrique mais pas toujours, et survenant le plus souvent chez des sujets à peau claire (roux ou blonds). Cette forme clinique de mélanome est de diagnostic difficile, ce qui explique souvent un retard de diagnostic plus ou moins important. La seconde forme clinique de mélanome achromique est la forme ulcérobourgeonnante achromique. Parfois, cette tumeur non pigmentée ulcérobourgeonnante et ressemblant à un carcinome spinocellulaire peut avoir été précédée par une macule pigmentée, celle-ci s’étant ensuite effacée sous l’évolution tumorale exophytique érythémateuse et saignant facilement au contact de la lésion achromique. Il s’agit pratiquement toujours d’une forme tardive, dont le diagnostic est souvent 554 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 Mélanome de Dubreuilh Également appelé lentigo malin, c’est une forme non inhabituelle de mélanome qui siège sur les zones exposées au soleil. De plus en plus, ce mélanome est dénommé “mélanome lentigineux des zones exposées”, mais cela n’a guère d’importance. Il s’agit alors d’une macule pigmentée d’évolution lentement progressive, en surface, le plus souvent sur le visage, mais parfois également sur le dos des mains, le décolleté ou les avant-bras de sujets le plus souvent âgés. Le diagnostic différentiel entre mélanome de Dubreuilh et lentigo actinique, qui est une pathologie bénigne, est parfois difficile, et il faut savoir recourir à la dermoscopie et à la biopsie pour différencier certains cas précoces. Le développement de techniques comme la dermoscopie (16) ou la microscopie confocale in vivo a permis d’élaborer un diagnostic précoce pour ce type de mélanome, y compris chez des sujets beaucoup jeunes que ceux que l’on considérait habituellement pour ce diagnostic. Mélanome des ongles C’est une forme rare de mélanome : on estime qu’il représente seulement 1 à 2 % de tous les cas (15). Le plus souvent, la forme de début est une bande pigmentée longitudinale (mélanonychie longitudinale). Au cours de l’évolution, la peau périunguéale va se pigmenter, et l’on peut ensuite observer une destruction de la tablette de l’ongle, voire une prolifération ulcérobourgeonnante du sillon proximal de l’appareil unguéal, réalisant le tableau classique, mais malheureusement souvent déjà très avancé, de faux panaris mélanique (17). Le diagnostic différentiel des bandes pigmentées unguéales est très difficile (18) ; aussi, le recours à un avis spécialisé est absolument DOSSIER THÉMATIQUE indispensable devant toute pigmentation unguéale longitudinale, qu’elle soit partielle ou totale, d’autant qu’un traitement conservateur est possible dans les cas dépistés précocement (19). Mélanome des muqueuses Les mélanomes primitifs des muqueuses génitales masculine et féminine, ou, plus rarement, de la muqueuse buccale sont également régulièrement observés. À part les formes de la muqueuse génitale masculine, qui sont volontiers dépistées précocement, les formes génitales féminines ou buccales sont souvent de diagnostic tardif, au stade où l’on observe de volumineuses tumeurs, parfois noirâtres, parfois totalement achromiques et saignant au contact. Sur la muqueuse génitale masculine ou sur la muqueuse génitale féminine, en cas d’examen systématique, on peut parfois faire un diagnostic plus précoce devant une macule brune irrégulière dans ses contours et évolutive. Le diagnostic différentiel hésite avec la mélanose bénigne des muqueuses, mais le recours quasi systématique à la biopsie est absolument indispensable, même si la dermoscopie permet parfois de suggérer le diagnostic de mélanome. Mélanome desmosplastique Cette forme rare de mélanome survient le plus souvent après un traitement incomplet ou après le traumatisme d’un mélanome préexistant, elle est le plus souvent de type mélanome de Dubreuilh et située sur le visage. Cette tumeur cutanée est en fait principalement dermique et se signale par une induration en profondeur alors même que la surface peut n’être que peu pigmentée, voire pas du tout (20). Le mélanome desmoplastique est une forme rare de cette tumeur, et les critères histopronostiques habituels du mélanome (index micrométrique de Breslow) ne s’appliquent pas à ce type de lésion. appareil grossissant sur la lésion, qui sera immergé dans un liquide permettant de supprimer le reflet de la couche cornée. Plus récemment, des dermoscopies en lumière polarisée ont permis d’obtenir le même résultat sans contact entre l’appareil et la peau du malade. Les images cliniques observées en dermoscopie permettent une analyse sémiologique beaucoup plus fine de la lésion, et donc, en règle générale, un diagnostic différentiel beaucoup plus aisé avec les pathologies pigmentées