Formulaire de proposition d`inscription

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Formulaire de proposition d`inscription
Registre international de la Mémoire du monde
Collections du XIXe siècle de la Société Historique et Littéraire Polonaise
/ Bibliothèque Polonaise de Paris/ Musée Adam Mickiewicz
(Pologne)
2012-26
1.0 Résumé (200 mots maximum)
La Bibliothèque Polonaise de Paris (BPP) a été fondée en 1838 à l’initiative des émigrés
politiques polonais qui avaient trouvé asile dans la capitale de la France, où ils avaient la
possibilité d’entreprendre des actions multiples ayant toutes pour but de retrouver
l’indépendance de l’Etat, perdue à la fin du XVIIIe s. Portée par la vague des idéologies liées
aux mouvements pour l’indépendance et la liberté des peuples apparus en Europe dans les
premières décennies du XIXe siècle, elle a été conçue comme une forme non militaire de lutte
pour la liberté et l’indépendance.
Dans cette Europe du XIXe qui se dotait, dans les états indépendants, des lieux de mémoire
telles que les bibliothèques et les archives, la BPP joua un rôle de substitution et de continuité
par rapport aux institutions dissoutes par les puissances étrangères qui occupaient les territoires
polonais.
Elle naquit grâce aux efforts des émigrés et au soutien des élites intellectuelles européennes,
aussi bien que des autorités de l’Etat français qui étaient sensibles à l’idée qui présidait à la
création de la BPP et qui soutenaient l’action d’une nation dont la lutte pour son indépendance,
lors de l’Insurrection de 1831, avait ému bon nombre de nations européennes, suscité leur
admiration et conforté leurs propres aspirations à l’indépendance.
La Bibliothèque Polonaise a rassemblé les sources dispersées qui permettaient de documenter
l’histoire de la Pologne, ainsi que les publications de l’émigration. Elle a conservé les legs
laissés par les émigrés et les archives des institutions qu’ils ont créées en France.
Elle représentait un combat en faveur de l’indépendance par la collecte du patrimoine
documentaire national en l’absence d’un Etat polonais, par l’affirmation de la mémoire et de
l’identité nationales et par la solidarité internationale soutenant les actions culturelles des
émigrés. Elle a également été un lieu de diffusion des connaissances sur la question
polonaise, qui fut au XIXe s. l’un des principaux problèmes politiques de l’Europe.
Le fait caractéristique de la Bibliothèque Polonaise est donc d’incarner faire admettre l’idée
que la lutte pour l’indépendance pouvait passer par la création d’institutions consacrées à la
culture et à l’art.
Fondée sur le droit français, la BPP est la plus ancienne bibliothèque non française, située sur
les bords de la Seine, qui fonctionne de façon ininterrompue depuis sa création. Ses collections
sont installées au même endroit depuis plus de 150 ans et sont toujours administrées par les
milieux de l’émigration polonaise et de la Pologne indépendante.
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2.0 Auteur
2.1 Nom de l’auteur de la proposition (individu ou organisation)
Comité Polonais du Programme UNESCO “Mémoire du Monde » et Société Historique
et Littéraire Polonaise
2.2 Relation avec l’élément considéré du patrimoine documentaire
Propriété de l’Association de la Bibliothèque Polonaise de Paris (Journal Officiel n° 33 du
16/08/2003, n° d’inscription 1209, page 4370, date de la déclaration : 10 juillet 2003).
Monsieur C. Pierre Zaleski – Président de l’Association de la Bibliothèque Polonaise de Paris
2.3 Personne(s) à contacter (et en mesure de fournir des informations sur la
proposition)
Monsieur C. Pierre Zaleski –Président de l’Association de la Bibliothèque Polonaise de
Paris, Président de la Société Historique et Littéraire Polonaise
Madame Danuta Dubois – Directeur de la Bibliothèque Polonaise de Paris
2.4 Coordonnées complètes de la personne à contacter
Nom
Société Historique et Littéraire
Polonaise
Adresse
6 quai d’Orléans
75004 Paris
Téléphone
+33 1 55 42 91 87
Fax
+33 1 46 33 36 31
Adresse électronique
[email protected]
[email protected]
2.5 Déclaration sur l’honneur
Je certifie sur l’honneur, proposer le patrimoine documentaire décrit dans ce document
au Registre international de la Mémoire du monde
Signature
Nom ( en MAJUSCULES)
Institution, le cas échéant
Władysław Stępniak, Président du Comité
Polonais du Programme UNESCO “Mémoire
du Monde »
Date
30 03 2012
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3.0 Identité et description de l’élément du patrimoine documentaire
3.1 Nom et identification de l’élément proposé
En cas d’inscription, le nom exact et l’institution apparaîtront sur le certificat qui vous
sera fourni
Dans cette partie du formulaire, vous devez décrire le document ou la collection de façon
suffisamment détaillée pour mettre en évidence les raisons de sa proposition. Une collection
doit être limitée (comportant une date de début et de fin) et fermée.
Choix des collections de la Société Historique et Littéraire Polonaise, de la
Bibliothèque Polonaise de Paris et du Musée Adam Mickiewicz, illustrant le point 3.4
du formulaire :
- collections de manuscrits du XVIe au XIXe s. dont des actes étatiques du XIXe s.,
archives de la Grande Émigration en France, archives des émigrés polonais en France
des XIXe et XXe s. ;
- manuscrits du Musée Adam Mickiewicz (XIXe s.) ;
- incunables juridiques et politiques (XVe s.), livres anciens (XVIe-XVIIIe s.),
collections de livres des XVIIIe et XIXe s. (Fonds Ancien) : environ 120 000
exemplaires ;
- collections iconographiques du XIXe s., dont des photographies ;
- collections cartographiques du XIXe s.
3.2 Catalogue ou référencement
Selon l’élément proposé, il peut être utile d’ajouter un catalogue illustrant la collection. Si la
taille ou le volume ne le permettent pas, une description complète et détaillée accompagnée
d’extraits de catalogue, de numéros d’accession ou de référencement ou tout autre moyen
de décrire la taille et les caractéristiques de la collection peuvent être utilisés.
- Katalog rękopisów Muzeum Adama Mickiewicza w Paryżu, oprac. Adam Lewak ;
przedm. poprzedził Franciszek Pułaski ; Polska Akademia Umiejętności. Biblioteka
Polska w Paryżu.
Adres wydawniczy, Kraków : Polska Akademia Umiejętności, 1931
(Catalogue des manuscrits du Musée Adam Mickiewicz de Paris, inventorié par Adam
Lewak ; avant-propos de Franciszek Pułaski ; Académie Polonaise des Sciences et des
Lettres. Bibliothèque Polonaise de Paris. Adresse d’édition, Cracovie : Académie Polonaise
des Sciences et des Lettres, 1931)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 1, Rękopisy nr 1-431, [Oprac.]
Czesław Chowaniec, Kraków : Biblioteka Polska w Paryżu, 1939
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris. T. 1, Manuscrits n°1-431,
[Inventorié par] Czesław Chowaniec, Cracovie : Bibliothèque Polonaise de Paris, 1939)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 1, Rękopisy nr 1-431 : Indeks,
oprac. Czesław Chowaniec i Irena Gałęzowska ; przygotował do druku Janusz Pezda,
Paryż : Biblioteka Polska w Paryżu, 1995
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris. T. 1, Manuscrits n°1-431 :
Index, inventorié par Czesław Chowaniec et Irena Gałęzowska ; rédigé par Janusz Pezda,
Paris : Bibliothèque Polonaise de Paris, 1995)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 2, Inwentarz rękopisów
Biblioteki Polskiej w Paryżu, Rękopisy nr 432-545 : Oprac. Czesław Chowaniec,
Irena Gałęzowska, Wstęp : Edward Borowski, Indeks : Ryszard Matura. Paryż :
Biblioteka Polska w Paryżu, 1986
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris. T. 2, Inventaire des
manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris, Manuscrits n° 432-545 : Inventorié par
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Czeslaw Chowaniec et Irena Gałęzowska, Introduction : Edward Borowski, Index : Ryszard
Matura. Paris : Bibliothèque Polonaise de Paris, 1986)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 2, Rękopisy nr 432-545 : Oprac.
