3 janvier 2016 - Paroisse Saint
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3 janvier 2016 - Paroisse Saint
3 janvier 2016 Culte de l’Église malgache FPMA Matthieu 2, 1-12 « La Bonne Nouvelle doit passer ! » Jésus-Christ est la lumière du monde, l'espérance et le salut offerts à tous. Cette Bonne Nouvelle, que nous avons un jour entendue, est à l'origine de notre foi, et nous sommes chargés d'annoncer cette Bonne Nouvelle à d'autres qui ne la connaissent pas encore. Mais nous avons parfois du mal à annoncer cette Bonne Nouvelle, et nous nous en décourageons facilement. Ce qui nous empêche de parler, ce n'est pas seulement le mauvais état dans lequel nous voyons notre monde, et auquel nous n'osons pas toujours opposer la dynamique de l'Evangile. La difficulté consiste souvent déjà à communiquer tout court, à exprimer clairement la Bonne Nouvelle et à la faire passer. Tant de blocages nous découragent : notre propre timidité, mais aussi le peu de disposition des autres à nous entendre, des blocages et malentendus culturels, mais aussi la complexité des moyens de communication moderne qui semble nous dépasser. Et pourtant, la Bonne Nouvelle doit être annoncée pour ouvrir un chemin à l'espérance incarnée en Jésus-Christ. Seules des personnes qui ont pris connaissance de l'Evangile peuvent se confronter à Jésus et prendre une décision pour ou contre lui. Là où la Bonne Nouvelle n'arrive pas, rien de tel ne peut se passer. Il faut donc qu'elle passe, malgré tous les obstacles. Il faut que la Bonne Nouvelle passe : tel est aussi l'enjeu de l'histoire des mages que nous a transmis l'évangéliste Matthieu. Et il nous raconte comment la Bonne Nouvelle a passé tous les obstacles à l'époque où Jésus était né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode. Deux obstacles majeurs barraient en effet le chemin à la Bonne Nouvelle : D'abord, elle était incomplète, donc non opérationnelle. Ensuite, elle risquait d'être détournée au profit du roi Hérode, assoiffé de pouvoir. Un mot sur les mages : Ce n’étaient ni des rois, ni des « magiciens ». C’étaient les astronomes de l’époque. Ils connaissaient tout ce que l’on pouvait connaître des astres et de leurs mouvements. Et en plus, ils les interprétaient. Car dans l’Antiquité, les étoiles avaient un sens qu’il fallait comprendre. Notre étoile biblique était probablement une conjonction, c’est-àdire on voyait deux planètes dans la perspective l’un « derrière » l’autre, et donnant l’impression d’une seule étoile particulièrement brillante. La Bonne Nouvelle apparaît, mais elle n'est pas complète. L'apparition d'un tel astre, ou d'une conjonction astronomique, fut interprétée par des mages d'un pays d'Orient comme l'annonce de la naissance d'un nouveau roi en Israël. Comme les satellites de télécommunication d'aujourd'hui, l'astre les a renseignés sur un événement dans un pays lointain. Le village planétaire est déjà une réalité pour ces mages. Mais ils ne se contentent pas de posséder l'information ; ils se mettent en voyage pour voir de plus près, en suivant une recherche spirituelle personnelle. Cela ne doit pas nous étonner, car l'attente d'un Sauveur était assez répandue dans le monde antique, pas seulement en Israël. Ils se mettent donc en route, mais voilà le problème : le message est incomplet ; il manque l'indication de l'endroit précis où cela se passe ! Ils doivent chercher le complément d'information sur place, en entrant en contact avec la réalité concrète dans le pays, en s'y impliquant aussi. Ils se rendent donc (comme les envoyés spéciaux d'aujourd'hui) à la capitale, Jérusalem, en espérant y trouver, soit, la solution du problème, soit, des indices complémentaires pour avancer leur recherche. La Bonne Nouvelle sera certes complétée ; mais elle risque d'être détournée au profit d'un tyran Le complément d'information qui manquait aux mages sera trouvé dans l'Ecriture Sainte. "Et toi, Bethléem …" C'est à Bethléem qu'il leur faut aller ! Mais voilà tout de suite le deuxième danger : le roi Hérode est sur le plan, un tyran sanguinaire pour lequel l'annonce d'un nouveau roi est une mauvaise nouvelle, car il doit alors craindre de perdre son trône. Nous savons que le roi Hérode historique n'hésita pas à faire assassiner plusieurs de ses fils parce qu'il les considérait comme ses concurrents. Dans notre histoire, il est donc certain qu'il va chercher à tuer Jésus. C'est pour cela qu'Hérode a besoin, lui aussi, de connaître exactement le lieu