bénignes de la peau. Trois méta-analyses concordantes viennent démontrer la supériorité de l’examen dermoscopique devant une lésion pigmentée par rapport à l’examen clinique simple (21-23). Il est donc recommandé par de nombreuses guidelines internationales que la dermoscopie soit à la fois enseignée et pratiquée par les dermatologistes en charge du dépistage du mélanome (24). Les symptômes observés en dermoscopie sont des symptômes architecturaux principalement basés sur la symétrie ou l’asymétrie de la lésion, la symétrie ou l’asymétrie de son contenu, la présence d’un ordre ou d’un désordre architectural et enfin la présence de symptômes individuels ; ces différents signes vont orienter en faveur de la bénignité (régularité, ordre architectural, présence de 1 ou 2 structures dermoscopiques distinctes) ou du caractère malin de la lésion (irrégularité, asymétrie, désordre architectural, présence de multiples composants, de symptômes évocateurs de mélanome, comme des pseudopodes périphériques, présence d’un voile gris bleuté ou de structures dermoscopiques évoquant des phénomènes de régression inflammatoire de la tumeur). Grâce à l’examen attentif des structures dermoscopiques, il est possible non seulement d’affiner le diagnostic différentiel mais également de retenir le diagnostic de mélanome à un stade où, cliniquement, la lésion paraît totalement banale, ressemblant à un nævus pigmentaire (figure 5). A B Dermoscopie La dermoscopie, ou dermatoscopie ou examen cutané en épiluminescence, consiste à examiner les lésions cutanées, principalement les lésions pigmentées, au moyen d’un appareil optique supprimant le reflet de la couche cornée et offrant un agrandissement d’un facteur 10. Ce résultat peut être obtenu en posant un Figure 5. Images clinique (A) et dermoscopique (B) d’un mélanome à un stade précoce : les critères dermoscopiques d’irrégularité architecturale permettent de suggérer un diagnostic difficile à poser à l’œil nu. La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 | 555 DOSSIER THÉMATIQUE Oncodermatologie A Le diagnostic précoce du mélanome cutané B Figure 6. Images clinique (A) et dermoscopique (B) d’un mélanome achromique : les critères dermoscopiques vasculaires permettent de suggérer un diagnostic difficile à poser à l’œil nu. A B Figure 7. Images clinique (A) et dermoscopique (B) d’un mélanome de Dubreuilh (lentigo malin) : les critères dermoscopiques d’invasion folliculaire permettent de suggérer un diagnostic difficile à poser à l’œil nu. A B Figure 8. Images clinique (A) et dermoscopique (B) d’un mélanome plantaire : les critères dermoscopiques (présence d’une pigmentation prédominant au sommet des crêtes des dermatoglyphes et hétérochromie) permettent de suggérer un diagnostic difficile à poser à l’œil nu. A Figure 9. Images clinique (A) et dermoscopique (B) d’un mélanome unguéal : les critères dermoscopiques (irrégularité des microbandes longitudinales) permettent de suggérer un diagnostic difficile à poser à l’œil nu. 556 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 B La dermoscopie (figure 6) permet également de suggérer le diagnostic de mélanome devant une lésion achromique, et en particulier devant la présence de vaisseaux en point et globule, de vaisseaux linéaires et irréguliers, de taches rouges laiteuses irrégulières ou de restes de pigmentations visibles à l’examen en dermoscopie mais restant invisibles à l’œil nu (25, 26). La dermoscopie permet également d’affiner le diagnostic de mélanome de Dubreuilh (16). On observe alors des structures pigmentaires envahissant les follicules pileux et, après avoir été soulignés par des cercles, ces follicules ne sont plus visibles du fait de l’envahissement pigmentaire (figure 7). La dermoscopie permet également de faciliter le diagnostic différentiel des lésions pigmentées palmoplantaires (14, 15). La présence d’un patron multicolore irrégulier, ou surtout d’un patron parallèle des crêtes des dermatoglyphes (empreintes digitales), permet de suggérer la malignité d’une lésion (figure 8). Le diagnostic dermoscopique du mélanome desmoplasique est très difficile (20). Il repose sur le repérage de restes de structures pigmentées et la mise en évidence de vaisseaux irréguliers ainsi que de zones cicatricielles. Le diagnostic dermoscopique du mélanome des muqueuses est également difficile (27). Il repose sur la présence de taches pigmentées irrégulières et sur l’asymétrie de contenu des lésions. La dermoscopie permet également le diagnostic différentiel des bandes pigmentées unguéales, qui reste toutefois difficile (17, 18, 28, 29). La présence de microbandes irrégulières dans leur épaisseur, leur parallélisme