Mission sanitaire spécialisée de l`OMS dans la Bande de Gaza
Transcription
Mission sanitaire spécialisée de l`OMS dans la Bande de Gaza
Mission sanitaire spécialisée de l'OMS dans la Bande de Gaza Dépêchée conformément à la demande du Conseil exécutif de l'OMS dans sa résolution EB124.R4 adoptée le 21 janvier 2009 Rapport complet1 Genève 21 mai 2009 1 Une version abrégée du présent rapport a été présentée à la Soixante-Deuxième Assemblée mondiale de la Santé (A62/24/Add.1) 1 Table des matières Liste des abréviations AIEA Agence internationale de l'énergie atomique ANP Autorité nationale palestinienne CICR Comité international de la Croix-Rouge CPI Comité permanent interinstitutions COGAT Coordination des activités du Gouvernement dans les Territoires occupés, Ministère israélien de la défense DIME Explosifs à métaux denses et inertes EHA Action sanitaire d'urgence ERCS Société égyptienne du Croissant-Rouge FDI Forces de défense israéliennes FNUAP Fonds des Nations Unies pour la population GCMHP Programme de santé mentale communautaire de Gaza HAC Interventions sanitaires en cas de crise IMO CL22 Opérations militaires israéliennes: utilisé lorsqu'il est fait référence aux opérations militaires israéliennes (baptisées Plomb durci par les FDI) qui ont duré 22 jours, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 IMO Opérations militaires israéliennes: utilisé lorsqu'il est fait référence aux opérations militaires israéliennes antérieures aux IMO CL22 MAG Groupe de déminage MSF Médecins Sans Frontières MSS Mission sanitaire spécialisée ONG Organisation non gouvernementale OCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires, Nations Unies OMS Organisation mondiale de la Santé PalTrade Palestine Trade Center PAM Programme alimentaire mondial PRCS Société palestinienne du Croissant-Rouge PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PNUE Programme des Nations Unies pour l'environnement SSP Soins de santé primaires UNHCHR Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme, Nations Unies UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance UNRWA Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient UNSCOCoordonnateur spécial des Nations Unies dans les territoires occupés Résumé Le 21 janvier 2009, le Conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a adopté la résolution EB124.R4 par laquelle il priait le Directeur général de l'OMS de dépêcher à Gaza une mission sanitaire spécialisée (MSS) chargée de recenser les besoins sanitaires et humanitaires d'urgence résultant des 22 jours d'opérations militaires israéliennes (IMO CL22) lancées le 27 décembre 2008. Le Directeur général a rapidement désigné les membres de la MSS. Au mois de mars, après avoir étudié un grand nombre de rapports sur la question, l'équipe MSS a effectué une visite de quatre jours à Gaza pendant laquelle elle a observé les destructions sur le terrain, s'est entretenue avec de nombreux représentants d'organisations internationales et nationales, et a eu des conversations téléphoniques avec le Ministre de la Santé de l'Autorité nationale palestinienne (ANP). Les principales données recueillies par l'équipe MSS sont les suivantes: Les habitants de la Bande de Gaza, au nombre de 1,5 million, sont soumis de longue date à un blocus par Israël, puissance d'occupation, blocus particulièrement strict depuis 2007. Il en est résulté pour la population civile une détérioration de la situation économique et sociale, qui a entraîné une pauvreté accrue et une dépendance presque totale à l'égard de l'aide extérieure, et aggravé la situation sanitaire de la population. L'offensive lancée par Israël le 27 décembre 2008 et les IMO CL22 qui ont suivi ont infligé de très lourdes pertes humaines2; 1417 Palestiniens ont été tués, dont 313 enfants et 116 femmes. Plus de 5380 personnes ont été blessées physiquement, dont 1872 enfants et 800 femmes. Le nombre des blessés qui resteront handicapés à vie est encore inconnu mais, vu la gravité des traumatismes souvent observée, il pourrait être élevé. La santé mentale, déjà inquiétante, de la population s'est encore détériorée sous l'effet des privations multiples consécutives aux importants dégâts subis par de nombreux secteurs et à l'insécurité exacerbée par les 22 jours d'attaques. Les incursions militaires plus limitées, mais fréquentes, qu'Israël n'a ensuite cessé de mener ont encore attisé cette insécurité.3 De nombreuses familles ont été très sévèrement touchées: dans 1700 foyers, le soutien de famille a été tué ou blessé, et plus de 15 000 habitations ont été totalement ou partiellement détruites. Cent mille personnes ont fui leur maison et les environs en raison des attaques militaires, la moitié d'entre elles ayant été accueillies dans les centres d'hébergement organisés par l'UNRWA. Les autres personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDI) ont trouvé refuge dans d'autres familles, aggravant encore le surpeuplement qui caractérise déjà de nombreux appartements dans la Bande de Gaza. La population civile a en outre pâti des dommages subis par les réseaux d'électricité, d'adduction d'eau et d'assainissement. La détérioration de 15% des terres agricoles, les restes de munitions non explosées dans les ruines, la destruction de nombreuses petites industries et les dommages infligés aux infrastructures essentielles des services publics ont encore ajouté aux problèmes. Les services de santé ont aussi pâti d'attaques directes. Quinze des 27 hôpitaux ont été endommagés, certains lourdement. Quelque 43 centres de soins primaires ont en outre été endommagés ou détruits. Vingt-neuf ambulances ont été endommagées ou détruites; 16 membres du personnel de santé ont été tués et 25 blessés4. Toutefois, magré les dommages subis par les infrastructures des services de santé et la quantité de blessés 2 Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont baptisé « Plomb durci » les 22 jours d'opérations militaires et l'abréviation IMO CL22 est utilisée dans le présent document pour désigner cette offensive particulière. L'abréviation IMO désigne les autres incursions des FDI – antérieures ou postérieures aux IMO CL22. 3 Occupied Palestinian Territory, Gaza, Situation Report No. 19 (29-30 January 2009), No. 20 (31 January-5 February 2009), No. 21 (6-12 February 2009), No. 22 (13-19 February 2009), Genève, Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires, 2009; Field Update on Gaza from the Humanitarian Coordinator, Vol. 17-23 February 2009, Vol. 24 February 2009-2 March 2009, Vol. 2-9 March 2009, Vol. 10-16 March 2009, Vol. 17-23 March 2009, Vol. 24-30 March 2009, Jérusalem-Est, Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires, 2009. 4 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Etabli par le Module Santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:2. graves arrivés en un court laps de temps, les établissements de santé ont fait front rapidement et efficacement face à cette crise de grande ampleur. Les hôpitaux ont vite été réorganisés pour accueillir les blessés affluant en masse, et tous les congés du personnel ont été annulés. Moyennant une mobilisation efficace de l'Equipe d'intervention rapide du Ministère égyptien de la Santé, une bonne coopération avec la Société égyptienne du Croissant-Rouge, l'énergie des équipes d'ambulances de la Société palestinienne du Croissant-Rouge et du Ministère de la Santé palestinien, et avec l'appui du CICR, un grand nombre de patients gravement blessés ont été évacués vers l'Egypte (et d'autres vers des pays tiers), soulageant ainsi les hôpitaux de Gaza.5 Des fournitures médicales provenant des stocks de Cisjordanie et de donateurs étrangers (transitant essentiellement par l'Egypte) ont été envoyées à Gaza pour aider à répondre à la forte poussée de la demande. L'Autorité nationale palestinienne à Ramallah, comme les autorités locales de fait à Gaza, ont rapidement organisé des structures d'urgence pour aider à gérer la situation. Le Comité permanent interorganisations a instauré le système modulaire, mettant en place un vaste mécanisme organisé d'échange d'informations et de coopération pratique entre les institutions du système des Nations Unies, les ONG, et les autorités locales désireuses de participer au soutien apporté à un secteur particulier. Ainsi, le module santé dirigé par l'OMS, le module WASH dirigé par l'UNICEF et le module logistique dirigé par le PAM ont aidé dans une large mesure à coordonner l'afflux d'aide extérieure. L'OMS, pour sa part, a mis à disposition du personnel supplémentaire de son Bureau régional et du Groupe HAC de son Siège. Le 16 février, le module santé avait procédé à une évaluation initiale des besoins sanitaires de la Bande de Gaza pour le secteur de la santé.6 La crise a par ailleurs mis en évidence des insuffisances graves des services de santé dans la Bande de Gaza. Certains services tertiaires essentiels étaient simplement inexistants dans toute la Bande de Gaza, problème rendu plus préoccupant par le blocus israélien. Si, en règle générale, les soins d'urgence prodigués aux blessés sur la ligne de front peuvent être qualifiés d'admirables vu la situation extrêmement difficile et dangereuse dans laquelle ont opéré les ambulances et leurs équipes, les traumatismes souvent très graves et d'autres facteurs auraient parfois appelé des soins d'urgence plus satisfaisants. La coordination d'ensemble du secteur de la santé a pâti de l'absence d'un plan de gestion de crise mûrement réfléchi et d'un système de communication plus perfectionné. L'équipe MSS a mis en relief la nature exceptionnelle de la crise qui touche la Bande de Gaza. Contrairement à la plupart des autres catastrophes observées dans le monde, celle-ci ne suit pas le schéma normal d'une crise initiale suivie des phases de relèvement puis de développement. Le blocus de longue durée, très strict, l'insécurité chronique due aux incursions militaires plus limitées des FDI – entrecoupées d'attaques soudaines de grande envergure – la scission de la direction politique interne du territoire palestinien occupé, et l'aggravation constante de l'environnement socio-économique ont créé un cercle vicieux qui ne peut guère être décrit que comme une catastrophe chronique complexe ayant atteint des proportions dramatiques. Compte tenu des incidences négatives directes qu'a cette situation non seulement sur le secteur de la santé mais aussi sur les déterminants fondamentaux de la santé, une stratégie destinée à améliorer la santé du million et demi de Gazaouis devra aussi porter sur les maux plus fondamentaux de la situation existante. Aussi les recommandations de l'équipe MSS (voir l'Annexe 1) visant à améliorer la situation sont-elles de deux types: Les premières recommandations concernent les impératifs politiques, à savoir le renforcement de l'accord de sécurité avec Israël et la levée du blocus, ainsi que la réconciliation des forces politiques palestiniennes. L'application de ces recommandations aurait un impact profond sur la santé et les soins de santé de la population civile de Gaza. 5 Humanitarian Assistance, Rehabilitation and Reconstruction of Health Infrastructure on the Gaza Strip: A PostConflict Preliminary Assessment, Contribution by the Egyptian Ministry of Health and Population (MoHP), Le Caire, 2009: chapitre III.6. 6 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009. Les autres recommandations concernent les aspects plus spécifiquement liés au secteur de la santé; certaines recommandations traitent d'actions plus immédiates, les dernières visant un avenir plus lointain. Au nombre des recommandations immédiates figurent la nécessité de procéder aux réparations prioritaires des hôpitaux et des centres de santé endommagés et la livraison fiable de matériel et de fournitures pour rétablir des fonctions de qualité. Un recensement systématique des nombreux blessés du fait des opérations militaires israéliennes est indispensable pour veiller à ce qu'ils bénéficient du traitement et des services dont ils ont besoin. Malgré l'absence d'épidémie à la suite des attaques des mois de décembre et janvier, il serait prudent de prévoir une telle éventualité compte tenu du changement de saison et de la hausse des températures, et du risque accru d'épidémie qui s'ensuit en liaison avec les dommages subis par les infrastructures d'approvisionnement en eau, d'assainissement et de distribution des denrées alimentaires. Vu les retombées de toute cette crise sur la santé mentale, des mesures spéciales s'imposent dans ce domaine. Des recherches doivent être faites pour établir clairement les effets cliniques et environnementaux des armes utilisées. Enfin, le suivi de la santé, des déterminants de la santé et de la prestation des soins de santé devra être amélioré. Au nombre des recommandations à plus long terme figure la conception d'un plan de préparation aux catastrophes pour Gaza, assorti de plans spécifiques aux établissements. La préparation à une augmentation du nombre des personnes handicapées requiert une stratégie élargie en vue de la création d'une société adaptée aux besoins des handicapés, incluant un ensemble complet de services pour les handicapés. Enfin, une révision plus fondamentale des infrastructures et des fonctions des services de santé de la Bande de Gaza pourrait vraisemblablement conduire à une amélioration sensible des compétences, de l'efficacité économique et de la qualité des soins de santé – ainsi qu'à une indépendance accrue pour répondre rapidement aux besoins en soins médicaux, dans l'éventualité d'une autre crise aiguë de grande ampleur à venir. 1. Introduction A sa cent vingt-quatrième session, en janvier 2009, le Conseil exécutif a examiné la détérioration de la situation sanitaire et humanitaire dans la Bande de Gaza occupée et, le 21 janvier 2009, il a adopté la résolution EB124.R4 dans laquelle il reconnaît la gravité des conséquences sanitaires et humanitaires du blocus israélien et exprime sa profonde préoccupation au sujet des conséquences des opérations militaires israéliennes lancées le 27 décembre 2008. La résolution EB124R.4: • • • • Salue le cessez-le-feu par les deux parties et insiste pour qu'on évite de viser les civils et les quartiers résidentiels ainsi que les services et les personnels de santé Demande que la population palestinienne bénéficie d'une protection pour vivre en sécurité sur sa terre, qu'elle jouisse de la liberté de mouvement et que la tâche des services de santé d'urgence soit facilitée Lance un appel pour des contributions à la reconstruction de l'infrastructure sanitaire dans la Bande de Gaza Prie le Directeur général de dépêcher d'urgence une mission sanitaire spécialisée chargée de recenser les besoins sanitaires et humanitaires d'urgence et de soumettre un rapport à la Soixante-Deuxième Assemblée mondiale de la Santé sur les besoins actuels ainsi qu'à moyen et long terme concernant les effets directs et indirects résultant des opérations militaires israéliennes. Les opérations militaires israéliennes qui ont commencé le 27 décembre 2008 et ont duré 22 jours ne peuvent expliquer à elles seules la crise humanitaire qui touche aujourd'hui le million et demi d'habitants de la Bande de Gaza. Si les bombardements intensifs et les incursions ultérieures des forces terrestres ont fait de très nombreuses victimes et dévasté des terres, des infrastructures et l'économie, leurs effets – aux plans hmain et matériel – ont été d'autant plus graves qu'ils se sont ajoutés à un bouclage qui durait depuis longtemps. Après la première Intifada, les Accords d'Oslo (signés à Washington D.C. le 13 septembre 1993) devaient servir de cadre aux relations futures entre Israël et l'Etat palestinien attendu. Les Accords prévoyaient la création d'une Autorité nationale palestinienne (ANP) chargée des importantes fonctions d'une telle entité, et une période de calme relatif et de développement économique positif a suivi la signature des Accords. Avec la deuxième Intifada, cependant, la sécurité et le développement économique se sont à nouveau détériorés. Lorsque le Hamas, en février 2006, a gagné les élections locales du Conseil législatif palestinien, de nombreux donateurs ont interrompu leur appui économique à la Palestine, ce qui a entraîné de sérieuses difficultés économiques pour la population civile de Gaza. Aggravant encore la situation, à l'été 2006, Israël a lancé les opérations militaires « Pluie d'été » qui ont fait un grand nombre de victimes humaines et détruit des infrastructures économiques importantes. La confrontation entre le Fatah et les forces de sécurité du Hamas qui a suivi s'est soldée par la prise effective du contrôle de Gaza par le Hamas, le Fatah dirigeant l'Autorité nationale palestinienne à Ramallah. Depuis 2006, la Bande de Gaza est soumise à un blocus très rigoureux par Israël, réduisant au minimum les mouvements de la population, les moyens de transport, et la disponibilité de matériaux de construction et d'autres biens, de denrées alimentaires, de fournitures et de matériel médicaux, et de fonds. Le fonctionnement de tous les secteurs de la société à Gaza en était sérieusement affaibli, en même temps que s'était aggravée la santé mentale et générale de la population lorsque Israël a lancé IMO CL22. Les opérations militaires israéliennes ont commencé subitement le 27 décembre 2008 par des bombardements intensifs et un blocus naval, suivis d'attaques terrestres menées par l'armée israélienne. Au cours de ces trois semaines, de nombreux Palestiniens ont été tués et blessés et des milliers d'habitations ont été détruites, obligeant 100 000 personnes à fuir leur foyer et les environs. Une part importante de l'infrastructure économique de Gaza a subi des dommages. Les attaques militaires ont également touché l'infrastructure des services de santé, endommageant un grand nombre d'hôpitaux, de centres de santé et d'ambulances. Après l'arrêt des tirs des FDI le 18 janvier, à l'exception d'une aide humanitaire limitée et de denrées alimentaires commerciales, le blocus a été presque total pour ce qui est des matériaux de construction et des pièces détachées essentielles, rendant quasiment impossible toute réparation et tout relèvement. C'est sur cette base que le Conseil exécutif a demandé au Directeur général de l'OMS de confier à une Mission sanitaire spécialisée le soins d'examiner la situation. Le Directeur général a nommé sans délai trois professionnels de la santé publique très expérimentés comme membres de l'équipe de la Mission sanitaire spécialisée.7 Après avoir examiné un grand nombre de rapports de sources très diverses sur la situation dans le territoire palestinien occupé et l'impact des opérations militaires israéliennes, l'équipe MSS a séjourné quatre jours à Gaza au mois de mars. Les membres de l'équipe ont pris connaissance de la situation sur le terrain et ont rencontré un large éventail de représentants d'organisations nationales et internationales pertinentes (Annexes III et IV). Les membres de l'équipe ont en outre eu un entretien téléphonique avec le Ministre de la Santé de l'Autorité palestinienne.8 Le présent document est le rapport complet de la MSS sur ses activités. Une version succincte a été présentée à la Soixante-Deuxième Assemblée mondiale de la Santé (A62/24 Add.1). 2. Effets sur la santé de la population 2.1 La situation sanitaire avant les IMO CL22 7 Jo E. Asvall MD, MPH; Richard Alderslade MA, BM, BM.Ch, FRCP, FFPH; Hannu Vuori MD, Ph.D, MA. 8 Il était convenu que l'équipe rencontrerait le Ministre à Ramallah mais les autorités israéliennes n'ont pas autorisé l'équipe à se rendre en Cisjordanie. Les Accords d'Oslo de 1994 ont été suivis d'une période de développement pendant laquelle l'état de santé de la population palestinienne était celui d'un pays au revenu intermédiaire, relativement satisfaisant pour la Région. Depuis le mois de juin 2006, cependant, Israël soumet Gaza à un blocus très dur, qui a entraîné une grave détérioration de la vie sociale et économique, renforçant le chômage et la pauvreté. Les effets de cette situation sur la santé se sont traduits par une stagnation de l'espérance de vie pour le million et demi de Gazaouis. La mortalité infanto-juvénile a augmenté, avec des signes de retard de croissance, l'anémie touchant près de la moitié des enfants de moins de cinq ans (et les femmes enceintes), et l'insuffisance pondérale à la naissance, de 4% en 2002, a atteint 7,3% en 2006.9 Il existe en outre des preuves de la profonde détresse psychologique et de pathologies consécutives aux nombreuses années de conflit et de bouclage, et du fait que « le siège a touché toutes les facettes de la vie, affecté l'ensemble de la société, et mis en suspens la vie de la population ».10 2.2 Les effets sur la santé des IMO CL22 Tués Quelque 1417 personnes sont décédées, dont 313 enfants11 et 116 femmes.12 Ces chiffres fournis par le Centre palestinien des droits de l'homme ont été recueillis principalement auprès des hôpitaux et des autres établissements de soins et ultérieurement vérifiés par les agents de terrain qui ont interrogé les familles au sujet des victimes et enregistré les déclarations des témoins et des familles. Les FDI ont donné des chiffres différents: 1166 tués, dont 49 femmes et 89 personnes de moins de 16 ans.13 Outre les personnes tuées immédiatement par les armes, l'effondrement des bâtiments, etc. les chirurgiens hospitaliers ont estimé qu'un grand nombre de patients sont décédés parce que les établissements hospitaliers ont été débordés, au début des attaques militaires, par l'afflux de blessés, 300 environ, par exemple, dans la première heure pour le seul hôpital Shifa.14 Blessés Plus de 5380 personnes, dont 1872 enfants et 800 femmes, ont subi des traumatismes physiques.15 Les blessures étaient souvent graves, avec de nombreux traumatismes compliqués dus aux armes explosives et à l'effondrement des bâtiments. Les blessures ont été encore aggravées par le fait que de nombreux adultes et enfants sont restés plusieurs heures - parfois des jours - dans les bâtiments endommagés et détruits avant d'être acheminés en ambulance vers un hôpital. Les patients brûlés par des armes au phosphore blanc, dans de nombreux cas, ont découvert que leurs brûlures persistaient après les premiers soins médicaux s'il restait des morceaux de phosphore et que ceux-ci se trouvaient à nouveau au contact de l'air. Les chirurgiens de guerre expérimentés de l'hôpital de Shifa ont relevé des traumatismes et des complications de blessures qu'ils n'avaient encore jamais observés (par exemple des hémorragies beaucoup plus abondantes 9 Directeur général des Soins de santé primaires, communication personnelle. 