le consommateur dans le processus de recyclage

Transcription

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Remerciements
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Nous tenons à remercier les personnes qui ont contribué à construire cette soutenance de
Recherches Appliquées en Sciences Sociales :
Nous remercions M. Pierre Chapet, directeur d’exploitation du centre VHU Acyclea près de
Dijon, d’avoir bien voulu nous accorder son temps pour nous expliquer tous les détails de
fonctionnement de la filière de retraitement des véhicules.
Nous remercions M. Constantin Voluntaru, responsable environnement du groupe
Volkswagen France, pour son enthousiasme à nous renseigner sur la filière VHU et sur le
recyclage en général des Français.
Nous adressons aussi nos remerciements à Mme Isabelle Gambu, animatrice chez Prodec à
la CCI Bourgogne, pour avoir eu la gentillesse de nous éclairer sur le problème des sites nonagréés et de la communication au grand public.
Nous adressons nos remerciements à M. Jérémy Busso, M. Romaric Plomb respectivement
conseillers commercial des concessions SEAT et Volkswagen à Lyon et à la conseillère
commercial de la concession Skoda à Ecully pour nous avoir offert des informations précieuses
sur les acheteurs et sur le poids de la communication au recyclage.
Nous remercions bien sûr également notre professeur M. Eric Vögler, pour nous avoir guidé
tout au long du projet et nous avoir donné l’opportunité de rencontrer des acteurs de l’économie
circulaire en France.
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Enfin, merci aussi à M. Jérémie Gaudry, étudiant en Ecole d’arts appliqués Design
Architecture d’Intérieur Conception 3D à Villeurbanne, pour nous avoir créé le logo que vous
pouvez sur notre site http://brl013.wordpress.com/ et à la fin de ce rapport, afin de sensibiliser le
public à notre cause.
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Table des matières
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Introduction
Nous formons une équipe de cinq personnes, et nous avons choisi de travailler sur le
recyclage automobile dans le cadre de la revue de littérature « économie circulaire », pour notre
RECAPSS. Inspirés par des parents évoluant depuis longtemps dans le milieu, et interpellés par
les conférences dont nous avons bénéficié au début de notre programme, le sujet nous a semblé
plein d’enjeux et très actuel. Au début de nos recherches, nous avons pensé chercher les failles
du système du côté des professionnels de l’automobile (constructeurs, concessionnaires,
garagistes, etc.), mais nous nous sommes vite aperçus que c’est plutôt chez le consommateur
final que le recyclage automobile ne semble pas aller de soi, quand il s’agit de s’occuper de leur
VHU. Rappelons qu’un VHU est un Véhicule Hors d’Usage, une automobile usée ou accidentée
qui ne peut plus être utilisée. Ces véhicules sont composés d’éléments dangereux qui doivent être
traités à part (plomb, carburant, huiles, etc), mais les autres matériaux peuvent être pour la
majorité recyclés (matières premières comme la ferraille, le verre, ou matériaux bien valorisés
comme les pneus). Selon les données du ministère de l’écologie, plus de 1,5 millions de
véhicules deviennent hors d’usage chaque année en France et génèrent près de 1,5 millions de
tonnes de déchets. De plus, près de 50 broyeurs et 1 400 démolisseurs sont désormais agréés
pour le traitement des véhicules hors d’usage. La filière VHU est censée avoir la capacité de
traiter la totalité des VHU.
Le véritable problème est que les conducteurs ne remettent pas automatiquement leur
automobile à des casses agrées, censées les introduire dans cette filière. Casses non-agrées,
sauvages ou abandon sur des terrains privés, c’est par ces comportements que le consommateur
peut nuire au bon fonctionnement du recyclage des véhicules hors d’usages. Et si les casses
légales sont bien répertoriées, notamment au travers de sites gouvernementaux, les casses
sauvages et les chiffres qui en découlent sont très difficiles à trouver.
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L’intervention d’Eco-emballage et notamment de Geneviève Slosse nous a aussi persuadés
du fait que le recyclage, et particulièrement le recyclage automobile, est d’abord une question
sociale et individuelle. En effet, au début de notre projet, nous avons interrogé nos proches pour
tenter de délimiter notre sujet. Nous avons rapidement réalisé que le devenir des véhicules
usagés était très peu connu. L’ignorance semble régner sur le thème du recyclage : la plupart des
gens déclarait mettre leurs véhicules hors d’usage à « la casse » ou les rapporter au garagiste
mais aucun n’a su dire ce qu’ils devenaient exactement après cette première étape.
Egalement, nous nous sommes rendu compte que le critère de recyclabilité ou même
d’utilisation de matériaux recyclés n’étaient pas réellement des arguments de vente dans le
marketing des constructeurs automobile. Au contraire, c’est plutôt la réduction de la
consommation de carburant, ou d’émission de CO2 qui sont recherchées et mises en avant par les
producteurs, comme les critères ultimes du respect de l’environnement pour tout véhicule.
L’argument de vente que pourrait représenter la recyclabilité et l’utilisation de matériaux
recyclés est encore au premier stade de son développement. Il apparaîtrait en fait que, dans
l’imaginaire collectif, les possibilités de recyclage d’un bien aussi complexe qu’une voiture
soient très limitées. Les consommateurs n’arrivent pas à conceptualiser un tel processus. En
outre, une fin de vie de véhicule est plus souvent considérée comme sa revente sur le marché de
l’occasion…
La problématique a été longue à mettre en place, car nous avions du mal à placer des limites
pour notre sujet. L’étude des structures de la filière VHU nous a montré qu’elles étaient efficaces
et cohérentes avec les enjeux du recyclage : les institutions et les constructeurs ont bien cerné les
enjeux et la nécessité du recyclage de l’automobile. Dès lors, ces deux acteurs ont mis en place
des lois (par l’intermédiaire de l’Etat bien sûr), des infrastructures et des organisations capables
de gérer la valorisation des véhicules en fin de vie. Comment alors expliquer les comportements
contre-productifs des consommateurs d’automobiles, en termes de recyclage ? Manquent-ils
d’informations ? Ont-ils seulement conscience de leur responsabilité ? Comment changer cela ?
Après une étude approfondie de la filière recyclage, particulièrement du point de vue du
consommateur final, et après analyse de la revue de littérature qui s’en suit, nous sommes donc
arrivés à la problématique suivante : pourquoi le consommateur est-il le talon d’Achille du
recyclage automobile ?
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Partie 1 : Revue de la littérature
1. Considérations générales sur le recyclage automobile aujourd’hui
a. Rapport de l'ADEME : "Document de réflexion pour l'élaboration d'une stratégie de
développement du recyclage en France" (Rapport final, Juillet 2008)
i.
L’automobile entre dans une réflexion générale sur la nécessité du recyclage en
France.
Qu’est-ce que l’ADEME ?
Statut : L’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie est un établissement
public à caractère industriel et commercial, soutenu par les ministères de l'Écologie, du
Développement durable et de l'Énergie et de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Missions : L'ADEME aide à la mise en place des politiques publiques de l'environnement, de
l'énergie et du développement durable. L’Agence met à disposition des entreprises et des
collectivités ses rapports d’expertise et de conseil. Elle soutient le financement de projets allant
dans le sens des conclusions obtenues dans ces rapports.
!
Le rapport de l’ADEME cherche à aider les pouvoirs
publics à établir un socle de réflexion pour soutenir en France
des actions favorisant un meilleur recyclage. Il justifie la
nécessité d’une stratégie nationale. Ce document est porteur
d’un vrai message pour l’économie circulaire en France. Il a
pour objectif d’inclure tous les biens de consommation dans ce
cycle vertueux, et il inclut l’automobile. La voiture est un
produit encombrant, complexe par la diversité des matériaux qui
le composent et apparaît difficilement recyclable. Pourtant ce
rapport de l’ADEME publié en 2008 nous démontre l’importance et surtout la possibilité du
recyclage de ce bien.
Le rapport met en valeur les avantages permis par l’établissement d’une filière de
recyclage organisée et responsable.
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Tout d’abord, le recyclage est un mode de gestion des déchets prioritaire qui est une
source d’économie de ressources naturelles, dont la préservation est désormais un
enjeu majeur. Il permet de réduire la facture énergétique et les émissions de CO2.
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Les matières premières secondaires (MPS) qui découlent de ce processus sont un
enjeu industriel et stratégique lucratif. En 2006, en France, 40% de la production des
métaux ferreux et non ferreux (aluminium, cuivre, plomb et zinc), des papiers et
cartons, du verre et des produits en matières plastiques ont été réalisés à partir de
matières premières secondaires. A cela s’ajoute la question de l’emploi : plus de 30
000 salariés sont impliqués dans cette filière.
Une étude réalisée en mai 2010 intitulée « Guide sur la Monétarisation des impacts
environnementaux liés au recyclage» a été réalisée par la Direction des Etudes Economiques et
de l’Evaluation Environnementale du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement
cherchant à savoir si les bénéfices environnementaux justifient les surcoûts du recyclage. ͒Cette
étude réalise alors une analyse coûts – bénéfices. Appliquée au recyclage de l’automobile, cette
méthodologie montre des bénéfices importants : de 2100 à 2300 !/tonne pour l’aluminium et
entre 57 et 120 !/tonne pour le verre.
Le rapport de l’ADEME met en avant six axes prioritaires pour développer le recyclage :
•
« Améliorer la compétitivité des marchés du recyclage
•
Développer les connaissances et l’observation
•
Mobiliser les gisements et accroître la qualité de la matière
•
Améliorer la qualité de la chaîne du recyclage
•
Améliorer l’acceptabilité du recyclage
•
Préparer l’avenir par la conception des produits » (Rapport ADEME 2008)
L’ADEME est un des acteurs principaux de la filière VHU. Au travers de l’observatoire de
la filière VHU, elle est chargée de récolter l’ensemble des déclarations annuelles des
démolisseurs et des broyeurs agréés de VHU (par arrêté interministériel du 19 janvier 2005).
C’est ainsi que l’observatoire surveille la mise en place de la filière de traitement des VHU et
qu’elle veille à la bonne mise en œuvre des objectifs imposés par la législation. Ces objectifs
découlent des enjeux soulevés dans ce premier rapport en faveur d’une amélioration généralisée
du recyclage en France.
ii.
Le rapport de l’ADEME soulève les enjeux et défis du recyclage automobile.
Selon les derniers chiffres disponibles publiés par l’ADEME, les ménages, collectivités et
entreprises ont produit en France 850 millions de tonnes de déchets en 2008. Parmi ces déchets,
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les produits en fin de vie sous la responsabilité des producteurs (VHU, piles et emballages)
représentent 10 millions de tonnes. Les VHU ont un poids non négligeable dans les déchets
d’origine ménagère ou professionnelle comme nous pouvons le voir dans le schéma suivant.
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iii.
Les limites du recyclage automobile soulevées par le rapport de l’ADEME
Limites technologiques : la principale limite technologique à laquelle doit faire face la
filière automobile quant au recyclage est la complexité des matériaux de l’automobile. En
ajoutant les informations du rapport « Écoconception : panorama des activités de la filière
automobile et contribution de l’équipementier Rieter » de Saskia Günther pour Environment &
sustainable Resource Development organization nous pouvons saisir la difficulté de ce processus
pour un produit de consommation comme la voiture.
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Limites économiques pour les récupérateurs et les recycleurs : pour que le recyclage se
développe durablement il faut que son équilibre économique soit avec des acteurs rassurés prêts
à investir. De plus on retrouve la concurrence d’autres modes d’élimination, avec l’incinération
et le stockage, estimés la plupart du temps comme plus rentables.
Limites sociologiques : il y a en France contrairement à des pays comme l’Allemagne une
certaine méfiance de la part des industriels et des consommateurs vis-à-vis des produits
contenant du recyclé (moindre qualité, risques sanitaires …). Ceci est lié à une perception du
recyclé désormais datée. Contre ces doutes le rapport encourage les autorités publiques à
entreprendre des études sur la qualité des produits recyclés leurs avantages sur l’environnement
et la santé humaine, afin de rassurer le consommateur.
iv.
Les propositions du rapport de l’ADEME en 2008 ont été la clé de voute des
évolutions du secteur du recyclage automobile
Pour assurer la compétitivité du recyclage l’ADEME veut rendre obligatoire les écocontributions proposées par les éco-organismes selon la conception et l’impact de la fin de vie
des produits. L’ADEME propose d’attribuer les aides publiques selon des conditions
environnementales. Pour encourager le recyclage des matériaux de l’automobile l’ADEME
suggère aussi de créer un marché des MPS (matières premières secondaires) qui serait complété
par une instance suivant son fonctionnement. Mais toute cette démarche repose sur le
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développement des connaissances et observations du processus en rendant obligatoire les
enquêtes sur les déchets produits.
Afin d’améliorer la qualité du secteur du recyclage il est nécessaire de stimuler
l’investissement en faveur de technologies de tri et recyclage efficace. Cela s’observe déjà dans
le secteur de l’automobile. De nombreuses enseignes ont ainsi publié des rapports concernant
leur filière recyclage notamment Renault que nous allons étudier par la suite. Les marques
proposent en outre de mettre en place un système de traçabilité des pièces, et des programmes de
recherche développant la réutilisation de ces matières premières secondaires.
Beaucoup de propositions ont germé dans le recyclage de l’automobile comme le montre
l’organisation apparente de la filière des centres VHU. L’ADEME rappelle tout d’abord que la
filière VHU est conçue pour être profitable, car bien que les détenteurs de VHU ne paient pas
pour la prise en charge de leur véhicule, les démolisseurs peuvent compenser leurs coûts par la
vente et le recyclage de pièces détachées, comme les batteries ou encore par la vente de la
carcasse aux broyeurs. Les broyeurs s’y retrouvent financièrement en revendant les MPS.
