La contention des personnes âgées

Transcription

La contention des personnes âgées
CHARBONNEAU BASTIEN
PROMOTION 2001-2004
IFSI DU CHU DE NICE
TRAVAIL DE FIN D’ETUDES
DIPLOME D’ETAT INFIRMIER
« Il s’agit d’un travail personnel effectué dans le cadre d’une scolarité en IFSI
(C.H.U. de Nice) et il ne peut faire l’objet d’une publication en toute partie sans l’accord
de son auteur et de l’I.F.S.I. »
Je tiens a remercier, Madame Maurer, qui a su me guider dans cette réflexion ainsi
que tous les personnels qui ont bien voulu participer à la pré-enquête et à l’enquête.
Je remercie, plus particulièrement mes parents qui ont bien voulu lire et corriger ce
travail.
SOMMAIRE
1. Introduction
Page 1
2. Pré enquête
Page 3
3. Cadre de référence
Page 4
4. Problématique de recherche
Page 10
5. Méthodes de recueil de données
Page 14
6. Conclusion
Page 16
7. Bibliographie
Page 17
8. Annexe
Page 19
•
Annexe I
Pré-enquête
1. INTRODUCTION
« Agé et hospitalisé dans un service de médecine générale à orientation gériatrique,
me voici attaché. A qui ? Plutôt à quoi ? A mon fauteuil, à mon lit ? Jamais je n’aurais
imaginé que cela puisse m’arriver. C’est pour mon bien et ma sécurité, dites vous ! En
êtes-vous si surs ? Vous, debout dans votre uniforme de soignant, ne détournez plus la tête
quand vous m’attachez. S’il vous plaît, expliquez-moi et, surtout, écoutez- moi… »1
Dans le cadre de ma formation en I.F.S.I., je dois fournir un travail de recherche sur
un thème précis qui sera la contention chez la personne âgée.
J’ai voulu commencer cet écrit par cette citation, tirée d’un article de Soins
Gérontologie- 1997- n°9, qui nous a été diffusé en première année de formation dans le
cadre du module transversal Législation, Ethique et Déontologie.
Lors de mon stage de chirurgie en première année, j’ai été amené à réaliser une
contention sur une personne âgée qui venait d’être admise dans le service. Elle s’était
arrachée sa sonde vésicale. L’infirmière ma demandé « d’attacher » ses mains pour ne pas
qu’elle s’arrache la voie veineuse périphérique. La réalisation de ce soin, pour moi, a été
très dur psychologiquement. La personne me disait « Non, je ne veux pas être attachée ».
Cela m’a amené à me poser beaucoup de questions sur le bien fondé de cet acte.
De plus, lorsque je travaille comme aide soignant, je me rends compte dans les
services de gérontologie qu’une personne âgée est levée le matin entre 8 h et 10 h puis
recouchée le soir entre 18 et 20 heures. Elle reste le plus souvent assise sur une chaise ou
dans un fauteuil médicalisé sans pouvoir se lever car un système de contention est prescrit
le plus souvent en prévention d’une chute.
Pourquoi la contention pour ce patient ?
N’y a t- il pas d’autres moyens pour éviter la chute ?
Quelle perspective durant toute une journée avec ce système privant d’autonomie ?
Une question importante me vient à l’esprit :
Ce système de prévention ne peut il pas devenir à terme une forme de
maltraitance ?
C’est en fin de première année que j’ai commencé à réfléchir sur ce sujet et j’ai
pensé que ce thème pourrait être le sujet du travail écrit de fin d'étude.
A partir de ce moment j’ai décidé de me documenter sur ce sujet, de faire des
recherches sur Internet et de me renseigner sur tous les lieux de stage sur l’application de la
contention.
Puis après, j’ai ciblé la contention chez la personne âgée différenciant de ce fait la
contention utilisée en service de psychiatrie et en chambre d’isolement, avec un protocole
spécifique.
1
Attache à l’hôpital, réflexion éthique sur une pratique qui ne l’est pas toujours…, Catherine Durpoix,
infirmière, service de médecine générale orientation gériatrique, C.H.U. de Barbroix
Enfin après le Diplôme d’Etat, je souhaiterais exercer ma profession auprès des
personnes âgées. C’est aussi une des raisons du thème de ce travail.
La question de départ de cet écrit sera :
La contention chez la personne âgée n’est elle pas à terme une forme de
maltraitance ?
Pierre Yves Mallo 2 écrit dans le chapitre des conduites sécuritaires au risque de
maltraitance « les personnes âgées, déjà peu ou prou en situation de dépendance, ne
peuvent alors que subir les décisions prises « pour leur bien », pour leur sécurité. »
Partant de cet écrit, pourquoi ne pas me baser sur cet axe de recherche pour réaliser
ce travail. Je trouve important de comprendre en quoi la sécurité d’un patient nécessite de
le priver de son autonomie. De plus, la contention peut devenir un acte courant qui est
réalisé le plus souvent sans réfléchir aux conséquences qu’il peut avoir sur la personne et
son entourage.
Dans un premier temps, je vais étudier le cadre de référence sur la contention à
l’aide de différents écrits et des textes de lois. En parallèle je vais réaliser une pré enquête
auprès de professionnels de la santé.
Cette première partie donnera naissance à une problématique de recherche, qui sera
le temps fort de ce travail et qui me permettra de dégager une hypothèse.
Dans un deuxième temps, je vais accomplir une enquête auprès de professionnels,
qui me permettra de confirmer ou pas l’hypothèse. Cette partie finale sera réalisée après le
rendu du travail et sera soutenue à l’oral.
A la fin de ce travail, j’aimerais essayer d’apporter une certaine réflexion face à la
contention qui permettrait d’aborder ce soin en pensant aux conséquences qu’il peut avoir
sur une personne âgée et essayer de trouver d’autres solutions dans l’exercice de ma
profession.
2
Gérontologie et société « la maltraitance » édité par la Fondation Nationale de Gérontologie 1999.
1. PRE ENQUETE
J’ai décidé de réaliser la pré-enquête dans une maison de retraite médicalisée de
l’arrière pays niçois. J’ai interrogé des infirmières et des aides soignantes. Au cours de mes
différents stages, je me suis rendu compte que les aides soignants appliquent et mettent en
œuvre la contention même si cet acte relève d’une prescription médicale et donc un soin
non délégable.
J’ai interrogé trois infirmières et deux aides soignantes, et je leur ai posé différentes
questions 3 à propos de la contention :
Comment est appliquée la contention ?
Quelle est la représentation de la contention pour le soignant ?
Comment le soignant vit- il cet acte ?
A l’analyse des réponses, j’ai remarqué que pour les aides soignantes, la contention
a pour objectif la sécurité du patient. En effet « on ne peut pas mettre un soignant derrière
chaque patient 4 ».
