doc de 5 p. - La joie par les livres

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1 Les gr andes tendances de la pr esse jeunesse de 1945 à nos jour s I DE 1945 à 1955 La presse jeunesse est alors massivement hebdomadaire : ­ Le Journal de Mickey (1934­) ­ Spirou (1938­) ­ Fripounet et Marisette (1943­1993) [devient Fripounet en 1969). C’était l’hebdomadaire le plus connu juste après la guerre. ­ Le Journal de Tintin (1946 en Belgique, 1948 en France ­ 1993) [devenu Tintin reporter puis Hello Bédé] Les magazines s’adressaient aux jeunes sans distinction d’âges (les 7­15 ans). Chaque éditeur avait un ou deux titre(s) « phare(s) », dans lesquels on trouvait beaucoup d’histoires à suivre : chaque jeudi, quasiment de génération en génération, on attendait la suite des aventures de Tintin, de Spirou, de Sylvain et Sylvette… La presse était souvent sexuée : ­ Pour les filles : La Semaine de Suzette (1905­1960), chez Gautier­Languereau, avec les aventures de « Bécassine » Bernadette (1914­1972), chez Bayard. La fin de Bernadette en 1972 marque la fin des journaux sexués jusqu’à Julie en 1998. Lisette (1921­1973) Editions Monsouris : « Le journal des fillettes » Ames vaillantes (1937­1963) [qui devient J 2 Jeunes puis Djin (1974­1981) et Triolo (1981)] Caroline (1963­ ?) chez L’Union des œuvres ­ Pour les garçons : Cœurs vaillant (1928­1963) [qui devient J 2 Magazine puis Formule 1 (1970­1981) et Triolo (1981­)]. Publié par L’Union des œuvres (Fleurus), cet hebdomadaire est le premier, en 1930, à publier les aventures de « Tintin et Milou » Bayard (1936­1963) qui prend la suite de L’Écho du Noël (1906­1935) chez Bayard [pour les filles il y a Bernadette (1914­1972)] Vaillant (1945), [qui deviendra Vaillant – le journal de Pif (1965) puis Pif Gadget (1969) avec des BD complètes qui remplacent les BD à suivre et surtout le fameux gadget qui sera copié par la suite.] II DE 1956 à 1979 1) Apparition d’une presse par tranches d’âges : En 1956, Perlin et Pinpin (1956­1998) [première parution en 1945­1946, pour les filles avant de devenir mixte en 1956, il deviendra La Semaine de Perlin puis Perlin] est précurseur en ce sens que la revue ne s’adresse plus à un public de jeunes en général, mais vise les moins de 8 ans. C’est le premier magazine qui amorce la presse dite éducative.
Aline Eisenegger, le 27/11/2008 p. 1 2 En 1966 : révolution de la presse jeunesse avec Pomme d’api, le premier magazine qui s’adresse aux enfants ne sachant pas encore lire. C’est de là qu’est parti toute la presse éducative moderne actuelle. Autour de Pomme d’api le groupe Bayard construit une gamme de magazines pour enfants, segmentés par tranches d’âges, avec un contenu polyvalent et un graphisme moderne. Ces deux magazines, Perlin et Pinpin et Pomme d’api changent la politique des éditeurs qui ne s’adressent plus à un public indéfini (les jeunes) mais à des tranches d’âges précises : ­ les petits (3­6 ans) : Pomme d’api (1966) ­ les enfants (7­11 ans) : Astrapi (1978) ­ les ado (11­14 ans) : Okapi (1971) ­ les grands ados (15­18 ans) : Salut les copains (1962) ; Record (1961­1976) chez Bayard Il n’y a donc plus chez les éditeurs un titre phare mais une gamme de titres s’adressant chacun à une tranche d’âge précise, d’où le chaînage inventé par Fleurus. . Avec ce chaînage les éditeurs veulent privilégier l’épanouissement de l’enfant et de l’adolescent en tenant compte de son évolution et de ses préoccupations, en fonction de son âge. ­ Du coup les magazines coûtent plus chers car ils sont tirés à moins d’exemplaires puisqu’ils s’adressent à un public plus restreint et en plus ils sont de bonne qualité à la fois par leur contenu, leur présentation et leur impression. ­ Pour compenser le prix de vente plus élevé les magazines deviennent massivement mensuels à la place des hebdos d’avant. ­ Dans le même temps, en 1972, on abandonne les magazines pour les filles et ceux pour les garçons pour faire des magazines mixtes. Cette presse est massivement produite par deux éditeurs : Bayard et Fleurus (puis Milan à partir de années 1980). 