Ce qu’il faut retenir de cette partie :
•
Il est possible de recycler sa voiture.
•
Recycler les voitures, c’est rentable.
•
Des améliorations de la filière sont possibles, et étudiées par des institutions fiables.
b. Rapport de l'ADEME : « Observatoire de la filière VHU : rapport annuel de la mise
en œuvre des dispositions réglementaires relatives aux véhicules VHU - Situation en
2011 » : L'organisation et les principaux résultats de la filière du recyclage
automobile
i.
Le mécanisme du recyclage automobile en 4 phases
Le recyclage se décompose en quatre phases :
La phase 1, appelée « prétraitement » a pour but la mise en sécurité du véhicule hors
d’usage qui est initialement considéré comme déchet dangereux. Cette phase 1 comprend
l’explosion des airbags, la dépollution (extraction des fluides : essence avec un outil «
récu’carbu » développé spécialement pour éviter tout risque d’étincelle, huiles, liquides
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!!!!!!55!
glycolés...), démontage du catalyseur, de la batterie. Cette phase représente environ 7% de la
masse du véhicule.͒
La phase 2 de démontage représente elle aussi environ 7% de la masse du VHU. Pendant
cette phase, le démolisseur démonte les grosses pièces pouvant être réutilisées ou recyclées.
Exemple : les boucliers, vitres, mousses de sièges.͒
͒La phase 3 de broyage : le broyat est divisé en 4 fractions: métaux ferreux, non ferreux et
les résidus de broyage (lourds et légers). Les métaux sont alors recyclés.
!
La phase 4 représente 10% de la masse du véhicule valorisée : elle intègre les matériaux
triés après broyage et recyclés. Des technologies de tri post-broyage se développent de plus en
plus comme par exemple pour le polypropylène. Renault utilise actuellement 25 000 tonnes par
an de polypropylène recyclé.
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ii.
La mise en place de la filière VHU
Comment s’organise la filière VHU?
La directive européenne 2053 du 18 septembre 2000 relative aux véhicules hors d’usage cherche
à encourager la conception de véhicules plus facilement valorisables, à réduire la présence de
substances dangereuses, à trouver des solutions pour faciliter le démontage et à encourager
l’usage de matériaux recyclés. L’objectif à atteindre avant le 1er janvier 2015 est un taux
minimum de recyclage, qui s’élève à 85% de la masse du VHU et un taux de valorisation de 95%
du VHU.
Il existe des structures assurant les 4 phases du recyclage automobile, citées ci-dessus.
Elles sont agrées VHU par des sociétés assurant les certifications (exemple : Bureau Veritas).
Par ailleurs, les constructeurs participent aussi à cette filière en mettant en place des stratégies de
traçabilité des chaque pièce des véhicules, et en organisant des réseaux de centres VHU affiliés à
leur marque.
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1 515 432 VHU ont été déclarés pris en charge en 2011 par les centres VHU et les
broyeurs agréés. Les déclarations couvrent ainsi 66 % du gisement estimé de VHU.
Pour les centres VHU, la fiabilité des déclarations s’améliore grâce à différents éléments :
S
la constitution des réseaux de centres VHU par les constructeurs
S
la création d’outils informatiques et de rapports réguliers aidant l’observatoire de
l’ADEME
S
la mise en place d’un système de relance automatisée pour les détenteurs ayant
déclaré leur VHU sur Internet pour identifier et corriger les anomalies sur les
déclarations.
Les objectifs de la filière VHU sont précisés par le Rapport ADEME :
1/Démontage et dépollution des véhicules hors d’usage
Afin de mieux recycler et de mieux valoriser les véhicules le secteur automobile s’est doté
d’un système commun international d’information sur le démontage. Cette plateforme Internet
appelée IDIS est consultable par les acteurs du secteur. IDIS est un guide de démontage efficace
pour plus de 1 000 véhicules de 40 marques différentes. Mais ce n’est pas tout : les constructeurs
mènent des actions sur trois chantiers prioritaires pour améliorer le démontage et la dépollution
en fin de vie :
•
la réduction du nombre des matériaux utilisés. Ex : PSA réalise dès que cela est possible
des pièces mono-matériau pour faciliter le tri ;
•
l’adaptation des éléments de construction des véhicules. Ex : Renault utilise des mousses
de sièges sans éléments métalliques pour faciliter leur recyclage ;
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•
l’amélioration du processus de tri. Ex : des constructeurs, comme Renault, travaillent
avec leurs fournisseurs en amont et les centres VHU en aval pour faciliter le démontage
et la dépollution.
2/Réemploi et valorisation des composants et des matériaux : en fin de vie, on retrouve
les mêmes axes d’études évoqués sur la partie démontage : réduction des matériaux, optimisation
de la qualité des résidus de broyage. Par exemple, la Peugeot 607 limite le nombre de plastiques
utilisés. Les polyoléfines comptent pour 50 % des plastiques. Après broyage, la valorisation de
ce plastique est alors simplifiée.
3/Valorisation du véhicule : Le secteur de la récupération et valorisation des VHU est un
élément clé de plus en plus lucratif. BMW a réalisé en 2009 une campagne de récupération,
démontage, dépollution et broyage de 501 véhicules. Celle-ci a démontré scientifiquement que
les techniques de traitement post-broyage permettent effectivement de recycler à 85 % et
valoriser à 95 % les véhicules.
Trois grands types de centres VHU montrent la variété de cette filière :
S
Les centres VHU appelés « dépollueurs » : prennent en charge les véhicules hors
d’usage, les dépolluent puis envoient ces VHU aux broyeurs. Ils ont un rôle de
plateforme de collecte et d’expédition vers les sites de broyage. Ces « dépollueurs »
se caractérisent par un taux de réemploi inférieur à 1 %. Ils représentent 31,1 % du
volume total.
S
Les centres VHU « démonteurs » ont à l’inverse un taux de démontage de pièces
assez fort. Ils prélèvent sur les VHU de nombreuses pièces métalliques revendues en
magasin pour le marché de la pièce détachée. Ces « démonteurs » ont un taux de
réemploi supérieur ou égal à 20 %. Ils représentent 24,9 % du volume total.
S
Les centres VHU « opportunistes » sont situés entre ces deux premiers types de
centre VHU. Ils prélèvent des pièces valorisables facilement afin de les revendre en
pièces détachées ou en recyclage. Ces acteurs parviennent à s’adapter aux conditions
du marché de manière rapide et opportuniste. Ces « opportunistes » ont un taux de
réemploi entre 1 % et 20 %. Ils représentent 44,0 % du volume total.
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!!!!!!5I!
L’activité de ces trois types de centres VHU se divise en 3 parties résumées par ce graphique
qui met en valeur la prédominance du réemploi même si ces dernières années le recyclage et la
valorisation gagnent du terrain.
Le marché des pièces de réemploi est une donnée économique centrale pour la filière VHU
aujourd’hui soutenu par la législation. Dans un premier temps l’ADEME avait demandé dans le
guide d’aide aux déclarants que les acteurs regardent avec attention cette possibilité d’usage. Le
1er juin 2009, l’arrêté du 29 avril 2009 (décret n°2009-397) va dans le même sens et complète
cette initiative en « autorisant les compagnies d’assurance à proposer un devis de réparation
d’un véhicule endommagé sur la base des pièces d’occasion ». Ce dernier point diminue
fortement le coût.
5W!!
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iii.
Les enjeux et limites soulevés par le Rapport de l’ADEME
1/L’activité non agréée
Le rapport de l’ADEME montre que 40% des casses seraient encore non-agrées. Il est donc
impossible de contrôler le bon déroulement du recyclage des automobiles (cf partie 3.b) dans ces
centres car l’Etat n’a pas autorité sur eux, vu que les sites sauvage sont par nature nonréférencés.
2/Les matériaux mal recyclés
Le graphique ci-dessous présente la part de chacun des matériaux recyclés. Il met en avant la
difficulté de recyclage de certains matériaux qui constituent un véritable manque à gagner.
Prenons l’exemple du plastique : au total, 166 centres VHU en 2011 (177 en 2010) ont
déclaré avoir démonté des pièces en matière plastique pour la filière du recyclage comme le
montre le tableau ci-dessous :
La faiblesse du coût du plastique recyclé a longtemps découragé l’investissement dans cette
filière. Cependant, on constate depuis 2009 une augmentation de ce cours, et ainsi quelques
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!!!!!!5C!
sociétés de broyage ont investi dans le recyclage des plastiques. On trouve notamment des
groupes comme Galloo Plastics. En 2011, Galloo Plastics a dépensé ainsi plusieurs millions
d’euros pour l’extension de son usine de traitement des plastiques à Halluin, dans le Nord.
c. Article : « L’éco-conception et le recyclage du véhicule automobile » Philippe
ROLLAND,
Responsable
Homologation
Recyclage
pour
RENAULT
-
Les points forts du recyclage automobile en France.
i.
La démarche d’éco conception
La démarche d’écoconception est aujourd’hui quantifiable grâce à un outil : l’Analyse de
Cycle de Vie (ACV). L’AVC prend en compte les impacts du véhicule sur l’environnement, de
sa conception jusqu’à sa fin de vie, en passant par sa production et son utilisation. Elle requiert
l’existence de bases de données environnementales et d’objectifs premiers que voici :
1/Limitation de l’emploi de substances dangereuses : les substances dangereuses ont été
listées par le Global Automotive Stakeholders Group. Cette liste permet aux constructeurs et aux
fournisseurs de progresser pour diminuer leurs utilisations.
2/Intégration de matériaux recyclés : le problème est que le marché des matériaux
recyclés est en concurrence avec le marché des matières premières vierges. Les constructeurs
estiment que les propriétés différentes des matières recyclées peuvent constituer un blocage pour
des pièces spécifiques. Ces matières recyclées pourraient alors empêcher de profiter des
avantages technologiques de nouveaux produits. Cependant, malgré cela, on observe aujourd’hui
une vraie volonté d’augmenter la part de matériaux recyclés. On remarque notamment que les
efforts se concentrent sur l’intégration de plastiques recyclés. Par exemple Renault fixe à 20 % le
taux de plastique recyclé dans ses nouveaux véhicules à partir de 2015.
5M!!
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ii.
Le Rapport de Philippe Roland montre la prise en compte du recyclage chez
Renault.
!
Le rapport réalisé par Philippe Rolland responsable homologation recyclage chez Renault
parait à première vue mettre en valeur l’organisation sans faille de la filière recyclage. Selon
Renault chacune des équipes de conception, de direction, d’échappement de freinage de
climatisation, ou encore de pneu prend en compte l’environnement et le recyclage. C’est pour
cela que selon eux le véhicule est un produit de consommation bien recyclé. «RENAULT s'est
fixé l'objectif de minimiser l'impact de la fin de vie de ses véhicules sur l'environnement. Pour
atteindre cet objectif RENAULT met en place des indicateurs recyclage afin d'améliorer la
recyclabilité des véhicules.» Ce type d’engagement l’a notamment mené à signer un accordcadre qui cherche à réduire les déchets mis en décharge à 15 % du poids de l’automobile en
2002, 5% en 2015.
Une grande avancée pour l’écoconception impulsée par Renault a été la réduction du
nombre de matériaux par l’utilisation massive des plastiques polyoléfines. Choisir une seule
famille de plastique permet en effet de faciliter le recyclage de ce produit (notamment au
broyage). Cette expérience trouve son aboutissement sur le tableau de bord de la Modus en 2004.
Cette planche de bord de Modus créée en 2004 a valu à Renault un prix Entreprise
environnement remis en novembre 2005 par Nelly Olin, ministre de l’écologie et du
développement durable.
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!!!!!!5P!
Conclusion : Les rapports de l’ADEME ainsi que ceux proposés par les constructeurs
comme Renault s’accordent à établir un portrait idéal sur le papier. Même s’ils reconnaissent des
défis à relever. En effet, l’initiative citoyenne, cœur du problème n’est pas considérée.!
!
Ce qu’il faut retenir :
•
Une filière organisée pour le recyclage de l’automobile a été mise en place.
•
Des techniques et des technologies précises sont dédiées à ce recyclage.
!
2. Qui sont les acteurs de la filière ?
a. Le rôle des institutions au niveau national et européen
L’étude de l’organisation de la filière VHU nous amène très rapidement et finalement assez
naturellement vers les textes législatifs français et européens. En effet, on constate dans les textes
européens dès 1975 une première du terme de déchet et une promotion de sa gestion (directive
n°75-442-CEE). Cette directive a été le point de départ pour un encadrement législatif de
l’ensemble des diverses filières des déchets en Europe, avec bien sûr toujours une traduction des
textes européens dans les codes nationaux.
Étudions plus en détail les textes de lois les plus importants qui régissent l’organisation de la
filière de traitement des déchets qui nous intéressent ici : les véhicules hors d’usage. Notre
démarche sera dans cette partie de s’intéresser d’abord au droit européen puis au droit français
car ce dernier est l’application concrète d’objectifs plus abstraits.
Droit européen :
L’Union Européenne a su donner à partir de l’année 2000 une réelle impulsion au niveau
communautaire pour le recyclage de l’automobile, surtout en fixant des objectifs ambitieux de
taux de recyclage et de valorisation (objectif pour 2015 de 85% de taux de recyclage et de 95%
de taux de valorisation), sans pour autant imposer de quelconque méthode pour atteindre ces
objectifs. Cette impulsion vient de la directive que l’on appelle communément la “directive
VHU” (n°2000-53 du Parlement européen), qui se contente de fixer des objectifs pour tous les
pays membres de l’Union Européenne en ce qui concerne le traitement des VHU au travers de
l’exigence de la mise en place d’un système de collecte performant et de l’obligation de
communication de tous les acteurs des filières nationales sur leurs objectifs et leurs résultats,
34!!