Pour les infirmières, la contention est un acte qui est utilisé en dernier recours, et
est prescrit pour pallier à une chute ou à une désorientation, donc pour éviter un risque
pour le patient. De plus, une infirmière m’a expliqué, qu’avant de mettre la contention, la
famille était prévenue. C’est à dire que le médecin gérontologue du service essaye au
maximum d’inclure la famille en expliquant les motivations de cet acte et les risques si
jamais elle le refuse.
Après avoir rencontré les infirmières, j’ai eu la chance de m’entretenir avec le
médecin gérontologue du service. Elle m’a expliqué que selon elle, la contention n’est pas
appliquée correctement, c’est à dire qu’elle est prescrite pour une période donnée mais elle
n’est pas forcément reévaluée régulièrement comme l’oblige les textes de lois. De plus elle
a insisté sur le fait que la famille, quand le patient ne peut comprendre (démences,
Alzheimer en stade terminal), doit être en accord avec cette prescription.
Une fois prescrite, la contention est appliquée mais n’est pas réexaminée
régulièrement. C’est sur cet axe de travail que je vais essayer d’orienter ma problématique.
Car pour moi il est essentiel de comprendre pourquoi cet acte n’est pas reévalué ?
3
4
La pré enquête telle qu’elle a été posé se trouve en annexe 1.
Propos d’une aides soignantes au cous de la pré-enquête
2. CADRE DE REFERENCE
Le cadre de référence va s’axer sur deux parties. La première, sera consacrée au
cadre législatif et la deuxième sera sur la contention proprement dit telle qu’elle est
évoquée dans les livres.
Cadre législatif :
Avant d’évoquer les textes de lois qui régissent la profession d’infirmier, je pense
qu’il faut évoquer la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui rappelle la notion
de liberté à laquelle tout être humain a droit :
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’assemblée générale
des Nations Unies, Paris, 10 décembre 1948 :
•
Article 3 :
« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ».
Avant d’étudier les décrets qui régissent la profession d’infirmier, il faut rappeler
que la contention physique est une prescription médicale émanant d’un médecin. Elle doit
être écrite, datée, signée et renouvelée toutes les 24 heures après que le patient a été vu par
un médecin.
Décret du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la
profession d’infirmier :
•
Selon l’article 5 :
« Dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier accomplit les actes ou dispense les
soins visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de
son environnement et comprenant son information et celle de son entourage. »
•
Selon l’article 6 :
« L’infirmier est habilité à pratiquer les actes suivants, soit en application d’une
prescription médicale qui, sauf urgence est écrite, qualitative et quantitative, datée et
signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement
établi, daté et signé d’un médecin. »
•
Selon l’article 13 :
« En l’absence d’un médecin, l’infirmier est habilité, après avoir reconnu une
situation comme relevant de l’urgence ou de la détresse psychologique, à mettre en œuvre
des protocoles de soins d’urgence, préalablement écrits, datés et signés par le médecin
responsable. Dans ce cas, l’infirmier accomplit les actes conservatoires jusqu'à
l’intervention d’un médecin. Ces actes doivent obligatoirement faire l’objet de sa part d’un
compte rendu écrit, daté, signé remis au médecin et annexé au dossier du patient. ».
Décret du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles des infirmiers et
infirmières :
•
Selon l’article 2 :
« L’infirmier ou l’infirmière exerce sa profession dans le respect de la vie et de la
personne humaine. Il respecte la dignité et l’intimité du patient et de la famille. »
•
Selon l’article 14 :
« L’infirmier ou l’infirmière est personnellement
professionnels qu’il est habilité à effectuer. »
•
responsable
des
actes
Selon l’article 26 :
« L’infirmier ou l’infirmière agit en toute circonstance dans l’intérêt du patient. »
•
Selon l’article 29 :
« L’infirmier ou l’infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite,
datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques et de
soins d’urgence que celui- ci déterminés.
L’infirmier ou l’infirmière communique au médecin prescripteur toute information
en sa possession susceptible de concourir à l’établissement du diagnostic ou de permettre
une meilleure adaptation du traitement en fonction de l’état de santé du patient et de son
évolution. »
•
Selon l’article 32 :
« L’infirmier ou l’infirmière informe le patient ou son représentant légal, à leur
demande, et de façon adaptée, intelligible et loyale, des moyens ou des techniques mis en
œuvre. Il en est de même des soins à propos desquels il donne tous les conseils utiles à leur
bon déroulement. »
Il est important de rappeler toutes ces mesures législatives qui concernent le rôle et le
devoir des infirmiers envers le patient et sa famille. Quand un soin de contention est
prescrit avant tout chose il faut que l’infirmier ou l’infirmière explique ce soin au
patient ainsi qu’à la famille. De plus à ces différents textes de loi il ne faut pas oublier
la charte du patient hospitalisé ainsi que la charte des droits et libertés de la personne
âgée dépendante.
Dans la charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante5 il est inscrit que
« la vieillesse est un état physiologique qui n’appelle pas en soi de médicalisation. La
dépendance physique ou psychique résulte d’états pathologiques, dont certains peuvent
être prévenus ou traités. Une démarche médicale préventive se justifie donc, chaque
fois que son efficacité est démontrée. »
« Les moyens de prévention doivent faire l’objet d’une information claire et objective
du public, en particulier des personnes âgées, et être accessible à tous. »
Ce qui signifie, que la personne âgée doit être informée du but de la contention. Si cette
dernière n’est pas en mesure de comprendre, une explication doit être apportée à sa
famille ou à son représentant légal.
De plus il est signifié que « toute personne âgée dépendante doit conserver la
liberté de communiquer, de se déplacer et de participer à la vie de la société ». (Article
III, de la chartre des droits et libertés de la personne âgée dépendante4 ).
Maintenant nous allons étudier la contention proprement dite :
Le mot contention vient du mot latin contentio qui signifie « lutte » selon le
dictionnaire Logos de Bordas (1976). De plus il donne trois définitions :
• Action de maintenir en place, spécialement os fracturé.
• Ce qui sert à rendre immobile un animal que l’on veut ferrer ou opérer.
5
Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante, établie par la fondation nationale de
gérontologie et le ministère des affaires sociales en 1997, révisée par ces mêmes organismes en 1999.
•
Effort soutenue dans la tension de certaines facultés : la contention de
l’intelligence, de la volonté.
La contention se définit comme :
« Appareil ou procédé destiné à immobiliser soit un animal, soit une partie ou la totalité du
corps humain dans un but thérapeutique ». Dictionnaire le Petit Larousse, 1988.
Voilà une définition générale mais j’ai voulu poursuivre mes recherches dans les
dictionnaires médicaux.
