Forum Maroc-Guinée, le virus Ebola freine les ardeurs

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Forum Maroc-Guinée, le virus Ebola freine les ardeurs
Forum Maroc-Guinée, le virus Ebola freine les
ardeurs des investisseurs
Le forum économique maroco-guinéen a été l'occasion de relancer les
engagements pris par les 2 pays lors de la dernière visite royale en Guinée. Malgré
les bonnes intentions affichées, le spectre du virus Ebola refroidit les ardeurs des
investisseurs marocains, en attendant des jours meilleurs.
lus de 500 participants dont 140 entreprises guinéennes ont pris part mardi 9
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septembre à Casablanca, aux travaux du Forum Economique sous le thème «Cap
Guinée : une économie à construire, des opportunités à saisir».
ontactés par Médias 24, certains participants marocains se sont plaints de
C
l'amateurisme de leurs homologues guinéens qui leur proposaient tout et n'importe quoi
sans projets spécifiques, sans vision concrète. Une sorte de mentalité de courtiers qui
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prédominait d'ailleurs au Maroc dans les années 70 et 80 pour attirer des investisseurs
espagnols et français.
our faire court, des hommes d'affaires guinéens ont proposé d'ouvrir toutes les portes
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aux Marocains désireux d'investir dans leur pays sans aucun plan d'action précis et sans
cibler des secteurs précis, autrement dit quel que soit le secteur. Combinée à la hantise
du virus d'Ebola, le moins que l'on puisse dire est que cette façon de faire n'a pas suscité
l'enthousiasme des entrepreneurs marocains. C'est comme si, pour investir en Guinée, il
fallait être adoubé par les gens puissants ou payer des commissions.
Cette rencontre qui ambitionnait de concrétiser les opportunités d'investissement dans
des projets publics et privés entre les deux pays a connu la signature de trois
conventions maroco-guinéennes.
a première porte sur une coopération en matière d'horticulture entre les 2
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départements publics de l'agriculture.
La seconde est relative à un investissement industriel en Guinée du groupe Anwar
Invest pour un montant de 1,4 milliards de DH dans six domaines : conserve de
poisson, élevage, minoterie, biscuiterie, immobilier, cimenterie.
Enfin, la 3e convention porte sur un accord de partenariat entre le marocain Mecomar
et le guinéen Sicopress pour la prise en charge de l'assainissement liquide de la
capitale Conakry.
es ateliers sectoriels ont ponctué cette rencontre et notre rédaction s'est invitée à ceux
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du transport et des infrastructures, de l'agriculture, de l'immobilier et l'aménagement du
Territoire, et du commerce et de l'Industrie.
Transports et Infrastructure
ette rencontre devait permettre de s'enquérir sur la coopération entreprise par les
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ministères et par les opérateurs des deux pays mais au final, cette question n'y a occupé
qu'une place mineure.
D'emblée, le ministre délégué du transport Najib Boulif a déclaré que si le Maroc avait
bien signé des conventions avec la Guinée, elles n'avaient cependant pas encore abouti
sur le terrain.
Le ministre guinéen du transport Diallo a quant à lui résumé ce qui fait l'attractivité de la
Guinée. «Un désengagement du rôle de l'Etat au profit du privé, mais qui continue à jouer
son rôle de régulateur (...) une volonté de renforcer les petites et les moyennes
entreprises».
I l en a profité pour saluer la RAM, qui a été «la seule compagnie à n'avoir pas
interrompu ses voyages vers la Guinée à cause du virus d'Ebola».
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Driss Benhima, DG de la RAM, est aux anges: «la présence de la RAM en Guinée est
historique», et la RAM «gardera son vol quotidien, que ce soit en saison pleine ou en
saison creuse».
Faute d'exposer des projets concrets, l'essentiel de cet atelier s'est résumé à des bons
mots, des remerciements et quelques exposés Powerpoint plus ennuyants qu'autre
chose.
A ce propos, le ministre Boulif après un court speech introductif, a préféré pianoter sur
son portable, en déléguant la présentation des infrastructures de transport du Maroc à
l'une de ses adjointes.
Atelier Agriculture
ous l'égide des ministres de l'agriculture des deux pays, l'atelier a fait le point sur les
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potentialités des secteurs agricoles respectifs en invitant les opérateurs à nouer
davantage de partenariats.
Des projets ont démarré, d'autres sont en gestation», a lancé Jacqueline Sultan,
«
ministre guinéenne de l'agriculture sans plus de détails.
«Il faut s'orienter vers davantage de projets avec des investisseurs marocains car la
Guinée dispose d'un potentiel hydrique et en terres arables mal maîtrisé et pour y
remédier d'ici 2025, cela passe par la création de pôles de développement agricoles avec
des partenaires crédibles comme le Maroc.»
Le ministre marocain Aziz Akhannouch a déclaré qu'il fallait «mettre à la disposition de
la Guinée les moyens et l'expertise marocaine pour un partenariat gagnant-gagnant».
I l en a profité pour présenter les grandes lignes du Plan Maroc Vert (PMV) comme un
modèle de développement avant d'inviter les opérateurs marocains à s'intéresser au
marché guinéen.
noter que les projets d'investissement agricoles du Maroc en Guinée n'ont pas été
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présentés comme cela était prévu initialement dans le programme.
Commerce, Industrie et Industrie Pharmaceutique
et atelier était co-présidé par Fatoumata Binta Diallo, Ministre de l'Industrie et des
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PME et par Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l'Industrie, du Commerce et de
l'Investissement.
me Diallo a présenté aux investisseurs marocains les mesures prises par son pays
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pour faciliter la tache aux opérateurs, notamment dans le domaine des ressources
minières et agroalimentaires.
Ensuite, MHE a vanté devant la salle, son Plan d'accélération industrielle (PAI) censé
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rehausser la contribution de l'industrie au PIB en se basant sur la multiplication des
écosystèmes.
our rebondir sur la légitime volonté guinéenne d'attirer davantage les investisseurs
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marocains, Il n'a pas caché que son objectif était d'attirer un second constructeur
automobile au Maroc créateur d'emplois.
I l en a profité pour insister sur l'importance de se tourner d'avantage vers l'Afrique de
l'Ouest car «ce qui a été fait est loin de ce que nous voulons et pouvons faire ensemble».
I l a conclu sur la nécessité de structurer nos économies pour qu'elles soient
complémentaires. L'Afrique structurée peut faire beaucoup mieux et le Maroc se doit de
jouer un rôle de partenaire». Immobilier et Aménagement du territoire
L'atelier qui a réuni les deux ministres de l'Habitat a été l'occasion d'exposer le
savoir-faire marocain et les nombreux besoins guinéens. Cette réunion qui n'a pas attiré
les foules s'est résumée au final à des déclarations de bonnes intentions de part et
d'autre.
n participant marocain nous a affirmé que dans les faits, il était indéniable que la crise
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sanitaire bloquait toutes les velléités de développer les investissements dans ce pays
frappé par le virus Ebola.
Il s'est voulu rassurant en évoquant une crise passagère mais n'a pas hésité à affirmer
qu'à titre personnel, il ne se rendrait pas en Guinée malgré toutes les opportunités
d'investissements.
Ce forum est la seule lueur économique que la Guinée peut brandir en ces temps
d'Ebola pour capter davantage d'IDE marocains qui ne représentent au total que 6% de
l'ensemble de ses IDE en Afrique.
(S. E. O., H. M. et R. Z.)
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