10 Les effets du siège sur la qualité de la vie des Gazaouis, Département de psychologie, Université islamique de Gaza, juin 2008. 11 Le PCHR utilise la définition de l'enfant contenue dans la Convention internationale des droits de l'enfant, à savoir un être humain de moins de18 ans. 12 Les chiffres confirmés révèlent l'ampleur réelle des destructions infligées à la Bande de Gaza, Centre palestinien des droits de l'homme, Ramallah, 2009:1-2. 13 Yaakov Lappin, IDF releases Cast Lead casualty numbers, Jerusalem Post, 26 mars 2009 (http://www.jpost.com/servlet/Satellite?pagename=JPost/JPArticle/ShowFull&cid=1237727552054, consulté le 2 avril 2009). 14 Médecin responsable, hôpital Shifa, communication personnelle. 15 Plan de relèvement rapide et de reconstruction de Gaza 2009 – 2010, plan dont la mise en place a été annoncée par l'Autorité nationale palestinienne lors de la Conférence internationale sur le soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza à Charm el-Cheikh (Egypte), 2 mars 2009:22. que prévu; l'atteinte d'organes internes en l'absence d'entrée ou de sortie traumatique; la présence dans les plaies d'éléments métalliques magnétiques ne ressemblant pas à des débris de bombe ou d'obus, et l'observation d'organes ayant changé d'apparence de manière inattendue lors de la ré-opération de malades dont l'état se détériorait).16 A l'hôpital Shifa, les chirurgiens du CICR spécialisés dans la chirurgie des traumatismes auraient relevé la gravité particulière des blessures observées.17 Parmi les nombreux patients évacués de Gaza par le point de passage de Rafah et soignés par l'équipe d'intervention rapide du Ministère de la santé égyptien, 11 enfants évacués pendant la deuxième semaine des IMO CL22 présentaient des plaies singulières. Ces enfants, de 4 à 15 ans, présentaient une seule blessure, par balle, à la tête (une balle dans dix cas et deux balles dans un cas).18 L'aperçu ci-après des malades admis dans les hôpitaux de Gaza pendant les IMO CL22 donne une indication des traumatismes subis:19 Type de traumatisme Obus à balles (toutes les parties du corps) Traumatismes crâniens/cervicaux Neurotraumatismes Extrémités Inhalation de gaz Traumatismes thoraciques Traumatismes dorsaux Traumatismes abdominaux Amputations Brûlures Traumatismes oculaires Total Nombre de traumatismes 2315 815 321 918 286 162 143 117 78 60 85 5300 Proportion 44% 15% 6% 18% 5% 3,5% 3% 2% 1% 1% 2% Les soins administrés à tous les blessés – à Gaza et à ceux qui ont été évacués à l'étranger – sont examinés au Chapitre 3. Handicaps consécutifs aux IMO CL22 Au moment de la rédaction du présent rapport (mi-avril 2009), on ignore combien de personnes resteront atteintes d'incapacités permanentes de types divers (traumatisme cérébral, amputation d'un membre, traumatismes de la moelle épinière, troubles de l'audition, troubles mentaux incapacitants, etc) résultant des 22 jours d'offensive militaire. Une estimation chiffre à un millier le nombre possible des personnes amputées;20 quel que soit le nombre définitif, il sera vraisemblablement élevé, compte tenu des nombreux traumatismes très graves.21 Les IMO CL22 ont certainement eu des effets affectifs, sociaux et économiques profonds; quelque 1700 foyers ont ainsi perdu leur soutien de famille, décédé ou blessé lors des attaques. Effets des IMO CL22 sur la santé maternelle et infantile Immédiatement après les IMO CL22 le FNUAP a procédé à une étude des dossiers mensuels des services et 16 17 18 19 Médecin responsable, hôpital Shifa, communication personnelle. Médecin responsable, hôpital Shifa, communication personnelle. Dr Ayman El Hady, Chef de l'équipe d'intervention rapide, communication personnelle. Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:13. 20 Directeur de l'hôpital de réadaptation Al Wafa, communication personnelle. 21 Handicap International a entrepris une étude pour définir le nombre des personnes handicapées du fait des IMO CL22. des évaluations rapides dans 4 grands hôpitaux, à une analyse secondaire des rapports des salles d'opération du Ministère de la Santé, et à l'examen des informations fournies par les informateurs clefs des centres d'hébergement de l'UNRWA, des hôpitaux et des communautés des Gouvernorats de Gaza-Nord, Rafah et Khan Younis.22 Malgré les limites des évaluations (absence de certaines données de base; problèmes de délais, faiblesse des dossiers dans certains établissements, etc.), des résultats ont néanmoins été obtenus, et notamment les suivants: • augmentation de 40% des cas d'avortements spontanés admis dans les maternités • augmentation de 50% des décès néonatals (données de la maternité de l'hôpital Shifa) • prévalence accrue des complications obstétricales • données qualitatives et empiriques fournies par les habitants concernant les effets graves sur les mères et les nourrissons, y compris les décès maternels survenus alors que les femmes enceintes tentaient d'atteindre un hôpital pour accoucher, par ex. un nourrisson est décédé dans un centre d'hébergement pour personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays où 8 femmes ont accouché en l'absence de personnel médical. Une enquête par entretien auprès de 2000 ménages, réalisée du 3 au 12 mars 2009 par l'Institut FAFO,23 en collaboration avec le FNUAP, a montré que douze pour cent de toutes les femmes mariées, de 15 à 49 ans, étaient enceintes ou avaient accouché au cours des trois mois précédant l'enquête. La plupart de ces naissances, 77 pour cent, s'étaient déroulées dans des hôpitaux publics, 8 pour cent dans des hôpitaux privés et 5 pour cent dans des dispensaires publics. Cinquante-huit pour cent ont bénéficié de soins pré- ou postnatals pendant les IMO CL22; les autres en ayant été privées du fait de la situation (déplacement trop dangereux, suspension des activités de l'établissement de santé, etc.). Une autre étude du FNUAP24 a établi que toutes les femmes interrogées éprouvaient des craintes extrêmes (ce qui était encore le cas après la fin des IMO CL22) et plus encore pour les être chers que pour elles-mêmes. La peur, l'anxiété, les crises de panique, le sentiment d'insécurité, les troubles du sommeil et de l'appétit, les dépressions, la tristesse et la peur d'une mort soudaine étaient fréquemment observés. Maladies transmissibles pendant les IMO CL22 Plus de maladies transmissibles ont été enregistrées dans certaines zones pendant les IMO CL22 qu'à la même période en 2008 mais aucune épidémie véritable ne s'est produite (bien que le risque ait augmenté – voir le Chapitre 4). Maladies non transmissibles résultant des IMO CL22 Compte tenu des difficultés de transport, de la priorité accordée aux blessés, et du fait que les services de santé du Ministère de la Santé ne distribuent des médicaments contre les maladies chroniques que pour 2 semaines à la fois, on estime à 40% les traitements de maladies non transmissibles interrompus pendant la durée des IMO CL22.25 Les jeunes patients atteints de diabète insulino-dépendant, les patients sous dialyse rénale et les hypertendus étaient particulièrement menacés. L'impact réel de cette situation, qu'il s'agisse des décès apparentés ou de l'aggravation des maladies chroniques, n'est pas connu. Effet des IMO CL22 sur la santé mentale 22 Gaza Crisis: Impact on Reproductive Health, especially Maternal and Newborn Health and Obstetric Care, Projet de rapport, Jérusalem, Fonds des Nations Unies pour la Population, 10 février 2009. 23 Life in the Gaza Strip six weeks after the armed conflict 27 December 2008-17 January 2009 « Evidence from a household survey », The FAFO Institute for Applied International Studies, Oslo, 2009. 24 Gaza Crisis: Psycho-social Consequences on Women – Executive Summary, établi par l'Association Culture et Pensée libre (CPL), financé par le Fonds des Nations Unies pour la Population, Jérusalem, 2009. 25 Plan national palestinien de relèvement rapide et de reconstruction de la Bande de Gaza pour 2009-2010, présenté par l'Autorité nationale palestinienne lors de la Conférence internationale sur le soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza à Charm el-Cheikh (Egypte), 2 mars 2009:23. Le long bouclage de la Bande de Gaza les années précédentes avait déjà profondément affecté la santé mentale de la population. Les traumatismes psychosociaux multiformes dus aux attaques pendant les IMO CL22 ont encore alourdi le fardeau: perte de membres de la famille, de voisins et d'amis tués ou blessés; menaces constantes pour la sécurité physique personnelle, de la famille et des amis; destruction des foyers; troubles du sommeil; privation de nourriture/d'électricité/d'eau; craintes redoublées concernant l'avenir et les moyens de subsistance, etc. La population (à l'exception de 200 non-Palestiniens autorisés à pénétrer en Israël) n'a pas été autorisée à fuir les zones des attaques militaires – soit la totalité de la Bande de Gaza. C'est là un aspect inhabituel et extrêmement important de ce conflit particulier et de la période qui a suivi.26 De plus, les enfants comme les adultes redoutent une nouvelle guerre – crainte renforcée par les incursions fréquentes des forces israéliennes depuis la fin des IMO CL22. C'est pourquoi les civils ne peuvent se considérer comme des survivants ni comme entrant dans une phase sociétale plus ordinaire de remise en état, de redressement et de développement – mécanismes qui, normalement, aideraient à surmonter l'adversité. Les adultes manifestaient des symptomes de peur profonde et de dépression, tandis que les enfants présentaient des caractéristiques de troubles tels que l'insomnie et l'énurésie. Selon une étude du FNUAP, les problèmes psychologiques immédiats provoqués par les attaques militaires quasi incessantes ont touché la totalité de la population gazaouie ou presque.27 Une autre étude – entretiens avec quelque 2000 ménages – réalisée du 3 au 12 mars 200928 a notamment indiqué que 15% des enfants ont commencé à souffrir d'énurésie pendant les IMO CL22; 20% environ des enfants avaient des problèmes de concentration ayant débuté pendant les attaques; 55% de la population pensaient que les combats se poursuivaient; quelque 40% étaient très nerveux, en colère, déprimés et/ou si profondément désespérés qu'ils imaginaient que la situation ne s'améliorerait jamais. Ces signes de détresse psychologique étaient aussi répandus chez les 18-24 ans que dans le reste de la population. Les questions que les gens trouvaient « assez préoccupantes » étaient la situation économique (86%), la situation politique (81%), la sécurité (68%), l'emploi (64%), la santé (52%) et la situation familiale (49%). L'UNRWA a examiné 25 000 enfants dans ses écoles et a constaté que 30% des enfants et 20% des adultes présentaient des problèmes psychologiques et que 10% environ des enfants avaient subi des pertes très graves (parents ou amis, pertes matérielles comme leur habitation) pendant les IMO CL22.29 Quatre-vingt dix-huit pour cent des enfants se sentaient en danger pendant la guerre, avec le sentiment qu'ils avaient « perdu leurs parents deux fois » - c'est-à-dire que leurs parents ne pouvaient pas les protéger contre le conflit et ne pouvaient pas non plus leur servir de soutien de famille, ni par conséquent de modèles. On estime dans l'ensemble que 30 000 enfants environ devront bénéficier d'un appui psychologique suivi, et des experts évoquent le risque de voir la génération actuelle des enfants grandir dans la haine et se comporter avec violence et agressivité. Ces effets sur la santé mentale et cette détresse psychologique figurent parmi les conséquences sanitaires les plus importantes du siège et des IMO CL22. Le doute subsiste néanmoins au sujet des effets à plus long terme des IMO CL22 sur la santé mentale. Si les cas de troubles liés au stress post-traumatique résultant du conflit posent un important problème de traitement psychologique, les estimations antérieures de la prévalence de ces troubles à la suite de situations d'urgence et de catastrophes ont été réduite dans les groupes dotés de bons mécanismes d'adaptation propres à leur culture et bénéficiant de traitements appropriés. 26 Contrairement aux attaques liées aux OMI au Liban en 2007, lorsque près d'un million de personnes ont fui la zone de combat pendant la première semaine de cette guerre. 27 Gaza Crisis: Psycho-social Consequences on Women – Executive Summary, établi par l'Association Culture et Pensée libre (CPL), financé par le Fonds des Nations Unies pour la Population, Jérusalem, 2009:2. 28 Life in the Gaza strip six weeks after the armed conflict 27 December 2008 – 17 January 2009, « Evidence from a household survey », Fafo Institute for Applied International Studies, Oslo (Norvège). 29 Dr Iyad Zaqout, programme communautaire de santé mentale, UNRWA, communication personnelle. Vu la situation décrite précédemment, il est difficile de dire dans quelle mesure cela s'appliquera à Gaza. Il se peut néanmoins qu'une petite proportion de cas seulement présente des troubles profonds nécessitant des interventions et des traitements prolongés. Se fondant sur son expérience de situations d'urgence antérieures, l'OMS s'attend à une hausse moyenne de 1% par rapport au niveau de base du nombre des personnes présentant des troubles psychologiques graves, et à une hausse moyenne de 5-10% du nombre des personnes présentant des troubles psychologiques de légers à modérés – sous réserve du rétablissement d'un environnement protecteur.30 Les effets du long blocus ont empiré depuis les IMO CL22 compte tenu de l'interdiction d'entrée des matériaux de construction, des générateurs, etc. Les pénuries quotidiennes qui s'ensuivent dans presque tous les domaines de la vie, jointes à un déficit en hausse sensible d'opportunités d'emploi résultant de la destruction massive des industries et des terres agricoles, et des restrictions imposées aux pêcheurs, accroissent encore les tensions dans l'ensemble de la population. Le sentiment d'être privé de ses droits les plus fondamentaux affecte la santé mentale en entretenant la dépression et le désespoir, dans un large secteur de la population gazaouie. 3. Effets des IMO CL22 sur les services et les soins de santé 3.1 Les services de santé avant les IMO CL22 Les points forts du système de santé palestinien sont notamment les suivants: une population en assez bonne santé; la grande valeur accordée par la société à la santé; les nombreux professionnels de la santé qualifiés, expérimentés et motivés; les plans nationaux de développement du système de santé; et une base solide d'organisations gouvernementales et non gouvernementales.31 Si cette analyse de la Rand Corporation en 2007 reste valable, le système actuel est affaibli et morcelé entre quatre principaux prestataires de services: le Ministère de la Santé de l'Autorité nationale palestinienne (ANP); l'UNRWA, les organisations non gouvernementales (ONG); et le secteur privé. Il est aussi l'aboutissement d'une longue histoire faite de phases successives: Le Mandat britannique s'est d'abord appuyé sur les services créés par les missions chrétiennes au XIXème siècle. En 1949, l'UNRWA a commencé à dispenser des services aux réfugiés palestiniens enregistrés. De 1959 à 1967, la Jordanie a été chargée des services de santé pour la Cisjordanie et l'Egypte des services de santé pour la Bande de Gaza. De 1967 à 1993 (jusqu'à la signature à Washington des Accords d'Oslo), la responsabilité des services a incombé à l'administration militaire israélienne.32 Après les Accords d'Oslo, l'Autorité nationale palestinienne a eu la charge du système de santé du territoire palestinien occupé. Le Ministère de la Santé de l'ANP a reçu des sommes importantes de bailleurs de fonds mais n'a pas été en mesure de concevoir un plan et une politique de santé cohérents, notamment parce que de nombreux donateurs s'intéressaient plus aux projets relatifs aux infrastructures qu'à la planification et à la gestion des services. Les activités du Ministère ont aussi été entravées par la situation économique de plus en plus difficile, la mauvaise gestion, la corruption et les restrictions imposées par Israël. A défaut de maîtriser l'approvisionnement en eau, l'exploitation des terres, l'environnement et les mouvements entre Gaza et la 30 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le Groupe Santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009: 14-15. 31 Building a Successful Palestinian State, The RAND Palestinian State Study Team, Santa Monica, Arlington, Pittsburgh, The RAND Cooperation, 2007:223. 32 The Oslo Accords, 1993, U.S. Department of State – Diplomacy in Action, 2009 (http://www.state.gov/r/pa/ho/time/pcw/97181.htm, consulté le 5 mai 2009). Cisjordanie, il était difficile de développer le système de santé moyennant une approche fondée sur la santé publique.33 Le blocus pendant les deux années et demi précédant les IMO CL22 a accéléré la détérioration du système. Si le principal facteur a été la fermeture des points de passage par Israël, la dégradation de l'économie, et la grève menée par les personnels de santé palestiniens de septembre à décembre 2008 y a aussi contribué. Pendant cette période, l'entretien des installations et du matériel et la fourniture des biens consommables n'ont pas répondu aux besoins, et les personnels de santé n'ont pas été en mesure d'entretenir leurs compétences et leur savoir. Soins secondaires et tertiaires Gaza compte 24 hôpitaux, d'un total de 2003 lits.34 Douze hôpitaux (1587 lits) relèvent du Ministère de la Santé, dix (382 lits) appartiennent à des ONG et deux (34 lits) sont privés. En 2007, le nombre de lits pour 100 000 habitants était de 133, densité relativement faible en comparaison, par exemple, du nombre moyen de lits pour 100 000 habitants dans la Région OMS de l'Europe (675 lits environ) et en Israël (583). En cas d'augmentation inhabituelle de la demande, les hôpitaux, vu la faible capacité d'accueil, sont surpeuplés. Tandis que les hôpitaux du Ministère de la Santé sont souvent surpeuplés, les hôpitaux privés et psychiatriques se caractérisent par une faible occupation. L'emplacement et le profil des services des hôpitaux ne répondent pas à un plan rationnel. Si certains hôpitaux privés sont trop petits ou inutiles ils offrent au secteur privé un accès à des hôpitaux. La pénurie de services tertiaires à Gaza pose un problème majeur, notamment en cardiologie, neurologie, ophtalmologie, oncologie, radiologie et hématologie. Tandis que certains hôpitaux (en particulier Al Shifa) disposent de locaux et de matériel pour assurer ne serait-ce qu'une partie de ces services, ils n'ont pas les ressources humaines nécessaires et il leur a été très dificile d'obtenir des pièces de rechange et des biens consommables pour le matériel de haute technologie. C'est la raison pour laquelle il a été décidé de soigner un grand nombre de patients (1000 par mois environ pendant le premier semestre 2008) dans des établissements extérieurs à Gaza ou des hôpitaux privés de la Bande de Gaza. Sur ce nombre, Israël a accordé 6506 permis, soit 65% environ des candidatures recommandées.35 Les restrictions imposées par Israël aux sorties pour un traitement en dehors de Gaza par le poste-frontière d'Erez sont telles qu'un grand nombre de malades n'ont pu passer. La proportion des patients ainsi privés du droit de sortir par Israël est passée de 10% en 2006 à 44% pendant le premier semestre 2008. Le coût du traitement à l'étranger de la plupart des patients a été pris en charge par le Ministère de la Santé. C'est le troisième poste de dépenses, en importance, du budget du Ministère de la Santé depuis 2005, ce qui freine sérieusement le potentiel de développement des services de santé. Il est établi que le système d'acheminement des malades a mal fonctionné et que beaucoup de transferts ont été sollicités, recommandés et acceptés à tort. Les directives et les critères relatifs aux transferts doivent être précisés.36 33 Giacaman R., Khatib R., Shabaneh L., Ramlawi A., Sabri B., Sabatinelli G., Khawaja M., Laurance T., Health status ans health services in the oPt, The Lancet, 7 March 2009, Vol. 373:844-845. 34 WHO Country Cooperation Strategy Occupied Palestinian Territory 2009 – 2013 (Projet), 20 juin 2007, Organisation mondiale de la Santé, 2008. 35 Situation sanitaire et économique dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé – Rapport d'enquête -Rapport du Secrétariat, Genève, Assemblée mondiale de la Santé (A62/24). 