Selon le dictionnaire médical Flammarion, 7éme édition, 2001 :
« Ensemble des moyens orthopédiques ou chirurgicaux destinés à immobiliser un membre
ou un segment de membre et / ou à maintenir au contact des surfaces fracturées. »
Selon le dictionnaire médical, Masson, 1999 :
« Maintien en bonne position d’un organe hernié, de fragments d’os fracturés ou d’une
extrémité articulaire luxée, au moyen de bandages, attelles, plâtres, etc. »
Selon le dictionnaire des termes de médecine, Garnier - Delamare, 26éme éditions,
Maloine, 2000 :
« Immobilisation forcée (patient agité, foyer de fracture). »
C’est en recherchant une définition simple de la contention que je me suis rendu
compte qu’il y a très peu d’écrit sur ce thème. On parle très peu de la contention et si on en
parle dans les livres de soins en gérontologie, c’est très succinctement en expliquant les
méfaits de la contention, mais jamais en expliquant ce geste.
J’ai voulu aller plus loin dans la recherche d’une définition qui pourrait s’appliquer
aux personnes âgées. C’est à ce moment que j’ai trouvé sur le site Internet de l’A.N.A.E.S.
un document « limiter les risques de la contention physique de la personne âgée »6 . Cette
agence a travaillé sur ce thème et a défini la contention comme suit :
« La contention physique, dite passive, se caractérise par l’utilisation de tous
moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de
mobilisation volontaire de tout ou d’une partie du corps dans le seul but d’obtenir de la
sécurité pour une personne âgée qui présente un comportement estimé dangereux ou mal
adapté. »
Ils ont aussi différencié deux types de contention :
6
Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé. Evaluation de pratiques professionnelles dans
les établissements de santé »limiter les risques de la contention physique de la personne âgée, octobre 2000.
La contention dite posturale « qui participe au maintien d’une attitude corrigée,
dans le cadre d’un traitement rééducatif. »
La contention dite active « réalisée le plus souvent par un masseur kinésithérapeute
qui prépare la verticalisation après une période d’alitement prolongée. »
Ils vont plus loin dans leurs recherches en citant les moyens de contention utilisées :
• gilets et sangles thoraciques, les ceintures,
• les attaches de poignets et de chevilles,
• les sièges gériatriques, les sièges avec un adaptable,
• Les barrières du lit.
A ce jour, je n’ai trouvé que ce document qui traite de la contention chez la
personne âgée émanant d’un organisme officiel. Je me suis rendu compte aussi qu’il n’y a
pas qu’en France ou l'on parle peu de la contention de la personne âgée mais également au
Canada.
En continuant mes recherches, j’ai trouvé une définition éditée par le collège des
médecins du Québec « recommandations concernant l’utilisation de la contention et de
l’isolement » :
« Un genre d’immobilisation d’une personne par des moyens physiques »ou « tout
moyens visant à restreindre ou limiter les mouvements d’un patient ». Ce qui est
intéressant dans ce document c’est qu’il est stipulé « qu’aucune définition n’existe dans les
textes réglementaires concernant la contention… »
Donc cela signifie peut être qu’il y a un réel manque d’information au cours des
études médicales concernant la contention.
En ce qui me concerne, je pense que la contention physique est un système
d’attache qui empêche une personne de pouvoir se mouvoir et assurer ses besoins
fondamentaux. Je pense aussi que la contention a pour but de palier à un risque vital. Mais
elle doit être reévaluée régulièrement et doit être limitée dans le temps pour ne pas
engendrer de complications qui pourraient devenir irréversibles.
Mais maintenant , je pense qu’à ce stade, il faut définir ce qui est une personne
âgée :
Une personne âgée est une personne de 60 ans ou plus c’est à dire à l’âge de la
cessation d’activité. On distingue différents échelons d’âge chez la personne âgée :
Le 3éme âge correspond à la cessation d’activité. Il débute à un âge variable, cette
période de la vie est essentiellement caractérisée par la liberté de temps dont dispose
l’individu.
Le 4éme âge se traduit par la perte d’autonomie physique et mentale. Il débute à un
âge variable, le plus souvent les personnes du quatrième âge sont en institution et
bénéficient de soins et d’aides pour les actes de la vie quotidienne. 7
7
Cours de la personne âgée, I.F.S.I. C.H.U. de Nice, Module soins infirmiers aux personnes âgées et
gérontopsychiatrie, cours de Madame Koller.
Pour moi, une personne âgée est une personne douée d’une intelligence qui a son
propre vécu, une façon d’être, des habitudes, des repères spécifiques, que l’on doit toujours
respecter en égard à son âge, quelque soit sa maladie ou son handicap.
Maintenant, nous allons analyser ce qui a été écrit sur le thème de la contention.
Dans un livre intitulé l’infirmière et les soins palliatifs, l’auteur explique que
lorsque l’on a recours à la contention, le soignant trouve une explication spontanée .
« quelque qu’en soit sa forme, elle est toujours utilisée dans le but de «protéger » le
patient ou de se «protéger » soi- même, comme une mesure logique ou à laquelle on a
recours par défaut ». mais il démontre aussi que la contention ou la non contention ont un
coût et des risques. Enfin, il conclut que « seule l’analyse rigoureuse de tous les paramètres
de la situation permet un processus décisionnel éclairé. » Je partage tout à fait ce point vue,
car, je pense, qu’avant de prendre la décision de mettre une contention, il faut évaluer avec
le patient, la famille et l’équipe pluridisciplinaire les enjeux d’un tel soin.
Sur un site Internet8 Un drame encore tabou : « les contentions »,. Bernard Pradines
explique les éléments déterminant dans la prise de décision par rapport à la contention.
L’auteur, développe ce qui va motiver la contention dans un fauteuil : l’assise est plate
glissante, trop étroite, trop large, trop profonde, trop dure, non réglable en inclinaison. Le
coussin dur, l’assise est inadaptée, glissante, le marche pied est non réglable en hauteur,
cale tronc, cale tête absent ou inadéquat mais à cela il ajoute à juste titre que « notre
attitude sera différente si la personne âgée ne supporte pas la contention, souhaite
explicitement ou implicitement prendre le risque d’une chute ou bien si le dispositif est
bien supporté , voire demandé par une personne âgée qui s’est accoutumée et dont la
présence la rassure, telle une ceinture de sécurité en voiture… »
Je trouve ce point de vue très intéressant car il prend réellement la personne âgée en
considération et elle participe activement à la prise de décision concernant cet acte .