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pour justement vérifier la réalisation de l’objectif ambitieux de 95% de valorisation des VHU
d’ici 2015.
Une autre directive fondamentale est arrivée cinq ans plus tard en 2005 et concerne cette fois
directement les producteurs de véhicules, c’est-à-dire les constructeurs sur sol européen et les
importateurs. Cette directive dite « homologation recyclage » (n°2005-64) impose aux
producteurs de pouvoir prouver « par le calcul » que les véhicules mis en vente sont
effectivement recyclables à 85% et valorisables à 95%.
Droit français :
L’application de cette volonté d’organisation d’une filière de traitement des VHU s’est faite
en France au travers de lois venant modifier le Code de l’environnement à partir de l’an 2000. Le
texte essentiel pour la filière française est la section 9 « Véhicules » du chapitre III du titre IV du
livre V du Code de l’environnement qui spécifie un certain nombre de points constituant la filière
française du traitement des VHU ; parmi ceux-ci retenons surtout les suivants :
•
les producteurs ont l’obligation de mettre en place des réseaux de centre VHU agréés qui
doivent accepter gratuitement tout VHU entier, c’est-à-dire dont il ne manque pas de
pièces importantes. Ces réseaux peuvent bien sûr être des réseaux existants de centres
VHU partenaires et non particulièrement appartenant d’une manière ou d’une autre aux
constructeurs.
•
les centres agréés VHU sont l’unique point d’entrée de la filière pour les VHU pour
assurer la meilleure traçabilité possible. Ils ont l’obligation de dépolluer les véhicules et
de démonter certaines pièces en vue d’une réutilisation comme cela a été détaillé
précédemment dans ce rapport, puis ils doivent transmettre à des broyeurs agréés. Ceuxci broient puis séparent les différentes matières pour les recycler. Les données de
désimmatriculation et le dossier de suivi du VHU sont transmis du centre VHU au
broyeur agréé par soucis encore une fois de traçabilité, dans le cas régulier où les deux
sites sont séparés.
•
une instance est chargée de surveiller la filière. S’il y a un déséquilibre à un quelconque
point de la filière, l’État doit intervenir et peut forcer les producteurs à aider
financièrement les réseaux de traitement des VHU.
•
les centres VHU agréés ont des obligations de résultat.
La volonté d’avoir une instance qui surveillerait l’ensemble de la filière a été accomplie par
l’arrêté interministériel du 19 janvier 2005 ayant décidé de la mise en place de l’Observatoire de
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la filière VHU au sein de l’ADEME, chargé de la surveillance et de l’installation de l’ensemble
de la filière. Cela se manifeste au travers de la collecte des déclarations annuelles des acteurs de
la filières, c’est-à-dire des démolisseurs, des broyeurs et des constructeurs, qui sont tous obligés
de remplir des documents précisant le nombre de véhicules pris en charges, leur provenance, et
pour les constructeurs la liste des pièces et une déclaration argumentée de la recyclabilité à 85%
et la valorisabilité à 95% des véhicules sortant d’usine.
Le législateur français a par ailleurs veillé à ce que le non-respect du suivi du circuit de
traitement des VHU soit sévèrement puni par la loi. Ainsi, l’article L. 541-46 (Code de
l’environnement), point 6, sanctionne d'une peine de deux ans d'emprisonnement et de 75 000
euros d'amende le fait de « remettre ou faire remettre des déchets à tout autre que l'exploitant
d'une installation agréée ».
b. Le centre VHU
Au centre de la filière du retraitement des voitures se trouve le centre VHU, unique point
d’entrée pour tout VHU dans le circuit de recyclage (article 543-9 Code de l’E.). Ces centres
doivent recevoir obligatoirement un agrément de la part de leur préfecture, renouvelable tous les
6 ans suite à une vérification de l’installation par un organisme tiers accrédité.!Le centre VHU est
tenu d'afficher de façon visible à l'entrée le numéro de son agrément et sa date de fin de validité
d’après l’article 4 de l’arrêté du 12 mai 2012 concernant les agréments des acteurs de la filière.
Le renouvellement doit être demandé par les titulaires des centres VHU au moins six mois avant
la fin de validité de leur agrément et dispose ensuite de trois mois pour rendre en dossier complet
prouvant le respect du cahier des charges et la capacité technique et financière du centre VHU à
traiter les déchets. De nombreuses conditions sont imposées dans ce cahier des charges, en
concordance avec les normes de protection environnementale ISO 14001 et ISO 9001 et les
normes! d’Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). En supplément,
le centre VHU doit envoyer, comme évoqué dans la partie a), un rapport électronique annuel à
sa préfecture avant le 31 mars de chaque année concernant les informations d’exploitation de
l’année précédente.
Les centres VHU, anciennement démolisseurs, ont l’obligation d’accepter tout véhicule
entier dont il ne manque pas le moteur, les huiles ou de trop nombreuses pièces de carrosserie,
sans faire payer de charge au propriétaire. Une fois reçu, le centre VHU a pour responsabilité de
33!!
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désimmatriculer le véhicule en faisant une déclaration en ligne auprès de la préfecture puis
procéder à proprement parler à la démolition du véhicule (ceci a déjà été expliqué en 1.b).
Le processus que suit ensuite le véhicule hors d’usage dans le centre VHU a déjà été détaillé
dans la section 1 de la première partie. Néanmoins il est important de noter que le CNPA
(Conseil National des Professions de l’Automobile) a instauré en septembre 2011 une nouvelle
version de son référentiel “ Traitement et Valorisation des VHU et de leurs Composants ” pour
l’ensemble de la filière. Cette dernière version fixe l’obligation pour les centres VHU d’assurer
une traçabilité des pièces détachées destinées au réemploi et d’offrir une garantie d’au moins 3
mois à tous leurs clients.
!
c. Les constructeurs
On a vu plus haut que la législation européenne imposait aux producteurs de véhicules de ne
vendre que des véhicules valorisables au moins à 95% et que le droit français exigeait de chacun,
depuis février 2011, qu’ils mettent en place des réseaux de centres VHU agréés en assurant la
traçabilité de leur production. Cette forte responsabilité de chacun des producteurs vient d’une
grande particularité de la filière VHU par rapport à de nombreuses autres filières de recyclage de
déchet : aucun éco-organisme n’a été mis en place en France pour organiser, récolter ou
communiquer sur le traitement des VHU. Rappelons que la plupart des filières de déchets sont
aujourd’hui sous la responsabilité d’éco-organismes, ces sociétés de droit privé investie par
l’État de la mission d’intérêt général de s’occuper de la fin de vie d’objets ou de catégories
d’objets bien précis. En observant un peu les différents éco-organismes français on se rend vite
compte que les seules filières ne disposant rien de tel sont : les bouteilles de gaz, les cartouches
d’encre d’imprimantes, les fluides frigorigènes fluorés et … les automobiles. Au vu tout de
même de l’importance de ces dernières (tant en tonnage, en dangerosité, ou même en importance
économique du secteur en France), on peut interpréter ce choix de l’État de ne pas mettre en
place d’éco-organisme comme une volonté de responsabiliser les producteurs, qui se retrouvent
alors obligés de prendre en compte ce critère de recyclabilité dans l’ensemble de leur business
model.
Et en effet, on constate tout de même que depuis plusieurs années maintenant un progrès
indéniable dans l’intégration du principe d’économie circulaire dans le secteur automobile, grâce
d’abord à la réglementation imposant un fort taux de valorisation (95%) mais aussi grâce au fait
que les constructeurs ont maintenant le contrôle sur les véhicules qu’ils produisent pendant
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!!!!!!36!
l’ensemble de leur durée de vie, jusqu’à la fin et alors la possible réutilisation des matières
premières secondaires venant des broyeurs et des pièces détachées dans leurs réseaux de garages
partenaires.
Finalement ces progrès chez les producteurs viennent donc sans doute d’un intérêt
commun bien compris. On constate d’ailleurs dans les chartes de bonne conduite ou de RSE
(Responsabilité sociale des entreprises) de plusieurs grands constructeurs un engagement en ce
qui concerne le recyclage et l’utilisation de matières recyclées qui va parfois au-delà du
minimum requis par la législation. Un bon exemple est sans doute le cas de Volkswagen France
avec sa Charteco, qui est un programme complet chez le constructeur allemand mis en place
depuis 1997 avec pour objectif la meilleure gestion possible des déchets et de la fin de vie des
véhicules dans l’ensemble du réseau national. C’est au travers ce programme que Volkswagen a
notamment mis en place un extranet (avec le site http://www.autoeco.com/) pour assurer une
traçabilité parfaite des carcasses en fin de vie, les entreprises partenaires se chargeant du
démolissage et du broyage devant y entrer le lieu et la date de collecte ainsi bien sûr que la
quantité de véhicules collectés.
Finalement, on constate que le choix du législateur de confier aux constructeurs euxmêmes la charge du recyclage des VHU peut s’avérer un choix payant. En effet, de la sorte, la
filière se retrouve rapprochée des consommateurs finaux (plutôt qu’avec un éco-organisme situé
« au-dessus » des entreprises concernées par la REP), avec par exemple la possibilité pour les
consommateurs de Volkswagen de donner leur VHU à un distributeur de la marque qui se
chargera alors lui-même de le faire rentrer dans son circuit de centres VHU partenaires. C’est
alors peut-être une possibilité de toucher plus facilement l’automobiliste qui nous intéresse
particulièrement dans notre démarche de recherche.
Ce qu’il faut retenir de cette partie:
•
Les institutions pilotent la mise en place d’une filière VHU fiable et de qualité.
•
Les constructeurs participent activement au succès de cette filière.
•
Les centres VHU – indépendants ou propres aux marques – existent, sont nombreux et
agréés par des institutions sérieuses.
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3. Discussion
a. Rapport de l’ADEME 2010 : une filière qui semble organisée
Si la filière VHU est relativement récente, elle est toutefois déjà bien organisée tant dans son
fonctionnement que dans sa présence en France. Selon le rapport de l’ADEME 2010, les acteurs
agréés étaient au nombre de 1630 avec 1581 centres VHU agréés et 56 broyeurs en 2008.
Depuis, l’effectif augmente d’année en année pour que chaque région française soit pourvue au
mieux. Tout automobiliste et professionnel de l’automobile peut accéder à la liste de ces centres
VHU agréés en se rendant sur le site de la préfecture de son département et connaître alors le
centre de traitement le plus proche de chez lui. Le Ministère du développement durable et de
l’environnement souhaite en effet que d’ici quelques temps, chaque particulier soit à moins de
50km d’un centre agréé. Pour le moment certaines régions sont mieux loties et plus préoccupées
que d’autres par cette thématique. La région Bourgogne par exemple s’intéresse de près à la
filière VHU d’après un article du Journal du Palais n° 4370 consacré à Bourgogne Recyclage.
L’entreprise a investi 2,5 millions d’euros sur son site VHU de Longvic en périphérie de Dijon et
a ainsi permis que 91% de la masse d’un véhicule soit aujourd’hui recyclée sur ce site. Souvent,
et dans toute la France, l’automobiliste n’a pas à faire lui-même les démarches de désimmatriculation de son véhicule à la préfecture car son assurance ou le centre VHU se charge
des formalités administratives. La filière VHU est d’autant plus organisée que le processus de
traitement des véhicules est globalement au point comme démontré dans notre premier
paragraphe, quand bien même des progrès restent à effectuer ou sont en amélioration sur des
matériaux comme les plastiques ou les textiles. Le processus respecte également les
réglementations environnementales françaises et européennes citées précédemment. Le secteur
du traitement des VHU est en fait porté par tous les progrès techniques quant au recyclage des
déchets ménagers et industriels. Par exemple le processus de recyclage des métaux à 100% a
induit que près de 85% d’un VHU est recyclable aujourd’hui au niveau national compte tenu de
l’importante masse métallique d’environ 75% d’une voiture. C’est à une filière complètement
apte à s’occuper des 1,5 à 2 millions de véhicules devenant hors d’usage chaque année en France
que nous avons affaire ici, mais aussi à une filière compétente pour atteindre les 95% du véhicule
qui doivent être recyclés et valorisés d’ici 2015, sous réserve d’un délai peut-être un peu plus
long d’après les prévisions des principaux acteurs du secteur. Le recyclage des VHU est d’autant
plus intéressant que désormais l’activité est rentable. Même si le particulier ne paie pas pour
faire traiter son véhicule par le centre agréé, ce dernier parvient à tirer profit de la revente de
pièces détachées et des matières premières secondaires qu’il produit avec les véhicules.
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D’ailleurs, pour avoir une source privilégiée sur les pièces détachées de leurs voitures, des
constructeurs automobiles ont développé des branches de leur activité consacrée spécialement à
la thématique de fin de vie des véhicules qu’ils fabriquent et ont construit un réseau de sites
agréés, tels que Volkswagen et Renault avec respectivement Charteco et l’Indra. Chaque
constructeur est ensuite tenu de faire contrôler son réseau par les autorités habilitées.
b. Rapport de l’ADEME 2010 : des résultats qui montrent un problème
Bien que le procédé de traitement des VHU soit effectif en centres agréés, c’est plus d’un
véhicule sur trois qui échappe à ces centres d’après l’ADEME en 2011. Les épaves sont cédées à
des sites non-agréés dangereux pour l’environnement, déposées en décharges sauvages ou encore
jetées dans la nature comme beaucoup d’autres déchets ménagers tels les sacs plastique, les
bouteilles ou les papiers en tout genre, alors que l’automobile une fois hors d’usage est sûrement
l’un des déchets les plus complexes et polluant qu’il puisse être. C’est pourquoi les services
publiques français ont très clairement défini les VHU comme déchets dangereux et obligent les
particuliers à vendre ou céder leur véhicule entier à un site agréé, ou dans le cas échéant à un
concessionnaire ou garagiste qui le ferait, sous peine de sanction pénale. Dès lors les résultats
statistiques accusant chaque année environ 700 000 personnes de s’être défait de leur véhicule
par un biais illégal est alarmant. Le fait est que la concurrence déloyale est forte contre les
centres agréés. Il n’existe pas de liste exhaustive du nombre de « chantiers sauvages », comme
les sites non-agréés sont parfois nommés, en France puisque ceux-ci ne sont pas référencés et
sont donc difficiles à repérer. Le rapport de l’ADEME de septembre 2009 évaluait à 40% le taux
des casses et décharges sauvages parmi les centres de démolition du VHU en 2008. Ce dernier
pourcentage explique en partie que seuls un peu plus de 60% des véhicules sont correctement
traités en fin de vie.
