Exposé n°1

Transcription

Exposé n°1
Philosopher pour
s’ouvrir au monde
Cycle 2012 - 2013
2
Programme du cycle 2012 – 2013
15 octobre 2012 :
Faut-il respecter les lois ?
12 novembre 2012 :
Les présocratiques, penseurs du Tout
10 décembre 2012 :
Le bonheur, un but ou une recherche ?
14 janvier 2013 :
Quelles sont les connaissances indispensables ?
18 février 2013 :
La violence est-elle le propre de l’homme ?
18 mars 2013 :
Que faut-il rechercher, la vérité ou le savoir ?
15 avril 2013 :
Spinoza, le penseur du bonheur
13 mai 2013 :
La liberté, réalité ou illusion ?
3
Exposé 1
Faut-il respecter les lois ?
15 octobre 2012
Introduction générale
Qu’est-ce que la philosophie ?
Ce n’est pas une connaissance, c’est une réflexion sur les savoirs disponibles.
On ne peut donc apprendre la philosophie disait E. Kant, on ne peut qu’apprendre à philosopher. (*A)
Qu’est-ce que philosopher ?
Philosopher c’est surtout un état d’esprit, fait d’étonnement, de curiosité, d’ouverture au monde.
Philosopher, ce n’est pas affirmer, c’est prendre du recul pour interroger, remettre en question, passer au
crible de la raison les opinions les plus variées. se promener avec le “doute en bandoulière ». C’est se libérer
de la dictature des pensées dont nous ne sommes pas l’auteur.
4
C’est à partir de points de vue et d’éclairages différents que devient possible l’approche d’une
vérité commune. “N’a de conviction que celui qui n’a rien approfondi ». Cioran. C’est un tremplin pour
approcher une intelligence collective.
(*B) Les sept stades de la philosophie
Avoir une opinion ne veut pas dire penser (Socrate)
Penser, c’est questionner et éclairer les faits et les arguments avec une pensée autonome, afin de
parvenir à une compréhension pleine et objective.
Raisonner par les ensembles
La théorie des ensembles est une branche des mathématiques, créée vers 1880 par le mathématicien
allemand Georg Cantor (1845-1918). Elle consiste à considérer comme étant une entité unique toute
collection d’objets ayant en commun une même propriété. Ils appartiennent dès lors à cet ensemble.
5
Faut-il respecter les lois ? (accepter, consentir)
L’insécurité rend la liberté insupportable
Pour Thomas Hobbes (1588-1679) Philosophe anglais qui justifie l’absolutisme.
« Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont
dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun. »
Le « Léviathan » est cet homme à qui tous les autres remettent leur liberté et leurs armes en échange
de la sécurité qu’il obtient en faisant respecter par la force des règles communes. (*1)
Un pilier de la société
On admet généralement que :
Sans le respect des lois et du vote démocratique, les forces de l'ordre ne peuvent exercer d'autorité
naturelle, et ne peuvent avoir recours qu'à la coercition.
Sans un minimum de respect des institutions de la part du peuple, une démocratie perd donc son sens et
tend soit à se rapprocher d'une dictature, soit à se diriger vers l'anarchie.
Obéissance absolue aux lois
Pour Emmanuel Kant (1724-1804) Philosophe allemand :
En réaction à la devise : « Ne pensez pas, obéissez.»
qui impose une situation insupportable pouvant engendrer la rébellion,
il préconise :« Pensez autant que vous le voulez, aussi librement que vous le souhaitez, mais obéissez.»
(*1)
Cette position présente l’inconvénient que, - soit la liberté de pensée rend la situation plus acceptable et
pourrait ainsi être caution de la servitude sociale,
- soit que la liberté de pensée rend la situation encore plus inacceptable et entraîne à terme la
désobéissance.
Non au désordre
Pour Johann Wolfgang von Goethe (1749-1842) poète, romancier et homme d’Etat allemand.
« Mieux vaut une injustice qu’un désordre. » (*1)
Le désordre renferme la possibilité de notre mort à tous, tandis qu’une injustice ne menace que sa
victime.
C’est le dernier enseignement de la vie de Socrate qui respectera sa condamnation injuste et donc la loi
afin de ne pas donner raison aux juges qui l’ont condamné.
6
Rapport de force
Thucydide (460-400 av JC), Homme politique et historien athénien :
Il ne voit pas dans les événements le résultat d'une intervention divine, mais la conséquence de lois
générales qui gouvernent le monde.
« Il est dans la nature de l'homme d'opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent. »
« Tout homme tend à aller jusqu'au bout de son pouvoir. »
« La manifestation du pouvoir qui impressionne le plus les gens est la retenue. » (*1)
La loi n’est pas l’autorité
Nicolas Chamfort (1740 -1794) Poète, journaliste et moraliste déclare :
« L'Anglais respecte la loi et repousse ou méprise l'autorité.
Le Français, au contraire, respecte l'autorité et méprise la loi ».
Il vaudrait mieux mépriser l’autorité et suspecter la loi.
L’autorité est au nuage de tempête ce que la loi est au vent qui permet au voilier de faire route. Maximes et pensées, caractères et anecdotes (*1)
Désobéir aux lois pour ne pas collaborer au pire
Friedrich Nietzsche (1844-1900) Philosophe allemand, 50 ans avant le nazisme, il écrit :
« Il ne faut pas respecter les lois, trop générales, mais la puissance de sa volonté singulière. »
Pour lui tout ce qui est « général » peut devenir un tyran.
Opposé à un certain esprit allemand légaliste et nationaliste, il ne pouvait concevoir de valeur