Czesław Chowaniec i Irena Gałęzowska ; uzup., przygot. do dr., zredagował,
sporządził indeks i poprzedził przedm. Marek P. Prokop, Paryż : Biblioteka Polska,
1994
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris. T. 2, Inventorié par
Czesław Chowaniec et Irena Gałęzowska, Manuscrits n° 432-545 : Compléments, rédaction,
index et avant-propos : Marek P. Prokop, Paris : Bibliothèque Polonaise, 1994)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 5, Instytucja "Czci i Chleba",
Nr 664-755 [Oprac. Jan Skarbek, Jan Ziółek. Przedmowę napisał Jerzy Mond],
Lublin ; Paryż : [Katolicki Uniwersytet Lubelski] : [Biblioteka Polska], 1990
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris ; T. 5, Institution
"Honneur et Pain", N° 664-755 [Inventorié par Jan Skarbek, Jan Ziółek. Avant-propos de
Jerzy Mond], Lublin ; Paris : [Université Catholique de Lublin] : [Bibliothèque Polonaise],
1990)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 6, Archiwum Czartoryskich Hôtel Lambert : Sygnatury 760-1135, Oprac. Janusz Pezda ; Towarzystwo
Historyczno-Literackie w Paryżu, Paryż : Biblioteka Polska w Paryżu; Warszawa :
Biblioteka Narodowa, 1996
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris. T. 6, Archives Czartoryski
- Hôtel Lambert : Cotes 760-1135, Inventorié par Janusz Pezda ; Société Historique et
Littéraire Polonaise de Paris, Paris : Bibliothèque Polonaise de Paris ; Varsovie :
Bibliothèque Nationale, 1996)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 7, Sygnatury 1136-1359 ,
Oprac. Maria Gamdzyk-Kluźniak [et al.] ; Towarzystwo Historyczno-Literackie w
Paryżu, Biblioteka Narodowa w Warszawie, Paryż : Biblioteka Polska w Paryżu ;
Warszawa : Biblioteka Narodowa, 1996
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris , T. 7, Cotes 1136- 1359,
Inventorié par Maria Gamdzyk-Kluźniak [et al.] ; Société Historique et Littéraire Polonaise
de Paris, Bibliothèque Nationale de Varsovie, Paris : Bibliothèque Polonaise de Paris ;
Varsovie : Bibliothèque Nationale, 1996)
- Katalog rękopisów Biblioteki Polskiej w Paryżu. T. 8, Archiwum administracyjne
Towarzystwa Literackiego, Wydziału Statystycznego, Wydziału Historycznego,
Towarzystwa Historycznego, Towarzystwa Historyczno-Literackiego i Biblioteki
Polskiej z lat 1832-1893, Rękopisy nr 1360-1705, Oprac. Janusz Pezda, Marek P.
Prokop ; Towarzystwo Historyczno-Literackie w Paryżu, Polska Akademia
Umiejętności, Paryż : Biblioteka Polska ; Kraków : Polska Akademia Umiejętności,
2006
(Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Polonaise de Paris. T. 8, Archives
administratives de la Société Littéraire, de la Section Statistique, de la Section Historique, de
la Société Historique, de la Société Historique et Littéraire et de la Bibliothèque Polonaise
des années 1832-1893, Manuscrits n° 1360-1705, Inventorié par Janusz Pezda, Marek P.
Prokop ; Société Historique et Littéraire Polonaise de Paris, Académie Polonaise des
Sciences et des Lettres, Paris : Bibliothèque Polonaise ; Cracovie : Académie Polonaise des
Sciences et des Lettres, 2006)
- Archiwum Zygmunta Lubicz Zaleskiego w zbiorach Biblioteki Polskiej w Paryżu :
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informator o zasobie, Oprac. Urszula Klatka przy współpr. Grzegorza Fulary [et al.] ;
pod red. Moniki Jaglarz i Urszuli Klatki ; Polska Akademia Umiejętności. Kraków :
Polska Akademia Umiejętności, 2011
(Les archives de Zygmunt Lubicz Zaleski dans les collections de la Bibliothèque Polonaise de
Paris : guide du fonds, Inventorié par Urszula Klatka en collaboration avec Grzegorz Fulara
[et al.] ; rédaction : Monika Jaglarz et Urszula Klatka ; Académie Polonaise des Sciences et
des Lettres. Cracovie : Académie Polonaise des Sciences et des Lettres, 2011)
- Inwentarz Archiwum Izby Obrachunkowej Powstania Styczniowego, Oprac.
Edward Borowski, Towarzystwo Historyczno-Literackie (Paryż), Polski Ośrodek
Wydawniczy - POW, 1987
(Inventaire des Archives de la Chambre des Comptes de l’Insurrection de Janvier, Inventorié
par Edward Borowski, Société Historique et Littéraire Polonaise (Paris), POW, 1987)
- Album Musical Marii Szymanowskiej, Opr. i wstęp : Renata Suchowiejko, Musica
Iagellonica, Société Historique et Littéraire Polonaise de Paris, Kraków, 1999
(Album musical de Maria Szymanowska, Inventorisation et introduction : Renata
Suchowiejko, Musica Iagellonica, Société Historique et Littéraire Polonaise de Paris,
Cracovie, 1999)
Par ailleurs, il existe plusieurs descriptifs détaillés et inventaires partiels de grands
ensembles d’archives pas encore publiés ou déjà publiés (p.ex., dans les Actes de la
Société Historique et Littéraire Polonaise de Paris) qui sont accessibles aux
chercheurs, ainsi qu’un fichier papier de la collection des livres appelé Fonds Ancien.
3.3 Documentation visuelle le cas échéant (photographies, DVD du patrimoine
documentaire par exemple)
Il peut être utile d’ajouter des photographies (ou dans le cas de matériel audiovisuel un CD,
un DVD, une clé USB de l’ensemble ou d’une partie de l’élément), lorsqu’ils apportent des
informations complémentaires pouvant aider les experts à visualiser (ou écouter) la collection
ou le document.
La présente proposition est accompagnée d’un CD avec des exemples illustrant le
contenu des collections.
3.4 Histoire/Provenance
Décrire ce que vous connaissez de l’histoire de la collection ou du document. Votre
connaissance peut être incomplète mais fournissez la meilleure description possible.
L’histoire de la Société Historique et Littéraire Polonaise (S.H.L.P.) et de la
Bibliothèque Polonaise de Paris commence après 1831, c’est-à-dire après l’échec de
l’une des deux grandes insurrections nationales polonaises contre l’occupant russe qui
eut lieu au XIXe s. C’est alors qu’arriva en France une vague de réfugiés
politiques composée de soldats, d’officiers, de généraux, d’hommes politiques,
d’écrivains et d’artistes (environ 6 000 personnes) que l’on appela la Grande
Émigration.. Diverses organisations d’émigrés, essentiellement à caractère politique,
militaire et d’entraide furent rapidement créées. Cependant, les élites polonaises en
exil prirent de plus en plus nettement conscience de la nécessité de créer une
institution ayant pour but de rassembler les souvenirs historiques, les sources de
l’histoire de la Pologne, les publications anciennes et contemporaines concernant la
Pologne ; cette institution aurait pour fonction d’opposer à la russification de la
culture polonaise dans la partie du territoire annexée à la Russie d’une part, et à la
germanisation dans les territoires annexés par la Prusse et l’Autriche d’autre part, la
présentation de formes propres à la culture polonaise ainsi qu’une pensée politique
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polonaise dans le contexte européen. Dans un premier temps, les émigrés créèrent
des sociétés savantes, telles que la Société d’Aide Scientifique (née en 1832), la
Société Littéraire (1832), puis sa Section Historique (1836) et sa Section Statistique
(1838), et la Société Polytechnique (1835). Chacune rassemblait ses propres
collections. C’est la Société Littéraire qui s’avéra la plus importante et la plus
durable. Son premier président fut Adam Czartoryski, ancien président du
Gouvernement National de l’insurrection de 1831 et éminent homme politique
européen. En 1854, la Société Littéraire et la Société Historique fusionnèrent pour
former la Société Historique et Littéraire Polonaise dont les activités se sont
perpétuées jusqu’à ce jour.
Le 24 septembre 1838, un groupe d’émigrés, à la tête desquels se trouvaient Julian
Ursyn Niemcewicz et Karol Sienkiewicz, fondèrent la Bibliothèque Publique
Polonaise qui rassembla les collections déjà constituées par la Société Historique et
Littéraire, la Section Historique et la Société d’Aide Scientifique. L’idée de fonder
une bibliothèque fut lancée en 1832 par Aleksander Gołyński et Leon Wodziński.