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Pourtant les taux s’étaient améliorés avant 2010 car plus de 73% des VHU étaient traités par
des centres agréés. D’après l’ADEME, ces performances étaient avant tout la conséquence de la
prime à la casse comme ce sont les concessionnaires et garagistes qui récupéraient la plupart des
véhicules et que eux sont tenus de les léguer à des centres agréés. Les particuliers donnaient en
fait leur véhicule par intérêt financier pour la prime bien sûr, et aussi par facilité puisqu’ils
n’avaient à s’occuper de rien, sinon laisser sur place leur carte grise en même temps que la
voiture. Il semble que les consommateurs ne perçoivent pas l’aspect écologique crucial qu’il y a
à céder son véhicule hors d’usage à la bonne filière, d’autant plus quand ils n’ont pas l’intérêt
financier direct et la facilité d’action que la prime à la casse leur proposait. C’est sur ce point
qu’il faut se pencher car le comportement des automobilistes face à la fin de vie de leur voiture
permettra à la filière agréée du traitement des véhicules de démolir 100% des voitures mises hors
circuit.
c. L’Argus de l’assurance et le Journal du Palais : une désinformation du côté des
consommateurs
Il se trouve en effet selon la revue n° 818 de L’Argus de l’assurance que le grand public ne
connait en général pas la filière du recyclage automobile malgré toutes les compétences de ce
secteur. L’illustration simple que la revue donne est celle du consommateur lambda cherchant
une pièce automobile de réemploi : il cherche dans les Pages Jaunes à la rubrique casses
automobiles ou cherche sur des sites de vente en ligne par des professionnels ou des particuliers.
Cela signifie qu’il n’est pas acquis pour chaque individu que sa voiture doit être traitée en
centres spéciaux et que ses pièces détachées seront vendues directement par le centre VHU. Le
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Journal du Palais, évoqué plus tôt, note également que sur le site VHU de Longvic, la clientèle
est répartie de façon équivalente entre professionnels et particuliers alors que les particuliers sont
bien plus nombreux à disposer de véhicules. D’autres sites VHU sont même très
majoritairement, voire entièrement, approvisionnés par des professionnels (des assurances
garages, etc.), tel que le site de Saint- Apollinaire, aussi en périphérie de Dijon. Cela note alors
davantage le manque ou l’absence de responsabilité des usagers de la route quant à leur véhicule
dès le moment où ils veulent s’en défaire. Nous nous attachons alors à énoncer les raisons
probables de ce problème et leur proposer une explication dans la suite de notre rapport, en nous
appuyant sur la revue de littérature et sur nos propres enquêtes terrain. Cela nous amène ainsi à
la problématique qui suit.
Problématique : Pourquoi le consommateur est-il le talon d’Achille du
recyclage automobile ?
!
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Partie 2 : Design et hypothèse de recherches
1. Interprétation de la revue de littérature
Avec les résultats de notre revue de la littérature, nous avons montré que le recyclage de
l’automobile manquait d’efficacité, et ce malgré l’implication des gouvernements nationaux et
des grandes instances européennes, ainsi que l’engagement des constructeurs. Les chiffres
parlent d’eux-mêmes : sur les deux millions de voitures arrivant en fin de vie chaque année, 60%
environ sont recyclées dans les normes par des centres VHU agrées. Qu’advient-il alors des près
de 40% restants ? Et pourquoi ces véhicules sortent-ils de la filière VHU?
Nous avons d’abord pensé que cet écart est dû à un comportement inadapté du troisième
acteur concerné par cette filière, c’est à dire le consommateur. Législateurs et entreprises
automobiles ont en effet prouvé leur investissement dans l’enjeu du recyclage automobile, mais
le désintérêt du conducteur peut mettre en danger tous ces projets. Un comportement inadapté de
l’automobiliste peut mener à la déroute de la filière par l’abandon de voiture ou le choix de
casses non-accréditées VHU. Même le désintérêt du consommateur pour les qualités de
recyclabilité des véhicules compliquent le processus. Non seulement les résultats sont décevants,
mais la rentabilité de la filière peut également être remise en question. Nous avons alors
réfléchi aux raisons pour lesquelles l’automobiliste ne s’intéresse pas au recyclage de son
véhicule.
a. Communication et informations au consommateur
i.
Communication
Tout d’abord, en étudiant les sites des constructeurs, nous avons relevé les différentes
formes de communication sur la recyclabilité de leurs voitures. S’ils prennent des mesures pour
l’améliorer, ils ne l’utilisent jamais comme argument de vente. Avez-vous déjà vu une publicité
pour une automobile vous assurant qu’elle est à 95% recyclable? Probablement pas. Certes sa
consommation d’essence est réduite, elle pollue moins, ou dégage moins de CO2, mais on reste
concentré sur l’aspect écologique de la voiture en fonctionnement et non sur l’aspect écologique
de la voiture en elle-même. Un fort contre-argument à ce que nous avançons aurait pu être
l’arrivée du crossover Citroën Cactus présenté au Salon automobile de Francfort en septembre
2013. Pourtant la communication finale sur cette Citroën Cactus est décevante. Le concept-car
de la marque française se veut être une voiture verte avec moitié moins de pièces qu’une voiture
habituelle, et construite à base de matériaux recyclés (laine, verre). Le véhicule présentait au
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!!!!!!3P!
début de notre RECAPSS un grand intérêt, un contre-exemple à l’hypothèse. Pourtant, la
communication finale sur la voiture commercialisée ressemble plus à cela : « Citroën Cactus, un
design pur et fonctionnel, une conception astucieuse et des technologies faciles à vivre ». On voit
donc bien que l’accent n’est absolument pas mis sur la recyclabilité du véhicule. Même la
« conception astucieuse » n’évoque pas la moindre quantité de pièces ou les matériaux recyclés
et ne présente pas son fondement. La promotion indique plutôt « une utilisation de matériaux
authentiques et naturelles, pour une ambiance chic, conviviale et décontractée ». Les
« technologies faciles à vivre » sont quant à elles qualifiées de « facile à utiliser, économiques et
écologiques », et aucun détail sur la fin de vie du véhicule n’est abordé.
Nous concluons vite que le consommateur n’est pas informé sur la fin de vie de son
véhicule. Est-ce parce que les constructeurs savent que le client n’utilise pas ce critère comme
critère d’achat? Quoiqu’il en soit, un cercle vicieux apparaît : désintérêt, donc noncommunication, et donc aucune possibilité de sensibiliser l’automobiliste sur cet aspect.
ii.
Les informations dont dispose le consommateur.
Pour continuer sur le thème de l’information du consommateur, nous nous sommes fait
passer pour des automobilistes lambda cherchant à se débarrasser de leur véhicule. Nous avons
commencé par taper « comment se débarrasser de son véhicule ? » sur le moteur de recherche
Google, et avons étudié les différents résultats. Le premier résultat envoie sur le site de
l’ADEME, et explique très clairement qu’abandonner son véhicule est interdit, et que la
procédure légale à suivre est de déposer son véhicule dans le centre VHU agrée le plus proche.
Nous avons dès lors continué notre recherche en tapant dans Google « centre VHU le plus
proche de chez moi ». Le premier résultat dirige vers le site recyclermavoiture.fr, site officiel du
gouvernement sur le sujet. Il indique que le propriétaire d’un VHU doit se renseigner auprès de
sa préfecture, qui elle, possède la liste des centres VHU agrées de la région. Avant d’appeler la
préfecture, nous avons cherché l’information sur son portail internet. Nous avons regardé toutes
les rubriques, puis inscrit dans l’onglet de recherche « centre VHU », mais, hormis des arrêtés
municipaux, aucune information sur le centre VHU le plus proche de chez nous n’était
disponible. Nous avons donc fini par appeler la préfecture de Lyon (vous trouverez en annexe, la
retranscription de l’appel), dont notre première interlocutrice ne savait visiblement pas de quoi
nous parlions et nous a directement mis en relation avec le 3939, plateforme de toutes les
préfectures de France. Notre seconde interlocutrice nous a conseillé de nous mettre en relation…
avec la préfecture de Lyon ! Face à ce casse-tête, nous avons insisté plus vigoureusement, pour
64!!
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finalement recevoir cette dernière réponse : « Oui...alors tapez dans votre moteur de recherche
démolisseurs agrées 69 (...) vous n’avez pas une proposition développement tiret durable point
gouv? (...) Alors cliquez.” Un fichier PDF plus tard, qui ironie du sort ne fonctionnait pas ce
jour-là, nous avons enfin trouvé le centre VHU le plus proche.
Ceci illustre parfaitement à quel point l’information est compliquée à obtenir. La
communication sur le traitement des VHU étant très minime pour la population, les conducteurs
ne connaissent en fait absolument pas, quand ils l’achètent, ce qu’il convient de faire de leur
véhicule dès qu’il est inutilisable. C’est ce manque d’information du côté des consommateurs
qu’il faut faire évoluer pour que le secteur automobile puisse enfin fonctionner en économie
circulaire ; car à l’heure actuelle tout l’aspect technique est au point, seul le coté
approvisionnement par les particuliers échoue. Le manque d’information n’explique pas
entièrement la raison pour laquelle le consommateur ne prend pas en compte le critère de
recyclabilité dans son achat de véhicule. Cependant, une nouvelle fois, le consommateur n’est
pas encouragé à naturellement prendre la recyclabilité en compte, ou s’il l’est, peut vite être
découragé par la complexité des démarches.
b. L’éducation et la culture du recyclage
Dans un second temps, et grâce à un entretien téléphonique enrichissant avec M. Constantin
Voluntaru, en charge de tout l’aspect environnement dans le groupe Volkswagen France, nous
nous sommes demandés si ce manque d’intérêt ne venait pas tout simplement d’un manque
d’éducation au recyclage des Français. En effet, un propos de notre interlocuteur nous a
beaucoup interpelés : « de toutes les manières, en France, on s’en fout du recyclage. Regardez
l’histoire des… des portiques eco-taxes. En Allemagne ça fait bien longtemps que ça existe ! Les
Français y disent quoi? Ça coûte trop cher. Oui ça coûte un peu d’argent, mais ce n’est pas le
problème. Ils ne parlent même pas de l’objectif premier de ces machines : la préservation de
l’environnement!”.!
Nous en retenons que l’une des causes envisageables à l’ignorance des automobilistes à
propos du traitement des VHU est leur approche du recyclage en général. D’après une enquête
demandée par le fabricant de produits électroniques Dell et orchestrée par l'institut Research
Now en 2009, 50% des Français affirmaient recycler leurs déchets ménagers. Mais lorsqu’on
considère la probabilité que certains ne disent pas forcément la réalité pour ne pas paraître
mauvais consommateurs, il est à craindre que la part des individus recyclant leurs déchets
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ménagers soit bien plus petite. Ensuite, la voiture n’est pas considérée dans l’immédiat comme
un déchet ménager en tant que tel. De ce fait, on peut aisément affirmer que la plupart des
Français ne considèrent pas directement leur voiture comme un objet à recycler une fois hors
d’usage, qu’ils recyclent les autres déchets au quotidien ou non.
c. La particularité du bien
Par ailleurs, un autre aspect nous est ensuite apparu : la voiture est un bien particulier. Son
prix d’abord fait de l’achat d’une voiture un réel investissement pour les ménages. L’automobile
représente à elle-seule 12% du budget des ménages selon l’INSEE.
i.
L’objectif de la revente
La perspective de revente de son automobile via le marché de l’occasion est très
fréquemment considérée par le consommateur. En effet, souvent les acheteurs s’intéressent à la
cote de l’automobile qu’ils achètent sur le marché de l’occasion. Ainsi, on voit bien encore une
fois que la recyclabilité du véhicule ne présente pas d’intérêt pour le consommateur, puisque
dans la majorité des cas, ils comptent la revendre. Ainsi 5 millions de voitures chaque année sont
vendues sur ce second marché par des particuliers ou des professionnels.
ii.
La symbolique de l’automobile.
Enfin, l’automobile est un bien particulier, car elle présente un aspect sociologique fort. La
symbolique de la voiture n’échappe à personne, elle est un réel moyen d’affirmer sa personnalité.
Le sociologue Luc Boltanski dans Les Usages sociaux de l’automobile (1975) parlait de la
voiture comme un moyen de repérage social sur la route. En effet, au même titre que les
vêtements ou l’habitation, les automobiles viennent confirmer un statut social de l’individu.
D’autre part, le sociologue Pervenchon souligne un sentiment presque affectif que
l’automobiliste peut avoir avec sa voiture. D’après lui, “nous sommes indéniablement notre
voiture” dans Du Monde de la voiture au monde social (1999). Ce comportement ne fait
qu’appuyer l’hypothèse que le critère de recyclabilité chez le consommateur est compromis. On
s’attache aujourd’hui toujours plus à l’esthétique et à l’image de notre voiture plutôt qu’à sa
recyclabilité ; sans doute pas assez glamour.