ou leur espacement au sein de la bande pigmentée principale est un critère tout à fait évocateur de mélanome (figure 9). On le voit donc, l’usage de la dermoscopie a permis, d’une part, de diminuer le nombre d’exérèses inutiles lors de l’examen des lésions pigmentaires (30), et, d’autre part, de poser plus précocement le diagnostic de mélanome, alors que l’examen clinique n’était pas concluant (31). Dermoscopie digitale et surveillance dermoscopique numérique Une surveillance dermoscopique des lésions pigmentées peut être mise en place chez les patients ayant un risque élevé de mélanome : patients porteurs d’un DOSSIER THÉMATIQUE grand nombre de nævus pigmentaires, patients ayant de nombreux antécédents familiaux de mélanome ou encore un ou plusieurs antécédents personnels, et patients porteurs d’une mutation génétique prédisposant à ce cancer. Cette surveillance est réalisée au moyen d’outils numériques qui enregistrent les structures dermoscopiques à un temps donné et qui permettent, en les réenregistrant après un certain délai, d’observer des modifications minimes, invisibles à l’œil nu, et de proposer un diagnostic encore plus précoce (figure 10). Cette technique diagnostique doit être réservée à des patients présentant des facteurs de risque élevés pour mieux asseoir le diagnostic de lésion suspecte devant une lésion qui n’emporte pas la conviction au premier examen et qui nécessite un critère évolutif pour pouvoir être retirée. Il faudra alors absolument veiller à n’inclure dans ce mode de surveillance que des lésions planes sans aucun relief. En cas de doute, une lésion palpable doit systématiquement être retirée pour un examen histologique, car l’index micrométrique qui définit le pronostic est forcément relativement important en cas de mélanome. Naturellement, l’usage de cette technique implique une formation suffisante des examinateurs et une bonne observance des malades (32). De nombreuses publications prospectives multicentriques démontrent la supériorité de la surveillance dermoscopique numérique par rapport à la surveillance à l’œil nu pour les patients porteurs de nævomatose multiple (33-35). Toutefois, nous ne disposons pour l’instant que d’une revue systématique pour recommander cette technique, avec un niveau de preuve identique à celui de la dermoscopie standard (36). Photographie corporelle totale Le mélanome étant souvent une lésion d’apparition récente (d’où le concept de “néophobie” développé par certains auteurs [37] dans l’autodépistage des cancers de la peau) ou révélée par la modification d’une lésion ancienne, il paraît logique que la comparaison d’images photographiques à intervalles réguliers puisse en aider le diagnostic. Là encore, cette technique de photographies corporelles totales standardisées permet la surveillance et le dépistage chez des patients dont les facteurs de risque sont élevés. Ainsi, l’apparition d’une nouvelle tache pigmentée devra attirer l’attention, et éventuellement conduire à une exérèse. M0 M12 Figure 10. Images dermoscopiques digitales d’un mélanome à un stade précoce : seule la comparaison entre M0 et M12 permet d’envisager ce diagnostic, celui-ci n’étant pas plus possible à l’œil nu que sur la foi du simple examen dermoscopique standard. Différentes stratégies sont possibles (34, 37-39), depuis la réalisation de simples clichés photographiques standard jusqu’à celle d’images numériques standardisées reproductibles grâce à des systèmes informatiques dédiés, ou même à la production de posters grandeur nature permettant au malade de faire une autoévaluation régulière de ses lésions (40). Toutes ces méthodes ont fait l’objet d’évaluations limitées le plus souvent monocentriques. Il serait souhaitable que des études plus approfondies, multicentriques et prospectives puissent évaluer la pertinence de ces méthodes pour un diagnostic précoce. Microscopie confocale in vivo L’examen en microscopie confocale in vivo utilise un appareil dédié qui projette à l’intérieur de l’épiderme et du derme superficiel un rayon laser dont le reflet est recapté à travers le même objectif et reconstruit sous la forme d’une image numérique. Cette technique permet donc de disposer d’un examen au niveau presque cellulaire, d’autant que les mélanocytes, du fait de la présence de mélanine réfléchissant fortement le rayonnement laser, sont très facilement observés avec cette méthode (34). La microscopie confocale in vivo donne la possibilité, dans certaines situations privilégiées, et uniquement à des observateurs fortement entraînés, d’affiner encore le diagnostic différentiel entre un nævus et un mélanome devant une lésion pigmentée suspecte (41). La microscopie confocale