L’année suivante, un appel semblable fut lancé « à toutes les nations civilisées » par
le général La Fayette et la Société de Civilisation. Elle condamna la dévastation des
bibliothèques de Varsovie, Vilnius, Krzemieniec et d’autres villes, accomplie par
l’occupant russe, ainsi que le déplacement des collections scientifiques à SaintPétersbourg, décidé par le gouvernement du tsar Nicolas Ier. Le manifeste de la
Société de Civilisation appelait aussi à la création d’une bibliothèque à Paris et d’un
centre de documentation consacré à la Pologne. L’idée de créer un tel établissement
fut soutenue par les plus éminents représentants de la vie politique et culturelle en
France : Daniel de Saint-Antoine, Pierre David d’Angers, Camille Odilon-Barrot,
Edouard Bignon, Lazare Hippolyte Carnot, Alphonse de Lamartine, Charles de
Montalembert, Edgar Quinet, Alfred de Vigny, Félicité de Lamennais, Jean Henri
Burgaud des Marets, Charles Augustin Sainte-Beuve, Abel-François Villemain. Le
projet fut également soutenu par des intellectuels anglais comme, par exemple, Lord
Dudley Coutts Stuart, Thomas Wentworth Beaumont, Thomas Campbell, Robert
Cutlar Fergusson, et d’autres personnalités comme l’écrivain américain James
Fenimore Cooper, l’historien allemand Richard Otto Spazier, le patriote italien
Giuseppe Poerio et son fils Alessandro, poète.
La Bibliothèque qui, dans le projet de ses initiateurs, devait remplir les fonctions
d’archives et de bibliothèque nationale en exil, devint un centre de la culture
polonaise recevant des dons précieux de livres, de documents et de manuscrits. Parmi
les donateurs, citons des Français éminents comme Ch. de Montalembert, A.
Lacaussade, J. Michelet, E. Quinet, F. de Lasteyrie, F. de Money et des ministres du
gouvernement français. La croissance rapide des collections qui exigeait un
hébergement adapté provoqua le besoin pressant d’acquérir un siège pour la
bibliothèque. Une collecte fut organisée parmi les émigrés. Les fonds ainsi réunis et
un emprunt au Crédit Foncier de France permirent en 1854 l’acquisition d’un
bâtiment situé au 6, Quai d’Orléans qui, aujourd’hui encore, abrite les collections de
la Bibliothèque Polonaise. La gestion de la Bibliothèque fut confiée à la Société
Littéraire et Historique, qui devint ensuite la Société Historique et Littéraire
Polonaise. Elle compta parmi ses membres d’éminentes personnalités de l’armée
polonaise, des poètes romantiques, des hommes politiques ou liés à la culture de
réputation internationale comme le général Józef Bem, Frédéric Chopin, des poètes
comme Juliusz Słowacki, l’historien Joachim Lelewel, le général Henryk Dembiński,
Aleksander Walewski (le fils de Napoléon Ier et de Maria Walewska qui devint
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ministre des Affaires étrangères sous le Second Empire), Ignacy Domeyko, Albert
Grzymała, Ludwik Plater, Karol Sienkiewicz, Adam Mickiewicz, Józef Ignacy
Kraszewski, Aleksander Fredro, Krzysztof Celestyn Mrongowiusz, Ludwik
Wołowski, Charles Edmond Chojecki. Elle eut aussi des Français parmi ses
membres : Alphonse d’Herbelot, Marc-Antoine Jullien dit Jullien de Paris, Henri
Burgaud des Marets, Marc Girardin dit Saint-Marc Girardin, Abel-François
Villemain, Lazare Hippolyte Carnot, Edouard Bignon, Camile Odilon-Barrot, Henri
Martin, Charles de Montalembert, le prince Eugène d’Harcourt. Parmi ses
sympathisants citons : le marquis Marie Joseph de La Fayette, Jules Michelet, Alfred
de Vigny, George Sand, Prosper Mérimée. Des Anglais tels Lord Dudley Coutts
Stuart, Thomas Wentworth Beaumont, Adolphe Bach, Henry Reeve devinrent
également membres de la S.H.L.P., tout comme les Écossais Thomas Campbell,
Robert Cutlar Fergusson, l’Américain James Fenimore Cooper, les Italiens Giuseppe
Poerio et son fils Alessandro, les Belges Edouard Ducpétiaux, Félix de Mérode, les
Croates Antonio Sorgo (né Antun Sorkočević), Franjo Rački ou l’évêque Josip Juraj
Strossmayer, le prêtre tchèque Václav Štulc, les Allemands Karl von Rotteck et Carl
Theodor Welcker.
Grâce à ces personnalités, la Société Historique et Littéraire devint rapidement un
centre d’échanges intellectuels qui joua un rôle important dans la formation des
mouvements de libération du XIXe siècle et la vie intellectuelle de Paris. C’est
pourquoi les collections de la Bibliothèque témoignent des mouvements et des
courants intellectuels qui influèrent sur le destin de l’Europe dans la seconde moitié
du XIXe siècle et au XXe.
Au moment de sa fondation, la Bibliothèque Polonaise, qui devint accessible au
public en 1839, comptait dans ses collections 2 194 livres, 147 cartes et quelques
œuvres d’art. Ces collections augmentèrent rapidement grâce à des dons et à des
achats. La Bibliothèque avait aussi pour mission de conserver les legs et les archives :
ceux des émigrés décédés, afin de sauvegarder les traces de leurs actions de leurs
réalisations, mais aussi celles d’institutions qui avaient cessé leurs activités. Les
réunions les plus importantes de l’émigration et les conférences des hommes
politiques et des poètes avaient lieu dans ses murs. La Bibliothèque et la Société
Historique et Littéraire entamèrent aussi de nombreux travaux d’édition destinés aux
Polonais aussi bien qu’aux autres nations européennes. Elles éditèrent par exemple
une grande carte en 48 planches, la Carte de l’ancienne Pologne et des régions
frontalières des pays voisins (Paris 1846-1859), élaborée par une équipe dirigée par le
général Wojciech Chrzanowski. Elles ont aussi édité en 1850 l’Atlas de l’ancienne
Pologne de Feliks Wrotnowski et Auguste Henri Dufour.
La Bibliothèque Polonaise poursuivit et poursuit encore ce genre d’activités avec une
intensité variable, en y associant les milieux intellectuels français. En 1935,
Franciszek Pułaski, André Mazon et Zygmunt Lubicz-Zaleski y dirigèrent le Centre
d’études polonaises. Ce centre comportait trois chaires : la chaire de Civilisation
polonaise dirigée par Paul Cazin, la chaire de Pologne contemporaine dirigée par
Henri de Montfort, directeur des services administratifs de l’Institut de France, et la
chaire des Affaires militaires dirigée par le général Louis Faury. Au cours de cette
période, des conférences de personnalités éminentes comme Alexandre Millerand
(président de la République Française de 1920 à 1924), Pierre de Nolhac (membre de
l’Académie Française), Sébastien Charléty, recteur de la Sorbonne, André Gide ou
Paul Valéry eurent lieu à la Bibliothèque. Les étudiants des universités parisiennes
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assistaient à ces conférences en auditeurs libres. La Bibliothèque organisait aussi de
nombreuses expositions qui furent très appréciées et publiait des travaux sur l’histoire
de la Pologne et sur les relations franco-polonaises.
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, l’occupation de Paris par les nazis eut
pour conséquence la dispersion des collections et une dégradation partielle des
locaux. Au début de 1945, Jean Laran, administrateur de la Bibliothèque Nationale,
initia la création d’un « Comité d’Aide à la Bibliothèque Polonaise » auquel
participèrent des personnalités comme Georges Duhamel et l’amiral Lucien Lacaze,
tous deux membres de l’Académie Française, ou Camille Gronkowski, conservateur
honoraire des musées parisiens, notamment au Petit Palais. Le Comité rédigea un
texte intitulé « Appel des savants et écrivains français au monde civilisé en faveur de
la Bibliothèque Polonaise » qui soulignait l’importance de la Bibliothèque Polonaise
et de ses collections et appelait à sa reconstruction. Citons un passage de cet appel :
“Durant près d’un siècle, la Bibliothèque allait être, sous la protection de la France,
la seule institution polonaise qui pût vivre librement. Elle conservait les livres, les
documents d’archives, traqués par la censure des occupants du pays; elle offrait aux
innombrables émigrés les ressources et les consolations d’un foyer intellectuel en
même temps qu’elle présentait aux investigations de l’étranger curieux de la
littérature et de l’histoire polonaises, tous les titres que s’est acquis la Pologne au
respect du monde civilisé. La Bibliothèque incarnait la pensée d’un peuple. Elle était
vraiment “l’arsenal de la guerre pour l’indépendance”... Son fonctionnement faisait
la joie et l’admiration des chercheurs; son importance s’était accrue au point de la
mettre au rang des plus riches bibliothèques spécialisées du monde entier... Le Musée
qui conservait les souvenirs d’Adam Mickiewicz, était le sanctuaire le plus touchant
de l’amitié franco-polonaise...