J’ai trouvé un livre 9 qui traite dans un chapitre de la contention physique en
gériatrie et en géronto-psychiatrie. L’auteur fait mention d’une étude réalisée en 1991, dans
les Institutions du Connecticut (U.S.A). Cette étude a montré qu’au cours d’une période
d’un an, les deux tiers des sujets âgés vivant en maison de retraite médicalisée ont fait
l’objet d’une contention forcée, généralement transitoire et intermittente, et pour 32 % des
sujets concernés au moins vingt jours par mois. (Tinetti et coll., 1991). L’auteur analyse
cela en expliquant que « lorsque la contention physique se présente comme un réflexe de
sécurité après une première chute, elle perd vite sa signification préventive. Je partage tout
à fait son point de vue. Mais sur aucun de tous ces écrits, je n’ai trouver d’informations sur
la reévaluation de l’acte de contention.
Je pense que je vais me baser sur ces différentes lectures pour pouvoir établir une
problématique de recherche.
8 http://members.aol.com/Dgeriatrie/contentionfauteuil.html , crée par Bernard Pradines médecin gériatre
français. Mise en ligne le 16 mars 2003
9
Charzac Pierre- Introduction aux soins géronto-psychiatriques- Edition Dunod, Paris, 2001. 177 pages.
3. PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
Pour dégager une problématique de travail, je vais m’appuyer sur la pré-enquête et
sur le cadre de référence.
Ce travail de recherche m’a permis de dégager une idée générale face à la
contention et sa prescription. Il est vrai que cet acte relève du médecin et c’est lui qui doit
le reévaluer mais l’infirmier, selon le décret du 16 février 1993 relatif aux règles
professionnelles d’infirmiers et infirmières (article 16) 10 doit faire-part au médecin de
l’évolution du patient, il est en son devoir de demander au médecin de reévaluer cette
prescription. Ce qui signifie, que l’infirmier a une place importante face à une telle
prescription.
De plus on a vu dans le cadre de référence l’étude américaine qui explique en
moyenne que la contention est prescrite pour une période de vingt jours. «On place les
barrières une fois et on les remet ensuite tous les jours en routine »11 . Alors peut être que la
contention devient un réflexe plus qu’un soin.
Après ce cheminement, un problème me paraît de plus en plus évident que
j’aimerais approfondir. Pourquoi la contention n’est elle pas reévaluée par le soignant
toutes les 24 heures ? Je pense que si j’arrive à trouver une hypothèse, d’une part,
j’aboutirai à une réflexion professionnelle et d’autre part, dans ma future carrière je pourrai
peut être trouver d’autres solutions face à l’application de la contention.
Au début de ma réflexion je pensais que contention égale maltraitance, mais au fur
et à mesure de mes lectures et de mes diverses expériences un autre cheminement s’est
imposé. Il me fallait comprendre pourquoi la contention n’était pas réévaluée, plutôt que de
penser sans doute d’une façon simpliste, que c’était un acte de maltraitance, je me suis
donc volontairement éloigné de cet axe de recherche.
Une hypothèse se dégage de ma recherche et rejoint ce que m’a expliqué le
médecin gérontologue de la maison de retraite où j’ai fait la pré enquête : Le soignant a
peur de la chute de la personne âgée et préfère donc mettre la contention en prévention.
Car pour le soignant, une chute équivaut à un échec au soin et à l’hospitalisation. De plus,
le soignant préfère les effets secondaires de la contention à ceux de la chute.
La contention est elle vécue de la même façon par le soignant, quand une personne
âgée est porteuse d’une voie veineuse centrale et qu’elle manifeste le désir de l’arracher
mettant en danger sa vie ? Je pense que non.
Dans ce cadre là, on réagit à l’urgence vitale dans l’autre cas on anticipe un
évènement qui pourrait devenir vital. Mais que faire quand une personne âgée risque de
chuter. Quelles solutions adopter ? Faut- il tout de suite contenir la personne âgée ou
risquer la chute ?
10
« … l’infirmière ou l’infirmier communique au médecin prescripteur toute information en sa possession
susceptible de concourir à l’établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du
traitement en fonction de l’état de santé du patient et de son évolution ».
11
P.CHARAZAC, Introduction aux soins géronto-psychiatriques, édition Dunod, 2001.
Si une personne âgée est tout de suite contenue, ne va t-elle pas rapidement perdre
son autonomie dans ses besoins fondamentaux tels qu’éliminer, se mouvoir et maintenir
une bonne posture, dormir, se reposer, se vêtir et dévêtir, être propre, soigné et protéger ses
téguments, agir selon ses croyances et ses valeurs ? 12 . Cela va peut-être aboutir à une perte
d’élan vital. De plus les effets secondaires de la contention ne vont t- il pas s’amplifier avec
le temps ? Par exemple, si une personne âgée est assise au fauteuil avec un système de
contention pendant plusieurs jours, elle va perdre régulièrement un peu de tonicité
musculaire.
Enfin, si elle est au fauteuil toute la journée et que cette personne était habituée
avant l’hospitalisation à marcher, à vaquer à ses occupations. Comment va t-elle réagir ?
Ne va t elle pas tout simplement se laisser aller, « déprimer ». Et cela ne va t’il pas aboutir,
en fin de compte à une perte de l’élan vital13 qui sera engendrée par la contention, en effet
la personne pourra se sentir infantilisée face à ce vécu car tout est réglé, le lever, les repas,
l’élimination, la personne n’a plus rien à faire juste à rester assise dans un fauteuil.
De plus, je pense que le jour où on lui proposera de marcher ne va t-elle pas avoir
peur de la chute ? Surtout quand une personne est hospitalisée pour chute à domicile. Le
plus souvent, ses premières craintes sont la peur de rechuter. Alors, quand on lui met un
système de contention par prévention et qu’on décide après une reévaluation du risque de
chute de lui enlever la contention la personne aura encore plus peur de chuter
qu’auparavant ; la perte de sa masse musculaire nécessitera une prise en charge par un
kinésithérapeute. Peut être que la contention aura des effets encore plus néfaste que la
chute.
Maintenant je vais essayer de comprendre pourquoi le soignant a peur de la chute.
Déjà nous allons étudier la peur :
Selon le dictionnaire Larousse 14 :
« Sentiment d’inquiétude éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger ; une
crainte, frayeur. »
Selon Michelle Larivey, psychologue 15
« La peur est une émotion d’anticipation. Elle informe l’organisme d’un danger
potentiel. Ce n’est pas ce qui se produit dans le présent qui représente un danger, mais ce
qui pourrait survenir dans un avenir plus ou moins rapproché (quelques secondes, des
jours…) »
Je trouve, que cette définition s’adapte parfaitement à la peur du soignant par
rapport à la chute. Car le soignant anticipe sa peur par la contention.