2) La presse s’organise selon des tendances et des contenus variés Les catégories : ­ Une presse éducative essentiellement représentée par Bayard. C’est une presse d’éveil, de découvertes des autres, de l’environnement, du monde, qui veut aussi participer à l’acquisition des connaissances. Dans les années 1970 la presse jeunesse ne cherche plus seulement à éduquer l’enfant, elle cherche aussi à l’aider à grandir. Cette presse est surtout vendue par abonnements et est chère car de qualité. ­ Une presse distractive, celle de Disney. C’est la presse héritière des illustrés. Elle propose aux enfants des jeux, des loisirs, de la BD… Elle est vendue en kiosque et pas très chère. ­ Une presse des mouvements éducatifs (Francas), essentiellement diffusée par le canal des écoles ­ Une presse pour les adolescents : Salut les copains (1962) marque la naissance de la presse pour les adolescents.
Aline Eisenegger, le 27/11/2008 p. 2 3 3) Une presse thématique Les contenus évoluent : à la segmentation par tranches d’âges induite par la presse éducative s’ajoute la thématisation. Aux magazines généralistes des années 60 s’ajoutent : ­ des magazines de lecture dans les années 70 Les Belles Histoires (1972) J’aime lire (1977) ­ des magazines sur la nature et les animaux La Hulotte (1972) III De 1980 à 1988 Naissance d’un nouveau groupe : Milan avec la création de Toboggan (1980). Un groupe laïque qui se construit en opposition à Bayard (mais en même temps en l’imitant) et à Fleurus, deux groupes religieux ; un groupe qui a son siège en province (Toulouse) et qui fait la part belle aux jeux (cf le nom de ses magazines : Toboggan, Diabolo, Mikado). La presse jeunesse se spécialise dans des créneaux de plus en plus pointus : ­ des magazines sur les animaux Hibou (1985) chez Fleurus Wapiti (1987) chez Milan ­ des journaux d’actualité qui appellent une périodicité plus rapide : hebdomadaires en 1984 avec le JDE, avant les quotidiens qui naîtront dans les années 95. Jusqu’aux années 80 on ne parlait pas de l’actualité aux enfants. La création du JDE est donc quelque­chose d’osé et de novateur. La presse des mouvements éducatifs ne résiste pas à la concurrence des magazines de la presse éducative, ni par ses contenus, ni par son attractivité, ni par le côté innovant, ni par la qualité technique de sa présentation. Ces magazines prennent un sérieux coup de vieux ! Ils disparaissent donc lentement mais sûrement, comme les titres des Francas qui voulaient participer à la construction active du savoir : Francs Jeux (1946­1981) [qui devient Virgule (1981­1983)] ; Jeunes Années (1953­1987) [qui devient GullivOre (1987­)] La presse éducative entraîne aussi le déclin de la presse de BD, les fameux illustrés qui s’adressaient aux 7­14 ans. Dans le milieu des années 80 la presse, vise les enfants de plus en plus jeunes, elle s’adresse désormais aux moins de 3 ans : Toupie (1985) Popi (1986)… Avec tous plus ou moins les mêmes principes : petit format carré, coins arrondis, un bébé héros / miroir de l’enfant lecteur vivant dans un triangle papa/maman/bébé, des couleurs vives et primaires, des comptines… Et du coup les magazines pour la tranche d’âge suivante, les 3­6 ans, évoluent puisqu’ils s’adressent à des enfants qui ont déjà eu des magazines entre leurs mains, et sont donc habitués à la lecture.