63!!
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2. Ce que nous voulons démontrer.
Les interprétations et les idées ci-dessus sont très clairement le point de départ de notre
RECAPSS. La problématique et les enquêtes terrains semblent naturellement se dessiner face à
toutes ces interrogations. Nous aimerions en effet savoir si nos hypothèses sont réellement la
cause de la non-prise en compte de la recyclabilité du véhicule. En résumé : la communication
est-elle vraiment défaillante et l’éducation au recyclage négligée ? Le fait que la voiture soit un
bien symbolique empêche-t-il le consommateur de réellement se sensibiliser à la fin de vie de
son véhicule? En démontrant cela, le comportement du consommateur sera certainement mieux
compris, et des solutions pourront être proposées pour toujours plus améliorer le recyclage de
l’automobile.
3. Variable à expliquer :
Notre variable à expliquer est :
Pourquoi le consommateur ne prend pas naturellement en compte le critère de
recyclabilité?
4. Variables explicatives proposées :
a. Un manque de communication ?
i.
Rappel de l’hypothèse
La première explication que nous avancerons est le manque d’informations relatives à la
recyclabilité des automobiles. Entre ignorance des possibilités de recyclage et manque de
sensibilisation de la part des constructeurs et des pouvoirs publics, nous montrerons qu’une
meilleure communication sur la fin de vie d’un véhicule pourrait possiblement encourager à la
prise en compte du critère.
ii.
Méthode utilisée
Nous avons réalisé deux sondages sur le site Soorvey que nous avons diffusé à un maximum
de personnes possibles. A l’intégralité de nos familles d’abord, qui regroupent des personnes de
tous les profils, tous les âges et de tous les milieux, mais aussi sur des sites et des pages
Facebook dont les réponses des utilisateurs nous semblaient très intéressantes. Par exemple, nous
avons proposé nos questionnaires à plusieurs forums d’amateurs d’automobile, essayant de voir
si la connaissance de la filière recyclage échappait à ces fervents des bolides. Un autre exemple,
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nous avons reçu les réponses de membres de communautés de camionneurs, de conducteurs de
taxis et d’amateurs de circuits automobiles. Nous cherchons ainsi à montrer à quel point la filière
VHU est méconnue par le consommateur.
b. Une culture française sans réflexe recyclage ?
i.
Rappel de l’hypothèse
La deuxième variable proposée évoquera une éducation encore trop faible au recyclage.
Nous cherchons à montrer que le réflexe de tri n’est pas encore évident pour les Français, et que
même si la situation s’améliore, la voiture n’est pas encore considérée par les ménages comme
un bien recyclable.
ii.
Méthode utilisée
Nous avons une nouvelle fois réalisé un questionnaire sur le site Soorvey pour établir un lien
entre habitude de trier et choix des véhicules : le fait de trier des déchets me sensibilise-t-il au
choix de ma voiture? Mon éducation au recyclage s’étend-t-elle jusqu’à ce bien? Aussi, nous
nous sommes rendus à la sortie de concessions automobiles pour interroger les concessionnaires
sur les motivations des potentiels acheteurs ou acheteurs effectifs. Ces entretiens qualitatifs ont
pour but une nouvelle fois d’établir un lien entre éducation au recyclage et critère d’achat, mais
aussi de mieux cerner les connaissances sur la filière VHU.
c. La particularité de l’objet automobile ?
i.
Rappel de l’hypothèse
La symbolique de l’automobile semble nuire au critère de recyclabilité dans les conditions
d’achat du consommateur. Face à un objet unique et cher, qui permet d’affirmer un statut social
d’une part, mais qui surtout est destiné à la revente, le critère de recyclabilité a-t-il encore sa
place ?
ii.
Méthode utilisée
Des questions présentes dans nos deux sondages nous ont permis de répondre à ces
interrogations, et les entretiens qualitatifs menés dans les concessions offrent des interprétations
et des résultats convaincants.
68!!
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Partie 3 : Enquêtes terrain
!
1. Présentation des supports.
a. Sondages
•
Sondage 1 sur le thème de la connaissance de la filière VHU réalisé avec Soorvey!
•
Sondage 2 cherchant à établir la relation des sondés avec leur véhicule, ainsi que leur
familiarité avec le concept de recyclage réalisé aussi avec Soorvey.!
!
b. Entretiens
La retranscription des entretiens avec Mme Gambu et la conseillère commerciale de chez
Skoda, et Messieurs J. Busso, P. Chapet, R. Plomb et C. Voluntaru se trouve en annexe de ce
rapport.
2. Analyse des résultats
Nous allons exposer dans cette partie tous les apports de nos enquêtes terrains concernant la
tendance du consommateur à ne pas prendre en compte le critère de recyclabilité de sa voiture.
a. Variable explicative numéro 1 : le manque de communication
Nous allons prouver dans cette partie que le consommateur manque d’information concernant
les possibilités de recyclage de l’automobile. Dès lors, considérer cet aspect comme critère
d’achat devient dérisoire.
i.
Questions – Supports étudiés
Sondage 1 :
Sondage 2 :
!
!
• Savez-vous que faire de votre voiture si elle est hors d’usage – Si • Avez-vous déjà
oui, qu’en faire ?
entendu parler des
dispositifs mis en
• Selon-vous le recyclage des matériaux et des pièces de la voiture
place pour recycler
est…
les VHU ?
1. Déjà suffisamment développé
!
2. Bien mais peut mieux faire
3. Insuffisant et facilement améliorable
4. Insuffisant mais difficilement améliorable
5. Inutile
!" Pas d’avis#
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ii.
Interprétations et résultats
Sur les 128 personnes interrogées, 64 déclarent savoir que faire de leur véhicule hors
d’usage (53,3%), contre 56 avouant ignorer le processus. De prime abord, la majorité semble
donc maîtriser le sujet, ce qui ne va pas dans le sens de notre variable explicative du manque
d’information.
Cependant, ces résultats sont démentis par la question suivante, qui demande aux 64
supposés connaisseurs de préciser leur savoir. La question était libre, c’est-à-dire qu’elle
permettait aux utilisateurs d’inscrire absolument ce qu’ils voulaient. Aucune indication n’était
fournie, permettant de cerner au mieux l’information que possède l’automobiliste.
#
•
5 personnes évoquent le centre VHU (soit la réponse attendue)
•
29 personnes évoquent la casse
•
1 personne évoque la décharge
•
9 personnes évoquent la reprise par un concessionnaire
•
7 personnes évoquent la reprise par un garagiste
•
9 personnes évoquent la revente ou la valorisation
•
4 personnes ne répondent finalement pas.#
#
Tout d’abord, 5 personnes ont véritablement conscience de la filière recyclage des
automobiles, soit 3,9% des personnes interrogées. Nous affirmons donc que la filière recyclage
de l’automobile n’est pas assez connue du consommateur français. Dès lors, il est évident que
celui-ci ne peut s’intégrer dans le processus de traitement des VHU. Il n’est même pas conscient
qu’il n’agit pas dans le bon sens, puisqu’il ignore qu’un bon sens existe.
Par ailleurs, 29 personnes évoquent la casse. Cette réponse est ambiguë, puisqu’il existe des
casses agrées VHU et des casses non-agrées. L’utilisation du terme générique va donc dans le
sens encore d’un manque d’information sur le sujet, d’une idée floue sur le futur des véhicules.
Les 16 personnes qui proposent de déposer leur voiture usagée chez des professionnels tels
que le garagiste et le concessionnaire savent-elles qu’ils ne sont qu’intermédiaires de la filière
VHU ?
Pour la deuxième question étudiée, voici les résultats :
•
47 personnes pensent que le recyclage automobile est bien développé mais
pourrait l’être encore mieux.
6W!!
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•
51 personnes pensent que le recyclage automobile est insuffisamment
développé mais facilement améliorable.
•
8 personnes pensent que le recyclage automobile est insuffisamment développé
et difficilement améliorable.
•
11 personnes pensent que le recyclage est déjà suffisamment développé
•
11 personnes n’ont pas d’avis.#
Les résultats de cette étude sont très intéressants. Ils démentent quelques peu nos
prévisions : les consommateurs ont quand même quelques idées sur le recyclage des
automobiles, puis qu’ils le trouvent « bien développé » ou « facilement améliorable ».
Pour appuyer cela, nos entretiens nous ont prouvé que les gens avaient conscience des
possibilités de recyclage des pneus de voiture par exemple. Cependant, l’objet voiture dans son
intégralité n’est toujours pas conceptualisé comme recyclable.
Enfin pour la troisième question étudiée, voici les résultats :
•
69% des interrogés estiment ne pas avoir assez d’informations sur les dispositifs
VHU
•
31 % se sentent correctement informés.#
#
Cette dernière question confirme une dernière fois la variable : le consommateur n’est
pas assez informé sur les possibilités de recyclage de l’automobile. Dès lors, il semble
normal que le consommateur apparaisse comme le chaînon manquant au succès de la
filière VHU : face à son ignorance, les structures et process mis en place ne peuvent se
révéler efficaces.
b. Variable explicative numéro 2 : les Français n’ont pas le réflexe au recyclage en
général
Dans cette partie, nous nous demandons si le reflexe au recyclage des Français est
suffisamment ancré pour s’étendre jusqu’au recyclage des voitures.
i.
Questions – Supports étudiés
Sondage 2 :
Entretiens :
• Parmi ceux qui recyclent leurs déchets,
• Avec M. Constantin Voluntaru
considérez-vous
la
voiture
comme
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recyclable ?
Critères
•
d’achats
des
personnes
considérant recycler leurs déchets (grâce à
un filtre réalisé sur les résultats du
sondage)
!
i.
Interprétations et résultats
Suite à notre entretien avec Constantin Voluntaru, ses remarques à propos des
comportements des Français vis-à-vis du recyclage nous ont interpelés. En effet, il a rapidement
évoqué dans l’entretien les différences entre la culture allemande et la culture française sur le
sujet : « En France, c’est pas l’Allemagne ! De toutes les manières, en France, on s’en fout du
recyclage (..) Regardez l’histoire des...des portiques eco-taxes. En Allemagne ça fait bien
longtemps que ça existe ! Les français disent quoi? Ca coûte trop cher Oui ça coûte un peu
d’argent, mais ce n’est pas le problème finalement. Ils ne parlent même pas de l’objectif premier
de ces machines : la préservation de l’environnement ! ». Par ailleurs, il rappelle que « La
Charteco en France et en Allemagne, c’est pas du tout la même chose ! Les Allemands, ils sont
éduqués au recyclage, concrètement, pas des jolis mots « écoconceptions », « écologie », « c’est
vert », non…les Allemands mettent le papier dans la bonne poubelle, simplement. En France, on
parle mais bon… »
Il nous indique bien que le manque de culture au recyclage nuit au recyclage des
automobiles. Cependant, les résultats de notre sondage s’avèrent tout à fait différents. En effet, à
l’aide du sondage 2 réalisé sur le site Soorvey nous avons cherché à établir un lien entre habitude
de trier et choix des véhicules : le fait de trier mes déchets me sensibilise-t-il au choix de ma
voiture? Mon éducation au recyclage s’étend-t-elle jusqu’à ce bien?
Nous avons demandé aux 112 sondés de nous indiquer s’ils recyclaient leurs ordures
ménagères. Ceux qui répondaient oui devaient par la suite indiquer s’ils considéraient la voiture
comme un bien de consommation recyclable comme un autre.
•
67 individus qui recyclent leurs déchets ne considèrent pas la voiture comme un bien de
consommation recyclable.
Les résultats de cette étude sont très intéressants. Ils confirment la dissociation entre « reflexe
recyclage » et recyclage de la voiture. Car au-delà des lacunes concernant la culture du recyclage
en France, les Français ont du mal à intégrer l’efficacité et même l’existence de la filière VHU.
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Nos sondages nous ont alors montré un paradoxe : alors que les Français sont de plus en plus
attentifs à l’importance du recyclage en général (en effet, nous avons constaté que seulement 2%
des personnes interrogées jugeaient le recyclage des matériaux et des pièces de la voiture
« inutile » alors que 75% pensaient souhaitable qu’il soit amélioré), ce sondage met en évidence
le fait qu’environ 60% ne considèrent pas la voiture comme un « objet à recycler ».
Si ce manque de « réflexe recyclage » semblait être un bon facteur explicatif du manque
d’implication du consommateur dans le recyclage de son véhicule, il serait logique que des
Français peu intéressés par le recyclage en général ne le soient pas plus par le recyclage de leur
voiture. Malgré tout, les études récentes montrent d’importants progrès en matière de recyclage
chez les Français : selon un sondage BVA réalisé en 2012, 90% des Français jugeraient le
recyclage utile, celui-ci étant un « geste citoyen » (pour 53% des sondés), et 66% déclarent trier
« systématiquement » leurs déchets (contre seulement 50% en 2009 selon un sondage Research
Now). Qui plus est, lorsqu’ils sont testés sur leurs pratiques de tri, les répondants avaient en
moyenne 85% de bonnes réponses contre 79% en 2009. Il semble alors nécessaire de dissocier le
réflexe recyclage en net progrès et la conception que sont font les Français du recyclage de la
voiture.
Ainsi il apparaît que le problème ne tient pas tant à ce que les Français ne se soucient
pas du recyclage (ce qui est de moins en moins vrai) mais bien plutôt qu’ils ne considèrent
pas l’objet voiture comme recyclable.
c. Variable explicative numéro 3 : la voiture est un bien trop particulier pour être
envisagée comme recyclable.