12
Tels que Virginia Henderson les avait formulées. Cours de démarche de soins, 1er Année, I.F.S.I. du
C.H.U. de Nice, Madame Galmiche
13
Diagnostics infirmiers, Doenges – Moorhouse, De Boeck Université, Traduction de la 7éme édition
américaine, 2001
14
Dictionnaire le Petit Larousse, Edition 1988
15
site Internet : http://www.respsy.com/guide/peur.html
Mais pourquoi le soignant a t- il peur ?
Peut être que si la personne chute cela sera un échec face au soin. Car quand une
personne âgée rentre dans une maison de retraite ou est hospitalisée dans un centre de
moyen ou long séjour c’est pour pouvoir y vivre ou se rétablir soit d’ une maladie ou d’un
accident. Mais ce n’est certainement pas pour chuter et avoir de graves complications. De
plus, dans le mot soignant il y a soin. Un soin est un moyen par lequel on s’efforce de
rendre la santé à un malade 16 . Ce qui signifie que l’on essaye soit de guérir ou soit de
maintenir en bonne santé par des moyens de prévention, curatif et / ou palliatifs. De plus, si
on regarde les effets secondaires de la chute, ils sont quand même important, par exemple
un col du fémur chez une personne âgée peut être dramatique pour elle et peut la conduire
à ne plus jamais marcher.
Je pense que le soignant arrive involontairement / ou inconsciemment à minimiser
les effets secondaires de la contention face à ceux de la chute.
Maintenant, nous allons étudier la prévention, car dans mon hypothèse j’affirme
que le soignant met la contention en prévention.
Selon, le dictionnaire le petit Larousse illustré :
La prévention signifie : action de devancer, ensemble des mesures prises en vue
d’éviter le développement des épidémies ou l’aggravation des états sanitaires individuels.
(Médecine préventive)
Selon le dictionnaire médicales 17 :Garnier Delamare
Ensemble des mesures destinées à éviter la survenue d’accidents ou bien
l’apparition (prévention primaire) ou l’aggravation (prévention secondaire) de maladies,
ainsi que des moyens dont le but est d’en limiter les séquelles (prévention tertiaire).
Cette mesure s’adapte bien dans le cas présent, car le soignant met en place une
forme de prévention primaire car il évite la survenue d’accident en préférant minimiser les
effets secondaires. De plus, la prévention fait partie à part entière de notre métier la
définition de l’infirmière, telle quelle est inscrite dans la loi de Mai 1978 18 « Est considéré
comme exerçant la profession d’infirmière ou d’infirmier toute personne qui, en fonction
des diplômes qui lui habilitent, donne habituellement des soins infirmiers, sur prescription
médicale ou conseil médical, ou bien en application de son rôle propre qui lui est dévolu.
En outre, l’infirmière ou l’infirmier participe à différentes actions, notamment de
prévention, d’éducation de la santé et de formation ou d’encadrement »
16
Selon le dictionnaire le Petit Larousse, 1988.
Selon le dictionnaire des termes de médecine, Garnier - Delamare, 26éme éditions, Maloine, 2000.
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Loi n° 78-615 du 31 mai 1978, publier au Journal Officiel du 1.06.1978
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Pour conclure cette partie de ce travail et avant de réalisé l’enquête, je pense que
pour qu’une équipe soignante pluridisciplinaire puisse accepter qu’une personne âgée ne
soit pas mise sous contention, il faut qu’elle puisse accepter la chute, ses conséquences, ses
risques. Cela implique que le médecin et l’équipe pluridisciplinaire acceptent le risque de
chute et en assument la responsabilité, privilégient l’autono mie de la personne âgée à la
perte de l’élan vital.
Lors d’un stage chez la personne âgée aucun patient n’était attaché que ce soit au
fauteuil ou au lit, même s’il y avait un risque, le médecin et l’équipe assumaient la
responsabilité de la chute. A chaque fois il y a avait un temps d’explication avec le patient
mais aussi avec la famille. Ce qui permettait de clarifier avec les proches le risque et les
conséquences de la chute ou de la contention.
De toutes les façons que ce soit la peur, l’échec du soin ou la prévention, le
soignant doit toujours agir dans l’intérêt du patient et non dans son propre intérêt, ou pour
résorber sa propre peur.
4. METHODE DE RECUEIL DE DONNEES
Cette partie du travail de fin d’étude va me permettre de confirmer ou pas mon
hypothèse. Car je vais évaluer, la véracité de celle-ci auprès des soignants
Je vais réaliser des entretiens semi-directifs auprès des infirmiers et infirmières
travaillant avec les personnes âgées. Je pense me diriger vers les services de suites et de
soins de réadaptation et les services de soins de longue durée de deux centres hospitaliers
différents. Car je me suis rendu compte au cours de mes trois années de formation que les
objectifs d’un établissement à un autre sont souvent différents et influent sur la façon de
travailler du personnel.
Je vais interroger huit à dix soignants avec comme trame des questions sur ce sujet.
Avant de commencer à les consulter, je vais leurs expliquer le sujet, puis, la
problématique : pourquoi la contention n’est elle pas reévaluée toutes les vingt-quatre
heures ? Ensuite, je leur ferai part de l’hypothèse que j’ai dégagée : le soignant a peur de la
chute de la personne âgée et préfère donc mettre la contention en prévention, car pour le
soignant, une chute équivaut à un échec au soin et à l’hospitalisation.
Après cela je leur poserais des questions qui auront comme lien chaque concept de
l’hypothèse c’est à dire la peur, l’échec au soin, la prévention. Enfin je pense terminer
l’entretien sur les effets secondaires de la chute et de la contention. Ce qui me permettra de
vérifier si le soignant « privilégie » les effets de la contention par rapport à la chute.
Pour procéder à ces entretiens individuels, 45 minutes seront nécessaires.
Je pense que je vais poser des questions qui seront toujours semi ouvertes
permettant au personnel de s’exprimer plus librement tout en ayant des points de vue
différents du mien.
Mon entretien sera bâti de la manière suivante : comme ce travail c’est à dire que je
vais poser une question concernant le thème :
1) Pour vous, que représente la contention chez la personne âgée ?
2) Pourquoi, le médecin prescrit il la contention ?
Cette méthode permettra à l’interlocuteur d’entrer doucement dans le thème.
Ensuite, je vais poser des questions en rapport avec ma problématique.
Pourquoi, à votre avis, la contention n’est elle pas réévaluée toutes les vingt quatre
heures chez la personne âgée comme le prévoit les textes.
A la suite de ces questions je vais continuer l’entretien basé sur les concepts que
j’ai développés dans mon mémoire.
La peur,
L’échec aux soins,
La prévention.
Dans mon hypothèse, j’affirme que le soignant a peur de la chute. Qu’en pensez
vous ?
Si une personne âgée chute dans votre unité de soin, quels sentiments aurez vous a
la suite de cet incident ?
La chute peut être considéré comme un échec au soin et à l’hospitalisation. Etes
vous d’accord avec cette affirmation ?