in vivo est particulièrement intéressante dans le mélanome de Dubreuilh, où, visualisant des mélanocytes fusocellulaires fortement réfléchissants et très dendri- La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 | 557 DOSSIER THÉMATIQUE Oncodermatologie Le diagnostic précoce du mélanome cutané Analyse multispectrale en dermoscopique Figure 11. Examen en microscopie confocale in vivo d’un mélanome de Dubreuilh : les mélanocytes fortement réfléchissants ont un corps cellulaire anormalement grand et des dendrites très marquées. tiques (figure 11), elle rend possible un diagnostic préopératoire et même, selon certains auteurs, une meilleure précision dans la définition des limites chirurgicales de la lésion (42). Cette méthode permet aussi de dépister précocement la rare dégénérescence d’un nævus préexistant, et, dans certains cas également, de suspecter le diagnostic de mélanome devant des lésions d’extrêmement petite taille (43). L’évaluation des performances de la microscopie confocale in vivo dans le diagnostic du mélanome en est à un stade très précoce. Les études disponibles dans la littérature reposent souvent sur de courtes séries monocentriques. L’impact, dans le futur, de cette méthode reste à définir de manière précise. On peut penser qu’elle apportera des résultats intéressants dans le mélanome de Dubreuilh, dans les lésions récidivantes ou récurrentes. En revanche, son usage en zone palmoplantaire reste très limité, car la profondeur d’investigation est très faible au regard de la pénétrance du rayonnement laser utilisé. Autres méthodes susceptibles d’aider à un diagnostic précoce C’est une approche informatisée avec algorithme diagnostique de la dermoscopie. On utilise alors non seulement l’illumination visible mais également une illumination par différentes longueurs d’ondes, partant de l’ultraviolet jusqu’à l’infrarouge. Les images ainsi obtenues sont confrontées à une base de données, et l’analyse de l’ensemble des symptômes observés permet parfois de mieux discerner un mélanome d’une lésion pigmentée atypique. Les principales investigations dans ce domaine ont été publiées par un seul groupe industriel (45). Il s’agit de résultats sur des séries relativement courtes et, à ce jour, l’agrément par la Food and Drug Administration (FDA) de cet appareillage n’a pas été accordé, malgré plusieurs tentatives successives. Des travaux complémentaires paraissent donc absolument nécessaires pour valider cette approche multispectrale. Plusieurs équipes concurrentes, notamment européennes, développent actuellement des systèmes analogues reposant non pas sur des algorithmes diagnostiques préétablis mais plutôt sur des systèmes d’apprentissage, avec des outils informatiques utilisant la méthodologie des “réseaux neuronaux”. Analyse d’images automatisées La plupart des systèmes de dermoscopie numérique intègrent des systèmes experts d’analyse d’images (46). Ces systèmes font intervenir un certain nombre d’algorithmes reposant principalement sur les propriétés géométriques des images obtenues. À ce jour, les quelques études disponibles montrent la constante supériorité de l’analyse humaine par rapport à l’analyse numérique. Toutefois, l’évolution des techniques d’analyse d’images et l’usage de plus en plus commun de systèmes experts avec méthode d’apprentissage (réseaux neuronaux) permettent d’espérer une nette amélioration de ces techniques (47). Échographie cutanée haute définition Impédancemétrie cutanée Ce n’est pas à proprement parler une méthode de diagnostic précoce du mélanome ; en revanche, elle peut permettre d’évaluer en préopératoire l’épaisseur micrométrique de la lésion avec une précision remarquable, ce qui pourrait permettre de mieux guider le traitement chirurgical (44). 558 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 Certains travaux préliminaires ont montré une différence de résistivité des lésions malignes par rapport à la peau normale et par rapport à des lésions cutanées bénignes. Certains auteurs ont donc proposé de mesurer l’impédance de certaines lésions cutanées DOSSIER THÉMATIQUE pour permettre de différencier les lésions bénignes des lésions malignes (48). À ce jour, il n’y a pas dans la littérature de résultats suffisamment convaincants sur de grandes séries pour que l’on puisse en attendre une application pratique prochaine. Analyse génomique non invasive des lésions cutanées Il est possible, grâce à une méthode de tape stripping (on colle sur la surface de la peau un adhésif avant de le retirer), de récupérer la couche cornée en regard d’une lésion pigmentaire. Dans cette couche cornée, la majorité des cellules sont des kératinocytes ; toutefois, certaines