Cet appel fut signé par 136 éminents représentants de la vie intellectuelle en France,
mais aussi en Angleterre, en Belgique et en Suisse. Parmi les signataires, il y eut 22
membres de l’Institut de France, dont le président et les secrétaires perpétuels de
l’Académie, des professeurs des universités parisiennes, des hauts fonctionnaires de
l’Etat et des ambassadeurs. Cette action eut pour effet d’amener la communauté
internationale à s’engager à nouveau pour la cause de la Bibliothèque Polonaise :
l’ « Œuvre internationale de secours à la Bibliothèque Polonaise » fut créée en 1945.
L’existence, ininterrompue depuis plus de 150 ans, de la Société Historique et
Littéraire Polonaise et de la Bibliothèque Polonaise fut rendue possible grâce à la
solidarité internationale, au sentiment d’une communauté des idéaux, à la
participation des élites françaises au processus de leur création et à l’engagement des
autorités françaises qui ont saisi l’idée au vol et l’ont soutenue. L’Etat français
apporta ensuite son soutien à l’œuvre ainsi réalisée : en 1865, le Ministère de
l’Instruction Publique reconnut par arrêté le statut de société savante à la Société
Historique et Littéraire Polonaise, puis en 1866 l’empereur Napoléon III signa un
décret par lequel la S.H.L.P. et les collections de la Bibliothèque Polonaise acquirent
le statut d’institution d’utilité publique.
Actuellement, la Bibliothèque Polonaise de Paris possède de riches collections
s’étendant du XVe s. à nos jours. Elles comportent environ 200 000 imprimés reliés,
30 000 brochures et tracts rédigés pour l’essentiel par l’émigration, 1 000 titres de
périodiques, environ 7 500 dossiers de manuscrits et archives, environ 4 200 cartes ou
plans et 5 000 photographies.
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Les collections, et plus particulièrement celles qui furent rassemblées au cours du
XIXe s., témoignent des activités éditoriales de l’émigration et du souci de rassembler
les plus anciennes œuvres imprimées produites sur les territoires polonais. Elles
témoignent du souci de rassembler les manuscrits anciens concernant l’histoire de la
Pologne et de conserver l’héritage des émigrés et des institutions de l’émigration.
Elles permettent également l’apparition des activités de collectionneurs privés au
cours du XIXe s.
Les collections les plus significatives sont : la collection de livres rassemblée au XIXe
s. (près de 56 000 cotes dans le Fonds Ancien), la collection de brochures et de tracts
de l’émigration, la collection d’archives et de manuscrits (dont les manuscrits du
Musée Adam Mickiewicz) et la collection cartographique.
Collections d’archives et de manuscrits
Les collections d’archives les plus importantes comprennent des archives du
Royaume de Pologne amenées par les réfugiés et concernent l’Insurrection de
Novembre (1830-1831), les archives de la Grande Émigration, celles du Printemps
des Peuples, de l’Insurrection de Janvier (1863-1864) et de l’émigration qui l’a suivi.
Citons encore les Actes de la Mission polonaise à Paris en 1830, les Papiers de la
Diète de 1831 parmi lesquels on trouve l’acte de déposition du tsar Nicolas Ier du
trône du Royaume de Pologne, les papiers de l’État Major de l’armée polonaise de
1831, les archives d’organisations et celles des écoles polonaises de l’émigration, un
ensemble de mémoires, une riche correspondance et les manuscrits du Musée Adam
Mickiewicz.
Collections d’imprimés
Dans les collections de la Bibliothèque Polonaise, on trouve plusieurs dizaines
d’incunables, des imprimés rares qui datent des débuts de l’imprimerie en Pologne au
XVIe s. (ils proviennent d’ateliers de Cracovie tels que Jan Haller, Hieronim Wietor,
Łazarz Andrysowic et Jan Januszewski), mais aussi des livres imprimés dans toute
l’Europe.
Citons les œuvres de l’humaniste polonais Marcin Kromer qui furent éditées à Bâle,
Cologne et Cracovie, Chronica Polonorum de Maciej de Miechów éditée en 1521,
Chronica Polska de Marcin Bielski éditée en 1597, les trois premières éditions de
l’œuvre de Nicolas Copernic De revolutionibus orbium coelestium (Nüremberg 1543,
Bâle 1566, et Amsterdam 1617). Notons des livres rares comme, par exemple, les
Tragédies de Sénèque (Venise 1492), les Œuvres de Virgile éditées à Strasbourg en
1502, Wandalia (1519) et Saksonia (1520) de Albertus Kranz, et De bello Gothorum
de Agathius Scholasticus (1518). Enfin, remarquons les livres contenant les super exlibris des rois de France ou des livres qui ont appartenu à la bibliothèque royale.
Un autre ensemble rare et de grande valeur est constitué par des imprimés du XIXe
s.: brochures, appels et multiples tracts relatifs aux insurrections polonaises du XIXee
s. et aux activités des multiples organisations de l’émigration. Le dernier ensemble
important est constitué par la presse polonaise des XIXe et XXe s. publiée en France :
il comporte des exemplaires uniques.
Citons également les livres provenant de la Bibliothèque Załuski de Varsovie, la
première bibliothèque nationale publique fondée en Pologne au XVIIIe s., comme les
9
Statuta Ducatus Mazouie de Piotr Góryński (Cracovie 1541).
Collections cartographiques
La collection de cartes et d’atlas mérite l’attention en raison des motifs qui ont
présidé à sa constitution. Ces cartes forment un ensemble qui montre l’histoire du
développement du territoire polonais. La carte la plus ancienne est intitulée Tabula
Moderna Hungariae, Poloniae, Russiae, Prussiae et Valachiae et provient de la
Geografia de Ptolémée, (éditée à Lyon en 1535). Les cartes les plus intéressantes sont
des gravures sur bois ou sur cuivre représentant les territoires de la Première
République de Pologne et provenant des atlas de Mercator, Ortelius et Munster ou la
carte intitulée Poloniae finitimarumque locorum descriptio (Anvers 1579) et établie
par Wacław Grodecki (1535-1591). À l’époque de la Grande Émigration, une équipe
dirigée par le général Wojciech Chrzanowski établit une immense carte de 48
planches : Carte de l’Ancienne Pologne et des régions frontalières des pays voisins
(Paris 1846-1859), éditée par les soins de la Bibliothèque Polonaise et de la S.H.L.P.
Elle publia également l’Atlas de l’ancienne Pologne de Feliks Wrotnowski.
3.5 Bibliographie
Une bibliographie démontre ce que d’autres ont indépendamment écrit ou dit sur le
patrimoine que vous présentez. L’idéal serait que vous citiez des spécialistes de différents
pays, autre que le vôtre, et qu’ils fassent autorité, indépendamment de votre institution et de
l’UNESCO.
Akta Towarzystwa Historyczno-Literackiego w Paryżu, T. I-V, Paryż, 1991-2000
(Actes de la Société Historique et Littéraire Polonaise de Paris, T. I-V, Paris 1991-2000)
- Appel des savants et écrivains français au monde civilisé en faveur de la
Bibliothèque Polonaise de Paris (suivi d’une liste des signataires), Paris, 1945
- Chowaniec Cz., Jak powstała Biblioteka Polska w Paryżu. Dzieje aktu
fundacyjnego z 1838 r., Paryż 1939, k. 89, maszynopis, BP Akc.5097
(Chowaniec Cz., Comment est née la Bibliothèque Polonaise de Paris. Histoire de l’acte de
fondation en 1838, Paris 1939, 89 feuilles, texte dactylographié, BP Cote 5097)
- Chowaniec Cz., Podstawy ideowe Biblioteki Polskiej w Paryżu, Cahiers de la
Société Historique et Littéraire Polonaise, Nr 3, Paryż, 1946
(Chowaniec Cz., Les idéaux fondamentaux de la Bibliothèque Polonaise de Paris, Cahiers de
la Société Historique et Littéraire Polonaise, N° 3, Paris, 1946)
- Chowaniec Cz., Sprawa Biblioteki Polskiej w Paryżu u schyłku XIX wieku, Cahiers
de la Société Historique et Littéraire Polonaise, No 5, Paryż, 1958
(Chowaniec Cz., La question de la Bibliothèque Polonaise de Paris à la fin du XIXe
siècle, Cahiers de la Société Historique et Littéraire Polonaise, N° 5, Paris, 1958
- Gadon L., Z życia Polaków we Francyi. Rzut oka na 50-letnie koleje Towarzystwa
Historyczno-Literackiego w Paryżu 1832-1882, Paryż, 1883
(Gadon L., De la vie des Polonais en France. Regard sur 50 ans de vicissitudes de la Société
Historique et Littéraire Polonaise de Paris 1832-1882, Paris, 1883)
- Gałęzowska I., Biblioteka Polska, własność narodu, Cahiers de la Société Historique
10
et Littéraire Polonaise, Nr 3, Paryż, 1956
(Gałęzowska I., La Bibliothèque Polonaise, propriété de la nation, Cahiers de la Société
Historique et Littéraire Polonaise, N° 3, Paris, 1956)
- Gałęzowska I., Bibliothèque Polonaise de Paris (1839-1939), Paris, 1946
- Granier F., Les Tribulations de la Bibliothèque Polonaise de Paris, Paris, 1956
- Kret W., La Bibliothèque Polonaise de Paris. Son histoire et ses collections.