Oui
Non
Quelle est votre ressenti ?
Maintenant, si j’associe contention et prévention qu’en pensez vous et est ce que
vous le mettriez en relation ?
Pensez vous que la prévention de la chute vaut la contention.
Toutes ces questions vont me permettre de vérifier si mon hypothèse et ses
concepts sont justes et de réajuster l’hypothèse dans la mesure où j’ai séparé les trois
concepts pour pouvoir rechercher un maximum d’informations.
L’entretien se conclura sur une question de synthèse.
Maintenant, que pensez vous de l’affirmation : le soignant a peur de la chute de la
personne âgée et préfère donc mettre la contention en prévention. Car pour le soignant,
une chute équivaut à un échec au soin et à l’hospitalisation.
Dans un deuxième temps, je vais exploiter ces entretiens. Je pense réaliser un
tableau par rapport à chaque question et inscrire toutes les réponses qui m’ont été données.
Ce qui me permettra d’en dégager plus facilement les grandes lignes. J’espère que je
pourrais mettre en relation mon raisonnement qui m’a conduit à l’hypothèse en adéquation
avec celui des soignants qui sont tous les jours confrontés à la contention.
Dans un troisième temps, je ferais une synthèse des entretiens que j’expliquerais le
jour de la soutenance de ce travail ce qui me permettra de clarifier mon hypothèse et peut
être même de la compléter ou de la réajuster par rapport au vécu du personnel. Pour finir,
je pourrais conclure ce travail sans prétendre que c’est une conclusion définitive, en effet je
suis convaincu que ce thème va évoluer et que d’autres soignants ou futurs soignants se
pencheront sur ce problème.
5. CONCLUSION
Ce travail de fin d’étude m’aura en effet permit d’approfondir un sujet
professionnel ce qui fut très enrichissant ; je serais à même d’appliquer ce soin dans un
cadre le plus adapté possible pour le bien du patient.
Tout au long de ce travail on a vu que la contention n’est pas un acte anodin pour la
personne âgée. C’est un geste qui doit être fait avec prudence et modération pour éviter les
complications.
Mais cet acte doit aussi amener le soignant à réfléchir à son comportement et à ses
émotions pour éviter de stigmatiser ce soin.
De toute les manières, je pense que ce thème devra faire l’objet d’autres recherche
infirmières qui pourront compléter et approfondir ce travail.
6. BIBLIOGRAPHIE
•
Livres :
Badey-Rodriguez Claudine - Les personnes âgées en institution, vie ou survie - Edition
Seli Arslan, Château-Gontier(53), 2002. 192 pages.
Société française d’accompagnement et soins palliatifs, Collège soins infirmiers –
L’infirmier et les soins palliatifs. « Prendre soin » : éthique et pratiques – Masson,
Paris, 2002. 244 pages
Charzac Pierre - Introduction aux soins géronto-psychiatriques - Edition Dunod, Paris,
2001. 177 pages.
Les nouveaux cahiers de l’infirmière – Soins infirmiers aux personnes âgées et
gérontopsychiatrie - Edition Masson, Paris, 2001. 179 pages
Les nouveaux cahiers de l’infirmière – Soins infirmiers II. démarches relationnelles et
éducatives, initiation à la recherche – Edition Masson, Paris, 1998. 187 pages
La Fondation Nationale de Gérontologie - la maltraitance - Cahier de la Fondation
Nationale de gérontologie, Paris, 1999. 178 pages. Site Internet : www.geronto.com
•
Dictionnaires :
Le petit Larousse illustré, Larousse, 1988
Garnier Delamare - Dictionnaire des termes de médecine , 26éme Edition – Edition
Maloine, Paris, 2000
Dictionnaire Médical, 7éme Edition, Edition Flammarion, Paris,2001
Dictionnaire Médical, Edition Masson, Paris, 1999
Doenges & Moorhouse - Dictionnaire des diagnostics Infirmiers, interventions et bases
rationnelles - Traduction de la 7éme édition américaine par Annie Desbiens et Suzie
Toutant Edition Boeck Université, 1999
•
Article de revues :
Catherine Dur poix - Attache à l’hôpital, réflexion éthique sur une pratique qui ne l’est
pas toujours… - Soins Gérontologie- n°9 1997
•
Site Internet
Collège des médecins du Québec –Recommandations concernant l’utilisation de la
contention et de l’isolement- http://www.cmq.org, 1999. Consulté Avril 2004
Michelle Larivey, psychologue – « la peur, une
http://www.respsy.com/guide/peur.html. Consulté Mai 2004
•
émotion
simple »
-
Textes législatifs et réglementaires
Déclaration Universelle des Droits de L’homme adopté par l’assemblée générale des
Nations Unies, le 10 décembre 1948, Paris
Loi n° 78-615 du 31 mai 1978, publier au Journal Officiel du 1.06.1978
Décret n°93-221 du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles des infirmiers et
infirmières du 16 février 1993
Décret de compétence n°2002-194 du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à
l’exercice de la profession d’infirmier
Charte du patient hospitalisé annexée à la circulaire ministérielle n°95-22 du 6 mai 1995
relative aux droits des patients hospitalisés
Charte des Droits et des Libertés de la Personne Agée Dépendante établie par la
« Commission Droits et Libertés » de la Fondation Nationale de Gérontologie, établie par
la fondation nationale de gérontologie et le ministère des affaires sociales en 1997, révisée
par ces mêmes organismes en 1999.
•
Peinture sur la page de couverture :
Simon Donikian « Elderly 19 » huile sur toile, 1990
19
Personne âgée, Simon Donikian est un peintre américains, image trouvé sur le site Internet
http://www.donikian.com/Art_Gallery/Portraits/body_portraits.html
8.
ANNEXE
Annexe I :
Pré enquête
ANNEXE I :
CHARBONNEAU Bastien
IFSI du C.H.U. de Nice
Dans le cadre de ma formation d’infirmier, je suis amené à rédiger un travail de fin
d’étude. J’ai choisi comme thème la contention chez la personne âgée.
Je vous remercie par avance de répondre à ce questionnaire qui me permettra de
progresser dans mes recherches.
Ce questionnaire est anonyme.
1. Que représente pour vous la contention chez la personne âgée ? (mettre une croix
pour vos réponses)
q Un acte couramment utilisé
q Un soin à part entière
q Un moyen de prévention
q Un acte curatif (pour palier à un état d’agitation par exemple)
q Une violence pour la personne âgée
2. Comment la contention est elle appliquée ? (mettre une croix pour vos réponses)
q sur Prescription médicale
q sur protocole
q sur l’initiative d’une IDE ou d’une AS
3. Pensez vous que la contention soit une forme de maltraitance ? (mettre une croix
pour vos réponses et argumentez si possible)
q OUI :
………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
…………………
q NON :
………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………….