36 Abed Y., Joint Report on Health Sector Review, A summary report, supported by HRS Steering Committee, DFID, Department for International Environment, Commission européenne, Cooperazone Italiana, Autorité nationale palestinienne, Banque mondiale, Organisation mondiale de la Santé, 2007:31; Situation sanitaire et économique dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé – Rapport d'enquête Rapport du Secrétariat (Projet), Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2009:3. Vu l'ampleur et la densité de population de la Bande de Gaza, et la précarité des communications entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie, un système de soins tertiaires à part entière serait justifié à Gaza. Outre les services de soins tertiaires, les soins intensifs sont asphyxiés. L'unité de soins intensifs de l'hôpital Al Shifa, le plus grand de Gaza, ne peut faire face à l'augmentation inhabituelle de la demande (comme pendant les IMO CL22). Le bon fonctionnement de tous les services de santé dépend de la disponibilité de pièces de rechange et de biens consommables, et notamment de médicaments et de réactifs ainsi que de carburant et d'électricité. La fermeture des points de passage a sérieusement réduit cette disponibilité. En conséquence, le matériel médical du secteur de la santé se trouvait déjà pour beaucoup en piteux état avant les IMO CL22 en raison de la pénurie de pièces détachées et de rechange, du manque d'entretien et des effets des coupures de courant fréquentes et de l'insalubrité de l'eau. De plus, un grand nombre de projets de mise en place d'infrastructures physiques, comme des hôpitaux et des centres de santé nouveaux, ont été différés du fait des restrictions à l'importation de matériaux de construction.37 Soins de santé primaires (SSP) Le Ministère de la Santé et l'UNRWA ont créé un vaste réseau de centres de soins de santé primaires (56 et 20 centres respectivement); quelques centres appartiennent également à des ONG. Le Ministère de la Santé fonctionne avec quatre catégories de centres SSP. Les centres de la première catégorie, pour les zones isolées, assurent la vaccination et la plupart des services curatifs et de soins de santé maternelle et infantile les plus élémentaires et les soins de premiers secours. Les centres aux autres niveaux y adjoignent progressivement des services de médecine générale, de dentisterie, de laboratoire et de radiologie, et des spécialités médicales. Compte tenu de la forte densité de population de Gaza et des distances relativement réduites, les services SSP du Ministère de la Santé n'ont pas de centre de la première catégorie; cinq centres du Ministère de la Santé (et quelques centres d'ONG et de l'UNRWA) dispensent des services de santé mentale, deux seulement disposant de services de physiothérapie.38 Les centres de l'UNRWA dispensent des soins préventifs et curatifs familiaux aux réfugiès enregistrés. L'UNRWA dispose également d'un système d'information sanitaire performant qui couvre la surveillance des maladies et les dossiers familiaux. Tandis que les centres du Ministère de la Santé fournissent des médicaments pour deux semaines aux malades chroniques, les centres de l'UNRWA en distribuent pour six semaines. Les centres de l'UNRWA tendent aussi à disposer d'un approvisionnement plus fiable, dont un bon stock régulateur de médicaments essentiels. Accès aux soins de santé, aux services d'ambulances et aux autres moyens de transport La Bande de Gaza se situant au septième rang mondial des zones à forte densité de population (3881 habitants par kilomètre carré), avec une infrastructure essentiellement urbaine, l'accès aux établissements de santé en situation normale est relativement aisé dans une ambulance ou par un moyen de transport public ou privé. Avant les IMO CL22, le Ministère de la Santé et la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS) disposaient d'une flotte de 148 ambulances. Les ambulances du secteur public sont rattachées aux hôpitaux, à certains centres SSP et à une station centrale d'ambulances dans la ville de Gaza. La PRCS dispose également 37 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009: 2-3. 38 Dr Fuad Elissawi, Directeur général, Soins de santé primaires, communication personnelle. d'une station centrale d'ambulances à Gaza et, aux termes d'un accord avec le Ministère de la Santé, elle fournit des services d'ambulances.39 La pénurie de carburant due au blocus pose un problème particulier, qui affecte de nombreux types de moyens de transport importants pour le secteur de la santé. Approvisionnement en médicaments et pharmacies L'entrepôt de médicaments du Gouvernement à Gaza (magasin central) est le point de distribution principal pour les médicaments. Le suivi par l'OMS de la disponibilité des médicaments a fait apparaître des pénuries incessantes en 2008. Au début des IMO CL22, plus de 100 articles de la liste des 459 médicaments essentiels et des 236 produits consommables étaient en rupture de stock. Le magasin central n'a pas été en mesure de maintenir un stock régulateur minimum de six mois de fournitures. En cas de hausse anormale de la demande, les stocks seront donc rapidement épuisés.40 Un autre aspect préoccupant avant les IMO CL22 était la concentration de toutes les activités dans l'entrepôt central, en l'absence de sous-unités autres que les pharmacies des différents hôpitaux et des districts de soins primaires dans d'autres parties de la Bande de Gaza. Médecine préventive Les centres SSP du Ministère de la Santé et de l'UNRWA assurent un programme complet de vaccination au taux de couverture élevé. L'éducation sanitaire relève du Département des SSP. L'UNRWA et plusieurs ONG ont aussi des activités d'éducation sanitaire. La reconnaissance des symptômes des problèmes psychologiques par les personnels de santé et par le public en général a été particulièrement privilégiée. Outre la tradition culturelle, le stress lié à la situation peut expliquer la prévalence élevée du tabagisme chez les hommes. Les mêmes facteurs peuvent aussi expliquer l'augmentation de l'obésité, en particulier chez les personnes âgées, malgré un mauvais état nutritionnel.41 Salubrité de l'environnement La salubrité de l'environnement relève du Département de la Salubrité de l'environnement du Ministère de la Santé et des municipalités. Les restrictions imposées de longue date, le siège et les IMO CL22 sont responsables d'un sérieux défaut d'investissement dans les infrastructures d'approvisionnement en eau et d'assainissement de la Bande de Gaza et de la grande difficulté à maintenir des normes satisfaisantes de services et de santé publique. Les principaux problèmes liés au traitement des eaux usées tiennent à l'inadéquation des moyens d'épuration, à l'excès des volumes à traiter et à une capacité de déversement insuffisante, auxquels s'ajoutent l'absence d'investissement et l'impossibilité d'importer le matériel nécessaire pour remettre en état les infrastructures existantes. En définitive, les eaux d'égoûts ont été déversées sans traitement dans la Méditerranée le long de la côte de la Bande de Gaza, pratique à laquelle on impute déjà d'importants dommages pour l'environnement. Les plus grandes agglomérations courent un risque particulier pour la santé publique en cas de dysfonctionnement des réseaux d'évacuation des eaux usées ou s'ils sont mal entretenus ou endommagés.42 Le 39 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009: 12. 40 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009: 11. 41 Mendis S., Prevention and Control of Non-communicable Diseases in Palestine, Report of a technical assessmenmt mission 7 July – 11 July 2008, Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2008. 42 A brief outline of the sewage infrastructure and public health risks in the Gaz Strip for the World Health Organization, Wash Cluster, Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2009:1. blocus empêchant quasiment toute activité essentielle de remise en état et d'entretien des systèmes existants, et vu le déficit d'électricité, l'approvisionnement en eau était déjà intermittent avant les IMO CL22. Les hôpitaux et les centres SSP ont commencé à trier les déchets et à récupérer les objets piquants et tranchants. L'hôpital Al Shifa dispose d'un incinérateur mais sa capacité ne permet pas le traitement des déchets de tous les établissements de soins de santé; de plus, l'installation est vétuste et émet des fumées potentiellement toxiques. L'essentiel des déchets a donc fini dans les décharges générales, avec les déchets ménagers.43 Personnels de santé Tableau 1. Différentes carégories de personnel de santé dans la Bande de Gaza en 200744 Profession Nombre Pour 100 000 habitants Médecins Dentistes Pharmaciens Infirmières Infirmières SagesSages-femmes Praticiens paramédicaux Total 3482 700 1595 4277 234 3245 13 893 271 49 113 302 17 229 981 Les personnels de santé sont peu nombreux par rapport à la population; dans la Région de l'Europe, par exemple, on compte 335 médecins et 713 infirmières pour 100 000 habitants; les chiffres correspondants pour Israël sont de 353 et 579.45 Dans le domaine des soins de santé primaires en particulier, il y a pénurie d'infirmières, sous-représentées par rapport aux médecins. Gaza compte deux facultés de médecine (avec 65 étudiants en moyenne par an) et trois collèges d'infirmières (formant en moyenne 200 élèves par an). Le nombre des étudiants en médecine est en hausse mais la qualité de l'enseignement se détériore en raison du manque de certains matériels de formation. Alors que de nombreux médecins de la génération précédente à Gaza sont très qualifiés – dont beaucoup ont obtenu leurs spécialisations à l'étranger - leurs compétences commencent à devenir obsolètes faute de formation continue. Les plus jeunes n'ont ni la possibilité de se spécialiser ni celle de suivre une formation continue car – à cause du blocus – il est très difficile d'aller étudier à l'étranger et d'inviter des enseignants étrangers. 3.2 Effets des IMO CL22 sur les infrastructures infrastructures et les services de soins de santé Le 27 décembre, premier jour des IMO CL22, tous les hôpitaux du Ministère de la Santé ont déclaré une situation d'urgence, ce qui signifiait que:46 • • Seules les opérations urgentes étaient pratiquées; les autres étaient différées; Toutes les consultations externes des hôpitaux ont été fermées, à l'exception des dispensaires équipés pour faire face aux urgences; 43 M. Henrik Slotte, Chef de Branche, Situations post-conflit et gestion des catastrophes, communication personnelle. 44 WHO Country Cooperation Strategy Occupied Palestinian Territory 2009 – 2013 (Projet), 20 juin 2007, Organisation mondiale de la Santé, 2008:17. 45 Base de données SPT, Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. 46 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:6-7. • • • • • Tous les personnels de santé devaient se présenter à leur poste, tous les congés étant annulés; Des salles d'urgence et d'opération ont été organisées pour accueillir les victimes; Toutes les ambulances étaient considérées comme de garde; Toutes les pharmacies des hôpitaux fonctionnaient 24 heures sur 24; et Les spécialistes travaillant dans les centres SSP ont été redéployés dans les hôpitaux, selon les besoins. L'état d'urgence a été levé le 22 janvier lorsque le Ministère de la Santé a autorisé les établissements de santé à reprendre leurs fonctions habituelles. Dommages subis par les hôpitaux Les IMO CL22 ont gravement affecté les hôpitaux, et 15 (dont 9 hôpitaux publics) ont été endommagés.47 Tableau 2. Hôpitaux les plus endommagés par les IMO CL22 Hôpital Nombre de lits Type Dégâts Al Wafa 50 Réadaptation Un nouveau bâtiment dont l'ouverture prochaine devait permettre d'étendre les services a été détruit; bâtiment principal touché Hôpital pédiatrique Al Nasser 150 Pédiatrie Vitres endommagées Al Quds 100 Hôpital général Deux étages supérieurs complètement détruits; bâtiment administratif adjacent et magasin complètement détruits Hôpital européen 207 Al Awda 77 Hôpital général Endommagé par deux obus près de la salle des urgences Al Dorah 64 Pédiatrie Salle des urgences touchée à deux reprises Murs, canalisations d'eau et électricité endommagés par des tirs d'artillerie Malgré les dégâts, presque tous les hôpitaux sont restés ouverts la plupart du temps pendant les IMO CL22 et ils ont assuré ne serait-ce que des services partiels. Les seules réparations pratiquées dans les hôpitaux touchés après les IMO CL22 ont été le remplacement des vitres cassées par des feuilles de plastique – vu la pénurie de matériaux de construction due au blocus. Ce sont surtout les hôpitaux du secteur public qui ont subi les effets des IMO CL22, mais le secteur privé a aidé en accueillant des patients du secteur public; la communication et la coordination entre le secteur public et le secteur privé se sont généralement améliorées pendant les IMO CL22.48 Hôpitaux visités par la mission sanitaire spécialisée (MSS) La MSS a visité deux des hôpitaux les plus touchés, Al Wafa et Al Quds, ainsi que l'hôpital principal de la Bande de Gaza, Al Shifa. Al Wafa est le seul hôpital de la Bande de Gaza qui dispense des services de réadaptation. Il avait été touché par 8 obus de char, 2 missiles et des milliers de balles. Pendant l'attaque, l'hôpital avait été en contact 47 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:5. 48 Dr Mohammad R. Al-Kashif, Directeur général des hôpitaux, communication personnelle. permanent avec le CICR, demandant l'arrêt des tirs d'obus, et le CICR avait à son tour été en contact direct avec les forces de défense israéliennes. En prévision d'une éventuelle attaque, l'hôpital avait renvoyé chez eux plusieurs patients et transféré les 25 patients restants dans les parties les plus sûres du bâtiment. Deux membres du personnel ont été blessés pendant l'attaque, un nouveau bâtiment qui devait permettre d'augmenter la capacité de l'hôpital a été détruit et le bâtiment principal a subi des dégâts mineurs. Les patients restants avaient dû être évacués.49 Les dommages subis par l'hôpital Al Wafa et son emplacement précaire à proximité de la frontière seront des obstacles majeurs pour la réadaptation efficace des nombreux malades handicapés nécessitant une réadaptation clinique. Il n'existe actuellement pas de chiffres exacts relatifs à la distribution des incapacités permanentes par type. Handicap International compte mener une enquête sur les services de réadaptation disponibles dans la Bande de Gaza et tente également de recueillir des informations sur le nombre et le type d'incapacités et de handicaps. Compte tenu de la gravité des traumatismes (voir le Chapitre 2), il est probable que les besoins seront importants. Les IMO CL22 ont aussi interrompu les activités de formation organisées par l'hôpital, et notamment un programme soutenu par l'OMS préparant à un Masters en sciences de la réadaptation et une formation de thérapeutes professionnels. Al Quds, hôpital général, appartient à la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS). Le complexe inclut un centre socio-culturel, un bâtiment administratif, une station d'ambulances et un magasin. Le bâtiment administratif a été sérieusement endommagé par des tirs de char à courte portée, et les deux étages supérieurs de l'hôpital ont été complètement détruits par un incendie, supposé déclenché par des obus au phosphore ayant atterri sur le toit. Le centre socio-culturel a subi des dommages importants, et la salle de jeu des enfants, la plus grande salle de réunion de Gaza (salle de cinéma), ainsi qu'un restaurant du personnel ont été détruits. Le magasin récemment approvisionné en fournitures médicales a été détruit, et la station d'ambulances a été touchée. De même qu'à Al Wafa, le personnel d'Al Quds avait été en contact répété (par l'intermédiaire du CICR et de l'OMS) avec les FDI, demandant l'arrêt des bombardements. Les 500 civils qui avaient cherché refuge à l'hôpital et quelque 50 patients ont dû être évacués.50 Si le principal hôpital de Gaza Al Shifa n'a pas subi de dégâts majeurs (des vitres ont été soufflées lors de la destruction d'une mosquée voisine) dus aux IMO CL22, la MSS a pu constater les effets du long bouclage. L'ossature du nouveau bâtiment de chirurgie inachevé, censé fournir un complément de capacité indispensable, se dressait à l'emplacement du chantier, tous les travaux de construction étant interrompus depuis 2006 du fait des restrictions à l'importation de matériaux de construction. Le début des IMO CL22 a sollicité à l'extrême les ressources d'Al Shifa. Trois cent patients (morts et blessés) sont arrivés dés la première heure des IMO CL22. Tout l'hôpital a été transformé en hôpital de chirurgie et des opérations étaient pratiquées partout où cela était possible. Les blocs opératoires, normalement dotés d'une table, comptaient deux tables de fortune supplémentaires, et des opérations étaient aussi pratiquées dans les chambres de maternité, voire dans les couloirs. Le nombre des lits de soins intensifs est passé de 12 à 31.51 Les chirurgiens travaillaient dos à dos, pateaugeant littéralement dans le sang. Cette expérience a mis en lumière l'insuffisance de la capacité des blocs opératoires, des lits de soins intensifs et de certains services de laboratoire (notamment d'analyse scientifique). Le personnel aurait souhaité conserver des échantillons prélevés sur des plaies inhabituelles et les atteintes de certains organes (voir le Chapitre 2) en vue d'une analyse scientifique ultérieure, ce qui leur a été impossible en l'absence de savoirfaire et de moyens de laboratoire appropriés. 49 Dr Khamis El-Essi, Directeur des équipes médicales de réadapation, hôpital Al Wafa, communication personnelle. 50 Israel/Occupied Palestinian Territories, Rain of Fire, Israel's Unlawful Use of White Phosphorus in Gaza, New York, Human Rights Watch, 2009:39. Et aussi: Dr Khalil Abu Fool, Directeur des Services des urgences et des opérations de secours, PRCS, communication personnelle. 51 Dr Hussain Ashour, Directeur général du Complexe médical Shifa, communication personnelle. L'équipe MSS a aussi pu constater les effets délétères du siège déjà en place, quantité de matériel étant hors d'usage, en mauvais état ou manquant de pièces de rechange. Faire face à la charge de patients En dépit de l'afflux de victimes pendant toutes les IMO CL22, le taux d'occupation des lits dans les hôpitaux du Ministère de la Santé ne dépassait pas 75%, voire beaucoup moins dans la plupart des cas. Et ce du fait de la volonté de conserver à tout moment des lits vides pouvant faire face à un afflux soudain de nouveaux blessés. Des mesures ont donc été prises pour préparer cet afflux, et notamment le renvoi chez eux d'un nombre maximum de patients avant le début des IMO CL22; la politique du Ministère de la Santé consistant à faire sortir les patients aussi tôt que possible (l'hôpital Al Shifa a par exemple organisé trois sorties de malades par jour afin de libérer des places pour de nouveaux blessés); le transfert d'un grand nombre de blessés très graves pour des soins à l'étranger; la suspension des interventions ordinaires et non urgentes, etc. La difficulté pour la population d'accéder aux hôpitaux du fait de la grande insécurité des déplacements a aussi probablement contribué à réduire le nombre des nouveaux patients.52 Transferts à l'étranger La possibilité de transférer des cas graves en Egypte pour un traitement ultérieur aux termes d'un accord négocié entre l'ANP et les autorités égyptiennes au début des IMO CL22 a permis de soulager considérablement les hôpitaux de Gaza – en particulier l'hôpital Al Shifa. Le poste-frontière de Rafah précédemment fermé a été ouvert, et les équipes d'ambulances de Gaza – (courant des risques considérables – elles ont essuyé des tirs au moins une fois) – ont transporté les blessés et les ont remis aux Egyptiens. L'Egypte a accueilli 1053 blessés pendant les IMO CL22 et pendant la période qui a suivi (96 d'entre eux ayant été à nouveau acheminés vers des pays tiers) et 885 accompagnants. A partir du poste-frontière de Rafah, ils ont été pris en charge par l'Equipe d'intervention médicale rapide du Ministère égyptien de la Santé qui avait été envoyée à El Arish. Cette équipe était composée de spécialistes (chirurgie générale, chirurgie vasculaire, neurochirurgie, chirurgie réparatrice, chirurgie orthopédique et autres) très expérimentés dans les domaines de la médecine des catastrophes, des évacuations médicales, etc. Pendant les IMO CL22, quelque 75 médecins et les assistants requis ont participé à l'opération.53 Une ONG égyptienne a distribué à chaque patient et aux membres de la famille l'accompagnant une « trousse » contenant les biens nécessaires élémentaires, dont un téléphone mobile pour rester en contact avec la famille. Après un traitement initial ou un triage à Gaza, les ambulances de la PRCS ont conduit les patients au point de passage de Rafah d'où ils ont été acheminés – après un triage par les membres de l'Equipe d'intervention rapide – dans des ambulances égyptiennes soit vers l'Hôpital universitaire du Nord-Sinaï » à Al Arish pour des soins immédiats soit directement vers d'autres hôpitaux d'Egypte (certains ont été envoyés dans d'autres pays pour y être soignés). Le Ministère de la Santé a tenu l'Equipe d'intervention rapide quotidiennement informée de la disponibilité de lits dans les hôpitaux participant à l'opération. De 40 à 50 patients arrivaient chaque jour, dont 15 en moyenne nécessitant des soins intensifs. L'Equipe d'intervention rapide a été impressionnée par la qualité des soins dispensés aux patients à Gaza avant leur évacuation. A deux reprises, des ambulances égyptiennes ont pénétré dans Gaza, allant jusqu'à l'hôpital Al Shifa, d'où elles ont évacué une cinquantaine de patients. Trente patients ont en outre été évacués en Israël pour y être soignés.54 52 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:8. 53 Dr Ayman Al Hady, Chef, Equipe d'intervention médicale rapide, communication personnelle. 