cellules en provenance de la lésion pigmentée elle-même sont également présentes en très faible quantité. Grâce aux méthodes d’amplification génique et à l’usage de puces à ADN, il est possible d’observer la répression ou la surexpression de certains gènes dans ces cellules. En fonction de ces résultats, il serait possible de classer les lésions comme étant malignes, bénignes ou douteuses (49). Là encore, les résultats obtenus sont extrêmement parcellaires. Il est donc indispensable que des travaux complémentaires soient réalisés avant que de telles méthodes soient utilisées en pratique. Conclusion Références bibliographiques Le diagnostic précoce du mélanome a permis très certainement, malgré une augmentation considérable de l’incidence de ce cancer, d’en réduire le risque de mortalité. Sur les registres des cancers aux États-Unis, on note ainsi que la survie à 5 ans est passée de 40 % en 1940 à 91 % en 2002 (1). L’essentiel de cette amélioration du pronostic semble être lié au dépistage précoce (50). Ce dépistage précoce a été facilité par l’augmentation de l’incidence du mélanome et l’augmentation de sa notoriété dans la population médicale, mais également par le développement de l’examen cutané complet grâce à la dermoscopie et peut-être même à certaines des méthodes plus élaborées décrites dans cet article. S’il paraît indispensable que les dermatologues en charge du dépistage du mélanome soient activement formés à l’usage de la dermoscopie et à la surveillance des lésions pigmentées en dermoscopie numérique, la place des méthodes plus sophistiquées, comme la microscopie confocale in vivo, reste à déterminer. Enfin, il ne faut pas oublier qu’un examen de l’intégralité de la surface cutanée doit faire partie de l’examen clinique complet au moins une fois par an de tout individu malgré les réticences des malades, des médecins praticiens et même, malheureusement, des dermatologues (51-54). ■ 1. Ries L, Eisner M, Kosary C et al. SEER Cancer Statistics Review, 1975-2002. Bethesda, MD: National Cancer Institute, 2005. 2. Rivers JK, Wulkan S. The case for early detection of melanoma. J Cutan Med Surg 2010;14(1):24-9. 3. Savage N. Early detection: spotting the first signs. Nature 2011;471(7339):S14-5. 4. Goulart JM, Quigley EA, Dusza S et al. Skin cancer education for primary care physicians: a systematic review of published evaluated interventions. J Gen Intern Med 2011; 26(9):1027-35. 5. Bono A, Tolomio E, Carbone A et al. Small nodular melanoma: the beginning of a life-threatening lesion. A clinical study on 11 cases. Tumori 2011;97(1):35-8. 6. Argenziano G, Kittler H, Ferrara G et al. Slow-growing melanoma: a dermoscopy followup study. Br J Dermatol 2010; 162(2):267-73. Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur edimark.fr Nouvelles de l’industrie pharmaceutique Communiqués des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique Communiqué du laboratoire Hospira Hospira met à la disposition du corps médical français un nouveau filgrastim, Nivestim®, indiqué dans la prévention de la neutropénie fébrile chimio-induite. Le laboratoire Hospira annonce la mise à disposition en France de son nouveau filgrastim, Nivestim®. Nivestim® est notamment indiqué dans la réduction de l’incidence et de la durée des neutropénies chimio-induites en oncologie et en hématologie. Nivestim® a les mêmes indications que le filgrastim Neupogen® (Amgen). Nivestim® a démontré, dans une étude de phase III, multicentrique, randomisée, en double aveugle, ayant inclus 279 patientes atteintes d’un cancer du sein, une efficacité et un profil de tolérance similaires à ceux de Neupogen®. Le caractère innovant de Nivestim® réside dans la combinaison unique et inédite de plusieurs avantages : tVOFTUBCJMJUÏEFøKPVSTËUFNQÏSBUVSFBNCJBOUFøËMJTTVF de cette période, le produit ne doit plus être remis au réfrigérateur et doit être jeté ; tEPTBHFTEPOUøËVTBHFQÏEJBUSJRVFø.6ø.6 FUø.6 ø tEFTCMJTUFSTJOEJWJEVFMTFUEFTDPOEJUJPOOFNFOUTVOJUBJSFTø tEFTTFSJOHVFTTÏDVSJTÏFTQSÐUFTËMFNQMPJø tVOQSJYQVCMJD55$JOGÏSJFVSËDFMVJEFTBVUSFTmMHSBTUJN Leader mondial des spécialités génériques injectables hospitalières, Hospira offre aujourd’hui l’un des portefeuilles de génériques et de biosimilaires en oncologie-hématologie les plus larges au monde. La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 9 - novembre 2011 | C.P. 559 DOSSIER THÉMATIQUE Oncodermatologie Le diagnostic précoce du mélanome cutané Références bibliographiques (suite de la p. 559) 7. Kantor J, Kantor DE. Routine dermatologist-performed full-body skin examination and early melanoma detection. Arch Dermatol 2009;145(8):873-6. 8. 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