4. Comment vivez vous ce soin ? (mettre une croix pour vos réponses)
q
q
q
Vous appliquez ce soin sans vous poser de questions
Vous réfléchissez pour trouver une solution face à la contention
Vous rester avec la personne après le soin ( si elle est agitée)
Merci
LA CONTENTION … CHEZ LA PERSONNE AGEE…
La contention est un acte sur prescription médicale mais c’est l’infirmier qui réalise
ce soin et le plus souvent il amène à une réflexion du soin.
Dans ce travail, nous allons essayer de comprendre pourquoi le soignant ne
réévalue pas ce soin ? Peut-être la peur, la prévention, l’échec du soin sont les réponses…
•
Mots clés :
o
o
o
o
o
o
Contention
Personne âgée
Chute
Peur
Echec du soin
Prévention
CHARBONNEAU BASTIEN
PROMOTION 2001-2004
IFSI DU CHU DE NICE
TRAVAIL DE FIN D’ETUDES
DIPLOME D’ETAT INFIRMIER
SOUTENANCE ORALE
SOMMAIRE
9. Introduction
Page 1
10. Synthèse de l’écrit
Page 2
11. Analyse des entretiens
Introduction
Remerciements
Les limites des entretiens
Méthodes d’analyse du contenu des entretiens
Analyses
Entretien avec le médecin
Synthèse des entretiens
Page 3
12. Conclusion
Page 7
Page 4
Page 6
INTRODUCTION
Pour vous présenter, mon mémoire à l’oral, je vais effectuer une synthèse de la
première partie du travail de fin d’étude, puis, par la suite je vous présenterai l’analyse des
différents ent retiens que j’ai effectués cet été, ce qui permettra de pouvoir vérifier mon
hypothèse ou non
Je terminerai, mon expose oral par une conclusion finale
SYNTHESE DE L’ECRIT
Le sujet que je vais vous présenter est la contention chez la personne âgée. Je
souhaitai traiter ce sujet pour plusieurs raisons :
J’ai vécu, en stage de première année, une situation qui m’a amené à me poser
beaucoup de questions. Une infirmière m’a demandé d’aller « attacher » une personne âgée
qui venait juste d’arriver dans le service. Cette personne avait arraché sa sonde vésicale et
était porteuse d’une voie veineuse périphérique. Ce soin a été très dur à réaliser pour moi.
Je n’arrivais pas à « attacher » cette patiente
De plus, quand je travaille les weeks end comme aide soignant, je remarque
souvent que les personnes âgées sont mises au fauteuil toute la journée avec un système de
contention. Face à cela, je suis amené à me poser des questions sur cet acte.
Après le diplôme d’état je souhaiterai exercer ma profession auprès de personnes
âgées dans les services de gérontologie.
Il me semblait évident, que je devais faire un travail sur la contention compte tenu
de mes difficulté à effectuer cet acte.
J’ai ciblé délibérément la contention de la personne âgée différenciant de ce fait la
contention utilisée en service de psychiatrie.
Après avoir réalisé la pré-enquête et défini la contention en partant du latin jusqu'à
la définition de l’ANAES « limiter les risques de la contention physique de la personne
âgée », j’ai étudié la littérature en rapport avec la contention. Un problème revenait
souvent : la réévaluation de la contention. Cette notion s’est confortée avec l’étude des
différents textes qui régissent notre profession : on doit en tant qu’infirmier pouvoir
communiquer au médecin toutes informations en notre possession susceptible de permettre
une meilleure adaptation du traitement en fonction de l’état de santé du patient et de son
évolution.
A partir de ce moment là, une problématiq ue de recherche s’ouvrai à moi :
« pourquoi la contention n’est elle pas réévaluée par le soignant toutes les 24 heures ? » Je
trouve très important d’explorer cet axe car il me permettra d’aboutir à une réflexion
professionnelle qui pourra me servir plus tard.
Pour dégager une hypothèse je me suis basé sur l’entretien que j’avais effectué avec
un médecin gérontologue lors de ma prè-enquête ainsi que sur mes lectures.
Voici l’hypothèse que j’ai formulé : le soignant à peur de la chute de la personne
âgée et préfère donc mettre la contention en prévention. Car pour le soignant, une chute
équivaut à un échec au soin et à l’hospitalisation. J’ai dégagé trois concepts qui sont les
suivant :
La peur,
L’échec au soin,
La prévention.
Pour conforter ou non mon hypothèse j’ai décidé de réaliser des entretiens auprès
d’infirmières de moyen et long séjour dans deux centres hospitaliers différents.
ANALYSE DES ENTRETIENS
Introduction :
J’ai effectué des entretiens auprès des infirmières du service Chéret Rez de
Chaussée de l’hôpital de Cimiez à Nice ainsi qu’au centre hospitalier de Grasse au Petit
Paris dans les services de moyen et long séjour.
Le personnel interrogé se répartissait entre 6 infirmières diplômées d’Etat, 2 cadres
de santé diplômés d’état et un médecin gérontologue.
Remerciements :
Je tiens à remercier les cadres de santé pour leur accueil et leur participation aux
entretiens ainsi que toutes les infirmières qui ont toujours été disponibles pour répondre à
mes questions.
Enfin, je remercie, le médecin pour son implication lors de l’entretien.
Les limites des entretiens :
Les entretiens ont été riches dans le sens, ou l’équipe pluridisciplinaire était à
chaque fois présente. La contention étant un soin sur prescription médicale ; j’ai eu la
chance de pouvoir interroger un gérontologue ce qui m’a permis d’avoir une opinion sur
l’hypothèse que j’avais formulée.
Par rapport aux questionnaires, je me suis rendu compte, qu’il était difficile de
pouvoir suivre la trame de mon document. Cette situation n’a pas été handicapante, les
personnels anticipant d’eux même les questions que j’allais leurs poser.
Méthode d’analyse du contenu des entretiens :
Pour analyser les entretiens, je vais me baser sur la trame que j’avais établie. Je vais
reprendre les questions point par point.
Dans chaque question, je vais reprendre les informations apportées par les
infirmières et les cadres de santé. Par contre pour le médecin, une autre analyse sera faite
car à l’origine ce questionnaire avait pour cible les infirmières.
A la fin de ce dépouillement, je ferai une synthèse qui me permettra de conclure ce
travail.
Analyses
Que représente pour vous la contention ?
Les infirmières m’ont répondu que la contention représente « la sécurité pour le
patient et le soignant ».
Une infirmière m’a expliqué la contention en trois axes :
« La forme : contention esthétique et confortable pour le patient.