54 La situation sanitaire dans la Bande de Gaza, 4 février 2009, Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2009:3. Santé mentale Près de 40 organisations dispensent des services de santé mentale à Gaza, souvent en l'absence de toute coordination. Le nouveau module santé mentale dirigé par l'OMS aide à coordonner leur travail dans le cadre de la politique nationale de santé mentale et du plan d'application conçus par le Ministère de la Santé de l'ANP avec l'appui de l'OMS et des directives du Comité permanent interorganisations (CPI) publiées récemment. Au centre des activités se trouvent les programmes de santé mentale communautaire et des enfants d'âge préscolaire qui aident à renforcer les réseaux familiaux et communautaires. L'inclusion des associations sportives et familiales et des clubs de jeunes est aussi un objectif. L'un des problèmes consiste à empêcher l'utilisation de psychotropes, acheminés « par les tunnels ».55 L'une des conséquences les plus profondes et les plus durables du long blocus et des IMO CL22 est un malaise psychologique chronique qui affecte toute la société, et en particuilier les enfants (voir le Chapitre 2). Pendant les IMO CL22, l'UNRWA a dispensé des services de base, et notamment des conseils à la population des centres d'hébergement de l'UNRWA. Deux cents malades psychotiques environ vivant dans les centres d'hébergement ont reçu les médicaments nécessaires, le reste de la population étant essentiellement privé de ces services, compte tenu de la priorité absolue accordée aux blessés. Déjà avant les IMO CL22, l'UNRWA avait pris des initiatives importantes pour répondre au besoin croissant de services de santé mentale, intégrant des services psychiatriques et psychologiques dans les soins de santé primaires de leurs centres de santé et dispensant des services de conseillers dans les jardins d'enfants et les écoles. Ainsi, l'UNRWA, s'éloignant de la thérapie individuelle, de personne à personne, a opté pour une thérapie familiale et collective, consistant notamment à aider les parents à renforcer leurs aptitudes parentales. L'UNRWA prévoit également de commencer à former ses 7500 enseignants à la santé mentale communautaire et au soutien psychologique, ainsi qu'à l'auto-prise en charge et aux autosoins. Dans chaque école de l'UNRWA, un comité de la santé mentale organisera des activités sportives et artistiques et aidera à remotiver les élèves, beaucoup ayant perdu tout intérêt pour la scolarité.56 Autres services de santé touchés Les IMO CL22 ont affecté les soins obstétricaux et périnatals (voir aussi le Chapitre 2). L'insécurité a empêché de nombreuses femmes enceintes de se présenter à la consultation prénatale et 38 accouchements se sont déroulés au domicile de la mère ou dans un abri, souvent en l'absence de personnel qualifié.57 Les principaux services de maternité de Gaza ont été transformés en services de chirurgie pour accueillir les nombreux blessés. Si l'utilisation des services de maternité n'a pas sensiblement baissé, les mères ont été renvoyées, parfois 30 minutes après l'accouchement. Les coupures d'électricité ont peut-être affecté la survie des nouveau-nés nécessitant des soins intensifs. La qualité des dossiers médicaux a baissé pendant les IMO CL22, ce qui a gêné l'évaluation des effets des IMO CL22. Pendant les IMO CL22, les soins aux patients atteints de maladies non transmissibles ont été négligés pour de nombreuses raisons. Le Département des transferts à l'étranger a été fermé du 27 décembre au 18 janvier, et 55 Dr Ahmed Abu Tawahina, Directeur général, Programme communautaire de santé mentale, communication personnelle. 56 Dr Iyad Zaqout, Directeur, Programme communautaire de santé mentale, communication personnelle. 57 Gaza Crisis: Impact on Reproductive Health, especially Maternal and New born Health and Obstetric Care, Projet de rapport, Programme d'assistance au peuple palestinien, Jérusalem, Fonds des Nations Unies pour la population, 2009:4; Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:9. le programme de transfert à l'étranger pour les cas non urgents a été interrompu; l'accès aux SSP était limité; et les hôpitaux ont dû consacrer toutes leurs capacités aux patients blessés, dans un état grave. La fréquence des dialyses de quelque 400 dialysés a dû être réduite ou la durée des séances abrégée faute de produits consommables et en raison des coupures de courant. Les patients chroniques en attente de traitement urgent, dont une partie n'est pas disponible à Gaza, se sont accumulés. Quelque 600 patients supplémentaires précédemment soignés pour leurs affections chroniques dans des hôpitaux d'Israël ou de Cisjordanie sont maintenant (à quelques exceptions près) privés de cette possibilité (en partie à cause d'un différent entre l'ANP et Israël concernant le paiement de ces soins). Le Ministère de la Santé estime à environ 40% les traitements des malades chroniques interrompus pendant les IMO CL22, cette interruption ayant probablement entrainé le décès de certains d'entre eux. 58 Soins de santé primaires Au moins 43 centres SSP ont été endommagés ou détruits (27 centres du Ministère de la Santé, 7 centres de l'UNRWA et 9 centres d'ONG), et 21 des 56 centres du Ministère de la Santé et 3 des 20 centres de l'UNRWA ont été fermés pendant une partie ou la totalité de la durée des IMO CL22.59 De plus, la conversion de 10 centres du Ministère de la Santé et de 4 centres de l'UNRWA en centres d'urgence a réduit leur capacité d'accueil pour les soins de santé primaire. Pendant les premiers jours des IMO CL22, de nombreux personnels SSP n'ont pu venir travailler en raison de l'insécurité et de la difficulté d'accès. Le même problème a réduit de 90 % l'utilisation par la population des centres SSP pendant toute la durée des IMO CL22. Quarante pour cent environ des patients ont été privés de leurs médicaments.60 Contrairement aux centres du Gouvernement, les centres de l'UNRWA sont parvenus à tenir normalement les dossiers des patients. Le 23 mars, les services SSP étaient à nouveau opérationnels dans 54 des 56 établissements du Ministère de la Santé, y compris les établissements partiellement endommagés; seuls les deux centres entièrement détruits ne fonctionnaient pas. Les 20 centres SSP de l'UNRWA étaient opérationnels et dispensaient un large éventail de services. Depuis les IMO CL22, quasiment aucune réparation n'a été effectuée hormis le remplacement des vitres brisées par des feuilles de plastique dans les centres SSP endommagés faute de matériaux de construction. Dans certains centres endommagés, Médecins du Monde a dressé des tentes pour remplacer les bâtiments touchés et des services sont dispensés chez des particuliers. Santé publique La plupart des fonctions de santé publique, et notamment le suivi des maladies transmissibles, ont été suspendues le 27 décembre et ont repris le 20 janvier. Pendant les 10 premiers jours des IMO CL22, quasiment aucune vaccination n'a été administrée compte tenu de la fermeture des dispensaires, de l'absence d'électricité et de carburant, de la pénurie de personnel et des restrictions de mouvement affectant la distribution des vaccins. Le taux de vaccination, tombé initialement à 30 %, a commencé à se redresser vers la fin des IMO CL22 grâce à la bonne coopération entre le Ministère de la Santé et l'UNRWA. Les enfants ont été vaccinés dans le centre SSP du Ministère de la Santé qu'ils pouvaient atteindre. L'UNRWA, de son côté, outre les enfants déplacés, a aussi vacciné ceux qui vivaient à proximité des centres d'hébergement et ne pouvaient se rendre dans un centre du Ministère de la Santé. Le 58 Plan national palestinien de redressement rapide et de reconstruction de la Bande de Gaza pour 2009-2010, présenté par l'Autorité nationale palestinienne lors de la Conférence internationale sur le soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza à Charm el-Cheikh (Egypte), 2 mars 2009. 59 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009; Rapport de l'OMS au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, La guerre à Gaza, Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2009:2-3. 60 Dr Fuad Elissawi, Directeur général, Soins de santé primaires, communication personnelle. programme de vaccination complet a repris depuis le cessez-le-feu.61 Compte tenu de la couverture vaccinale satisfaisante avant les IMO CL22, de la brièveté relative de l'interruption, et du rétablissement rapide des programmes de vaccination, le risque de maladies évitables par la vaccination devrait être faible. Le laboratoire de santé publique a repris ses activités d'analyse de l'eau, des aliments et des eaux usées. Le programme de surveillance épidémiologique a été réactivé. Personnel de santé Pendant les IMO CL22, environ 6000 agents du Ministère de la Santé ont dispensé des soins; 90 d'entre eux ont été redéployés de leur hôpital à un autre plus proche de leur domicile. Ils ont payé un lourd tribut pendant les IMO CL22: 16 agents de santé ont été tués et 25 blessés, beaucoup dans l'exercice de leurs fonctions.62 A certaines périodes, des agents ont été dans l'imposibilité de se rendre à leur travail en raison de l'insécurité et de l'absence de moyens de transport. Les longues journées de travail, le manque de temps et la pression affective liée au traitement des urgences, et le sentiment de vulnérabilité face à l'action militaire ont aggravé la situation des personnels de santé, déjà précaire du fait de la difficulté des conditions de travail tout au long du bouclage. Il en est résulté une hausse des différents niveaux de stress, et notamment des cas d'effondrement psychique. Déjà limités, les programmes de formation continue et les activités d'assurance de la qualité ont été au point mort pendant les IMO CL22. Pendant les IMO CL22, plus de 500 médecins étrangers entrés à Gaza par le point de passage de Rafah sont venus prêter main-forte.63 Certains d'entre eux ont dispensé des services excellents, comme les équipes jordaniennes et marocaines qui avaient en commun la langue et la culture, d'autres se sont moins bien adaptés à la situation locale et/ou n'étaient pas formés à la chirurgie de guerre. Ils ont peut-être néanmoins réduit les transferts nécessaires à l'étranger car certains d'entre eux ont également traité des cas moins urgents, des patients autres que des victimes.64 Accès aux soins de santé, aux services d'ambulances et aux autres moyens de transport Pendant les IMO CL22, 29 des 148 ambulances de Gaza et deux stations d'ambulances ont été endommagées ou détruites. Le 23 mars, 35 ambulances des hôpitaux du Ministère de la santé et 14 des principales stations d'ambulances de Gaza étaient opérationnelles; 40 autres ambulances de la PRCS étaient en circulation,65 de nombreuses autres, fournies par des donateurs, devant de plus entrer en service. Pendant toute la durée des IMO CL22, les équipes d'ambulances ont rencontré des difficultés lors de leurs déplacement, surtout pendant les quatre premiers jours (3-7 janvier 2009) des opérations terrestres menées par les FDI. Malgré les efforts de coordination entre le CICR, la PRCS et les FDI, il a souvent fallu des heures pour atteindre les victimes et de nombreuses tentatives de coordination du CICR et de la SPCR pour obtenir un feu vert des FDI ont échoué ou ont demandé jusqu'à 24 heures, voire plus. A défaut d'autorisation, l'équipe 61 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009; Rapport de l'OMS au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, La guerre à Gaza, Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2009:9,16. 62 Shaqoura, W. (Directeur de la Coopération internationale, Ministère de la Santé, Autorité nationale palestinienne), Health Situation in Gaza Strip, Autorité nationale palestinienne, 2009:4; The targeting of Medical Centers, Ambulance Teams and Civil Defense Teams during the Israeli Offensive « Operation Cast Lead » against the Gaza Strip (27 décembre 2008 – 18 janvier 2009), Al Mezen Centre for Human Rights, 2009:12. 63 Général Mohamed Shousha, Gouverneur du Mord Sinaï, communication personnelle. 64 Dr Fathi Abdullah Abu Moghli, Ministre de la Santé, ANP, communication personnelle. 65 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Etabli par le Groupe Santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:12. des urgences a néanmoins décidé d'aller chercher et de transporter les malades et les blessés, s'exposant naturellement eux-mêmes à des risques sensiblement accrus. La coordination entre le Département palestinien de coordination et de liaison et les autorités israéliennes fonctionnait au ralenti. La circulation des ambulances était entravée par les dommages subis par les voies d'accès du fait des bombardements et les débris des habitations détruites ou endommagées; dans certains cas, les ambulances ont été contraintes de faire de longs détours. Malgré les dommages subis par la flotte des ambulances, la quantité de victimes et les difficiles conditions de sécurité, la plupart des blessés ont été transportés rapidement du site de l'incident aux salles des urgences.66 Pour de nombreux habitants, « Les équipes d'urgence et les ambulanciers ont été les vrais héros de la crise. » Un système d'acheminement moins centralisé aurait peut-être réduit certains des problèmes rencontrés par les ambulances. L'insécurité et le manque de carburant ont complètement interrompu la circulation des véhicules privés et des autobus publics. Pendant et immédiatement après les IMO CL22, 172 ambulances reçues de différents donateurs sont entrées à Gaza par le point de passage de Rafah.67 Matériel et fournitures Plus de 100 articles de la liste des médicaments essentiels manquaient déjà au magasin central avant les IMO CL22 et il n'y avait pas de stock régulateur pour les autres. Au fur et à mesure de l'augmentation du nombre des victimes, le Ministère de la Santé et les donateurs ont réagi rapidement, livrant des volumes importants de fournitures en quelques jours pour pallier les déficits immédiats. D'autres fournitures ont été livrées alors que les IMO CL22 continuaient, dont une grande quantité de dons. Le volume des dons était tel que le magasin central a dû trouver 36 entrepôts provisoires pour les stocker. Malgré l'amélioration rapide du niveau des stocks, la distribution des médicaments aux hôpitaux a été compliquée par les restrictions à la liberté de mouvement et l'insécurité.68 Le 5 janvier, une salle des opérations d'urgence du Ministère de la Santé, mise en place à Ramallah avec l'appui de l'OMS, a commencé à coordonner la riposte sanitaire et logistique. Un contact permanent a été maintenu avec le magasin central à Gaza pour évaluer ses besoins immédiats et cartographier les livraisons de fournitures effectuées ou en préparation. L'OMS a assumé la responsabilité de l'organisation et de la livraison de toutes les fournitures de Cisjordanie et d'Israël par le point de passage de Kerem Shalom dès le début des IMO CL22. Comme très souvent en cas de crise, les donateurs n'ont pas toujours respecté les directives ni les listes de priorités mais ont fourni ce qu'ils avaient en stock. La majorité des dons ont été livrés par Rafah, en l'absence de toute coordination avec le Ministère de la Santé et l'OMS. De nombreux articles n'étaient pas essentiels. Certaines quantités excédaient largement les besoins de Gaza (50% des médicaments donnés, par exemple, étaient des antibiotiques). Pour aggraver encore la situation, le Ministère de la Santé à Ramallah et les autorités sanitaires de fait à Gaza avaient parfois des listes de priorités différentes. De plus, certains donateurs ont contacté directement les établissements de soins de santé et c'est une liste de priorités encore différente qui leur a été communiquée. La gestion et la coordination des dons ont été compliquées davantage par le fait que l'UNRWA et de nombreuses ONG ont reçu des médicaments qui n'avaient pas transité par le magasin central. Enfin, alors que le magasin central disposait d'un programme de contrôle des stocks performant avant les IMO CL22, il s'est trouvé débordé par l'arrivée de grandes quantités de dons et la nécessité de livrer dans 66 Dr Mohammed Al Najjar, Directeur adjoint des magasins médicaux, communication personnelle. 67 Général Mohamed Shousha, Gouverneur du Nord-Sinaï, communication personnelle. 68 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009:11. les plus brefs délais d'importants volumes de fournitures aux établissements de soins de santé , et n'a pu en assurer le suivi. L'OMS, l'UNRWA et d'autres partenaires ont prêté leur concours en matière de transport et de logistique, pendant et après les IMO CL22. Le magasin central a dû regarnir sa base de données après les IMO CL22.69 Certains dons de fournitures reçus pendant les IMO CL22 n'étaient pas encore déballés ni enregistrés au magasin central lors de la visite de la MSS le 25 mars 2009. Si le magasin central avait convenablement enregistré le contenu des dons, le manque d'espace de stockage, de personnel et de matériel et la présence de dons non conformes aux directives (expéditions sans liste de contenu, langues étranges, très petites quantités, etc.) avaient rendu cette tâche difficile. Fin mars 2009, on estimait à 20 000 tonnes la quantité de dons, principalement des denrées alimentaires, entreposés provisoirement du côté égyptien et israélien de la frontière, en attente d'une autorisation d'Israël. Avec l'appui du module logistique des Nations Unies, la Société palestinienne du Croissant-Rouge a coordonné le transport de médicaments et d'autres articles médicaux à Gaza.70 L'obtention du Bureau israélien de Coordination des activités du Gouvernement dans les Territoires occupés (COGAT) de l'autorisation d'importer des biens à Gaza est un processus long et compliqué – parfois pour des raisons administratives (les marchandises ne sont pas accompagnées des documents normalement requis pour le dédouanement), parfois parce que le COGAT considère des biens humanitaires comme non essentiels ou n'ayant pas un caractère humanitaire. Le COGAT a ainsi refusé d'autoriser l'importation de poupées que l'UNICEF souhaitait importer « parce qu'il ne s'agit pas une priorité humanitaire et parce que la peinture contenait du plomb ».71 Les dons ont en fait amélioré la situation par rapport à ce qu'elle était avant les IMO CL22 – pour le moment au moins. Dans la semaine qui a suivi la fin des IMO CL22, 96% des médicaments prioritaires avaient été livrés ou étaient annoncés, et 81% environ des produits à usage unique prioritaires avaient été livrés ou étaient en voie de l'être. Le stock de 206 articles figurant sur la liste des médicaments essentiels du magasin central durera plus de 6 mois, certains articles étant en quantité suffisante pour une année. Le 25 mars, le magasin central a dressé une liste de ses articles en rupture de stock, et des articles qui manqueront d'ici trois mois. Cette liste contient 144 articles au total, dont 52 déjà manquant (y compris des anticonvulsifs pédiatriques contre l'épilepsie). La pression qui s'exerce sur le magasin central en tant que fournisseur des médicaments essentiels s'est d'autant plus renforcée qu'il est impossible aux pharmacies du secteur privé d'importer des médicaments. De nombreux articles inclus dans les dons seront périmés au cours de ces prochains mois. Cinq mille tonnes de médicaments actuellement dans le magasin central ont déjà dépassé la date de péremption, ou seront périmés avant de pouvoir être utilisés. Bien que le magasin central ait remis certains de ces articles à des ONG et au secteur privé, beaucoup devront être éliminés, obérant les ressources du magasin central. Vu la capacité limitée de l'incinérateur d'Al Shifa, ces médicaments devront être encartouchés et jetés dans une décharge générale.72 Les dons reçus pendant les IMO CL22 incluaient beaucoup de matériel, ce qui, dans certains cas, a amélioré la situation. Toutefois, si le blocus reste aussi strict, cet avantage sera de courte durée faute d'entretien et de disponibilité de pièces de rechange. Comme dans le cas des médicaments, du matériel reçu était inutile. L'OMS a commencé à évaluer les besoins en matériel, y compris la chaîne d'entretien. 69 70 71 72 Dr Mohammad Al Najjar, Directeur adjoint du magasin central, communication personnelle. Professeur Mamdouh Gabr, Secrétaire général, Croissant-Rouge égyptien, communication personnelle. Operational Overview, module logistique pour Gaza, 2009:1,3. Dr Mohammad Al Najjar, Directeur adjoint des magasins médicaux, communication personnelle; Magasin central du Ministère de la Santé de Gaza, Plan d'inventaire et de gestion des stocks, Ramallah, Autorité nationale palestinienne, 2009. 4. Effets des IMO CL22 sur d'autres déterminants de la santé Les IMO CL22 ont montré l'importance de déterminants de la santé tels que la quantité et la qualité des denrées alimentaires et de l'eau, l'assainissement, les conditions socio-économiques (en particulier le chômage, la pauvreté et l'exclusion sociale) et le stress. Les effets négatifs de ces facteurs se font sentir dans la Bande de Gaza depuis longtemps mais les IMO CL22 les ont aggravés. Avant les IMO CL22, les taux de pauvreté et de chômage étaient de 50% environ, et quelque 80% de la population recevaient une aide sous une forme ou sous une autre (bien que pas toujours régulière).73 4.1 Facteurs Facteurs sociaux Hébergement Pendant les IMO CL22, plus de 4000 habitations ont été totalement détruites, faisant 26 000 sans abri, et plus de 11 500 habitations ont été endommagées, 75 000 autres personnes devant être déplacées ou contraintes de vivre dans des conditions très difficiles.74 On estime au total à 100 000 le nombre des personnes déplacées. Si, au 1er avril, 20 000 seulement d'entre elles étaient encore hébergées dans des sites provisoires,75 un grand nombre de ces personnes nouvellement déplacées dans leur propre pays doivent vivre avec des parents ou des amis. Elles contribuent par conséquent au surpeuplement déjà important, accroissant le risque de maladies transmissibles et de problèmes psychologiques. La pénurie d'articles d'usage quotidien aussi simples que le savon, les détergents, la lessive et le gaz de cuisine, au détriment de l'hygiène personnelle, aggrave encore la situation. Soutien social Près de la moitié des victimes ont été des enfants, des femmes et des personnes âgées, les autres des hommes en âge d'activité, la plupart ayant une famille. Leur décès a multiplié le nombre des familles monoparentales, augmentant de ce fait le besoin d'appui social et économique, avec le risque d'aggravation de la situation sanitaire, en particulier des enfants. Parallèlement, la capacité des pouvoirs publics et des organismes d'aide d'apporter un soutien a été réduite, en partie en raison des restrictions imposées à l'entrée d'argent liquide dans Gaza,76 en partie du fait de la faillite économique à Gaza. L'analyse d'un Groupe de la Banque mondiale d'octobre 2008 souligne les effets paralysants pour l'économie des restrictions imposées aux mouvements et à l'accès et indique les 3 catégories de restrictions économiques dont il faudra obtenir la levée pour rétablir la viabilité de l'économie palestinienne.77 Alimentation Compte tenu de la pauvreté et du siège, la qualité et la quantité de l'apport alimentaire des Gazaouis ont baissé. La situation la plus grave est celle des chômeurs, des familles déplacées et des familles monoparentales. Plus de la moitié des ménages (56%) sont touchés par l'insécurité alimentaire et consacrent les deux tiers 73 Situation sanitaire et économique dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé – Rapport d'enquête -Rapport du Secrétariat (Projet), Genève, Assemblée mondiale de la Santé 2009:1. 