“Librarium. Revue de la Société Suisse des Bibliophiles”, vol. 13, N° 1/1970
- Marinelli E., Le origini della Biblioteca Polacca di Parigi. Tesi di laurea. Università
degli Studi di Trento, Trento, 1994 (manuscrit à la BP)
- Markiewicz E., Biblioteka Polska w Paryżu i jej zbiory, Warszawa, 1994/1995
(Markiewicz E., La Bibliothèque Polonaise de Paris et ses collections, Varsovie
1994/1995)
- Mond J., Towarzystwo Historyczno-Literackie i Biblioteka Polska w Paryżu.
Historia i dzień dzisiejszy, „Nauka Polska”, 1991, nr 2, s. 93-116
(Mond J., La Société Historique et Littéraire Polonaise et la Bibliothèque Polonaise de Paris.
Le passé et le temps présent, „Nauka Polska”, 1991, nr 2, pp. 93-116)
- Mońkiewicz B., Musée Adam Mickiewicz à Paris. Notice explicative à l’usage des
visiteurs, Paris, 1929
- Najder R., La Bibliothèque Polonaise. 150e anniversaire, Paris, 1989
- Pezda J., Siedziby Biblioteki Polskiej w Paryżu w latach 1838-1853, [w:] Rocznik
Biblioteki PAU/PAN, T. XLIX: 2004, s. 177-194.
(Pezda J., Les sièges de la Bibliothèque Polonaise de Paris dans les années 1838-1853, in :
Rocznik Biblioteki PAU/PAN, T. XLIX : 2004, pp. 177-194)
- Prokop M. P., La Bibliothèque Polonaise à Paris. Histoire, ses archives et ses
activités, [in] : I rapporti italo-polacchi tra ’800 e ’900. Fonte e problemi storiografici
a cura di Antonio Ciaschi, Edizioni Periferia, Cosenza, 1996, pp. 5-19
- Prokop M. P., Rodowicz M., Biblioteka Polska w Paryżu, „Relax” (Chicago), nr 21:
1989, s. 12-14
(Prokop M. P., Rodowicz M., La Bibliothèque Polonaise de Paris, in : „Relax” (Chicago), n°
21 : 1989, pp. 12-14)
- Przewodnik po zespołach rękopisów Towarzystwa Historyczno-Literackiego i
Biblioteki Polskiej w Paryżu, oprac. M. Wrede, M. Prokop, J. Pezda, ParyżWarszawa, 2000
(Guide des collections de manuscrits de la Société Historique et Littéraire de Paris, rédigé
par M. Wrede, M. Prokop, J. Pezda, Paris-Varsovie, 2000)
- Pułaski F., Biblioteka Polska w Paryżu w latach 1893-1948, Paryż, 1948
(Pułaski F., La Bibliothèque Polonaise de Paris dans les années 1893-1948, Paris, 1948)
- Rederowa D., Polski emigracyjny ośrodek naukowy we Francji w latach 1831-1872,
11
Wrocław, 1972
(Rederowa D., Le centre scientifique de l’émigration polonaise en France dans les années
1831-1872, Wrocław, 1972)
- Rocznik Towarzystwa Historyczno-Literackiego, T. I-VII, Paryż, 1866-1879
(Annuaire de la Société Historique et Littéraire Polonaise, T. I-VII, Paris, 1866-1879)
- Rodowicz M., Biblioteka Polska w Paryżu, „Kultura” (Paryż), nr 7/8: 1989, s. 126134
(Rodowicz M., La Bibliothèque Polonaise de Paris, in : « Kultura » (Paris), n° 7-8, pp. 126134)
- Salska H., Towarzystwo Historyczno-Literackie z czasów Wielkiej Emigracji 18321892, Arch. PAN, Warszawa, Sygn. III-5 (maszynopis pracy napisanej przed 1939 r.)
(Salska H., La Société Historique et Littéraire Polonaise au temps de la Grande Émigration
1832-1892, Arch. PAN, Warszawa, Cote III-5 (texte dactylographié avant 1939)
- Skarby kultury polskiej ze zbiorów Biblioteki Polskiej w Paryżu, Warszawa, 2004
(Les trésors de la culture polonaise dans les collections de la Bibliothèque Polonaise de
Paris, Varsovie, 2004)
- Strzembosz W., La Bibliothèque Polonaise de Paris, Paris, 1914
- Talko L., La Pologne au bord de la Seine, “Bulletin d’informations. Association des
Bibliothécaires Français” (Paris), N° 179, 2e trimestre 1998, pp. 7-11
- Żarnowska E., Les portraits d’Adam Mickiewicz au Musée Mickiewicz de Paris,
Étude Iconographique, Paris, 1957
A bibliography demonstrates what others have independently said and written about
the heritage you are nominating. It is best if you can cite scholars from several
countries, rather than just your own country, and if they are authoritative voices
clearly independent from both your own institution and UNESCO.
3.6 Nom, qualification et coordonnées jusqu’à trois personnes indépendantes (ou
organisations) avec une expertise sur la valeur et l’origine du patrimoine documentaire
Nom
Qualifications
Madame Hélène
Carrere d’Encausse
Académie Française
Prof. Secrétaire
23, quai de Conti
perpétuel de
l’Académie Française 75270 Paris Cedex 06 - CS 90618
du Secrétariat : 00 33 1 44 41 43
00 – Adresse mail :
[email protected]
1.
2. Monsieur Jacques Président de
Legrand
l’INALCO
Coordonnées
Institut national des Langues et Civilisations
Orientales
65 rue des Grands Moulins
CS21351
75214 PARIS Cedex 13
12
tél. du Secrétariat : 00 33 1 70
23 26 00 –
[email protected]
3. Monsieur François- Prof. au Collège de Collège de France
Chaire d’Histoire moderne et contemporaine
Xavier Coquin
France
du monde russe
11, place Marcelin Berthelot
75231 Paris Cedex 05
Tél. du Secrétariat : 00 33 1 44 27 12 12 –
pas d’adresse mail
Monsieur
Zdrada
4.
Jerzy Prof.
Emérite,Ul. Mazowiecka 68A/17
historien, Université30-019 Kraków
Jagellone en Pologne Pologne
Tel. 00 48 12 633 71 52 – Adresse mail:
[email protected]
Ces personnes seront contactées pour donner leur avis. L’UNESCO pourra aussi contacter
d’autres personnes faisant autorité afin de constituer une liste d’avis pour une meilleure
évaluation.
4.0 Informations juridiques
4.1 Propriétaire du patrimoine documentaire (nom et coordonnées)
Nom
Adresse
Association
de
la6 quai d’Orléans 75004 Paris
Bibliothèque Polonaise Association de la Bibliothèque Polonaise de Paris
Téléphone
+33 155429187
Fax
+33 146333631
Adresse électronique
cp.zaleski@ bplp.fr
4.2 Dépositaire du patrimoine documentaire (nom et coordonnées si différent du propriétaire)
Name
Ewa Rutkowski
Telephone
+33 155428388
Adresse
6 quai d’Orléans
75004 Paris
Facsimile
+33 146333631
Email
[email protected]
4.3 Statut juridique
Fournir les informations afférentes à la responsabilité légale et administrative de la préservation du
patrimoine documentaire.
Propriété de l’Association de la Bibliothèque Polonaise de Paris (Journal Officiel n° 33 du
16/08/2003, n° d’inscription 1209, page 4370, date de la déclaration : 10 juillet 2003).