Le fond : validée par le médecin, c’est une discussion collégiale
L’objectif : sécurité pour le patient. »
Je trouve très intéressant ce point de vue car il comprend trois axes importants :
La forme : respecter l’image du patient ainsi que son confort,
Le fond : Discussion au sein de l’équipe permettant à chaque membre de donner
son point de vue. Décision finale prise par médecin.
L’objectif : le définir (exemple : sécurité pour le patient) ce qui va permettre à
l’équipe de réévaluer le soin.
Pourquoi, le médecin prescrit il la contention ?
Pour palier à un risque de chute.
De plus les infirmières du moyen séjour m’ont expliqué que le plus souvent c’est à
leur demande que la contention est prescrite. Il y a une réunion pluridisciplinaire qui
permet d’évaluer les risques de chute et c’est à ce moment là que le médecin prend la
décision.
Cela signifie que le soin est pris en compte par toute l’équipe.
Pourquoi à votre avis, la contention n’est elle pas réévaluée toutes les vingt quatre heures
comme le prévoit les textes.
Une infirmière me dit « Dans le temps on ne peut pas réévaluer toutes les 24
heures » car le comportement d’une personne âgée n’évolue pas aussi rapidement. C’est
beaucoup plus long, notamment au niveau des progrès dans le maintien au fauteuil. Il faut
par exemple beaucoup de séances de kinésithérapie avant qu’une personne âgée puisse se
redresser, « la réévaluation est discutée en équipe ».
Une infirmière m’explique que le plus souvent ce sont elles même qui font la
demande de la contention mais que c’est le médecin qui propose de la stopper.
Pour une autre infirmière, « la contention n’est pas réévaluée, car l’équipe a peur de
la chute et que la chute est un échec. »
Dans mon hypothèse, j’affirme que le soignant a peur de la chute. Qu’en pensez vous ?
Si une personne âgée chute dans votre unité de soin, quels sentiments aurez vous à la suite
de cet incident ?
Dans cette question j’ai compris la différence entre les jeunes infirmières et celles
qui avaient une expérience un peu plus longue. Pour les jeunes diplômés la peur de la chute
est présente. De plus, la chute, pour elles, représente un échec au soin et à l’hospitalisation.
Honnêtement quand je travaille comme aide soignant les week-ends, je partage cette peur
et je vis les chutes comme un échec aux soins.
Les infirmières ayant plus d’expérience professionnelle ont elles aussi une peur de
la chute mais le ressenti de la chute n’est pas vécu de la même façon. Elles sont, me semble
t-il, plus en capacité à prendre le recul nécessaire, pour analyser le pourquoi de la chute.
Une infirmière m’a expliqué que, quand elle a commencé sa carrière, elle vivait la
chute comme un échec, tandis que maintenant, elle a su apprendre à prendre du recul sans
sous estimer le risque de chute.
Une infirmière du long séjour, ayant une longue expérience en gérontologie me dit
que « la chute est perçue comme un échec et un risque pour la vie, mais, qu’il faut savoir
aussi dédramatiser ce risque »
Je trouve cette réflexion très intéressante. Elle montre, que dans notre métier, il faut
savoir prendre de la distance avec nos propres émotions, ce qui peut nous permettre la
dédramatiser des situations vécues dans notre vie professionnelle et appréhender le soin de
façon peut être plus thérapeutique.
Maintenant, si j’associe contention et prévention qu’en pensez vous et est ce que vous le
mettriez en relation ?
Quand j’aborde la question par rapport à la prévention, je me suis rendu compte
qu’il est vrai que la contention est une prévention des chutes mais on ne peut pas dire que
la contention prévienne des effets secondaires de la position assisse. Les infirmières
pensent qu’il faudrait réfléchir à un autre système qui préviendrait les chutes mais sans
effets secondaires.
Une infirmière m’a expliqué que pour elle une bonne contention est une contention
qui ne se voit pas, car il faut aussi penser à l’image que la personne se renvoie à ellemême, à sa famille ainsi qu’aux autres patients. De plus elle m’a expliqué que certaines
contentions au fauteuil permettaient aussi de maintenir une bonne posture à la personne,
sans cela elle serait incapable de rester assisse laissant ainsi le dos se voûter ou le haut du
corps partir sur un côté.
Cette dernière réflexion me paraît très importante, c’est un aspect que je n’avais pas
exploré durant l’écrit et je trouve dommage de ne pas l’avoir fait, sans soute parce que je
n’en avais pas encore pris conscience d’où l’importance de ce travail.
Entretien avec le médecin :
J’ai séparé volontairement l’entretien avec le médecin.
Pour le médecin, si l’infirmière et l’aide soignante ont peur de la chute ce n’est pas
grave, car pour lui, c’est le médecin qui est responsable puisque c’est lui qui n’a pas voulu
prescrire la contention pour un patient.
De plus, pour lui, la contention n’est pas une prévention : le motif d’hospitalisation
dans son service est la chute à domicile. Il va au contraire travailler sur la prévention de la
chute et la mise en place de kinésithérapie.
Si, exceptionnellement, une contention est prescrite, elle sera au préalable discutée
en équipe.
Pour le médecin mon hypothèse ne se valide donc pas.
Synthèse des entretiens
En conclusion des différents entretiens, je me suis rendu compte que mon
hypothèse ne se vérifiait pas pour les infirmières ayant une certaine expérience car pour
elle la chute n’est pas considérée comme un échec. Elle précise qu’il est normal qu’en
début de carrière la chute puisse représenter un échec au soin tant personnel
qu’institutionnel. Il leur a fallu du temps, des années de travail, de réflexions d’équipes
pour admettre que la chute n’était pas obligatoirement un échec au soin.
Par contre, mon hypothèse se vérifie, auprès des jeunes infirmières car pour elles, la
chute, est un échec et elles préfèrent demander au médecin la prescription de la contention
par prévention.
Parallèlement à tout cela, la plupart des infirmières pensent que la contention est un
moyen de prévention à court terme
Elles reconnaissent que la contention n’est pas réévaluée toutes les 24 heures car
comme on l’a vu précédemment les progrès d’une personne âgée ne peuvent pas s’évaluer
aussi rapidement.
Conclusion :
Ce travail de fin d’étude m’aura apporté une méthode et une rigueur face à une
recherche professionnelle. J’ai trouvé cela très intéressant et enrichissant. Je me suis rendu
compte qu’avant de pouvoir donner un avis ou juger une méthode de travail il faut
pourvoir l’avoir exploré et comprendre le pourquoi de telle ou telle chose.
Il est vrai qu’au tout début de ce travail je voulais m’orienter contention égale
maltraitance, en fait je me rend de plus en plus compte que cela aurait été une erreur.
Enfin, ce travail m’aura permis d’apporter des réponses aux différentes
interrogations que je me posais et je pense que je vais, à l’avenir, aborder ce soin
différemment.

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