74 Plan national palestinien de relèvement rapide et de reconstruction de la Bande de Gaza pour 2009-2010, présenté par l'Autorité nationale palestinienne lors de la Conférence internationale sur le soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza à Charm el-Cheikh (Egypte), 2 mars 2009:29. 75 Mme Karen Abu Zaid, Commissaire général, UNRWA, communication personnelle. 76 Ms Karen Abu Zaid, Commissaire général, UNRWA communication personnelle. 77 West Bank and Gaza Update, October 2008, The World Bank Group. environ de leur revenu à la nourriture.78 Le programme alimentaire de l'UNRWA n'a pu fournir que 60% environ des besoins caloriques journaliers au million de réfugiés. La hausse rapide des prix alimentaires qui a suivi les IMO CL22 a aggravé la situation, et 88% de la population étaient inscrits pour bénéficier de l'aide alimentaire de l'UNRWA et du PAM.79 Selon une enquête du Programme alimentaire mondial, les Palestiniens mangent moins, de nombreux parents réduisant leur consommation pour permettre à leurs enfants de manger davantage. La moitié des personnes couvertes par l'enquête avaient réduit leurs dépenses alimentaires, 89% achetaient des aliments de moindre qualité, et 75% avaient réduit la quantité de leur nourriture depuis janvier 2008. Presque tous les habitants ont diminué leur consommation de fruits et de légumes frais et de protéines animales par souci d'économie. Cela pourrait avoir des conséquences sanitaires compte tenu du niveau déjà élevé de prévalence de l'anémie et d'autres carences en micronutriments dans le territoire palestinien occupé.80 Avant le blocus, environ un tiers des enfants de moins de cinq ans et des femmes en âge de procréer présentaient une anémie ferriprive. L'émaciation reste un problème peu important mais 10% environ des moins de cinq ans présentent des signes de retard de croissance.81 Le programme de surveillance nutritionnelle ayant été interrompu pendant les IMO CL22 et vu le manque de recul, il n'est pas encore possible d'évaluer les effets des IMO CL22 sur l'état nutritionnel de la population. 4.2 Facteurs économiques Entre 2003 et 2005, on a pu observer une certaine reprise économique mais la tendance s'est inversée en 2006 avec la chute de 8,8% du produit intérieur brut. Le dur blocus imposé en 2007 est la principale raison de la forte détérioration de la situation qui a perduré à Gaza à partir de cette période.82 Selon une estimation du Palestine Trade Center (PalTrade) les importations de marchandises diverses requises pour le million et demi de Gazaouis correspondent à environ 850 camions par jour (800 environ pour le seul secteur privé selon le Conseil de coordination du secteur privé palestinien), soit environ 5950 par semaine ou 25 000 par mois. Une analyse d'octobre 2008 de la Banque mondiale83 établit des parallèles révélateurs entre le développement en juin 2005 et en juin 2008. Le nombre de camions autorisés pour les exportations a baissé de manière spectaculaire, ce qui a eu de très graves répercussions sur l'économie locale. Le blocus a en outre sévèrement restreint le type et la quantité des biens qui ont pu être importés, avec des effets généralement désastreux sur l'économie de Gaza. Sur les 3900 établissements industriels opérationnels en juin 2005, il n'en subsistait que 90 en juin 2008. Sur les 35 000 employés de l'industrie qui étaient actifs en juin 2005, 860 seulement travaillaient encore en juin 2008. Sept cent quantehuit camions chargés (exportations depuis Gaza) ont quitté la Bande de Gaza en juin 2005 contre zéro entre juillet 2007 et juin 2008. Au deuxième trimestre 2008, le chômage à Gaza atteignait 70%. En excluant les allocations et l'aide alimentaire et en mesurant la pauvreté d'après le seul revenu des ménages, on obtient pour Gaza un taux de pauvreté de 80%. De plus, en raison du bouclage, quelque 120 000 Gayaouis qui avaient auparavant un emploi rémunéré en Israël n'ont plus été en mesure de traverser la frontière et ont perdu leur 78 West Bank and Gaza Update, October 2008, The World Bank Group:16. 79 UNRWA Fact Sheet, Consequences of the conflict in the Gaza Strip, 27 December 2008 – 18 January 2009, Amman, February 2009. 80 Cartographie et analyse de la vulnérabilité (VAM), Food Security and Market Monitoring Report, occupied Palestinian territory – oPt, juillet 2008, No. 19, Genève, Programme alimentaire mondial des Nations Unies, 2008. 81 The State of Nutrition situation of West Band and Gaza Strip, Autorité nationale palestinienne, Organisation mondiale de la Santé et UNICEF, juin 2005. 82 Situation sanitaire et économique dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé – Rapport d'enquête -Rapport du Secrétariat, Genève, Assemblée mondiale de la Santé. 83 Palestinian Economic Prospects: Aaid, Access and Reform, Economic Monitoring Report to the Ad Hoc Liaison Committee, Banque mondiale, 22 septembre 2008:15. revenu. Les dommages causés par les IMO CL22 entraveront sérieusement le relèvement économique futur dans la mesure où de nombreuses installations industrielles et de vastes étendues des terres agricoles les plus fertiles et de nombreuses routes et de nombreux ponts ont été détruits pendant les attaques. Quelque 700 établissements du secteur privé ont été totalement détruits ou endommagés pendant les IMO CL22; 40% environ d'entre eux étaient des petites et moyennes entreprises industrielles, les autres des établissements liés aux domaines du commerce, des marchés publics, du tourisme et des carburants.84 Les bombardements, les mouvements de véhicules militaires, etc. ont totalement détruit 15% environ des terres cultivées.85 Après les IMO CL22, le bouclage continue; le rapport hebdomadaire du COGAT du 26 avril au 2 mai donne un total de 438 camions autorisés à pénétrer dans Gaza cette semaine-là (comparé aux 5950 camions estimés nécessaires avant la guerre, voir ci-dessus) transportant essentiellement des produits alimentaires et d'hygiène, un seul ayant été autorisé à sortir avec des produits d'exportation.86 Le blocus a ainsi provoqué la quasi-asphyxie de la vie économique, avec un embargo plus implacable qu'aucun des 11 régimes de sanctions actuellement imposés par le Conseil de sécurité des Nations Unies.87 De plus, les limites beaucoup plus restreintes que la zone élargie prévue par les Accords d'Oslo imposées par Israël pour la pêche entrave sérieusement cette activité, dont vivent quelque 3000 familles. De même, les FDI ont unilatéralement élargi la zone tampon à la frontière, ce qui a rendu véritablement très difficile toute exploitation agricole de cette bande de terre. 4.3 Approvisionnement en eau et assainissement assainissement Une fois encore, les IMO CL22 ont aggravé une situation déjà précaire du fait du long blocus précédent. Avant les IMO CL22, le réseau d'adduction ne fournissait que 80,5 litres par personne et par jour, soit seulement la moitié de la norme internationale. De plus, 80% de l'eau distribuée à Gaza ne satisfait pas aux normes de l'OMS applicables à l'eau potable. Pendant les IMO CL22, dix des 155 puits de Gaza ont été gravement endommagés. Dix pour cent environ des ménages de Gaza, privés d'eau faute faute d'accès au réseau d'adduction, qui avait subi d'importants dégâts, devaient utiliser l'eau stockée dans des réservoirs. Pendant les IMO CL22, plus de la moitié de la population n'avait de l'eau qu'une fois par semaine, pendant quelques heures. Dans les grands immeubles, beaucoup d'habitants étaient totalement privés d'eau, les pompes électriques assurant l'approvisionnement étant fréquement en panne faute de courant pendant les attaques. Malgré la suspension initiale des fonctions des laboratoires de la santé publique, le prélèvement d'échantillons de l'eau de certains réseaux de distribution, de certains puits et de certaines stations d'épuration aux fins d'analyses microbiologiques et chimiques a commencé pendant les IMO CL22. L'insécurité et la pénurie de carburant pour les camions de ramassage des ordures ménagères ont interrompu 84 The Humanitarian Monitor, occupied Palestinian territory, No 34, February 2009, Gaza, Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, 2009. 85 Plan national palestinien de redressement rapide et de reconstruction de la Bande de Gaza pour 2009-2010, présenté par l'Autorité nationale palestinienne lors de la Conférence internationale sur le soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza à Charm el-Cheikh (Egypte), 2 mars 2009. 86 Merchandise Traffic and Humanitarian Aid Report; The Gaza Strip – weekly report 26.04 – 02-05.09, Coordination of Government Activities in the Territories, Ministry of Defence, Israel. 87 Plan national palestinien de redressement rapide et de reconstruction de la Bande de Gaza pour 2009-2010, présenté par l'Autorité nationale palestinienne lors de la Conférence internationale sur le soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza à Charm el-Cheikh (Egypte), 2 mars 2009. leur activité, et les ordures sont maintenant ramassées en partie par des charettes tirées par des ânes. Compte tenu de l'inaccessibilité des sites d'élimination des déchets, le secteur de la gestion des déchets solides s'est trouvé dépassé. Il en est résulté une multiplication des décharges informelles et l'incinération anarchique des ordures. Faute de matériel, les déchets sont simplement déversés dans les décharges. Les réseaux d'égouts et les stations de pompage en quatre endroits et une usine de traitement des eaux d'égouts d'urgence ont été endommagés, d'où la contamaination de plusieurs zones par les eaux usées. Le PNUE a procédé à quelques premiers prélèvements en liaison avec l'évaluation des dégâts par le PNUD. Les résultats préliminaires ont montré que beaucoup de gravats sont contaminés par l'amiante; les dommages subis par le système de traitement des déchets avaient entraîné la contamination des nappes phréatiques; le système de traitement des déchets sanitaires était complètement en panne, ces déchets rejoignant les déchets ménagers. Les résultats concernant la contamination par les métaux lourds ne sont, pour l'heure, pas concluants. La mission prévue du PNUE (mai 2009) examinera également la question du traitement des médicaments périmés.88 Au niveau des ménages, beaucoup ont eu des réservoirs d'eau, des panneaux solaires et des installations sanitaires endommagés. Les dégâts pour l'environnement et l'éventuelle utilisation d'armes non conventionnelles sont une source de profonde inquiétude pour la population locale qui s'interroge « Notre environnement est-il sûr? Pouvons-nous consommer nos légumes et nos fruits? » Les missions prévues du PNUE et de l'AIEA devraient répondre à ces questions.89 La pollution environnementale, et notamment la contamination du sol et de l'eau souterraine par les eaux usées, peut accroître le risque d'épidémies, en particulier pendant l'été prochain. 4.4 Autres facteurs apparentés, apparentés, y compris les munitions non explosées Dans l'immédiat, la reconstruction nécessitera l'enlèvement des décombres des maisons et des sites industriels détruits. Les terres agricoles détruites par les tanks et les obus devront être réhabilitées. La présence potentielle de munitions non explosées rend ces tâches dangereuses. Le groupe de déminage (MAG) est arrivé le 4 février pour commencer ses opérations mais le Hamas a fait obstruction. Le MAG a néanmoins évalué le risque poptentiel et conlu que la menace superficielle était relativement faible et qu'il n'y avait pas de zones à haut risque. Le dégagement des bâtiments effondrés et l'enlèvement des gravats présenteront les plus grands risques. Bien que le Groupe ait clairement observé les preuves de l'utilisation de phosphore blanc et de mines antichar comme armes de démolition, ses conclusions préliminaires ne confirment pas l'emploi d'explosifs à métaux denses et inertes (DIME) ou de bombes à dispersion, mais il poursuit son travail.90 Le CICR et la mission initiale du PNUE confirment l'utilisation de phosphore blanc dans des zones à forte densité de population.91 L'UNICEF mène une campagne de sensibilisation aux dangers des munitions non explosées auprès des enfants mais la population adulte ne bénéficie pas d'une formation suffisante dans ce domaine. Une enquête du PNUD a établi que 32% des personnes interrogées avaient détecté des restes explosifs de guerre et plus de 25% ont 88 Terms of Reference: Post-Conflict Assessment of the Environmental Situation in Gaza Strip 2009 (projet), Genève, Programme des Nations unies pour l'Environnement, 2009. 89 Terms of Reference: Post-Conflict Assessment of the Environmental Situation in Gaza Strip 2009 (projet), Genève, Programme des Nations unies pour l'Environnement, 2009. 90 M. Mark Russel, Chef d'équipe, Groupe de déminage, communication personnelle. 91 Mme Marianne Whittington, Déléguée, CICR, communication personnelle; M. Henrik Slotte, Chef de Branche, Situations post-conflit et gestion des catastrophes, communication personnelle. entendu parler de quelqu'un qui a été blessé par une munition non explosée.92 La mort de deux enfants qui jouaient avec une munition non explosée pendant la visite de l'équipe MSS a témoigné de la réalité du risque que continuent de présenter les munitions non explosées. 5. Effets sur la gestion du secteur de la santé Compte tenu de la division interne de la direction politique palestinienne, la gestion de la crise était effectivement répartie sur trois niveaux: le Ministre de la Santé de l'Autorité nationale palestinienne à Ramallah (Cisjordanie); l'administration locale sous l'autorité du Hamas dans la Bande de Gaza, et les administrateurs responsables des différents établissements de santé. Les modules santé et autres des Nations Unies et leurs partenaires fournissaient en outre un appui à la coordination. 5.1 Gestion des différents différents établissements de services de santé Les différents hôpitaux sont, pour la plupart, passés avec une rapidité remarquable au mode urgence précité, avec pour effectif des cliniciens et des administrateurs qui avaient précédemment connu des situations d'urgence complexes et des blessures de guerre – bien que jamais sur une telle échelle et d'une telle intensité. Outre la mobilisation rapide de tout leur personnel, un détail important de la riposte des établissements de soins de santé à l'arrivée soudaine d'un grand nombre d'enfants, de femmes et d'hommes blessés a été le souci constant de conserver de la place pour pouvoir accueillir de nouvelles arrivées soudaines. Plusieurs mesures ont été prises pour préserver cette souplesse et se préparer à des événements imprévisibles. C'est ainsi, notamment, que de nombreux patients gravement blessés, une fois leur état stabilisé, ont été acheminé pour des soins plus complets en Egypte (voir « Transferts à l'étranger », page xx). La deuxième mesure a été l'acheminement de patients, pour un suivi post-opératoire, vers des hôpitaux moins spécialisés de la Bande de Gaza, et la troisième a été le renvoi rapide des patients chez eux chaque fois que cela était possible. En règle générale, la prise en charge clinique au niveau des hôpitaux semble avoir remarquablement fonctionné, de même que la prise en charge hospitalière dans les établissements. Ce qui n'a peut-être pas fonctionné aussi bien dans tous les cas est la prise en charge clinique des blessés graves sur le front par les équipes des ambulances et le personnel des centres de santé. Les civils, et parfois les ambulanciers/agents des centres de santé appelés à prodiguer les premiers secours aux patients les plus gravement touchés ne savaient pas toujours (ce qui n'est pas surprenant) ce qu'il convenait de faire.93 5.2 Gestion des services de santé préventifs Le système de surveillance des maladies a continué de fonctionner dans les centres de santé de l'UNRWA pendant les IMO CL22, couvrant 70% de la population environ.94 Cela a permis de se faire une idée raisonnable de la situation concernant les maladies transmissibles, malgré l'effondrement plus ou moins total du système de surveillance des maladies dans les autres établissements de soins de santé. La vaccination a été interrompue mais, au bout d'une semaine, l'UNRWA a commencé à proposer de vacciner tous les enfants – qu'ils aient le statut de réfugié ou non. Après le cessez-le-feu, les programmes de 92 Inside Gaza, Attitudes and perceptions of the Gaza Strip residents in the aftermath of the Israeli military operations, Programme des Nations Unies pour le développement, 2009:28-30. 93 Médecin responsable, hôpital Shifa, communication personnelle. 94 Why an Epidemiological Bulletin for Gaza Strip? Cover letter by the UNRWA Director of Health, Dr Guido Sabatinelli, UNRWA, Amman, février 2009; Epidemiological Bulletin for Gaza Strip, Volume 1, Issue 2, 19 février 2009; Epidemiological Bulletin for Gaza Strip, Volume 1, Issue 1, 15 février 2009. vaccination ont été rapidement rétablis dans les centres de santé du Ministère de la Santé, avec l'appui de l'UNICEF et (sur une échelle moindre) de MSF. Les inspections des conditions d'hygiène des denrées alimentaires, le contrôle de la qualité de l'eau et la surveillance des autres risques pour la salubrité de l'environnement ont été très affaiblis pendant les IMO CL22, le personnel ayant été mobilisé pour aider à faire face à d'autres priorités (par ex. s'occuper des 50 000 personnes dans les centres d'hébergement provisoires). Les services ont toutefois été rétablis rapidement après le cessez-le-feu, bien qu'à un niveau qui n'était pas pleinement satisfaisant. 5.3 Gestion d'ensemble du secteur de la santé à Gaza Comme indiqué précédemment (chapitre 3.2) les autorités sanitaires locales de Gaza ont déclaré sans délai l'état d'urgence dès le premier jour de l'attaque, et ce jusqu'au 22 janvier 2009.95 Les détails sont donnés au paragraphe 3.2. Dix centres SSP du Ministère de la Santé ont en outre été désignés pour un premier « tri » des blessés et la fourniture de services médicaux d'urgence aux victimes. De même, 4 des 14 centres de santé de l'UNRWA sont passés au mode opérations d'urgence, et de nombreux agents ont été redéployés pour venir en aide aux 50 000 personnes déplacées dans leur propre pays hébergées dans les centres de l'UNRWA. Les flux de patients vers les hôpitaux ont changé lorsque les FDI ont divisé Gaza en 3 entités géographiques distincts. La coordination d'ensemble entre les établissements de santé aurait peut-être pu fonctionner de manière plus satisfaisante, notamment pour ce qui est des informations reçues concernant les nouveaux blessés et leurs besoins; de la capacité d'accueil à tout moment dans chaque établissement de santé; du niveau des fournitures et du matériel dans chaque établissement, etc.96 Dès les premières phases des attaques, la salle des opérations du Ministère de la Santé/Autorité nationale palestinienne à Ramallah a envoyé des stocks de fournitures médicales du magasin du Ministère de la Santé de Cisjordanie au magasin central de Gaza. A Gaza, l'autorité chargée des hôpitaux a tenu chaque jour une réunion de coordination d'un comité d'urgence, et des réunions hebdomadaires avec tous les directeurs d'hôpitaux de la Bande de Gaza, en liaison technique avec le bureau de l'OMS à Gaza. L'absence de relations de travail entre l'ANP à Ramallah et l'organisation dirigée par le Hamas à Gaza n'a pas créé trop de difficultés pendant les IMO CL22, mais ce fut le cas ultérieurement, surtout pour ce qui est de l'administration du système de transfert des patients devant être soignés à l'étranger. L'OMS a joué un rôle majeur en tant que coordonnateur principal de l'appui international au secteur de la santé, en collaboration étroite avec le Ministère de la Santé, les donateurs et les autres partenaires, assurant la liaison avec le COGAT et le Ministère des affaires étrangères. Les ONG et les personnels de santé venus apporter leur concours de l'étranger ont été priés de commencer par coordonner leur aide avec l'OMS à Rafah et à Jérusalem, et avec la salle des opérations du Ministère de la Santé à Ramallah, avant leur déploiement à Gaza. Il s'agissait d'assurer que les spécialités proposées étaient réellement requises par les services de santé existants.97 Le module santé du CPI, le module WASH, le « sous-module » santé mentale, le module logistique, etc. ont tous été mobilisés pour apporter leur appui à l'évaluation des besoins généraux et aux mesures de coordination. 95 Dr M. Daher, OMS/Gaza, communication personnelle. 96 Médecin responsable, hôpital Shifa, communication personnelle. 97 OMS, La situation sanitaire dans la Bande de Gaza, 4 février 2009. Pour mieux surveiller et gérer plus rigoureusement l'aide internationale au territoire palestinien occupé, le module santé s'emploie actuellement à adapter – puis à utiliser systématiquement – les critères de gestion et les indicateurs du Bureau de la coordination des affaires humanitaires aux spécificités de la situation à Gaza. Vu l'extrême difficulté des circonstances, qui ne cessent d'évoluer, créées par les IMO CL22, la gestion d'ensemble de l'action du secteur de la santé – et de l'appui international dont elle bénéficie – semble avoir effectivement bien fonctionné, avec l'adoption de mesures fermes pour orienter les ressources là où elles étaient le plus indispensables, recherchant des solutions intelligentes et appliquant efficacement les décisions les plus importantes des autorités. 6. Assistance des des institutions du système des Nations Unies, des ONG et des donateurs 6.1 Le système des Nations Unies Organisation des Nations Unies L'Organisation des Nations Unies est présente de longue date dans le territoire palestinien occupé. Une Equipe de pays (présidée par le Coordonnateur Résident de l'Organisation des Nations Unies) coordonne les activités de toutes les institutions du système, et une Equipe humanitaire de pays (présidée par le Coordonnateur de l'action humanitaire) coordonne l'action humanitaire de l'Organisation des Nations Unies et des ONG. L'Organisation des Nations Unies et les organismes d'aide ont indiqué que la reconstruction de Gaza serait problématique tant que les points de passage donnant accès à Gaza resteraient fermés aux matériaux de construction essentiels, etc. C'est là une importante question qui devra être réglée pour permettre la protection de la population et l'accès de l'aide humanitaire, et la création d'un environnement propice à la reconstruction et au développement. Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Ban Ki-Moon, a déclaré aux donateurs à la conférence de Charm el-Cheikh: « La situation aux points de passage est intolérable. L'accès est interdit au personnel des organismes à vocation humanitaire. Les biens essentiels ne peuvent pénétrer. Notre objectif primordial et indispensable est donc l'ouverture des points de passage. De la même façon, il est indispensable de veiller à ce que des armes illégales n'entrent pas dans Gaza ». Pendant et immédiatement après les IMO CL22, l'assistance humanitaire internationale a été focalisée sur l'activité de l'Equipe d'action humanitaire de pays et les modules du CPI. Dans le cas de Gaza et des IMO CL22, le module santé a commencé à fonctionner à la mi-janvier (à Jérusalem et à Ramallah) constituant l'élément central et le principal mécanisme de coordination pour les évaluations et l'action dans le domaine de la santé. Le module incluait toutes les entités de l'ONU et des ONG travaillant dans le domaine de la santé à Gaza, collaborant avec le Ministère de la Santé et les autorités sanitaires de Gaza. Les modules WASH (eau, assainissement et hygiène) et logistique, et le « sous-module » santé mentale, ont aussi largement contribué aux activités, l'OMS, avec l'appui du module santé, publiait dès le 16 février 2009 une « Evaluation initiale des besoins sanitaires » de la Bande de Gaza, document incluant une analyse approfondie de la situation et définissant un large éventail de mesures nécessaires pour réduire toute une gamme de problèmes.98 Le 1er février 2009, le système des Nations Unies – ayant décidé de ne pas actualiser l'Appel global 200999 - a 98 Gaza Strip, Initial Health Needs Assessment, Evaluation établie par le module santé, Gaza, Organisation mondiale de la Santé, 2009. 99 Territoire palestinien occupé, Appel éclair 2009 pour la Bande de Gaza, Procédure d'appel global, Genève, Bureau lancé un Appel éclair pour la Bande de Gaza, demandant quelque $ 613 millions (environ 46 millions pour le secteur de la santé) pour venir en aide à la population au cours des 9 mois à venir. Organisation mondiale de la Santé (OMS) L'OMS est présente de très longue date dans le territoire palestinien occupé, avec des bureaux à Jérusalem et dans la ville de Gaza, qui relèvent directement du Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale au Caire. Pendant les IMO CL22, les membres du personnel de l'OMS à Gaza avaient pour instruction de ne pas quitter leur domicile, conformément aux règles de sécurité de l'ONU; seul l'administrateur local responsable par intérim du bureau et un autre membre du personnel ont pu travailler. Après le conflit, l'OMS a augmenté son effectif à Gaza en détachant du personnel supplémentaire d'autres bureaux. Organisation dirigeant le module santé, l'OMS a tenu des réunions bi-hebdomadaires à Ramallah et à Jérusalem, avec les représentants des institutions du système des Nations Unies, des ONG nationales et internationales et des donateurs. A Gaza, l'assistance sanitaire sur le terrain a aussi été coordonnée par l'OMS qui présidait le module santé et a dirigé à ce titre la conception de l'élément relatif au secteur de la santé de l'Appel éclair précité. L'OMS a élaboré et distribué un tableau permettant de suivre toutes les activités du secteur de la santé (matrice sur « Qui fait Quoi, Où et Quand »), et elle a également établi un premier projet de contribution du secteur de la santé au « Rapport d'évaluation rapide des dommages et des besoins aux premiers stades du relèvement » de l'Organisation des Nations Unies. L'OMS a aussi fourni les éléments relatifs à la santé qui ont été inclus dans le document de l'ANP pour la deuxième conférence de Charm El-Cheik en mars 2009. Office de Secours et de Travaux des Nations Unies (UNRWA) L'UNRWA est chargé d'assurer le bien-être des réfugiés de Palestine de la guerre de 1948 (et de leurs descendants) qui vivent dans le territoire palestinien occupé et les pays voisins. A Gaza, il compte actuellement cinq grands programmes: santé, éducation, services sociaux, micro-finance, et infrastructure et développement. Pendant les IMO CL22, l'UNRWA a pu mobiliser un important effectif d'enseignants, de médecins, d'infirmières, d'assistants sociaux, de conseillers en santé mentale communautaire, etc. Les IMO CL22 ont infligé de lours dégâts aux infrastructures de l'UNRWA; 36 écoles (dont 6 servaient de centres d'hébergement d'urgence), 7 centres de santé, 4 centres de distribution, 2 magasins, et un bureau de terrain de l'UNRWA ont été endommagés. Quinze membres du personnel ou sous-traitants de l'UNRWA ont été tués et 21 blessés, la plupart alors qu'ils n'étaient pas dans l'exercice de leurs fonctions.100 Pendant les IMO CL22, 20 centres de santé de l'UNRWA environ ont continué de fonctionner, et le mandat d'urgence de l'UNRWA a été étendu à toute la population. Il a joué un rôle important dans l'organisation de centres d'hébergement des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays dans les écoles de l'UNRWA, etc. (avec un sommet de 50 000 personnes). L'UNRWA dispose d'un système d'approvisionnement pharmaceutique entièrement séparé de celui du Ministère de la Santé, actuellement bien approvisionné (avec un stock de 6 mois). Pendant les IMO CL22, un redéploiement des stocks a été opéré depuis la Cisjordanie et la Jordanie. Comme déjà indiqué, l'UNRWA disposait de l'unique système opérationnel de suivi et de surveillance pendant les IMO CL22. Il est notamment prévu de développer le système d'information sanitaire, voire d'élaborer un de la Coordination des affaires humanitaires, 2009. 100 UNRWA Fact Sheet, Consequences of the conflict in the Gaza Strip 27 December 2008 – 18 January 2009, Amman, février 2009. système d'information sanitaire clinique. Ce système repose sur les normes OMS et il pourrait être étendu aux services de santé ne relevant pas de l'UNRWA afin de doter la Bande de Gaza d'un système unifié. L'UNRWA considère le long blocus de Gaza comme le principal problème actuel et à long terme. S'il souhaite améliorer la situation des populations réfugiées qui vivent dans les camps, il ne peut, compte tenu du manque de matériaux de construction, améliorer les infrastructures et les bâtiments, dont beaucoup sont vétustes et décrépits. Le blocus réduit également la disponibilité d'un large éventail de biens ménagers essentiels, ainsi que d'une alimentation plus diversifiée. Coordonnateur spécial des Nations Unies dans les territoires occupés (UNSCO) L'UNSCO joue 2 rôles importants. L'un d'eux est un rôle politique; ici, l'UNSCO relève du Département des Nations Unies pour les affaires politiques et fait directement rapport au Conseil de Sécurité des Nations Unies – comme ce fut le cas le 18 décembre 2008, lorsque le Coordonnateur a présenté une analyse approfondie de la situation dans le territoire palestinien occupé. L'UNSCO joue toutefois aussi un rôle humanitaire, en collaboration étroite avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Organisation des Nations Unies (OCHA). Le Chef de l'OCHA est en fait le Chef adjoint de l'UNSCO et il relève du Coordonnateur des affaires humanitaires. Bureau de la Coordination des affaires humanitaires de l'Organisation des Nations Unies (OCHA) Le bureau de l'OCHA dans le territoire palestinien occupé a été créé en 2000 pour faire face à la détérioration de la situation humanitaire en Cisjordanie et à Gaza. Pendant les IMO CL22, l'OCHA a assumé une fonction importante, à savoir la publication de Rapports hebdomadaires fournissant des informations factuelles sur les OMI, les besoins en matière d'assistance humanitaire et les mesures prises, le financement en liaison avec l'Appel Eclair, etc. L'OCHA était aussi la principale organisation responsable du procesus d'appel global. Le mensuel de l'OCHA « The Humanitarian Monitor for the occupied Palestinian territory » renseigne sur la situation générale et son évolution. Programme alimentaire mondial (PAM) Pendant les IMO CL22, le PAM a continué d'approvisionner la population civile de Gaza en denrées alimentaires, distribuant des rations de deux mois à plus de 222 000 personnes. Les rations types comprennent de la farine de blé, de l'huile de cuisine et des pois chiches et, ponctuellement, des colis d'urgence (contenant des barres à base de dates, du pain, des biscuits énergétiques et des conserves). Après la réouverture des écoles de Gaza, le PAM a lancé un programme d'alimentation scolaire destiné à 40 000 écoliers dans 48 écoles de Gaza. Pendant les IMO CL22, le PAM a aussi joué un rôle important en tant que coordonnateur principal du module logistique qui a également accompli un travail précieux pour le secteur de la santé. Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) Pendant les IMO CL22, le PNUD a distribué des colis de denrées alimentaires à plus de 30 000 Palestiniens non desservis par l'UNRWA. Le programme était financé par la Fondation Khalifa Bin Zayed Al Nehayan et, en partenariat avec l'Association palestinienne pour le développement et la reconstruction (PADR/Gaza), le programme d'aide alimentaire a distribué pour US$ 500 000 de secours d'urgence. Dirigeant conjointement l'équipe du module premiers stades du relèvement, le PNUD a collaboré avec l'Autorité nationale palestinienne et des partenaires nationaux et internationaux pour évaluer les dommages et les besoins, et concevoir des plans de reconstruction. Ces évaluations ont jeté les bases du relèvement et de la reconstruction et contribué à l'élaboration du Plan de l'Autorité palestinienne pour les premiers stades du relèvement et de la reconstruction de Gaza. Immédiatement après les IMO CL22, le PNUD a fait exécuter une vaste enquête d'opinion couvrant plus de 1800 foyers afin de connaître les priorités de la population palestinienne vivant à Gaza en matière de relèvement .101 Selon les premiers résultats, l'économie gazaouie aura besoin d'une aide importante et le relèvement total prendra des années; les deux tiers des Gazaouis vivent actuellement au-dessous du seuil de pauvreté, situation encore exacerbée par les IMO CL22. En février 2009, le PNUD a signé un accord avec l'Autorité palestinienne et il verse une contribution totale de US$ 50 millions pour financer des programmes d'aide en espèces à la population de Gaza. La première phase du programme, dont le coût s'élevait à US$ 20.3 millions, a déjà été mise en oeuvre. Le PNUD a en outre récemment signé un accord avec l'Autorité nationale palestinienne, pour une contribution totale de US$ 270 millions destinée à financer les compensations versées aux propriétaires de terres agricoles endommagées à Gaza. Avec sa phase initiale, d'un montant total de US$ 109 millions, le projet vise à compenser les fermiers de la Bande de Gaza pour leurs pertes directes résultant des 22 jours des IMO CL22; quatorze mille fermiers bénéficieront de la phase initiale de l'accord. L'objectif général du PNUD dans le territoire palestinien occupé est de susciter des opportunités de développement durable, et de générer des mécanismes auto-entretenus, adaptables, aux mains des responsables locaux, qui favoriseront le relèvement après la crise. Les premiers stades du relèvement à Gaza visent à rétablir l'accès, la liberté de mouvement et les services de base; réduire les risques supplémentaires et la vulnérabilité; reconstruire et restaurer les infrastructures, les moyens de subsistance; décontaminer l'environnement; et réinstaurer une cohésion sociale, notamment par le retour des personnes déplacées. Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) Pendant les IMO CL22, le FNUAP a distribué des médicaments, des liquides intraveineux et des fournitures médicales à usage unique aux grands hôpitaux de Gaza, tout en soutenant les femmes déplacées et leur famille. Avec ses partenaires à Gaza, le FNUAP s'emploie également à restaurer les soins de santé génésique, y compris les services à la mère et au nourrisson, et apporte un appui psychologique aux survivants traumatisés. Ainsi qu'il est décrit au chapitre 2.2, le FNUAP a également entrepris des études, immédiatement après les IMO CL22. L'une d'elle concernait les effets sur la santé génésique (en particulier la santé de la mère et du nouveau-né et les soins obstétricaux), et la deuxième traitait des conséquences psychologiques sur les femmes. En coopération avec une ONG norvégienne, il a aussi procédé à une enquête sur « La vie dans la Bande de Gaza 6 semaines après les IMO CL22 », étude qui porte notamment sur les avortements spontanés pendant les 22 jours des attaques. Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (UNHCHR) Le HCHR est le Coordonnateur du module protection. Les principales questions qui ont intéressé le HCHR après les IMO CL22 sont les suivantes:102 • L'accès à la terre et à la mer palestiniennes. Alors que les Accords d'Oslo stipulaient que la pêche devait être autorisée jusqu'à 20 miles nautiques, la réalité aujourd'hui est plus proche de 3 miles. De même, les accords d'Oslo fixaient une zone à éviter de 150 mètres de part et d'autre de la frontière mais la distance semble plutôt avoir été étendue aujourd'hui par les FDI à 700 mètres. Il en résulte un 101 « Inside Gaza: Attitudes and perceptions of the Gaza strip residents in the aftermath of the Israeli military operations », PNUD. 102 Nirmine El Sarraj, Human Rights National Officer, UNHCHR, communication personnelle. • • • problème économique grave car environ 3000 familles vivent de la pêche; les pêcheurs ont été d'autant plus touché par les IMO CL22 que leur matériel a subi des dégâts – la FAO a indiqué qu'au moins 78 bateaux avaient été partiellement ou totalement détruits et que les dommages subis par le matériel et les bâtiments se chiffraient à environ US$ 1,52 million.103 L'ampleur des destructions qui ont touché les bâtiments publics et leurs archives a porté préjudice à des fonctions publiques essentielles, par exemple l'établissement des certificats de naissance et de décès. Ainsi, lorsqu'un homme est tué ou blessé, la famille ne peut pas percevoir son salaire ni sa pension – problème qui concerne quelque 3000 familles. Les prisons de Gaza ont été détruites pendant les IMO CL22, et on ignore actuellement où se trouvent un grand nombre des prisonniers, ni par qui ils peuvent être détenus – d'où l'inquiétude des familles. De nombreuses personnes restent disparues – une centaine – après les IMO CL22. Sont-elles ensevelies sous les décombres, se cachent-elles ou sont-elles emprisonnées? Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) Pour aider à soigner les enfants dans les hôpitaux, l'UNICEF a distribué des trousses de premiers secours, de réanimation et d'urgence, et contribué aux campagnes de vaccination. Des activités d'éducation/promotion de la santé en faveur de l'allaitement maternel et de la bonne alimentation des nourrissons ont été entreprises, ainsi que des campagnes de promotion de l'hygiène dans près de 300 écoles et auprès de 30 communautés durement touchées. L'UNICEF a aussi déployé des activités d'éducation du public concernant le danger – notamment pour les enfants – des munitions non explosées. Dans le cadre de l'activité de son module WASH, l'UNICEF a mis à disposition des quantités importantes de fournitures prépositionnées (comprimés de désinfection de l'eau, grands réservoirs d'eau, nécessaires familiaux de traitement de l'eau et articles d'hygiène, ainsi que des générateurs de secours pour les pompes à eau et les dispensaires), et l'Organisation a aussi aidé le service des eaux des municipalités cotières (CMWU) a effectuer des réparations d'urgence.104 L'UNICEF a publié un bulletin sur les effets des IMO CL22 en lien avec les Données relatives à la Protection des enfants et, après les IMO CL22, a établi 30 centres d'accueil et de protection des jeunes pour aider les enfants et leur famille à reconstruire leur vie après les IMO CL22. L'UNICEF, sensible à l'ampleur des effets physiques et psychologiques de la crise sur les enfants, consacre ses ressources à l'accompagnement psychologique des familles et des enfants vulnérables. C'est ainsi que l'Organisation a soutenu des activités psychosociales dans 30 écoles publiques et – en partenariat avec TAMER – aidé plus de 600 adolescents en organisant des séances thérapeutiques et récréatives pour les aider à surmonter leur expérience pendant les IMO CL22. La liste ci-dessus des interventions de l'UNICEF en liaison avec les IMO CL22 n'est pas exhaustive. 6.2 ONG De très nombreuses ONG – palestiniennes et étrangères – ont apporté leur aide pendant les IMO CL22 et pendant la période qui a suivi, et seules certaines des principales interventions sont décrites ici. La Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS) 103 Territoire palestinien occupé, Appel éclair 2009 pour la Bande de Gaza, Procédure d'appel global, Genève, Bureau de la Coordination des affaires humanitaires, 2009:3. 104 Gaza Crisis, UNICEF oPt External Information Note, UNICEF, OPT, Genève, New York, 24 février 2009. La PRCS a assuré la coordination des transports en ambulance et la récupération des civils morts ou blessés, et coordonné avec le CICR et les forces armées israéliennes les négociations pour leur évacuation. Elle a également coordonné avec la Société égyptienne du Croissant-Rouge l'évacuation des patients blessés en l'Egypte par le point de passage de Rafah. La PRCS a aussi dispensé des services hospitaliers directement dans son Hôpital Al Qud's et deux autres hôpitaux; elle a en outre participé à la distribution de secours aux familles, et aux plans de reconstruction (au moyen d'habitations préfabriquées venant de Turquie). La Société égyptienne du Croissant-Rouge (ERCS) L'ERCS a joué un rôle majeur en fournissant une assistance humanitaire internationale pendant tout le conflit,105 en soutenant la livraison à Gaza des dons du Gouvernement égyptien et de nombreux dons provenant d'organisations humanitaires internationales. Comme il a déjà été indiqué, elle a aussi activement soutenu le transfert d'un grand nombre de blessés palestiniens dans des hôpitaux en Egypte et dans des pays tiers. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Le CICR a envoyé une équipe de chirurgie de guerre pour aider les chirurgiens de l'Hôpital Shifa à soigner les traumatismes compliqués. Il a également effectué un très important travail de coordination avec les autorités israéliennes pour sécuriser le passage des ambulances. Le CICR a aussi prêté son concours aux Soeurs du Centre Mère Thérésa pour handicapés mentaux, moyennant la fourniture d'articles d'hygiène et d'eau potable. Autres ONG Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) France ont participé aux soins de réadaptation physique dans les hôpitaux. Plusieurs ONG partenaires du module santé ont travaillé avec les habitants à l'identification des nouveaux blessés, à la localisation des personnes handicapées déplacées et de leur famille, et à la distribution de colis de suppléments alimentaires, de nécessaires d'hygiène pour les familles avec des enfants de moins de 5 ans, des mères avec un nouveau-né ou des adultes handicapés. Des organismes ont contribué à l'évaluation et l'enregistrement des patients blessés en vue de leur suivi à domicile après leur sortie, distribuant des trousses de premiers secours et des pansements aux agents de santé pour les soins à domicile, fournissant à différents bénéficiaires du matériel d'aide à la mobilité et dispensant des soins post-opératoires à domicile (pansements et physiothérapie) au moyen de dispensaires mobiles ou en ambulatoire. 6.3 Donateurs L'Union européenne L'Union européenne a soutenu l'élaboration du Plan pour les premiers stades du relèvement de Gaza de l'Autorité palestinienne, avec la coopération de l'Organisation des Nations Unies et de la Banque mondiale. Lors de la conférence, la Commission européenne a annoncé pour 2009 une contribution de 436 millions d'euros à l'appui des premiers stades du relèvement, en particulier pour prêter assistance aux enfants traumatisés. L'UE a également soutenu un programme « travail contre rémunération » et l'exécution de petites réparations des abris endommagés.106 105 Professeur Mamdouh Gaber, Secrétaire général du Croissant rouge égyptien, communication personnelle. 106 Discours du Commissaire Benita Ferrero-Waldner, Commissaire européen pour les relations extérieures et la politique de voisinage, Conférence de Charm El-Cheik à l'appui de l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza, 2 mars 2009. Autres donateurs Quelque 80 pays ont fait des dons importants, et notamment la France, le Qatar, l'Arabie saoudite, les EtatsUnis d'Amérique et le Royaume-Uni. 7. Besoins futurs La résolution EB124.R4 demande un rapport sur les besoins sanitaires et humanitaires d'urgence et sur les besoins actuels ainsi qu'à moyen et long terme concernant les effets sanitaires directs et indirects résultant des opérations militaires israéliennes. Les besoins actuels sont décrits dans un sous-paragraphe et les besoins à moyen et long terme dans un autre, la distinction entre les carégories, qui peuvent aussi se chevaucher, n'étant pas toujours claire. 