4.4 Accessibilité
13
Indiquer de quelle manière les éléments / collections sont accessibles
Toutes les restrictions doivent être explicitement déclarées ci-dessous:
Les collections sont accessibles dans la Salle de Lecture et dans la Salle des Chercheurs du
mardi au vendredi, de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures. Un accès partiel à
l’information sur les collections des imprimés est disponible dans le catalogue électronique à
l’adresse internet suivante : http://katalog.bpp.kzb.krakow.pl
Encourager l’accessibilité est un objectif fondamental du Programme de la Mémoire du monde. Par
conséquent, la numérisation, dans le but de faciliter l’accès est encouragée et vous devez préciser si ce
travail est déjà fait ou s’il est prévu. Vous devez également préciser les facteurs culturels ou légaux qui
restreignent l’accès
Les originaux des collections sont accessibles pour la recherche scientifique. Les restrictions
d’accessibilité concernent les collections qui n’ont pas été inventoriées ou qui sont en mauvais
état.
.
4.5 Droits d’auteur
Indiquez les droits d’auteur pour chacun des éléments ou la collection
Lorsque les droits d’auteur sont connus, ceux-ci doivent être déclarés. Cependant, les droits d’auteur
d'un document ou d’une collection n'ont aucune incidence sur son importance. Ils ne sont pas pris en
compte pour déterminer si les critères d'inscription sont remplis ou non.
Les collections sont reproductibles après autorisation du Président de la Société Historique et
Littéraire Polonaise.
5.0 Evaluation des critères de sélection
5.1 Authenticité
Est-ce que ce patrimoine documentaire est authentique? Son identité et sa provenance sont-elles
établies de manière fiable?
Les documents d’archives des collections de la S.H.L.P., de la Bibliothèque Polonaise et du
Musée Adam Mickiewicz sont constitués pour la plupart d’originaux ou de copies de
documents anciens rédigés, datant du XVIe au XIXe s. Les autres collections (imprimés et
cartes) sont authentiques.
L’authenticité des documents est incontestable.
5.2 Importance mondiale
Ce patrimoine est-il unique et irremplaçable? Sa disparition constituerait-elle un appauvrissement
néfaste du patrimoine de l'humanité ? A-t-il eu un impact majeur sur le temps et / ou dans une aire
culturelle particulière du monde ? A-t-il eu une influence majeure (positive ou négative) sur le cours de
l'histoire?
La Bibliothèque Polonaise, fondée à Paris dans les années 1830 par des émigrés politiques
polonais, et ses collections sont un exemple qui montre que, afin de retrouver l’indépendance
perdue, on pouvait agir autrement que par l’action politique et militaire : créer et à entretenir
pendant des décennies une institution dont le but était de collecter des sources documentaires
éparpillées de l’histoire de la nation polonaise, de rassembler méthodiquement les publications
anciennes et contemporaines, plus particulièrement celles éditées en exil, de conserver les
14
archives des émigrés décédés en terre d’exil ainsi que les archives des institutions qui avaient
cessé leur activité. L’exemple de la BPP montre que le but pouvait être atteint par des actions
dans les domaines de la culture : la préservation du patrimoine documentaire, la conservation
de la mémoire collective, la perpétuation de l’identité nationale par des collections - accessibles
au public, par la création en exil des prémisses d’instituts de la mémoire à l’instar des
bibliothèques et des archives nationales qui s’étaient constituées dans les Etats indépendants du
XIXe s. Ces moyens d’action ralliaient d’éminents représentants d’autres pays qui y
participaient et les soutenaient activement.
La Bibliothèque Polonaise également est un exemple de solidarité et de collaboration entre les
élites intellectuelles internationales, et plus particulièrement les élites françaises qui ont
compris l’importance de sa mission et participé à l’agrandissement de ses collections. Les
autorités françaises firent de même, en estimant que cela pouvait être une forme efficace de
lutte pour la liberté et l’indépendance.
C’est pourquoi la BPP témoigne des mouvements et courants intellectuels internationaux dont
l’influence permit l’accès à l’indépendance de bien des nations d’Europe et du monde entier.
La Bibliothèque Polonaise de Paris, depuis plus de 150 ans, n’a pas son pareil dans le monde ;
ses collections nationales ne pouvaient ni être constituées, ni remplir leur rôle de renforcement
de l’identité culturelle et politique sur le territoire national. Son existence dans la durée en fait
un cas unique, sans aucun autre exemple dans l’Europe des XIXe et XXe s., ni même dans le
monde. Il est indéniable qu’elle a eu une grande influence sur la préservation de l’identité
nationale des Polonais et sur le retour à l’indépendance de la Pologne à la suite du Traité de
Versailles, après 123 ans de partages. Il est également évident qu’elle a eu, après 1945, une
influence sur la formation des organisations et la vie culturelle de l’émigration. Leurs actions
politiques et culturelles eurent une importance certaine pour le maintien de l’esprit de liberté et
la propagation des aspirations démocratiques des sociétés placées en situation intermédiaire
entre le système communiste de type soviétique et la démocratie, ce qui eut pour conséquence
finale la chute du « rideau de fer ». Ce rôle de la Bibliothèque Polonaise fut rendu possible
grâce à sa localisation géographique dans la capitale de la France, pays dont les élites
intellectuelles se sont faites les porte-paroles des aspirations à la démocratie, en soutenant
également les nations soumises au même sort que la Pologne.
Les collections de la Bibliothèque Polonaise, souvent constituées de pièces rares, sont réunies
dans le même lieu depuis plus de 150 ans et continuent à être gérées par les milieux issus de
l’ancienne émigration politique. Leur profil, leur mode d’organisation, le soutien apporté à leur
constitution par les élites intellectuelles françaises et celles de l’Etat, leur conservation dans le
même lieu pendant des décennies constituent un témoignage unique de l’esprit d’une époque et
d’un lieu.
Ainsi, la Bibliothèque Polonaise répond aux critères d’inscription dans le registre international
de la Mémoire du Monde, notamment à ceux qui sont énoncés dans les points n° 5.3.1, 2, 3, 6
et dans le point n° 6.1
5.3 Critères comparatifs :
Ce patrimoine documentaire répond-t-il aux tests suivants ? (Il doit répondre au moins à l’un d’eux)
1 Le temps
Le document est-il représentatif de son époque (qui peut être une période de crise, ou d’un important
changement social ou culturel ? Représente-t-il une découverte ou est-il le « premier de son genre » ?)
Les collections de la Bibliothèque Polonaise ont été constituées au cours du XIXe s., c’est-à15
dire à une époque où sont apparus, en Europe et sur d’autres continents, des mouvements de
combat pour la liberté et où l’on voit une tendance à la mise en place d’Etats nationaux. Dans le
cas polonais, ces aspirations se sont traduites par la création d’organisations politiques,
militaires ou liées à la conspiration, mais aussi par la participation des Polonais à de
nombreuses luttes « pour votre liberté et la nôtre ». Une partie de l’émigration politique
polonaise installée à Paris était consciente du fait que le processus de recouvrement de
l’indépendance serait long. En créant des institutions comme la Société Historique et Littéraire
Polonaise et la Bibliothèque Polonaise, cette émigration a pu développer ses collections ainsi
que ses activités à caractère scientifique, éditorial et de vulgarisation qui servirent de socle au
développement du sentiment d’identité culturelle, de la mémoire nationale et des liens de la
nation polonaise avec l’Europe. À partir des années 1850, les collections devinrent accessibles
au public. Dans la seconde moitié du XIXe s. et dans les deux premières décennies du XXe, la
Bibliothèque fut la seule institution polonaise sur le territoire français où une vie nationale libre
s’est épanouie. Il s’agissait d’un lieu où, le pays partagé par les annexions se réunifiait, où se
rencontraient des membres d’associations, d’organisations ou de partis politiques différents,
mais tous animés par le souci commun de reconstituer une patrie indépendante, avec le
sentiment d’un devoir commun à accomplir. Ces idées et ces activités se réactivèrent en 1945
lorsque, du fait de la division de l’Europe par le « rideau de fer », la Bibliothèque fut dirigée
par une nouvelle génération d’émigrés politiques qui n’acceptaient pas l’asservissement de la
Pologne au communisme. Pendant plusieurs décennies, la Bibliothèque redevint un centre de
pensée libre et un lieu abritant de nouvelles collections de livres dont la publication était
interdite en Pologne.
2 Le lieu
Le document contient-il des informations déterminantes à propos d’un lieu important pour l’histoire du
monde et pour la culture ? Par exemple, le document représente-t-il une influence importante ou un
phénomène par le seul fait de sa localisation ? Décrit-il un environnement physique, des villes ou des
institutions qui ont disparus depuis ?