Enfin dans cette dernière partie, nous démontrerons que le consommateur perçoit son
véhicule de manière si particulière que cela ne lui permet pas d’envisager recycler sa voiture une
fois qu’elle est hors d’usage.
i.
Questions – Supports étudiés
Sondage 2 :
• Vous considérez votre voiture comme…
1. Un bel objet dont vous pouvez être
fier(e)
2. Le plaisir de conduire
3. Un simple moyen de transport
4. Un objet comme un autre
5. Un objet polluant
Entretiens :
• avec M. Jérémy Busso – Conseiller
commercial chez une concession
SEAT
• avec M. Romaric Plomb – Conseiller
clientèle chez une concession
Volkswagen
• avec une conseillère commercial chez
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•
Considérez-vous votre voiture comme un
objet à recycler ?
1. Oui
2. Non
une concession Skoda
!
ii.
Interprétations et résultats
Notre second sondage est révélateur de la singularité d’un véhicule auprès du
consommateur. Près de 45% des répondants à l’intitulé « vous considérez votre voiture
comme… » voient leur automobile comme un bel objet de fierté ou l’objet du plaisir de conduire
avec respectivement 18% et 27% des répondants. Voici les résultats détaillés à la question :
•
18% voient leur véhicule comme un bel objet dont ils sont fiers,
•
27% estiment leur automobile comme le plaisir de conduire,
•
31% considèrent leur voiture comme un simple moyen de transport,
•
9% la perçoivent comme un objet comme un autre,
•
15% la voient comme un objet polluant.
Ce qui est notable et qui va dans le sens de ce que nous avons annoncé plus tôt, c’est que la
voiture n’est pas considérée comme un objet anodin, à l’exception de moins d’une personne sur
dix qui ne lui donne pas de différence aux autres objets. C’est en cela que la voiture est un bien
particulier. Cela ne serait pas gênant si cela n’empêchait pas de recycler sa voiture, mais la
deuxième question qui nous intéresse dans le sondage montre le contraire.
Les résultats à la question « considérez-vous votre véhicule comme un objet à recycler ? »
sont les suivants :
•
45 personnes sur 112 pensent que oui la voiture est à recycler
•
67 considèrent que non
La large majorité considère donc qu’une voiture n’est pas un objet à recycler. Un constat
tout à fait alarmant et étonnant car rares deviennent les matériaux non recyclables, or un véhicule
est constitué largement de matériaux recyclables. Pourtant avec ces deux questions distinctes,
même si on la soupçonne, la corrélation entre perception du véhicule et recyclage du véhicule
n’est pas établie. Ce sont davantage les entretiens avec des concessionnaires lyonnais (situés en
annexes) qui nous révèlent le lien. !
!
Nos entretiens avec M. Jérémy Busso d’une concession SEAT, M. Romaric Plomb, d’une
concession Volkswagen et une conseillère commercial dans une concession Skoda confirment
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tout à fait le manque d’intérêt des consommateurs pour l’aspect vert d’une voiture et encore plus
pour son recyclage. En effet lorsque nous demandons à nos interlocuteurs si les clients
s’intéressent à l’aspect recyclage de la marque avant l’achat d’un véhicule, les trois nous
répondent que non, bien que parfois, mais cela très rarement, certains clients posent des
questions. M. Jérémy Busso nous dit surtout : « Certaines personnes demandent ce que va
devenir leur voiture quand elles rapportent leur VHU, mais je pense que c’est surtout parce
qu’ils ont de l’affection pour ce bien. Ils espèrent sans doute qu’elle ne sera pas détruite mais «
vivra » le plus longtemps possible, même après qu’ils s’en soient séparés. Ils ne sont pas
sensibles au recyclage du produit en lui-même ». Cela argumente bien le fait que parce qu’on
s’attache à son véhicule en tant que bien particulier, on ne pense pas qu’il puisse être
complétement détruit puis réutiliser pour autre chose, comme on le ferait avec n’importe quel
objet ou être cher à qui l’on tient.
!
3. Synthèse
Ce qu’il faut retenir de cette partie :
•
Le manque de communication prouvé dans nos sondages est un obstacle important à la
considération du recyclage automobile chez le consommateur Recycler les voitures,
c’est rentable.
•
La lacune dans l’habitude de recyclage des consommateurs, également montrée dans
notre enquête terrain, participe à ce que le consommateur freine le recyclage des VHU
en France.
•
Notre second sondage et nos entretiens dans des concessions affirment que la singularité
associée à une voiture par un automobiliste empêche ce dernier d’envisager son
recyclage.
!
!
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Conclusion
!
Nous avons donc réussi à déceler trois obstacles principaux à l’amélioration du recyclage
automobile :
•
Un manque d’informations sur la filière VHU de la part des professionnels et des
consommateurs
•
Un manque d’ouverture sur les objets recyclables : oui, la voiture doit être recyclée
comme tous les autres produits de consommation.
•
La voiture, un bien trop particulier pour être considéré comme un produit
recyclable
Nous avons alors cherché des solutions à ces problèmes qui freinent l’amélioration du
recyclage automobile. Nos propositions sont:
! Il faudrait que les concessionnaires et garagistes (les professionnels) soient formés sur le
recyclage automobile, pour pouvoir répondre aux questions, même rares, de leurs clients,
et pour pouvoir aborder le sujet d’eux-mêmes. Les campagnes de sensibilisation au
recyclage de véhicules ne doivent pas se faire seulement sur internet, puisque celles
existantes n’ont visiblement aucun impact.
Il faudrait impliquer également les
professionnels de l’automobile, car nos sondages et entretiens montrent bien que c’est à
ce niveau-là que l’information est recherchée.
! Il faut maintenir la lutte contre les casses agréées avec une stratégie de tolérance zéro
envers les utilisateurs qui abandonnent leur véhicule, et appliquer les amendes de 75000
euros prévues par le code de l’environnement. Cette dure sanction pourrait prévenir de la
récidive. Par ailleurs, une campagne nationale et locale d’information des citoyens sur le
recyclage, et des consignes de tri permettrait de faire face au fléau des casses sauvages,
lié en grande partie au manque d’information des usagers. !
! Il faudrait également inclure une question sur le recyclage automobile dans le test du
code de la route, pour que le conducteur dispose au moins de connaissances basiques sur
ce sujet et soit conscient que la voiture est un bien recyclable. Une section éco-conduite
existe déjà, donc il serait logique d’inclure également une partie recyclage.
Notre but est que tout le monde entende parler au moins une fois, et clairement du
recyclage automobile, des objectifs du gouvernement et de ce qui est vraiment accompli.
83!!
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Il y a cependant des limites à notre étude et nos propositions :
"
L’impact de l’éducation au recyclage est compliqué à étudier et peut ne pas donner de
résultats dans l’avenir. En effet, l’Allemagne, où l’éducation au recyclage est généralisée
depuis de nombreuse années, a par exemple bloqué pendant près de quinze ans la
directive 2053 qui demande aux constructeurs de mettre en place leur propre réseau de
centres VHU. La variable est donc complexe. Une culture plus ou moins écologique ne
permet peut-être pas d’encourager le recyclage des véhicules.
"
Il y a toujours un manque évident de données sur la filière VHU. Il est très difficile
d’obtenir des chiffres précis, ce qui rend difficile la mise en place de la lutte contre les
casses sauvages et celle contre les mauvaises habitudes des consommateurs.
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!!!!!!86!
Bibliographie et sources!
• Rapports de l’ADEME
o BAUDEMONT Eric, Véhicules hors d’usage, Rapport annuel de la mise en
œuvre des dispositions réglementaires relatives aux véhicules hors d’usage –
2011
o LECOINTRE Eric, Etude économique sur la filière de traitement des véhicules
hors d’usage, Synthèse finale – 2011
o MUGNIER Eric, Document de réflexion pour l’élaboration d’une stratégie de
développement de recyclage en France – Juillet 2008
• Rapports réalisés par les différents constructeurs automobiles.
o ROLLAND Philippe, L’éco-conception et le recyclage du véhicule automobile 2006
Rapport de l’expert homologation recyclage de la marque Renault.
o VOLUNTARU Constantin, Charteco – 1992
Charte établie par le groupe Volkswagen sur la recyclabilité de ses véhicules.
• Rapports réalisés pour différentes institutions
o GÜNTHER Saskia, Eco-conception : panorama des activités de la filière
automobile et contribution de l’équipementier Rieter – DATE
Pour the Environment & Sustainable Resource Development Organization
o Direction des Etudes Economiques et de l’Evaluation Environnementale - Guide
sur la Monétarisation des impacts environnementaux liés au recyclage - DATE
Pour le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie et du Développement
• Articles de presse
o BERTY Robert, Bourgogne recyclage, déjà dans l’économie circulaire, Le
journal du Palais n°4370 – Décembre 2013
• Législation
o CODE DE L’ENVIRONNEMENT - livre V, titre IV, chapitre III, section 9,
"véhicules".
o DIRECTIVE 2000/53/CE du 18/09/2000 relative aux véhicules hors d’usage
o DIRECTIVE 2005/64/CE du 26/10/2005 concernant la réception par type des
véhicules à moteur au regard des possibilités de leur réutilisation, de leur
recyclage et de leur valorisation, et modifiant la directive 70/156/CEE du Conseil.
• Ouvrages
88!!
!)M;C6B32!N!#(*&"FFN)#,!-./!N,6!26;J;BM16!M4<3I3O:B6!N!PQ/RSPQ/T!
o AGGERI, HATCHUEL et LEFEBVRE, La naissance de la voiture recyclable :
interventions de l’état et apprentissages collectifs. – 1995
o BOLTANSKI Luc, Les usages sociaux de l’automobile – 1975
o PERVENCHON Maryse, Du monde de la voiture au monde social : conduire et
se conduire – 1999
• Sites internet
o Institutions :
" http://indra.fr/gestion_distribution_vhu.htlm
" http://journal-officiel.gouv.fr
" http://www.cnpa.fr/?type=organisation&id=11
" http://www.metiersdelauto.com
" http://www.recyclermavoiture.fr
" https://developpement-durable.gouv.fr
" https://legifrance.gouv.fr
" www.ademe.fr
" www.insee.fr
o Constructeurs :
" http://www.renault.com/fr/groupe/developpementdurable/environnement/pages/management-du-cycle-de-vie.aspx
" http://www.renault.fr/renault-entreprises/securite-etenvironnement/environnement/renault-eco2.jsp
" http://www.toyota.fr/inside_toyota/environment/recycling_process/index.t
mex
" http://www.volkswagen.fr/.../think-blue--experience.html
" http://www.volkswagen.fr/fr/marque/environnement1.html
o Magazines spécialisés en ligne :
" BOUGHRIET Rachida, 50% des français affirment recycler leurs
déchets…Actu-Environnement - 25 mai 2009
http://www.actuenvironnement.com/ae/news/sondage_dell_recyclage_menagers_electroni
ques_banni_exportations_7438.php4
"
GIFFARD Dorothée, Démolisseurs automobiles, un service public de
l’environnement, Revue 818 de l’Argus de l’assurance, Mai 2010
http://www.argusdelassurance.com/jurisprudences/dossierja/demolisseurs-d-automobiles-un-service-public-de-lenvironnement.43834
"
LE GOFF-BERNIS Eloïse, L’approbation des centres VHU, 24-05-13
http://www.largus.fr/actualite-automobile/le-gouvernement-approuve-sespremiers-centres-vhu-2805369.html
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Annexes
! Entretiens
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Expliquez-moi tout le processus de recyclage d’une voiture dans le cadre de l’économie
circulaire, à partir de moment où qui vous l’apporte jusqu’à la suite de la voiture, avec par
exemple les pneus qui font des aires de jeux pour les enfants.
Donc moi je peux vous parler d’Acyclea, euh… en fait c’est assez représentatif de ce qui se fait
aujourd’hui dans le traitement d’un VHU. C’est pas forcément de ce qui va se faire dans le futur
parce que il y a pas mal d’évolutions, notamment au niveau du constructeur.
Aujourd’hui nous on travaille essentiellement avec des voitures accidentées : soit des voitures en
fin de vie, soit des voitures accidentées qui nous sont cédées par les assurances. Donc en fait
elles rentrent sur le site, sont dépolluées, c’est à dire qu’on enlève les liquides, la batterie, les
pneus, euh… toutes sortes de liquides en fait, liquide de boîte de vitesse, l’huile, l’essence,
liquide de refroidissement, euh…ensuite euh… la voiture passe en déconstruction, donc là dans
l’économie circulaire y les pièces de réemploi. On vend des pièces détachées.
Et puis une fois qu’on a récupérer tout ce qu’on souhaite sur la voiture, on… on la passe au
broyeur. C’est la machine qui est derrière. Vous avez pu la voir. En fait cette machine elle
sépare, elle broie finement et elle sépare les différentes matières. Donc les aciers retournent dans
les aciéries, l’aluminium dans les fonderies, euh… on retire aussi les induits moteur électrique
qui eux sont traités et ensuite font du cuivre. Parce que dans l’induit y a à la fois de l’acier et du
cuivre, dans un moteur électrique y a une partie cuivre. Moi je sais pas la séparer sur le site, par
contre y a des gens qui les rachètent, et qui les retraitent pour faire des nouvelles matières.
Les plastiques aujourd’hui euh… je dirai que… que ça démarre euh… le retraitement des
plastiques y a de plus en plus de plastiques qui sont recyclés et réutilisés pour faire d’autres
matières, les polypropylènes, les polyéthylènes, euh… les grosse pièces plastiques par contre y a
tout un travail à faire… un travail de conception à refaire en amont pour qu’on puisse réutiliser
les matières dans les… en transformation. Ce qui est pas le cas aujourd’hui, y a une bonne partie
qui euh… de la voiture une bonne partie euh… 16-17% qui partent en enfouissement.
