John Cunningham MC LENNAN (1867-1935)
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John Cunningham MC LENNAN (1867-1935)
- 287 JOHN CUNNINGHAM NIc LENNAN Par M. M. DEHALU . .1 ohn Cunningham Mc Lennan jit scs études à l'Université de Toronto. Bénéficiaire d'une bourse eréée au moyen des bénéfices réalisés par la grande Exposition de r85r, il quitta l'Ontario (Canada l pOlir se rendre au lahoratoire Cavendish, à Cambridge, où, SOllS la direction de Sir .J.-J. Thomson, se poursuivaient des recherches relatives à l'électron ct à l'ionis,ation des g'az. A son retour à Toronto, il·fut attaché al\ laboratoire de phy5ique de l'Université de cette ville en qualité de préparateur, et il publia, dans les Transactions of the Royal Society, nn important mémoire sur l'ionisation des gaz par les électrons en mouvement. Il montra que cette ionisation était analogue à celle due aux rayons de Roëntgen ou aux radiations de l'Uranium. Il avait alors 32 ans. En même temps que Rutherford ct 11.-1. Cooke, à l'lJniversité Mc Gill, découvraient la radiation pénétrante qu'ils attribuaicnt en majeure partie à des substances radioactives du sol, Mc Lennan et E.-F. Burton arrivaient à des résultats similaires à Toronto. On nc prévoyait pas alors l'extension de la radiation cosmique à ce domaine. Mc Lennan continua ses recherches sur « l'ionisation naturelle» dans des enceint,es closes et attribua ces effets à des quantités infimes, dc substances !'adioactives, polonium dans les murs ou ,'adon dans l'air en vase clos. En exposant des électroscopes scellés sur la glace du lac Ontario, il prouva de façon définitive que le rayonnement pén,étJ:ant sur terrc était plus grand qu'au-dessus de l'eau, ce qui montre que, pour une ·gr'ande part, le rayonnement pénét,'ant provenait du radiulI'; 'qui, selon Lord Rayleigh, est distribué un peu partout en faibles quantités dans les roches et les sédiments primaires et secondaires. ~ ~, ", i ! 1 288 Avec une inlassable persévérance, "'lc Lcnnan s'attacha à recueillir des fonds pour construire,' à l'Université de Toronto, ce grand labomtoil'e de physique qui porte actuellement son nom, et qu'il équipa principalement en yue de recherches spectroscopiques. Un de ses pl'emiers succès dans cette voie fut sa découvertc du spectrc (~lémentaire de raies du zinc, du cadmium et ·du magnésium, dont il déduisit les potentiels d'ionisation. Ce travail complétait celui de Frank et Hertz, qui avaient obtenu le' spectre élémentaire du mercure. Dcs électrons de bas ,'oltage projetés dans un tube à décharge exciteront d'abol'd une raie siniple; mais, à un voltage critique plus élevé, les spectres à raies nombreuses apparaissent. Pendant la gTandeg'uerre, Mc, Lennan vint en Angleterre et mit sa science au service de l'Amirauté. Il pl'Ït une part active aux i'echerches entreprises pour la lutte contre les sou~-marins. En mêm~ temps, il organisa l'extraction de l'héliu~ des gaz naturels de Calgary, et en recueillit de notables quantités, destinées aux ballons et aux dirigeables, mais qui, en réalité, fUl'ent utilisées après la glierre à des lins expérimentales.' La guerre passée, Mc Lennan retourna à Toronto et continua ses travaux spectroscopiques, qui lui valurent en 1927 la médaille de. la « Royal Society». L'année suivante, appelé à fail'e la « Bakerian lecture », il choisit comme sujet L'aurore et son spe~tre. La brillance de l'aurore est, comme le montre le spectroscope, due pour u,ne part à l'azote, et Stormer a établi que la hauteur minima de'ra décharge dans l'atmosphère se trouvait à environ 80 milles au-dessus· du niveau de la mer. D'autre part, Lord Rayleigh; Végard et d'autres avaient montré que le spect,'ede l'atmosphère par une nuit claire présentait une raie verte notable (l, 5377), sur l'origine de laquelle on était loin d'être d'accoi'd. Dans sa conférence bakérienne (Proc. Roy. Soc., A, 120, 1928), Mc Lennan fit part des expériences qu'il avait poursuivies en lahoratoÎl'e, en collaboration avec G.-M. Shrum, et qui prouvaient que la raie verte était due à l'oxygène, mêlé en p,'oportions con. venables à de l'argon, qui, lorsqu'il se trouve dans un étàt métastable, est à même de transmettre son énergie à un type différent de gaz, comme Frank l'a montré dans 'des cas similaires. On doit encore à NIc Lennan la création, à Toronto, d'un - 28!J- laboratoire cryogénique, où il entreprit, avec ses collaborateurs, l'étudc des relations entre la supraconductibilité et le magnétisme dans les éléments et les alliages. Ces recherches sont actuellement continuées par E. F. BUJ;ton, qui succéda à Mc Lcnnan, à sa mise à la retraite, en 1932. Mc Lennan a publié seul, ou en collaboration avec ses élèves, pJ~s de cinquante Mémoires, qui ont paru da'ns les Proceedings of the Royal Society. Après sa retraite, Mc Lennan s'établit ~n Angleterre, où il trouva une nouvelle occasion de déployer son admirable activité. « C'est en grande partie à son influence, écrit Lord Rutherford, qUe l'U nion MiniÜe de Bruxelles nous prêta généreusement 5g' de radium pour expérimenter l'effet de radiations massives sur les tumeurs cancéreuses. » Mc Lennan suivit d'ailleurs de près cette recherche, passant. une grande partie de son temps au « Radium Institute », où se poursuivaient ces expériences. Mc Lennan succomba à une lésion cardiaque, sur le parcours de Paris à Calais, le 9 octobre 1935; il était âgé de 68 ans . . De nombreuses distinctions scientifiques étaient venues 'consacrer la valeur de ses travaux. En 1924, il avait été élu Président de la « Royal Society of Canada», et deux ans plus tard, il l'ecevait la médaille Flavelle de cette société. Membre de la « Royal Society» en 1915, il avait été élevé à la dignité de Chevalier en 1935. Sa perte fut douloureusement ressentie par ses nombreux collaboratéurs, élèves et amis, qui avaient su apprécier son infatigable ardeur au travail et son grand cœur. Mc Lennan faisait partie depuis 1928 du Comité international des Poids et Mesures, où ses conseils étaient fort appréciés. 19