La Société Historique et Littéraire Polonaise et la Bibliothèque Polonaise, gérée par la Société,
ont été fondées à Paris. À l’époque, Paris était un des principaux centres de civilisation dans le
monde, celui à partir duquel les idées de liberté, d’égalité et de fraternité formulées pendant la
Révolution française se propageaient de façon vivante tout au long du XIXe s. C’était la
capitale d’un Etat qui avait déjà, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe s., donné asile à des
réfugiés politiques et apporté un soutien aux nations opprimées. C’est pour cette raison que les
émigrés politiques polonais contraints de quitter leur pays, choisirent à nouveau Paris comme
lieu de séjour après 1831, tout comme ils le firent lors des vagues d’émigration suivantes,
toutes liées à des répressions politiques. Ils trouvèrent à Paris non seulement les moyens de
subsister, mais aussi la possibilité de continuer leurs actions en toute légalité. Paris était alors
une ville où se réunissaient toutes les élites intellectuelles européennes qui influençaient le
développement des idées politiques, sociales et artistiques de l’époque. Les réfugiés polonais y
trouvaient donc un soutien, fondé sur une communauté de valeurs et de pensée, auprès des plus
éminents représentants de la vie culturelle et politique de la France, mais aussi de l’Angleterre
et de l’Amérique.
3 Les personnes
Le contexte culturel de la création du document reflète-t-il un aspect significatif du comportement
humain ou du développement social, industriel, artistique ou politique ? Ou saisit-il l’essence de grands
mouvements, de transitions, d’avancées ou de régressions ? Illustre-t-il les vies d’individus éminents
dans ces domaines ?
Les collections de la Bibliothèque Polonaise sont une conséquence de la ramification des
contacts intellectuels et culturels entre ses fondateurs et continuateurs, entre ses parrains,
donateurs, et créateurs de fonds privés. Elles sont l’expression d’un large éventail des
16
problèmes liés aux contextes politique, social et culturel de l’Europe du XIXe s., aux luttes
pour la liberté et l’indépendance des nations opprimées, avec lesquelles la diaspora polonaise
s’est solidarisée et aux côtés desquelles elle a participé de nombreuses fois à des combats,
comme ce fut le cas lors du Printemps des Peuples, et afin de créer un nouvel équilibre du
Vieux Continent.
Parmi les multiples collections de documents de la Bibliothèque Polonaise, la collection de
documents du fonds Mickiewicz (1798-1855) mérite une attention toute particulière. Adam
Mickiewicz fut le plus grand poète romantique polonais. George Sand le compara à Goethe et
Byron. Il s’agit d’une figure éminente de la culture polonaise, mais aussi française et
européenne. Il fut professeur au Collège de France en même temps que Jules Michelet et Edgar
Quinet. « Médecin des âmes », défenseur des droits de l’homme et des Etats indépendants,
pèlerin et visionnaire, rédacteur de La Tribune des peuples, un quotidien par l’intermédiaire
duquel il se fit le porte-parole de l’idée d’une communauté fraternelle entre des peuples libres
et des Etats indépendants, une sorte d’Union Européenne avant la lettre.
Le Musée Adam Mickiewicz, fondé en 1903 par son fils Ladislas, constitue actuellement une
partie des collections de la Bibliothèque Polonaise. C’est un des plus anciens musées littéraires
en France et le premier musée polonais fondé en terre d’exil. Il s’agit aussi du premier musée
créé par une communauté étrangère sur le territoire français.
Le destin d’Adam Mickiewicz l’a amené à fréquenter les figures les plus éminentes de la vie
intellectuelle de la première moitié du XIXe siècle, parmi lesquelles : Marie d' Agoult, Frédéric
Chopin, Victor Cousin, Pierre Jean-David d'Angers, Alfred Dumesnil, Léon Faucher, Johann
Wolfgang Goethe, Alphonse d’Herbelot, Victor Hugo, Auguste Lacaussade, Marie-Joseph de
La Fayette, Alphonse Lamartine, Félicité de Lamennais, Henri Burgaud des Marets, Charles de
Montalembert, Antoine-Auguste Préault, Alexandre Pouchkine, Charles-Augustin SainteBeuve, Alfred de Vigny. On trouve dans la correspondance du poète des lettres et autographes
de ces grandes figures qui témoignent de la naissance d’un nouveau mouvement de pensée
politique en Europe et d’une aspiration à une union de peuples libres.
La statue de Mickiewicz qui se trouve à Paris, sculptée par Antoine Bourdelle, témoigne
également de cette idée nouvelle pour l’époque. En 1998, l’UNESCO s’est associée à la
célébration du bicentenaire de la naissance de Mickiewicz.
L’un des cofondateurs de la Bibliothèque Polonaise fut Adam Czartoryski (1770-1861). Dans
sa jeunesse, il fut l’ami du tsar Alexandre Ier et devint ministre des Affaires étrangères de
l’Empire russe. Pendant l’insurrection contre la Russie (1830-1831), il fut président du
Gouvernement National polonais. Émigré à Paris à partir de 1833, il y créa un groupement
politique qui conduisit une vaste action diplomatique de défense de la question polonaise. Il
soutint également les mouvements révolutionnaires et nationaux. À partir des années 1840, il
entreprit un programme de rénovation du monde slave qui prenait appui sur l’Empire Ottoman
et s’engagea dans des actions à caractère diplomatique et militaire, notamment pendant la
période de la Guerre de Crimée (1853-1856).
4 Sujet et thème
L’objet du document représente-t-il des développements historiques ou intellectuels particuliers dans
les sciences naturelles, sociales ou humaines ? Ou dans les domaines politiques, idéologiques, sportifs
ou artistiques ?
Toutes les collections de la Bibliothèque Polonaise de Paris rassemblées au cours du XIXe s.
montrent l’importance que l’émigration polonaise accordait à la collecte et à la conservation du
patrimoine littéraire dans une conjoncture où, du fait de l’absence d’un Etat polonais, ce
17
patrimoine avait était pillé. Cette mission de la bibliothèque fut définie dès ses débuts et
formulée dans l’Appel aux peuples civilisés pour la formation d’une Bibliothèque à offrir à la
Pologne qui fut lancé en 1833 à Paris par une association française, la Société de Civilisation:
« La destruction du royaume de Pologne, l’anéantissement de sa puissance politique, ne
peuvent détruire sa puissance morale tant que les Polonais conservent leur esprit
d’indépendance, l’esprit de propagande civilisatrice qui est le principe constitutif de leur
nationalité. Leurs oppresseurs le savent bien ; aussi s’acharnent-ils particulièrement à éteindre
ce germe vital, ce dogme générateur du patriotisme polonais. Ils avouent hautement leur but ;
ils proclament leurs moyens. D’un côté, en détruisant tous les monuments littéraires et
artistiques, en proscrivant l’histoire et la langue nationale, ils espèrent effacer toutes les
traditions de liberté et de gloire, tout souvenir d’indépendance. D’un autre côté, en fermant les
écoles, en défendant à la Pologne de communiquer avec l’étranger, ils ne permettent pas aux
Polonais de prendre part au grand mouvement social de notre époque ! Ils frappent ainsi une
nation, vieille de gloire et jeune d’enthousiasme, dans son passé et dans son avenir. Dans cette
guerre de nouvelle espèce, guerre morale et intellectuelle, qui frappe l’existence future d’un
peuple, les Polonais seront-ils abandonnés, comme ils l’ont été naguère sur les champs de
bataille? »
Les collections de la Bibliothèque constituent également un témoignage de l’aspiration
commune des peuples d’Europe à la liberté et de la collaboration des élites intellectuelles et
politiques qui œuvraient pour cette cause commune.
5 Forme et style
Le document a-t-il une exceptionnelle valeur esthétique, stylistique ou linguistique? Ou est-ce un
modèle typique d’un type de présentation, de coutume ou bien les deux ? Est-il un exemple de support
ou de format disparu ou en voie de disparition ?
6 Importance sociale / spirituelle / communautaire
L’application de ce critère doit refléter l'importance du patrimoine documentaire aujourd’hui - Quel
impact affectif le patrimoine documentaire a-t-il sur les individus vivants de nos jours ? Est-il vénéré
comme un saint ou pour ses qualités mystiques, ou respecté pour son association avec des personnes
et des événements importants ?
Les collections de la Bibliothèque Polonaise de Paris témoignent de la volonté, apparue au
XIXe s. dans les milieux de l’émigration polonaise, de créer des institutions durables destinées
à rassembler les sources documentaires concernant le passé d’une nation asservie et privée de
son autonomie politique depuis la fin du XVIIIe s., à conserver pour toujours les messages
laissés par les générations qui ont lutté pour la liberté, à affirmer son identité culturelle et à
diffuser une pensée librement exprimée. La Bibliothèque Polonaise qui, du fait de son
ouverture au public, devint un lieu d’acquisition des connaissances sur la Pologne aussi bien
par les Polonais que par les étrangers, est un exemple d’institution novatrice au XIXe siècle.
