Mars 2010 - dojo zen de Mulhouse

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Mars 2010 - dojo zen de Mulhouse
Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – samedi 6 mars 2010
Nous arrivons aujourd'hui à la quatrième noble vérité qui se nomme makkha, et qui
est le sentier qui mène à la cessation de la souffrance, à la cessation de dukkha.
Dans cette quatrième noble vérité Bouddha nous enseigne le chemin, la voie à
parcourir pour atteindre le nirvana. Ce chemin est une voie qui est en dehors des
opposés, en dehors des extrêmes constitués d'un côté par la jouissance des sens
physiques, la vie de plaisir, et de l'autre les privations et interdits, comme par
exemple les pratiques ascétiques.
Il est des gens qui souffrent et qui ne savent pas pourquoi. Ils ne savent pas comment
est survenue la souffrance, il ne savent pas quand elle cessera ni comment parvenir à
la cessation. Ils ne comprennent pas que le fait de saisir est l'une des causes de la
souffrance. Ils saisissent les circonstances, et de fait s'attachent eux même. Ils
saisissent par ignorance, parce qu'ils sont confus. L'esprit est complètement
embrouillé par le désir, ils agissent par impulsion et errent sans fin.
Bouddha nous dit : « tous les délices du monde sont harmonieux, belles formes, tous
les goûts, touchers et pensées agréables, tous s'accordent pour donner du bonheur si
on ne les saisit pas, si on ne les possède pas. Mais si vous n'y voyez que plaisir
destiné à votre propre satisfaction et non comme des merveilles fugaces, c'est la
souffrance qu'elles apporteront ». Alors l'enseignement de ce que sont les choses
n'est pas une voie d'éveil pour celui qui est encore empli de désirs ou qui cherche
encore à être un ceci ou un cela.
Cette voie qui est appelée la voie du milieu consiste à ne pas se placer dans une
causalité subie comme si on n'y pouvait rien, comme si c'était pas moi, comme si
c'est quelque chose ou quelqu'un d'autre qui génère ma souffrance. Il est important
de bien comprendre ça!
Il faut donc bien identifier la provenance et la causalité, c'est à dire la provenance et
le but de nos sentiments, actes, paroles et agir de manière à contrôler, orienter les
effets de nos actions, paroles ou pensées pour ainsi parvenir à éviter les souffrances.
La voie qui nous aide à réaliser cette expérience et qui mène à la dispersion de toutes
les forces de la confusion est la voie que le bouddha appelle l'octuple sentier.
Cette voie comporte huit aspects pour nous aider à cheminer sur la voie du milieu, ce
sont : la compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le mode
de vie juste, l'effort, l'attention ou la méditation justes.
Nous verrons chacun de ces aspects en détail lors des prochains enseignements.
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Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – mercredi 10 mars 2010
Pendant zazen, revenez constamment à la posture. Laissez passer vos pensées, et
observez bien qu'en revenant à l'attention à la posture, les pensées disparaissent.
Ceci montre bien qu'elles n'ont pas de substance, qu'elles n'ont pas de réalité.
Pratiquer zazen, revenir à la posture et laisser passer ses pensées c'est se donner la
possibilité d'être complètement dans le présent.
Il est important de comprendre cela par rapport à nos différentes démarches dans
notre vie : être complètement disponible au présent veut dire par exemple,
lorsqu'on se fixe un but, ne pas avoir en permanence ce but présent à l'esprit : pour
éviter que la pensée à propos de ce but nous perturbe et nous empêche d'être
attentif au chemin que nous parcourons pour y accéder. Le but étant fixé, plus besoin
d'y penser, il ne reste plus qu'à marcher vers, tendre vers, en étant concentré sur
chaque pas qui longe le chemin. Cette présence à chaque pas permet également
d'être complètement réceptif à ce qui se passe autour de nous. Comme lorsque l'on
marche, concentré sur chaque pas, chaque respiration, devenir complètement un
avec ce qui nous entoure. Devenir un avec les arbres, les rochers, la montagne ellemême.
Inspirer c'est recevoir l'énergie de ce qui nous entoure, et expirer c'est lâcher toutes
les tensions qui nous empêchent de les recevoir. Lorsque l'esprit est libre, pas empli
de quelque forme de désir qui soit, nous pouvons être disponible à chaque instant.
Avoir son mental plein de pensées, c'est comme être plein de quelque choses qui
vous empêche de bouger, qui vous empêche d'avancer. Par exemple, si vous passiez
votre zazen à ne penser qu'à une seule chose, vous n'auriez fait qu'un exercice
physique, ou intellectuel comme n'importe quelle gymnastique ou penseur. Ce qui
malheureusement est bien souvent le cas chez les gens qui pratiquent zazen : c'est
juste une gymnastique, ils n'arrivent pas à lâcher le but, même si ce but est le satori.