En enfouissement, c’est-à-dire ?
C’est-à-dire dans des… des centres d’enfouissement, en déchets. Donc voilà ce que… Alors les
batteries sont retraitées, les pneus sont effectivement alors on vend…on vend…les pneus nous
sont repris à valeur zéro, c’est-à-dire qu’on vient nous les chercher. Y a très peu de temps on
payait pour les faire enlever.
Des particuliers ou…?
Non non non non non, c’est des sociétés qui sont euh…qui savent retraiter les pneus et… qui
utilisent, oui comme vous disiez pour les aires de jeu, pour les stades, pour faire les routes, y a
toutes sortes d’applications, voire mêmes pour refaire des pneus je crois… C’est peut-être pas
lancé mais y a des choses qui vont se refaire, qui vont se faire dans ce sens-là. Nous en fait on
retire les pneus qui sont mis dans des bennes en attendant qu’il y en ait suffisamment pour qui
soit enlevés, enlevés gratuitement. Donc voilà c’est une société qui s’appelle alpha recyclage.
Et quand vous dépolluez les liquides, après vous en faites quoi ?
8W!!
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Alors les huiles sont retirées dans des cuves euh… des cuves aériennes, et quand on a
suffisamment de produit on fait venir une société qui nous l’enlève et qui les envoie en
retraitement.
D’accord, donc ils sont réinsérer dans le circuit ou pour faire autre chose complétement ?
Je sais pas. Je sais pas ce qu’ils en font exactement. Elles sont sans doutes réinsérées pour
certaines huiles, mais j’imagine qu’il y en a qui sont souillées, on peut pas… on peut pas les
réinsérer. Mais bon…les filières d’élimination existent pas forcément donc euh… quelque part
elles se créent au fur et à mesure qu’on a des…des…que…comment…que l’Europe impose des
taux de recyclage. Pour atteindre les taux de recyclage par exemple il va falloir qu’on recycle le
verre dans les voitures, pour l’instant…y a pas vraiment de filière de recyclage. Dans tous les cas
pas comme pour les pneus, pas comme pour les huiles euh… faut qu’on trouve par nous-mêmes
une filière pour créer. Le moteur encore une fois c’est un taux de valorisation à atteindre.
D’accord. Avec mes camarade on était aussi en recherche de casses sauvages, vous n’auriez
pas des informations ?
[Passage coupé pour raison de confidentialité]
Les préfectures n’ont pas forcément de poids sur eux, parce qu’ils ont pas justement de cahier
des charges à respecter, ils ont pas d’audit, d’installations agréées. Tous les ans y a un audit, il
doit renouveler son agrément tous les 5 ou 6ans. Là on était en renouvellement d’agrément, ça a
un coût, c’est complexe. Toutes ces contraintes-là, les casses sauvages ne les ont pas. Elles
existent encore malheureusement. Moi je suis depuis trois ans dans ce métier-là, avant j’étais en
industrie en production, je découvre des choses en fait complètement. Y a trois ans quand je
commençais et ben les pneus était pas pris, c’était difficile, maintenant ça y est, y a des filières
de traitement. Ça bouge. Voire même ils parlent même de les racheter, aujourd’hui ils sont repris
gratuitement, avant fallait payer, maintenant ils parlent même de les racheter. Les plastiques
c’est la même chose. Ça évolue.
Le site ici est ouvert depuis quand ?
Il a 4 ans. Il est récent ouais ouais.
Y en avait pas avant ?
Si y en avait un euh… qui était sur Messigny-et-Vantoux. Il fallait…le mettre aux normes et
c’était compliqué donc euh… l’ancien propriétaire a préféré réinstaller et réinvestir dans des
locaux neufs qui sont complétement aux normes. Avec un point euh… particulier, c’est qu’on est
centre VHU mais on est… comment…agréé broyeur aussi. Ce qui veut dire que les voitures qui
rentrent chez nous passent aux broyeurs directement, elles sont pas renvoyées… On est un des
seul a être à la fois agréé VHU et agréé broyeur.
C’est plus pratique.
Ouais. Ouais. C’est mieux. Puis c’est mieux pour… je veux dire la pollution. Pour une ville
comme Dijon, 200 000 habitants, y a certainement… puis la région, y a beaucoup de voitures qui
sont en fin de vie qui devraient venir directement là puisqu’elles sont du même coup traitées
correctement elles ne sont pas re-transportées dans du… y a pas de pollution. Ça n’engendre pas
de pollution.
Et vous m’avez dit 1000 voitures par an à peu près ?
Ça c’est sur le centre, 1500, sur le site VHU. Pour le broyeur c’est plus 18 ou 19 000.
[…]
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Chez Volkswagen ils numérotent leurs voitures pour pouvoir les suivre en fin de vie, vous
avez déjà été confronté à ce cas-là ?
Oui on travaille peu avec Volkswagen, mais Volkswagen comme Renault, ils ont tous leurs
euh… tous les constructeurs se sont impliqués dernièrement dans la fin de vie d’une voiture
parce que tout simplement la loi euh… dit qu’ils en sont responsables.
Donc c’est eux qui sont responsables ?
Oui. Oui tout à fait. Mais euh… oui y a ça et pour Volkswagen. Ils travaillent tous là-dessus en
fait.
Et vous, vous devez leur dire que leurs voitures sont ici ?
Aujourd’hui non, mais c’est des réseaux. On fait partie d’un réseau. Y a des associations qui se
créent justement pour aller dans le sens du constructeur aussi. On est en relation avec des
constructeurs. Le CNPA, Automobile Bourgogne, y a de nombreuses personnes qui travaillent
là-dessus.
[…] Il cherche dans des papiers
Ils numérotent les voitures c’est pour la traçabilité. Savoir ce que la voiture est devenue et puis
chaque voiture aura un numéro, donc les pièces de la voitures seront repérées. On pourra savoir
si elles ont été revendue ou… ou détruites.
[…] Il cherche dans son ordi et donne les références de Charteco (Volkswagen) et Indra
(Renault)
Il y a tout un travail pour concevoir de manière écologique.
Acyclea on fait partie d’un réseau. Le réseau Praxy en fait c’est une association de… d’une
vingtaine de grosses plateformes de récupération, qui sont bien implantée au niveau de leur
région, par exemple Bourgogne Recyclage vous connaissez c’est même à Nuits-Saint-Georges.
Toutes ces plateformes de récupération sont associées pour pouvoir répondre à des appels d’offre
nationale et puis ont acheté des outils comme Praxy Centre et dernièrement Acyclea. Donc
aujourd’hui on fait partie d’un réseau euh… tout simplement parce qu’on a un broyeur en fait.
Ça a été fait en plusieurs fois parce que Praxy a racheté et construit un mur anti-bruit. Il a été mis
aux normes.
Tous les aciers sont vendus en fait à des aciéries comme Mittal la plus connue, et ensuite ils en
refont des produits assez spéciaux, des fers à béton, toutes sortes de choses.
Donc en fait c’est vraiment circulaire.
Ah oui oui. Ça c’est pas connu, mais ça fonctionne bien. Ça fonctionne très bien sur les métaux
euh… mais les métaux… la part du poids des métaux chute. Donc du coup y a d’autres…
d’autres produits à traiter, à apprendre à traiter. Personne le sait, mais tous les métaux sont
réutilisés… reviennent dans le circuit. D’ailleurs euh… le recyclage c’est euh… le premier
fournisseur de matière première. Il faut qu’on voit les taux.
Et l’objectif pour 2015 (95%), là vous en êtes à combien ?
Oui oui on y est presque. On est à 85-86%. Y a encore quelques efforts à faire.
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8M!!
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"/O+%1//"?"/<'[Q\'
Noémy : Bonjour Monsieur, Noémy Tur à l’appareil, je me permets de vous appeler, je suis la
fille d’Henry-Michel…
C.V : Oui, oui j’ai eu votre père en ligne, un projet d’école c’est ça ?
Noémy : Absolument, je suis étudiante à l’EM Lyon, et je mène actuellement un projet de
recherche sur le thème du recyclage automobile.
C.V : C’est ça oui, votre père m’a dit. Alors, comment dois-je vous aider ?
Noémy : Merci beaucoup déjà pour le temps que vous nous accordez. Donc, euh, voilà, je ne sais
pas vraiment par où commencer (rires). Ok, bien…Parlez-moi pour commencer de la Charteco.
C.V : La charteco haaa ! 20 ans de travail, de recherches…20 ans de négociations,
d’applications ! En France, c’est pas l’Allemagne ! De toutes les manières, en France, on s’en
fout du recyclage. C’était compliqué à mettre en place cette Charteco.
Regardez l’histoire des...des portiques écotaxes. En Allemagne ça fait bien longtemps que ça
existe ! Les français disent quoi? Ça coûte trop cher. Oui ça coûte un peu d’argent, mais ce n’est
pas le problème finalement. Ils ne parlent même pas de l’objectif premier d’ces machines : la
préservation de l’environnement !
C’est ça qu’il faut bien comprendre…il y a beaucoup d’enjeux derrière cette charte. En fait, c’est
simple, la Charteco, c’est une obligation de l’Europe, tu sais ça ?
Noémy : Oui oui
C.V : Bon, et bien Volkswagen a appliqué une obligation écologique à sa structure. Le problème
c’est la répercussion obligatoire sur le coût des produits : ça coûte cher de recycler une voiture.
Et le français n’est pas vraiment prêt à payer ça.
Noémy : Oui, voilà une autre question : est-ce que le recyclage automobile, c’est un outil
marketing pour vous ?
C.V : Oui et non…pas vraiment au fond. Parce que ce recyclage, je te dis, il faut le payer. Pas
certain que le consommateur aime vraiment ça.
Noémy : Oui, par exemple vous préférez vendre vos technologies Think Blue, le fait de pas trop
polluer plutôt que votre Charte ?
C.V : Ouais, mais moi je suis fier de Charteco tu sais. C’est toute une vie de travail. C’est pour
ça que c’est compliqué comme ça de t’expliquer. Il y a des dimensions politiques, économiques
et surtout culturelles. La charteco en France et en Allemagne, c’est pas du tout la même chose !
Les allemands, ils sont éduqués au recyclage, concrètement, pas des jolis mots
« écoconceptions », « écologie », « c’est vert », non…les allemands mettent le papier dans la
bonne poubelle, simplement. En France, on parle mais bon…tu vois. Ça rentre dans ton
sujet ça ?
Noémy : euh, oui, c’est un aspect oui…parlez-moi aussi de vos centres VHU ?
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!!!!!!8P!
C.V : Ah, on dit centre de démolition. On a tout un réseau agrée VHU dans lequel on envoie nos
voitures en fin de vie, ça permet de gérer plus facilement le recyclage des voitures, on forme les
centres, et on a autoeco (ndlr : www.autoeco.com), tu connais ça ?
Noémy : oui
C.V : voilà, donc on recense nos centres là, c’est plus simple tu comprends. Mais c’est un des
aspects de Charteco…y’a aussi un enjeu de communication, et aussi de construction
préalable…c’est compliqué.
Noémy : Je vois je vois…
C.V : Il faudrait que tu reprennes tes questions, on divague. Je veux t’aider mais reprends tes
questions et mets de l’ordre dans ta logique. Que veux-tu savoir d’autre?
Noémy : Les réponses sont déjà très intéressantes, je vais revoir tout ça et revenir vers vous.
C.V : D’accord, tu n’hésites pas hein…tu m’envoies un sms, on planifie un rendez-vous
téléphonique d’accord ?
Noémy : Oui Monsieur, merci beaucoup. Vraiment…
C.V : Pas de problème, tu reviens avec tes questions précises, et je te réponds d’accord ? Précise
l’objet de ta recherche.
Noémy : Très bien Monsieur, je vous recontacterai. Merci pour tout. Au revoir
C.V : Au revoir.
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Vous avez un équivalent dans chaque région ?
Bourgogne, pas d’équivalent.
Vous savez le nombre approximatif de casse/décharge sauvage en France ?
Il n’y a pas de réel recensement. Près d’une dizaine a été référencée il y a 3 ans mais la liste n’est
pas exhaustive. Par définition ces casses sauvages veulent garder leur anonymat et évitent tout
référencement.
Federec, FÉDÉration de la RECupération du RECyclage et de la Valorisation peut mieux vous
renseigner (* nous avons essayé sans succès de contacter cette organisation)
Il y a 3 ans a eu lieu un procès contre les casses sauvages, des progrès depuis ?
Certaines continuent d’exister et sont en activité, a priori et certaines ont cessé leur activité. On
espère un bilan positif mais on n’a aucune certitude. L’objectif de ce procès était surtout de
pointer le problème, de le montrer au pouvoir public. Trois de ces casses ont réagi et sont
aujourd’hui en conformité. Elles demandent actuellement une autorisation ICPE (Installations
Classées pour la Protection de l’Environnement) de la Chambre de Commerce et Industrie.
Comment ces casses arrivent à perdurer financièrement ? Qui apporte les VHU ?
Les clients sont variés, des particuliers comme des professionnels. Filière déchet certain
travaillent correctement et d’autre de façon moins classique en acceptant tout et n’importe quoi.
Ils n’imposent pas un suivi (photocopie carte d’identité…) pour cacher une partie de leur
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activité. Les collecteurs de métaux travaillent parfois avec des grands groupes qui ont pourtant
des procédures référencement. Les devis sont moins chers …
Ces gens savent-ils que c’est illégal ?