Actuellement, la Bibliothèque Polonaise et ses collections sont connues et appréciées non
seulement par les Polonais et les Français, mais aussi par les représentants d’autres nations, par
exemple les Américains et les Japonais
Grâce à sa longévité, à l’engagement de plusieurs générations successives d’émigrés, à la
collaboration entre les élites intellectuelles d’autres nations et leur soutien à un idéal, les
collections de la Bibliothèque Polonaise montrent que la liberté et le retour à l’indépendance ne
s’obtiennent pas seulement par l’action militaire ou politique, et que la construction d’une
institution qui, par ses activités et les collections rassemblées, conserve la mémoire d’une
société ou d’une nation et diffuse la connaissance du passé. Il s’agit d’une arme pacifique
efficace dans la lutte pour l’avenir.
18
(Si les personnes qui vénéraient le patrimoine documentaire pour sa signification sociale / spirituelle /
communautaire ont disparues, celui-ci perd certes cette importance spécifique mais peut
éventuellement acquérir une signification historique.)
6.0 Information contextuelle
6.1 Rareté
La Bibliothèque Polonaise et ses collections constituent un exemple exceptionnel
d’institution fondée par des émigrés dans la première moitié du XIXe siècle dans le but de
conserver la mémoire collective et l’identité nationale d’un peuple. Il s’agit d’une institution
bâtie sur le modèle d’institutions comme les bibliothèques, les archives ou les musées
nationaux qui, dans les états indépendants, mettaient en œuvre le principe de rassemblement de
leur patrimoine culturel. La Bibliothèque rassemblait les sources anciennes (manuscrits et
livres anciens) et les éditions en cours de l’émigration ; elle conservait l’héritage des émigrés et
les archives des institutions de l’émigration. La Société Historique et Littéraire et la
Bibliothèque bénéficièrent de la collaboration et du soutien de représentants éminents des élites
françaises ou d’autres nationalités. Elle existe de façon ininterrompue depuis 1838 et continue
jusqu’à aujourd’hui à être administrée par l’émigration polonaise.
On peut mesurer à quel point la Bibliothèque Polonaise constitue un ensemble exceptionnel,
quand on la compare à des institutions analogues. Ainsi, la Bibliothèque Tourgueniev fondée
en 1875 par des émigrés russes, et la Bibliothèque Simon Petlioura fondée en 1927 par des
émigrés ukrainiens, n’ont pas résisté à l’épreuve de la Deuxième Guerre mondiale. Leurs
collections ont été partiellement détruites ou dispersées et aucune de ces deux institutions n’a
repris ses activités.
Dans les collections de la SHLP et de la Bibliothèque, on trouve des pièces uniques qui
témoignent de pratiques de constitution de collections exceptionnelles permettant de conserver
pour toujours des informations sur de grands faits de la culture mondiale. On peut classer dans
cette catégorie :
- plusieurs carnets d’autographes de la talentueuse pianiste Maria Szymanowska (1789-1831)
qui fit une carrière internationale en Europe au début du XIXe s. Ces carnets sont d’autant plus
intéressants qu’on y trouve des inscriptions et des autographes des personnalités les plus
éminentes du monde artistique de l’époque : celles d’écrivains comme C. Delavigne, A.
Mickiewicz, T. Moore, A. Pouchkine, W. Scott, ou de compositeurs comme J. S. Bach, J.
Beethoven, L. Cherubini, J. Haydn, A. Mozart, complétés ultérieurement par la fille de la
musicienne, Celina Mickiewicz (qui devint l’épouse de A. Mickiewicz) avec des autographes
de F. Liszt, S. Moniuszko (grand compositeur polonais du XIXe s.), F. Chopin. Parmi les
personnalités qui se sont inscrites dans les carnets de M. Szymanowska, on trouve également
Johann Wolfgang von Goethe qui fut un de ses admirateurs. Les inscriptions sous forme de
notes de musique illustrent les différents styles musicaux allant du XVIIe au XIXe s. et les
goûts artistiques de l’époque. Ces carnets constituent également une source explicitant le
contexte historique très peu connu dans lequel vivait la pianiste [cotes MAM 969, MAM 970,
MAM 971, MAM 972, MAM 973, MAM 974].
- les trois premières éditions de l’œuvre de Nicolas Copernic : De revolutionibus orbium
coelestium (Nüremberg 1543, Bâle 1566 et Amsterdam 1617) [cotes THL REZ. FA 8864,
THL REZ. 7881, THL REZ. 4368]
- une collection des premières éditions des œuvres de F. Chopin avec des dédicaces et des
corrections manuscrites (collection Zofia Zaleska-Rosengardt, une des élèves du compositeur)
[cote FN 140610, FN15 834].
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6.2 Intégrité
Les collections les plus anciennes qui ont été constituées dans les années 30 du XIXe s. se sont
conservées dans leur quasi-totalité au 6, quai d’Orléans à Paris pendant plus de 150 ans. Une
petite partie d’entre elles a été détruite après l’entrée de l’armée allemande dans la capitale
française en 1940. Une autre petite partie, déplacée par les Allemands, a été interceptée par
l’URSS qui les a transmises à Varsovie en 1955. Cette dernière est actuellement déposée dans
les collections du Musée Adam Mickiewicz à Varsovie. Une partie des collections graphiques,
transmises à Cracovie au cours de la remise en état effectuée en 1930-1931, se trouve dans les
collections de la Bibliothèque Scientifique de l’Académie Polonaise des Sciences et des Lettres
à Cracovie.
7.0 Consultation des partenaires
7.1 Fournir les informations sur la consultation des partenaires au sujet de la proposition, de
son importance et de sa conservation
Danuta Dubois – Bibliothèque Polonaise de Paris – directeur
Ewa Rutkowski – Bibliothèque Polonaise de Paris – responsable Manuscrits et Archives, Musée
Adam Mickiewicz
Maria Wrede – Bibliothèque Nationale de Varsovie – historien archiviste
Janusz Pezda – Bibliothèque des Princes Czartoryski à Cracovie – historien archiviste
En dehors de l’institution auteur de la proposition, d'autres organisations ou groupes ont-ils été
consultés dans le processus de préparation de la candidature ? Et, si oui, l’ont-ils soutenu, s’y sont-ils
opposé ou ont-ils des commentaires utiles à faire ?
8.0 Evaluation des risques
Précisez la nature et l’étendue des menaces auxquelles l’élément du patrimoine documentaire est
exposé.
Les collections manuscrites sont conservées dans un magasin climatisé dont les paramètres de
conservation demeurent sous contrôle.
Les collections sont sensibles et exposées aux risques suivants :
- en cas de catastrophe naturelle, risque d’inondation, le bâtiment de la Bibliothèque étant situé
sur les rives de la Seine à Paris ;
- dégradations mécaniques consécutives à la mise à disposition des originaux en Salle des
Chercheurs (seule une petite partie des collections est microfilmée ou scannée) ;
- dégradations mécaniques ou consécutives à l’exposition à la lumière et au rayons UV ;
- dégradations mécaniques ou mutation chimique (dégradation accélérée du papier et des
encres) ;
- collections cartographiques et iconographiques exposées aux variations climatiques.
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Joindre une déclaration séparée si l’espace est insuffisant.
Soyez précis et honnête. Si votre document est à risques, précisez-le. L’UNESCO doit connaître sa
réelle situation.
9.0 Plan de preservation et d’accessibilité
9.1 Existe-t-il un plan de gestion pour ce patrimoine documentaire ?
NON
Si oui, joignez un résumé du plan. Dans le cas contraire, vous êtes prié d’attacher davantage de
renseignements afférents au stockage et au gardiennage des documents.
Depuis plusieurs années, des travaux sont conduits dans le but de conserver les collections
dans de meilleures conditions.
Les travaux suivants sont achevés ou en cours :
- rénovation complète du bâtiment dans les années 2000-2004 ;
- installation de rayonnages coulissants ainsi que climatisation et ventilation du magasin des
manuscrits ;
- travaux d’inventaire scientifique complet des collections en cours ;
- examen des collections dans le but d’analyser leur état de conservation et d’évaluer les
risques auxquelles elles sont exposées ;
- travaux de restauration partiels (dans la mesure des moyens financiers) des objets les plus
précieux et les plus menacés ;
- une partie des collections a été microfilmée ou numérisée.
10.0 Informations complémentaires
Précisez toute autre information qui appuie l’inscription de ce document au Registre de la Mémoire du
monde. Si la proposition est retenue, comment l’utiliseriez-vous pour promouvoir le Programme
Mémoire du monde ?
Joindre une déclaration séparée si l’espace est insuffisant.
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