Penser à quelque chose c'est transformer ce quelque chose en une pensée, ce n'est
plus ce que c'est réellement. Il faut être véritablement vigilant, attentif à ce piège.
Dès lors où le mental a coloré quelque chose on ne pourra plus voir que cette
couleur.
Être sans désir, c'est pratiquer la voie comme maître Sŏsan l'a exprimé dans le Shin
Jin Mey : « être sans amour et sans haine ». Ne pas créer d'attachement, ni à vouloir
quelque chose de plaisant, parce que cela va entrainer la peur de le perdre, ni à
s'attacher à ne pas vouloir quelque chose, car cela va entrainer la peur de l'avoir! Etre
sans amour et sans haine n'est pas quelque chose de négatif, c'est suivre le chemin
du non attachement. L'attachement c'est comme les pensées : si on arrive à
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expérimenter que cet attachement n'a pas de substance propre, si ce n'est celle que
nous lui accordons, alors on peut marcher complètement libre, juste aller la où la vie
nous emmène, présent à chacun de ses pas, qui crée la durée, du moins ce sentiment
de durée...
Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – samedi 13 mars 2010
Pendant zazen restez en permanence concentré sur votre posture et nourrissez cette
posture avec une respiration profonde, sans vous attacher à aucune des pensées qui
passent dans votre esprit. Dès que vous vous sentez en train de développer une idée,
d'être accroché à une pensée, revenez à la posture et à la respiration.
Étirez bien votre corps et laissez votre expire descendre profondément dans le bas
ventre. Ce qui veut dire laissez descendre votre énergie de la tête au hara, au kikaï
tanden, sous le nombril de manière à calmer la chaleur créée par la multitude de vos
pensées et réchauffer l'endroit sous le nombril pour développer le ki, pour devenir
plus harmonieux avec ce qui nous entoure. Comme si vous pensiez avec vos intestins!
Cette image d'ailleurs n'est pas dénuée de sens puisqu'à la conception du foetus, le
cerveau et l'intestin sont en contact. Il est d'ailleurs souvent dit aussi que l'intestin
grêle est le deuxième cerveau. Toutes les vieilles émotions que vous n'avez pas
digérées sont mémorisées (entre autre) dans l'intestin grêle. Par exemple lorsqu'on
éprouve une grosse peur, on la sent d'abords dans le ventre et c'est seulement
lorsqu'on l'analyse qu'on la perçoit dans le cerveau.
Je vais poursuivre avec ce qui est essentiel à mes yeux, pour ceux qui choisissent la
voie du bouddha comme référence de vie.
Nous avons vu les quatre nobles vérités :
− la vie est souffrance, venir au monde est souffrance, la maladie est souffrance,
la vieillesse est souffrance, la mort est souffrance. C'est le constat que fait
Bouddha.
− la cause de la souffrance, c'est l'ignorance. C'est elle qui crée, qui est à l'origine
de l’avidité, de la colère et la jalousie , autrement dit : c'est le désir .
− La troisième noble vérité qui est la cessation de la souffrance. Réaliser cette
paix : nirvana, satori, éveil, c'est ce que l'on peut réaliser lorsqu'on sort du
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monde de l'ignorance, de l'avidité, de la haine des jalousies, et que ces aspects
ne dirigent plus notre vie.
− et enfin la quatrième, l'octuple sentier lui-même : c’est à dire la voie, le
chemin pour parvenir à cette cessation de la souffrance.
Ces huit chemins permettent de sortir de l'enchevêtrement de la souffrance.
L'enseignement de Bouddha pendant les 40 ans où il a enseigné n'était en fait que
des variantes de cet essentiel qui est l'octuple sentier. Chacun de ses enseignements
prend naissance et se réfère à l'octuple sentier.
Pourquoi « octuple sentier »? Parce que cette voie présente huit aspects qu'il est
important de suivre pour sortir du schéma de la souffrance. On leur a donné un ordre
mais ils sont inséparables, indissociables. Ces huit chemins sont pratiqués en même
temps dans notre vie quotidienne.
Il y a la compréhension juste : c'est celle du dharma, de la réalité vue à partir de
notre pratique d'éveil. Cette compréhension juste implique la compréhension des
quatre nobles vérités, comprendre véritablement le contenu de cette vision des
quatre nobles vérités. Le contenu de notre vie n'est que la répétition incessante des
troubles qui sont à l'origine de notre souffrance : voir clairement nos désirs et ce
qu'ils engendrent.