Oui, mais ils le font parce que c’est moins cher ou parce qu’ils n’ont pas fait l’effort de
demander les références de la casse. La procédure légale est contournée, pour raison financière et
par facilité. Et il n’y a pas que des petits apports, des professionnels le font aussi. Il y a des
malversations encore une fois, du blanchiment de vol de métaux. Cette fraude peut aussi être liée
au vol, au recèle de véhicules.
Judiciairement, la casse risque-t-elle quelque chose ? Et l’automobiliste qui y met son VHU
?
Aucun n’a de problème car ces casses ne sont pas contrôlé car non référencées. L’Etat ne veut
pas contrôler car ces décharges ne sont pas référencées. Les inspecteurs ne se déplacent que s’il y
a plainte.
Dans un sondage proposé sur internet, 1 personne sur 2 ne sait pas quoi faire de sa voiture
lorsqu’elle est VHU. Pourquoi selon vous?
La Filière VHU est encore récente donc peu connue, à la différence du recyclage du verre (tri
depuis 70s’) par exemple. Il faut du temps pour qu’elle se mette en place, qu’elle fonctionne et
que les opérateurs s’installent sur cette activité. Il faut aussi informer les consommateurs. On ne
sait pas où trouver l’info vraiment. C’est aux professionnels de l’automobile de dispenser ce
message. Il y a une nouvelle filière recyclage pour le mobilier, et les gens ne sont pas plus au
courant. Pour les sensibiliser il faut des années et beaucoup campagnes de communication.
Premièrement il faut de la connaissance, deuxièmement, il faut des actes. Il est difficile de faire
de la communication grand public à ce niveau, parce que les automobilistes ne déclarent avoir un
VHU que tous les dix ans environ, voire plus. Le secteur est trop récent, et peu structuré.
Le recyclage des déchets est une chaine complète, si un maillon ne marche pas c’est l’ensemble
qui ne marche pas.
Avez-vous quelque chose à rajouter ?
• Par rapport au vol de voitures, on est sûr que ça part dans les bons circuits.
• Normalement la REP (responsabilité élargi du producteur), est obligatoire pour toute
casse.
• Il y a encore beaucoup à faire auprès des professionnels.
• Il y a un véritable Lobbying pour que les choses ne changent pas, et les politiques n’ont
pas forcément envie de s’en occuper.
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Présentez-vous des modèles de voitures particulièrement conçus pour faciliter leur
recyclage en fin de vie dans votre concession ?
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Non, tous nos modèles sont à peu près pareils de ce côté-là. Aucun de nos modèles
spécifiquement n’est pensé avec un souci particulier quant à sa fin de vie. Mais l’aspect
environnemental est important pour nous. Par exemple, la peinture de nos voitures est
maintenant une peinture à l’eau pour éviter des solvants dangereux pour l’environnement et pour
l’homme. Notre préoccupation écologique se voit surtout dans certaines de nos usines où on
essaie de produire les véhicules en polluant le moins possible. Je n’ai pas beaucoup de
connaissances sur ce sujet, mais je sais qu’au moins deux fonctionnent à l’énergie solaire, en
Allemagne et en Espagne, et une de nos usines Audi utilise la chaleur de ses fours pour chauffer
les lieux.
Vos clients s’intéressent-ils souvent à l’aspect recyclage d’un véhicule quand ils viennent
vous demander conseil pour l’achat d’une voiture ?
Non, je n’ai jamais reçu de client qui s’intéresse à l’aspect vert de nos différents modèles. Les
clients en général ont trois préoccupations principales quand ils veulent acheter une voiture : le
prix, la consommation et le coût d’entretien du véhicule. Ils ne sont pas pointilleux sur son écoresponsabilité.
Si un client vous posait des questions sur la filière VHU, seriez-vous capable de lui
répondre ?
Pas vraiment, ce n’est pas du tout mon domaine. Nous ne sommes pas formés sur ce sujet, et le
groupe nous communique peu d’informations sur ce point. De plus, la stratégie de la marque
vient de changer, puisque Volkswagen ne pratique plus la « prime à la casse » depuis le 1er
janvier 2014. Cette prime à la casse avait commencé en janvier 2011, et permettait au client de
rapporter son VHU au constructeur. Pour toute reprise, le client bénéficiait alors d’une aide de
1100 euros hors taxe. Mais, même si cette aide permettait de rapporter des clients à la marque, le
groupe a dû décider que cela lui coûtait trop cher. Aujourd’hui, les concessions Volkswagen ne
sont plus habilitées à démanteler les véhicules trop vieux (plus de 10 ans), pour être revendus
d’occasion à des garages ou à des marchands de voitures. Comme c’est un changement très
récent, nous n’avons pas encore de précisions sur la nouvelle stratégie du groupe.
En fait, le client est perdu parce que nous sommes nous-mêmes perdus
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0X(c (Notons que SEAT est affiliée au groupe Volkswagen)
Présentez-vous des modèles de voitures particulièrement conçus pour faciliter leur
recyclage en fin de vie dans votre concession ?
Tous nos modèles sont fabriqués avec un souci écologique. Une partie du site de la marque est
même dédiée à ce thème et détaille les décisions de la marque pour limiter leur impact sur
l’environnement, notamment l’utilisation de peintures sans solvants pour les voitures, et la mise
en place de la Charteco pour les véhicules en fin de vie. Contrairement à Volkswagen, nous
pratiquons encore la « prime à la casse », et prenons en charge tous les VHU, même ceux de plus
de 10 ans. Un client peut donc venir nous voir dans le cadre d’une reprise.
Est-ce que la reprise d’un VHU est facturée à la concession ?
I3!!
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(Après confirmation par téléphone) Non, cela ne nous coûte rien de reprendre un véhicule, même
pour le démanteler. Le groupe ne nous facture pas.
Les clients qui viennent vous voir pour acheter un véhicule sont-ils sensibles à l’aspect
recyclage de la marque ?
Non, pas du tout. Je n’ai jamais eu aucune question à ce sujet. Les questions d’ordre
environnemental concernent surtout les émissions de CO2 ou la consommation. Certaines
personnes demandent ce que va devenir leur voiture quand elles rapportent leur VHU, mais je
pense que c’est surtout parce qu’ils ont de l’affection pour ce bien. Ils espèrent sans doute qu’elle
ne sera pas détruite mais « vivra » le plus longtemps possible, même après qu’ils s’en soient
séparés. Ils ne sont pas sensibles au recyclage du produit en lui-même. Mais il est possible
ceux qui posent ces questions-là soient plus nombreux dans les concessions Renault qui
proposent la Zoé ou les concessions Toyota qui proposent une gamme hybride.
Seriez-vous capable de parler de la filière recyclage si on vous le demandait ?
J’ai une connaissance assez globale du sujet, mais je peux facilement aller chercher l’information
sur le site de la marque ou en contactant des spécialistes du groupe. Nous ne sommes pas formés,
mais de toute façon, ce genre de questions n’est jamais posé. Le consommateur est perdu, ou ne
veut pas être informé. Il veut acheter un produit en pensant à son utilisation et non pas à son
impact sur l’environnement.
Carte de visite de M. Busso
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Présentez-vous des modèles de voitures particulièrement conçus pour faciliter leur
recyclage en fin de vie dans votre concession ?
Pas vraiment. Le recyclage automobile n’est pas un argument de vente. Sur le thème de l’écoresponsabilité, nous avons surtout des modèles qui polluent moins.
Les clients qui viennent vous voir pour acheter un véhicule sont-ils sensibles à l’aspect
recyclage de la marque ?
Quelques-uns posent des questions à ce sujet, mais c’est très rare.
Si un client a besoin d’informations sur le devenir de son VHU, pouvez-vous le renseigner ?
Etes-vous qualifié pour lui répondre ?
Je ne connais que peu de choses à ce sujet. Je sais que toutes les voitures en fin de vie qui sont
rapportées, quel que soit leur marque, intègrent une même filière. Nous avons une responsabilité
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!!!!!!I6!
de reprendre le véhicule, mais nous n’en recevons pas beaucoup, à peu près une vingtaine par an,
ce qui peut expliquer que nous n’ayons que peu d’informations à donner.
Tampon de la concession
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Bonjour Madame, je possède un véhicule qui est aujourd’hui vraiment vieux, je
souhaiterais m’en débarrasser. J’ai vu sur internet qu’il fallait le déposer dans un centre
VHU, mais est-ce qu’une casse c’est pareil ? Je suis un peu perdue.
$
Bonjour, oui c’est la même chose, il faut juste avoir l’accréditation.
$
C’est-à-dire ? Vous êtes VHU vous ?
$
Oui oui, nous sommes un centre VHU
$
Comment je peux savoir si une casse est considérée centre VHU
$
Sur le site de la préfecture y’a les casses aux normes.
$
Ah très bien, parfait. Merci beaucoup alors.
$
Au revoir.
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$
(Préfecture de Lyon) Préfecture de Lyon
$
(Noémy) Bonjour madame, je ne trouve pas la liste des centres VHU lyonnais sur votre
site…pouvez-vous me donner cette liste ?
$
Des quoi ? VHU ? Attendez je vous passe le service…
(Coupure, redirection de l’appel vers le 3939, numéro national des préfectures)
$
(Nouvelle interlocutrice) Allo ?
$
(Noémy) Bonjour madame, je cherche la liste des centres VHU de la région lyonnaise
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$
Euh…il faut appeler directement la préfecture de Lyon
$
Je viens de les appeler, et ils viennent de me rediriger vers votre serveur !
$
Ah… vous voulez quoi ?
$
La liste des centres VHU, véhicule hors d’usage, les casses agréées…
$
Les démolisseurs agréés ? y’a rien sur le site de la préfecture ?
$
Non je n’ai rien trouvé.
$
Ah… Attendez je cherche. Veuillez patienter. Quel est le numéro de votre département.
$
69
$
d’accord.
(Attente)
$
(NI) Allo ? oui alors, tapez dans votre moteur de recherche démolisseurs agrées 69
$
(Noémy) Je vois des sites, mais non officiels…je voudrais quelque chose de fiables
$
Oui, euh…vous n’avez pas une proposition développement tiret durable point gouv ?
$
Si ?
$
Alors parfait cliquez
$
Hum hum….d’accord je vois très bien. Merci
$
De rien madame, merci et bonne journée.
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! Sondages
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1) Vous êtes …
Agriculteur exploitant
Artisan, commerçant, chef d'entreprise
Cadre ou profession intellectuelle supérieure
Profession intermédiaire
Employé
Ouvrier
Retraité
Sans activité professionnelle
1) Avez-vous une voiture ?
Oui
Non
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!!!!!!II!
2) Avez-vous déjà eu des voitures auparavant ?
Oui
Non
3) Quel âge avez-vous ?
19-29
30-44
45-59
70-74
75-89
90 ans et plus
4) Est-ce une voiture neuve ou d’occasion ?
Neuve
D’occasion
5) Comptez-vous utiliser votre voiture jusqu’à ce qu’elle soit hors d’usage ou comptez-vous la
revendre en occasion ?
Jusqu’à ce qu’elle soit hors d’usage
Revendre d’occasion
Ne sais pas
6) Savez-vous quoi faire de votre voiture si elle est HU ?
Oui
Non
7) Si oui, qu’en faire alors ?
……………………………………………………………………………………………………
………………………………………
8) À qui vous adresseriez-vous pour obtenir plus de renseignements concernant la fin de vie de
votre voiture ?
……………………………………………………………………………………………………
………………………………………
9) Est-ce que le recyclage des matériaux et des pièces de la voiture est quelque chose qui vous
paraît :
Déjà bien assez développé
Bien mais peut mieux faire
Insuffisant et facilement améliorable
Insuffisant mais difficilement améliorable
Inutile
Pas d’avis
Description de l’échantillon :
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Questionnaire sur le recyclage de la voiture (sondage 2)
1) Vous êtes …
! Agriculteur exploitant
! Artisan, commerçant, chef d'entreprise
! Cadre ou profession intellectuelle supérieure
! Profession intermédiaire
! Employé
! Ouvrier
! Retraité
! Sans activité professionnelle
2) Quel âge avez-vous ?
! 19-29
! 30-44
! 45-59
! 70-74
! 75-89
! 90 ans et plus
3) Avez-vous une voiture actuellement ?
! Oui
! Non
4) Classez dans l’ordre (de 1 à 5) les critères qui ont décidés à l'achat de votre véhicule actuel :
• Prix
• Marque / Esthétique du modèle / Motorisation
• Côté pratique
• Consommation
• Recyclabilité
5) À la fin de la durée d'utilisation de votre véhicule, comptez-vous…
Le revendre d'occasion
Récupérer de l'argent par vente de pièces détachées
La remettre à un démolisseur
6) Vous considérez votre voiture comme… *
Un bel objet dont vous pouvez être fier(e)
Le plaisir de conduire
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!)M;C6B32!N!#(*&"FFN)#,!-./!N,6!26;J;BM16!M4<3I3O:B6!N!PQ/RSPQ/T!
Un simple moyen de transport
Un objet comme un autre
Un objet polluant
7) Considérez-vous votre véhicule comme un objet à recycler ? *
Oui
Non
Attardons-nous un peu sur le recyclage en lui-même :
8) Pour ce qui est du tri des déchets ménagers, vous considérez que…
Vous êtes un excellent trieur
Vous triez plutôt bien
Vous triez quand vous y pensez
Vous ne triez pas du tout
9) Vous triez…
Par intérêt pour l'environnement
Par habitude
Parce qu'on vous demande de le faire
Je ne trie pas
10) Avez-vous déjà entendu parler des dispositifs mis en place pour le recyclage des véhicules
hors d'usage ?
Oui
Non
Description de l’échantillon :
)M;C6B32!N!#(*&"FFN)#,!-./!N,6!26;J;BM16!M4<3I3O:B6!N!PQ/RSPQ/T!!!!!!!!!!!!!!
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