7.1 Besoins actuels La situation actuelle dans le territoire palestinien occupé ne peut être décrite que comme une catastrophe chronique et une immense tragédie. Elle diffère profondément des catastrophes humanitaires similaires en raison de la durée de l'engrenage à l'oeuvre et de la peur incessante dont est saisie la population civile, qui a perdu tout espoir. Il s'agit d'une situation d'urgence complexe continue, et non d'une phase de relèvement qui ferait suite à une catastrophe. La paix, la sécurité et une vie normale sont ce à quoi aspirent en priorité toutes les personnes interrogées par l'équipe MSS au sujet de leurs besoins actuels. Cette crise, en outre, ne suit pas le schéma normal phase de crise/ opérations de secours, relèvement, puis développement. Vu le bouclage quasi total de leurs frontières terrestres, maritimes et aériennes, les Gazaouis restent coupés de l'accès aux matériaux, aux experts et aux moyens financiers qui leur permettraient d'entrer dans une phase de relèvement, et la crise ne cesse de s'approfondir. Dans ce contexte, l'équipe MSS considère les éléments suivants comme les besoins actuels les plus importants: Protection de la population civile Le million et demi de Gazaouis vivent comme s'ils étaient enfermés dans une cage dont ils ne peuvent s'échapper, impuissants à se protéger contre les attaques aériennes, maritimes et terrestres soudaines des FDI. Malgré la déclaration de cessez-le-feu par Israël le 18 janvier 2009, des incursions plus limitées des FDI continuent presque quotidiennement.107 L'équipe MSS a été très inquiète d'entendre les nombreuses déclarations de civils et de professionnels de la santé qui redoutent le déclenchement prochain d'une nouvelle attaque d'envergure des FDI. La mise en place d'un accord de sécurité renforcé avec Israël est une priorité absolue et urgente pour la santé de la population palestinien. Levée du blocus Comme il est indiqué au chapitre 4.1, plus de 4000 habitations ont été totalement détruites et plus de 11 000 endommagées par les IMO CL22 – et les milliers de familles touchées continuent de vivre dans des logements 107 Occupied Palestinian territory, Gaza, Situation Report No. 19 (29-30 janvier 2009), No 20 (31 janvier-5 février 2009), No 21 (6-12 février 2009), No 22 (13-19 février 2009), Genève, Bureau de la coordination des affaires humanitaires, 2009; Field update on Gaza from the Humanitarian Coordinator, Vol. 17-23 février 2009, Vol. 24 février 2009-2 mars 2009, Vol. 2-9 mars 2009, Vol. 10-16 mars 2009, Vol. 17-23 mars 2009, Vol. 24-30 mars 2009, Jérusalem-Est, Bureau de la coordination des affaires humanitaires, 2009. provisoires. Les hôpitaux et les centres de santé sont endommagés ou détruits; 15% des terres agricoles sont détruites; beaucoup de petites industries sont détruites; des canalisations d'eau, des infrastructures d'assainissement, des routes, des bateaux de pêche, des bâtiments des services publics, etc. sont endommagés. Rien de tout cela ne peut être remis en état dans la situation actuelle en raison du blocus quasi total des frontières avec Israël et l'Egypte qui empêche les importations de matériaux de construction, de matériel, de services d'experts et de fonds. La levée de ce blocus est donc une condition préalable urgente et indispensable pour aider le 1,5 million de civils gazaouis à résoudre la plupart des problèmes dans le secteur de la santé. Réconciliation des forces politiques palestiniennes La discorde actuelle entre l'autorité nationale palestinienne à Ramallah et l'administration du Hamas à Gaza porte gravement préjudice à la perspective d'un véritable relèvement de la santé et du secteur de la santé dans la Bande de Gaza. L'absence de coordination nationale/locale et la non-coopération concernant un large éventail de questions pratiques entravent actuellement la direction et la gestion quotidiennes du secteur de la santé, empêchent une mobilisation de grande ampleur de la société, détournent l'attention politique de la question du blocus, et gênent sérieusement l'indispensable assistance étrangère. Un moyen pragmatique de rétablir des relations de travail entre les deux principales factions politiques palestiniennes doit être trouvé d'urgence pour le relèvement du secteur de la santé. Distribution de matériel et de fournitures prioritaires pour le secteur de la santé Il manque actuellement (fin mars 2009) au Magasin central du Ministère de la Santé de Gaza 65 des 459 médicaments essentiels qui figurent sur la liste officielle des médicaments essentiels du territoire palestinien occupé.108 Un stock régulateur minimum de 6 mois pour les médicaments (vaccins inclus) devrait être disponible à tout moment . Si l'afflux massif de produits pharmaceutiques pendant les 3 semaines de guerre a aidé le secteur de la santé à disposer de médicaments, des déficits très importants subsistent. Une quantité importante de matériel propre à sauver des vies (endoprothèses pour les urgences cardiaques aiguës, par ex.) et de pièces de rechange pour le matériel médical essentiel (matériel de laboratoire, par ex.) privent actuellement les services de santé d'outils importants pour les soins aux patients. Le grave défaut d'entretien systématique du matériel médical dans les établissements de santé, dû au long blocus appliqué aux fournitures essentielles, a été exacerbé par l'intensification des activités médicales liée à la charge accrue de patients résultant des IMO CL22. Pour commencer à s'atteler à ces insuffisances, les ingénieurs médicaux doivent être autorisés à sortir de Gaza pour recevoir une formation et les ingénieurs spécialisés envoyés par les fournisseurs doivent être autorisés à entrer pour effectuer l'entretien et former le personnel local. Des appareils de contrôle de la sécurité et du bon fonctionnement du matériel médical spécialisé de meilleure qualité est également nécessaire. Il convient en priorité de combler les déficits existants et de mettre en place un stock régulateur de six mois pour les médicaments et les fournitures et le matériel médicaux. Il est nécessaire de dresser rapidement la liste de ces articles essentiels au titre de l'aide humanitaire, d'obtenir l'appui de donateurs pour leur achat, et de s'assurer l'accord d'Israël pour l'importation urgente de ces biens. Remise en état prioritaire des établissements de santé endommagés/détruits Vu le long blocus appliqué à l'ensemble des matériaux de construction et la destruction de parties importantes des infrastructures des services de santé due aux IMO CL22, une remise en état des hôpitaux et des 108 Beaucoup de ces 65 articles manquants sont cause de graves problèmes, tels les anti-convulsants pour les enfants atteints d'épilepsie. infrastructures SSP dans la Bande de Gaza s'impose. Les membres de l'équipe MSS ont été impressionnés par l'avis d'un certain nombre d'interlocuteurs pendant leur mission à Gaza selon lesquels « l'importation de ciment résoudrait à elle seule la moitié des problèmes des services de santé! ». Différentes organisations et autorités ont déjà évalué les dégâts et les réparations requises.109 Il convient donc de dresser une liste détaillée des matériaux de construction – type et quantité – requis spécifiquement pour réparer les services de santé, qui devra être soumise aux autorités israéliennes et approuvée sans délai pour répondre aux besoins des services de santé, au titre de l'assistance humanitaire. Assurer le suivi et le traitement systématiques des blessés de guerre L'afflux massif soudain de blessés qui a commencé à submerger les divers établissements de services de santé dans la Bande de Gaza dès les premières heures des IMO CL22 a encore affaibli le système de collecte et d'analyse existant des informations relatives aux personnes touchées: le type de blessures, le traitement reçu, ce qui est advenu de ces personnes (renvoyées chez elles, adressées aux hôpitaux de centres SSP pour un suivi, évacuées en Egypte ou en Israël, etc.), et les soins ultérieurs requis, y compris les soins spécialisés à long terme pour les handicapés. On peut prévoir avec certitude qu'un grand nombre des près de 5400 personnes physiquement blessées sont actuellement privées du suivi et des soins ultérieurs dont elles ont besoin. Les informations semblent en outre manquer concernant le sort de patients envoyés pour des soins à l'étranger (plus de 1000 au total pendant et après les IMO CL22) – les soins dont ils ont bénéficié, les soins continus dont ils ont besoin, quand ils ont été ramenés à Gaza, avec quels besoins, sous la responsabilité de qui? Alors que de nombreuses informations sont disponibles au sujet des patients traités dans les établissements de l'UNRWA et qu'un niveau raisonnable d'informations sont disponibles dans les établissements de santé du Gouvernement et du Croissant-Rouge, la situation est moins satisfaisante dans les autres établissements de santé de Gaza, et un suivi général des besoins et des transferts systématiques des différents patients semble faire défaut. Il est nécessaire de réviser le mode actuel de collecte des données sur les blessés, leurs besoins actuels et la question de savoir si/comment ces besoins ont été pris en compte. Cette analyse devrait être effectuée avec l'aide d'un système de communication normalisé et intégré d'informations sur tous les blessés enregistrés (voire aussi les blessés non enregistrés, retrouvés, le cas échéant, au moyen d'une campagne d'information du public). L'analyse devrait déboucher sur un suivi systématique de tous les patients qui n'ont pas encore bénéficié des soins ultérieurs dont ils ont besoin. Planification d'un éventuel risque accru d'épidémie Au 1er avril, le nombre des cas de maladies diarrhéiques dans les dispensaires de l'UNRWA avait sensiblement augmenté depuis 2 mois, sans toutefois atteindre le niveau d'une flambée. Avec l'arrivée du printemps et de l'été et la hausse des températures, les facteurs de risque actuels (infrastructures d'approvisionnement en eau et d'assainissement défectueuses, nappes aquifères polluées, surpeuplement des habitations où logent encore les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays dans les familles qui les accueillent) augmentent le risque d'épidémie.110 Aucun plan de préparation à une riposte de la santé publique ne semblait encore exister (fin mars). 109 Et notamment une évaluation de l'Autorité palestinienne présentée à la réunion des donateurs le 2 mars 2009 à Charm el-Cheikh, estimant à US$ 1 445 000 000 le coût de la reconstruction et de la réhabilitation des dispensaires totalement détruits et à US$ 3 800 000 000 le coût de la réhabilitation des dispensaires et des hôpitaux partiellement détruits et du rétablissement de la prestation des services de santé. 110 Une enquête préliminaire du PNUE en janvier/février 2009 a notamment montré les effets de la pollution des eaux souterraines par les eaux usées à proximité de l'usine endommagée de traitement des eaux de Gaza (Henrik Slotte, PNUE, communication personnelle). Une action concertée des autorités locales apparaît nécessaire – avec l'appui technique des modules WASH et santé – pour concevoir un plan d'intervention professionnelle et d'information du public destiné à améliorer la protection contre d'éventuelles épidémies futures. Améliorer la santé mentale Les problèmes de santé mentale actuels dans la Bande de Gaza sont très sérieux, ainsi qu'il a déjà été décrit au Chapitre 2 (Effets sur la santé mentale des IMO CL22). Toute la population souffre des effets accumulés de nombreuses années de confrontations périodiques avec les FDI et d'un long bouclage de son espace terrestre, maritime et aérien. Compte tenu du grand nombre de personnes tuées et blessées pendant les IMO CL22, et de l'ampleur des destructions touchant les habitations, de nombreuses familles ont subi de très lourdes pertes personnelles, cause de dépressions, de colère et d'aliénation. Les IMO CL22 et la période qui a suivi (le survol constant des drones et les fréquentes incursions limitées des FDI) ont suscité un sentiment incessant d'insécurité et de menace pour les vies. S'ajoutant à cela l'impossibilité de s'échapper et l'aggravation permanente des conditions de vie, une grande partie de la population connaît un profond désespoir, et ne croit pas en un avenir meilleur. Avec l'appui d'une importante coopération de l'OMS, l'Autorité nationale palestinienne a adopté en 2004 un nouveau Plan stratégique de santé mentale.111 Ce plan définit la mise en place de services de santé mentale complets (renforcement de la santé mentale communautaire au moyen de 5 centres SSP de santé mentale, modernisation des infrastructures de santé mentale des hôpitaux, etc.); la mise en oeuvre avait débuté avant les IMO CL22. De nouveaux projets pilotes ont démarré récemment dans les écoles de l'UNRWA et d'autres ont été mis en oeuvre par les programme de santé mentale communautaire de Gaza, avec l'appui des autorités locales. Il est nécessaire d'intensifier la mise en oeuvre des nouvelles initiatives de santé mentale existantes afin de mobiliser un large éventail des autorités sanitaires et autres autorités, services et organisations concernés dans la Bande de Gaza, et notamment la communication au public d'informations de qualité et l'application d'un programme efficace de santé mentale communautaire. Enquête sur les inquiétudes du public concernant les effets résiduels sur l'environnement et les personnes des armes utilisées Le personnel médical de l'Hôpital Shifa – habitué depuis des années à voir de nombreux patients blessés par différents types d'armes et d'explosifs – a signalé (voir le chapitre 2.2) qu'un certain nombre de blessés soignés pendant les IMO CL22 présentaient des symptômes qu'ils n'avaient pas coutume d'observer,112 se demandant si des armes « inhabituelles » avaient été utilisées. Des rumeurs au sujet de substances chimiques et de métaux toxiques subsistant dans les terres agricoles après les attaques militaires circulaient en outre parmi les fermiers et les consommateurs, suscitant des craintes relatives à l'emploi d'armes « inhabituelles » et aux risques pour la santé associés aux résidus que pourraient courir les personnes retournant dans leurs habitations détruites ou consommant des produits cultivés sur les terres touchées. Une brève mission du PNUE en février 2009 a examiné plusieurs sites géographiques, et constaté une lourde contamination par l'amiante des bâtiments détruits et une pollution bactérienne des eaux souterraines, mais 111 Plan on the organization of mental health services in Palestine, by the Steering Committee on Mental Health, février 2004. 112 Dommages internes étendus sans blessures externes, changements postopératoires inhabituels (observés lors d'une nouvelle intervention nécessitée par la détérioration clinique des patients) au niveau du foie (« foie grillé ») et d'autres organes; hémorragies postopératoires internes abondantes; blessures dues à des brûlures continuant de s'étendre après nettoyage des plaies. Médecin responsable, Hôpital Shifa, communication personnelle. n'a tiré aucune conclusion concernant les métaux lourds trouvés dans les armes du type DIME.113 Il est convenu que des armes contenant du phosphore blanc ont été utilisées par les FDI mais la question de savoir si cette utilisation était ou non conforme aux règles des conventions de Genève reste posée. Dans ses entretiens avec le Groupe de déminage, l'équipe MSS a appris que ce groupe n'avait encore trouvé aucun signe de l'utilisation d'explosifs à métaux denses et inertes ou d'armes « inhabituelles », mais ses travaux ne sont pas achevés. Compte tenu de l'importance de cette question pour la santé et du niveau général d'anxiété dans la population, il conviendrait d'effectuer une étude spéciale sans tarder pour préciser la nature des armes utilisées, leurs incidences sur la production agricole et la consommation humaine, et ce que cela représente pour les soins aux patients blessés, et d'informer en conséquence les services de santé, les autorités locales et l'ensemble de la population. Améliorer le suivi de la santé, des déterminants de la santé et de la prestation des soins de santé La collecte de données sur les maladies transmissibles et les maladies non transmissibles et leurs déterminants, ainsi que les informations sur les traitements des patients et leur issue, varient sensiblement selon les établissements de soins de santé du territoire palestinien occupé. Certains, tel l'UNRWA, disposent d'informations abondantes et systématiques, classées dans des dossiers sur les familles et chacun de leurs membres, tandis que d'autres organisations et établissements ont des systèmes d'information moins complets et moins fiables. Des analyses périodiques, normalisées et stratifiées par sondage portant sur le bien-être et les problèmes psychologiques pourraient fournir des données de surveillance particulièrement utiles pour connaître les effets à plus long terme des facteurs de risque et des interventions. Les analyses complètes réunissant les facteurs de risque environnementaux et liés au mode de vie et l'efficacité des soins de santé – y compris la qualité des soins aux patients – font défaut. Ces insuffisances sont dues en partie aux normes actuelles de collecte et d'analyse des données et à la qualité du travail, en partie à la confusion au niveau de la direction créée en 2006 par la scission de l'autorité administrative et l'absence de coopération entre l'ANP et le Hamas dans la Bande de Gaza. Il est important d'examiner les systèmes actuels de collecte et d'analyse des données utilisés par les divers partenaires dispensant des soins de santé et des soins préventifs, et de concevoir un système global de suivi obligatoire actualisé, applicable à tous les prestataires de soins de santé concernés et aux organismes dont l'activité est liée à la salubrité de l'environnement. 7.2 Besoins à moyen et long terme Concevoir un plan actuel de préparation aux catastrophes pour Gaza dans son ensemble et pour chacun de ses établissements de santé En 2008, un consultant de l'OMS a élaboré un cadre d'analyse de la situation relative à la préparation aux situations d'urgence et à l'organisation des secours pour le territoire palestinien occupé114 qui a été soumis au Ministère de la Santé mais – compte tenu de la situation politique et des priorités concurrentes – il n'a fait l'objet d'aucun suivi. Pendant les IMO CL22 la plupart des établissements de santé ont su remarquablement faire face, mais cela a également montré qu'ils auraient pu faire mieux encore s'il avait existé un ensemble de plans complets de 113 DIME = explosifs à métaux denses et inertes. 114 De Ville de Goyet C., Emergency Preparedness and Response, Situation Analysis in Occupied Palestinian Territory, Rapport d'une mission par Claude de Ville de Goyet, Organisation mondiale de la santé, 16-27 juin 2008. préparation aux situations d'urgence (pour Gaza en général et pour chacun des établissements de santé) avec des personnels formés. Au niveau des SSP – équipes d'ambulanciers incluses – l'examen des besoins en matière de formation à l'identification, à l'information, au triage, aux premiers secours et à la sécurité du transport des blessés aurait pu réduire les conséquences des traumatismes infligés.115 Il conviendrait d'élaborer un plan général de gestion des catastrophes pour la Bande de Gaza (incluant un programme de formation complet destiné à assurer son acceptation et son bon fonctionnement ) - ainsi que pour chaque établissement de services de santé; ce plan devrait s'inspirer de tous les enseignements retirés des IMO CL22. Concevoir un plan pour améliorer les soins aux handicapés, qui intègre les aspects aspects médicaux, sociaux et professionnels dans un solide programme communautaire local d'adaptation des logements, des moyens de transport, etc. aux besoins des handicapés Assurer aux handicapés un environnement médical, social et humain complet est problématique pour toute société, mais le défi est plus grand encore pour le territoire palestinien occupé vu l'augmentation soudaine des incapacités qui résultera du grand nombre des personnes gravement blessées pendant les IMO CL22. Des études ont été entreprises pour tenter de chiffrer le nombre des handicapés de différentes catégories, et déterminer quels services leur seront fournis par divers prestataires de services publics et autres.116 Il est probable que les personnes nouvellement handicapées – paraplégiques, amputés, etc. - viendront sensiblement grossir le nombre des personnes handicapées existantes. Un suivi actif des études en cours sera nécessaire pour veiller à ce que chaque personne handicapée puisse disposer de tous les services sociaux et de santé spécialisés nécessaires. Une autre étude, tout aussi importante, devra porter sur le degré d'adaptation des habitations des handicapés à leurs besoins particuliers; sur l'accessibilité des moyens de transport, des magasins et des bâtiments publics pour les handicapés; et sur la question de savoir si d'autres mesures peuvent encore être prises pour faciliter l'accès des personnes handicapées au marché du travail. Il est nécessaire d'analyser la totalité des effets des IMO CL22 sur l'ampleur des incapacités à Gaza, et de concevoir une approche plus complète – une société accueillante pour les handicapés – afin de faciliter l'intégration des handicapés dans la société. Concevoir un plan de développement sanitaire stratégique pour Gaza dans son ensemble, qui augmente la capacité des soins tertiaires, instaure une infrastructure de services de santé plus régionalisée, décentralisée et rationnelle, desservie par une administration soucieuse d'améliorer en permanence la qualité et l'efficacité économique. Gaza compte 1,5 million d'habitants, qui vivent dans une zone à forte densité de population où les distances sont courtes. La population est desservie aujourd'hui par une infrastructure sanitaire d'hôpitaux et de centres de santé, aux mains des pouvoirs publics, de l'UNRWA, de la Société du Croissant-Rouge, d'autres organisations et du secteur privé, qui les gèrent. La coordination entre ces nombreuses entités apparaît insuffisante, notamment pour ce qui est de la planification de nouveaux services pour la population. Le nombre des habitants de Gaza et la petitesse du territoire se prêtent parfaitement à la mise en place d'un système régionalisé complet de services de santé, incluant un ensemble régional complet de fonctions de soins de santé au niveau tertiaire, appuyé par un nombre limité d'hôpitaux efficaces au niveau des soins secondaires, étroitement liés au plan fonctionnel à un système SSP intégré assurant des services préventifs et curatifs. 115 Responsable de haut niveau, hôpital Shiffa, communication personnelle. 