Le second est la pensée juste : celle-ci inclus sagesse et compassion. Il s'agit de cette
sagesse, de cette compassion qui se manifeste lorsqu'on n'est plus enfermé dans son
ego. Être enfermé dans son ego c'est cette implication dans l'enchaînement des
causes et des actions. Comprendre le rôle des actions que nous commettons, il y a
trois aspects : celles qui peuvent être exprimées par le corps, l'action du corps, mais
aussi l'action de la parole qui fait partie d'ailleurs de l'octuple sentier, et aussi celle
moins visible mais non moins présente, qui est l'action de la pensée. Ces trois actions
sont à l'origine du karma, elles entrainent toutes trois du karma. Voir clairement
comment avec notre ego nous sommes impliqués dans cet enchainement de causes
et d'effets.
Ensuite nous avons la parole juste : celle-ci doit être sincère et bienveillante, pas
d'idées malveillantes derrière une parole, comme tromper quelqu'un en ne lui
parlant que de choses qui nous flattent nous même et qui trompent celui à qui on
s'adresse. C'est en relation directe avec tout ce qui est hypocrisie, recherche d'un
bénéfice personnel en flattant l'autre avec des paroles mielleuses. Pratiquer les
paroles bienveillantes c'est comprendre quelle peut être la portée des mots lorsqu'ils
sont bien ou mal utilisés. Nous l'avons déjà tous expérimenté, soit en recevant des
paroles bienveillantes, soit en les donnant aux autres. Observer l'impact qu'elles
peuvent avoir...
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Ensuite il y a l'action juste. Celle-ci est toujours en harmonie avec l'éveil, en relation
avec le respect des préceptes, des Kai : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne
pas avoir de mauvaise sexualité, ne pas s’enivrer, ne pas critiquer, ne pas s’admirer,
ne pas être avare, ne pas se mettre en colère, ne pas proférer de mauvaises paroles
et ne pas critiquer les trois trésors.
Puis vient le mode de vie juste ; sa façon de vivre et de subvenir à ses besoins, mais
cela également sans nuire aux autres, sans profiter des autres. Le mode de vie juste
c'est être en harmonie avec les autres : ne pas utiliser l'autre à des fins de profit
personnel. Ensuite l'effort juste, c'est l'énergie que l'on met en pratique pour arrêter
ce qui cause la souffrance et également l'effort juste pour pratiquer ce qui est
bénéfique aux autres et à soi même. L'effort juste concerne en fait l'octuple sentier
lui-même : comment mettre cet enseignement en pratique. L'effort que l'on met en
place par rapport à sa propre pratique , par exemple zazen, l'effort que l'on doit
mettre en pratique dans la pratique. Il est parfois plus facile de laisser tomber sa
posture que de la redresser et de la maintenir redressée. Et aussi faire un effort par
rapport à une personne qui éprouve des difficultés et avec laquelle on n'a pas
d'affinités : aider tous les êtres, c'est le vœux que l'on fait lorsqu'on demande
l'ordination de bodhisattva .
Puis vient l'attention juste, être vigilant, présent à soi, aux autres, à ce que l'on fait.
Conscient des conséquences de ses actes et de ses paroles, conscient de tout ce qui
génère le karma, ne pas se laisser absorber par les phénomènes, les illusions, les
désirs, toujours être vigilant : l'attention juste, attentif. Même si l'action semble
insignifiante : mener l'attention jusqu'au bout de cette action.
Et enfin la dernière : la méditation juste, ou la concentration juste, c'est à dire la
pratique de la concentration et de l'observation, ce qui nous harmonise ici et
maintenant avec le dharma, avec l'ordre cosmique. Cette concentration, cette
méditation qui nous permet de comprendre les mécanismes de l'enchainement des
causes et des effets. Causes et effets c'est ce qui est enseigné sous le nom des douze
innens : les causes-les conditions qui créent l'interdépendance de tous les
phénomènes. Sans dire qu'il est prioritaire, mais quand on commence la pratique le
zen on commence par celui-la. Lorsqu'on fait une initiation, on ne parle pas de
l'enseignement, des quatre nobles vérités, de l'octuple sentier, des douze innens, des
préceptes etc. La première chose que l'on fait c'est montrer la posture juste et
partant de cette pratique, l'enseignement en découle. Et l'enseignement à ce
moment-là n'est pas quelque chose d'intellectuel que l'on va placer quelque part
dans son cerveau, sans en tenir compte plus que cela, l'enseignement va devenir
vivant par la posture, par la pratique de la concentration, par la méditation. C'est ce
qui est pratiqué dans le zen : voir la vie à partir de sa propre pratique, et n'exprimer
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les choses de sa vie qu'à partir de son expérience de la pratique. C'est cela s'engager
dans la voie du zen, s'engager dans la voie du Bouddha. Sortir du côté théorique, de
l'idée que nous avons du zen.
Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – mercredi 24 mars 2010
Pendant zazen, restez bien dans la verticalité : c'est une verticalité dans votre posture
mais en fait, c’est essentiellement la partie la plus subtile dans votre être qui se tend
et prend racine dans son origine: debout, en direction du ciel. Tout se retrouve dans
notre centre. Si nous nous concentrons ici et maintenant sur l'essentiel, la présence à
nous même, on revient à l'origine de toute chose, et on peut tendre vers toute chose.
Laissez tomber tout ce qui parasite la présence à ce centre.
Malheureusement la grille de lecture qui est la nôtre contient tellement de données,
qui viennent de notre éducation, de notre héritage culturel ; tout cela nous a
imprégné de croyance. Cette grille nous oblige systématiquement à passer tout ce qui
se produit dans le ici et maintenant à travers une lecture conditionnée par le passé et
qui appelle la dualité : je suis d'accords, pas d'accords, je veux ou je veux pas, c'est
vrai, c'est faux, c'est juste, pas juste... Et tout ça part de notre mental, de notre ego,
et ceci fait que nous perdons complètement la relation avec la réalité, avec ce qui est
notre présent ici et maintenant.
Dans un interview de Krisnamurti j'ai entendu dire que: « nos pensées ne viennent
pas de nous, elles nous sont suggérées » mais le processus est tellement rapide qu'on
a l'impression que c'est nous qui pensons... « Je pense que... » Mais d'où vient ce « je
pense que» ? Ne vient-il pas de ce que j'ai vu ? Et donc de l'extérieur ? De ce que j'ai
entendu, la encore à l'extérieur, de ce que j'ai senti, la aussi à l'extérieur, de ce que
j'ai goûté, qui provient de l'extérieur...? Tout vient de l'extérieur, et tout cela passe
dans notre grille de lecture et devient « JE »... Et donc quelque part nous nous
leurrons nous même : nous sommes manipulés par les phénomènes car non
enracinées dans notre centre.
Et ceci nous amène au premier point de l'octuple sentier. Nous avons vu les Quatre
Nobles Vérités, et la quatrième c'est l'octuple sentier.
Le premier est: la compréhension juste. La compréhension juste c'est
essentiellement la compréhension de l'enseignement de base du Bouddha. Cette
première noble vérité exige que nous comprenions la cause de la souffrance. Bien sur
nous constatons qu'il y a de la souffrance, du malheur, de l'insatisfaction, mais ce
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constat ne permet pas forcément d'en comprendre les causes. Pourquoi je souffre,
pourquoi suis-je malheureux, pourquoi suis-je insatisfait ? On l'a tous entendu : la
cause fondamentale est l'impermanence. Il faut comprendre dans cela : quel est
notre attitude, notre réaction par rapport à ce phénomène d'impermanence ? Le fait
de reconnaître la réalité telle qu'elle est, de la voir clairement, nous dérange, nous
déplait... Et pour que cette réalité devienne acceptable, nous créons toute sorte
d'illusions, pour ne pas avoir à s'y confronter, et ce faisant, nous créons une
multitude d’obstacles qui créent encore plus d’attachements. C'est très subtile : ça
vient de notre ego, ça vient de nous... Nous créons toute sorte de désirs qui ne nous
satisfont pas, ils ne peuvent pas répondre à notre désir fondamental d'un éveil
spirituel, de réaliser non le bonheur, mais une réelle joie, stable... Dans
l'enseignement de Bouddha, celui-ci évoque les trois poisons que sont : l'ignorance,
qui déclenche l'avidité et la haine. Et nous pouvons chaque jour voir ce que notre
monde devient, soumis à ces trois poisons, qui sont la cause fondamentale de tous
les troubles tant au niveau international que dans les petits groupes, au sein de la
famille comme dans les couples. Ce sont ces trois poisons qui sont la cause de la
souffrance.
Nous naissons dans un monde conditionné par la naissance et par la mort. Cet état de
vie conditionnée par la mort est quelque chose que l'être humain ne supporte pas.
Bouddha nous enseigne, par la méditation, l'expérience du satori, du nirvana ou de
l'éveil momentanément dans cette vie, de manière à ne plus être effrayé par ce qui
suit la vie.