de résidence du roi-Sauveur dont les mages lui ont apporté la nouvelle. C'est lui d'ailleurs qui convoque les scribes pour étudier la Bible. Mais à peine l'information est-elle complétée, que la course d'obstacles repart : qui va profiter de cette information ? Les mages, qui veulent adorer le Sauveur, ou Hérode, qui veut le tuer ? Pour compliquer le tout, Hérode se présente faussement aux mages comme un adorateur potentiel du Sauveur. Mais le lecteur n'est pas dupe. Le dénouement Maintenant, les mages vont trouver Jésus assez vite, d'autant plus que l'astre réapparaît et confirme l'indication donnée par l'Ecriture. La rencontre avec le Sauveur a lieu, ils lui rendent hommage, et leur recherche spirituelle est comblée, comme l'indique la petite phrase "ils éprouvèrent une très grande joie". La mention de la joie nous fait aussi pressentir que, une fois rentrés dans leur pays, ils vont répandre la Bonne Nouvelle autour d'eux. Hérode, par contre, arrivera trop tard. Car un dernier moyen de communication sera mis en œuvre pour empêcher Hérode de réaliser son plan et pour libérer le chemin de l'avenir de Jésus. Ce moyen de communication est réservé à Dieu, c'est le songe ou le rêve. Les rêves étaient unanimement considérés dans l'Antiquité comme des messages des dieux. C'est par le message de deux rêves, l'un à l'adresse des mages et l'autre à l'adresse de Joseph, que sera déjouée la machinerie politique et militaire du roi Hérode. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que le massacre des enfants de Bethléem aura quand-même lieu, même si Jésus sera épargné. Et même s'il manque toute trace d'un tel événement à Bethléem chez les historiens de l'époque, nous savons que les massacres font partie de l'histoire humaine, tout le temps, et cela est aussi une vérité historique. Aujourd’hui cette violence est particulièrement massive dans cette région du Proche Orient où Jésus a vécu. La Bonne Nouvelle a réussi à passer ; mais elle n'a pas aboli tout d'un coup tout le mal que les hommes peuvent faire. Le salut apparu avec Jésus n'est pas "magique". Il doit passer par nous tous, par ce que nous croyons, disons et faisons. Si des massacres sont perpétrés par des hommes, ils doivent aussi être empêchés par des hommes. En attendant, des familles sont en fuite, comme celle de Jésus. La Bonne Nouvelle nous appelle à nous engager sur ce plan-là. Mais d'abord, elle doit passer et être communiquée. Le récit de l'évangéliste Matthieu nous encourage à communiquer et nous propose deux solutions pour les deux difficultés majeures : La Bonne Nouvelle a du mal à passer ? Là où la Bonne Nouvelle a du mal à passer, il faut se servir de tous les moyens de communication qui sont à notre disposition et les faire se relayer. Déjà, dans le récit de Matthieu, il y en a quatre : l'astre, l'Ecriture, le dialogue, et le songe. Combien n'y en a-t-il pas à notre époque ! Mais il faut aussi se faire relayer, en plus des moyens, des personnes, des cultures et des peuples différents. Souvenons-nous que les mages étaient venus de loin, d'un autre pays, grâce à la Bonne Nouvelle. Aujourd'hui, des chrétiens vivent sur toutes les parties du globe, et nous pouvons, nous aussi, annoncer, recevoir et relayer la Bonne Nouvelle en réseau entre les uns et les autres. Vous, ici, en tant que communauté malgache, vous avez une grande expérience dans la communication entre les cultures, les langues, les traditions, les attentes de chaque génération. Dans cette ville comme dans le monde, différentes nationalités et cultures sont présentes côte à côte, structurées en communautés propres mais aussi réunies dans des paroisses et donc mélangées. Cette réalité qui est la nôtre aujourd’hui nous exhorte à l'écoute mutuelle. Elle contient aussi, à mon sens, la promesse que nous pourrons mieux découvrir la Bonne Nouvelle du salut de Dieu quand nous ne restons pas chacun pour soi. La Bonne Nouvelle risque d'être détournée ? Là où la Bonne Nouvelle risque d'être détournée au profit d'un pouvoir, d'un intérêt commercial, d'un comportement sectaire, nous ne devons pas rester passifs mais proclamer envers et malgré tout l'Evangile de Dieu dans sa clarté, sa gratuité et son esprit de liberté. Dieu nous donnera les moyens, l'intelligence, le courage nécessaires, si vraiment nous mettons notre confiance en lui ! Recevons la Bonne Nouvelle et faisons-la passer, pour que Jésus-Christ puisse devenir la lumière du monde pour tous ceux qui le reçoivent ! Amen