116 Handicap International effectue actuellement cette enquête, Samah Abulanthy, représentant de Handicap International à la réunion de coordination du module santé, 25 mars 2009, OMS Gaza, Bande de Gaza, communication personnelle. Cette fonction SSP bénéficierait d'une solide administration concentrée sur les 5 districts, incluant également un ensemble de services d'ambulances et un potentiel de préparation aux situations d'urgence (et notamment des systèmes de communication améliorés), avec une capacité de gestion renforcée et décentralisée pour faire face à une éventuelle situation d'urgence complexe imprévue. Pareille révision de l'infrastructure et de la gestion des services de santé à Gaza relèverait le niveau et la qualité des soins de santé proposés à la population, rendrait ces services beaucoup moins vulnérables et moins dépendants de l'aide extérieure, permettrait une planification spaciale plus rationnelle des services pour mieux répondre aux besoins de la population, et rendrait tout le système plus efficace au plan économique et plus sensible à la question de la qualité. Si la responsabilité de la planification de l'ensemble de l'infrastructure compte tenu des besoins de la population incombe à l'évidence au Gouvernement, cela n'exclut pas la possibilité de trouver des partenaires qui possèdent et gèrent des parties de l'infrastructure. Au préalable, cependant, les actions de tous les prestataires de soins de santé/partenaires doivent s'inscrir dans le cadre d'un système commun qui garantit la planification rationnelle des services essentiels sur la base des besoins de la population, un ensemble unifié de directives destinées à assurer la qualité des soins, des directives financières qui assurent un service économiquement efficace compatible avec les possibilités financières, et un système d'assurance-maladie qui garantit des soins essentiels à toute la population. L'édification d'un système de prestation des soins de santé mieux structuré, plus unifié, de qualité et économe – en interaction avec un vaste partenariat plurisectoriel pour la promotion de la santé et la prévention des maladies – nécessitera de nouvelles compétences et aptitudes de la part de nombreuses catégories de personnels cliniques et de gestionnaires.117 Une analyse minutieuse de ces besoins devrait suivre la conception du plan précité de développement sanitaire pour Gaza, et conduire aux adaptations correspondantes des programmes d'enseignement des universités et autres établissements d'enseignement. Dans ce contexte, la formation semble souffrir d'un fossé entre les générations, car il était beaucoup plus courant par le passé que ces dernières années de pouvoir étudier à l'étranger, et de bénéficier d'une bien meilleure exposition à l'interaction professionnelle mondiale que maintenant. Pour renforcer cette exposition, il conviendrait de conclure des accords de jumelage avec des centres d'excellence clinique étrangers qui dispensent un enseignement de qualité, et disposent notamment de moyens d'apprentissage par internet. Une analyse approfondie des besoins futurs s'impose pour réviser et régionaliser l'infrastructure des services de santé, la gestion et le système de financement des soins de santé à Gaza. Le renforcement des programmes de formation des cliniciens et des administrateurs des services de santé devrait figurer dans ce plan. 8. Conclusions La situation actuelle dans la Bande de Gaza peut être assimilée à une catastrophe complexe aux proportions désastreuses, qui ne cesse de s'aggraver, et dépourvue de toute perspective d'améloration tant que perdureront la présente absence de sécurité élémentaire, le bouclage quasi total et les luttes intestines entre les factions palestiniennes. Le règlement de ces questions est une condition préalable à l'amélioration de nombreux problèmes du secteur de la santé. A brève échéance, les priorités particulières du secteur de la santé incluent l'importation rapide des matériaux de construction requis pour réparer les établissements de santé et des médicaments, fournitures et matériels prioritaires – tous ces éléments devant permettre au système de soins de santé de fonctionner à nouveau normalement. Des enquêtes spéciales devront être réalisées afin de définir les risques pour la santé résultant des dégâts subis par les services d'approvisionnement en eau et d'assainissement de base et des risques éventuels liés aux munitions non explosées ou aux résidus dangereux des munitions explosées. Il y a lieu d'améliorer le système existant de suivi de l'état de santé, des facteurs de risque pour la santé, et de la 117 National Strategic Health Plan, Medium Term Development Plan (2008-2010), Autorité nationale palestinienne, Ministère de la Santé, Planification sanitaire, Ramallah, janvier 2008. prestation des services de santé. Il serait prudent d'adopter un plan plus concerté pour prévenir une éventuelle augmentation du risque d'épidémie, l'évolution des températures ces prochains mois augmentant ces facteurs de risque. Les programmes de santé mentale doivent être renforcés car les retombées psychologiques de l'insécurité physique et économique, qui dure depuis longtemps, continuent de prélever un tribut toujours plus lourd sur la population civile de Gaza. A plus long terme, un examen complet destiné à rationaliser l'infrastructure des services de santé dans la Bande de Gaza – et ses besoins en planification, gestion et ressources humaines – déboucherait très vraisemblablement sur un système plus puissant, autonome, attentif à la qualité et économiquement efficace, qui serait mieux à même de répondre aux besoins actuels et futurs de la population. Dans ce contexte, il convient de ne pas oublier les besoins particuliers des personnes handicapées, en nombre croissant. Enfin, mais non moins important, une réflexion concertée destinée à retirer des enseignements de cette dernière catastrophe due aux attaques des FDI devrait conduire à l'établissement d'un plan de préparation aux catastrophes pour l'ensemble de Gaza, étayé par des actions similaires pour tous les établissements de santé, selon une méthode normalisée. L'Annexe 1 résume les différentes recommandations, en précisant certains des principaux partenaires qui devraient contribuer à ces actions. Annexe 1: Liste des recommandations118 1. Besoins actuels: Recommandation 1.1: Etablir un accord de sécurité renforcé avec Israël et lever le blocus. Des négociations sont en cours entre l'ANP et Israël sur ces points, et leur succès est la principale priorité de toutes les recommandations. Recommandation 1.2: Réconcilier les principales forces politiques palestiniennes. Des négociations entre l'ANP à Ramallah et le Hamas à Gaza sont en cours, et un accord entre eux – qui mettrait fin à l'impasse des décisions sans suite et créerait une communauté de vues sur les priorités du développement sanitaire pour la Bande de Gaza – est urgent. Dans l'intervalle, l'OMS pourrait peut-être aider, en tant qu'intermédiaire neutre, à résoudre certaines des questions les plus urgentes – comme elle l'a fait en aidant à trouver une solution à l'interruption des transferts à l'étranger pour certains patients nécessitant des soins non disponibles dans les hôpitaux de Gaza. Recommandation 1.3: Définir les réparations prioritaires des établissements de santé endommagés/détruits et assurer l'acquisition du matériel et des fournitures prioritaires pour le secteur de la santé L'Autorité sanitaire locale de Gaza119 devrait concevoir des plans détaillés pour les réparations et les besoins ultérieurs en matériaux de construction à importer, et dresser la liste des médicaments et du matériel 118 Ce sont là les recommandations de l'équipe MSS qui n'engagent en rien l'OMS. 119 Terme utilisé pour désigner provisoirement l'autorité qui assumera la responsabilité générale des services de santé de Gaza, et dont le détail devra émerger de l'accord futur entre l'ANP à Ramallah et l'administration locale du Hamas à Gaza. prioritaires. La plupart des données relatives aux médicaments sont fournies par les analyses du magasin central, et l'évaluation prévue par l'OMS des besoins en matériel et de leur entretien aidera à rassembler ces éléments. L'approbation rapide de ces listes devrait être accordée par les autorités israéliennes pour ces besoins à caractère humanitaire. Recommandation 1.4: Assurer le suivi systématique des blessés de guerre et des soins qui leur sont prodigués, notamment pour les personnes handicapées L'Administration de la santé publique de Gaza devrait organiser une étude de suivi des patients les plus gravement blessés, et recueillir notamment les informations pertinentes au sujet des patients évacués en Egypte et en Israël. Les soins ultérieurs nécessaires devraient être organisés dans les services de santé et les services sociaux, et dans les services de réadaptation spéciaux pour les handicapés. Recommandation 1.5: Dresser des plans pour faire face à un éventuel risque accru d'épidémie L'Administration de la santé publique de Gaza devrait organiser – avec l'appui des partenaires compétents des modules santé et WASH – une évaluation des éventuels facteurs de risque, et prévoir des mesures de prévention – incluant une action publique et l'éducation préventive de l'ensemble de la population. Recommandation 1.6: Améliorer la santé mentale L'Administration de la santé publique de Gaza devrait poursuivre la mise en oeuvre du Plan opérationnel stratégique 2004 pour la santé mentale, et soutenir énergiquement les projets pilotes financés par l'UNRWA et le GCMHP (voir le chapitre 7.1) – et les étendre à l'ensemble du territoire, sous réserve de ressources suffisantes. Les donateurs extérieurs devraient accorder une attention particulière aux besoins liés au financement du programme de santé mentale, non seulement en raison de la dimension et de l'importance à long terme des problèmes psychologiques actuels mais aussi parce que d'autres priorités sont souvent privilégiées, aux dépens de ces programmes. Recommandation 1.7: Etudier les inquiétudes suscitées par les effets résiduels des armes utilisées sur l'environnement et les personnes Des études de terrain devront être faites sur la présence éventuelle dans l'environnement de résidus d'armes pouvant constituer des menaces actuelles et futures pour la santé, et il faudra aussi analyser certains aspects cliniques des blessures provoquées par les armes utilisées. Le PNUE et l'AIEA prévoient des études de terrain qui pourraient faire la lumière sur ces problèmes. L'équipe MSS estime toutefois que l'OMS pourrait apporter un important complément d'information, en particulier pour ce qui est de l'analyse de certains rapports cliniques relatifs à des blessés de guerre.120 Une évaluation conjointe de ces 3 enquêtes présenterait un avantage, en indiquant les précautions particulières à prendre – si les résultats allaient dans ce sens – concernant l'enlèvement des décombres, l'utilisation des terres agricoles et le traitement des blessés. L'Administration de la santé publique de Gaza devrait assurer la communication des résultats aux secteurs concernés et au public – également, et y compris, si les analyses démontrent que les craintes actuelles sont sans fondement. Recommandation 1.8: Améliorer le suivi de la santé, des déterminants de la santé et de la prestation des soins de santé 120 Le PNUE et l'AIEA ont déjà prévu des missions spécialisées pour mai 2009; l'OMS devrait envisager d'organiser une mission complémentaire. L'Autorité sanitaire locale de Gaza – avec l'appui des organisations de santé – et l'appui technique des modules santé et WASH - devrait examiner les systèmes de suivi existants, formuler des recommandations aux fins de leur amélioration, et dresser un plan pour que les résultats soient adoptés dans le secteur de la santé et tous les autres secteurs dans la Bande de Gaza. Un ou plusieurs consultants de l'OMS – recrutés à cet effet et appuyés par le Groupe spécial qui représente les autorités de la santé publique et les modules santé et WASH – pouraient constituer un moyen efficace et économique d'aider à mener à bien cette tâche assez compliquée. 2. Besoins à moyen et long terme Recommandation 2.1: Concevoir un plan actualisé de préparation aux catastrophes pour Gaza et pour ses différents établissements de santé L'Administration de la santé publique de Gaza devrait créer un Groupe spécial constitué d'administrateurs de la santé publique, d'administrateurs d'établissements de santé et de cliniciens, d'experts de l'OMS et d'autres spécialistes. Le Groupe spécial rédigerait un plan global de préparation aux catastrophes pour Gaza, rédigerait des lignes directrices pour l'élaboration de directives relatives à la préparation de chaque établissement, et dispenserait la formation/les conseils nécessaires au personnel local chargé de dresser ces plans pour chaque établissement. Recommandation 2.2: Concevoir un plan pour l'amélioration des soins aux handicapés L'Administration de la santé publique de Gaza devrait créer un Groupe spécial de spécialistes locaux de la réadaptation, incluant Handicap International, l'OMS et d'autres institutions pertinentes du système des Nations Unies et des ONG. Le Groupe spécial devrait élaborer un plan complet pour la contribution des services de santé et des services sociaux et les interventions de la population locale qui, conjointement, peuvent améliorer les opportunités fonctionnelles et professionnelles pour les handicapés et faciliter ainsi leur intégration en tant que membres à part entière d'une Société accueillante pour les handicapés. Recommandation 2.3: Elaborer un plan stratégique de développement sanitaire pour l'ensemble de Gaza L'Administration de la santé publique de Gaza devrait d'abord concevoir – de préférence avec l'appui d'une équipe spécialisée de l'OMS – un plan préliminaire concernant l'organisation de ce plan: ses objectifs, ses principes fondamentaux, sa portée et les méthodes applicables à l'analyse, à la présentation des rapports et à la prise des décisions (et notamment les acteurs concernés qu'il convient de consulter, quand et comment) doivent être précisés avant que commence l'élaboration du plan. Ce plan préliminaire devra être envoyé pour avis aux acteurs concernés. Le principal processus de planification en tant que tel ne débutera qu'une fois les avis soigneusement étudiés, et une fois envisagés les moyens de réduire les problèmes importants (techniques, financiers et politiques) qui pourraient se poser. Le plan devrait commencer par une analyse des besoins actuels et futurs probables en soins de santé pour le million et demi de Gazaouis, définir une infrastructure rationnelle d'établissements de soins de santé capables de dispenser ces services et, enfin, comparer cela à l'infrastructure existante (hôpitaux, centres de santé, etc.) pour déterminer les modifications à apporter, et sur quel laps de temps. Le plan devrait aussi indiquer si des modifications – et, le cas échéant, lesquelles – sont souhaitables concernant la composante actuelle ressources humaines du système de services de santé. Il pourrait être nécessaire notamment de définir des objectifs pédagogiques pour les catégories de professionnels de la santé adaptées à la tâche, de choisir des établissements de formation adaptés pour concevoir les programmes de formation nécessaires, et de formuler des avis sur la manière dont un réseau renforcé incluant des organisations internationales et/ou des centres d'excellence étrangers, pourrait devenir une caractéristique plus permanente du développement des ressources humaines pour le système de soins de santé de Gaza. Annexe III: Programme de travail de la Mission sanitaire sanitaire spécialisée Mercredi 11 février 2009 Réunion du Chef de l'équipe MSS (Dr Jo E. Asvall) et du Directeur général de l'OMS (Dr Margaret Chan), du Directeur général adjoint de l'OMS (Dr Anarfi Asamoa-Baah), du Sous-Directeur général, HAC (Dr Eric Laroche) Jeudi 5 mars 2009 Première réunion d'information de l'équipe MSS par HAC Samedi 21 mars 2009 Voyage au Caire Dimanche 22 mars 2009 Réunion avec le personnel EHA, Bureau régional de la Méditerranée orientale Réunion avec le Directeur régional adjoint, EMRO Réunion avec le Secrétaire général de la Société palestinienne du Croisssant-Rouge Réunion avec le Chef de l'Equipe égyptienne d'intervention rapide Lundi 23 mars 2009 Départ du Caire Réunion avec le Chef de la Branche du Sinaï du Nord de la Société égyptienne du Croissant-Rouge Réunion à Al Arish avec le Gouverneur du Sinaï du Nord Arrivée au point de passage de Rafah Arrivée dans la ville de Gaza (mise au courant en route par le Responsable du bureau de l'OMS à Gaza) Réunion avec le personnel du bureau de l'OMS à Gaza, révision du programme Réunion avec le Commissaire général de l'UNRWA Mardi 24 mars 2009 Réunion avec le Directeur des soins primaires, Autorité sanitaire locale Visite d'un dispensaire de soins primaires Visite de l'hôpital Shifa, réunion avec le Directeur et les médecins principaux Visite de l'hôpital de réadaptation Al Wafa Visite du nord de Gaza (sites détruits) Réunion avec le Directeur général des hôpitaux, Autorité sanitaire locale Réunion avec le personnel du CICR Réunion avec le Représentant de l'OMS par intérim, territoire palestinien occupé Réunion avec le personnel de l'UNSCO Réunion sur la santé mentale avec les représentants de l'Autorité sanitaire locale, de l'UNRWA et du programme de santé mentale communautaire de Gaza Réunion avec le Professeur Eyad Elsarraj (Programme de santé mentale communautaire de Gaza) Mercredi 25 mars 2009 Visite du magasin central Réunion avec le personnel de la Société palestinienne du Croissant-Roouge et visite de l'hôpital Al Quds Réunion avec le personnel du module santé Réunion avec le personnel du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme, Nations Unies Réunion avec le personnel de l'OMS à Gaza Jeudi 26 mars 2009 Réunion avec le personnel de l'OMS à Gaza Réunion avec le Groupe de déminage (MAG) Départ pour Rafah Arrivée au Caire Vendredi 27 mars 2009 Rédaction du rapport Samedi 28 mars 2009 Rédaction du rapport Dimanche 29 mars 2009 Retour à Genève Lundi 30 mars 2009 Compte rendu de mission au Sous-Directeur général HAC par intérim Mardi 31 mars 2009 Visionconférence avec le Ministère de la Santé de Palestine Visionconférence avec le PNUE Mercredi 1er avril 2009 Visioconférence avec l'UNRWA Jeudi 2 avril 2009 Réunion avec le responsable Santé mentale, OMS Lundi 6 avril Visioconférence entre HAC et les membres de l'équipe MSS Vendredi 24 avril Visioconférence des membres MSS Mercredi 20 mai Soixante-Deuxième Assemblée mondiale de la Santé – Examen par la Commission B du point 14 de l'ordre du jour (« Situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé ») Jeudi 21 mai Adoption par l'Assemblée mondiale de la Santé de la résolution WHA62.2 Annexe IV: Liste des personnes interrogées Bureau régional de la Méditerranée orientale Dr Mohamed Jama M. Altaf Musani Dr Ahmed Elganainy EGYPTE Prof. Mamdouh Gabr Dr Ayman El Hady Eng. Ahmed Oraby Général Mohamed Shousha Directeur régional adjoint Conseiller régional EHA Administrateur EHA Secrétaire général, Société égyptienne du Croissant-Rouge (ERCS) Chef, Equipe égyptienne d'intervention rapide Chef, Branche ERCS du Sinaï du Nord à Al Arish Gouverneur du Sinaï du Nord UNRWA Mme Karen Abu Zaid Dr Guido Sabatinelli Dr Iyad Zaqout Commissaire général Directeur du Programme Santé Directeur du programme de santé mentale communautaire Autorité sanitaire locale Soins de santé primaires: Dr Fuad Elissawi Dr Abdelrahman El Dahoudi Dr Sawsan Hammad Dr Younis Awad allah Dr Ayesh Samour Hôpital Shifa Dr Dr Dr Dr Dr Dr Mohammad R. Al-Kashif Hussain Ashour Sobhi Skaik Nasir El Tatar Nafez Abu Shaaban Abedrabbo Abu Hasheesh Directeur général des SSP à Gaza Directeur, affaires relatives aux médecins, SSP Directeur, Santé des femmes, SSP Coordonnateur national IMCI Directeur, Santé mentale Directeur général des hôpitaux de Gaza Directeur général du complexe médical Shifa Directeur de l'hôpital de chirurgie à Shifa Directeur médical de Shifa Chef du département de chirurgie réparatrice et des brulés Chef du département d'orthopédie Groupe de déminage (MAG) M. Mark Russel Chef de l'équipe MAG Comité international de la Croix-Rouge Marianne Whittington M. Mohammed Ramadan Déléguée santé, Gaza Délégué-assistant santé Programme de santé mentale communautaire de Gaza (GCMHP) Dr Ahmed Abu Tawahina Dr Eyad El Sarraj Hôpital de réadaptation El Wafa Dr Khamis El-Essi Dr Maher Shamya Dr Fadil Na'eem Taiseer El-Biltaji Directeur général, GCMHP Président du Conseil d'administration du GCMHP Directeur des équipes médicales de réadaptation Directeur médical Chirurgien orthopédique Directeur général de l'hôpital Société palestinienne du Croissant-Rouge (PRCS) Dr Khalil Abu Fool Directeur des unités d'urgence et d'opérations de secours Magasin central, Ministère de la Santé Dr Mohammad Al Najjar UNHCHR Mme Nirmine El Sarraj OMS Gaza Directeur adjoint du magasin central Administrateur national pour les droits de l'homme M. Anthony Laurence M. Mahmoud Daher Dr Jorge Martinez Dr Silvia Pivetta Mme Dalia Salha M. Abdelnasser Soboh M. Dyaa Sayma Mme Amani Jouda UNSCO M. Alexei Maslov Chef par intérim, Bureau de l'OMS, territoire palestinien occupé Responsable par intérim, Sous-Bureau de Gaza Coordonnateur du module santé Administrateur pour la santé publique Administrateur national pour l'épidémiologie Assistant pour la gestion de l'information Administrateur national pour la santé mentale Nutritionniste nationale Chef du Bureau de Gaza Autorité nationale palestinienne H. E. Dr Fathi Abdullah Abu Moghli Ministre de la Santé PNUE M. Henrik Slotte OMS Genève Dr Margaret Chan Dr Eric Laroche Dr Daniel Lopez Acuna Dr Patricia Kormos Dr Inga Lohse Dr Khalid Shibib Dr Mark Van Ommeren Mme Ivana Boko Chef de Branche, Situations post-conflit et gestion des catastrophes Directeur général Sous-Directeur général, Action sanitaire en situation de crise (HAC) Directeur, Programmes de relèvement et de transition, HAC Administrateur technique, HAC Administrateur technique, HAC Administrateur technique, HAC Responsable, Santé mentale, bases factuelles et recherche Assistante, REC