Dans le Bouddhisme, lorsqu'on dit « compréhension juste » on entend
compréhension de la vie, de l'existence comme l'a comprise Bouddha : avec ses
souffrances, avec ses causes de la souffrance et avec la résolution possible de cette
souffrance. Comprendre la vie ce n'est pas une compréhension scientifique, il s'agit
de comprendre la voie spirituelle, notre vie, autrement dit se comprendre soi-même.
Mais pas d'une manière « psychologique » : faire une psychanalyse, psychothérapie,
éclairer ses zones d'ombre, comprendre son histoire, comprendre ses particularités.
Cette compréhension la est relative et limitée. La compréhension juste inclus la
compréhension de nos illusions, et celle de la voie qui permet de s'en libérer et ainsi
de ne plus être soumis à cette apparente fatalité qu'est la vie, à ces phénomènes qui
passent dans cette grille de lecture qui est l'obstacle créé par nous même pour ne pas
voir les choses clairement.
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Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – mercredi 31 mars 2010
Relâchez bien vos épaules, poussez la nuque vers le ciel et sentez à ce moment la une
tension dans les épaules et relâchez cette tension. Sortez bien la tête d'entre vos
épaules. Poussez le ciel avec le sommet de la tête comme si celle-ci était attachée à
un fil par le sommet de la tête, et si vous subissez trop la gravité, ce fil se déchire. Et
évitez de créer des tensions pour aller à la recherche de cette sensation, ou alors si
vous sentez des tensions apparaître, utilisez cette conscience de vos tensions pour les
relâcher.
On parle bien de sensation, de prise de conscience! Souvent nous errons dans nos
pensées et négligeons complètement la sensation que nous avons de nous même.
La pensée est la suite de la compréhension dans l'octuple sentier: la pensée juste.
Parler de la pensée ne m'a pas top inspiré. Beaucoup de chose qui sont écrites à son
sujet reviennent très vite à autre chose que la pensée : à la compassion, et plein de
choses qui selon moi n'ont pas grand choses à voir avec la pensée.
Il est important de se rendre compte que les pensées c'est pas nous ! Les pensées
sont générées par le monde extérieur et génèrent d'autres aspects comme l'action, la
parole, le comportement. La pensée est à l'origine du geste, à l'origine de la parole et
répéter des gestes va définir notre caractère. Lorsqu'on répète systématiquement
des gestes ça va créer des caractéristiques dans lesquelles nous nous reconnaissons :
je suis ceci ou cela!
La pensée juste dans la voie octuple c'est principalement ne pas avoir de mauvaises
pensées. Les mauvaises pensées ce sont celles qui génèrent de la jalousie, de
l'avidité, de la colère. La pensée fait partie des trois causes de fabrication de karma : il
y a le geste, la parole, et il y a la pensée. Tous trois génèrent notre karma. Pour ce qui
concerne l'action, ce qui est manifesté par le corps, on comprend facilement que des
actions violentes – frapper quelqu'un, le bousculer ou à l'opposé le fait de caresser
quelqu'un, génèrent suivant leur contenu quelque chose qui va naturellement revenir
vers nous. Il en va de même de la parole, et de la pensée.
Lorsque l'on pratique zazen, ces trois aspects sont arrêtés, stoppés. L'action trouve
une immobilité dans la posture, la parole n'est plus exprimée par le silence, jusque la
c'est simple... pour la troisième c'est un peu plus compliqué. Nous l'expérimentons à
chaque fois pendant zazen: la pensée est la...! Pendant zazen se concentrer sur la
posture-la respiration empêche la pensée d'être omniprésente, de nous diriger. Mais
la pensée est néanmoins toujours la : elle nous attend « au coin » de la non
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vigilance. Alors simplement ne pas l'entretenir en revenant toujours à la posture et la
respiration, ça c'est pour la pratique de zazen.
Mais la pensée fait aussi partie de notre vie quotidienne : elle est nécessaire pour
agir, développer des idées, créer. Mais il ne s'agit pas de cette pensée dogmatique ou
intellectuelle. La pensée juste c'est celle qui est en relation avec la compassion, la
bienveillance, celle qui peut contribuer au bonheur des autres, et se réjouir aussi du
bonheur des autres. Cette pensée n'exprime pas de jalousie, de haine, d'envie. La
pensée qui peut aider les autres à sortie de leur ignorance, mais ce n'est pas la
pensée qui va générer l'aide : c'est l'action, la parole, le comportement.
Si la vision de l'origine de nos pensées est claire, le comportement, l'action et la
parole deviennent justes. La pensée est l'intermédiaire entre l'extérieur et l'intérieur.
L'extérieur génère la pensée, la pensée définit nos actes, nos paroles, et ceux ci
s'expriment à travers notre comportement.
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