Aline Eisenegger, le 27/11/2008 p. 3 4 IV De 1989 à 1999 1989 marque un tournant dans la dynamique de création des titres de magazines. Sur 68 titres recensés en 1992, 31 sont nés entre 1989 et 1992, soit près de la moitié en 3/4 ans ! C’est aussi dans ces années 1990 que la presse jeunesse se spécialise dans des créneaux, des âges et des domaines de plus en plus pointus, en particulier avec des magazines documentaires (11 créations de magazines documentaires entre 1989 et 1992). On peut cependant se demander si ces magazines sont conçus pour les enfants ou pour plaire aux adultes prescripteurs, aux parents qui veulent se donner bonne conscience en donnant un petit coup de pouce à leur enfant grâce à ces périodiques qui suivent les programmes scolaires ! ­ magazines de sciences Science et Vie Junior (1989) ­ magazines de loisirs pour rire P’tit Loup (1989) chez Disney Hachette Grodada (1991­1992 puis quelques numéros fin 1995) avec le Professeur Choron et des anciens de « Charlie Hebdo » pour les 4­6 ans. Seule ambition : faire rire, avec un univers finalement assez conventionnel (des animaux de la ferme), mais des dessins audacieux, des couleurs flashantes et un humour lourd… limite vulgaire. ­ magazines de lecture un peu particuliers Je lis des Histoires vraies (1992) Mille et une histoires (1999) ­ magazines d’art Dada (1992) Le Petit Léonard (1997) ­ magazines de sciences humaines Arkéo Junior (1994) ­ magazines pour les bébés Papoum (1995) ­ des journaux d’actualité Les Clés de l’actualité (1992) Mon quotidien (1995) ­ magazines d’activités manuelles Ateliers Magazine (1993) Oxébo (1997) ­ magazines pour les filles Julie (1998) V Les années 2000 ­ Une presse pour les « adulescents », les 15 / 25 ans : Chez Bayard essentiellement avec : Muze (2004) pour les filles et Eurêka (2005) plutôt pour les garçons Mais on peut aussi inclure Lolie (2001) chez Milan ­ Une presse de lecture pour les bébés :
Aline Eisenegger, le 27/11/2008 p. 4 5 Avec des magazines très proches des livres, centrés autour d’une histoire, comme Tralalire (2004) chez Bayard Petites histoires pour les tout­petits pour les 18 mois­3 ans (2004) et Histoires pour les petits pour les 3­5 ans (2002) chez Milan ­ et toujours des créneaux pointus Géo Ado (2002) Virgule (2003) ­ Une presse de BD Capsule cosmique (2004­2006) ­ Une presse pour les filles de plus en plus petites Manon (2003) pour les 5­8 ans, chez Milan Les P’tites filles à la vanille (2006) pour les 3­5 ans, chez Fleurus En conclusion :
· 1966 voit la naissance de la presse moderne avec Pomme d’api.
· 1989 marque un véritable tournant : beaucoup de nouveaux magazines avec des genres nouveaux, plus modernes, plus dynamiques. Depuis la presse jeunesse française n’a cessé de bouger et d’innover avec beaucoup de créations, mais dans le même temps des disparitions.
· 2006 semble marquer un autre tournant, le secteur s’essouffle, il y a moins d’innovation, moins de créations et en même temps plus de disparitions. Les nouveaux titres s’appuient sur des « valeurs sûres » et relèvent plutôt du marketing comme pour les magazines, souvent bimestriels, de Dora l’exploratrice, Boule et Bill (Turbulences Presse qui édite déjà Charlotte aux fraises) ou Les Zouzous (chez Fleurus, en partenariat avec France télévisions), et il n’existe toujours pas de magazines sur la musique (il y a eu quelques tentatives qui n’ont pas réussi à s’imposer) et les sports. Aline Eisenegger La Joie par les livres 2007­01­11
Aline Eisenegger, le 27/11/2008 p. 5 

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