qu’individuelle.
L’obéissance automatique aux lois fait de nous des collaborateurs du pire : la barbarie industrielle d’état.
(*1)
Se méfier des lois et de notre obéissance
Pour garantir notre sécurité, nous avons abandonné une partie de notre liberté pour la confier à une
autorité supérieure qui définit le droit.
Le respect automatique des lois met en suspens notre sens moral et ouvre grand la voie à la
collaboration avec la barbarie.
Si l’obéissance aux lois n’est que politique, la désobéissance elle, doit être morale et politique afin que
nous puissions continuer à vivre ensemble.
7
Nous devons obéir à des lois imparfaites et désobéir à des lois inhumaines. Il faut appliquer les
lois car nous ne sommes pas des bêtes et s’en méfier parce que nous ne sommes pas des dieux. (*2)
La désobéissance philosophique
Dès l’Antiquité, les stoïciens, guidés par un idéal de sagesse, l’œuvre divine, le cosmos, considéraient
comme un devoir, parfois de désobéir.
Ils s’élevaient contre toute autorité jugée injuste en raison de la conduite d’une politique qui s’écartait de
l’ordre naturel divin.
Cette résistance valut à Epictète d’être chassé de Rome par l’empereur Domitien et à Sénèque d’être
condamné au suicide par Néron. (*3)
La loi produit-elle une société idéale ?
La loi est nécessaire à la sécurité, mais pas toujours suffisante.
La loi écarte la violence sans la supprimer tout à fait.
La loi restreint la liberté, parfois la supprime, mais la plupart du temps, elle la garantit.
8
Faut-il respecter les autres ? (estimer, considérer)
Apprendre le respect
Pour Socrate (470-399 av JC) :
« Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect
pour l'âge.
À notre époque, les enfants sont des tyrans. » (*1)
Nous apprenons le respect lorsque l’avantage que nous en retirons nous apparaît plus bénéfique que
l’inconvénient correspondant.
Pas de société sans respect
Pour Fedor Dostoïevski (1821-1881) Ecrivain russe :
« Toute société, pour se maintenir et vivre, a besoin absolument de respecter quelqu'un et quelque
chose. »
C’est donc une condition nécessaire, mais peut-être pas suffisante. (*1)
Respecter qui ?
Pour Voltaire (1694-1778) :
« C'est à celui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à ceux qui font les esclaves par la
violence, que nous devons nos respects. »
Tout le monde n’est pas digne de respect et respecter tout le monde encourage les petits tyrans.
(*1) Extrait de Lettres philosophiques
Respecter les autres et leur liberté
Nelson Mandela né en 1918 indique :
« Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et
renforce la liberté des autres. »
Nous avons donc nécessité que les autres avec nous soient pleinement eux-mêmes.
(*1) Extrait de Un long chemin vers la liberté
Mieux que la tolérance
9
Charles Pépin philosophe français né en 1974 écrit :
« Le respect qui est une valeur positive doit être distingué de la tolérance qui est une valeur négative.
Respecter la différence, c’est aller vers elle au risque d’être changé, tolérer l’autre c’est ne pas aller vers
lui quand on voudrait le frapper.
Le respect vise le bien, la tolérance vise le moindre mal. » (*4)
Les deux voies
Eugène Marbeau né en 1825, Conseiller d’Etat écrit :
« La liberté c'est le respect des droits de chacun ; l'ordre c'est le respect des droits de tous ».
Le respect est à la fois la base de l’ordre et de la liberté, de la société et du progrès, de la sécurité et de
l’épanouissement et donc du bonheur. (*1)
Faut-il se respecter soi-même ? (accepter et estimer)
Avoir de l’honneur
Pour Alfred de Vigny (1797-1863) Ecrivain et poète :
« L'honneur, c'est la conscience, mais la conscience exaltée. C'est le respect de soi-même et de la
beauté de sa vie portée jusqu'à la plus pure élévation et jusqu'à la passion la plus ardente. » (*1)
Ecouter sa conscience
Pour Démocrite (460-370 av JC) Philosophe grec :
« Même dans la solitude, ne dis ni ne fais rien de blâmable. Apprends à te respecter beaucoup plus
devant ta propre conscience que devant autrui. » (*1)
Etre soi-même
Pour Guy Marc Fournier né en 1939, Journaliste et romancier canadien :
« Etre soi-même permet de se respecter et quand on se respecte, on respecte généralement les autres. »
10
Etre soi-même, c’est faire en sorte d’agir conformément aux valeurs qui sont les nôtres et donc de
résister à toutes les pressions qui tendent à nous réduire à un simple automate économique et idéologique.
Nous sommes un brouillon de nous-même et il nous faut en affiner les traits .(*1)
Le monde, les autres et nous
C’est au nom du respect de nous-même et des autres que nous pouvons donc être conduits à désobéir à
des lois humaines injustes.
C’est la pensée tournée vers un monde idéal, le cosmos des Grecs, archétype de sagesse que nous
pouvons trouver l’inspiration nécessaire à la conception de lois respectables.
Rédigé par Serge Naud
Références :
(*A) André Comte-Sponville - Présentations de la philosophie - Albin Michel – 2000
(*B) Pascal Chabot - Les 7 stades de la philosophie - PUF – 2011
(*1) http://www.evene.fr/citations
(*2) Charles Pépin - Une semaine de philosophie - Flammarion J’ai lu – 2006
(*3) Jérôme de Sousa Pinto - Stoïcisme politique - La Hutte – 2011
(*4) Charles Pépin - Chronique - Philosophie Magazine - Février 2010
11

Documents pareils